- Mascaret
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Le mascaret (du gascon mascaret[1]), est un phénomène de brusque surélévation de l'eau d'un fleuve ou d'un estuaire provoquée par l'onde de la marée montante lors des grandes marées. Il se produit dans l'embouchure et le cours inférieur de certains fleuves lorsque leur courant est contrarié par le flux de la marée montante. Imperceptible la plupart du temps, il se manifeste au moment des équinoxes. Les mascarets les plus spectaculaires s'observent aux embouchures du Qiantang (Chine), de la Severn (Angleterre) et de l'Amazone (au Brésil).
Sommaire
Explications
Ce phénomène se caractérise par une vague, plus ou moins haute, qui remonte le cours du fleuve et dont la puissance varie en fonction de la hauteur de la marée, du débit du fleuve à ce moment et de la topographie (profondeur et largeur du lit, bancs de sables, méandres, déclivité etc.). L'aménagement du fleuve peut le faire s'atténuer ou disparaitre comme pour la Seine. C'est une vague, déferlante ou non, remontant le cours d'eau, s'accentuant généralement lorsque son lit se resserre.
Physiquement, le mascaret correspond à la propagation d'un ressaut le long du cours d'un fleuve ou d'un canal. On peut observer ce même ressaut hydraulique fixe et circulaire dans l'évier lorsque le robinet coule. Ce ressaut finit par se décomposer en plusieurs ondes car les vagues se déplacent plus vite lorsqu'elles sont longues. Il se termine généralement en amont en un soliton. Ce même phénomène équivalent existe en optique : le soliton.
Amérique du Nord
La baie de Fundy (Canada) a le record des plus hautes marées au monde, condition favorable à la formation de mascarets. Plusieurs touristes ont d'ailleurs été surpris dans les estuaires de rivières donnant sur la baie et ont perdu la vie. Deux cours d'eau se jetant dans le fond de la baie sont connus pour leur mascaret :
- la rivière Petitcodiac au Nouveau-Brunswick avait le plus important mascaret en Amérique du Nord, à environ 2 mètres. Après la construction d'un pont-jetée, l'ensablement de la rivière l'a réduit pendant 42 ans[2] à une onde très faible, jusqu'à ce que les vannes soient ouvertes au printemps 2010[3] dans le cadre d'un plan provincial de restauration de la rivière[4];
- la rivière Shubenacadie du côté de la Nouvelle-Écosse est également connue pour l'importance de son mascaret.
En Alaska, un mascaret remonte la section du bras de mer Turnagain du Golfe de Cook à 20 km/h et atteint 2 mètres de hauteur.
Asie
Le plus puissant mascaret du monde (une vague de près de 9 mètres de haut remontant la baie à 40 km/h) a lieu dans la baie de Hangzhou et concerne le fleuve Qiantang, au sud de Shanghai en Chine. Particulièrement dangereux, il a causé la mort de plusieurs personnes dans les dernières années, en particulier des surfeurs ou des spectateurs venant contempler le phénomène.
En Indonésie, le mascaret du fleuve Kampar à Sumatra, appelé localement bono, atteint 2 mètres de haut et une vitesse de 10 nœuds.
France
En Gironde, il est particulièrement visible sur :
En basse Seine (Haute-Normandie) se produisait un puissant mascaret jusqu'aux années 1960. Le mascaret à Caudebec-en-Caux (appelé localement « la barre »[5]) était réputé et apprécié comme spectacle naturel, mais il a disparu suite aux aménagements apportés au fleuve (dragage), endiguement et modification de l'estuaire, non sans avoir fait une dernière victime dans les années 60. Curieusement, le phénomène était aussi perceptible dans la Risle, affluent de la Seine, à Pont-Audemer.
En Basse-Normandie et en Bretagne, ce phénomène est visible dans la baie du Mont-Saint-Michel (appelé également « la barre ») lors de coefficients de marée supérieurs à 90 ; côté Normand, l'observation du phénomène est garantie à la Pointe du Grouin du Sud près de Vains et depuis le Mont-Saint-Michel ; et de moindre ampleur mais visible tout de même, posté sur le pont de Pontaubault lorsqu'il remonte dans la Sélune.
La Barre d'Étel dans le Morbihan s'est montrée meurtrière à diverses reprises.
Utilisation et dangerosité
Il permet à des surfeurs et a des kayakistes de se livrer à des concours de distance de parcours sur la vague. Le mascaret peut être un phénomène dangereux pour la navigation et particulièrement pour les péniches et les bacs qui ne sont pas conçus pour affronter les vagues, ainsi que pour les personnes qui se tiennent sur les berges, parfois pour le contempler les jours de grandes marées.
Littérature
Une évocation du mascaret se trouve dans un des romans de la série des Arsène Lupin de Maurice Leblanc appelé La Barre-y-va, déplaçant en fait vers l'estuaire de la vallée de la Seine, le nom déjà existant de Barre-y-va, chapelle sur les hauteurs de Caudebec-en-Caux et ancien lieu de pelerinage.
Mascarets est le titre d'un recueil de nouvelles d'André Pieyre de Mandiargues Editions Gallimard collection Le Chemin 1971 : « Et partout à la façon du mascaret, l'amour sort du futur avec un bruit de torrent et se jette dans le passé pour le laver de toutes les souillures de l'existence ».
Anecdotes
C'est à tort que l'on prétend qu'un mascaret a emporté Léopoldine, la fille de Victor Hugo, pour laquelle, inconsolable, il écrivit le poème Demain, dès l'aube... (Les Contemplations). Le coefficient de la pleine mer du matin du 4 septembre 1843, jour du drame, n'était que de 45, une valeur beaucoup trop faible pour permettre un mascaret [6]. La ville de Villequier proche de Caudebec-en-Caux possède dans la maison Vacquerie (du nom du gendre de Victor Hugo, marié à Léopoldine) transformée en musée Hugo, la coupure de presse en date du 4 septembre 1843, relatant le naufrage dans la Seine au lieu dit « dos d'âne » et faisant état d'un fort coup de vent soudain et imprévu qui aurait couché l'embarcation chargée de 4 personnes et dont le lest mal assujetti rajouté au dernier moment aurait contribué au naufrage[7],[8] et non pas du mascaret.
Voir aussi
Notes et références
- Garonne (Document Archives de la Gironde). Il s'agit d'un emprunt au gascon, adjectif mascaret tacheté et substantif « bœuf dont la face est tachetée de noir, de blanc et de gris », d'où la comparaison du phénomène naturel avec le flot ondulant du troupeau se déplaçant. Joan de Cantalausa Diccionari general occitan. Il est mentionné une première fois en 1552 sous la forme masquaret à propos de la
- Petitcodiac River causeway opening still divisive
- Petitcodiac - Admiration et inquiétude
- Petitcodiac - Les vannes restent ouvertes
- norrois bára « vague », tout comme l'anglais (tidal) bore. Ce terme est vraisemblablement issu du
- Service Hydrographique et Océanographique de la Marine
- Le drame de Villequier
- Alfred Sisley intitulée « La Seine à la Bouille: coup de vent » dit aussi « La Seine à Sahurs: coup de vent » (1894), Musée des Beaux Arts de Rouen. Voir aussi à cet égard une toile d'
Article connexe
Liens externes
- Mascaret, Aegir, Pororoca, Tidal Bore. Quid ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? La Houille Blanche, 3: 103-114, 2005.
- (fr) Le mascaret, vous connaissez ?
- Le mascaret en Gironde
- Vidéo d'un mascaret sur la Qiantang en Chine en Septembre 2000 ayant fait plusieurs victimes
- Sur un site web consacré à l'estuaire de la Gironde, galerie de photos du mascaret et des surfeurs à St Pardon (Gironde - France)
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