Ligne Maginot

Ligne Maginot
Emblème des unités de la ligne Maginot, représentant un canon pointant hors d'un créneau, le tout couronné par une tourelle.
Façade en béton protégeant un canon sous casemate (bloc 9 de l'ouvrage du Hackenberg).

La ligne Maginot, du nom de l'homme politique et ministre de la guerre André Maginot, est une ligne de fortifications et de défense imaginée par la Commission d'organisation des régions fortifiées et construite par la France le long de ses frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie au cours des années 1920-1930.

Le terme « ligne Maginot » désigne parfois le système entier, mais souvent il désigne uniquement les défenses contre l'Allemagne (théâtre d'opérations du Nord-Est), tandis que les défenses contre l'Italie sont appelées « ligne alpine » (théâtre d'opérations du Sud-Est). À ces deux ensembles se rajoutent les fortifications en Corse, en Tunisie (la ligne Mareth) et en Île-de-France (la ligne Chauvineau). Le pendant allemand de la ligne Maginot est la ligne Siegfried.

Avec le temps, l'expression de « ligne Maginot » est devenue injustement[1] synonyme d'une défense qu'on croit inviolable mais qui s'avère totalement inutile.

Sommaire

Étymologie

André Maginot.

La ligne doit son nom à André Maginot, le ministre de la Guerre français du 3 novembre 1929 au 17 février 1930 qui a obtenue le vote en décembre 1929 de la loi permettant le financement des régions fortifiées.

Article détaillé : Vote de la loi Maginot.

Pour l'armée française, la désignation officielle est la « fortification permanente » ou les « régions fortifiées ». Le terme de « ligne Maginot » provient de la presse, où il commence à être employé à partir de 1935, repris par le ministre de la Guerre Jean Fabry en août 1935 lors de l'inauguration du monument Maginot près de Verdun.

Description

Réseau barbelé, devant l'entrée de l'ouvrage de l'Immerhof.
Réseau de rails antichar, devant l'ouvrage du Hochwald.

La ligne Maginot est surtout un dispositif extrêmement complexe qui s'échelonne en profondeur sur différents niveaux depuis la frontière.

La ligne n'a pas été conçue de manière homogène, et sa réalisation n'a en général pas été conforme aux projets d'origine pour des raisons essentiellement budgétaires. Dans les parties les plus conformes aux projets initiaux (secteur de Thionville en particulier), on distingue quatre parties distinctes :

  1. La ligne des avant-postes, destinée avant tout à détecter une attaque brusquée et à la retarder un temps grâce à des dispositifs prévus à l'avance (routes minées) pour laisser le temps à la « ligne principale de résistance » de se mettre en état d'alerte.
  2. La « ligne principale de résistance » est à environ 2 km derrière les avant-postes. Elle était matérialisée par un double réseau de rails antichars et de barbelés tout le long de la frontière, balayée par les axes de tir à la mitrailleuse des casemates, et couvert par les tirs d'artillerie des gros ouvrages.
  3. Les abris d'intervalles destinés à assurer le soutien des troupes combattantes à l'air libre. Il s'agit en fait de casernes souterraines équipées uniquement pour le combat rapproché.
  4. L'arrière du front comporte tous les équipements de soutien logistique : réseau de téléphone et d’électricité, routes et voies ferrées militaires de 0,60 m dérivées du système Péchot, dépôts de munitions, casernes de temps de paix, etc.

Composants de la ligne

La ligne principale de résistance est avant tout basée sur un barrage de tirs de mitrailleuses le long de l'obstacle que forment les deux réseaux de barbelés et de rails antichars, presque en continue de la mer du Nord à la Suisse.

Le réseau de fil de fer barbelé est large de 12,50 mètres, soit six rangs de piquets en forme de queues de cochon d'un mètre de haut qui soutiennent les fils en formant des vagues, avec des ardillons plantés dans le sol et dépassant de 20 cm. Le rôle du réseau est de freiner l'infanterie assaillante pour que les mitrailleuses puisse la faucher.

Le réseau de rails est composé de sections de rail de trois mètres enterrées à la verticale sur six rangs de profondeur, dépassant de 60 cm à 1,30 m au-dessus du sol. Son rôle est d'arrêter les véhicules assaillants le temps que les canons antichars les détruisent.

Casemates

Article détaillé : Casemate d'intervalle.

Le barrage de tirs de mitrailleuses est fait en flanquement (tirs croisés venant des flancs) par des casemates d'infanterie, construites théoriquement tous les 1 200 mètres (portée utile des mitrailleuses). L'armement principal, composé de jumelage de mitrailleuses, est complété à partir de 1934 avec des canons antichars (de 47 mm ou de 37 mm). Les ouvrages s'intègrent dans cette ligne, avec des blocs d'infanterie servant de casemates et des blocs-tourelle équipés d'une tourelle de mitrailleuses ou pour armes mixtes.

Les casemates, appelée casemate d'intervalle pour les différencier des casemates des ouvrages, se déclinent en plusieurs modèles selon le terrain et la date de construction :

  • les casemates CORF, construites de 1929 à 1930, tirant à partir d'un ou de plusieurs créneaux, simples (flanquement d'un seul côté) ou doubles (flanquement des deux côtés) ;
  • les casemates CORF cuirassées, construites de 1931 à 1934, tirant à partir d'une ou plusieurs cloches pour mitrailleuses (certaines cumulant cloche JM et créneau JM) ;
  • les casemates CORF « nouveaux fronts », construites de 1934 à 1935, simples, doubles ou cuirassées, avec en plus des cloches pour arme mixte (certaines recevront même une tourelle pour une arme mixte et un mortier) ;
  • les blockhaus MOM (main-d'œuvre militaire), construits de 1935 à 1940, bien moins protégés et plus petits, avec des modèles très variés : STG (Section technique du génie), FCR (fortification de campagne renforcée), RFM (région fortifiée de Metz), RFL (région fortifiée de la Lauter), 1re, 2e, 20e et 7e RM (région militaire), etc.

Ouvrages

Article détaillé : Ouvrage de la ligne Maginot.

Un ouvrage de la ligne Maginot est un ensemble de blocs reliés entre eux par des galeries souterraines.

Il s'organise autour de son armement et de sa mission, ainsi, suivant son rôle, on retrouve différents éléments. De plus, l'adaptation au terrain est également prépondérante dans l'organisation générale de ces ensembles fortifiés. De manière générale, on trouve des blocs destinés à servir d'entrée soit pour la troupe (que l'on appelle « entrée des hommes »), soit pour les munitions et le matériel (« entrée des munitions »). Parfois ces deux blocs sont regroupés en un seul pour des raisons pratiques (notamment pour les ouvrages de montagne) ou bien pour les petits ouvrages dépourvus d’artillerie (dans ce cas l'entrée des munitions n'est pas utile), elle est alors appelée « entrée mixte ».

Ces entrées donnent accès au réseau de galeries qui relient les différents éléments de l'ouvrage. En effet, les ouvrages Maginot sont enterrés, en général à 30 mètres de profondeur, afin d'être suffisamment protégés et le moins visible possible. Seuls les entrées et les blocs de combat sont donc visibles de l'extérieur d’un ouvrage. Les entrées des ouvrages sont également rejetées bien à l'arrière des blocs actifs, parfois à plusieurs kilomètres pour les ouvrages de plaine. Un ouvrage peut ainsi avoir plusieurs kilomètres de galeries (environ une dizaine pour les plus gros) mais tout dépend de sa situation géographique. Dans ce cas, un train sur voie étroite à traction électrique permet d'acheminer le matériel et les munitions aux blocs de combat.

On retrouve ainsi sous terre une caserne avec les chambrées pour la troupe, une cuisine, une infirmerie avec parfois un bloc opératoire, une salle des filtres (des filtres à air en cas d'attaque au gaz), une centrale de production d'électricité (tout dans un ouvrage fonctionne à l'électricité) pouvant compter jusqu'à quatre groupes électrogènes, des réservoirs d'eau, de carburant et parfois un magasin principal de munitions (dit magasin M 1). Tous ces organes se trouvent proches des entrées de l'ouvrage et sont reliés par galerie aux blocs de combat.

Dessus du bloc 7 de l'ouvrage du Hackenberg : un bloc-tourelle d'infanterie, armé avec une tourelle de mitrailleuses et deux cloches GFM.

Du côté des blocs de combat, on retrouve dans chacun un poste de commandement, des magasins à munitions (M 2 et M 3) et bien sûr l'armement de l'ouvrage. Ces blocs de combat sont répartis dans une aire suffisamment vaste pour limiter l’efficacité des bombardements (au moins 50 mètres entre chacun). Il y a plusieurs types de blocs de combat :

Autres éléments

De la frontière vers l'arrière de la ligne : avant-postes juste à la frontière, maisons-fortes (dans la forêt ardennaise et dans celle de Wissembourg), barrages de route, observatoires (CORF ou de campagne), abris d'intervalle, postes de commandement, positions d'artillerie (emplacements de pièce et abris bétonnés), voies ferrées militaires (pour approvisionner les entrées des munitions des plus gros ouvrages), routes stratégiques (longeant la ligne et reliant les entrées), dépôts de munitions, câbles électriques et téléphoniques enterrés, boîtes de coupure, postes de transformation, casernements de sûreté, etc.

Protection et armement

La plus imposante casemate du Nord-Est : le bloc 5 de l'ouvrage de Rochonvillers, avec quatre créneaux protégeant chacun un canon.

Le béton fut employé massivement pour la protection de l’armement et des troupes : des dizaine de milliers de mètres cubes de béton étaient nécessaires pour la construction d'un ouvrage, dont les dalles et les murs exposés avaient 3,5 mètres d'épaisseur. Mais on utilisa également des cuirassements pour protéger les pièces d'artillerie et d'infanterie. Comme l'avaient montré les combats des forts de Verdun en 1916, les systèmes développés pour la protection des pièces d'artillerie furent conservés et améliorés pour être intégrés dans la ligne Maginot.

On retrouve ainsi deux types de protections pour les pièces : les casemates et les tourelles. Une casemate permet de tirer par des créneaux installées sur une (casemate simple) ou deux (casemate double) des façades, mais l'angle de tir en est limité, tandis qu'une tourelle éclipsable permet de tirer à 360°, mais elle est plus vulnérable une fois en batterie.

Cuirassements

La protection par le béton peut être complétée par des cuirassements (blindages) en acier sur toutes les ouvertures. Ces cuirassements peuvent être divisés en quatre catégories : les portes (blindés et souvent étanches), les créneaux (obturés par des trémies), les cloches et les tourelles.

Cloches

Les cuirassements fixes appelés « cloches » servant essentiellement à l’observation et pouvant être équipées de jumelles, de différents types de périscopes ou encore d'armes d'infanterie suivant les modèles. S'y rajoute les champignons couvrant les prises d'air. Il existait six types de cloches :

Tourelles

Les cuirassements mobiles appelés « tourelles à éclipse » sont capables de s'éclipser pour protéger l'armement en ne laissant à la surface qu'une calotte d'acier spécial d'environ 300 millimètres d'épaisseur. En position de tir, la tourelle monte d'environ un mètre dégageant ainsi les embrasures de tir. Elle peut pivoter sur 360° et offre l'avantage d'être très compacte pour une puissance de feu très importante.

Armement

Mortier de 75 mm modèle 1931 sous casemate (bloc 2 de l'ouvrage de Saint-Ours Haut).
Mortier de 81 mm sous casemate (bloc 2 de l'ouvrage de Saint-Ours Haut).
Armes d'artillerie
Armes d'infanterie

On constate donc que l’armement de la ligne Maginot se base sur le canon de 75 mm, qui fut très performant en 1914-1918, et qui montra une nouvelle fois toute sa valeur dans la ligne Maginot : par exemple, une tourelle de 75 mm R modèle 1932 pouvait tirer à une cadence de 30 coups par minute tout en étant d'une précision redoutable.

Troupes

Relève dans un gros ouvrage de la ligne Maginot en 1939.

La ligne Maginot nécessite des unités spécialisées pour servir d'équipages aux ouvrages et casemates, ainsi que de troupes d'intervalle :

S'y rajoutent d'autres unités spécialisées rattachées aux troupes de forteresse : régiments d'artillerie lourde sur voie ferrée, groupes de reconnaissance de région fortifiée ; bataillons de mitrailleurs, du génie de région fortifiée, de sapeurs de chemins de fer, de pionniers ; compagnies autonomes de forteresse, de garde républicaine mobile (gardes-frontières), de parc du génie, d'électromécaniciens de forteresse, de télégraphistes, de radio, d'auxiliaires de destruction minière, d'inondation, automobiles de quartier-général (train), d'aérostation ; détachements colombophiles, groupes d'exploitation (intendance), groupes sanitaires, groupes aériens d'observation et sections d'éclaireurs-skieurs.

Enfin, en plus des unités spécifiques de forteresse, la ligne Maginot est en plus couverte par les grandes unités de l'armée de manœuvre, soit :

Pour la portion de Sedan à Nice, cela représente 28 divisions d'infanterie déployées sur la position le 10 mai 1940[N 1], dont trois dans les Alpes, avec en soutien à proximité vingt autres divisions[N 2], ainsi que les groupes de bataillons de chars, l'artillerie lourde des corps d'armée, la réserve d'artillerie, les unités de cavalerie, les escadrilles de chasse, de bombardement et de reconnaissance de l'Armée de l'air, etc.

Organisation

Les équipages des fortifications (ouvrages, casemates ou blockhaus), les troupes d'intervalle (unités d'infanterie, d'artillerie, du génie, de reconnaissance et de gardes frontaliers) et les différents services (train, santé, intendance, instruction, etc.) sont regroupés par zone géographique sous les ordres d'un des 24 secteurs fortifiés (ou défensifs dans les cas les moins développés) que comptent la ligne.

Temps de paix

Le découpage des commandements se fait dès 1828 selon les limites des régions militaires et de leurs subdivisions :

Deux « régions fortifiées », celle de Metz (secteurs de la Crusnes, de Thionville, de Boulay et de Faulquemont) et celle de la Lauter (secteurs de Rohrbach, des Vosges et de Haguenau), couvrent la frontière nord de l'Alsace et de la Lorraine. S'y rajoute la région fortifié de Belfort (secteurs de Mulhouse, d'Altkirch et de Montbéliard), qui disparait à la mobilisation, et la région fortifiée du Sud-tunisien (surnommée la « ligne Mareth »).

Temps de guerre
Organisation de la ligne en secteurs en 1939-1940.

Suite à la mobilisation générale (à partir du 2 septembre 1939) et à la déclaration de guerre (le 3, à 17 h), les secteurs fortifiés et défensifs passent sous le commandement des unités (armées, corps d'armée et divisions) qui les couvrent. Pendant l'hiver 1939-1940, le commandement des fortifications du Nord-Est est réorganisé[3] : les régions fortifiées sont dissoutes pour devenir des corps d'armée de forteresse (CAF)[N 4], les secteurs les moins puissants deviennent des divisions d'infanterie de forteresse (DIF). Au début de l'offensive allemande du 10 mai 1940, les fortifications françaises dépendent donc des grandes unités de manœuvre :

Restent indépendants : le 45e CAF (SF du Jura), l'organisation défensive de la Corse et la région fortifiée du Sud-tunisien.

Frontière franco-belge

En 1927, la Commission avait estimé que la défense du Nord devait se faire sur le territoire belge (alors allié). Entre 1931 et 1934 ne sont donc construites que quelques casemates d'infanterie dans les forêts de Raismes (12 casemates CORF[N 5]) et de Mormal (13 casemates). À partir de 1934 sont aménagés les tronçons « nouveaux fronts » des secteurs fortifiés de l'Escaut (qui compte deux casemates CORF et un petit ouvrage : Eth) et de Maubeuge (sept casemates et quatre petits ouvrages : Les Sarts, Bersillies, La Salmagne et Boussois).

Le retour à la neutralité de la Belgique le 14 octobre 1936 entraine la construction de 1937 jusqu'à 1940 d'un front continu le long de la frontière, composé de casemates STG[N 6] et d'une foule de petits blockhaus MOM[N 7].

Frontière franco-allemande

Région fortifiée de Metz 
Vue en enfilade des créneaux de 75 mm du bloc 6 de l'ouvrage de Latiremont.
Tourelle de 135 mm éclipsée (bloc 9 de l'ouvrage du Hackenberg).

La région fortifiée de Metz est une des deux zones les plus abouties de la ligne : d'une part à cause de l'histoire de la ville de Metz, de la présence d'industries sidérurgiques, mais également parce que c'est l'une des premières régions où elle a été construite. La région se subdivise en quatre secteurs.

Articles détaillés : SF Crusnes, SF Thionville, SF Boulay et SF Faulquemont.

le secteur fortifié de la Crusnes est de type « nouveau front » avec trois gros ouvrages (Fermont, Latiremont et Bréhain) quatre petits (Ferme-Chappy, Mauvais-Bois, Bois-du-Four et Aumetz) et une série de 35 casemates d'intervalle.

Le secteur fortifié de Thionville est le secteur le mieux fortifié de toute la ligne, le seul à avoir été construit entièrement selon les plans, avec sept gros ouvrages (Rochonvillers, Molvange, Soetrich, Kobenbusch, Galgenberg, Métrich et Billig), quatre petits (Immerhof, Bois-Karre, Oberheid et Sentzich) et 17 casemates.

Le secteur fortifié de Boulay est composé d'une partie occidentale puissante, mais celle orientale est incomplète. Au total s'y trouvent quatre gros ouvrages (Hackenberg, Mont-des-Welches, Michelsberg et Anzeling), onze petits (Coucou, Hobling, Bousse, Berenbach, Bovenberg, Denting, Village-de-Coume, l'Annexe Sud de Coume, Annexe Nord de Coume, Coume et Mottenberg) et 17 casemates.

Le secteur fortifié de Faulquemont est de type « nouveau front » incomplet, avec cinq petits ouvrages (Kerfent, Bambesch, Einseling, Laudrefang et Teting) et huit casemates.

Trouée de la Sarre 

En 1935, la Sarre redevient allemande après plébiscite[N 8], d'où la création du secteur défensif de la Sarre, dépendant de la 20e région militaire, car il n'y avait rien entre la RF de Metz et celle de la Lauter. Faute de budget, il n'y est construit en 1939-1940 qu'une ligne de casemates de type STG[N 6] protégée par des inondations (on parle de « ligne Maginot aquatique » pour ce secteur). Le 15 mars 1940 le secteur change de nom pour devenir le secteur fortifié de la Sarre, dépendant de la 4e armée.

Article détaillé : secteur fortifié de la Sarre.
Région fortifiée de la Lauter 
Entrée des munitions de l'ouvrage de Schoenenbourg.

La région fortifiée de la Lauter doit son nom au cours d'eau marquant la frontière entre Wissembourg et le Rhin. La région, large de 70 kilomètres, se subdivise en trois secteurs.

Articles détaillés : SF Rohrbach, SF Vosges et SF Haguenau.

Le secteur fortifié de Rohrbach est composé de deux gros ouvrages (Simserhof et Schiesseck), trois petits (Welschhof, Rohrbach et Otterbiel) et 25 casemates d'intervalle.

Le secteur fortifié des Vosges, profitant de la protection du relief, est moins puissant que ses voisins, avec deux gros ouvrages (Grand-Hohékirkel et Four-à-Chaux), un petit (Lembach) et 33 casemates.

Le secteur fortifié de Haguenau a sa partie occidentale puissante avec deux gros ouvrages (Hochwald et Schoenenbourg), sa droite étant une simple ligne de casemates jusqu'au Rhin, avec un total de 54 casemates.

Ligne du Rhin 

Le franchissement du Rhin (large de plus ou moins 200 mètres) est interdit par la construction dès 1930 de deux lignes de défense, d'une part une première ligne de casemates sur la berge de la rive gauche du fleuve (« ligne de berge »), d'autre part une seconde ligne un peu plus en arrière, composée d'abris et de casemates (dite « ligne des abris »). À partir de 1931, commence la construction d'une troisième ligne (dite « ligne des villages »), constituée elle aussi de casemates CORF. L'ensemble totalise 85 casemates CORF d'infanterie, complétées par une foule de blockhaus MOM[N 7], mais sans aucun ouvrage d'artillerie. Le tout est divisé en trois secteurs.

Articles détaillés : SF Bas-Rhin, SF Colmar et SF Mulhouse.

Frontière franco-suisse

Dans l'hypothèse d'une attaque allemande par la Suisse, la Commission avait envisagé en 1926 la construction d'une région fortifiée puissante de la rive du Rhin jusqu'au Jura, en avant de la place de Belfort ; l'hypothèse étant jugée peu plausible, la construction fut repoussée à plus tard, puis abandonnée. La remilitarisation de la Rhénanie (le 7 mars 1936) par les Allemands entraine d'une part le renforcement des forts Séré de Rivières autour de Belfort, d'autre part la construction en Haute-Alsace d'une ligne de casemates STG[N 6] en arc-de-cercle à douze kilomètres autour de Bâle[N 9]. La région fortifiée de Belfort est remplacée par deux secteurs défensifs dès septembre 1939.

La frontière franco-suisse dans le département du Doubs est très légèrement fortifiée (sept casemates STG et surtout des blockhaus MOM[N 7]), en s'appuyant sur le relief du Jura, sur le Doubs et sur les vieux forts Séré de Rivières.

Article détaillé : Secteur fortifié du Jura.

Frontière franco-italienne

L’entrée de l’ouvrage de Saint-Ours Haut, typique des gros ouvrages des Alpes.
Entrée de l'ouvrage du col de la Moutière. On voit là toute la différence avec les entrées des gros ouvrages alpins.

Par rapport à la ligne Maginot du Nord-Est, la ligne Maginot du Sud-Est (alpine) s’organise différemment. En effet le relief montagneux des Alpes facilite la défense. Il est plus difficile de faire avancer une armée en haute montagne que dans les grandes plaines du nord-est de la France. Les ouvrages de la ligne alpine sont donc implantés pour verrouiller les points de passage importants (cols et débouchés de vallées) et non en une ligne continue. On n'a pas, comme dans le Nord-Est, une ligne de feu continue, mais plutôt un barrage ponctuel solide soit en action frontale, soit en flanquement. On peut noter cependant que ces gros ouvrages sont moins fortement cuirassés (l’artillerie lourde est quasiment impossible à mettre en place en montagne) et certains sont même dépourvus de systèmes de filtration d'air contre les gaz de combat (une attaque aux gaz en altitude n’a quasiment aucun effet).

La partie Sud-Est de la ligne Maginot se subdivise en quatre secteurs.

Articles détaillés : SD Rhône, SF Savoie, SF Dauphiné et SF Alpes-Maritimes.
Secteur fortifié de la Savoie

Organisé autour de Bourg-Saint-Maurice et de la vallée de la Maurienne, le secteur de la Savoie se concentre essentiellement sur la défense des accès à la vallée de la Maurienne autour de Modane en particulier avec les gros ouvrages du Sapey, de Saint-Gobain, de Saint-Antoine, du Lavoir et du Pas-du-Roc et les petits ouvrages et avant-postes de l’Arrondaz, des Rochilles et du Fréjus.

La défense de Bourg-Saint-Maurice se cantonne seulement à quelques petits ouvrages d’infanterie (Versoyen, Châtelard et Cave-à-Canon).

Secteur fortifié du Dauphiné

Centré autour de Briançon et de la vallée de l’Ubaye, les ouvrages du secteur du Dauphiné verrouillent les points de passage importants vers Briançon (cols de Montgenèvre, de l’Échelle…) et d'entrée dans l’Ubaye (col de Larche, débouchés de la vallée de la Stura…).

On retrouve autour de Briançon le gros ouvrage du Janus ainsi que les petits ouvrages du col de Buffere (inachevé), du col du Granon (également inachevé), des Aittes et du Gondran E.

La position de l’Ubaye est plus importante avec les gros ouvrages de Roche-la-Croix, de Saint-Ours Haut, du Restefond (inachevé à cause de son altitude : plus de 2 000 m, le plus haut de la ligne) et les petits ouvrages de Plate-Lombarde, Saint-Ours Bas, l’avant-poste de Larche, les PO du col de Restefond, des Granges Communes et de la Moutière.

Secteur fortifié des Alpes-Maritimes

Le SFAM termine la ligne depuis le col de la Bonette jusqu'à la mer Méditerranée à Menton en s'étirant le long des vallées de la Tinée et de la Vésubie, autour de Sospel pour terminer au pied du cap Martin à proximité de Menton. Ce secteur puissamment défendu verrouille tous les accès le long de ces vallées.

On retrouve les ouvrages suivants (du nord au sud) : du Col-de-Crous, du Col-de-la-Valette, du Rimplas (le premier ouvrage de la ligne Maginot commencé dès 1928), de Fressinea, de Valdeblore, de la Serena (inachevé), du Col-du-Caire-Gros (inachevé), du Col-du-Fort (inachevé), de Gordolon, de Flaut, de Baisse-Saint-Vérant (inachevé), de Plan-Caval (inachevé) dans l'Authion, de la Béole, du Col-d’Agnon, de la Déa, du Col-de-Brouis, du Monte-Grosso, du Champ-de-Tir-de-l’Agaisen, de l’Agaisen, de Saint-Roch, du Barbonnet, de Castillon, du Col-des-Banquettes, de Sainte-Agnès, du Col-de-Garde, du Mont-Agel, de Roquebrune, de la Croupe-du-Réservoir et enfin de Cap-Martin. Ces différents forts sont complétés par seize ouvrages d’avant-poste.

Histoire

Carte du Nord-Est de la ligne Maginot.
Article détaillé : Histoire de la ligne Maginot.

Projets

La conception de la ligne Maginot au cours des années 1920, puis sa réalisation au cours des années 1930 découlent directement de la Première Guerre mondiale. En effet, cette guerre a aggravé la situation démographique de la France, qui se trouve ainsi lourdement défavorisée face à l'Allemagne : en cas de nouvelle guerre, il est nécessaire d'économiser au maximum le précieux « sang français » exalté par les nationalistes dans l'entre-deux-guerres. De plus, la France a subi d'importantes destructions qui ont affecté de grandes villes, des terres agricoles fertiles et des bassins industriels de première importance ; pour éviter cela, il est nécessaire de garantir l’intégrité du territoire national. Ces nouvelles fortifications ont ainsi plusieurs missions en cas de guerre :

  • économiser les troupes et compenser les classes creuses causées par la Première Guerre mondiale ;
  • empêcher une attaque-surprise venant d'Italie ou d'Allemagne[N 10] et permettre de mobiliser l'Armée française à l'abri ;
  • protéger les bassins industriels et les mines d'Alsace et de Lorraine ;
  • servir de base à une éventuelle contre-attaque ;
  • pousser les Allemands à passer par la Belgique ou par la Suisse, obligeant d'une part le Royaume-Uni (garant de la Belgique) à se battre contre l'Allemagne, d'autre part en déplaçant la zone des combats hors de France (cette stratégie est la composante du plan Dyle).

Les premiers projets de la ligne Maginot voient le jour avec la création en 1925 de la Commission de défense des frontières (CDF), qui établie les premiers projets. Cet organisme est remplacé à partir de 1927 par la Commission d'organisation des régions fortifiées (CORF), qui fait établir les plans et les propose au ministre de la Guerre ; elle est composée d'officiers du génie et d'artillerie avec pour président l'inspecteur général du génie, qui est d'abord le général Fillonneau puis à partir de janvier 1929 et jusqu'en 1935 le général Belhague[4].

Construction

Article détaillé : Chronologie des constructions.

Les travaux commencent d'abord face à l'Italie, car le fascisme italien est à l'époque plus menaçant que la République allemande : les premiers chantiers sont ouverts en septembre 1928 dans les Alpes (ouvrage de Rimplas) puis en 1929 dans le Nord-Est (Rochonvillers, Hackenberg et Hochwald). Les crédits votés en décembre 1929 (loi Maginot) finançant un programme de fortification sur cinq ans (de 1930 à 1934) sont de 2,9 milliards de francs de l'époque (soit 1,6 milliard d'euros[N 11]), puis s'élèvent à 3,4 milliards grâce à des crédits supplémentaires. Du fait de la crise économique et de l'inflation constante, les dépenses sont compressées au maximum, ce qui se ressent sur la qualité des réalisations : de nombreux plans d'ouvrages sont revus par la Commission, de nombreux éléments sont au mieux ajournés, au pire supprimés. La construction de cette première tranche s’active jusqu'en 1933, date à laquelle le gros œuvre des principaux ouvrages est terminé.

En 1934, suite au vote d'une nouvelle loi-programme d'un milliard 275 millions de francs[5], une nouvelle série de chantiers s'ouvre dans la Sarre française et autour de Montmédy face à la Belgique. La CORF est dissoute en 1935. En 1936, après la remilitarisation de la Rhénanie par Hitler et les revendications de Mussolini sur Nice, des crédits supplémentaires sont alloués pour couvrir toute la frontière. Ces travaux sont menés sous l'autorité des commandants de chaque région militaire et sous le contrôle des inspecteurs généraux du génie (les généraux Huré de 1936 à 1938, Griveaud de 1938 à 1939 et Philippe de 1939 à 1940), mais ces constructions n’ont pas l'efficacité des premiers ouvrages et surtout ne sont pas terminées en mai 1940. Le résultat est que la portion la plus solide de la ligne s'arrête à la lisière du massif des Ardennes que certains experts comme le maréchal Pétain (héros de Verdun, général en chef de l’armée de 1918 à 1931 et ministre de la Guerre en 1934) jugeait « impénétrable » aux troupes mécanisées, au même titre que la Meuse et le canal Albert en Belgique.

Au total, la ligne Maginot a coûté plus de cinq milliards de francs de 1930 à 1936, ce qui représente environ 1,6 % du budget de l'État sur la période[6].

Campagne de France

Mobilisation et drôle de guerre

Mobilisation

La première mission de la ligne étant d'empêcher une attaque brusquée pendant la mobilisation (qui dure quinze jours), elle doit donc être opérationnelle avec la totalité de ses effectifs avant la déclaration de guerre. En conséquence, les ouvrages sont mis en alerte[N 12] dès que la situation internationale devient tendue, c'est-à-dire que les ouvrages et casemates sont occupés en une heure par le personnel d'active (l'échelon A, composé de conscrits et de professionnels) et la moitié de l'armement est mis en service. Ce fut le cas de mars à avril 1936 (remilitarisation de la Rhénanie), de mars à mai 1938 (Anschluss), de septembre à octobre 1938 (crise des Sudètes) et à partir du 21 août 1939 (crise du corridor de Dantzig).

La mesure suivante est l'alerte renforcée, correspondant au rappel des réservistes frontaliers (échelon B1), ce qui permet en une journée de mettre l'ensemble de l'armement opérationnel. Elle est suivie par l'ordre de mise en sûreté, correspondant au rappel des réservistes non-frontaliers affectés aux unités de forteresse (échelon B2) et l'occupation sous trois jours de toutes les positions avec des effectifs de guerre. Ensuite c'est l'ordre de couverture générale[N 13], c'est-à-dire le rappel de tous les réservistes affectés aux unités d'active permettant l'établissement sous six jours de 25 divisions le long de la frontière. Cette mobilisation partielle avait déjà été déclenchée du 23 septembre 1938 au 6 octobre de la même année. Le 24 août 1939, l'alerte renforcée est ordonnée en même temps que le dispositif de sûreté[7].

Le 25 août, l'Allemagne décrète la mobilisation générale pour le 26. Le 27 à minuit commence l'application de la couverture générale. Le 1er septembre, suite à l'attaque allemande contre la Pologne, la mobilisation générale française est décidée, applicable à partir du 2 à minuit ; la frontière avec l'Allemagne est fermée, les habitants de la zone frontalière sont évacués (notamment Strasbourg). Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne.

Drôle de guerre

Les premiers jours de la guerre, les forces françaises et la Wehrmacht allemande restent sur leurs positions respectives, à plusieurs kilomètres de la frontière. Du 9 au 21 septembre 1939, les 4e et 5e armées françaises, y compris quelques éléments d'infanterie de forteresse, sont engagés dans l'offensive de la Sarre.

Les ouvrages n'interviennent pas, faute d'objectifs à détruire, mis à part quelques tirs des tourelles pour soutenir les corps francs (de la part des ouvrages du Simserhof, du Grand-Hohékirkel, du Four-à-Chaux et du Hochwald).

Article connexe : drôle de guerre.

Mai 1940

Article connexe : Fall Gelb.
Tourelle pour deux armes mixtes arrachée par une charge explosive (ouvrage de la Ferté, bloc 2).

Le 10 mai 1940, la Wehrmacht passe à l'offensive à travers le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas. Son axe principal évite les secteurs les plus puissants de la ligne Maginot, longeant la position avancée de Longwy (11 au 13 mai, finalement évacuée par les Français) avant de percer à travers le secteur défensif des ArdennesMonthermé) et le secteur fortifié de MontmédySedan) du 13 au 15 mai.

Article connexe : Percée de Sedan.

Les fortifications au nord-ouest de cette percée sont prises à partie au fur et à mesure de la progression allemande : d'abord le secteur de Maubeuge (du 16 et 23 mai), ensuite le secteur de l'Escaut (22 au 27 mai) et enfin le secteur des Flandres (lors de la bataille de Dunkerque, du 25 mai au 3 juin). Ces différents secteurs sont faiblement fortifiés, ils ne comptent aucun ouvrage d'artillerie : les casemates sont rapidement prises par les troupes allemandes attaquant sur leurs arrières tandis que les quelques ouvrages d'infanterie (Les Sarts, Bersillies, La Salmagne, Boussois et Eth) doivent se rendre après leur neutralisation par des tirs dans les embrasures et la destruction des bouches d'aération. Il y a un cas particulier, l'ouvrage de la Ferté qui se trouve à l'extrémité du secteur de Montmédy : il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie (deux blocs), qui se retrouve isolé, dont tous les cuirassements (sept cloches et une tourelle) se font détruire par des pionniers allemands armés d'explosifs (17-19 mai) et dont l'équipage meurt asphyxié.

Juin 1940

Cloche GFM du bloc 2 de l'ouvrage du Kerfent, détruite par les canons antichars allemands le 21 juin 1940.
Façade de casemate percée par les obus allemands (bloc 2 de l'ouvrage du Bambesch).
Article connexe : Fall Rot.

Les 5 et 9 juin, les armées allemandes percent de nouveau le front sur la Somme et l'Aisne. Le 12 juin, les troupes françaises en Lorraine reçoivent l'ordre de décrocher progressivement vers le sud pour éviter l'encerclement[N 14]. Au même moment le groupe d'armée C allemand a ordre de se lancer frontalement à l'attaque des secteurs les plus faibles de la ligne Maginot en Alsace-Lorraine, c'est-à-dire dans la trouée de la Sarre et sur le Rhin.

Dans la Sarre (opération Tiger), la 1re armée allemande attaque la première ligne de casemates STG[N 6] le 14 juin, avant d'emporter les deux lignes le 15 suite à l'évacuation des troupes d'intervalle françaises dans la nuit du 14 au 15. Les forces allemandes se déploient donc sur les arrières des ouvrages de Lorraine dès le 17 : l'évacuation des ouvrages est annulée. Sur le Rhin (opération Kleiner Bär), la 7e armée allemande établit des têtes de pont sur la rive gauche entre Rhinau et Neuf-Brisach le 15 juin, juste avant que les Français évacuent (le 17), ce qui permet la prise de Colmar, puis de Belfort le 19. Quant aux troupes françaises battant en retraite vers le sud, elle finissent par se rendre entre le 21 et le 25 juin. Les ouvrages sont désormais encerclés, ce qui va permettre aux Allemands de les attaquer plus facilement.

Le 19 juin, une percée est réussie dans le secteur des Vosges, malgré les tirs du Four-à-Chaux. Le 20, c'est au tour des casemates du plateau d'Aschbach, qui résistent grâce à l'appui de l'artillerie du Schoenenbourg. Les casemates et surtout les ouvrages sont bombardés par des stukas et par l'artillerie lourde (le Schoenenbourg reçoit 160 bombes, 50 obus de 420 mm et 33 de 280 mm)[8].

Bloc 3 de l'ouvrage du Bambesch, capturé par les Allemands le 20 juin 1940.

Dans les autres secteurs, les Allemands se limitent principalement à des tirs tendus contre les murs arrières et contre les embrasures des blocs, ce qui, au bout de plusieurs heures de tir, finit par percer le béton et l'acier des cloches. Dans le secteur de Faulquemont, le Bambesch est attaqué le 20, un canons de 88 mm perce le bloc 2, ce qui entraine la reddition de l'ouvrage. Le 21, c'est au tour du Kerfent dont le bloc 3 est perforé à coups de 88 mm, tandis qu'à l'Einseling un assaut sur les dessus est repoussé par les mortiers de 81 mm du Laudrefang. Ce dernier, ainsi que le Teting, seront vivement canonnés jusqu'à la conclusion de l'armistice[9].

Dans le secteur de la Crusnes, les ouvrages de la Ferme-Chappy et de Fermont sont attaqués le 21 : après une préparation d'artillerie lourde (210 mm Krupp et 305 mm Skoda), des bombardements par stukas et des tirs de canons de 88 mm, les sections d'assaut sont repoussés par les tirs du Latiremont (1 577 obus tirés en un jour)[10]. Dans le secteur de Boulay, l'ouvrage du Michelsberg est attaqué le 22 juin, mais les tirs des ouvrages voisins (Hackenberg et Mont-des-Welsches) nettoient rapidement les approches[11]. Dans le secteur de Rohrbach, après la reddition le 21 du Haut-Poirier (bloc 3 percé par un obus perforant de 150 mm), la même chose se produit au Welschhof le 24 avec le bloc 1[12].

L'armistice entre la France et l'Allemagne est signé le 22 juin 1940, mais il n'entre en application que le 25 juin à h 35, après qu'un armistice entre la France et l'Italie ne soit signé (le 24 au soir). Les Allemands prennent possession des ouvrages du Nord-Est du 26 juin au 2 juillet, les Italiens ceux du Sud-Est, tandis que les équipages sont fait prisonniers ; les plans des ouvrages sont livrés à l'occupant.

Dans les Alpes

Les secteurs fortifiés du Sud-Est dépendent en temps de paix des 14e et 15e région militaire (QG respectifs à Lyon et Marseille). Ils sont mis en alerte en même temps que ceux du Nord-Est le 22 août 1939, puis dès le lendemain les réservistes des unités de forteresse sont appelés ; la mobilisation générale commence le 2 septembre, portant en quinze jours la 6e armée (appelé aussi l'armée des Alpes), à qui est confiée la défense de la frontière du Sud-Est, a son effectif maximal. Les troupes occupent alors leurs positions face au royaume d'Italie avec laquelle la République française n'est pas en guerre. Cette situation se poursuit jusqu'à la déclaration de guerre de l'Italie à la France et au Royaume-Uni le 10 juin 1940. Dès le premier jour des hostilités, tous les ponts et tunnels des cols sont détruits par le Génie. Étant donné l'enneigement tardif pour la saison, les Italiens retardent leur attaque. L'offensive ne commence qu'à partir du 20 juin, malgré le mauvais temps (interdisant les bombardements aériens).

Article détaillé : Bataille des Alpes.

En Savoie, les attaques du Corpo d'Armato Alpino en Tarentaise (cols de la Seigne et du Petit-Saint-Bernard : opération Bernardo) et du Corpo d'Armata en Maurienne (col du Mont-Cenis) sont bloquées par les avant-postes et l'artillerie des ouvrages jusqu'à l'armistice.

Article détaillé : Combats dans le vallon du Seuil.

Dans le secteur du Dauphiné, le 4° Corpo d'Armata, chargé de prendre le Briançonnais, est lui aussi bloqué au col de Montgenèvre ; le 21 juin, quatre mortiers français de 280 mm neutralise le fort italien du Chaberton (dont les huit tourelles d'artillerie bombardaient l'ouvrage du Janus). En Ubaye, le 2° Corpo d'Armata (opération Maddalena) est arrêté juste après le col de Larche par les avant-postes soutenus par les tirs des ouvrages de Saint-Ours Haut et de Roche-la-Croix.

Dans la partie montagneuse des Alpes-Maritimes, les avant-postes ne sont presque pas inquiétés, rapidement dégagés par les tirs des ouvrages (de Rimplas et de Flaut). Les attaques sont plus importantes le long de la côte, dès le 14 juin, en raison de l'absence de neige (opération Riviera menée par le 15° Corpo d'Armata) : les points d'appui le long de la frontière doivent être évacués le 22, une partie de Menton est prise par les Italiens, mais là aussi les avant-postes français résistent grâce aux tirs de soutien des ouvrages (notamment ceux du Mont-Agel et du Cap-Martin) et des batteries d'intervalle.

Article détaillé : Bataille de Pont Saint-Louis.

L'armistice du 24 juin 1940 entre l'Italie et la France est signé à Rome, avec application le 25 juin à h 35. Les fortifications du Sud-Est se trouvent dans la zone d'occupation italienne en France et sont évacuées (avec une partie du matériel) avant le 5 juillet[13].

De juillet 1940 à 1945

Occupation allemande

Visite de l'ouvrage du Hackenberg par le Generalleutnant Kurt Daluege (ici à l'entrée des munitions).
Le bloc 1 de l'ouvrage du Four-à-Chaux, témoin des expérimentations allemandes : du gaz explosif fut testé à l'intérieur du bloc.

Suite à l'armistice, les ouvrages du Nord-Est sont occupés par l'Armée allemande, qui maintient sur place des petites équipes de prisonniers de guerre pour assurer le déminage, l'entretien et expliquer le fonctionnement des équipements. Début 1941, les services de propagande allemands organisent quelques reconstitutions filmées des combats de 1940 : bombardements lourds, tirs dans les embrasures et assaut au lance-flamme[N 15].

À partir de l'été 1941, commencent les opérations de récupération d'une partie de l'armement et de l'équipement, pour équiper les fortifications allemandes (entre autres le mur de l'Atlantique) ou être stocké. Sont enlevés :

À partir de 1944, suite aux bombardements anglo-saxons sur l'Allemagne et la France, quelques ouvrages sont réutilisés, trois sont transformés pour servir en cas de besoin de PC souterrain pour des états-majors (Rochonvillers, Molvange et Soetrich), deux autres comme dépôts (pour la Reichspost au Mont-des-Welsches, pour la Kriegsmarine au Simserhof) et cinq autres comme usines d'armement (Métrich, Hackenberg, Michelsberg, Anzeling et Hochwald). Ces usines étaient installées dans le magasin à munitions des ouvrages et employaient des prisonniers ou des déportés soviétiques.

Combats de 1944-1945

Façade du bloc 8 de l'ouvrage du Hackenberg, percée par les obus américains en novembre 1944.
Troupes américaines inspectant les fortifications en 1944 (bloc 11 de l'ouvrage du Hochwald).

Suite à la défaite allemande en août 1944 lors de la bataille de Normandie, le haut-commandement allemand ordonne de remettre en état les fortifications le long des frontières occidentales du Reich[14], soit non seulement la ligne Siegfried, mais aussi celles se trouvant en Alsace-Moselle (territoires annexés en juillet 1940[15]) : les vieux Festen autour de Metz et de Thionville (formant « l'arsenal de Metz-Thionville ») et des éléments de la ligne Maginot.

Les forces américaines arrivent en Lorraine au début de septembre 1944 : il s'agit des éléments de la 3e armée du général Patton, qui sont bloqués devant Metz jusqu'au début de novembre. Certains éléments de la ligne sont alors utilisés par les Allemands pour retarder l'avance américaine, les autres sont sabotés. Le 15 novembre 1944, les Américains de la ouvrage du Hackenberg (trois canons de 75 mm en casemate servis par des éléments de la 19. VGD) : le bloc est neutralisé le 16 par un canon-automoteur de 155 mm qui perce la façade, avant que l'ouvrage ne soit occupé le 19. Le 25, les casemates et ouvrages du secteur fortifié de Faulquemont défendus par quelques éléments de la 36. VGD allemande sont pris par la ouvrage du Bambesch). Le 7 décembre, les casemates du secteur fortifié de la Sarre entre Wittring et Achen sont prises d'assaut par la Bataille de Metz.

En Alsace, la majeure partie de la plaine est libérée en novembre 1944, mise à part la poche de Colmar. Les casemates de la berge gauche du Rhin étant inutiles pour les Allemands, elles sont systématiquement neutralisées. Au nord de l'Alsace, c'est la 7e armée américaine du général Patch qui doit percer ; son Bitche, où la défense est beaucoup plus sérieuse[17]. La ouvrage du Simserhof du 13 au 19 décembre 1944 et la ouvrage du Schiesseck du 17 au 21 : après d'importants bombardements à coup d'obus et de bombes, puis des tirs dans les embrasures par des Tanks Destroyers (bloc 5 du Simserhof[18]), il faut recouvrir de terre les cuirassements avec des chars-bulldozers (des Poche de Colmar, Bataille des Vosges et Bitche en 1945.

Toutes les opérations offensives sont suspendues suite aux contre-offensives allemandes dans les Ardennes et dans le nord de l'Alsace, l'inquiétude est telle que le général Charles Griveaud est appelé afin de renseigner les Américains sur les moyens de la mettre hors d'état de nuire ou de s'en servir. Les forces américaines sont même évacuées d'Alsace. Lors de cette nouvelle occupation de janvier à mars 1945, les Allemands vont saboter systématiquement les casemates et les ouvrages qui sont encore en état (Hochwald et Schoenenbourg). La région de Bitche est reprise une seconde fois par les Américains de la 100th ID les 15 et 16 mars 1945.

Guerre froide

Entrée des hommes de l'ouvrage de Schoenenbourg modifiée après 1950.
Salle des opérations de la BA 901 construite en 1955-1957 sous l'ouvrage du Hochwald.
Porte anti-atomique de l'entrée des munitions de l'ouvrage de Rochonvillers, transformé en 1980-1981 en PC souterrain.

Après la guerre, l’Armée française réinvestit la ligne, qui n'est plus opérationnelle en raison d'une part des dégâts subis lors des combats de 1940 et 1944, d'autre part des démontages (au profit du mur de l'Atlantique) et des essais. Dès mars 1946, après inventaire, le Génie entreprend pour certains cas une remise en état partielle (à partir des pièces de rechange), pour les autres, des mesures de conservation (nettoyage et fermeture) sont prises.

À partir de 1949, le début de la Guerre froide et la création de l’OTAN face à la menace soviétique motivent l'accélération de la remise en état de la ligne Maginot (priorité aux groupes électrogènes et aux tourelles d'artillerie). En 1950 est créé un organisme chargé des fortifications : le Comité technique des fortifications (CTF). En plus de la remise en état, le Comité doit moderniser la ligne, notamment par des projets de protection contre le souffle des explosions nucléaires, de développement de matériels nouveaux (missiles antichars ; remplacement des canons de 75 mm par des 105 mm), d'arasement des cloches, de meilleurs réseaux de transmission, d'installation de champs de mines, de prise d'air à travers la rocaille, etc.). Dans le cadre théorique du dispositif arrière des forces de l'OTAN, sont prévus par les Français trois « môles fortifiés » remis en état en priorité entre 1951 et 1953 : môle de Rochonvillers (Rochonvillers, Bréhain, Molvange et Immerhof), de Bitche (Simserhof, Schiesseck, Otterbiel et Grand-Hohékirkel) et d'Haguenau (Four-à-Chaux, Lembach, Hochwald et Schoenenbourg). Trois autres môles sont prévus en priorité secondaire : môle de Crusnes (Fermont et Latiremont), de Thionville (du Soetrich au Billig) et de Boulay (du Hackenberg au Dentig). Les travaux ne se limitent pas à ces môles, les ouvrages du Sud-Est (Alpes) sont remis en état, la zone d'inondation du secteur de la Sarre est réparée (étangs-réservoirs et digues), de nombreux blocs d'ouvrage ayant été matraqués par des obus sont rebétonnés. Comme une partie de l'armement manque, la production des différents modèles est relancée en 1952[N 17].

Deux ouvrages sont cédés à l'Armée de l'air pour en faire des bases radars : en 1954 le Mont-Agel (devient en 1960 la base aérienne 943 de Roquebrune-Cap-Martin) et en 1956 le Hochwald (devient en 1960 la base aérienne 901 de Drachenbronn).

En 1960, tous les travaux sont arrêtés, les projets sont annulés, avant que les ouvrages ne soient progressivement déclassés à partir de 1964, car « n'ayant aucun rôle à jouer dans les plans de l'OTAN »[19] : le contexte est à la détente, les missiles à tête nucléaire (explosion de la première arme nucléaire française en février 1960) servant de dissuasion rendent obsolètes les fortifications linéaires. L’armée abandonne les ouvrages (sauf le Hochwald, le Rochonvillers, le Molvange et le Soetrich), en y faisant d'abord que du gardiennage, avant de commencer à vendre les terrains (première vente de casemates en 1970, de l'ouvrage d'Aumetz en 1972, du Mauvais-Bois en 1973, etc.). La majorité des casemates et les blocs ont leurs cuirassements ferraillés, ils sont généralement vandalisés et pillés (notamment les câbles en cuivre), d'où le remblayage de certaines entrées. Dans le cas de l'ouvrage de Rochonvillers, les installations souterraines sont utilisées par l'OTAN de 1952 à 1967 (PC du CENTAG : Central Army Group), avant de connaitre en 1980 des travaux visant à le transformer en PC souterrain pour la 1re armée française : protection NBC pour les entrées, usine et caserne modernisées, le magasin à munitions transformé en centre opérationnel et des antennes placées sur les dessus. En mai 1997, le PC est démantelé[20].

Ouvertures au public

Si quelques ouvrages sont encore propriétés de l'Armée, la majorité a été rachetée par des communes ou est propriété privée. Aujourd'hui, plusieurs associations ont pris en charge certains ouvrages, les ont restaurés et ont ainsi ouvert au public un pan de l’histoire française aujourd'hui encore largement méconnu. Certains ouvrages sont ouverts presque tous les jours, d'autre seulement certains jours. Les principaux sites ouverts au public sont :

Notes et références

Notes

  1. Soit cinq divisions d'infanterie d'active, neuf divisions de réserve série A, treize divisions de réserve série B et une division écossaise (51st (Highland) Infantry Division (en)). Du nord au sud : la zone de la 2e armée avec la 55e DI, la 3e DINA, la 3e DIC et la 41e DI ; la 3e armée avec la 51e DI, la 58e DI, la 20e DI, la 56e DI, la 2e DI, la 51st HID, la 42e DI et la 26e DI ; la 4e armée avec la 47e DI, la 11e DI, la 82e DIA et la 52e DI ; la 5e armée avec la 24e DI, la 31e DIA, la 30e DIA, la 70e DI, la 16e DI et la 62e DI ; la 8e armée avec la 54e DI, la 67e DI et la 63e DI ; la 6e armée avec la 66e DIA, la 64e DIA et la 65e DIA. Source : Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 61  et op. cit., t. 5, p. 5 .
  2. Du nord au sud : la réserve de la 2e armée avec la 71e DI et la 1re DIC ; la réserve de la 3e armée avec la 7e DI, la 6e DI, la 6e DINA, la 10e DI et la 6e DIC ; la 4e armée avec la 45e DI, la 87e DIA, la 14e DI et la 1re division polonaise ; la 5e armée avec la 5e DIC, la 44e DI et la 35e DI ; la 8e armée avec la 19e DI, la 13e DI, la 27e DI et la 57e DI ; la 6e armée avec la 8e DIC et la 2e DIC.
  3. En 1939, la 1re région militaire s'étend sur les départements du Pas-de-Calais et du Nord (moins le canton de Trélon). La 2e région militaire couvre les départements du Nord (canton de Trélon), des Ardennes, de la Meuse (cantons de Stenay et de Montmédy), de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne. La 6e région militaire couvre une partie des départements de la Meuse (moins les cantons de Stenay et Montmédy), de la Meurthe-et-Moselle (arrondissement de Briey, cantons de Thiaucourt et de Pont-à-Mousson), de la Moselle (arrondissements de Metz, de Thionville et de Boulay) et de la Marne. La 20e région militaire comprend les départements de la Meurthe-et-Moselle (moins l'arrondissement de Briey, les cantons de Thiaucourt et de Pont-à-Mousson), de la Moselle (arrondissements de Sarrebourg, de Château-Salins, de Sarreguemines et de Forbach), du Bas-Rhin (moins le canton de Marckolsheim) et des Vosges. La 7e région militaire couvre les départements du Haut-Rhin, du territoire de Belfort, du Doubs, du Jura, de la Haute-Saône, de la Haute-Marne, ainsi qu'une partie du Bas-Rhin (canton de Markolsheim). La 14e région militaire comprend les départements des Hautes-Alpes, de la Savoie, de la Haute-Savoie, de la Drôme, de l'Isère, du Rhône, de l'Ain et une partie des Basses-Alpes (cantons de Saint-Paul, de Barcelonnette et du Lauzet). La 15e région militaire couvre les départements des Alpes-Maritimes, des Basse-Alpes (moins les cantons de Saint-Paul, Barcelonnette et du Lauzet), de l'Ardèche, des Bouches-du-Rhône, de la Corse, du Gard, du Var et du Vaucluse.
  4. La RFL (région fortifiée de la Lauter) le 5 mars, la RFB (RF de Belfort) le 16 et la RFM (RF de Metz) le 18.
  5. Les casemates CORF désignent les plus grosses casemates, avec une protection maximale en termes d'épaisseur de béton armé et de cuirassement.
  6. a, b, c et d Les casemates STG (Section technique du génie) sont plus petites et moins bien protégées que les casemates de la CORF.
  7. a, b et c Les casemates MOM (main-d'œuvre militaire) désignent des petites casemates faiblement protégées, surtout en comparaison de celle construites par la CORF.
  8. Le plébiscite sur la Sarre a lieu le 13 janvier 1935, donnant 90,7 % pour le rattachement à l'Allemagne, effectif le 1er mars.
  9. Le traité de Paris de 1815 interdit toute fortification à moins de trois lieues de Bâle.
  10. L'attaque-surprise est courante au début de la Seconde Guerre mondiale, stratégie menée par l'Italie, l'Allemagne et le Japon : c'est le cas pour l'Albanie le 7 avril 1939, la Pologne le 1er septembre 1939, la Finlande le 30 novembre 1939, le Danemark et la Norvège le 9 avril 1940, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas le 10 mai 1940, la Grèce le 28 octobre 1940, la Yougoslavie le 6 avril 1941, l'Union soviétique le 22 juin 1941, ainsi que les États-Unis et le Royaume-Uni le 7 décembre 1941. Mais en septembre 1939, c'est la France qui déclare la guerre à l'Allemagne ; les forces armées allemandes étant occupées avec la campagne de Pologne, il n'y a pas d'attaque-surprise.
  11. Un franc français de 1930 représente en pouvoir d'achat 0,54124 euro de 2010. Source : Pouvoir d'achat de l'euro et du franc sur http://www.insee.fr.
  12. La mise en alerte s'appelle la « Mesure 10 », sur ordre du Ministre ou à l'initiative du commandant de région militaire.
  13. La mise en alerte renforcée s'appelle la « Mesure 27 », elle aussi à l'initiative du Ministre ou du commandant de région militaire. La mise en sûreté correspond à la « Mesure 41 », sur ordre du Ministre. La couverture générale désigne la « Mesure 81 », sur ordre du Gouvernement.
  14. La retraite doit se faire progressivement : les services et troupes d'intervalles d'abord, puis au second jour les équipages de casemates et l'artillerie d'intervalle (après avoir saboter leurs canons), enfin théoriquement au troisième jour (si les Allemands restent immobiles) les équipages des ouvrages après destruction de l'armement et de l'équipement. On n'attend pas cet ordre dans le secteur de Montmédy, évacué du 10 au 13 juin.
  15. Ces reconstitutions filmées ont lieu contre les ouvrages de La Ferté, de Fermont et du Schoenenbourg.
  16. Sont démontés et emportés par les Allemands : la tourelle de 75 mm modèle 1933 du bloc 5 de l'ouvrage de Velosnes ; la Tourelle de 75 mm R modèle 1905/34 du bloc 5 de l'ouvrage du Chesnois ; la tourelles de mitrailleuses de l'ouvrage de la Ferme-Chappy ; les tourelles pour deux armes mixtes des ouvrages d'Eth, des Sarts, de la Salmagne, de Bersillies, de Boussois (bloc 2), du Chesnois (bloc 1), de Thonnelle (bloc 4) et de Vélosnes (bloc 1) ; les tourelles pour une arme mixte et un mortier de l'ouvrage de Boussois (bloc 3) et des casemates de Tallandier, d'Héronfontaine, de Rocq, du Bois-de-Marpent Nord et du Bois-de-Marpent Sud.
  17. Commande du CFT à la DEFA (Direction des expérimentations et fabrication d'armement) en mars 1952 : 53 jumelages de mitrailleuses, 80 périscopes, 13 pièces de 135 mm, 33 mortiers de 81 mm et 8 pièces de 75 mm, soit une commande de 905 millions de francs en comptant les rechanges.

Références

  1. Marc Halter, Histoire de la ligne Maginot, Strasbourg, Moselle River, 2011, 48 p. (ISBN 978-2952309240)  .
  2. Répartition et stationnement des troupes de l'armée française, Paris, Imprimerie nationale, janvier 1939 .
  3. Note du général Gamelin du 9 novembre 1939 et note du général Georges du 24 décembre 1939 ; mis en application du 1er janvier au 18 mars 1940. Source : Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, 2003, p. 26-27 .
  4. Postes de commandement avant la guerre sur http://web.genealogies.free.fr.
  5. Loi du 6 juillet 1934. Source : Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 1, p. 29 .
  6. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 1, p. 51 .
  7. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 1, 2001, 182 p. (ISBN 2-908182-88-2), p. 78-81 .
  8. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 216-220.
  9. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 210-212.
  10. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 206-208.
  11. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 208-209.
  12. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 212-215.
  13. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 5, p. 90-119.
  14. Directive de guerre no 61 du 24 août 1944.
  15. L'Alsace-Moselle est administrée de 1940 à 1944 en temps que CdZ-Gebiet Lothringen et CdZ-Gebiet Elsass.
  16. The U.S. Army vs. The Maginot Line sur http://www.militaryhistoryonline.com.
  17. Real Bitch sur http://44thdivision.efour4ever.com/.
  18. Sluggers at a German Siegfried Line Fortress: December 1944 sur http://44thdivision.efour4ever.com/.
  19. Rapport du chef du 3e bureau de l'état-major du 21 juin 1960.
  20. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 5, 2009, 183 p. (ISBN 978-2-35250-127-5), p. 152-176 .

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Roger Bruge, Histoire de la ligne Maginot, vol. 1 : Faites sauter la ligne Maginot !, Paris, Fayard, coll. « Grands documents contemporains », 1973, 447 p. (ISBN 2-213-00208-8) .
  • Roger Bruge, Histoire de la ligne Maginot, vol. 2 : On a livré la ligne Maginot, Paris, Fayard, coll. « Grands documents contemporains », 1975, 383 p. (ISBN 2-213-00188-X) .
  • Roger Bruge, Histoire de la ligne Maginot, vol. 3 : Offensive sur le Rhin, Paris, Fayard, coll. « Grands documents contemporains », 1977, 427 p. (ISBN 2-213-00542-7) .
  • Stéphane Gaber, La ligne Maginot en Lorraine, Metz, Éditions Serpenoise, 2005, 180 p. (ISBN 978-2-87692-670-7) .
  • Marc Halter, Histoire de la ligne Maginot, Strasbourg, Moselle River, 2011, 48 p. (ISBN 978-2952309240) .
  • (en) Marc Halter, History of the Maginot Line, Strasbourg, Moselle River, 2011, 48 p. (ISBN 978-2952309257) .
  • (en) J. E. Kaufmann et H. W. Kaufmann, The Maginot Line : None Shall Pass, Praeger Publishers, 1997, 192 p. (ISBN 978-0275957193) .
  • (en) Anthony Kemp, The Maginot line : myth ans reality, New York, Stein and Day, 1982, 120 p. (ISBN 0-8128-2811-9) .
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française », 2001, 2003 et 2009, 5 tomes (ISBN 2-908182-88-2, 2-908182-97-1 et 2-913903-88-6) .
  • Jean-Yves Mary, La ligne Maginot : ce qu'elle était, ce qu'il en reste, Sercap, 1991, 355 p. (ISBN 978-2-7321-0220-7) .
  • Gaston Prételat (général d'armée), Le destin tragique de la ligne Maginot, Paris, Berger-Levrault, 1950, 279 p.  (notice BNF no FRBNF32545186c).
  • Michaël Seramour, « Histoire de la ligne Maginot de 1945 à nos jours », dans Revue historique des armées, no 247, 2007 [texte intégral (page consultée le 17 décembre 2008)] .
  • Jean-Pascal Soudagne, L'histoire de la ligne Maginot, Rennes, éditions Ouest-France, 2006, 127 p. (ISBN 978-2-7373-3701-7) .
  • Jean-Pascal Soudagne, Comprendre la ligne Maginot : Nord, Ardennes, Lorraine, Alsace, Savoie, Dauphiné, Alpes-Maritimes, Rennes, éditions Ouest-France, 2009, 139 p. (ISBN 978-2-7373-4795-5) .
  • Philippe Truttmann, La Muraille de France ou la ligne Maginot, Thionville, Éditions G. Klopp, 1988, 627 p.  (notice BNF no FRBNF35020829d).
  • Jean-Bernard Wahl, Il était une fois la ligne Maginot : Nord, Lorraine, Alsace : historique et guide de la célèbre ligne fortifiée, Colmar, Jérôme Do. Betzinger Éditeur, 1999, 436 p. (ISBN 2-906238-85-6) .
  • Jean-Bernard Wahl, La Ligne Maginot en Alsace : 200 kilomètres de béton et d'acier, Steinbrunn-le-Haut, Éd. du Rhin, 1987, 438 p. (ISBN 2-86339-034-1) .

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