Légions tchécoslovaques

Légions tchécoslovaques
Monument aux légions tchécoslovaques, place Palacky, Prague.

Les légions tchécoslovaques (Československé legie ou parfois České legie en tchèque, Česko(-)slovenské légie en slovaque) sont des volontaires armés tchèques et slovaques ayant combattu du côté des puissances militaires alliées de la Triple-Entente durant la Première Guerre mondiale.

Sommaire

Origines

Les légions tchécoslovaques furent formées à partir de 1915 par des émigrants et intellectuels tchèques et slovaques (Tomáš Masaryk, Milan Rastislav Štefánik, etc.). Leur objectif était d'assister les troupes de l'Entente cordiale et plus spécifiquement de permettre la création d'un État indépendant tchécoslovaque à partir de territoires appartenant à l'Autriche-Hongrie : le Royaume de Bohême (avec la Moravie et la Silésie autrichienne) et la Slovaquie, alors Haute-Hongrie (ce qui se produisit effectivement en octobre 1918).

Insigne des légionnaires sur leur béret d'uniforme.

Les légions tchécoslovaques de Russie furent créées en 1917 (voir ci-dessous), en France en décembre 1917 (incorporant notamment des volontaires originaires d'Amérique) et en Italie en avril 1918. Les effectifs furent essentiellement formés à partir des prisonniers de guerre tchèques et slovaques de Russie, Serbie et Italie, ainsi que des émigrants de France et Russie qui avaient déjà formé la « Compagnie tchèque » en Russie et les troupes « Nazdar! » en France en 1914.

Les légions furent impliquées dans de nombreuses batailles de la Première Guerre mondiale (Vouziers, Arras, Zborov, Doss Alto, Basmach, etc.)

Légions tchéco-slovaques en Russie

Elle jouèrent un rôle déterminant au cours de la guerre civile russe.

Lorsqu'éclata la Première Guerre mondiale, les Tchèques et les Slovaques vivant dans l'Empire russe sollicitèrent de l'Empereur Nicolas II de Russie de pouvoir organiser une force nationale pour combattre l'Autriche-Hongrie. Le Tsar consentit à l'organisation de cette armée.

Une "compagnie tchèque" naquit en 1915, qui fut incorporée à l'armée russe. À partir de mai 1915, cette compagnie commença à recruter des prisonniers et des déserteurs de l'armée austro-hongroise, originaires des territoires de Bohême, Moravie, Silésie et Slovaquie. En février 1916, elle devint le « Régiment de Fusilliers tchécoslovaques » (Československý střelecký pluk) et en mai 1916 la « Brigade des Fusilliers tchécoslovaques » (Československá střelecká brigáda) avec 7 300 personnes. Les dirigeants des mouvements pour l'indépendance tchèque et slovaque Masaryk et Štefánik vinrent en Russie pour aider à accroître et à organiser ce corps militaire, et en firent entre printemps et été 1917 une armée tchécoslovaque indépendante. En septembre 1917, la Brigade fut transformée en la Première division de fusilliers hussites, qui fut regroupée avec la Seconde division de fusilliers (créée en juillet 1917) pour devenir le « Corps tchécoslovaque de Russie » (Československé vojsko na Rusi), totalisant 40 000 hommes, ce qui était déjà un embryon d'armée nationale.

Le corps d'armée compta jusqu'à 65 000 hommes.

L'expédition sibérienne

Monument aux morts de la Légion tchécoslovaque au Cimetière de la légion tchécoslovaque (Vladivostok)

Après la Révolution russe, le gouvernement bolchevik conclut le traité séparé de Brest-Litovsk et il fut décidé d'évacuer le corps des Tchèques et des Slovaques vers la France pour y rejoindre les autres troupes tchéco-slovaques et continuer la guerre. En raison du blocus sur le front de l'Europe occidentale par les troupes allemandes et autrichiennes, l'évacuation devait être effectuée par le port de Vladivostok pour les États-Unis via la Sibérie.

La lente évacuation par le Transsibérien fut ralentie par les problèmes d'approvisionnement, et selon les termes du traité de Brest-Litovsk, les bolcheviks devaient rapatrier les prisonniers de guerre allemands, autrichiens et hongrois de Sibérie vers leurs pays respectifs. En mai 1918, les Tchèques et les Slovaques interceptèrent un train hongrois à Tcheliabinsk et abattirent un soldat qui avait lancé un projectile dans leur direction. Le gouvernement bolchevik local mit les suspects en état d'arrestation, mais leurs compagnons prirent la gare et plus tard la ville.

Léon Trotski, alors commissaire du peuple à la guerre, ordonna le désarmement de la Légion tchéco-slovaque. Celle-ci s'empara alors d'un important territoire proche du chemin de fer sur la Volga, capturant par ailleurs huit wagons chargés d'or de la réserve impériale de Kazan. Après ce fait d'arme, les bolcheviks durent négocier un nouvel arrangement et de l'or pour leur permettre de rejoindre leur pays en 1920. La plupart des hommes de la Légion furent malgré tout évacués par Vladivostok, mais certains se joignirent à l'armée anti-bolchevik de l'amiral Koltchak.

Légions tchéco-slovaques en France

Les engagements des volontaires tchéco-slovaques auprès de la Légion étrangère débuta à Paris le 21 août 1914. Le 31 août marque la création de la première compagnie, bataillon C du 2e Régiment de Marche du 1er Étranger à Bayonne. En se croisant en ville, ils se saluaient par „Nazdar!“, et furent dès lors dénommés la « Compagnie Nazdar! ». En 1918, une brigade tchécoslovaque fut constituée en France, qui retourna au pays à l'automne en 1919. Elle comptait 9 600 soldats.

650 légionnaires tchéco-slovaques périrent en France au cours de la Première Guerre mondiale[1]

Légions tchéco-slovaques en Italie

Après la guerre

Les membres des Légions constituèrent l'ossature de la nouvelle armée tchécoslovaque. En janvier 1919, ils combattent contre la Pologne dans la région de Teschen. Ils furent nombreux à combattre lors des combats avec la Hongrie en Slovaquie en 1919.

Corps instable et peu démocratique, ils sont à l'origine de nombreuses tensions dans la Première République tchécoslovaque. Ils protestent contre le gouvernement socialiste de Tusar. Ils s'opposent, parfois violemment, aux minorités telles que les Allemands des Sudètes et les juifs. Ils dégradent les monuments en l'honneur de la monarchie des Habsbourg. Ils avancent des revendications anti-démocratiques telles « la dictature illimitée pour le président Masaryk ». Ce dernier doit souvent envoyer son conseiller pour les ramener à la raison et diminuer les tensions[2].

Divers

Siège de la Legiobanka

Seuls sept wagons de l'or impérial retournèrent à Moscou. La Légion garda le huitième pour acheter ou louer des bateaux à Vladivostok, ce qu'il restait fut utilisé pour créer la « Banque de la Légion » (Legionářská banka ou Legiobanka) à Prague. Son siège central sur la rue pragoise Na Poříčí est un des chefs d'œuvre de l'architecture cubiste, sa façade comporte des représentations de la retraite des légionnaires en Sibérie et de batailles auxquelles les légions prirent part, comme Vouziers par exemple.

Le pont de la Légion (Most legionářů) à Prague a reçu son nom en hommage aux légions tchécoslovaques.

Le dernier légionnaire mourut en 2001.

Les légions dans la littérature

La légion tchéco-slovaque joue un rôle très important dans le roman de l'écrivain écossais James Meek Un acte d'amour, publié en France en mars 2007 aux Éditions Métaillé. Johnny Depp prépare l'adaptation au cinéma de ce roman au succès mondial, traduit en 27 langues[3].

Philatélie

La Légion tchéco-slovaque en Sibérie a émis des timbres.

Notes et références

  1. [1] et article en tchèque.
  2. Thomas Masaryk, Alain Soubigou, Fayard,2002, p. 352 - p. 354
  3. [2][3]

Voir aussi

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