Louis de Buade

Louis de Buade
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Louis de Buade de Frontenac
Louis de Buade Comte de Frontenac.JPG
Louis de Buade de Frontenac, gouverneur et lieutenant-général en Canada, Acadie, Île de Terre-Neuve et autres pays de la France septentrionale

Mandats
Gouverneur général de la Nouvelle-France
1672 – 1682
1689 - 1698
Monarque Louis XIV
Prédécesseur Daniel de Rémy de Courcelles
Marquis de Denonville
Biographie
Date de naissance 12 mai 1622
Lieu de naissance Château de Saint-Germain-en-Laye, France
Date de décès 28 novembre 1698
Lieu de décès Québec
Religion Catholicisme
Résidence Château Saint-Louis, Québec
Gouverneurs généraux de la Nouvelle-France

Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau est né au château de Saint-Germain-en-Laye en France le 12 mai 1622. Nommé gouverneur de la Nouvelle-France par Louis XIV, il développe la colonie et la défend contre les attaques anglaises. Il meurt à Québec le 28 novembre 1698[1].

Sommaire

Biographie

Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, est une des figures les plus importantes de l'histoire de la Nouvelle-France. Il est aujourd'hui très connu au Québec pour avoir défendu la colonie contre les attaques anglaises et iroquoises.

L'origine de sa famille se situe très certainement dans le Sud-Ouest de la France.

Le grand-père et le père de Louis sont gouverneurs dans l'actuel château de Saint-Germain-en-Laye (« château vieux »), dans lequel ce dernier est né le 12 mai 1622. Il est baptisé dans la chapelle le 30 juillet 1623, le roi Louis XIII, roi de France, devenant son prestigieux parrain, sa marraine étant Henriette de Bourbon, épouse du Duc d'Elbeuf.

L'acte de baptême de Frontenac, conservé aux archives municipales de Saint-Germain-en-Laye, est rédigé de la façon suivante :

« Le dit jour (30 juillet 1623) furent administrées les cérémonies du sacrement de baptême par Monseigneur l’Archevêque de Tours, en la chapelle du Vieux Château, à Louis, né le douzième mai 1622, fils de feu noble homme Henri de Buade, de son vivant comte de Palluau gouverneur pour sa majesté des châteaux de Saint-Germain-en-Laye et premier maître d’hôtel dudit seigneur, et de Madame Anne Phélipeaux. Le parrain Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre. La marraine très haute princesse Henriette de Bourbon, femme de très haut Prince Monseigneur le Duc d’Elbeuf[2]. »

Deux autres exemplaires de cet acte sont conservés aux Archives départementales des Yvelines.

À l'âge de dix-sept ans, Louis de Frontenac se joint à l'armée française. Il participe à plusieurs campagnes de la guerre de Trente Ans. Au siège d'Orbitello en 1646, il est blessé au bras droit, blessure dont il ne guérira jamais. Le 28 octobre 1648[3], en l'église Saint-Pierre-aux-Bœufs à Paris, Frontenac épouse Anne de la Grange-Trianon, célèbre pour sa beauté physique et dont le portrait se trouve à Versailles. Elle est l'héritière d'une immense fortune. Le père d'Anne s'oppose violemment à ce mariage et quand il apprend que les noces ont quand même eu lieu, il déshérite sa fille. Le 7 mai 1651, à Clion-sur-Indre (Indre), Anne donne naissance à François-Louis, le seul enfant du couple Frontenac. L'une des sœurs de Louis, Henriette-Marie, est l'épouse de l'érudit et homme de lettres, Henri Louis Habert de Montmor.

Le premier gouvernement de Frontenac

Le 7 avril 1672, Louis de Frontenac obtient du roi de France Louis XIV la charge de gouverneur général de la Nouvelle-France. Le 28 juin 1672, il embarque (sans sa femme) à La Rochelle à destination de sa nouvelle mission américaine. Il est assermenté le 23 octobre. À cette époque, la Nouvelle-France est gérée comme une province métropolitaine, même si l'éloignement nécessite des aménagements importants. Frontenac, en sa qualité de gouverneur, a alors pouvoir absolu sur les affaires militaires, il possède même le droit de véto à l'égard des décisions des autres dirigeants. Le départ de l'intendant Jean Talon en novembre 1672 donne au gouverneur encore davantage de pouvoirs.

L'entreprise la plus glorieuse a lieu au début du gouvernement de Frontenac : il s'agit de la découverte du Mississippi par Louis Jolliet (originaire de Québec) et le père Jacques Marquette (originaire de Laon en France). Puis est construit un immense fort sur le Lac Ontario, auquel on donne le nom de Fort Frontenac (aujourd'hui Kingston dans l'Ontario). Le gouverneur nomme La Vallière commandant de l'Acadie, il entretient des relations avec les Bostonnais, il assure l'alliance avec les Abénaquis et il maintient la paix avec les Iroquois. Mais un complot mené contre Frontenac par un sous-ministre français désireux de prendre le contrôle de la traite des fourrures, entre 1672 et 1682, entraînent en 1682 son rappel vers la France.

Le deuxième gouvernement

Buste de Frontenac au Monument aux Valeureux, à Ottawa

Après un interrègne de sept ans, le comte revient en Nouvelle-France en 1689, alors que la France et l'Angleterre sont officiellement en guerre (guerre de la Ligue d'Augsbourg). Devant affronter les Anglais alliés à la Confédération Iroquoise, il fait réoccuper le Fort Frontenac (qui avait entre temps été pris par les Anglais) et entreprendre des travaux de fortifications à Québec et à Montréal.

Frontenac recevant l'émissaire de William Phips selon Charles William Jefferys

En 1690, les Anglais organisent un plan de campagne par terre et par mer contre la Nouvelle-France. L'amiral William Phips s'empare du Fort Pentagouet et de Port-Royal (Acadie), alors que l'expédition partie de New York contre Montréal échoue sur les bords du Lac Champlain. Toutefois, la flotte de Phips remonte le Saint-Laurent et vient assiéger Québec le 16 octobre 1690. Louis de Frontenac organise la défense. L'amiral anglais envoie au gouverneur un parlementaire portant une sommation rédigée par avance. Frontenac ruse pour faire croire au délégué qu'il y a beaucoup plus de soldats à Québec qu'il n'avait en réalité. Le délégué présente à Frontenac un ultimatum « au nom de leurs majestés Guillaume III et Marie, roi et reine d'Angleterre » où il invite les Français à se rendre sans combats et termine en disant : « Votre réponse positive dans une heure, rendue par votre trompette avec le retour du mien, est ce que je vous demande sur le péril qui pourra s'ensuivre ». Là, le parlementaire anglais tire une montre de sa poche et fait voir l'heure au gouverneur.

Frontenac répond sans délai : « Je ne connais pas le roi Guillaume, usurpateur qui a violé les droits les plus sacrés du sang en voulant détrôner Jacques II, son beau-père ; quant à votre général, qu'il sache que je n'ai point de réponse à lui faire que par la bouche de mes canons et à coups de fusils ».

Le lendemain, des renforts dirigé par M. de Callières arrivent de Montréal. Mais le 18 octobre, les Anglais de Phips débarquent à Beauport, pendant que quatre de leurs navires bombardent Québec. L'attaque dure trois jours, elle est un échec et Phips quitte définitivement la Nouvelle-France.

Durant son deuxième gouvernement, il s'oppose fortement avec l'intendant Jean Bochart de Champigny (qui fut intendant de 1687 à 1702) en raison de leurs caractères très opposés et d'oppositions d'ordre politiques.

Les guerres iroquoises

Statue de Frontenac dans la cour du Château Frontenac, à Québec

Suite à leur lourde défaite, les Anglais n'organisent plus eux-mêmes d'autres attaques contre la colonie française, ils préfèrent armer les Iroquois pour attaquer les Canadiens à leur place. En 1689, les guerriers Iroquois, armés par les Anglais, à l'embouchure de la rivière des Outaouais, à Lachine, près de Montréal, commettent le massacre de Lachine. En 1693 à nouveau, les Anglo-Iroquois reviennent devant Montréal.

Les Iroquois s’abouchèrent avec les Outaouais afin de faire la paix et l’empire commercial des Français se trouvait ainsi menacé. Les hauts fonctionnaires de Montréal et de Québec demandèrent à Frontenac de lancer une grande attaque contre les villages iroquois. Frontenac ne lança la campagne que lorsque il en eut reçu l’ordre exprès du ministre de la Marine[4].

En juillet 1696, l’armée, formée des troupes régulières, de la milice et des alliés indiens, forte de 2 150 hommes, quitta Montréal pour la marche finale vers le village des Onontagués mais n’y trouva plus que des cendres : l’ennemi avait fui dans les bois après avoir tout incendié. L’armée détruisit le maïs dans les champs et toutes les vivres qu’elle put trouver, cachées dans le village et les environs.

Dans le même temps, Frontenac continue à encourager l'établissement de nouveaux postes de traite à l'Ouest. Ainsi, des forts sont bâtis dans la région du Mississippi et dans les Prairies, permettant ainsi aux coureurs des bois d'échanger avec les Sioux et les Amérindiens des plaines. En 1697, la paix est signée entre la France et l'Angleterre (traité de Ryswick). Le gouverneur continue alors ses projets d'expansion de la Nouvelle-France. Mais à l'automne 1698, sa santé se dégrade rapidement. À la mi-novembre, sentant sa fin proche, il fait la paix avec l'intendant et l'évêque, et meurt le 28 novembre 1698. Il est inhumé en l'église des Récollets de Québec.

Notes et références

  1. Registres paroissiaux (1698) de la paroisse Notre-Dame de Québec
  2. Registre des baptêmes (1623) de l'église Saint-Germain-de-Paris à Saint-Germain-en-Laye, archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
  3. Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Paris, Henri Plon, 1872, p. 622
  4. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=96&interval=20&&PHPSESSID=g6mabe5cdghf9bq2r5eqtqjoe4

Annexes

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Bibliographie

En français :

  • William John Eccles, « Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau », dans Dictionnaire biographique du Canada en ligne, 2000
  • Lilianne et Guy Frégault, Frontenac, textes choisis et annotés, Montréal, Fides, 1956, 95 p.
  • Ernest Myrand, Frontenac et ses amis, Dussault et Proulx, 1902, 188 p. (en ligne)
  • Guy Laviolette, Louis de Buade, comte de Frontenac (1622-1698) : sauveur de la Nouvelle-France, collection gloires nationales, Québec, éditions A.B., 1944, 32 p.
  • Henri Lorin, Le comte de Frontenac : étude sur le Canada français à la fin du XVIIe siècle, Paris, Armand Colin, 1895, 502 p. (en ligne)
  • Olivier Coyer, Oraison funèbre du comte de Frontenac : prononcée dans l'église des Récollets de Québec le 19 décembre 1698, Bulletin des recherches historiques, 1895, 39 p. (en ligne)
  • Nicolas Prévost, « Louis de Frontenac et ses projets pour la Nouvelle-France », dans Ils l'appelaient Nouvelle-France, direction Bernard Emont, Paris, Le Bretteur, 2009, p. 187-200 (actes de la journée d'étude du GRECA organisée à la Maison de la recherche de la Sorbonne à Paris les 21 et 24 mai 2008)
  • Nicolas Prévost, « Louis de Buade, comte de Frontenac, et sa correspondance en Nouvelle-France », dans Lettres d'outre-océan, direction Bernard Emont, Paris, Le Bretteur, 2010, p. 41-53 (actes de la IVe journée d'étude du GRECA organisée à la Maison de la recherche de la Sorbonne à Paris le 3 octobre 2009)
  • Joseph Thibault et Pierre Leveel, Les Buade de Frontenac entre Touraine et Berry, Tours, Éditions de la Brenne Littéraire et Historique, 1975, 92 p.

En anglais :

  • William John Eccles, Frontenac: The Courtier Governor, McClelland and Stewart, 1959, 406 p. (aperçu)
  • Jean Delanglez, Frontenac and the Jesuits, Chicago : Institute of Jesuit History, 1939, 296 p.
  • Charles William Colby, The Fighting Governor: A Chronicle of Frontenac, Hayes Barton Press, 1922, 167 p. (en ligne)
  • William Dawson Le Sueur, Count Frontenac, Toronto, Morang and Co., Ltd., 1906, 382 p. (en ligne)
  • Francis Parkman, Count Frontenac and New France under Louis XIV, Boston : Little, Brown, 1877, 463 p. (en ligne)
  • Alfred Billings Street, Frontenac: or, The Atotarho of the Iroquois; A Metrical Romance, Baker and Scribner, 1849, 324 p. (en ligne)

Articles connexes

Liens externes


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Précédé par Louis de Buade Suivi par
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Gouverneur de la Nouvelle-France
16891698
Louis-Hector de Callière Bonnevue

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