Mario Vargas Llosa

Mario Vargas Llosa
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Mario Vargas Llosa
Mario Vargas Llosa en 2010
Mario Vargas Llosa en 2010

Nom de naissance Jorge Mario Pedro Vargas Llosa
Activités Écrivain, essayiste, dramaturge, professeur, journaliste et personnalité politique
Naissance 28 mars 1936 (1936-03-28) (75 ans)
Arequipa
Drapeau du Pérou Pérou
Langue d'écriture Espagnol
Mouvement Réalisme magique
Boom latino-américain
Libéralisme
Genres Littérature hispano-américaine
Distinctions Légion d'honneur (1985)
Prix Prince des Asturies 1986
Prix Planeta 1993
Prix Cervantes 1994
Prix mondial Cino Del Duca 2008
Prix Nobel de littérature 2010
Œuvres principales
Compléments

Mario Vargas Llosa (ˈmaɾjo ˈβarɣas ˈʎosa), marquis de Vargas Llosa[1], né Jorge Mario Pedro Vargas Llosa le 28 mars 1936 à Arequipa, région d'Arequipa, au Pérou, est un écrivain péruvien et espagnol, auteur de romans, de poésie et d'essais politiques. Il est lauréat du prix Nobel de littérature 2010 « pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son échec[2] ».

Comme beaucoup d'auteurs latino-américains, Mario Vargas Llosa s'est engagé en politique tout au long de sa vie. Ses opinions se sont progressivement déplacées du communisme au libéralisme. Il soutient initialement le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro, mais est rapidement déçu. En 1990, il est candidat à l'élection présidentielle péruvienne à la tête d'une coalition, le Frente Democrático (FREDEMO) qu'il perd face à Alberto Fujimori.

Sommaire

Biographie

Thèse de Mario Vargas Llosa « Bases para una interpretación de Rubén Darío », pour son université, l'Université San Marcos (Pérou), en 1958.

Mario Vargas Llosa est issu de la classe moyenne péruvienne[3]. Il est le fils unique d'Ernesto Vargas Maldonado et de Dora Llosa Ureta. Ses parents se séparent quelques mois après sa naissance suite à la révélation, par son père, d'une liaison avec une femme allemande qui donnera deux demi-frères au jeune Mario : Ernesto et Enrique Vargas[4],[5]. Élevé par sa famille maternelle, Mario Vargas Llosa passe du Pérou à la Bolivie où son grand-père tient une plantation de coton[6]. Sous le gouvernement de José Luis Bustamante y Rivero, l'aïeul se voit offrir un poste diplomatique à Piura[7]. Cet épisode marque le retour des Llosa au Pérou. En 1946, à l'âge de 10 ans, Mario part vivre à Lima où il rencontre son père pour la première fois. Ses parents se remettent ensemble et déménagent à Magdalena del Mar, une banlieue aisée de la capitale[8]. Il est admis à l'école élémentaire catholique Colegio La Salle[9]

À l'âge de 14 ans, son père l'envoie étudier à l'Académie militaire de Lima, qui lui laisse un sinistre souvenir et la matière de son livre La Ville et les chiens[7].

Il étudie ensuite la littérature et le droit à l'Université San Marcos et exerce en parallèle différentes professions : correcteur littéraire puis collaborateur aux rubriques cinéma de la revue Literatura (1957-1958) et du journal El Comercio. Pendant une brève période, il est impliqué dans une branche étudiante du Parti communiste péruvien qu'il abandonne en protestation de la ligne stalinienne du mouvement sur l'art et la littérature. La révolution cubaine fait un temps revivre ses espoirs d'une révolution progressiste.

Grâce à une bourse d'étude, il poursuit son cursus universitaire à Madrid où il soutient, en 1958, une thèse de doctorat sur Rubén Darío. Après avoir écrit un recueil de nouvelles remarqué, Les Caïds (Los Jefes, 1959), œuvre qui obtient le Prix Leopoldo Alas, il épouse la belle-sœur de son oncle maternel : sa tante par alliance Julia Urquidi, de 10 ans son aînée. Cette relation lui inspirera des années plus tard le roman La Tía Julia y el escribidor : La Tante Julia et le scribouillard. En 1964, il se sépare d'Urquidi et se marie ensuite avec sa cousine Patricia Llosa, avec qui il aura trois fils. Avec sa première épouse, il s'installe à Paris en 1959 dans l'espoir de recevoir une bourse pour reprendre des études mais sa demande est rejetée[10]. Le couple reste malgré tout dans la capitale française et Vargas Llosa y travaille en tant que professeur d'espagnol et journaliste pour l'A.F.P. et la télévision[7]. Il se passionne pour la littérature du pays et écrit de manière prolifique[10]. Il part ensuite pour Londres et Barcelone. Il retourne à Lima en 1974 et est élu à l'Académie péruvienne un an plus tard[7].

L'écrivain

Avec Julio Cortázar, Carlos Fuentes, Gabriel García Márquez et José Donoso, Mario Vargas Llosa est considéré comme l'un des grands acteurs du boom de la littérature latino-américaine dans les années 1960 : littérature fortement influencée par le modernisme et le postmodernisme européen et dont le style visionnaire, foisonnant et luxuriant, vanté par les lecteurs du monde entier, a reflété toute la complexité artistique, idéologique et politique du continent sud-américain, pittoresque, morcelé et paradoxal[11],[12]. Contrairement à ses collègues, Llosa s'écarte rapidement du réalisme magique en vigueur[13]. Mais ses récits gardent la spécificité latino-américaine de changer régulièrement de voix pour passer du général au particulier en opposition aux littératures européenne et anglo-saxonne qui ont tendance à partir d'un caractère particulier pour dériver vers le général[13]. C'est à Paris qu'il rédige La Ville et les chiens en 1963, ouvrage qui fait de lui un auteur de renom (Prix de la Biblioteca Breve et Prix de la Crítica) . Son roman est traduit presque aussitôt dans une vingtaine de langues. Il y décrit la vie menée par les cadets (les chiens ), et met en contraste l'oppression de la discipline et les brimades subies par les jeunes gens avec le vent de liberté qui souffle sur la ville.

Depuis, Mario Vargas Llosa est un écrivain reconnu, régulièrement invité dans les universités du monde entier pour y donner des cours et des conférences. Il est considéré par une partie de la critique comme le maître du « bouillonnement romanesque »[14]. Ses ouvrages, qui trahissent l'influence de William Faulkner, ont pour cadre l'histoire sud-américaine et se démarquent par un style polyphonique, une ironie mordante et une tonalité dramatico-bouffonne dans l'évocation des mythes et des aspirations de peuples écrasés par les dictatures[14],[12]. Par le biais d'une écriture épique, apparemment sans effets, Llosa illustre les mutations brutales d'une civilisation marquée par la violence et le sexe[13]. Les pouvoirs politiques apparaissent, dans ses fictions, comme le symbole du pourrissement moral de la société[13].

Dans La Maison verte (1966), l'auteur décrit, avec une extrême minutie, la vie dans la lointaine forêt péruvienne et dans la zone urbaine de Piura. Ce roman lui vaut à nouveau le Prix de la critique puis le Prix international de littérature Rómulo Gallegos en 1967.

Parmi les principaux autres romans de Vargas Llosa, on retient Conversation dans la cathédrale (1969), Pantaléon et les Visiteuses (1973), satire du fanatisme militaire et religieux au Pérou. La Guerre de la fin du monde (1982), qui traite de la politique brésilienne au XIXe siècle, a connu, lors de sa publication, un large succès public et critique. Qui a tué Palomino Molero (1986) est un roman consacré aux violences politiques péruviennes. Depuis la fin des années 1970, l'auteur a par ailleurs peu à peu délaissé les grandes fresques romanesques pour s'illustrer dans un registre intimiste et semi-autobiographique avec La Tante Julia et le scribouillard (1977) et Éloge de la marâtre (1990). La Fête au bouc (2000), qui évoque les derniers jours du dictateur dominicain Rafael Leonidas Trujillo, marque son retour à la polyphonie et au genre épico-politique. Vargas Llosa a également écrit des essais littéraires comme L'Orgie perpétuelle (1975) et La Tentation de l'impossible (2008) consacrés respectivement à Gustave Flaubert et Victor Hugo puis a publié des mémoires (Contre vents et marées, Le Poisson dans l'eau) et des réflexions politiques sur l'Amérique latine (La Voie de la liberté)[15].

Politique

Mario Vargas Llosa, le 29 septembre 2007

Il est d'abord tenté par le communisme mais la révolution cubaine, qu'il soutient ardemment au départ, le déçoit à tel point qu'il se tourne directement vers le libéralisme. Son positionnement est qualifié d'« ultra libéral » par l'universitaire Serge Audier (Paris IV)[16]. Son parcours intellectuel est influencé par la lecture de quatre auteurs : Karl Popper, Adam Smith, Friedrich Hayek et Isaiah Berlin[17]. Il fonde dans son pays le mouvement de droite libérale Libertad.

Candidat libéral à l’élection présidentielle péruvienne de 1990[18], il est battu au second tour, contre toute attente car il a l'appui des médias et des élites, par un inconnu d'origine japonaise, Alberto Fujimori contre lequel il essaie de monter la population péruvienne en stigmatisant la communauté asiatique[19]. Suite à cette défaite, il fuit le Pérou pour s'établir en Espagne, à Madrid. Vargas Llosa, qui a demandé et obtenu la nationalité espagnole en 1993 du gouvernement de Felipe González, reconnaît qu'il se sent espagnol, autant que péruvien. Ainsi, dans la conférence du 7 décembre 2010 en tant que lauréat du prix Nobel, il déclare : "J’aime l’Espagne autant que le Pérou et ma dette envers elle est aussi grande que l’est ma gratitude. Sans l’Espagne je ne me trouverais pas aujourd’hui à cette tribune"[20].

Dans l'année 2007, il est membre fondateur du parti espagnol UPyD (Union, Progrès et Démocratie) qui s'auto-définit comme progressiste.

En avril 2011, lors des élections présidentielles péruviennes, il appuie le vote du candidat nationaliste Ollanta Humala, contre la candidate Keiko Fujimori, fille de l'ancien président Alberto Fujimori, son adversaire durant les présidentielles de 1990.

Distinctions

Mario Vargas Llosa est membre de l'Académie royale espagnole. Il a reçu le Prix Cervantes en 1994; le Prix de Jérusalem en 1995; puis en 2005, le Irving Kristol Award de l'American Enterprise Institute. Il prononce alors un discours remarqué, Confessions d'un libéral (Confessions of a Liberal)[21].

Vargas Llosa est titulaire de 40 doctorats honoris causa dont celui de l'Université nationale majeure de San Marcos (son alma mater), celui de l'Université Rennes 2 Haute Bretagne, celui de l'université de Reims Champagne-Ardenne depuis le 19 septembre 2007, ainsi que celui de l'université de Bordeaux 3 depuis le 13 novembre 2009[22].

Le 7 octobre 2010, il reçoit le prix Nobel de littérature pour « sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées des résistances, révoltes, et défaites des individus[2] ».

Dans la même année, il se voit offrir le titre honorifique de marquis par le roi Juan Carlos d'Espagne.

Bibliographie

Fiction

  • Los jefes, 1959 (Les Caïds, in Les Chiots, suivi de Les Caïds, 1974)
  • La ciudad y los perros, 1963 (La Ville et les Chiens, 1966), prix Biblioteca Breve, prix espagnol de la critique
  • La casa verde, 1965 (La Maison verte), prix Rómulo Gallegos
  • Los cachorros, 1967 (Les Chiots, in Les Chiots, suivi de Les Caïds, 1974)
  • Conversación en La Catedral, 1969 (Conversation à la cathédrale, 1973)
  • Pantaleón y las visitadoras, 1973 (Pantaléon et les visiteuses, 1975)
  • La tía Julia y el escribidor, 1977 (La tante Julia et le scribouillard, 1980)
  • La guerra del fin del mundo, 1981 (La Guerre de la fin du monde, 1983)
  • Historia de Mayta, 1984 (Histoire de Mayta, 1986)
  • ¿Quién mató a Palomino Molero?, 1986 (Qui a tué Palomino Molero ?, 1987)
  • El hablador, 1987 (L'Homme qui parle, 1989)
  • Elogio de la madrastra, 1988 (Éloge de la marâtre, 1990)
  • Lituma en los Andes, 1993 (Lituma dans les Andes, 1996), prix Planeta
  • Los cuadernos de don Rigoberto, 1997 (Les Cahiers de Don Rigoberto, 1998)
  • La Fiesta del chivo, 2000 (La Fête au bouc, 2002)
  • El paraíso en la otra esquina, 2003 (Le Paradis – un peu plus loin, 2003)
  • Travesuras de la niña mala, 2006 (Tours et détours de la vilaine fille, 2006)
  • Un Rasta à Berlin, octobre 2009 (L'Herne)
  • Comment j'ai vaincu ma peur de l'avion, octobre 2009 (L'Herne)
  • El sueño del celta (es), 2010, (Le Rêve du Celte, 2011) inspiré par la vie de Roger Casement

Théâtre

  • Kathie y el hipopótamo, 1983 (Kathie et l'Hippopotame, in Kathie et l'Hippopotame, suivi de La Chunga, 1988)
  • La Chunga (La Chunga, in Kathie et l'Hippopotame, suivi de La Chunga, 1988)
  • El loco de los balcones, 1993 (Le Fou des balcons, 1993)

Autobiographie

Essais

  • La orgía perpetua: Flaubert y "Madame Bovary", 1975 (L'orgie perpétuelle (Flaubert et Madame Bovary), 1978)
  • El lenguaje de la pasión, 2001 (Le langage de la passion. Chroniques de la fin du siècle, 2005)
  • Un demi-siècle avec Borges, L'Herne, coll. « Essais Philosophie », 2004 et Carnets, 2010 (publication originale en français)
  • Dictionnaire amoureux de l’Amérique latine, Plon, 2005 (publication originale en français)
  • Diccionario del amante de América Latina, Paidos, 2006 (publication en espagnol)
  • La tentación de lo imposible, 2004 (La tentation de l'impossible. Victor Hugo et Les Misérables, 2008
  • El viaje a la ficción, ensayo sobre Juan Carlos Onetti , (2008) (Voyage vers la fiction : Le Monde de Juan Carlos Onetti), Gallimard, 2009
  • De sabres et d'utopies : Visions d'Amérique latine, Gallimard, coll. « Arcades », 2011

Notes et références

  1. (es) Boletín Oficial del Estado (Bulletin officiel de l'État), « Real Decreto 134/2011 (Décret Royal 134/2011) » sur Madrid, 3 février 2011. Mis en ligne le 4 février 2011, consulté le 4 février 2011
  2. a et b Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Litterature 2010 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 7 octobre 2010
  3. Williams 2001, p. 15–16
  4. Williams 2001, p. 17
  5. Morote 1998, p. 14
  6. Morote 1998, p. 6–7
  7. a, b, c et d Notice bibliographique consacrée à Mario Vargas Llosa sur le site de l'Académie suédoise.
  8. Williams 2001, p. 31
  9. Williams 2001, p. 32
  10. a et b Williams 2001, p. 45
  11. Article Universalis sur Mario Vargas Llosa
  12. a et b (fr) L'Express.fr, « Mario Vargas Llosa, un Nobel amplement mérité », consulté le 14 octobre 2010.
  13. a, b, c et d (fr) Rue 89, « Mario Vargas Llosa, un prix Nobel de littérature très politique », consulté le 23 juillet 2011.
  14. a et b Le Monde.fr, « Mario Vargas Llosa, maître du bouillonnement romanesque », consulté le 14 octobre 2010.
  15. (fr), Le Point.fr, « Le Nobel à Mario Vargas Llosa », consulté le 14 octobre 2010.
  16. Serge Audier, La gauche réformiste et le libéralisme in L'Économie politique no 40, octobre 2008. Serge Audier est maître de conférences en philosophie morale et politique à l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV) et membre de l'Institut universitaire de France.
  17. Mario Vargas Llosa, Les Enjeux de la liberté, p. 139
  18. http://www.youtube.com/watch?v=gtZ3bClBG7o
  19. http://www.elmundo.es/america/2011/04/13/noticias/1302724630.html
  20. http://nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2010/vargas_llosa-lecture_fr.pdf
  21. (en)Confessions of a Liberal, Mario Vargas Llosa, 3 mars 2005
  22. Matin plus, 21 septembre 2007

Voir aussi

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Lien externe



Précédé de :
Herta Müller
Prix Nobel de littérature
2010
Suivi de :
Tomas Tranströmer



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