Louise de Marillac

Louise de Marillac
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Louise de Marillac
Image illustrative de l'article Louise de Marillac
Corps de Sainte Louise de Marillac
Naissance 12 août 1591
Mauriac (Cantal)
Décès 15 mars 1660  (68 ans)
Nationalité Française
Béatification 9 mai 1920
par Benoît XV
Canonisation 11 mars 1934
par Pie XI
Fête 15 mars
Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint

Louise de Marillac (Mauriac (Cantal), 12 août  1591, 15 mars 1660), est une sainte de l'Église catholique, connue pour avoir été proche de Saint Vincent de Paul et avoir fondé les "Filles de la Charité".

Sommaire

Origines et jeunesse (1591-1613)

Louise de Marillac (1591-1660) a vécu toute sa vie en Ile de France.

D’une famille auvergnate ancienne mais seulement anoblie en 1569 en la personne de son grand-père Guillaume II de Marillac (1518-1573), elle naît le 12 août  1591 dans des conditions mystérieuses.

En effet, dans un acte notarié passé trois jours plus tard, Louis Ier de Marillac (1556-1604), "chevalier, seigneur de Ferrières-en-Brie et de Villiers-Adam, enseigne d’une compagnie de 50 lances des ordonnances du roi", la nomme sa « fille naturelle » et lui octroie une rente. Toutefois, il est possible qu’il n’ait fait qu’endosser cette paternité pour éviter un scandale à l’un de ses frères. Toujours est-il que, lorsque Louis de Marillac se remarie, le 15 janvier  1595, il a sans doute déjà placé la petite Louise qui a 4 ans en pension au monastère royal Saint-Louis de Poissy.

Là, les dominicaines dispensent à la jeune Louise et à ses compagnes l'éducation habituellement donnée aux jeunes filles nobles : connaître Dieu, lire, écrire, peindre. Elle bénéficie également d'une solide formation humaniste, sous la houlette de l’une de ses tantes, mère Louise de Marillac, première du nom (1556-1629). C’est très probablement à cette époque que Louise connaît la spiritualité de la célèbre Catherine de Sienne qui transparaîtra plus tard dans ses écrits spirituels.

Quelques années plus tard, sans doute après la mort de Louis de Marillac le 25 juillet 1604, Louise est placée par son oncle et tuteur Michel de Marillac (1560-1632),( le futur chancelier de France) dans un foyer pour jeunes filles nobles parisien. Louise y apprend à tenir une maison et bénéficie du climat de réforme catholique qui embrase le Paris dévot.

Elle fréquente alors les capucines du Faubourg Saint-Honoré, les « filles de la Croix », et, pensant devenir l’une d’entre elles, fait vœu de servir Dieu et son prochain.

Ancien ligueur devenu maître des requêtes au Parlement de Paris, membre du parti dévôt, Michel de Marillac prend alors une part active à la fondation du Carmel réformé en France et fréquente assidûment le cercle de madame Acarie. Il y rencontre les pères Pierre de Bérulle (1575-1629) et Charles Bochard de Champigny (1568-1624), dit « Honoré de Paris ». Ce dernier, élu provincial des capucins en 1612, tenant compte de la faible complexion de Louise, lui conseille de ne pas se faire capucine, l’assurant que Dieu a sur elle un « autre dessein ».

Louise est bientôt accompagnée dans son cheminement spirituel par un cousin, Jean-Pierre Camus (1584-1652), évêque de Belley, grand ami de François de Sales, et neveu par alliance de Louis de Marillac. Malgré les absences prolongées du prélat (le Concile de Trente demande aux évêques à résider dans leur diocèse), Louise s’attachera beaucoup à cet homme de Dieu aux multiples facettes, qui terminera sa vie parmi les « Incurables ». Parmi les nombreux romans pieux que publie Mgr Camus, plusieurs ont pour but « de faire voir la jalousie de Dieu par les justes châtiments qu’Il fait sentir à ceux qui par force ou par ruse s’essaient de Lui arracher ses épouses d’entre les bras ».

Les années du mariage (1613-1625)

Or, Michel de Marillac et son beau-frère Octavien II Doni d’Attichy (mort en 1614), d’origine florentine, voyant en Louise une nouvelle occasion de se rapprocher du pouvoir, choisissent de lui faire épouser un secrétaire des commandements de la reine mère, Marie de Médicis.

C’est ainsi que, le 5 février  1613, Louise de Marillac épouse en l’église Saint-Gervais Antoine Le Gras (ca 1577-1625), issu d’une vieille famille de Montferrand qui accèdera plus tard à la noblesse. Comme ce dernier prétend se rattacher aux nobles Le Gras dont il porte le nom et les armes plutôt que ceux de ses ancêtres, son épouse sera appelée « mademoiselle », titre alors réservé aux épouses et aux filles d’écuyers, c’est-à-dire de nobles non titrés.

Dès octobre, la jeune femme donne prématurément naissance à Michel Le Gras.

Mais le bonheur familial des Le Gras est de courte durée ; dès 1622, Antoine tombe gravement malade. Croyant que par cette maladie Dieu la punit de ne pas s’être donnée à Lui comme elle le lui a promis étant plus jeune, Louise connaît alors une longue période de dépression et de nuit spirituelle.

Toutefois, le jour de la Pentecôte 1623, alors que Louise prie en l’église Saint-Nicolas-des-Champs, son esprit est illuminé et ses doutes se dissipent en un instant. Par le parchemin où elle relate cette “Lumière de Pentecôte” et qu’elle portera sur elle le reste de ses jours, nous savons qu’elle acquiert ce jour-là la certitude que sa place était au chevet de son mari et qu’un temps viendra où elle pourra prononcer des vœux, vivre en communauté, et trouver un nouvel accompagnateur. Justement, fin 1624 ou début 1625, elle rencontre le père Vincent de Paul qui établit alors des confréries de Charité à la fin des missions qu'il prêche dans les nombreuses paroisses des Gondi et qui, avec l'aide de ces derniers, va bientôt établir la congrégation de la Mission, dite des Lazaristes.

Terrassé par la tuberculose, Antoine Le Gras s’éteint le 21 décembre 1625, laissant Louise et le jeune Michel dans une certaine précarité économique. Néanmoins, Louise place alors ce dernier en pension à Saint-Nicolas du Chardonnet.

Premières années sous la direction de monsieur Vincent (1625-1633)

De 1625 à 1629, monsieur Vincent réussit peu à peu à tourner mademoiselle Le Gras vers le salut des autres plutôt que vers sa propre piété ou son inquiétude maternelle, si bien que, dans une lettre du 6 mai 1629, il en fait solennellement sa chargée de mission auprès des dames de la Charité.

Issues de la noblesse et de la bourgeoisie, ces dernières s’engagent à donner de leur temps au service corporel et spirituel des pauvres, mais certaines envoient leurs servantes ou leur font faire la cuisine plutôt que de la préparer elles-mêmes. Mais mademoiselle Le Gras, qui arrive généralement chargée de vêtements et de remèdes, réunit ces dames, les écoute et les encourage à voir le Christ à travers les pauvres qu’elles servent, passe les comptes en revue et forme des maîtresses d’école pour instruire les jeunes filles. Dorénavant, la personnalité de Louise se révèle à mesure qu’elle surmonte ses infirmités physiques et ses angoisses pour sillonner les paroisses afin d’y organiser ou d’y renforcer les charités.

Pendant ce temps, Michel de Marillac, nommé garde des sceaux le 1er juin 1626, est devenu chef du parti dévot après la mort du cardinal Pierre de Bérulle (2 octobre 1629), tandis que son demi-frère Louis de Marillac a été nommé maréchal de France le 3 juin 1629.

Depuis le siège de La Rochelle (août 1627-octobre 1628), leur opposition à la politique du cardinal de Richelieu est patente. Cette opposition sera la cause de leur chute, lors de la fameuse journée des Dupes (11 octobre 1630). Disgraciés, le maréchal et le chancelier sont respectivement emprisonné et assigné à résidence. Accusé de malversations et jugé par un tribunal tout acquis à Richelieu, le premier sera condamné à mort et décapité publiquement en place de Grève le 10 mai 1632. Le second, incarcéré dans la forteresse de Châteaudun y mourra le 7 août  1632 après avoir traduit le Livre de Job et commencé un Traité de la Vie Éternelle.

Entre temps, le 5 février  1630, ayant visité la charité d’Asnières et se préparant à partir visiter celle de Saint-Cloud, Louise de Marillac veut célébrer l’anniversaire de ses noces en assistant à la messe. En recevant la communion, elle fait l’expérience du mariage mystique avec le Christ, qu’elle relate peu après par ces mots : « il me sembla que Notre Seigneur me donnait pensée de Le recevoir comme l’époux de mon âme ».

Cette expérience, elle ne va pas tarder à la partager avec d’autres. Le 19 février 1630, monsieur Vincent revenant d’une mission à Suresnes, lui envoie Marguerite Naseau, une jeune vachère de ce village, qui a appris à lire pour instruire la jeunesse des environs, et qui s’offre pour le service des pauvres. À la différence des dévotes parisiennes, cette jeune fille ne craindra pas de mettre concrètement la main à la pâte.

À partir de la fondation des filles de la Charité (1633-1660)

Ayant soigné des malades de la peste, Marguerite Naseau meurt peu après le 24 février 1633, mais déjà d’autres paysannes ont pris la relève. Le 29  novembre  1633, en accord avec monsieur Vincent, Louise les réunit sous son toit pour les former. C'est le début de la compagnie des filles de la Charité. Le 25 mars 1642, Louise et quatre des premières sœurs font vœu de s’offrir totalement au service du Christ en la personne des pauvres. Liés par une étroite collaboration et une grande amitié, Louise et monsieur Vincent répondent ensemble aux appels des plus démunis de leur temps, grâce à la nouvelle compagnie qu’ensemble ils ont établie : éducation des enfants abandonnés, secours des victimes de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, soin des malades à domicile ou dans les hôpitaux, service des galériens et des personnes handicapées mentales, instruction des filles du peuple, participation à la création de l’hospice du Saint-Nom de Jésus et de l’hôpital général de Paris, rien n’arrête ces nouvelles sœurs non cloîtrées, ces filles « de plein vent » qui ont pour voile « la sainte modestie », « pour monastère une maison de malade, pour cellule une chambre de louage, pour cloître les rues de la ville, ou les salles des hôpitaux » et pour devise : « La charité de Jésus Crucifié nous presse ».

Peu à peu, mademoiselle Le Gras envoie ou installe elle-même de nouvelles communautés partout où le besoin s’en fait sentir : dans près de trente villes de France, et jusqu’en Pologne : Paris, Richelieu, Angers, Sedan, Nanteuil-le-Haudouin, Liancourt, Saint-Denis, Serqueux[Où ?], Nantes, Fontainebleau, Montreuil-sur-Mer, Chars, Chantilly, Montmirail[Où ?], Hennebont, Brienne[Où ?], Étampes, Varsovie, Bernay[Où ?], Sainte-Marie-du-Mont[Où ?], Cahors, Saint-Fargeau[Où ?], Ussel[Où ?], Calais, Metz et Narbonne.

En 1657, Vincent de Paul loue Louise de Marillac disant qu'elle est « comme morte » (à elle-même) depuis plus de vingt ans, mais elle s’éteint seulement le 15 mars 1660, quelques mois avant lui à l'âge de 69 ans.

Son corps, tout d’abord inhumé en l’église Saint-Laurent de Paris, repose aujourd’hui en la chapelle de l’actuelle maison-mère des filles de la Charité, au 140 rue du Bac, à Paris.

Louise de Marillac sera béatifiée le 9 mai 1920 par Benoît XV, canonisée le 11 mars  1934 par Pie XI et proclamée patronne des œuvres sociales en 1960 par Jean XXIII.

Pour appofondir

Bibliographie

  • Nicolas Gobillon, La vie de mademoiselle Le Gras, fondatrice et première supérieure de la compagnie des filles de la Charité, servantes des pauvres, Paris : André Pralard, 1676, 187 p.
  • Louise de Marillac, Écrits spirituels (dir. Sr Élisabeth Charpy, fdlC), Paris : Compagnie des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, 1983, 920 p.
  • La compagnie des filles de la Charité aux origines. Documents (présentés par Sr Élisabeth Charpy), Paris : Compagnie des filles de la Charité, 1989, 1112 p.
  • Benito Martinez, CM, Empeñada en un paraíso para los pobres, Santa Marta de Tormes y Salamanca: CEME, 1995, 323 p.
  • Yves Krumenacker, L’École française de spiritualité. Des mystiques, des fondateurs, des courants et leurs interprètes, Paris : Cerf, 1998, 660 p.
  • Sr Élisabeth Charpy, Petite vie de Louise de Marillac, Paris : Desclée De Brouwer, 1991, 125 p.
  • Sr Élisabeth Charpy, Spiritualité de Louise de Marillac : itinéraire d'une femme, Paris : Desclée De Brouwer, 1995, 120 p.
  • Sr Élisabeth Charpy, Prier avec Louise de MARILLAC, Strasbourg : Le Signe, 1995, 28 p.

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Notes et références


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