Louis François Carlet de La Rozière

Louis François Carlet de La Rozière

Louis-François Carlet, chevalier, marquis de La Rozière, né au Pont-d’Arche, près Charleville, le 10 octobre 1733 et mort à Lisbonne le 7 avril 1808, est un militaire français.

Biographie

La Rozière entra au service en 1745, comme volontaire dans le régiment de Conti-Infanterie, où servait son père, et fit ses premières armes en Italie. Lieutenant au régiment de Touraine-Infanterie, en 1746, il se trouva le 11 octobre de la même année à la bataille de Rocourt puis à celle de Lauffeld, ainsi qu’aux sièges de Bergen-op-Zoom et de Maastricht.

En 1750, il passa du régiment de Touraine aux écoles de mathématiques et de dessin établies à Paris et à Mézières et, en 1752, il suivit La Caille aux Indes Orientales, en qualité d’ingénieur dans la brigade destinée pour les colonies.

De retour en Europe en 1756, il composa son premier ouvrage sur l’art militaire, ayant pour titre : Stratagèmes de guerre. Il fut nommé cette même année aide-de-camp du comte de Revel et aide maréchal général des logis de l’armée auxiliaire de France, destinée pour la Bohême.

Il commença en 1757 la guerre de Sept Ans dans l’armée de Westphalie et se trouva à la bataille de Rossbach, où il fut chargé de la direction d’une division d’artillerie. Le comte de Revel ayant été tué, La Rozière s’attacha au corps d’armée du duc de Broglie et fit avec ce général et les maréchaux d’Estrées et Soubise toute la guerre de sept ans. Il se trouva à la prise de Bremen, à la bataille de Sandershausen, où il fut blessé et nommé capitaine de dragons, à celle de Lutterberg, à Bergen, en 1759, à la bataille de Minden, au passage de l’Hom et au combat de Korbach en 1760 et à la prise de Cassel en 1761.

Il fut nommé lieutenant-colonel de dragons au régiment du Roi, et peu de temps après chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis, à l’occasion de la manière distinguée dont il s’était conduit à l’affaire du Frauenberg, où il commandait, et où il fut sur le point de faire prisonnier le prince Ferdinand de Brunswick. Au moment où La Rozière allait l’arrêter, son cheval s’abattit, et il ne lui resta à la main que la housse du prince, qui ne dut son salut qu’à la vitesse de son cheval.

Il se trouva aux batailles de Grienberg, de Willinghaus, au passage du Weser. Un de ses plus beaux faits d’armes est l’assaut donné à la cascade de Cassel en 1761 qu’il enleva l’épée à la main et dont il fit la garnison prisonnière de guerre. Quelque temps après il fut lui-même fait prisonnier dans une reconnaissance, par les montagnards écossais dans la forêt de Sababord ; on le conduisit au quartier général du roi de Prusse qui lui dit : « Je désirerais vous renvoyer à l’armée française, mais lorsqu’on a pris un officier aussi distingué que vous, on le garde le plus longtemps possible ; j’ai des raisons pour que vous ne soyez pas échangé dans les circonstances présentes ; ainsi vous resterez avec nous sur votre parole. Il passa trois semaines au quartier-général du roi de Prusse, dont il reçut des marques de bontés et particulièrement du prince Ferdinand de Brunswick, qui se rappelant l’attaque de Frauenberg, dit un jour en le montrant : « Voilà le Français qui m’a fait le plus de peur de ma vie. »

Après son échange, La Rozière rentra dans ses fonctions. La bataille de Wilhemsthall, le combat de Morschom, la retraite de la Hesse avec le maréchal d’Estrées, celle de Dilbenstadt où il chargea vigoureusement l’avant-garde ennemie sont, ainsi que celle d’Amenebourg où il dirigea l’affaire après que le marquis de Castries et le vicomte de Sarsfield y furent blessés et jusqu’à l’arrivée du marquis de Ségur, autant d’époques qui rappellent son courage et son habileté.

La paix de 1763 ayant terminé la guerre de sept ans, La Rozière fut employé dans le ministère secret du comte de Broglie qui faisait le plus grand cas de ses talents militaires et de ses qualités personnelles.

Il passa en Angleterre d’après les ordres de Louis XV pour reconnaître les côtes de ce royaume, s’acquittant en 1765 et 1766 de cette importante mission avec autant d’intelligence que de courage et de fidélité. Cette commission était relative au grand projet dont le roi était alors occupé. Il fut chargé de reconnaître toutes les côtes et ports de France, et il présenta pour le port de Rochefort et le pays d'Aunis un projet de défensive qui fut approuvé et exécuté. Il produisit aussi pour le port de Brest un plan de défense que le roi approuva et qui fut de suite mis à exécution. Les travaux proposés par La Rozière pour la sûreté de Saint-Malo, du Clos Poulet, de Lorient et de toute la côte de Bretagne sont également approuvés et en partie exécutés.

En 1768 le gouvernement le chargea de rédiger sur les dépêches des ministres et des généraux l’histoire des guerres de France sous les règnes de Louis XIII, Louis XIV et Louis XV.

Le marquis de La Rozière fut chargé par le roi en 1770 de rédiger un plan général de campagne contre l’Angleterre. Il fut nommé, le 11 novembre de la même année, brigadier de dragons des armées du roi, commandant à Saint-Malo et, quelque temps après, maréchal général des logis de l’armée destinée à descendre en Angleterre.

Le roi, en considération de quatre cents ans de services militaires les plus importants rendus à l’État par cette famille, et surtout de ceux de La Rozière, fit ériger la terre de Wagnon en marquisat de La Rozière par lettres patentes de 1780. En 1781, il fut nommé commandant du corps d’armée destiné à s’emparer des îles de Jersey et de Guernesey et fut promu au grade de maréchal de camp.

Ayant émigré au mois de mai 1791 avec son fils aîné, capitaine de dragons, il fut mis à la tête des bureaux de la guerre établis à Coblence par les princes frères du roi et fit la campagne de 1792 en qualité de maréchal de camp et de maréchal général des logis de l’armée royale.

Il fut nommé ensuite commandeur de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis. En 1794, il passa d’Allemagne en Angleterre sur l’ordre qui lui fut adressé de Saint-Pétersbourg par le comte d’Artois.

En 1795, il fut employé comme quartier-maître général des émigrés et des troupes anglaises dans l’expédition des îles de Noirmoutier et d’Yeu. À son retour de cette expédition, La Rozière fut sollicité par la Turquie pour entrer à son service avec de grands avantages, mais il préféra entrer à celui de la Russie avec le grade de général-major. Peu de temps après, par des arrangements particuliers, il passa au Portugal avec le grade de lieutenant-général et de quartier-maître général des armées portugaises, et il arriva à Lisbonne en 1797. En 1799, il fut envoyé à Londres où il était mandé par le gouvernement anglais mais, en 1800, le prince régent de Portugal le rappela et lui donna en 1801 le commandement en chef de l’armée destinée à défendre le nord du Portugal. Les talents qu’il développa dans cette campagne lui méritèrent la bienveillance du souverain qui, à son retour de l’armée, le fit commandeur de l’ordre royal et militaire du Christ, et le nomma, en 1802, inspecteur-général des frontières et des côtes du royaume.

Œuvres

Les ouvrages de cet officier général qui sont imprimés et connus, sont :

  • Les Stratagèmes de guerre, Paris, 1756 ;
  • Campagne du maréchal de Créqui en Lorraine et en Alsace en 1677, Paris 1764 ;
  • Campagne de Louis, prince de Condé en Flandres en 1674, Paris 1765 ;
  • Campagne du maréchal de Villars et de Maximilien Emmanuel, électeur de Bavière en Allemagne en 1703, Paris 1766 ;
  • Campagnes du duc de Rohan dans la Walteline en 1635, précédé d’un discours sur la guerre des montagnes, avec cartes ;
  • Traité des armes en général, Paris 1764. Outre la carte de Hesse qu’il fit graver en 1761, on a encore de lui la carte des Pays-Bas catholiques et celle du combat de Senef.

Il a laissé un grand nombre d’ouvrages inédits, et de manuscrits très précieux parmi lesquels on distingue l’Histoire des guerres de France sous Louis XIII, Louis XIV et Louis XV. Sa Relation de la campagne des Prussiens en 1792, celle de 1801 en Portugal, plus des Devoirs du maréchal des logis de l’armée et de l’officier d’état-major, de l’Art d’asseoir les camps, de faire des reconnaissances, du choix des positions et de la marche des colonnes en campagne, etc. À cela s’ajoutent des reconnaissances générales et très étendues sur toutes les côtes et les frontières de France, et sur différentes parties de l’Angleterre, de l’Allemagne et de la Suisse, accompagnées de Plans et cartes, plus un travail considérable sur le Portugal, dirigé par lui seul. Celui sur l’Angleterre sous le ministère secret du comte de Broglie est immense.

La Rozière a aussi fourni beaucoup d’articles militaires à l’Encyclopédie et a travaillé à nombre d’ordonnances concernant le militaire. La Rozière avait épousé en 1769 mademoiselle de Granville dont il a eu plusieurs enfants.

Sources

  • Nobiliaire universel de France, t. 2, Paris, Au Bureau du Nobiliaire universel de France, Librairie Bachelin-Deflorenne, 1872, p. 147-52.



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