MX-CHP

MX-CHP

Chiapas

16°24′36″N 92°24′31″O / 16.41, -92.40861

Estado Libre y Soberano de Chiapas
(État libre et souverain de Chiapas)
Flag of Chiapas.svg {{{lien_blason}}}
(drapeau) (armoiries)
Localisation de l'État de Chiapas
Localisation de l'État de Chiapas
Municipalités du Chiapas
Municipalités du Chiapas
Administration
Pays Mexique Mexique
Capitale Tuxtla Gutiérrez
Politique
Gouverneur Juan Sabines Guerrero (PRD)
Députés fédéraux PRI : 7
PRD : 5
Sénateurs fédéraux Manuel Velasco Coello (PVEM)
María Elena Orantes López (PRI)
Rubén Velázquez López (PRD)
Données statistiques
Superficie 74 211 km² (8e)
3,8% du pays
Population (2005) 4 293 459 hab. ()
Densité 57,85 hab./km²
IDH (2004) 0,7076 (moyen, )
Autres informations
Abréviation postale Chis.
ISO 3166-2 MX-CHP
Fuseau horaire UTC-6
Site officiel www.chiapas.gob.mx

Le Chiapas est un État fédéré du Mexique depuis 1824. C'est l'un des 31 États des États-Unis du Mexique, sa capitale est Tuxtla Gutiérrez. Situé au sud de la péninsule du Yucatán, il est entouré par l'État de Oaxaca à l'ouest, celui de Tabasco au nord et par le Guatemala à l'est. Le Pacifique baigne son côté sud.

L'État de Chiapas est composé de 118 communes (municipios), regroupées en neuf régions économiques. Sa surface est de 75 634 km2 soit 3,8% du Mexique — ce qui le classe au 8e rang des États les plus étendus de la fédération mexicaine — et sa population est évaluée entre 4,3 et 4,5 millions d'habitants (novembre 2007) les chiffres divergeant selon les sources, de nombreux départs de jeunes vers les États Unis d'Amérique et le centre du pays ainsi que le non enregistrement d'une partie de la population indigène et/ou immigrée faussent les statistiques (on comptait en novembre 2007 1 711 019 personnes répondant à la définition d'indigène).

En 2006 on comptait environ 300 000 chiapanèques émigrés aux États-Unis, ceux-ci envoyèrent cette année-là à leurs familles restées au Chiapas la somme de 807,6 millions de dollars[1].. Des statistiques de 2007 indiquent que plus de 8% de la population du Chiapas travaille aux États-Unis. Riche en ressources naturelles, il fournissait notamment à lui seul, en 2001, 54% de l'énergie hydroélectrique (soit 6,4% de la production totale d'électricité du pays), 21 % du pétrole 47 % du gaz naturel[2] et 35 % du café du Mexique. En juin 1990, fut créée sur demande du gouvernement de l'État de Chiapas la compagnie aérienne AVIACSA (consorcio Aviacsa s.a. de c.v.) afin de satisfaire la demande croissante de transports aériens de cet État.

Mais cet État est très pauvre socialement parlant puisque, par exemple, en 2000, près des 2/3 des logements du Chiapas n'avaient ni électricité ni eau courante, beaucoup d'enfants ne dépassaient pas la première année de scolarisation, et 67% des Chiapanèques ne cotisaient pas à la sécurité sociale.[réf. nécessaire]

Sommaire

Histoire

L'église de Santo Domingo à San Cristóbal de las Casas

Des origines a la colonie espagnole (jusqu'au XIXe siècle)

Cette région était peuplée par les mayas, bien avant l'arrivée des conquistadores espagnols. Après la fin de "l'empire maya" le territoire fut conquis par les Aztèques qui exigèrent de forts tributs des populations soumises. Les Espagnols arrivèrent en 1518 le nommèrent Gran Quiché. La conquête fut terminée par les espagnols aidés de leurs alliés tlaxcaltèques (venant du centre du pays) et mexicas en 1527.

Indépendance, division et partage du Chiapas (1821 - 1842)

Le XIXe siècle est une séquence calme dans l'histoire du Chiapas et ses habitants ne connurent que peu de troubles pendant cette période.

Le 28 août 1821 le Chiapas se déclara indépendant de l'Espagne.

En 1824 le Chiapas avait été déclaré indépendant du Mexique comme de la Fédération Centraméricaine et un plébiscite d'une durée de six mois décida de son destin politique, tiraillé entre les prétentions de ses deux voisins. Le 24 mars 1824, la Junte Suprême établie à Ciudad Real (aujourd'hui San Cristobal de las Casas) disposant du pouvoir militaire et politique sur la province et dirigée par Manuel Zebadua, envoya une circulaire aux douze districts chiapanèques afin de les préparer à choisir leur rattachement à l'un ou l'autre pays. Il fut ensuite décidé par un congrès réuni ad-hoc que le rattachement au Mexique ou a la Fédération Centraméricaine se ferait sur la base d'un plébiscite sur le modèle de celui effectué au Guatemala en 1822. Cela signifiait que la population voterait par municipe et que la partie qui obtiendrait la majorité des voix dans un municipe remportait d'office la totalité des voix de celui-ci. Des stratégies furent mises en place notamment par l'élite de la Ciudad Real et par le gouvernement mexicain afin de manipuler les populations indigènes de la région de Los Altos et d'envahir le Soconusco de propagande pro-mexicaine. D'un autre coté, au Soconusco, Fray Matias de Cordoba et la puissante famille Escobar tentèrent avec succès de convaincre la population de la nature néfaste des objectifs annexionnistes mexicains.

Les conditions du référendum furent mitigées. En effet, la commission chargée de sa mise en place, arguant ne pas disposer de chiffres récents fit établir officiellement la population de la province à 172 953 habitants alors que les recensements précédents montraient une population de 130 295 en 1814 et 132 000 en 1823. De plus, la population des municipes les plus favorables à l'union avec le Mexique fut celle qui fut le plus surestimée. En effet, entre les chiffres du recensement de 1814 et ceux établis par la commission en 1824, la population de Ciudad Real passa de 6 198 à 10 000 habitants, celle de Comitan de 9 447 à 15 000 habitants et celle de San Bartholome de los Llanos de 8 653 à 13 000 habitants. Ces modifications frauduleuses avait d'autant plus d'importance que la partie qui obtenait la majorité des voix dans un municipe remportait d'office la totalité des voix de celui-ci. 38 municipes se prononcèrent en faveur de l'union avec le Mexique, et 56 en faveur de l'union avec l'Amérique Centrale. En additionnant la population totale de chaque municipe à majorité favorable au Mexique on obtenait alors 96 829 voix contre 60 400 pour l'Amérique Centrale. 15 724 personnes se déclarant indifférentes.

La publication des résultats le 15 septembre 1824 fut célébrée par la population à la hauteur de son rattachement avec le Mexique. Ce fut une jubilation à la Ciudad Real et à Comitan alors que l'événement fut nié à Tuxtla et encore plus à Tapachula, capitale du Soconusco. Le Soconusco se maintint donc indépendant avec l'appui notamment de son élite qui, constituée de familles créoles puissantes, entretenait des liens étroits avec les propriétaires terriens des hauteurs et de la côte guatémaltèque. La préservation de l'indépendance fut aussi appréciée des indiens Mams pour qui les frontières administratives de la région n'eurent jamais que très peu de sens. Aussi, avant le plébiscite, l'exécutif centraméricain avait déclaré le Soconusco comme partie intégrante de la fédération.

La réaction centraméricaine ne se fit pas attendre. En effet, en 1825, une commission spéciale conclut à l'illégitimité de l'annexion du Chiapas au Mexique. Le gouvernement centraméricain n'eut alors de cesse de déclarer que le Mexique avait maintenu la population chiapanèque sous la pression des armes et avait truqué les élections. Huit mois après le plébiscite, le Soconusco fut occupé par des troupes guatémaltèques et centraméricaines sous les ordres du colonel Pierson et les prêtres qui refusaient de signer la Constitution centraméricaine furent expulsés de la région. Le Mexique riposta immédiatement en massant des troupes sous les ordres du général Anaya le long de la frontière nouvellement établie par Pierson. Mais voulant éviter le conflit, les deux parties entamèrent des négociations laissant le Soconusco sous le statut d'autonomie provisionnelle, ce qui signifiait que dans les faits il était dirigé par les caciques et propriétaires terriens qui en avaient forcé la sécession en 1823.

En 1839, la dissolution de la Fédération Centraméricaine laissa place a la nouvelle République du Guatemala, qui considéra sienne les terres anciennement réclamées par la Fédération et notamment la totalité du Chiapas. Ces réclamations issues de l'élite de la capitale du nouveau pays furent transmises à la population à travers une active propagande inculquant aux Guatémaltèques le sentiment d'avoir été privés du territoire chiapanèque. Ce sentiment fut attisé par la récupération du Soconusco par le Mexique en 1842 par un décret du président Antonio Lopez de Santa Anna et par son occupation militaire suite à plusieurs appels de la part de la population de la région. Cette annexion faisait en fait suite à plusieurs incidents entre l'oligarchie locale et le gouvernement guatémaltèque ainsi qu'à la rumeur qui courait que les indigènes de la région préparaient la suppression de la population blanche et métisse de la région avec l'aide des troupes guatémaltèques du Quetzaltenango[3].

Le fixement définitif de la frontière Chiapas - Guatemala (1842 - 1895)

A la proclamation de l'Indépendance en 1821 le Guatemala faisait alors partie du Mexique. Le Soconusco définitivement rattaché au Mexique, il fallut attendre 1874 pour que Don Justo Rufino pour le Guatemala et Matias Romero pour le Mexique se rencontrent dans une exploitation agricole de la région qu'ils connaissaient pour y être tous deux exploitants. L'accord sur les limites frontalières entre les deux pays ne fut pas difficile à trouver à l'exception du cas de la zone du Soconusco.

Les diplomates se trouvèrent aussi face au défi de tracer une frontière en usant de cartes très anciennes, déficientes et/ou contradictoires datant pour certaines de la colonie espagnole. Après avoir déterminé les points fondamentaux de division établis après les indépendances de l'Espagne, ils décidèrent de tracer des lignes droites entre eux lorsqu'il n'existait pas sur le trajet de frontière naturelle. En ce qui concerne le Chiapas, le Mexique concéda au Guatemala un territoire allant jusqu'au Rio Suchiate, recevant en échange l'enclave de Motozintla. Cependant, beaucoup d'imprécisions cartographiques empêchèrent l'établissement d'un partage notamment en ce qui concernait la partie de la jungle lacandonienne.

Un accord préalable se signa finalement à New York le 12 août 1882 pour être officialisé à Mexico le 27 septembre de la même année. Son premier article établit le renoncement définitif du Guatemala au territoire de l'État du Chiapas. Afin de continuer à contrôler une partie de cette zone, le gouvernement guatémaltèque prit en 1884 la décision de perturber physiquement le tracé de la ligne de division sur le terrain. Après avoir frôlé le conflit armé, les gouvernements trouvèrent un accord le premier avril 1895, convenant que le Guatemala indemniserait aux entreprises les dommages causés par ses troupes et que le Mexique renoncerait à influer le tracé de la frontière.

La perte de ces territoires par le Guatemala et surtout de ceux du Soconusco donna lieu à un important ressentiment de la part des élites et de la population guatémaltèques encore palpable aujourd'hui [réf. nécessaire]

La Révolution mexicaine

Par sa situation géographique marginale le Chiapas échappa aux violences des guerres d'indépendance. Il fut épargné par la plupart des troubles du XIXe siècle et de l'intervention française. Pendant la Révolution contre Porfirio Diaz et la guerre civile qui suivit son exil, le Chiapas fut aussi épargné.

L'accueil des réfugiés guatémaltèques (1982 - 1998)

En 1982, un grand nombre de paysans, dans leur majorité indigène fuirent la guerre civile et furent accueillis par les autorités mexicaines. Devant l'afflu massif de refugiés le gouvernement mexicain décida de fermer physiquement la frontière chiapanèque et de laisser d'une manière plus ou moins informelle s'établir les réfugiés le long de celle-ci. La création de camps dans la région donna lieu à l'intervention de l'armée guatémaltèque du côté mexicain transformant le problème en un sujet de sécurité nationale. Les camps furent donc déplacés pour des raisons de sécurité vers le Campeche et le Quintana Roo, ce qui ne fut accepté que par la moitié des familles de réfugiés[4]. Ces réfugiés restèrent reconnus réfugiés primo facie par le HCR mais pas par l'État mexicain qui n'intégra ce statut à sa loi que dans les années 1990 et qui ne signa la Convention de Genève qu'en 2000.[réf. nécessaire] En 1993, le gouvernement mexicain et des ONG proposèrent aux réfugiés un programme de retour au Guatemala qui ne fit pas l'unanimité, nombre d'entre eux préférant aller aux États-Unis. Ce mouvement de population fut suivi d'un flux de migration guatémaltèque vers les États Unis, ce qui initia un mouvement d'émigration notamment indigène dans la région (c'est-à-dire aussi au Chiapas) presque épargnée jusqu'alors par ce phénomène[5]. L'arrivée et l'établissement des réfugiés guatémaltèques au Chiapas diversifia la population d'origine indigène de l'État (les ethnies indigènes guatémaltèques furent reconnues par le gouvernement mexicain à la fin des années 1990) et y implanta nombre d'ONGs. Ce phénomène impulsa au Chiapas de nombreuses initiatives de conscientisation et de mobilisation sociale, mais aussi fit naître des rivalités entre groupes ethniques.

Guerre des Castes

(Guerra de Castas)

Vers la fin de 1867 commença la guerre des Castes. Un indigène Pedro Diaz Cuscat avait fabriqué une idole de terre cuite qui simulait la parole par un système de caisse de résonance. Il parvint ainsi à attirer un public crédule et nombreux. Il fit passer cette idole pour un dieu descendu du Ciel pour vivre parmi les indigènes. Sa compagne et complice Agustina Gomez Checheb se fit elle passer pour la mère du dieu ... Ils furent bientôt rejoints par une foule énorme venue adorer cette idole. Le jour du Vendredi Saint de 1868, une assemblée pagano-chrétienne présidée par le couple crucifia un enfant et le laissa mourir sur la croix. Le gouvernement fut averti de cet acte de barbarie et fit incarcérer deux instigateurs à San Cristobal de la Casas.

Là intervint un aventurier mi escroc mi illuminé nommé Ignacio Fernandez de Gabindo qui avec sa compagne une diseuse de bonne aventure nommée Luisa Quévedo proposèrent au couple Pedro-Agustina de l'aider à s'échapper et à se libérer des blancs. Une armée d'indigènes fanatisés par les paroles de l'idole se forma et prit comme centre de commandement le village de Zontehuitz. Cette armée indigène se souleva en 1869 contre les autorités du Chiapas. Elle attaqua des villages, des haciendas, des fermes, des personnes isolées, tuant tous les blancs et les ladinos (les ladinos sont des indigènes qui ont adopté le mode de vie des créoles, ils sont détestés des autres indigènes) n'épargnant ni femmes, ni enfants, ni vieillards. Cette armée arriva près de San Cristobal de las Casas et menaça de piller et d'incendier la ville si Pedro Diaz Cuscat et ses acolytes n'étaient pas libérés. Le gouverneur céda partiellement en ne libérant que Diaz Cuscat. Il garda Fernandez de Galindo et sa compagne en garantie de la sauvegarde de la ville. Mais Diaz Cuscat, le 21 juin 1869, à la tête des ses troupes attaqua quand même la ville. La multitude enragée égorgea tous ceux qui tombèrent en son pouvoir. Le gouverneur José Pantaleon Dominguez opposant une résistance opiniâtre réussit à mettre en déroute les assaillants. Le gouverneur fit exécuter publiquement Fernandez de Galindo et sa femme. Ce qu'il restait des insurgés fut poursuivi jusqu'à Chamula où ils se retranchèrent, mais mal commandés il furent rapidement mis en déroute le 30 juin 1869. Les autres indigènes abusés par ces escrocs se dispersèrent et ne firent plus parler d'eux. Les derniers insurgés se rendirent en octobre 1870.

Bartolomé de Las Casas fut évêque de San Cristobal au XVIe siècle, ville qui plus tard s'appellera San Cristóbal de las Casas.

Politique

Partis politiques

De nombreux partis politiques sont actifs au Chiapas, jouant le jeu des institutions démocratiques. L'actuel gouverneur pour la période 2006-2012 est Juan Sabines Guerrero du PRD, parti membre de l'internationale socialiste il succède à Pablo Salazar Mendiguchía. Les deux partis les plus présents au Chiapas sont le PRD et le PRI (qui a été élu notamment à la tête de la municipalité de San Cristóbal de las Casas).

Géographie

Le fleuve Usumacinta à la frontière avec le Guatemala

L'état de Chiapas est situé dans le sud-est du Mexique. Son relief est fortement contrasté et peut être divisé en quatre zones : la côte, les vallées centrales, les montagnes et la forêt tropicale.

  • Villes principales :
    • Tuxtla Gutiérrez (434 100 habitants), capitale politique, industrielle et économique de l'État.
    • San Cristóbal de las Casas, capitale culturelle de l'État à population en majorité indigène.
    • Tapachula (511 526 habitants), qui comporte une zone portuaire, une base militaire et un aéroport civil. 2 193 de ses habitants parlent une langue indigène (principalement le mam).

Démographie

Le Chiapas comptait d'après des chiffres officiels de 2005 une population de 4 293 459 habitants, composée de 55% de métis (issus d'espagnols et d'indigènes) de 40% d'indigènes appartenant à diverses ethnies, le 5% restant composé de personnes d'ascendance africaine, de personnes d'ascendance européenne et moyen-orientales.

12 groupes ethniques indigènes sont identifiés au Chiapas, : Tsetsal (34,5%), Tsotsil (36%), ch'ol (17,4%), Tojol-ab'al (4,7%), Zoque (5%), le ethnies suivantes : Chuj, Kanjobal, Mam, Jakalteco, Mocho, Calchiquel, Lacandon-maya caribe forment le 2,3% restant. Ces groupes constituent 12 des 62 peuples indigènes reconnus au niveau fédéral[6].

Il est à noter que la langue mam est encore beaucoup parlée au Guatemala mais est en voie de disparition au Chiapas. En effet, plus de 80% de ses environ 16 000 locuteurs auraient plus de 60 ans.[réf. nécessaire]

Santé

Les principaux obstacles en termes de santé publique sont le manque de ressources financières de la population, le manque d'infrastructures de santé, de déplacement et de communication (aéroports, routes) en particulier dans les régions isolées du centre du Chiapas et de la forêt lacandone (Selva Lacandona). À ces problèmes d'ordre structurels s'ajoute une certaine indifférence envers les indigènes et les populations marginalisées, les difficultés de communication entre les praticiens d'origine urbaine et leurs patients (environ un tiers des indigènes ne parlent pas espagnol et les médecins ne peuvent apprendre tous les idiomes locaux) et la quasi absence de coordination entre praticiens « traditionnels » ou communautaires et praticiens du secteur public ou non-gouvernemental. Certains ajoutent qu'il existe aussi une certaine méfiance des indigènes envers les étrangers en général et les métis et des rivalités entre groupes indigènes, ce qui augmente les difficultés de communication entre les différentes populations de la région.

Il y a également de très graves problèmes d'alcoolisme dans les populations indigènes, de consommation de drogues bon marché (amphétamines, drogues synthétiques de très basse "qualité" produites sur place, colles, solvants) et de violence intra-familiale, de désintégration des liens familiaux, de machisme, de prostitution dont les victimes sont le plus souvent les femmes migrantes -internes ou internationales - et les enfants en bas âge victimes de traite. De nombreux jeunes hommes sont partis de leurs villages allant dans les grandes villes du pays ou aux États-Unis délaissant souvent vieillards, femmes et enfants n'étant pas dans la possibilité de leur venir en aide. Ils souffrent aussi des conséquences de superstitions et de l'ignorance dans laquelle leur éloignement géographique et le peu d'intérêt porté à ces populations jusqu'à peu par les gouvernements successifs les a laissés. En l'absence de médecins ou de structures médicales ils sont la proie de nombreux charlatans se réclamant de la « médecine traditionnelle » qui exploitent leur ignorance en prétendant les guérir de maladies devenues fréquentes telles que le sida, la tuberculose, la syphilis et les hépatites de type virale, etc. La vente de copies de médicaments devient également un problème. En 1993 selon les chiffres publiés par Salud publica de México en 1995 (volume 37, No 1) il y avait au Chiapas 1 médecin pour 1642 habitants contre 292 dans le District Fédéral pour une moyenne nationale de 1 médecin pour 673 habitants.

Le Chiapas doit aussi affronter d'autres problèmes comme la pollution de ses cours d'eaux par toutes sortes de causes (égouts, pesticides etc.) le manque d'infrastructures pour éliminer correctement le déchets ménagers et industriels et les recycler, ainsi que la coupe sauvage de bois précieux s'ajoutant à la déforestation pour gagner des terres cultivables.

La sécurité alimentaire y laisse aussi beaucoup à désirer et de nombreux cas d'aliments contaminés par toutes sortes de polluants ou périmés (viandes, lait en poudre, boissons gazeuses, bières) ainsi que la vente de faux miel, faux extraits de vanille etc. y sont détectés.

Les parcours thérapeutiques des chiapanèques, spécialement des indigènes, sont diversifiés et reflètent le pluralisme du système thérapeutique. Une tradition multi-séculaire se maintient dans les régions indigènes et les couches populaires de la population urbaine. Cette médecine « traditionnelle » est caractérisée par la diversité de ses thérapeutes, aux "savoirs et savoir-faire" s'étendant du technico-empirique au rituel magico-religieux. S'illustrent, parmi ces thérapeutes, les « preneurs de pouls », les « diseurs de prières » et les accoucheuses. Ces méthodes ancestrales sont responsables de nombreux morts et de retards dans les soins aggravant le diagnostic de maux qui auraient pu être correctement soignés s'ils avaient été détectés dès leur apparition[7].

Les principaux problèmes de santé de la population sont d'ordre gastro-intestinal, respiratoire (en particulier chez les femmes, qui sont exposées quotidiennement à la fumée des foyers) et dermatologique. Chez les hommes les accidents du travail sont nombreux, liés aux activités agricoles, et chez les femmes la morbi-mortalité liée à la grossesse et à l'accouchement est importante. À cet égard, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile constitue l'une des priorités des programmes de santé publique. Dans cette perspective, l'État mexicain a notamment mis en place des programmes de formation des accoucheuses communautaires, visant à encadrer leur pratique et à encourager le transfert des femmes présentant des pathologies vers les structures médicalisées.

Les programmes de santé publique présentent également des enjeux politiques directs au niveau local, dans la mesure où les structures et le matériel médical constituent des ressources exploitables économiquement, et où l'accès aux postes de promoteur de santé ou d'intermédiaire des services publics se traduisent par un gain d'influence au niveau communautaire. Ces enjeux locaux ne sont pas dissociables d'enjeux plus globaux, dans un contexte marqué par de nombreux et importants conflits politiques (liés notamment à des revendications agraires, écologistes et identitaires) et de rivalités ancestrales entre groupes ethniques indigènes. Ces conflits et l'instabilité qu'elle génère découragent nombre de chiapanèques médecins, techniciens, dentistes etc., qui préfèrent partir vers des régions plus calmes comme le district fédéral pour les plus qualifiés, ou les États-Unis pour d'autres. À cet égard, les choix en termes de modèle de santé publique au niveau fédéral, de gestion des inégalités de richesse au niveau national, et d'accès à l'exercice de leurs droits des populations marginalisées constituent des problèmes fondamentaux qu'il s'agirait de résoudre avant d'espérer obtenir la réduction des inégalités de santé au Chiapas

Religion

Le Chiapas est l'État du Mexique qui compte le moins de personnes se déclarant catholique. Les personnes ne se déclarant pas de cette religion se considèrent athées ou appartenant à des églises protestantes ou évangéliques. Ce phénomène est en partie dû à la proximité du Chiapas avec le Guatemala qui compte 30% de sa population appartenant à ces dernières églises [réf. nécessaire]. Aussi, l'idée est répandue dans la région de Los Altos que beaucoup d'Indigènes ont choisi la conversion à l'évangélisme en raison de l'association de la religion catholique à la conquête espagnole.

La présence des Témoins de Jeovah est forte, notamment dans la zone frontalière de l'État.

Pour l'Église catholique, le Chiapas est divisé en trois diocèses qui ont leur siège à Tuxtla Gutierrez, Tapachula et San Cristobal de las Casas. Dans les zones peupleés par les indigènes, on note un fort mélange entre les rites catholiques et les cultes pré hispaniques. L'Église catholique s'est notamment fait remarquer pour son implication directe ou l'inspiration qu'elle a fourni dans la création d'organisations impliquées dans les enjeux sociaux et économiques de la société chiapanèque.

La faible proportion de la population se déclarant de religion juive n'a fait que décroître depuis le XIXe siècle et est aujourd'hui presque nulle. Une communauté musulmane est en forte croissance à San Cristobal de las Casas.

Remarques

Au Mexique, on rencontre l'abréviation Chis pour Chiapas, comme Ver. pour Veracruz, Pue. pour Puebla etc. Chiapaneco désigne un habitant du Chiapas.

Notes

  1. la Jornada, article du 24 août 2007 de Angeles Mariscal
  2. sipaz, Mél. : chiapassan cristobal de las casas - @org
  3. Jan de Vos, Las fronteras de la frontera sur, CIESAS, Universidad Juarez Autonoma de Tabasco, 1993, Villahermosa, Tabasco, Mexique
  4. Edith F. Kauffer, Les réfugiés Guatémaltèques au Chiapas, l'Harmattan, Paris, 2000
  5. Edith F. Kauffer "Mujeres indígenas, procesos migratorios y derechos humanos en la frontera sur de México, CIESAS Sureste, Chiapas, Mexico
  6. www.sipaz.org/data/chis
  7. référence nécessaire

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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