Marsouin Commun

Marsouin Commun

Marsouin commun


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Phocoena phocoena
 Marsouin
Marsouin
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Cetacea
Sous-ordre Odontoceti
Famille Phocoenidae
Genre Phocoena
Nom binominal
Phocoena phocoena
(Linnaeus, 1758)
Sous-espèces de rang inférieur
  • Phocoena phocoena vomerina
  • Phocoena phocoena phocoena
  • Phocoena phocoena relicta
Statut de conservation IUCN :

LC  : Préoccupation mineure
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

Répartition géographique
Cetacea range map Harbour Porpoise.PNG

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Le marsouin commun (Phocoena phocoena) est un cétacé marin à dents vivant dans l'Atlantique Nord, en Manche/Mer du Nord et le long du littoral ouest-européen. C'est le plus petit des six représentants de la famille des Phocoenidae qui comporte les plus petites espèces de cétacés (sa longueur peut atteindre 1,85 m). Il en existe trois sous-espèces, une vit dans les eaux littorales de l’Atlantique Nord, une en mer Noire et une dans le Pacifique. Son dos est de couleur noire, la face ventrale de couleur blanche. Il se nourrit de poisson, de crabes et de seiches.

Si les marsouins sont encore, et de loin, les cétacés les plus répandus en mer du Nord et en mer Baltique, leur effectif tend à régresser. Les raisons de ce déclin tiennent sans doute à la pollution marine et à la mort par étouffement dans les filets de pêche.

Sommaire

Étymologie

La première utilisation du terme « marsouin » apparaît d'une manière isolée dans un texte latin de 1086[1]. Ce terme, qui pourrait désigner cet animal, est une latinisation du danois Marsvin, peut-être par l'intermédiaire du moyen néerlandais meerswijn, littéralement «cochon de mer». D'ailleurs les Allemands nomment « cétacé-cochon » (Schweinswal) tous les Phocoena[2].

Description

tête arrondie au bec court.

Avec une taille maximum de 1,85 m (voire 2 m dans de très rares cas), le marsouin commun est la plus petite espèce de cétacé à dents des eaux européennes. La taille dépend de la zone d'observation : de 67 à 85 centimètres à la naissance, les marsouins de la Baltique mesurent en moyenne 1,40 m (pour les mâles) et 1,52 m (pour les femelles). Le poids moyen se situe entre 50 et 60 kg avec un maximum d'environ 90 kg, les femelles étant plus grandes et plus lourdes (environ 76 kg) que les mâles (environ 61 kg). La différenciation sexuelle se manifeste comme chez la plupart des cétacés à la position de l’anus et des plis génitaux. Ces derniers sont chez les femelles très rapprochés dans le postérieur, alors qu'ils sont nettement séparés chez les mâles, pour lesquels les organes génitaux sont nettement plus vers l'avant.

En comparaison avec les autres cétacés à dents, le crâne de l’animal est peu protubérant, le bec est mal délimité, et la présence d'une bosse adipeuse remontant vers le haut du « museau », le rostre, ne suffit pas à distinguer l'animal. Son corps est trapu avec une nageoire dorsale plate et triangulaire. Le dos est noir, avec une tache tirant progressivement vers le gris à l'avant de la nageoire dorsale, et la face ventrale est blanche. On peut observer des stries grises le long de la gorge du dessous de la bouche jusqu’aux ‎ailerons pectoraux. On pense qu'il peut vivre près de 25 ans.

La nageoire dorsale, les nageoires ventrales, la nageoire caudale ainsi que la queue sont toutes de couleur noire. Chez les jeunes individus, certaines parties de la face ventrale sont encore noires : on parle à ce sujet de mélanisme juvénile. L’albinisme est rarissime chez les marsouins. La nageoire dorsale ne présente nulle part de courbure concave : elle retombe verticalement sur le dos à l'arrière, avec une base à peu près deux fois supérieure à sa hauteur. Les ailerons ventraux sont relativement courts et pointus à leur extrémité. La nageoire caudale possède une largeur d'environ 60 cm, elle est puissamment musclée.

La mâchoire supérieure compte de 22 à 28 dents, la mâchoire inférieure de 21 à 25 dents très courtes, de forme lancéolée à spatulée. Les dents postérieures sont des molaires à surface triangulaire.

Anatomie

La taille du cerveau du marsouin est comparable à celle de l'homme[3]. C'est un des animaux les plus intelligents de la planète.

Éthologie

Les marsouins vivent le plus souvent seuls ou en couple : ils ont la particularité de nager fréquemment dans le sillage des navires. On n'a pu observer que rarement des groupes de marsouins (le maximum recensé est de sept individus). Ces groupes se rassemblent à l'occasion des périodes de reproduction et pour chercher de la nourriture, ce qui peut représenter des rassemblements de plusieurs centaines d'individus. De telles situations sont toutefois rares et ne durent jamais longtemps. Les jeunes restent toujours un certain temps auprès de leur mère, mais pour une durée mal connue. Le lien entre un petit et sa mère est très fort, et les jeunes détachés de leur mère émettent des sifflements sans répit pour la retrouver.

On ignore également si les marsouins ont une notion de territoire qu'ils défendent contre les intrus, ou s'il existe une hiérarchie à l'intérieur des groupes ; mais on a observé de façon certaines des attitudes menaçantes entre individus de cette espèce : l'agresseur fait face à son adversaire et émet des séries de claquements, puis viennent des coups portés avec la tête et la queue.

Les marsouins peuvent atteindre une vitesse maximale de 22 km/h et ne bondissent que rarement hors de l’eau. La profondeur de plongée maximum est d'environ 90 m, le cétacé pouvant demeurer 6 minutes sous l'eau sans respirer. La plupart du temps, ces animaux se déplacent à une vitesse de 7 km/h entièrement sous l'eau, et normalement ils refont surface pour respirer deux à quatre fois à la minute. Pour plonger vers le fond, le marsouin prend sa respiration et se cabre en demi-cercle immédiatement, la tête vers le fond. Hermann Burmeister (1853) décrit ce comportement de la façon suivante :

« L'animal fait d’abord sortir sa tête de l'eau et respire profondément ; puis il fait pivoter son corps vers l'avant, se recroqueville vers le bas, si bien qu'on voit l'un après l'autre la nuque, le dos avec la grande nageoire dorsale et enfin le reste du dos précédant la queue sortir de l'eau dans un mouvement quasi-circulaire ; toutefois, ni la large queue ni les ailerons pectoraux n'apparaissent. »

L'élan est presque exclusivement donné par la queue, qui frappe l'eau du haut vers le bas. Les nageoires pectorales servent avant tout de gouvernail et permettent également à l'animal de rester stable dans le courant. La texture lisse de l'épiderme et l'allure profilée du corps du marsouin exercent une influence particulière sur la vitesse. L'animal n'est jamais longtemps immobile, mais observe plusieurs fois par heure une station de six à sept secondes à fleur d'eau, avant de repartir sous l'eau et de poursuivre ses évolutions.

Le chant joue un rôle primordial dans le comportement social des marsouins, qui disposent d'un spectre sonore très étendu : la communication s'appuie sur une gamme de fréquences allant de claquements de quelques hertz aux ultrasons (110 à 150 kHz) en passant par des notes aiguës (à peu près 2 kHz). À cela s'ajoutent les sifflements émis par l'animal comme sonar, et dont le spectre va de fréquences relativement basses (1,5 kHz) jusqu'à des ultrasons de 100 kHz. L'analyse du chant des marsouins a révélé des sifflements caractéristiques de reconnaissance et d'orientation, de comportement dominant, de compétition amoureuse, de détresse ainsi que d'alerte. Un fait significatif pour la théorie de l’évolution tient au fait que les sifflements de reconnaissance et de localisation se situent en dehors du spectre auditif de l’orque : on déduit de cette divergence une spécialisation des rôles prédateur-proie.

Reproduction et données génétiques

Les femelles arrivent à maturité sexuelle vers trois à quatre ans, les mâles entre deux et trois ans. Au large de l'Europe, les accouplements ont lieu entre la mi-juillet et la fin août. Au cours de cette période, les testicules des mâles se gonflent prodigieusement : alors qu'elles ne pèsent qu'environ deux grammes le reste de l'année, leur poids atteint 400 g en période de reproduction. Pour la plupart des populations, l'accouplement a lieu en haute mer, bien que certains groupes préfèrent au contraire le bord des côtes.

La plupart des observations faites sur le comportement amoureux provient de sujets en captivité. L'accouplement est précédé d'une parade nuptiale, lors de laquelle un mâle poursuit une femelle de son choix et essaye d'avoir avec elle un premier contact par la nageoire dorsale. Heck (1915) l'a décrit de la façon suivante :

« Pendant les périodes de rut ils sont pris de furie, fendent les flots d'un trait, se font la chasse hardiment et poursuivent les femelles avec empressement »
Un embryon de marsouin d'environ 9 cm de longueur, d'après Kükenthal (1893).


Un fœtus de marsouin d'environ 68 cm de longueur, d'après Kükenthal (1893).

Puis viennent les « caresses » et les passages répétés autour des femelles (cross-swimming). Les mâles présentent leur face ventrale et viennent mordiller la nageoire des femelles. L’accouplement se fait à la verticale en surface et ne dure que quelques secondes. Parade et accouplement peuvent ensuite reprendre plusieurs fois de suite.

La grossesse dure chez les marsouins de dix à onze mois, si bien que les jeunes voient le jour au début de l'été entre mai et juin. Le plus souvent, il ne naît qu'un petit, les jumeaux sont extrêmement rares. Cette caractéristique spécifique fait qu'une femelle ne donne naissance à un marsouin qu'une fois par an, voire une fois tous les deux ans. La parturition ne pose pas de problèmes étant donnée l'absence de bassin osseux chez les cétacés et survient alors que la femelle est en train de nager. Les secousses péristaltiques ne durent qu'une à deux heures. Le baleineau et le placenta, qui se forme avec l'accouchement, se séparent lorsque le cordon ombilical se détache, ce qui survient avec la libération de la tête, qui est la dernière partie du corps à sortir. Les nouveau-nés nagent spontanément vers la surface dès leur libération du corps de la mère, et prennent leur première respiration.

Le marsouin, lorsqu'il vient au monde, mesure de 65 à 90 cm et pèse de 5 à 7 kg. Il est allaité par sa mère huit à neuf mois, mais il est déjà capable de manger ses premiers poisson à l'âge de cinq mois. Pour l'allaitement, la mère se met sur le côté ce qui permet au petit de respirer lorsqu'ils rejoignent la surface. Le lait est très riche en matières grasses (env. 50 %) et, comparé au lait d'autres espèces de mammifères, présente une forte teneur en protéines de base et d’oligo-éléments. C'est à l'âge des premières prises de pêche que les premières dents poussent au jeune marsouin, vers l'âge de sept mois sa dentition est complète, et il quitte sa mère au bout d'une année. Les mères et leurs jeunes se tiennent tout ce temps beaucoup plus près des côtes que leurs congénères.

On estime que les marsouins peuvent vivre jusqu'à vingt ans, mais l'espérance de vie de la plupart des individus se situe entre huit et dix ans.

Chorologie

L'espèce est présente dans les eaux côtières froides de l'hémisphère nord, pour une grande part dans les régions dont la température moyenne est d'approximativement 15°C. Le marsouin éprouve une prédilection pour les eaux peu profondes, raison pour laquelle il fréquente les plates-formes littorales au printemps, pour ne rejoindre la haute mer qu’à l'automne. Il n'hésite pas à se hasarder dans les eaux troubles des estuaires où il peut chasser grâce à ses capacités d'écholocation. À ce titre, il est le mammifère marin le plus souvent aperçu par les côtiers. Il est relativement sédentaire.

Son habitat embrasse une grande partie des mers de l'hémisphère nord. Sur la côte ouest des États-Unis , on le trouve depuis la baie de Los Angeles jusqu'à l'embouchure de la Mackenzie en mer de Beaufort, le long des côtes d'Asie depuis la mer Jaune jusqu'à la mer des Tchouktches. Dans l’Atlantique Nord, il prospère à l'ouest depuis le Cape Cod jusqu'à Upernavik, et parfois même le long des côtes groenlandaises jusqu'à Thulé.

Croquis de l'animal au naturel.

À l’est, les marsouins fréquentent les eaux de l’Atlantique Nord depuis les côtes africaines (Sénégal, Mauritanie, Maroc) jusqu'au Spitzberg en passant par tout le littoral ouest-européen, y compris la mer du Nord. Ils colonisent en mer Baltique en passant par le Kattegat et Skagerrak, sièges de courant violents entre la mer du Nord et la mer Baltique. S'il n'y a pas de population autochtone en mer Méditerranée, du moins n'est-il pas rare que certaines meutes remontent par le détroit de Gibraltar en Méditerranée occidentale jusqu'à hauteur de Majorque, et en mer Égée depuis la mer Noire, où vit une population autochtone. Depuis quelques années, les marsouins ont recolonisé certains fleuves d'Allemagne du Nord, après des siècles d'absence due à la pollution des eaux[4].

Biotope du marsouin

Les eaux favorites des marsouins sont les eaux calmes des franges côtières avec une profondeur d'environ 20 m, mais ils n'hésitent pas à l'occasion à rejoindre la haute mer.

Les marsouins se nourrissent presque exclusivement de poisson (en particulier hareng, capelan, et sprat), mais aussi de vers annélides, gastéropodes, crabes et seiches. La répartition des ressources alimentaires dépend du contexte géographique. En mer du Nord, les poissons plats (pleuronectiformes) représentent l'essentiel de leur nourriture, en mer Baltique ce sont les gobies (gobiidæ), et dans ces deux mers également la morue (Gadus morhua). Les proies sont généralement d'une taille inférieure à 25 cm, car un marsouin est incapable d'ingérer de plus gros morceaux. La recherche de proie s'accomplit principalement sur le fond marin, où le marsouin a coutume de fouir le sable. Un marsouin ingère quotidiennement environ 4,5 kg de poisson.

Les orques sont les principaux prédateurs des marsouins...

Les ennemis naturels du marsouin sont principalement les grands requins et les orques. C'est ainsi qu'on retrouve des restes de marsouins dans l'estomac du Requin du Groenland (Somniosus microcephalus) et du grand requin blanc (Carcharodon carcharias). Mais plus que les requins, c'est encore l’orque (Orcinus orca) qui est l'ennemi désigné du marsouin. D'autres cétacés à dents se montrent aussi à l'occasion agressifs vis-à-vis de leurs petits cousins. C'est ainsi qu'on a pu observer en Écosse le grand dauphin (Tursiops truncatus) et le dauphin commun (Delphinus delphis), lorsqu'ils rentrent en compétition avec eux pour la nourriture, les attaquer et les tuer[5].

Les principaux parasites de ce mammifère sont principalement les lamproies, les vers nématodes, les douves, les cestodes et les vers à tête épineuse. On retrouve régulièrement, grouillant en pelote dans l'estomac, des nématodes de l'espèce Anisakis ayant préalablement contaminé les proies ; le Stenurus minor, un parasite qui contamine d'abord les bronches, les poumons et le système cardio-vasculaire, peut coloniser l'appareil auditif et frapper l'animal de surdité. Un parasite courant du conduit gastro-intestinal et des voies biliaires est la douve Campula oblanga, responsable entre autres de l'hépatite et de la colangite. En revanche, les ectoparasites du genre cyamidae sont rares chez le marsouin.

Recherche zoologique

Le marsouin commun a été, avec le dauphin, le cétacé qui a fait l'objet des plus anciennes recherches, parce qu'on pouvait l'observer facilement le long des côtes d'Europe. Des inscriptions lapidaires de l’âge de pierre, telles celles de Roddoy et Reppa (en Norvège), montrent que ces animaux étaient déjà familiers des premiers hommes. Une grande partie de nos connaissances sur l'ensemble des cétacés a été réunie d'abord à partir de l'observation des marsouins.

Systématique et classifications

Le marsouin commun est, avec le marsouin de Californie (Phocoena sinus) et le marsouin de Burmeister (Phocoena spinipinnis), une espèce du genre Phocoena au sein de la famille des marsouins (Phocoenidae).

Par suite du caractère cosmopolite de cette espèce, il existe plusieurs variétés géographiques de marsouin. L'espèce présente en mer Noire est systématiquement plus petite que celle de la mer Baltique, ceux de l'Atlantique Ouest sont plus grands que ceux des côtes ouest-européennes. En outre, les marsouins de la Baltique sont d'une teinte plus sombre que ceux de la mer du Nord et dispose d'une réserve de graisse caractéristique. Les marsouins de mer Noire présentent davantage de tubercules devant la nageoire dorsale et se sont adaptés au plan physiologique à des teneurs en sel inférieures. Toutes ces caractéristiques indiquent que les marsouins se répartissent en différentes populations géographiques, qui ne se mélangent jamais entre elles.

On distingue les métapopulations, et par suite les sous-espèces suivantes :

  • Phocoena phocoena vomerina dans le Pacifique
  • Phocoena phocoena phocoena dans l'Atlantique
  • Phocoena phocoena relicta en Mer Noire

À l'intérieur de ces métapopulations, il est possible de distinguer des sous-populations, à des échelles géographiques plus restreintes. C'est ainsi qu’à l'intérieur de la seule variété atlanto-européenne, on peut encore encore distinguer plus ou moins dix populations distinctes. Parmi celles-ci, l'espèce Baltique, par exemple, offre une certaine mixité avec l'espèce de la Mer du Nord ; les marsouins du sud de la Mer du Nord, en revanche, présentent une barrière génétique nette du fait de routes de migrations différentes.

Menaces et mesures de protection

On ignore l'effectif actuel des marsouins, mais on présume qu'il est considérable si l'on considère tout le globe. Ce qui pose davantage problème est la survie de certaines populations régionales, particulièrement celles de la mer Noire et de la mer Baltique. Pour la mer Baltique, on estime l'effectif dans la partie ouest de 800 à 2 000 individus, et pour la partie est entre 100 et 600 individus[6]. L’International Union for the Conservation of Nature and Natural Resources considère cette espèce comme vulnérable.

Le marsouin est, pour tous les états européens, couvert par les lois de protection de la Nature et figure à l'annexe II de la Convention de Washington. La ré-introduction, le transport et la mise en captivité sont d'ailleurs interdits au titre de la législation Union européenne.

La chasse aux cétacés

On pêchait déjà le marsouin au Moyen Âge. Les premiers témoignages viennent du duché de Normandie, où cette activité est attestée depuis 1098. Les « Walmanni », qui menaient des pêches organisées, se partageaient le littoral.

Pêche au marsouin commun dans le fjord Gamborg (1883).

À Middelfart, en Fionie, la pêche au marsouin était pratiquée depuis 1500. Elle s'exerçait à l'initiative d'une guilde de « chasseurs de marsouins » (Marsvinsjaeger-Langet), impliquant dix navires d'un équipage de trois hommes chacun. Le règlement était sévère et s'appuyait sur des ordonnances royales. Finn écrivait à ce propos(1878):

« Chaque année, le deuxième jour de Noël après la messe, la corporation en assemblée plénière présidée par le maire, élit un doyen, lequel à son tour désigne quatre assesseurs et un suppléant, qui ont à charge de nommer le meilleur de la corporation, et de veiller au respect des statuts... »

Le marsouin faisait l'objet d'une exploitation commerciale aussi bien dans les Flandres, en Manche, que le long des côtes danoises, allemandes et polonaises. Comme dans le cas du Middelfart ci-dessus, les prises étaient sérieusement réglementées. C'est ainsi que pour les Polonais, il fallait verser deux marks par ans au maître des pêcheries en exercice pour la capture d'un « poisson-dauphin ». Les prix du marché furent fixés à Königsberg vers 1379. Pour tous ces pays, la pêche au cétacé ne constituait qu'un à-côté pour les pêcheurs et n'était pratiqué que par un petit nombre de professionnels.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle on pêchait entre 1 000 et 2 000 animaux par ans, puis ce nombre décrut à 320 prises par ans jusqu'en 1944. Aujourd'hui, la pêche commerciale du marsouin se pratique essentiellement en Mer Noire, car elle est interdite dans les autres pays d’Europe. Les marsouins, comme les autres petits cétacés, ne constituent plus aujourd'hui pour les pêcheurs que des prises accessoires, bien que le total des prises monte certaines années jusqu'à 4 000 individus. Les marsouins se prennent dans des filets dont ils ne peuvent plus s'échapper, si bien qu'ils meurent étouffés par manque d'oxygène.

Pollution des mers

L'aggravation de la pollution des océans est aujourd'hui la principale menace pesant sur le marsouin. La pollution la plus redoutable pour cette espèce est celle aux métaux lourds tels que le mercure, le plomb ou le cadmium qui se fixent dans la muscles et le foie des cétacés. Les polluants lipophiles comme les PCB ou le DDT (dont les concentrations continuent de diminuer) se fixent dans les tissus adipeux. Les résidus de goudrons et les gouttes séparées des traînées d'hydrocarbures provoquent une nécrose du derme et, ajoutés aux autres causes d'intoxication, conduisent à un affaiblissement général de l'animal, ce qui contribue à accroître le nombre de marsouins affectés par les maladies et les parasites. Des teneurs en PCB de plus de 70 ppm (parties par million) peuvent provoquer la stérilité des phoques et des marsouins, et cette teneur, on la trouve dépassée chez un nombre non négligeable de marsouins. Du reste, la plus forte concentration en PCB mesurée dans les tissus d'un marsouin remonte à 1976 et s'appréciait à 260 ppm.

L'augmentation de la pollution sonore dans les mers est une autre menace sérieuse pour les cétacés. En 2007, un consortium pétrolier envisageait de produire des ondes sonores d'une puissance de 180 dB autour du plateau sous-marin du Dogger Bank en Mer du Nord par salves régulières au canon à air comprimé pour la prospection de pétrole et de gaz naturel (technique dite de « sismique-réflection »). Les associations de protection de la nature craignaient que cette pollution sonore chasse les cétacés de leur habitat[7]. Le déminage en mer[8] présente aussi une source de danger considérable pour ces mammifères. Enfin, le bruit des bateaux à moteurs, qui perturbe les fonctions d'orientation de ces animaux, constitue un facteur de stress considérable pour les cétacés vivant près des côtes.

Protection, pêche accidentelle

L'espèce est protégée par la convention de Berne et par la directive européenne Habitats. Les commissions Ospar et Helcom engagent leurs états signataires à limiter la pollution des océans qui affectent fortement ces espèces qui de par leur position en tête de pyramide alimentaire bioaccumulent de nombreux toxiques.

Les marsouins n'ont jamais été chassés activement par des baleiniers parce que trop petits pour être d'intérêt, mais ils sont fréquemment accidentellement capturés dans les filets où ils se noient ou se blessent. La population mondiale globale compte probablement encore plusieurs centaines de milliers d'individus et l'espèce n'est pas globalement menacée par la pêche.

Cependant là où la pression de pêche ou pression anthropique est élevée, certaines populations sont menacées par le recul de leurs proies, et par le nombre trop élevé de prises accidentelles dans les chaluts et surtout dans les filets dérivants... Ceci notamment en mer Baltique et en mer Noire où les marsouins sont en nette diminution (même si d'autres facteurs interviennent aussi peut-être (Pollution marine, toxiques libérés par les munitions immergées). Les marsouins se laissent piéger dans les filets, bien qu'ils en détectent la présence par écholocation.

Protection des populations européennes de marsouins et dauphins : Les premières mesures prises par les États membres en 1992 n'ayant pas permis de protéger efficacement ou suffisamment les cétacés, la Commission européenne a décidé d’imposer[9] dans l'ensemble des eaux communautaires l’équipement des filets en dispositifs acoustiques (émetteurs d’ultrasons) éloignant les cétacés, y compris pour les navires de petite taille.

Les captures accidentelles de dauphins et marsouins sont devenues une menace pour les populations européennes de ces espèces (protégées).

  • En Mer du Nord, près de 3% des marsouins meurent accidentellement dans les filets (Environ 7.000 individus par an en mer du nord dans les années 1990).
  • Dans le Skagerrak et Kattegat (Scandinavie), plus de 4% de la population de marsouins en est victime, alors que 2% de prises accidentelles annuelles est le seuil scientifiquement admis de menace pour une population de cétacés (dont le taux de reproduction est bas).

Les états baltes et riverains de la mer du Nord ont signé en 1991 une convention baptisée Ascobans (Agreement on the Conservation of Small Cetaceans of the Baltic and North Seas)[10] dont une résolution (votée à Bristol en juillet 2000) les engage à limiter les prises accidentelles à 1,7% des populations estimées. (L'IWC a estimé que les prises limites annuelles acceptables étaient de 1 % de la population, et ASCOBANS puis le groupe de travail SGFEN (2002) ont retenu le taux de 1.7 % de la meilleure estimation de population.

  • En août 2000, un décret danois a imposé une expérience de protection des marsouins contre les engins de pêche : du 1er août au 31 octobre 2000, les flottilles de pêche à la morue sur épaves ont dû équiper leurs filets maillant de fond de systèmes d'alarme sonores conçus pour éloigner les marsouins, préalablement testés par une étude FAIR financée par la Commission européenne (DG Recherche) et créé par l'université de Loughborough, (R-U). L’expérience a montré l’efficacité du dispositif : aucune prise accidentelle n’a eu lieu durant cette campagne de pêche. Bien que les pêcheurs danois se sont montrés favorables à la généralisation du dispositif...
  • par prudence (la diffusion d'ultra-son ou de sons intenses étant considérée comme susceptible de participer à la pollution sonore de l'océan, et d'avoir des impacts sur d'autres espèces, voire sur ces espèces elles-mêmes, le Ministère danois de l'alimentation, de la pêche et de l'agriculture a demandé un complément scientifique avant d’imposer ces dispositifs à d'autres modes de pêcheries.

Les répulseurs (« pingers »)

Un des « répulseurs » testés dit pinger (« répulsif acoustique » ou « balise acoustique » en Français) est un puissant émetteur de sons, protégé, avec sa batterie dans un emballage oblong couvert de téflon d'une quinzaine de centimètres. Il émet un « bip » de 300 millisecondes à une fréquence de 10 kHz (il ne s'agit donc pas véritablement d'ultrasons), toutes les 4 secondes pour une puissance sonore de 130 décibels, bruit insupportable pour les marsouins et la plupart des autres cétacés ; équivalent à la source, au bruit du décollage d'un avion à réaction). Il en existe plusieurs modèles, plus ou moins puissant, autonomes et robustes (selon le prix). Le premier a d'abord été testé en mer Baltique (où il s'est montré très efficace et a été rendu obligatoire pour les pêcheurs danois). Le CNRS de Marseille l'a testé sur les filets de pêche au thon (tonailles) en Méditerranée où il s'est montré efficace[11], avant qu'il ne soit aussi testé en mer d'Iroise.

Les filets dérivants ont également été limités à 2,5 km et devaient être progressivement supprimés avant janvier 2007.
La commission demande aussi qu’il y ait un vrai suivi des prises accessoires de cétacés.

Conservation en captivité

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Du fait de leur taille relativement modeste, les aquariums et les parc zoologiques ont tenté d’élever des marsouins en captivité. Mais contrairement à certains dauphins, l'animal est impropre à ce mode de vie du fait de son inféodation à un milieu particulier et de sa fragilité en eau stagnante. La plupart des sujets maintenus en captivité périssent en l'espace de quelques semaines. C'est pourquoi la détention de marsouins est aujourd'hui presque exclusivement réservée à la recherche scientifique, ou à l'obligation de soigner les sujets pris accidentellement dans les filets ou retrouvés blessés le long des côtes.

Les première tentatives de conservation remontent à 1862, pour Londres, et à 1864 avec l'initiative du parc zoologique d’Hagenbeck à Hambourg ; suivirent les expériences de 1914 à Brighton puis celles de 1935 à Berlin. Dans chacun de ces cas, les animaux périrent au bout de quelques jours. À Londres, on essaya dès son arrivée de requinquer l'animal, épuisé par le transport, avec du Brännvin, mais il mourut au bout de quelques heures. Les exhibitions publiques de marsouins ne connurent un regain d'intérêt qu'à partir des années 1970, avec le boom des delphinariums. Il s'en est tenu à New York (1970), Copenhague (1970), Duisbourg (1979), Constanţa (régulièrement depuis 1971) et dans différents marinelands, le plus souvent pour seulement quelques semaines. L'espérance de vie maximum d'un marsouin en captivité est aujourd'hui de deux à trois ans, mais la plupart ne survivent qu'un mois.

Aujourd'hui (2007), ces animaux ne sont plus détenus en Europe qu'aux fins de recherche, par ex. au Centre d'étude de la mer Baltique danois (Fjord og Bælt Centeret) de Kertminde. Depuis 1997, des marsouins y sont conservés dans une darse clôturée.

Trivia

« Marsouin » est aussi le surnom donné aux militaires des troupes de Marine, en dehors des troupes d'artillerie de Marine (appelés les « Bigors »).

Notes et références

  1. Domesday book ds Z. rom. Philol. t. 8, 1884, p.325
  2. (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de Marsouin du CNRTL.
  3. Brain to body weight, Comparaison des tailles de cerveau de mammifère
  4. Netzeitung: Schweinswale in deutschen Flüssen
  5. Andrew Read, Porpoises, Voyageur Press, 1999 (ISBN 089658420-8) 
  6. D'après (de) n-tv.de
  7. (de) article du Tageszeitung du 3 avril 2007 sur l'emploi de canons à air comprimé pour la prospection pétrolière en Mer du Nord
  8. (de) Le déminage en mer
  9. Proposition de règlement validé le 24 juillet 2003 (équipement obligatoire avant fin 2008)
  10. Ascobans (Agreement on the Conservation of Small Cetaceans of the Baltic and North Seas)
  11. Article sur les pingers

Voir aussi

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Voir « marsouin » sur le Wiktionnaire.

Liens externes

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Harbour Porpoise ».
  • Willy Kükenthal, Vergleichend anatomische und entwicklungsgeschichtliche Untersuchung an Waltieren, vol. III, Medizin-Naturwissenschaftlichen Gesellschaft zu Jena, Iéna, 1893 .

Bibliographie

  • R.R. Reeves, B.S. Stewart, P.J. Clapham, J.A. Powell, Sea Mammals of the World - a complete Guide to Whales, Dolphins, Seals, Sea Lions and Sea Cows., A&C Black, Londres, 2002 (ISBN 0-7136-6334-0).
    guide abondamment illustré
     
  • M. Würtz, N. Repetto, Underwater world: Dolphins and Whales, White Star Guides, Verceil, 2003 (ISBN 88-8095-943-3).
    volume illustré.
     
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