Les Indes noires

Les Indes noires
Les indes noires
Frontispice du roman
Frontispice du roman

Auteur Jules Verne
Genre roman fantastique
Pays d'origine France
Éditeur Pierre-Jules Hetzel
Date de parution 1877
Dessinateur Jules Descartes-Férat
Série Voyages extraordinaires
Chronologie
Hector Servadac
Un capitaine de quinze ans

Les Indes noires est un roman de Jules Verne, publié en 1877. L'œuvre fut publiée en feuilleton dans Le Temps du 28 mars au 22 avril, puis en volume le 24 septembre de la même année[1]. Il établit un parallèle entre la richesse mythique des Indes, orientales ou occidentales, et la nouvelle richesse des régions industrialisées d'Europe, fondée sur le charbon, au cours de la révolution industrielle.

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Sommaire

L'intrigue du roman

À la requête de Simon Ford, ancien contremaître des houillères d'Aberfoyle, en Écosse, dont les gisements sont censés être épuisés depuis une dizaine d'années, l'ingénieur en reprend l'exploitation.

L'intuition des deux hommes s'avère fondée, puisqu'un nouveau filon est découvert, permettant une reprise fructueuse de l'exploitation et entraînant la création d'une véritable « ville » minière sous la surface de la terre. Toutefois, divers phénomènes inexpliqués finissent par se produire et se multiplier, jusqu'à la découverte, dans une galerie de mine, de Nell, jeune fille qui semble n'avoir jamais vu la lumière du jour et n'avoir aucune notion de la division du temps en jours et heures…

Thèmes abordés dans le roman

  • Le fantastique (avec la chouette Harfang et qu’on retrouve dans Le Château des Carpathes) et l’importance du folklore.
  • La folie (incarnée par le personnage de Silfax)
  • Le rôle du chevalier servant (quand Harry Ford vient au secours de Nell, « l’enfant de l’abîme »)

Liste des personnages

  • James Starr, 55 ans, écossais, ingénieur, ancien directeur des houillères d'Aberfoyle.
  • Harry Ford, 25 ans, fils de Simon et Madge Ford. Il a choisi de vivre au fond de la mine avec ses parents.
  • Simon Ford, 65 ans, ancien overman[2] dans les houillères. Il n'a jamais quitté la fosse Dochart.
  • Madge Ford, épouse de Simon, la « bonne femme », en tout point d'accord avec son mari sur leurs conditions de vie.
  • Nell, 15 à 16 ans. Elle a passé toute son enfance dans les entrailles de la terre, en compagnie de son grand-père et du harfang.
  • Jack Ryan, 25 ans, ami d'Harry Ford. Piper[3], très superstitieux, son répertoire regorge d'histoires fantastiques.
  • Silfax, ancien pénitent[4] des houillères d'Aberfoyle, homme farouche, toujours accompagné d'un harfang, son unique compagnon, et grand-père de Nell.
  • Sir W. Elphiston, président de "Royal Institution", collègue de James Starr.
  • Le harfang, oiseau appartenant à Silfax.

Sources du roman

Les critiques ont dénombré plusieurs pistes pour mettre à jour la genèse des Indes noires. La première, et la plus évidente depuis que le récit en est paru, c'est son voyage avec Aristide Hignard en Angleterre et en Écosse[5]. En effet, pour décrire le cadre du pays où l'action se passe, Verne n'a qu'à puiser dans sa "relation de voyage" qu'il pense ne jamais publier (il y eut pourtant des tentatives auprès du Musée des Familles[6], et peut-être même d'Hetzel). Dès lors, des pans entiers de ses esquisses se retrouvent dans le roman (la remontée du Forth par James Starr à bord du Prince de Galles ou le chapitre XVIII, au moment de l'excursion de Nell en dehors du monde souterrain). L'Écosse a toujours été une seconde patrie pour Verne, impression sans doute due à l'ascendance maternelle[7]. On en retrouve bien sûr des traces dans Le Rayon vert et, bien auparavant, dans Les Enfants du capitaine Grant. En ce qui concerne la représentation de la vie des mineurs, Verne s'est largement inspiré du livre de Louis Simonin, La vie souterraine ou les Mines et les Mineurs, paru en 1866, en calquant surtout le vocabulaire minier (grisou, pénitent, lampe Davy, etc…). Il y a même trouvé le titre de son roman. Dans La vie souterraine (I. Chap.IV), on peut lire : « Les Anglais sont fiers de leurs houillères. Ils les ont appelées les “Indes noires”, Black Indies, pour montrer toute l'importance qu'ils attachent à cette exploitation[8]. » D'ailleurs, Verne n'est pas le seul à avoir été attiré par ce livre. Quelques années plus tard, Émile Zola y trouvera un nombre important de notes pour Germinal. Jacques Noiray pense également que l'écrivain a pu trouver l'inspiration pour son personnage de Nell, dans une nouvelle, L'ange de la houillère, parue dans le Musée des Familles de décembre 1854 à janvier 1855, et signée d'un certain C. Survilli (aussi orthographié Surmilli), dont personne n'a retrouvé la trace. L'histoire est celle d'une jeune fille de famille bourgeoise mais ruinée, qui descend travailler dans la mine pour subvenir aux besoins de son père malade et y rencontre le fils du patron[9]. Enfin, Jules Verne va, de visu, s'imprégner de l'atmosphère de la mine. En effet, le 6 novembre 1876, en compagnie du fils de son éditeur, il rend une visite aux mines d'Anzin. Il écrit quelques jours plus tard: « Hein ! quelle journée celle de lundi dernier ! J'avais envie de ne plus me laver, pour en mieux conserver le charbonneux souvenir[10]. » Zola viendra également se documenter sur place avant de rédiger Germinal.

Adaptation télévisée

Les Indes noires a été adapté pour la télévision, dans un téléfilm également intitulé les Indes noires, diffusé le 25 décembre 1964 à la télévision française, et réalisé par Marcel Bluwal, et dont les principaux acteurs étaient :

Citations

  • «  — Aurais-tu quelque regret d'avoir abandonné le sombre abîme dans lequel tu as vécu pendant les premières années de ta vie, et dont nous t'avons retirée presque morte ?
    — Non, Harry, répondit Nell. Je pensais seulement que les ténèbres sont belles aussi. Si tu savais tout ce qu'y voient des yeux habitués à leur profondeur ! Il y a des ombres qui passent et qu'on aimerait à suivre dans leur vol ! Parfois ce sont des cercles qui s'entrecroisent devant le regard et dont on ne voudrait plus sortir ! Il existe, au fond de la houillère, des trous noirs, pleins de vagues lumières. Et puis, on entend des bruits qui vous parlent ! Vois-tu, Harry, il faut avoir vécu là pour comprendre ce que je ressens, ce que je ne puis t'exprimer ! »
    [11]
  • «  Depuis ce temps, Nell ne le revoyait qu'à de longs intervalles, planant au-dessus du lac Malcolm.
    Voulait-il revoir son amie d'autrefois ? Voulait-il plonger ses regards pénétrants jusqu'au fond de l'abîme où s'était englouti Silfax ?
    Les deux versions furent admises, car le harfang devint légendaire, et il inspira à Jack Ryan plus d'une fantastique histoire.
    C'est grâce à ce joyeux compagnon qu'on chante encore dans les veillées écossaises la légende de l'oiseau du vieux Silfax, l'ancien pénitent des houillères d'Aberfoyle. »
    [12]

Chapitrage du roman

  • Chapitre I : Deux lettres contradictoires
  • Chapitre II : Chemin faisant
  • Chapitre III : Le sous-sol du Royaume-Uni
  • Chapitre IV : La fosse Dochart
  • Chapitre V : La Famille Ford
  • Chapitre VI : Quelques phénomènes inexplicables
  • Chapitre VII : Une expérience de Simon Ford
  • Chapitre VIII : Un coup de dynamite
  • Chapitre IX : La Nouvelle-Aberfoyle
  • Chapitre X : Aller et retour
  • Chapitre XI : Les Dames de feu
  • Chapitre XII : Les Exploits de Jack Ryan
  • Chapitre XIII : Coal-city
  • Chapitre XIV : Suspendu à un fil
  • Chapitre XV : Nell au cottage
  • Chapitre XVI : Sur l'échelle oscillante
  • Chapitre XVII : Un lever de soleil
  • Chapitre XVIII : Du lac Lomond au lac Katrine
  • Chapitre XIX : Une dernière menace
  • Chapitre XX : Le pénitent
  • Chapitre XXI : Le mariage de Nell
  • Chapitre XXII : La légende du vieux Silfax

Bibliographie

  • Marcel Moré. Jules Verne rêve qu'il a épousé la petite Caroline. In "Nouvelles explorations de Jules Verne". P.119-132. Gallimard. 1963.
  • Charles-Noël Martin. Préface. Éditions Rencontre. Tome XVII. 1967.
  • Michel Serres. Un voyage au bout de la nuit. In "Jouvences sur Jules Verne". Éditions de Minuit. 1974.
  • Simone Vierne. À propos d'Aberfoyle. Bulletin de la Société Jules Verne 23. 1972.
  • Pierre-André Touttain. Aspects du romantisme souterrain: Les Indes noires. L'Herne n° 25: Jules Verne. 1974. Réédition: 1998.
  • Simone Vierne. Jules Verne et la mine fantastique des Indes noires. Actes du 98e Congrès national des Sociétés Savantes, Saint-Étienne. 1973.
  • Daniel Compère. Les Indes noires sur blanc. Bulletin de la Société Jules Verne 42. 1977.
  • Henri Marel. Jules Verne, Zola et la mine. Les Cahiers naturalistes. Fasquelle. 1980.
  • Max Milner. L'imaginaire de la mine de Hoffmann à Jules Verne. Éd. James S. Patty. "Du romantisme au surnatularisme". Neuchâtel. 1985.
  • Pascaline Mourier-Casile. De l'œuvre au noir à l'œuvre au blanc: Les Indes noires et Arcane 17. in "André Breton, explorateur de la mère-moire". Presses Universitaires Françaises. 1986.
  • Jean Delabroy. La pierre du dernier salut: Les Indes noires. Revue des Lettres modernes. Jules Verne 5. Minard. 1987.
  • Michel Kotlarek. De quelques interférences dans les deux romans de 1877. J.V. 19. Amiens. 1991.
  • Isabelle Bonnin. Étude de l'imaginaire dans les Indes noires de Jules Verne. in Recherches sur l'imaginaire. Angers. 1994.
  • Stéphane Chéné. Comparaison entre Les Indes noires de 1877 et Le Phare du bout du monde de 1905. J.V. 31. Amiens. 1994.
  • Florent Montaclair. Le libéralisme et l'industrie dans deux romans de Jules Verne: Les Indes noires (1877) et Les Cinq cents millions de la Bégum (1879). Paris. Les Belles Lettres. 1994.
  • Volker Dehs. Jules Verne (1828-1905), Schwarz-indien. Éd. Franz Rottensteiner & Michael Koseler. 1997.
  • Nadia Minerva. Fragments d'un discours utopique. L'imaginaire souterrain de Jules Verne entre utopie et dystopie. in "L'imaginaire du souterrain". L'Harmattan. 1998.
  • David Meakin. Future past. Myth, Inversion and regression in Verne's Underground Utopia. in "Jules Verne: Narratives of modernity". Liverpool. University Press. 2000.
  • Geneviève Le Hir. Antoine de Saint-Exupéry et Jules Verne: Vol de nuit et Les Indes noires. Bulletin de la Société Jules Verne 141. 2002.
  • Lionel Dupuy. Les Indes noires ou l'aventure humaine selon Jules Verne. in "Jules Verne, l'homme et la terre". La Clef d'argent. 2006.
  • Eugène Michel. Les Indes noires, une utopie de l'écriture. Bulletin de la Société Jules Verne 161. Mars 2007.
  • Eugène Michel. Les Indes noires: l'art et la manière d'accommoder la science. Bulletin de la Société Jules Verne 166. Juin 2008.

Notes et références

  1. Piero Gondolo della Riva. Bibliographie analytique de toutes les œuvres de Jules Verne. Tome I. Société Jules Verne. 1977.
  2. Directeur des travaux dans les mines
  3. Le joueur de cornemuse en Écosse.
  4. Homme chargé de provoquer les explosions partielles de grisou avant le passage des mineurs.
  5. Voyage à reculons en Angleterre et en Écosse. Le Cherche-Midi éditeur. 1989.
  6. D'après Christian Robin. Voir notes dans l'édition pré-citée.
  7. Un archer écossais, au service de Louis XI, était l'ancêtre de sa mère. Voir Jean-Jules Verne: Jules Verne. Hachette. 1973.
  8. Cité par Jacques Noiray dans son essai en deux volumes Le romancier et la machine. Librairie José Corti. 1981.
  9. Voir Jacques Noiray, ouvrage op. cité. Tome I, pages 46-48. José Corti. 1981.
  10. Lettre à Louis-Jules Hetzel du 11 novembre 1876. Correspondance de Jules Verne et de Pierre-Jules Hetzel. Tome II. Slatkine. 2001.
  11. Chapitre XV.
  12. Chapitre XXII (derniers mots du roman).

Liens externes



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