MOvement for the Survival of the Ogoni People

MOvement for the Survival of the Ogoni People

Mouvement pour la survie du peuple Ogoni

Le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni, plus connu sous le nom MOSOP signifiant MOvement for the Survival of the Ogoni People est un mouvement social né vers 1990 au sud du Nigéria dont le but est de défendre les intérêts du peuple Ogoni face aux abus commis par la compagnie pétrolière Royal Dutch Shell et le gouvernement nigérian. Ce mouvement est souvent connu par son leader charismatique Ken Saro-Wiwa. Le MOSOP est aussi l'un des principaux acteurs du National Youth Council of the Ogoni People et de la Federation of Ogoni Women's Associations.

Sommaire

Histoire

Contexte

La première découverte de pétrole sur les terres Ogoni date de 1958. La destruction de l'environnement causée par l'extraction du pétrole en terre Ogoni ainsi qu'un manque de partage des richesses du pétrole ont eu pour conséquence une relative opposition du peuple autochtone lors des premières extractions de pétrole. À l'échelle internationale, les premiers boycotts de Shell dus aux abus commis au Nigéria remontent aux années 1960.

1990: Création du MOSOP

Le MOSOP a été créé par plusieurs personnalités de la communauté Ogoni dont le docteur Garrick Barile Leton qui fut le premier président de l'organisation, Chief E. N. Kobani, Meshack Karanwi et le président de l'époque de l'Ethnic Minority Rights Organization of Africa Ken Saro-Wiwa, ce dernier deviendra le principal leader du mouvement par la suite. Les premiers efforts du MOSOP aboutissent à l'élaboration d'une déclaration nommée Ogoni Bill of Rights adressée au gouvernement nigérian en 1990. Cette déclaration recense les diverses préoccupations de la communauté comme la destruction de l'environnement des Ogonis due à l'extraction pétrolière, la négligence du gouvernement fédéral, le manque de services sociaux et la marginalisation politique dont souffre cette communauté. Le MOSOP auto-définit les Ogonis comme une « nationalité ethnique distincte » et ainsi réclame au gouvernement nigérian une certaine autonomie, la protection de l'environnement, une part honnête des revenus produits par l'extraction des ressources situées sur leurs terres et des droits culturels comme l'utilisation de leur propre langue.

1992: Escalade de la violence

Très influencé par la philosophie de son leader Ken Saro-Wiwa, le MOSOP utilise des méthodes non-violentes afin de faire pression sur le gouvernement nigérian. Pourtant, à partir de décembre 1992, le conflit devient parfois assez violent. À cette époque, voyant les bénéfices records engrangés par Shell grâce aux richesses naturelles des terres Ogoni, le MOSOP donne un ultimatum aux compagnie pétrolière (principalement Shell mais aussi Chevron et la Nigerian National Petroleum Company), réclamant 10 milliards de dollars pour les dommages accumulés, un « arrêt immédiat des dégradations environnementales » et des négociations sur d'éventuelles futures extractions. Le MOSOP menace dans cet ultimatum de manifester en masse et de bloquer les activités des compagnies pétrolières. C'est à partir de ce moment que le MOSOP commence à prendre aussi pour cible les compagnies pétrolières, et non seulement le gouvernement nigérian comme il le faisait auparavant.

Le gouvernement nigérian répond aux déclarations du MOSOP en interdisant tout rassemblement et en déclarant que toute action gênant la production pétrolière serait un acte de trahison. Le MOSOP parvient pourtant à organiser une très importante manifestation non violente le 4 janvier 1993. L'événement, jour de la fête nationale, attire 300 000 personnes, c'est la plus grosse mobilisation de l'histoire du peuple Ogoni. Cette mobilisation continue pendant plus d'un mois et, après quelques actions violentes commises par certains membres du MOSOP, a pour conséquence le retrait des employés de la compagnie SPDC des terres Ogonis pour des raisons de sécurité. L'extraction du pétrole en est fortement ralentie[1]. Cependant le retrait n'est qu'une mesure temporaire et, selon le MOSOP, permet au gouvernement nigérian d'avoir une bonne raison de restaurer l'ordre sur les terres Ogoni. Le gouvernement permet rapidement aux compagnie de revenir extraire le pétrole.

1995: exécution de Ken Saro-Wiwa

La répression militaire s'accélère à partir de mai 1994. Le 21 mai, l'armée et la police nigérienne apparaissent dans la plupart des villages Ogonis. Le même jour, quatre des leaders du MOSOP sont assassinés. Ken Saro-Wiwa est interdit d'entrée sur les terres Ogonis puis emprisonné par les forces de l'ordre, l'accusant d'être en relation avec les assassinats des autres membres du MOSOP. Le même jour, le lieutenant Colonel Dauda Komo accuse Ken Saro-Wiva du meurtre des quatre éléments du MOSOP.

Le major Paul Okuntimo, menant l'opération de « restauration de l'ordre » a déclaré qu'il était en train de rechercher ceux directement impliqués dans l'assassinat des quatre Ogonis. Cependant des témoins ont déclaré avoir vu les forces de l'ordre perpétrer des opérations de terreur contre le peuple Ogoni les mêmes jours. Amnesty International a décrit ces opérations comme du terrorisme délibéré. Vers mi-juin, trente villages Ogoni ont été détruits, 600 personnes emprisonnées et au moins 40 personnes tuées.

Ken Saro Wiwa se fait emprisonner plusieurs fois sans jugement jusqu'en 1995 où il sera emprisonné, jugé et exécuté le 10. novembre.

Dans les années 2000, le MOSOP devient moins important au Nigéria, d'autres groupes plus radicaux comme le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND) prennent les devants de la lutte contre les compagnies pétrolières au Nigéria.

Réaction de la communauté internationale

Plusieurs ONG comme Amnesty International ont dénoncé vivement ce procès[2] et l'attitude du gouvernement militaire du Général Sani Abacha face aux manifestations pacifiques, le rôle de la compagnie Shell lors de l'arrestation de Saro-Wiwa a aussi été très critiqué. Selon certaines estimations, 2 000 personnes ont été tuées depuis 1993 par l'armée nigérienne, de nombreux villages ont été complètement détruits, environ 100 000 Ogonis sont des réfugiés et se sont exilés au Bénin. Certains Ogonis ont été accueillis aussi au Canada et aux États-Unis[3]. Ces exactions ont eu pour conséquence l'expulsion du Nigéria du Commonwealth des Nations en 1995, mais certains se plaignent du manque d'action de la communauté internationale[4]. Le Nigéria a été réintégré au Commonwealth en 1999.

En 1999, le réseau Voltaire publie un rapport inquiétant sur la situation des Ogonis[5]. L'année suivante, Amnesty International confirme les dires du réseau Voltaire[6] Cette même année, le Conseil œcuménique des Églises accorde une aide pour le MOSOP[7].

Selon un rapport de Minority Right International[8], le peuple Ogoni est l'une des minorités africaines dont on ne respecte pas les droits fondamentaux.

Après s'être retirée de ces terres pour des raisons de sécurité, la compagnie Shell tente parfois d'y retourner pour extraire du pétrole. En avril 2005, une des communautés Ogoni, appelée Agip Waterfront, a été détruite afin de faciliter l'expansion de la compagnie NAOC (Nigerian Agip Oil Company). Au moins un Ogoni a été tué lors de cette action[9].Selon le dernier rapport d'Amnesty International de novembre 2005[10], la situation ne s'est pas améliorée pour le peuple Ogoni en dépit du changement de gouvernement au Nigéria.

Selon plusieurs sources, Shell aurait commis encore certains abus en 2006[11].

La situation actuelle est similaire dans d'autres régions pétrolifères du sud du Nigéria. D'autres combats continuent entre des compagnies pétrolières et des peuples autochtones du sud du Nigéria[12].

Beaucoup d'altermondialistes ont exprimé leur soutien aux peuples Ogoni. Ils dénoncent souvent le manque d'actions contre les multinationales abusives. Dans son livre No Logo, Naomi Klein prend le retrait de Shell des territoires Ogoni sous la pression locale et internationale comme l'un des premiers grand succès du mouvement altermondialiste sur le pouvoir grandissant des multinationales[13].

Citation

"L’exploration pétrolière a transformé le pays ogoni en immense terrain vague. Les terres, les rivières et les ruisseaux sont en permanence entièrement pollués ; l’atmosphère est empoisonnée, chargée de vapeurs d’hydrocarbures, de méthane, d’oxydes de carbone et de suies rejetés par les torchères qui, depuis trente-trois ans, brûlent des gaz vingt-quatre heures sur vingt-quatre tout près des zones d’habitation. Le territoire ogoni a été dévasté par des pluies acides et des épanchements ou des jaillissements d’hydrocarbures. Le réseau d’oléoducs à haute pression qui quadrille les terres cultivées et les villages ogoni constitue une dangereuse menace."

Ken Saro-Wiwa, s’adressant à l’Organisation des peuples et nations non représentés à Genève, en 1992.

Références

  1. L'extraction est descendue jusqu’à 10,000 barils par jour (soit 5% de la production nationale)
  2. Détention et procès de membres de la communauté ogoni : rapport d'Amnesty International de septembre 1995 sur la situation du peuple Ogoni.
  3. Document PBS: The New Americans: The Ogoni Refugees (en anglais)
  4. Article au sujet du manque d'action de la communauté internationale du Concordia Français
  5. Rapport du réseau Voltaire d'octobre 1999
  6. L'intensification des tensions en pays ogoni fait au moins un mort: communiqué d'Amnesty International d'avril 2000 concernant le peuple Ogoni.
  7. prix du Conseil œcuménique des Églises
  8. Rapport de minority Right International datant de mai 2003 (traduit en français)
  9. Communniqué de Minority Right International
  10. Injustice, pétrole et violence au Nigéria: rapport d'Amnesty International de novembre 2005 sur la situation du peuple Ogoni.
  11. Commentaire de Stop-usa sur la situation actuelle
  12. Article paru dans Le Monde Diplomatique d'avril 2006
  13. Voir l'article No Logo

Voir aussi

Liens externes

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