Léo Ferré

Léo Ferré
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Léo Ferré
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Léo Ferré au Printemps de Bourges en avril 1985

Naissance 24 août 1916
Drapeau de Monaco Monaco
Décès 14 juillet 1993 (à 76 ans)
Castellina in Chianti, Drapeau d'Italie Italie
Activité principale Auteur-compositeur-interprète
Genre musical Chanson française
Musique symphonique
Instruments Piano
Années d'activité 1946 - 1992
Labels Le Chant du Monde
Odéon
Barclay-Universal
CBS
RCA
EPM
La Mémoire et la Mer
Site officiel leo-ferre.com

Entourage Jean-Roger Caussimon
Catherine Sauvage
André Breton
Louis Aragon
Jean-Pierre Melville

Léo Albert Charles Antoine Ferré, né le 24 août 1916 à Monaco et mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti (Toscane), est un poète, auteur-compositeur-interprète, pianiste, franco-monégasque. Ayant réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans, Léo Ferré est à ce jour le plus prolifique auteur-compositeur-interprète d'expression française. D'une culture musicale classique, il dirigea à plusieurs reprises des orchestres symphoniques, (en public ou à l'occasion d'enregistrements discographiques). Léo Ferré se revendiquait anarchiste, ce courant idéologique inspira grandement son œuvre.

Sommaire

Biographie

L'enfance

Fils de Joseph Ferré, directeur du personnel du Casino de Monte-Carlo, et de Marie Scotto, couturière d'origine italienne, il a une sœur, Lucienne, de deux ans son aînée.

Léo Ferré s'intéresse très tôt à la musique. À l’âge de sept ans, il intègre la Chorale de la Maîtrise de la cathédrale de Monaco comme soprano. Il découvre la polyphonie au contact des œuvres de Palestrina et de Tomás Luis de Victoria. Son oncle, ancien violoniste et secrétaire au Casino, le fait assister aux spectacles et répétitions qui ont lieu à l'opéra de Monte-Carlo, alors haut-lieu de la vie musicale internationale. Léo Ferré y entend le chanteur basse Fédor Chaliapine, y découvre Beethoven, qui l'émeut profondément, que ce soit sous la baguette d'Arturo Toscanini (Coriolan), ou à la radio (Cinquième symphonie). Mais c'est la présence du compositeur Maurice Ravel aux répétitions de L'enfant et les sortilèges qui l'impressionne le plus durablement[1].

À neuf ans il entre au collège Saint-Charles de Bordighera tenu par les Frères des Écoles chrétiennes, en Italie. Il y reste en pension pendant huit longues années. Il racontera cette enfance solitaire et encagée dans une fiction autobiographique (Benoît Misère, 1970). Il y approfondit sa connaissance du solfège et joue du piston dans l'harmonie. À quatorze ans, il compose le Kyrie d'une Messe à trois voix et une mélodie sur le poème Soleils couchants de Verlaine[2].

En cachette, il lit les auteurs considérés comme subversifs par les Frères : Voltaire, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé.

De retour à Monaco pour préparer son baccalauréat, il devient pigiste pour le journal Le Petit Niçois comme critique musical, ce qui lui permet d'approcher des chefs d'orchestre prestigieux comme Antal Dorati ou Mitropoulos. À cette époque il découvre avec enthousiasme Daphnis et Chloé et le Concerto pour la main gauche de Ravel, sous la direction de Paul Paray, ainsi que le Boléro et la Pavane pour une infante défunte, dirigés par le compositeur en personne.

Il passe et obtient son baccalauréat de philosophie au lycée de Monaco. Son père refuse qu’il s’inscrive au Conservatoire de musique.

Années de formation

En 1935, il vient à Paris pour y faire des études de droit. Peu intéressé par les événements politiques et leurs enjeux[3], il peaufine son apprentissage du piano en complet autodidacte en même temps qu'il mûrit son rapport à l'écriture. Fort d’un diplôme de sciences politiques il revient à Monaco en 1939 avant d’être mobilisé l'année d'après. Il est affecté à l'infanterie et dirige un groupe de tirailleurs algériens. Sa vocation de compositeur s’affirme après sa démobilisation.

En 1940, à l'occasion du mariage de sa sœur, il écrit un Ave Maria pour orgue et violoncelle[4], et débute la mise en musique de chansons écrites par une amie. C’est avec ce répertoire qu’il se produit pour la première fois en public le 26 février 1941, au Théâtre des Beaux-arts de Monte-Carlo, sous le nom de Forlane. Ses premiers textes personnels datent sans doute de cette année-là. À la fin d'un concert à Montpellier où se produit Charles Trenet, il présente à la "star" trois de ses chansons, mais celle-ci lui conseille de ne pas les chanter lui-même et de se contenter d'écrire pour les autres.

En 1943 René Baer lui confie des textes qui deviendront plus tard des succès : La Chanson du scaphandrier, qui sera aussi chantée par Claire Leclerc, et La Chambre. La même année, Léo Ferré épouse Odette Shunck, qu'il a rencontrée en 1940 à Castres. Le couple s'installe dans une ferme à Beausoleil, sur les hauteurs de Monaco.

En 1945, alors qu’il est toujours "fermier" et occasionnellement "homme à tout faire" à Radio Monte-Carlo, Léo Ferré rencontre Édith Piaf qui l’encourage à tenter sa chance à Paris.

Ils broyaient du noir, L'opéra du ciel, Suzon, sont à ce jour les plus vieux enregistrements connus de Léo Ferré. Ils furent retrouvés par son fils, Mathieu Ferré, dans le bureau de son père. Mêlés à un amoncellement de partitions et de manuscrits, il découvre une demi-douzaine d'enregistrements sur disque en "piral", (constitué d'une feuille d'aluminium ou de zinc recouverte d'une laque). La plupart sont totalement inutilisables et seules trois chansons purent êtres « récupérées ». Si la date et les circonstances des enregistrements demeurent inconnus, tout laisse à croire que c'est vers le milieu des années 1940 que Ferré les grava[5].

Les débuts à Paris

À la fin de l'été 1946 Léo Ferré s'installe dans la capitale. Il obtient un engagement de trois mois au cabaret Le Bœuf sur le toit où il s'accompagne au piano. Il se lie d'amitié avec Jean-Roger Caussimon, à qui il demande s'il peut mettre en musique son poème A la Seine. Ensemble, régulièrement ils feront plusieurs chansons particulièrement appréciées du public comme Monsieur William (1950), Le Temps du tango (1958) ou encore Comme à Ostende (1960) et Ne chantez pas la mort (1972).

En avril 1947, Ferré accepte de faire une tournée en Martinique, qui se révèle désastreuse et le conforte dans son aversion du voyage. Faute d'argent, il met six mois avant de revenir. À son retour, il commence à fréquenter le milieu des anarchistes espagnols, exilés du franquisme. Cela nourrira sa rêverie romantique de l'Espagne[6], dont Le Bateau Espagnol et Le Flamenco de Paris seront les premières manifestations.

Cette période est psychologiquement et financièrement difficile pour lui. Pendant sept longues années il doit se contenter d’engagements aléatoires et épisodiques dans les caves à chansons de la capitale : Les Assassins, les Trois Mailletz, Le Trou, le Quod Libet, ou encore le Milord l'Arsouille, ces trois derniers étant successivement dirigés par son ami Francis Claude, avec lequel il co-écrit plusieurs chansons, dont La Vie d'artiste (1950), en écho à sa récente séparation d'avec Odette.

Il finit par se faire une réputation, parvenant non sans peine à placer quelques titres chez les interprètes de l’époque : Renée Lebas[7], Édith Piaf[8], Henri Salvador[9], Yvette Giraud, Les Frères Jacques. Mais c'est avec la chanteuse Catherine Sauvage qu'il va trouver sa plus fidèle, passionnée et convaincante ambassadrice.

Les années Le Chant du Monde / 1947 - 1953

3 mars 1947, Léo Ferré signe son premier contrat avec un éditeur musical. Il s'agit de la maison d'édition proche du parti communiste "Le Chant du Monde". Une clause du contrat précise qu'il cède à cette dernière l'exclusivité totale de ses œuvres. Ferré, mis à part Le scaphandrier, n'enregistra à l'époque aucune des premières chansons "allouées" au Chant du monde, (certainement étaient-elles prévues pour d'autres interprètes) : Paris (mars 1947) / Les amants de Paris (avril 1948) / La mauvaise étoile, Histoire de l'amour, Petite vertu, Le banco du diable, Oubli, Les vigiles, La rengaine d'amour (juin 1948) / Elle tourne la terre (mars 1949[10] - Ferré l'enregistra en 1990 sur l'album Les vieux copains).

1950, Léo Ferré rencontre Madeleine Rabereau - elle sera sa seconde compagne - qui donne une nouvelle impulsion à sa vie et sa carrière. Il en fait sa muse et elle influe sur certains choix artistiques (mise en scène et organisation du tour de chant, essentiellement).

23 juin, Léo Ferré signe un contrat de trois ans avec Le Chant du Monde ; Ce second contrat concerne cette fois des éditions phonographiques. Dès le 26 juin, il est en studio et enregistre quatorze chansons. Il s'accompagne lui-même au piano. Douze chansons sont diffusées en six 78 tours : La chanson du scaphandrier, La vie d'artiste / Le bateau espagnol, L'île Saint-Louis / Monsieur Tout-Blanc, À Saint-Germain-des-Prés/ Le flamenco de Paris, Les forains / L'inconnue de Londres, Barbarie / L'esprit de famille, Le temps des roses rouges. (Les chansons Monsieur William (version 1950) et La femme adultère resteront inédites durant plus de 40 ans).

Cette année-là, il part pour l'Angleterre, pour tenir le (petit) rôle d'un pianiste dans le film de Basil Dearden The cage of gold (La cage d'or). C'est son unique apparition au cinéma.

1951, Ferré écrit et compose De sacs et de cordes, un feuilleton radiophonique dont le récitant est Jean Gabin. Le 12 janvier est la date présumée de l'enregistrement, (qui lui donnent l'opportunité de diriger pour la première fois un orchestre symphonique - celui de la Radiodiffusion française - et les chœurs Raymond Saint-Paul). Le 5 février est vraisemblablement la date de sa première diffusion à l'antenne. Léo Ferré mêle au récit plusieurs chansons et des passages orchestraux. Les Frères Jacques, (parmi d'autres oubliés aujourd'hui, tels que Christiane Carlove, Claire Leclerc ou encore Jean Lemaître - l'énumération n'est pas exhaustive), ont également participé à De sacs et de cordes[11]. En 1988, au cours d'un entretien radiophonique, à propos de De sacs et de cordes, Ferré déclara : <<...Gabin était entre deux pentes, là... Alors j'avais écrit ça, je ne sais pas pourquoi... Ou j'ai écrit ça en même temps sachant que Gabin accepterait de lire le texte et c'est passé une fois à la radio... On ne le repasse pas souvent, hein ? Pourtant Gabin ce n'est pas moi !>> (Léo Ferré)[12].

Depuis la fin 1947 Ferré produit et anime sur Paris Inter plusieurs cycles d'émissions consacrées à la musique classique. Dans Musique byzantine (1953-54), il élargit son propos à des questions esthétiques sur la tonalité, l'exotisme, la mélodie, l'opéra, l'ennui, l'originalité ou la "musique guimauve[13]", et affirme avec une acuité polémique ses conceptions anti-modernes, épinglant tout à la fois l'assujettissement nouveau de la musique au mercantilisme industriel ("la musique de conserve[14]") et la décadence intellectualiste en quoi consiste la recherche éperdue de procédés et de systèmes ("le terminus des dilettantes[15]"), incarnée à ses yeux par les avant-gardes, au premier rang desquelles l'école sérielle en plein essor. Un projet ultérieur d'émission ayant été refusé et le succès venant, Léo Ferré cesse de travailler à la radio[16].

1952, pour présenter le concours Verdi à la La Scala de Milan il écrit le livret et la musique d'un opéra qui transpose de manière grinçante et très noire ses récentes années de galère : La Vie d'artiste[17]. Il semble qu'il n'y ait pas tellement tenu, abandonnant très vite cet "exercice[18]" pour d'autres projets. Il en tirera néanmoins la chanson La Chemise rouge ainsi que la matière de la chanson Miséria, intégrées toutes deux à son futur Opéra du pauvre (1983), et plus tardivement la chanson Vison l'éditeur (1990).

1953, voit Léo Ferré rejoindre la maison de disques Odéon. Or son contrat avec Le Chant du monde, le contraint à enregistrer douze chansons par an, comme le lui rappelle la firme. Les 27 et 31 octobre, (malgré la fin de son contrat) ; profitant des meilleures conditions techniques qui lui sont proposées, s'accompagnant toujours au piano, il ré-enregistre onze des douze titres diffusés en 1950, (Le temps des roses rouges ne le sera pas[19], pour cause de censure, car soupçonnée d'anticommuniste par Le Chant du Monde). Ils seront publiés sur un 33 tours 25 cm.

Les années Odéon / 1953 - 1958

1953, 10 avril, première séance studio pour la firme Odéon. Il enregistre : Judas, Paris canaille, Monsieur William, Notre amour et La chambre. Cette première mouture du texte de René Baër est restée inédite et est certainement perdue[20]. Lors d'une séance du 29 avril, Ferré donne une seconde version de La chambre. Il grave également Martha la mule et Les grandes vacances qui seront publiées en 78 tours. Avec ce premier 33 tours 25cm pour Odéon, Ferré chante pour la première fois Guillaume Apollinaire, (Le pont Mirabeau). La chanson ...Et des clous, repris ici par Léo Ferré, fut écrite par lui pour le film L'esclave d'Yves Ciampi, où elle était chantée par Barbara Laage, (également interprète du film au côté de Daniel Gélin et Louis Seigner). Les cloches de Notre-Dame et Vitrines complètent le disque. Il connait son premier succès avec Paris Canaille, interprété par Catherine Sauvage, (précédemment, il l'avait proposé à Yves Montand, Les frères Jacques et Mouloudji, qui la refusèrent)[20]. Pour Ferré c'est la fin de la précarité, la chanson sera reprise par plusieurs autres interprètes. Il met à profit cette bouffée d’oxygène pour se consacrer à la composition d'un oratorio sur La Chanson du Mal-Aimé, (il lui consacra plus d'un an de travail, mars 52-avril 53), vaste poème de Guillaume Apollinaire, dont le recueil Alcools exerce une influence majeure sur sa propre écriture poétique. En décembre, Léo Ferré chante à "l'Arlequin". Il y reçoit la visite du Prince Rainier de Monaco, qui lui propose de créer à l'Opéra de Monte-Carlo, La chanson du Mal-aimé. Une œuvre orchestrale lui sera ajoutée en complément de programme. Ce sera La symphonie interrompue, que Léo Ferré compose en trois mois[21].

1954, L'œuvre, pour quatre chanteurs lyriques, est créée sous la baguette du compositeur le 29 avril à l'Opéra de Monte-Carlo. Une captation radiophonique de cette représentation unique est réalisée et est diffusée par Radio Monte-Carlo le 3 mai. Longtemps on a cru la bande détruite, il n'en était rien[22]. Après plusieurs démarches infructueuses pour faire vivre sur scène son adaptation du poème d'Apollinaire, Ferré en fera un album en 1957.

L'année 1954 est décisive pour la reconnaissance de Ferré, comme auteur, interprète et aussi et surtout comme compositeur. Sa renommée va croître au fil des disques et des succès...

Le 15 mars, Ferré enregistre une première version du Piano du pauvre, (certainement sans accompagnement à l'accordéon, une première mouture aujourd'hui introuvable) et Le parvenu. Une deuxième version du Piano du pauvre où il s'accompagne seul au piano est enregistré le 25, pour l'émission "Avant-Premières" de Luc Bérimond. Chez Odéon, il rencontre quelques jours plus tard, Jean Cardon, qui va devenir jusqu'en 1962 son unique accordéoniste. Le 7 avril, ils enregistrent en studio la version définitive du Piano du pauvre, complété par l'enregistrement de L'homme, (Catherine Sauvage chantera sa propre version de L'homme, avec laquelle elle obtient le Grand Prix du disque 1954).

En mai, du 14 au 27, Léo Ferré en première partie de Joséphine Baker chante pour la première fois sur la scène de l'Olympia. Il n'emporte pas l'adhésion du public[23].

La maison de disques Odéon lui alloue plus de moyens et le 7 octobre, pour la toute première fois, il dispose lors d'une session d'enregistrement d'un grand orchestre qu'il dirige lui-même et dont il a signé tous les arrangements, il grave : Mon p'tit voyou, À la seine, Notre dame de la Mouise, Merci mon dieu et Graine d'ananar. Pour des raisons inconnues, cette expérience restera sans lendemain jusqu'en 1971[24]. Ces huit chansons, (précédemment citées), constituent son second 33 tours 25 cm.

Léo Ferré reçoit en cette fin d'année le Prix Citron[25].

1955, Ferré publie son premier super 45 tours (EP),(La rue, Vise la réclame, Monsieur mon passé, L'âme du rouquin) et plusieurs 78 tours : (L'âme du rouquin), La vie / Le fleuve des amants, En amour / La chanson triste, (Monsieur mon passé).

Du 10 au 29 mars, Léo Ferré est pour la seconde fois sur la scène de l'Olympia. Cette fois en vedette, mais c'est Odette Laure - qui assure la première partie - qui obtient les faveurs du public, (par décision personnelle, Ferré ne se produira plus dans une grande salle parisienne durant trois ans)[23]. À l'occasion de cet Olympia, Odéon sort le premier 33 tours 30 cm de l'artiste, son premier album est donc un live ; comprenant douze titres, il connait un succès très confidentiel[23].

1956, sortie de son troisième 33 tours 25 cm, il chante : Le guinche, La fortune, Ma vieille branche, T'en as, La grande vie, Le temps du plastique, L'amour et Pauvre Rutebeuf, (sur un montage des poèmes La complainte Rutebeuf et La griesche d'Yver du poète du XIIIe siècle Rutebeuf[26]. Ce titre va connaitre un succès international et devenir un classique très apprécié à travers le monde à l'instar de Le déserteur de Boris Vian ou de Le galérien de Léo Pol[23].

Léo Ferré publie, (aux éditions de la Table Ronde), Poètes... vos papiers. Recueil de poèmes dont la sortie est accompagnée par un album au titre homonyme, au nom de sa femme, ici récitante[23].

Les surréalistes Benjamin Péret et André Breton saluent ses talents de poète[27]. Breton entretient une amitié suivie avec lui, mais refuse cependant de rédiger la préface de son premier recueil de poésies Poète… vos papiers !, dont il n'apprécie pas la teneur. Les deux hommes se brouillent.

Ferré compose La Nuit, un ballet-oratorio que lui a commandé le chorégraphe Roland Petit. C'est une expérience malheureuse et Ferré va abandonner pour de longues années ses ambitions musicales au profit de l'écriture. Il débute la rédaction de ce qui sera son unique roman Benoît Misère.

1957, célèbre le centenaire de la publication des Fleurs du mal de Charles Baudelaire, (qui valut à son auteur moult problèmes avec la justice). Léo Ferré lui consacre son second album Les fleurs du mal, sur lequel il met en musique et chante douze poèmes du recueil - ce faisant, il devient le premier chanteur à consacrer la totalité d'un LP à un poète.

C'est à Guillaume Apollinaire qu'il consacre son troisième album La chanson du mal aimé. La sortie de ce 33 tours 30 cm marque l'aboutissement pour Ferré de son entêtement - depuis 1952 - à faire exister cette œuvre.

Ces deux albums, confèrent au chanteur un statut particulier, qu'il entendra faire perdurer toute son existence[23]. l'artiste ambitieux et exigeant, désire mener une "croisade" poétique pour faire voler en éclat la distinction entre poésie et chanson, et pour contrecarrer par le haut ce qu'il juge être la médiocrité des paroliers de son époque[28].

En cette année, sort également le super 45 tours : Java partout, La zizique, Mon sébasto. Le "EP" confirme que Ferré malgré ses ambitions de compositeur, ne néglige pas pour autant son public des cabarets, où il continue à régulièrement se produire. C'est là, qu'il rencontre Paul Castanier, pianiste aveugle (qui va devenir son accompagnateur jusqu'en 1973), le guitariste Barthélémy Rosso (qui jouera pour Félix Leclerc et Georges Brassens). Ferré se lie également avec le pianiste et arrangeur Jean-Michel Defaye, la chanteuse et ondiste Janine de Waleyne.

1958, accompagné par Castanier et Rosso, auquel s'est joint l'accordéon de Jean Cardon, Léo Ferré pour la troisième fois s'essaie à séduire le public d'une grande salle parisienne. Il se produit du 3 au 15 janvier à Bobino. L'artiste qui reste sur le succès mitigé de l'Olympia de 1955, n'est plus désormais contraint d'être "figé" devant son piano, il interprète désormais ses chansons en les accompagnant d'une gestuelle travaillée. Un jeu de scène - qu'il abandonnera par ailleurs très vite, pour revenir à plus de sobriété devant le public - qui lui vaut d'être désormais reconnu comme interprète[23]. Un album live comprenant quatorze titres du récital sera distribué.

Léo Ferré sort son cinquième et ultime album chez Odéon, intitulé Encore... du Léo Ferré. Ce 30 cm comprend : Le temps du Tango - son premier vrai succès personnel en tant qu'interprète[23]. -, La vie moderne, Mon camarade, Le jazz band, L'étang chimérique, Dieu est nègre, Tahiti. Ferré y a également gravé, dans une seconde version les chansons : L'été s'en fout, Les copains d'la neuille et La chanson triste.

Léo Ferré quitte la maison de disques Odéon, pour laquelle en six ans, il a produit : treize 78 tours (de 1953 à 1955), une trentaine de super 45 tours (inclus les rééditions), trois 33 tours 25 cm et six 33 tours 30 cm originaux[23], (inclus Poètes... vos papiers dit par sa compagne).

Année de transition / 1959

Léo Ferré n'est plus lié par contrat à une quelconque maison de disques. Tout au long de l'année, il va régulièrement être invité à la radio par le poète Luc Bérimont, qui anime l'émission hebdomadaire Avants-premières. Ce dernier enregistrera et conservera nombre des prestations radiophoniques de l'artiste venu présenter ses nouvelles créations[29]. (Plusieurs de ses inédits seront réunis en un CD en 2006).

15 janvier, Ferré révèle à Bérimont s'être attelé, (durant le précédent automne), à mettre en musique quinze poèmes de Louis Aragon, qu'il envisage d'enregistrer prochainement, (projet qui finalement ne verra le jour qu'en 1961 chez Barclay).

20 janvier, pour autant Léo Ferré entre en studio, où il réalise, accompagné par vingt musiciens la bande originale du film Douze heures d'horloge ; Catherine Sauvage chante le titre générique La poise[30].

9 avril, une fois encore "chez" Luc Bérimond, Léo présente La belle amour, (chanson écrite par Michèle Senlis et Claude Delécluse).

21 avril, il chante à la Mutualité et le 30 au Moulin de la Galette.

Ce même 30 avril, à la radio, il interprète, accompagné par une modeste formation, Soleil de Luc Bérimont. Quelques semaines plus tard, il y chante Pierre Seghers Des filles, il en pleut.

25 juin, il confie au poète présentateur, qu'il vient d'achever la mise en musique de douze poèmes de Verlaine (Poèmes saturniens, Fêtes galantes, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et naguère, Amour, Parallèlement).

17 septembre, il donne à la radio une première version de L'âge d'or, (qu'il ne gravera sur vinyle qu'en 1966[31]), et déclare avoir durant l'été composé cinquante et une nouvelles chansons.

Automne, l'artiste envisage d'acheter le Fort du Guesclin, îlot situé entre Cancale et Saint-Malo. Pour concrétiser ce projet, il vend aux Éditions Méridian - son nouvel éditeur - les droits d'éditions de cent cinquante neuf titres, renonçant par la même à une indépendance acquise depuis décembre 1954, date à laquelle il s'était libéré de toute contrainte éditoriale[29]. Le Fort du Guesclin est sien ! Ce sera pour Ferré le début d'un amour-passion pour la Bretagne, qui lui inspire entre autres le long poème Les Chants de la fureur, intitulé ultérieurement La Mémoire et la mer, dans lequel il va puiser la matière de pas moins de sept chansons[32],[33].

Léo Ferré chante, à partir du 20 novembre, au Drap d'Or ; la chanson La mauvaise graine sera un des titres majeurs de son nouveau récital[34].

3 décembre, Luc Bérimont diffuse au cours de son émission trois chansons captées durant son tour de chant au Drap d'Or, La mauvaise graine, Sérénade, Vitrines.

Ensemble, ils présentent aux auditeurs le 17 décembre, le fruit de leur dernière et ultime collaboration Noël, (texte Luc Bérimont, musique Léo Ferré).

Cette année-là, Jean Cardon enregistre, (chez Odéon), l'album Surpat' chez Léo Ferré. À l'accordéon et accompagné par son orchestre, il publie un 30 cm composé de seize chansons de Ferré - époque Odéon - achevant ainsi sa collaboration avec Léo. On y retrouve les versions instrumentales dans des arrangements originaux de : Pauvre Rutebeuf, Les amoureux du Havre, Graine d'ananar, La rue, La fortune, Jazz band, La chanson mécanisée, Harmonie du soir, La guinche, Le pont Mirabeau, Java partout, Le temps du tango, L'invitation au voyage, T'en as, La zizique, Monsieur mon passé. Dans les années 1980, lorsque Léo Ferré pour ses tours de chant, désirera puiser dans les chansons de ses jeunes années, ce sont les versions Jean Cardon qu'il utilisera en bandes-orchestre.

Quant à Léo Ferré, très prolixe en cet an 59, il a désormais en réserve dans ses "stocks" de nombreuses chansons à venir[29]....

Les années Barclay - première période 1960-1968

1960, Léo Ferré rejoint le label florissant d'Eddie Barclay. À l'instar d'un Georges Brassens ou d'un Jacques Brel, Léo Ferré est à présent considéré comme "un grand de la chanson française" et du music-hall, où il maîtrise ses effets. Mettant entre parenthèses les expériences musicales de la précédente décennie, il emploie son énergie et sa verve prolixe à la chanson. Jean-Michel Defaye son orchestrateur, crée le "son Ferré" caractéristique de cette première époque Barclay et donne durant dix ans une cohésion musicale aux créations du poète.

La première parution Barclay est un 33 tours 25 cm Paname qui vaut à Ferré quelques grands succès populaire tels les chansons Paname* et Jolie môme*, (précédemment interprété et popularisé par Juliette Gréco). Léo Ferré chante Merde à Vauban* (paroles Pierre Seghers), Les poètes, La maffia, Comme à Ostende (écrit par Jean-Roger Caussimon), Quand c'est fini ça recommence (paroles René Rouzaud), Si tu t'en vas*. Il a composé toutes les musiques de cet opus très Chansons populaires de qualités d'un abord tout public. (À l'exception des titres marqués *, les arrangements et la direction musicale sont de Jean-Michel Defaye / * arrangements et direction de Paul Mauriat).

1961, dès son deuxième disque Barclay, Léo Ferré, renoue avec son naturel caustique autant qu'anarchiste, il comprend huit chansons : Mon général, Regardez-les (texte de Francis Claude), La gueuse, Pacific Blues', Les rupins, Miss Guéguerre, Thank you satan, Les 400 coups. Le disque est gravé et pressé, mais ne sortira pas, pour cause de censure ! Plusieurs chansons se voient interdites d'antenne ; à cette censure officielle s'ajoute la censure interne de sa maison de disques.

Plusieurs chansons sont récupérées en Super 45 tours :

  • Le 1er EP parait avec le titres Les chansons interdites de Léo Ferré : Les rupins, Miss Guéguerre, Thank you Satan, Les 400 coups.
  • Le 2e EP fait la part belle à l'amour et moque gentiment les habitants de la capitale : Les femmes, Ta parole, Les Parisiens, L'amour.
  • Le 3e EP est tendre en son ensemble, bien que la troisième piste "habille tout le monde pour l'hiver" : Vingt ans, Nous deux (texte de Jean-Roger Caussimon), Les temps difficiles, Les chéris.

Tour à tour, Léo Ferré se fait sarcastique, mordant, moqueur, (Les rupins, Les parisiens), antimilitariste (Miss guéguerre), ironique et misogyne (Les femmes), tendre (Nous deux, Les chéris, L'amour), romantique (Vingt ans), anarchiste vitupérant son époque (Les temps difficiles, Les 400 coups).

En 2003, parait un album CD très justement nommé Les chansons interdites de Léo Ferré... et autres", (s'inspirant du titre du 45 tours de 61), outre les douze titres cités ci-dessus, il en propose six supplémentaires : Pacific blues*, Regardez-les*, Mon général*, La gueuse*, Chanson mécanisé, Le vent, (quatre d'entre elles (*) étaient initialement sur l'album "mort né").

Mon général interpelle Charles de Gaulle et fait la différence entre celui de 1940-1944 et le Chef d'État qu'il est alors : «... Parait qu'on veut vous faire élire, c'est vrai sans blaque c'est enfantin, ils savent pas que les vacheries de la gloire c'est qu'au milieu d'une page d'histoire, il faut savoir passer la main / (...) / Mon général j'ai souvenance que vous avez sauvé la France, c'est Jeanne d'Arc qui me l'a dit, c'est une femme qui avait de la technique malgré sa fin peu catholique, vous aviez les mêmes soucis...» (sic Léo Ferré)

Thank you Satan est devenue au fil du temps, l'une des chansons les plus emblématique de l'œuvre de Ferré dans sa veine anarchiste. Sa chute, telle une prémonition, clos, (provisoirement), cet épisode de censure : «... et que l'on ne me fasse point taire et que je chante pour ton bien, dans ce monde où les muselières ne sont pas faites pour les chiens ». (sic Léo Ferré)

L'artiste sort l'album Les chanson d'Aragon chantées par Léo Ferré. L'album fait date, et va s'imposer au fil du temps comme une référence dans le monde de la chanson.

Par deux fois, (en début et fin d'année) Léo Ferré se produit à l'Alhambra, prestations qui confirment que l'auteur-compositeur-interprète tout qualifié qu'il est de "difficile", n'en est pas moins devenu pour autant un artiste populaire. Le récital donne lieu à une captation.

L'artiste vitupère comme jamais auparavant son époque ; essor de la société de consommation, bellicisme et torture (en pleine Guerre d'Algérie), tutelle de De Gaulle, bourgeoisie étouffante... Cette liberté de ton se voit régulièrement interdite d'antenne, mais finit par s'imposer puisque Ferré, porté par ses succès Paname, Jolie môme (1960) et dans une moindre mesure L'Affiche rouge (sur le texte d'Aragon).

Ferré se produit à guichets fermés dans les plus grandes salles parisiennes, pour des périodes de deux à six semaines, en privilégiant tout particulièrement Bobino. Il tourne peu en province, mais se rend pour la première fois au Canada en 1963. Il y retournera régulièrement jusqu'à la fin de sa vie. Il se montre peu à la télévision et se tient volontairement éloigné du "métier".

De 1963 à 1968, Léo Ferré vit dans le Lot, où il a acheté une demeure du XVIe siècle plutôt vétuste, le Château de Pechrigal ("tertre royal" en quercynois), que Ferré rebaptise Perdrigal ("perdrix" en occitan). En sus de sa production de chansons, il y écrit, sans chercher à faire publier quoi que ce soit, des proses théoriques et de longs poèmes aux recherches stylistiques affirmées. Il s'adonne en outre à sa passion de l'imprimerie, en s'y faisant installer du matériel professionnel. Ainsi, il apprend à typographier, à brocher et édite dans le commerce le journal de sa femme, un livre de deux cents pages qui décrit leur quotidien difficile. Le couple – dont la relation se dégrade - vit entouré de très nombreux animaux, à commencer par la chimpanzée Pépée, achetée en 1961 à un dresseur. Léo Ferré a développé une relation privilégiée avec cet animal, mais n'a pas su s'en montrer le maître ; le singe est invivable, colérique, destructeur. Cela devient très contraignant et isolant.

Toutefois au début de l'année 1966, Madeleine et Léo se produisent conjointement lors d'une soirée intitulée "Madeleine et Léo Ferré disent et chantent les poètes".Il s'agit d'un enregistrement public organisé par le poète Luc Bérimont au studio 102 de la Maison de la Radio, pour l'émission dont il est producteur :"La Fine fleur de la chanson française", diffusée sur France-Inter. Au cours de cette soirée, Madeleine dit, en particulier, le "Poète contumace" de Tristan Corbière et "le Crachat" de Léo Ferré.

En 1967, Barclay censure la chanson À une chanteuse morte. Ferré lui intente un procès, qu'il perd. La même année, à l'occasion du centenaire de la mort de Baudelaire, Ferré consacre un double-album au poète.

En mars 1968, Léo Ferré part assurer un gala et ne revient pas au domicile conjugal, malgré les menaces de sa femme. Pépée se blesse et ne se laisse approcher par personne. Au désespoir, Madeleine fait tuer le chimpanzé et plusieurs autres animaux par un voisin chasseur. Ferré en sera terriblement affecté. La chanson Pépée est le requiem de ce drame intime.

Après l'avoir raillée (Épique époque en 1964, Le Palladium et Les Romantiques en 1966), et alors qu'il vilipende l'immobilisme et la soumission du peuple dans une France repue et bien-pensante (Ils ont voté, La Grève, 1967), c'est dans la jeunesse que Léo Ferré place ses derniers espoirs de changement (Salut, beatnik !, 1967). Le 10 mai, première nuit des barricades au Quartier latin de Paris, Léo Ferré chante à la Mutualité pour la Fédération anarchiste comme il le fait chaque année depuis 1948. Il interprète pour la première fois la chanson Les Anarchistes. Puis il repart dans le Sud rejoindre sa nouvelle compagne, sans prendre part aux événements de Mai. Il vit quelque temps en Lozère, puis en Ardèche.

Les années Barclay - seconde période 1969-1974

À partir de l’été 68 Léo Ferré se plonge dans la mise en musique de poèmes extraits de son recueil Poète... vos papiers !. Ces nouvelles chansons, enregistrées sur les albums L'été 68 et Amour Anarchie[35], seront perçues par la critique comme un renouvellement de son inspiration alors que ces textes ont été pour la plupart écrits au début des années 1950.

Le succès de C'est extra en 1969 élargit considérablement son audience, tout particulièrement auprès de la jeunesse. La réceptivité de ce nouvel auditoire, qui reconnaît dans le poète le "prophète" de sa propre révolte, amène Ferré à éclater dans certaines de ses chansons les structures traditionnelles au profit de longs monologues discursifs s'apparentant aux arts oratoires. Par un travail très précis sur la voix parlée (rythme, élocution) et une écriture rhétorique dérivée de la prose de Rimbaud, Ferré ritualise sa parole sur un mode incantatoire[36] et dramatique, qui vise à emporter son auditoire (1969, il enregistre à New York une version inédite du Chien avec des musiciens de jazz-rock (John McLaughlin et Billy Cobham, respectivement guitariste et batteur du Mahavishnu Orchestra, et Miroslav Vitous, bassiste de Weather Report). Initialement ce devait être avec Jimi Hendrix. Pour d'obscures raisons, Ferré n'utilise pas cette version et réenregistre le titre avec un jeune groupe français que sa maison de disques veut mettre en avant : Zoo. La collaboration durera le temps de deux albums (Amour Anarchie, La Solitude) et d'une tournée en 1971. Toujours en 1969, il rencontre Brel et Brassens lors d'un entretien pour RTL. Ferré s’établit en Italie, entre Florence et Sienne.

En 1970 sa maison de disques écarte Avec le temps du double LP Amour Anarchie. Sortie "à la sauvette" en 45 tours, cette chanson tragique inspirée de ses propres désillusions devient un classique instantané, le plus grand succès de Ferré, qui ne cesse d'être repris en France et à l'étranger (voir la Liste des interprètes de Léo Ferré). La même année voit la publication de Benoît Misère, son unique roman. L'indifférence du monde littéraire et le peu d'implication de l'éditeur retiendront Ferré de retenter l'expérience (malgré des projets ultérieurs). Il saute par contre sur l'occasion que lui offre Jean-Pierre Mocky de renouer avec ses rêves orchestraux en lui demandant de composer la musique de son film L'Albatros. Ferré écrit et orchestre quarante minutes de musique symphonique. La collaboration se passe mal ; Mocky n'utilise que cinq minutes. Ferré reprend ce matériau pour créer l'année d'après les chansons Ton style et Tu ne dis jamais rien, avec quoi il décide de se passer désormais d'un arrangeur. Voulant s'affirmer aux yeux de tous comme musicien, Ferré décide alors de ré-enregistrer La Chanson du mal-aimé dans de meilleures conditions techniques. Cette fois il dirige, chante et dit le texte seul, en lieu et place des chanteurs lyriques d'autrefois, ce qui l'amène à modifier légèrement son orchestration.

Après avoir été idolâtré par de nombreux jeunes, Ferré subit en 1971 une contestation virulente d'une minorité du public se disant gauchiste, qui vient régulièrement perturber les concerts. Ces "désordres" reprendront de plus belle en 1973 et en 1974, au point de lui faire un temps envisager d'arrêter la scène.

1972 signe son retour à l'Olympia, où il ne s'est pas produit depuis 1955. Très actif durant ces années, il fait une tournée au Liban, en Algérie, effectue de nombreux galas au profit d'ouvriers grévistes, ou encore du jeune journal Libération, alors totalement indépendant financièrement et politiquement. Il tourne partout en France, en Suisse, en Belgique, et participe avec Brassens à un concert en faveur de l'abolition de la peine de mort, contre laquelle il a déjà écrit en 1964 la chanson Ni Dieu ni maître, considérée comme un de ses classiques, et contre laquelle il écrira encore La Mort des loups (1975).

En 1973 il épouse sa compagne Marie-Christine Diaz[37]. Cette même année sortent deux disques très noirs : Il n'y a plus rien, qui met en mots la désillusion de Mai 68, et Et... basta !, où Ferré fait un bilan de ses blessures et règle ses comptes dans un très long texte en prose qui n'est plus à proprement parler de la chanson. Sur le premier disque, Ferré est exclusivement symphonique. Sur le second, l'accompagnement se réduit au contraire à quelques instruments. Le départ de son pianiste Paul Castanier, fidèle accompagnateur depuis 1957, ainsi que la rupture en 1974 avec la maison Barclay, suite à une accumulation de différends[38], vont contraindre juridiquement Léo Ferré au silence pendant plusieurs mois, il se consacre alors principalement à la composition et la direction d’orchestre. Au cours de cette période la chanteuse Pia Colombo "prête" sa voix à Léo Ferré.

Ferré sans voix

En 1975 sort l'album Pia Colombo chante Ferré 75, (orchestration et direction Karin Trow ainsi que Léo Ferré pour Muss es sein es muss sein[39]). Pia Colombo interprète cinq textes inédits de Ferré. Cette même année, sort son unique disque instrumental Ferré muet, dirige[40], où sont donnés dans une version symphonique quatre des cinq titres précédemment enregistré par Pia Colombo. À cela Ferré ajoute le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel. Au verso de la pochette on peut lire ce commentaire de Léo : "Je n'ai pas le droit de chanter mes chansons nouvelles jusqu'au 1er novembre 1976. Pia Colombo le fait à ma place / (...) / Quand à moi je fais jouer, tout seuls, mes instruments, et ceux de Ravel, avec humilité. L'exploitation de l'Artiste par l'homme est un aspect du proxénétisme contemporain, le chanteur ne vit pas forcément sur le trottoir. Et pourtant..." (sic, L. Ferré, la majuscule à Artiste, les guillemets à chanteur sont de l'auteur).

C'est en participant au Festival de Vence organisé par son ami le violoniste Ivry Gitlis, qu'il rencontre le pianiste classique Dag Achatz (en), avec lequel il va enregistrer le Concerto pour la main gauche de Ravel. Ensemble et avec quelques autres musiciens, ils donnent cinq semaines durant un spectacle hors-normes à l'Opéra comique, avec La Chanson du mal-aimé en piano-voix, Et... basta ! et de nouvelles chansons "en chantier", dont L'espoir, qui est emblématique du lyrisme "espagnol" de l'artiste. C'est un véritable succès public, malgré une incompréhension et un rejet critique quasiment unanimes.

En 1975 Léo Ferré dirige sur scène l’Orchestre de l’Institut des Hautes Études Musicales de Montreux, puis l’Orchestre Symphonique de Liège et en novembre, l’Orchestre Pasdeloup au Palais des congrès de Paris, à l’occasion de la publication de l’album Ferré muet dirige…, enregistré avec Dag Achatz. Ferré tient la gageure de diriger l'orchestre et chanter en même temps. Il mélange Ravel et Beethoven à ses propres compositions[41], et inverse le placement de l'orchestre. 140 musiciens et choristes sont présents sur scène. C'est de nouveau une expérience de spectacle inédite, cassant les conventions et décloisonnant les univers. Ferré fait salle comble durant cinq semaines, mais la critique issue du monde musical classique rejette ce spectacle hybride. Ferré en est profondément blessé et malgré ses nombreuses tentatives il éprouvera de grandes difficultés à rééditer ce genre de spectacle.

Les années toscanes

En 1976, Léo Ferré recouvre juridiquement le droit d'enregistrer sa voix. Il sort l'album Je te donne, (réalisé en juin 76), où il grave ses propres versions de quatre titres précédemment enregistrés par Pia Colombo - il enregistrera le cinquième La jalousie, en 1977, sur l'album La Frime : La morts des loups, (version à laquelle en introduction il invective Georges Pompidou, époque où il était Président de la République, auquel il reproche l'exécution, fin 1973, de Buffet et Bontemps), Love, Muss es sein, es muss sein, Requiem. À ces titres, il ajoute Je te donne (qu'il dédie à sa femme), Le superlatif et l'ouverture de Coriolan de Beethoven, qu'il dirige lui-même. Depuis 1975, il est devenu son propre producteur et va désormais publier ses productions sous le label La mémoire et la mer.

Faute d'orchestres et plutôt que de se produire sur scène en petite formation, il fait alors le choix de s'accompagner au piano, comme à ses débuts, et de chanter sur les bandes-orchestre de ses enregistrements studio (ce qui lui sera reproché).

En 1976, Léo Ferré signe chez CBS. À partir de cette date la majeure partie de ses enregistrements sera réalisée avec l’Orchestre symphonique de la RAI, placé sous sa direction[42]. La major va très vite se débarrasser de Ferré, dont les retombées commerciales pourtant réelles sont jugées trop faibles en regard de l'investissement qu'il représente (son esthétique à contre-courant de toutes les modes rend malaisée sa programmation sur les ondes et complique désormais la possibilité d'un tube). Lâché par le "métier[43]", définitivement dégoûté de n'être qu'une "marchandise pour les producteurs[44]", Ferré se résout en 1979 à assurer lui-même la production de ses disques en louant à ses frais studio, musiciens et techniciens, ne signant plus que des contrats de distribution avec les maisons de disques, et cela jusqu'à la fin de sa carrière[45].

De 1976 à 1979 il tourne moins[46]. Il s'éloigne quelque peu de l'expression violemment déclamatrice de sa révolte pour ne pas s'enfermer dans un rôle[47] et pour mieux célébrer les forces spirituelles qui l'habitent. Les albums Je te donne (1976), La Frime (1977) et Il est six heures ici et midi à New York (1979) font la part belle à un lyrisme toujours aussi charnel mais d'une plus grande sérénité. Chacun d'entre eux aurait pu proposer le double de titres tant Ferré a accumulé de textes et tant il compose sans cesse[48]. En témoignent pour la seule année 1977 ses maquettes d'un troisième album consacré à Baudelaire (publié en 2008) et celle de Je parle à n'importe qui (inédit), long monologue cryptique en prose et en vers libres qui peut être considéré comme le "suite et fin" radical d'Et... basta !. Ferré nourrira toujours beaucoup plus de projets qu'il ne saura en officialiser.

Il continue ses travaux d'auto-édition durant toute la décennie[49], tirant plusieurs plaquettes aux formats inusités, accompagnées de nombreuses photographies, illustrations, lithographies et gravures en bichromie, qu'il ne cherche pas à commercialiser si ce n'est parfois lors de ses spectacles.

En 1980, à la demande de l'éditeur Plasma, il assemble un nouveau recueil, qu'il intitule Testament phonographe[50]. C'est avant tout un moyen pour lui de rendre disponible les textes de ses chansons enregistrées entre 1962 et 1980[51], mais on y trouve aussi des poèmes publiés ici et là ou inédits pour certains, et des chansons en chantier qu'il va enregistrer dans les années à venir. Le livre se vendra à plusieurs milliers d'exemplaires avant que l'éditeur ne fasse faillite, sans avoir reversé un seul centime à l'artiste. La même année paraît La Violence et l'ennui, un album de rupture avec le tout-symphonique, qui donne à entendre Villon (Ballade des pendus) et qui inaugure une recherche du contraste propre au Ferré des années 1980.

En 1982, Léo Ferré participe au sixième Printemps de Bourges et publie le triple LP Ludwig – L'Imaginaire – Le Bateau ivre, souvent considéré comme un des sommets de sa discographie[52]. L'année d'après il reprend La Nuit, son feuilleton lyrique de 1956, le modifie en profondeur pour en faire une nouvelle œuvre baroque par son foisonnement et ses sautes de registre poétique et musical. Ce sera l'épique quadruple album L'Opéra du pauvre, auquel il adjoint Le Chant du hibou, une ballade instrumentale pour violon et orchestre en trois mouvements. Toujours en 1983, il donne un concert de soutien au profit de Radio Libertaire[53], alors menacée d'interdiction par l'état, et écrit à l'instigation du comédien-dramaturge Richard Martin les dialogues de la pièce L'Opéra des rats, qui sera donnée au Théâtre Toursky de Marseille la même année, puis en 1996.

Ce travail intense ne l'empêche pas de se remettre à sillonner les routes[54] pour se produire devant un large public dont le renouvellement constant fait sa fierté, lui qui est souvent moqué par les journalistes sur son âge[55]. La décennie 80 voit le rapport entre Ferré et son public se modifier pour aller vers une plus grande connivence, débarrassée de l'hystérie idolâtre des premières années 1970. Les récitals restent cependant très offensifs[56] et durent alors près de trois heures. Avec une spontanéité volontiers digressive l'artiste n'hésite pas à railler et déconstruire certaines de ses chansons emblématiques. En témoigne le récital donné au Théâtre des Champs-Elysées en avril 1984, qui "balaye" quatre décennies d'un travail d'écriture poétique ininterrompue. Cette même année, il dirige l’Orchestre Symphonique de Lorient pour sept concerts atypiques, tous les morceaux étant reliés les uns aux autres par la récitation du poème Métamec. Ferré revient une nouvelle fois à l'Olympia, puis clôt l'année en dirigeant l'Orchestre symphonique et lyrique de Nancy pour trois représentations où il redonne La Chanson du mal-aimé.

Il consacre l’hiver 1984-1985 à la composition et au filmage des Loubards, un album et une émission sur de nouveaux textes de son vieil ami Caussimon. La même année il dirige l'Orchestre de la Cité de Barcelone pour deux concerts nocturnes devant la cathédrale en compagnie du guitariste catalan Toti Soler, puis l’Orchestre Métropolitain de Montréal pour quatre représentations.

En février 1986, toujours fidèle aux anarchistes, Léo Ferré inaugure le Théâtre Libertaire de Paris (Théâtre Déjazet) pendant six semaines avec un récital de nouveau exclusivement consacré aux poètes, qu'il n'a pas cessé de mettre en musique (dans les années 1980 surtout Rimbaud et Apollinaire). Il reviendra au TLP pour chacun de ses grands rendez-vous parisiens, en 1988 et en 1990.

En 1987, Ferré entame une nouvelle "tournée-marathon" : en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Belgique, au Canada et jusqu'au Japon, où le public l'accueille très chaleureusement. Il participe aux troisièmes Francofolies de La Rochelle, qui lui rendent hommage à travers un concert où Jacques Higelin, Mama Béa, Catherine Ribeiro et d'autres chanteurs reprennent ses chansons. La même année paraît le double LP On n'est pas sérieux quand on a 17 ans, qui synthétise toutes les facettes de son travail en assemblant des éléments épars de ses innombrables chantiers en cours.

Le public français accueille désormais de plus en plus souvent ses entrées en scène par une longue ovation fraternelle, debout. À partir de 1990 Ferré termine tous ses récitals par Avec le temps, qu'il demande au public de ne pas applaudir[57], disparaissant dans le silence vers le néant des coulisses, sans rappel.

En 1991, pour ce qu'il sait être son dernier album et à l'occasion du centenaire de la mort de Rimbaud il choisit de s'effacer derrière le poète en disant/psalmodiant Une saison en enfer seul au piano. Il dirige des musiciens classiques une dernière fois en compagnie de l'Orchestre national de Lorraine. Hospitalisé fin 1992, il doit annuler sa rentrée parisienne au Rex. Il fonde les éditions musicales La Mémoire et la Mer afin que ses ayants droit puissent mieux veiller à l'utilisation future de son œuvre. Sa dernière apparition publique a lieu à la Fête de l'Humanité où l'a invité Bernard Lavilliers, avec qui il chante devant plusieurs milliers de personnes Est-ce ainsi que les hommes vivent ? de Louis Aragon et Les Anarchistes.

Léo Ferré décède chez lui en juillet 1993 à l'âge de 76 ans, des suites d'une maladie qui le taraude depuis plusieurs années. Il est inhumé à Monaco, dans l'intimité. Son nom n'apparaît pas sur la tombe.

« Je vous donne ma voix et puis tous mes violons Vous savez qui je suis maintenant ? Le vent je suis le vent »

— Léo Ferré, Vous savez qui je suis maintenant ?

Son style

Léo Ferré est une des références incontournables de la chanson française. Mêlant le lyrique et le populaire, la tradition et l'utopie, l'amour et l'anarchie, Ferré dépeint des états d'âme plus qu'il ne raconte des histoires. Il secoue plus qu'il ne flatte.

Ferré est considéré comme un poète marquant de la deuxième moitié du XXe siècle, avec une expression riche et profonde, où l'influence du surréalisme se fait sentir notamment dans la deuxième moitié de l'œuvre enregistrée. Il utilise un vocabulaire étendu, des champs lexicaux récurrents plutôt inattendus par rapport aux sujets choisis, il joue avec la connotation usuelle des mots, forge des néologismes, crée des images complexes s'engendrant les unes les autres, avec de nombreux changements de registre et de rythme ; l'intertexte littéraire y est abondant, le sens rarement univoque.

En tant qu'écrivain, il a abordé - en les subvertissant à des degrés divers - le récit d'enfance (Benoît Misère), le genre épistolaire (Lettres non postées), le texte de réflexion (L'anarchie est la formulation politique du désespoir, Technique de l'exil, Introduction à la folie), le portrait, voire l'autoportrait (préfaces à Verlaine et à Caussimon). Il s'est frotté au théâtre (L'Opéra des rats), il a publié des recueils (Poètes... vos papiers !, Testament phonographe) et composé de vastes poèmes ouvragés (Les Chants de la fureur/Guesclin, Le Chemin d'enfer, Perdrigal/Le Loup, Death... Death... Death..., Métamec).

Léo Ferré est aussi un infatigable passeur. En mettant en musique ses modèles et ses affinités (Apollinaire, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Villon, Jean-Roger Caussimon, Aragon, Rutebeuf, Cesare Pavese et quelques autres), il contribue à les faire connaître et aimer d'un public élargi.

On reconnaît moins unanimement ses qualités de compositeur, alors que les harmonies chez lui ne sont jamais simplistes, la mélodie jamais banale, la forme toujours au service du souffle. À partir de 1971, devenant son propre orchestrateur, Léo Ferré donne vie à son idéal esthétique de la chanson symphonique, pour un résultat souvent flamboyant. Ce choix a pu sembler hasardeux à certains, mais ce classicisme des arrangements l'éloigne d'une inscription précise dans une époque et le prémunit avec une belle ampleur des aléas de l'air du temps.

Hors de la chanson, il s'est essayé à la composition de différents genres : l'opéra avec La Vie d'artiste (inachevé), l'oratorio avec La Chanson du mal-aimé (texte d'Apollinaire), le « ballet » avec La Nuit, la musique instrumentale avec La Symphonie interrompue, Le Chant du hibou, Le Concerto pour bandonéon (inachevé), et enfin la BO pour le cinéma avec des films comme Douze heures d'horloge, avec Lino Ventura, ou L'Albatros de Jean-Pierre Mocky. Il faut ajouter à cela la direction d'orchestre, qu'il apprend en autodidacte. De 1975 à 1990, Léo Ferré dirige occasionnellement les orchestres symphoniques qu'on veut bien lui prêter, lors de représentations en France, en Italie, au Canada, en Espagne, en Suisse et en Belgique.

Par l'entremise des Éditions La Mémoire et la Mer, Mathieu Ferré réédite l'œuvre originale de son père parue entre 1975 et 1991 (à laquelle s'ajoutent au fur et à mesure les enregistrements officiels tombés dans le domaine public), tout en publiant des concerts inédits et des documents d'archives.

Honneurs officiels

« Le seul honneur pour un artiste, c'est de n'en pas avoir »

— Léo Ferré, entretien avec Pierre Bouteiller, France 3, août 1984.

De son vivant, Léo Ferré a refusé de recevoir le Grand Prix de la chanson française, d'être fait Commandeur des Arts et Lettres, de soutenir François Mitterrand contre la promesse d'avoir à sa disposition un orchestre symphonique de premier ordre, et d'être l'invité d'honneur des premières Victoires de la musique.

Livry-Gargan - Square Léo Ferré

En 2003, a été inaugurée la place Léo Ferré à Monaco, sur laquelle a été installé le visage en bronze de l'artiste, par le sculpteur Blaise Devissi.

La Cité scolaire de Gourdon (Lot) porte le nom de l'artiste. Elle comprend un collège, un lycée général et un lycée professionnel. Il existe une rue Léo Ferré à Angers, à Bagneux et à Pierrefitte-sur-Seine. Une variété de rose originaire d'Asie porte le nom de l'artiste. Sa fleur est bicolore : blanc-or bordé de rouge carmin.

En 2006, la commune de Grigny, dans le Rhône, inaugure une médiathèque Léo Ferré.

En 2007, l'artiste plasticienne Miss.Tic a réalisé deux grands pochoirs muraux représentant Ferré pour la résidence universitaire d'Orly.

En 2009 ont été inaugurés la place et le square Léo Ferré, à Paris (XIIe arrondissement).

Plusieurs salles de concerts portent son nom.

Une rue à Gratentour s'appelle aussi rue Léo Ferré

Discographie

Albums studio

Le Chant du Monde (1947 - 1953)

Odéon (1953 - 1958)

Barclay (1960-1974)

1975 - 1991

Albums en public

Sorties posthumes

Compilations

Vidéographie DVD

Bibliographie

Ouvrages de Léo Ferré

  • Poète... vos papiers !, poèmes (La Table ronde, 1956)
  • La Nuit, feuilleton lyrique (La Table ronde, 1956)
  • Mon programme, plaquette auto-éditée (1968)
  • Benoît Misère, roman (Robert Laffont, 1970)
  • Il est six heures ici et midi à New York, plaquette auto-éditée (Gufo del Tramonto, 1974)
  • Je parle à n'importe qui, plaquette auto-éditée (Gufo del Tramonto, 1979)
  • La Méthode, plaquette auto-éditée (Gufo del Tramonto, 1979)
  • Testament phonographe, textes, poèmes et chansons (Plasma, 1980)

Parutions posthumes

  • La Mauvaise Graine, textes et chansons (1993)
  • La musique souvent me prend… comme l'amour, recueil critique (1999)
  • Les Noces de Londres, feuilleton lyrique (2000)
  • Alma Matrix, proses érotiques (2000)
  • Marie-Jeanne (2000)
  • Lettres non postées (2006)

Ouvrages sur Léo Ferré

Biographies

  • Robert Belleret, Léo Ferré, une vie d'artiste. Actes Sud, 1996.
  • Gilbert Sigaux, Léo Ferré. Éditions de l'Heure, 1962.
  • Dominique Lacout, Léo Ferré, préface de Léo Ferré. Éd Sévigny, 1991.

Entretiens

  • Françoise Travelet, Dis donc, Ferré…. Hachette, 1976.
  • Claude Frigara, Léo Ferré, entretiens entre peau et jactance. Christian Pirot, 2003.
  • Quentin Dupont, Vous savez qui je suis, maintenant ?. La Mémoire et la Mer, 2003.

Études

  • Charles Estienne, Poètes d'aujourd'hui : Léo Ferré. Seghers, 1962.
  • Françoise Travelet, Léo Ferré, les années-galaxie. Seghers, 1986.
  • Christine Letellier, Léo Ferré, l'Unique et sa Solitude. Nizet, 1993.
  • Collectif, Cahiers d'études Léo Ferré. Éditions du Petit Véhicule, 1998-2007.
    • N°0 - Olivier Bernex et la barque du temps (2003)
    • N°1 - La Marge (1998)
    • N°2 - Words… Words… Words… (1999)
    • N°3 - De toutes les couleurs (1999)
    • N°4 - Écoute-moi (2000)
    • N°5 - Muss es sein ? Es muss sein ! (2000)
    • N°6 - Technique de l’exil (2001)
    • N°7 - Marseille (2002)
    • N°8 - La Mélancolie (2003)
    • N°9 - Amour Anarchie (2005)
    • N°10 - À la Seine : Caussimon-Ferré, frères du hasard (2007)
  • Jacques Layani, Les Chemins de Léo Ferré. Christian Pirot, 2005.
  • Claude Frigara, Léo Ferré ou l'astre de liberté, in Chroniques d'un âge d'or. Christian Pirot, 2007.
  • Yann Valade, Léo Ferré, la Révolte et l'Amour. Les Belles Lettres, 2008.
  • Céline Chabot-Canet, Léo Ferré : une voix et un phrasé emblématiques. L'Harmattan, 2008.
  • Nicolas Désiré-Frisque, Léo Ferré. Études, dessins et croquis. Éditions du Petit Véhicule, 2009.

Divers

  • Alain Fournier, Jacques Layani & José Corréa, Léo Ferré, une mémoire graphique. La Lauze, 2000.
  • Dominique Lacout, Didier Barbelivien, Léo Ferré, la Chanson du Bien-Aimé. Éditions du Rocher, 1993.
  • Hubert Grooteclaes & Patrick Buisson, Léo Ferré. Avec le temps. Éditions du Chêne, 1995[58].
  • Collectif, Les Copains d'la neuille (bulletin d'information semestriel sur l'actualité autour de Léo Ferré). La mémoire et la mer, 2001-aujourd'hui.
  • Louis-Jean Calvet, Léo Ferré. Flammarion, 2003.
  • Dominique Lacout, Alain Wodraska, Léo Ferré, je parle pour dans dix siècles. Didier Carpentier, 2003. Préfacé par Eddie Barclay et Alain Bashung. Comprend un CD d'entretien avec Michel Vial.
  • Maurice Frot, Léo Ferré, comme si j'vous disais. L'Archipel, 2008 (réédition augmentée de Je n'suis pas Léo Ferré. Fil d'Ariane, 2001).
  • José Corréa, Léo Ferré. Nocturne, 2009

Interprètes

Liste des interprètes de Léo Ferré

Notes et références

  1. Entretien avec Michel Lancelot, La mémoire courte (Europe 1), 1969.
  2. Il réutilisera cette mélodie 30 ans plus tard, inchangée, lors de ses mises en musique du poète.
  3. Il passe par exemple à côté du Front populaire.
  4. Suivront deux autres œuvres d'inspiration religieuse : un Benedictus et un Agnus Dei.
  5. Livret du double CD Long Box Les années Le Chant du Monde 1947-1953, texte de présentation Robert Belleret / Ce double CD (sortie en 1998), sort ces chansons de l'anonymat où elles sont restées durant plus de 50 ans et les propose au public pour la première fois)
  6. Ferré refusera d'y aller chanter tant que Franco, contre qui il écrit le virulent Franco la muerte en 1964 (voir discographie), sera au pouvoir.
  7. Elle est celle qui le fait découvrir au public en créant sur la scène de l'ABC Elle tourne la terre dès l’automne 46. Elle créera aussi L'Île Saint-Louis et Paris Canaille.
  8. Elle chante Les Amants de Paris, jamais enregistrée par Ferré, en 1948.
  9. Il interprète À Saint-Germain-des-Prés en 1949.
  10. Livret CD Le temps des roses rouges, 2000, texte Alain Raemackers
  11. Livret CD De sacs et de cordes, texte Alain Reamackers
  12. Source : livret CD De sacs et de cordes, édition 2004
  13. Léo Ferré, La musique souvent me prend... comme l'amour, La mémoire et la mer, 1999, p. 91.
  14. Ibid., p. 143.
  15. Ibid., p. 13.
  16. Une invitation de la Radio suisse romande en 1980 l'amènera à reprendre certains textes de Musique byzantine pour animer une série de cinq nouvelles émissions.
  17. À ne pas confondre avec la chanson homonyme, dont le thème est proche par ailleurs.
  18. Quentin Dupont, Vous savez qui je suis, maintenant ?, La mémoire et la mer, 2003, p. 421.
  19. Livret CD Paris canaille, 1953, Intégrale archives Léo Ferré / texte Mathieu Ferré
  20. a et b Mathieu Ferré, livret CD Paris canaille, 1953, Intégrale archives Léo Ferré
  21. Livret CD Le piano du pauvre, 1954, Intégrale archives Léo Ferré, texte Alain Raemackers
  22. Elle est pour la première fois diffusée en CD en 2006 sur le double CD Le piano du pauvre, 1954, Intégrales Archives Léo Ferré, Référence Originale : La Mémoire et la Mer 9952.53
  23. a, b, c, d, e, f, g, h et i Livret triple CD long box, "Léo Ferré les années Odéon", (2002), texte Éric Didi
  24. Note : Léo Ferré durant toute cette période renoncera a écrire ses propres arrangements et à diriger un orchestre. L'hypothèse avancée par Alain Raemakers serait, peut-être, qu'il aurait été découragé de poursuivre dans cette voie par l'avortement des projets de jouer à Paris et à nouveau à Monte-Carlo, au printemps 55, La chanson du Mal-Aimé et de La symphonie interrompue. En 1972, au moment de la sortie de l'album Léo Ferré chante et dirige La chanson du Mal-Aimé de Guillaume Apolinaire, Ferré amer déclarera : "Il y a 20 ans que je n'écris plus de musique... et pourtant, c'était beau !"
  25. Livret double CD Le piano du pauvre, 1954 "Intégrale Archives Léo Ferré", texte Alain Raemakers
  26. Cf. http://www.arlima.net/qt/rutebeuf.html#yver.
  27. La chanson L'Amour est publiée par Péret dans son Anthologie de l'amour sublime et par Breton, avec la partition, dans sa revue Le surréalisme même.
  28. Cf. l'album La Mauvaise Graine.
  29. a, b et c Livret CD La mauvaise graine, 1959, "Intégrale archives Léo Ferré" - 2006 / Référence La mémoire et la mer 9960 - texte Alain Raemakers
  30. Note : Léo Ferré l'interprétera quelquefois sur scène, à Bobino en 1967 entres autres, puis l'enregistrera en 1990 sur l'album Les vieux copains / source : Alain Raemakers
  31. Note : album 1916-19..
  32. La plus célèbre en est justement celle qui s'intitule La Mémoire et la Mer.
  33. L'éditeur Pierre Seghers et Aragon en éditeront chacun des fragments, qui dans la collection Poètes d'aujourd'hui (1962), qui dans Les Lettres françaises (1963). Mais Ferré n'en donnera une version définitive, considérablement modifiée, qu'en 1986, in Léo Ferré, les années-galaxie, Seghers, 1986. Voir bibliographie.
  34. Note : le 12 novembre, à la radio, il l'a interprété dans une version piano-voix / Source : Alain Raemakers
  35. Respectivement Madame la misère, A toi, Le testament et Poète, vos papiers !, Le crachat, Psaume 151, Les passantes.
  36. Céline Chabot-Canet, Léo Ferré : Une voix et un phrasé emblématiques, L'Harmattan, 2008.
  37. avec qui il aura trois enfants, un garçon et deux filles, en 1970, 1974 et 1978.
  38. Le départ de Ferré se solde pour lui par une interdiction d’enregistrer sa voix pendant deux ans à cause d'une clause de contrat que Barclay ne fera rien pour lever.
  39. source : pochette de l'album Pia Colombo chante Ferré 75
  40. source : pochette de l'album Ferré muet...dirige, on peut y lire : Musiques et orchestrations L. Ferré, (sauf pour Concerto pour la main gauche musique Maurice Ravel) / titres 1 2 3 5 : orchestre symphonique de Liège dirigé par L. Ferré / titre 4 : orchestre symphonique de Milan dirigé par L. Ferré (sic)
  41. Il fera de même en 1978 lors d'une mini-tournée avec l’Orchestre Symphonique de l’Essonne pour la scène finale deTristan und Isolde de Richard Wagner. Jusqu'à dire dans les années 80 ses textes sur le motet O vos omnes de Victoria et l'ouverture d'Egmont de Beethoven.
  42. Pour des raisons contractuelles, l'orchestre sera rebaptisé Orchestre symphonique de Milan dans les crédits des pochettes de disque.
  43. Aucune compagnie ne fait de démarche pour le récupérer.
  44. Entretien avec La Nouvelle République du Centre-Ouest, 5 juin 1979.
  45. Ceci explique en partie pourquoi Ferré va tourner sans discontinuer dans les années 80, ses droits d'auteurs ne suffisant pas à financer ses sessions d'enregistrement studio.
  46. Entretien avec Nice-Matin, 28 mai 1979.
  47. "Je trouve que la Révolte n'est plus de mise. La Révolte, c'est une façon de rentrer dans la Cité. C'est une vertu tribale (...). "Technique de l'exil", in La Mauvaise graine, Édition N°1, 1993
  48. Alain Raemackers, livret de l'album On n'est pas sérieux quand on a 17 ans.
  49. Sous la marque éditoriale Gufo del Tramonto ("le hibou du couchant" en italien).
  50. Il s'agit d'un jeu de mots avec l'expression "testament olographe", qui désigne le testament que l'on rédige soi-même. Le clin d'œil n'est pas anodin : Ferré a toujours affirmé "s'éditer" grâce à sa voix, et uniquement grâce à elle.
  51. Il n'est pas dans les usages de joindre les paroles dans les albums vinyles.
  52. Nathalie Dray, Richard Robert, Les Inrocks hors-série, Pop en France vol. 2 : Les années 50, 60 & 70.
  53. Léo Ferré les soutiendra encore en 1991 par un concert au Palais des Sports de Paris.
  54. Ferré assure une moyenne de 100 à 150 concerts par an, tous les ans. Cf. Robert Belleret, Léo Ferré, une vie d'artiste : neuvième partie, chap. "On dit qu'on a toujours vingt ans...", op. cit.
  55. "La plupart des artistes, leurs clients vieillissent avec eux. Moi c'est le contraire. C'est le miracle du disque ou parce que je suis... jeune." Entretien avec Jean Huchet, Ouest France, 17 janvier 1984.
  56. De 81 à 84, Ferré dédie Thank you Satan à l'activiste Bobby Sands et conspue Thatcher, Brejnev, Boulez et les "compositeurs subventionnés" de la musique "dodécacophonique", le pape et Reagan, entre autres.
  57. "Cette chanson, c'est ma vie. J'avais mis deux heures à la faire, pour moi quoi. (…) Maintenant c'est un très très gros machin, alors je la chante pour vous raconter ce qui s'est passé et non pas pour en faire un succès. (...) Je garde cet accord à la fin... Alors faites-moi plaisir, comme ça vous serez tout à fait avec moi. Je m'en vais, je vous souhaite bonne nuit, n'applaudissez pas à cette chanson, merci d'avance." Léo Ferré au Théâtre Libertaire de Paris (voir discographie).
  58. Vendu avec un CD 2 titres contenant "Tu chanteras" et "La Mauvaise graine", extraits du dernier récital de Léo Ferré à l'occasion du Festival en Othe à Saint-Florentin, le 27 août 1992.

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