Les Chinois à Paris

Les Chinois à Paris

Les Chinois à Paris

Titre original Les Chinois à Paris
Réalisation Jean Yanne
Scénario Jean Yanne
Gérard Sire
Robert Beauvais d'après son roman Quand les Chinois...
Acteurs principaux Jean Yanne
Michel Serrault
Nicole Calfan
Daniel Prévost
Macha Méril
Jacques François
Kyozo Nagatsuka
Bernard Blier
Georges Wilson
Fernand Ledoux
Sociétés de production Ciné Qua Non
Productions 2000
Produzioni Europee Associati
Pays d’origine Drapeau de France France/Drapeau d'Italie Italie
Genre Comédie
Sortie 1974
Durée 110 min

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Les Chinois à Paris est une comédie franco-italienne écrite et réalisée par Jean Yanne et sortie en 1974.

Sommaire

Synopsis

Pendant que le président de la République française rassure son pays sur la force que celui-ci opposera à une invasion chinoise avant de s'embarquer avec son entourage dans un avion pour New York, l'armée d'occupation chinoise se met en place sans effusion de sang, et entreprend de réformer la France à sa façon. Le général Pou-Yen installe son quartier général aux Galeries Lafayette, et depuis Pékin le Comité central nomme le Français Hervé Sainfous de Montaubert au poste de gouverneur de la France occupée.

Dans le cadre de la planification les Chinois ayant appris que les Français étaient les plus grands fumistes du monde, ceux-ci se retrouvent à fabriquer des tuyaux de poêle.

Régis Forneret, pour sa part, s'intéresse surtout à savoir quel parti il peut tirer de la situation. Après une rencontre avec le haut-commissaire chinois en France Pou-Yen, il transformera la France en véritable pays symbolique de la décadence... Sous son impulsion le pays se couvre de bordels, ce qui n'est pas sans évoquer la chanson Ah rouvrez les maisons dont l'auteur est Jean Yanne.

Les Chinois en viennent à partager les ébats des Français ce qui les épuise rapidement. Ils évacuent brusquement la France.

C’est donc la Libération : le président de la République française rentre alors des États-Unis...

Thèmes

  • Le souvenir de l’Occupation (1940-1944) (et la Libération) à Paris. Né en 1933, Jean Yanne devait en conserver un souvenir vivace... Le film évoque pêle-mêle les pénuries alimentaires, la délation, la collaboration, le marché noir, la rafle du vel' d'hiv', le pillage économique (la confiscation des automobiles), les résistants (surtout ceux de la vingt-cinquième heure), les femmes tondues, l'épuration (organisée par d'anciens collabos), l'exil de derniers pétainistes à Sigmaringen.
  • La crainte des Chinois et de leur nombre (le « péril jaune ») illustrée aussi par le chanteur Jacques Dutronc.
  • Le marxisme-léninisme et le maoïsme.
  • La nullité et la démission des élites : le président de la république s'enfuit, les chefs des États-Major perdent la clé de la force de frappe, les représentants de l'Église, de la presse, de la haute fonction publique et de l'intelligentsia collaborent de leur plein gré, la proposition du gouverneur français de prendre des « mesures énergiques » pour redonner la joie de vivre aux Français.
  • La cohabitation forcée avec l'occupant, sujet déjà traité mais différemment par Vercors dans Le Silence de la mer.

Personnages

Stéphanie (incarnée par Nicole Calfan) est une Française de 22 ans vivant avec son papa : elle passe des bras de Grégoire Montclair à ceux du général Pou-Yen, ce qui lui vaudra d’être tondue à la Libération ; Régis Forneret l’emmènera alors à Rome où les Chinois sont toujours présents.

Paul Préboist incarne un (ancien) prêtre catholique qui a obtenu la nationalité chinoise : il déploie un redoutable talent de confesseur au sein de la Police civique.

Fiche technique

Et aussi :

  • Chorégraphe : Monique Vence
  • Graphisme : Tito Topin
  • Générique début : Claude Copin

Distribution

Quelques lieux de tournage

  • Une des cours du château de Vincennes : bivouac de Pou-Yen.
  • Les Galeries Lafayette : devenues le siège du haut commissariat chinois.
  • Rue d’Anjou : siège volontairement modeste du gouvernement français fantoche d’Hervé Sainfous de Montaubert.
  • 42-40, quai d’Orléans (dans l’île Saint-Louis) : appartement des Lefranc avec vue sur le chevet de Notre-Dame.
  • Parvis du Trocadéro : emplacement des tribunes de la fête devant « libérer les forces de la joie ».

Commentaires

Les Chinois à Paris utilise le prétexte d'une invasion chinoise pour dénoncer ce que fut l'attitude de Français sous l'occupation. Le film est volontiers vachard, cynique, cruel ; il va a contre-courant de ce qui était l'histoire officielle de l'occupation sous la présidence de De Gaulle, où la quasi-totalité des Français étaient considérés comme des résistants. Le contexte dans lequel le film sort n'est pas un hasard, en 1969 le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls et la traduction en français en 1973 de La France de Vichy de Robert O. Paxton ont fait voler en éclat le mythe d'une France entièrement résistante provoquant un séisme mémoriel.

Jean Yanne dresse des Français un portrait sans complaisance, ils sont affublés de multiples tares morales : brutaux, égoïstes, délateurs, profiteurs, vaniteux, libidineux, inefficaces... En comparaison les Chinois sont décrits comme travailleurs, ordonnés, organisés, modestes... Lorsque Michel Serrault se fait arrêter par une patrouille ce sont les policiers français qui le frappe et l'officier chinois qui arrête les brutalités. Les occupants sont finalement plus humains et sympathiques que les occupés. Jean Yanne se moque gentiment des travers du marxisme-léninisme et des Chinois, mais il est impitoyable avec les Français. Finalement le réalisateur verse du gros sel sur les blessures encore ouvertes de la mémoire collective et il semble y prendre un réel plaisir.

Autour du film

Les Chinois à Paris est une super-production qui réclamait des moyens autrement plus importants que ceux dont Jean Yanne était habitué à disposer. Afin d'avoir le budget nécessaire, le réalisateur a fait appel à Marcel Dassault, qui finança le film à deux conditions : que les affiches soient placées sur le chemin qui menait sa limousine de son domicile de Neuilly-sur-Seine à ses bureaux des Champs-Élysées, d'une part, et que le film soit projeté en exclusivité à Paris dans la salle de cinéma qu'il possédait (le Paris, proche de ses bureaux), d'autre part[2].

La collaboration entre les deux hommes fut occasionnelle et dans son film suivant, Chobizenesse (1975), Jean Yanne mit en scènes des « marchands d’armes » investissant dans les spectacles, les odieux frères Boussenard.

Carmeng

Spectacle dans spectacle, Carmeng est dans ce film un ballet représenté à l’Opéra de Paris (Opéra Garnier) devant le gratin de la collaboration franco-chinoise, à l’initiative de l’habile Régis Forneret (incarné par Jean Yanne).

À l’entrée de l’Opéra et sous sous une banderole affirmant que La culture est pour les masses populaires une arme puissante de la révolution, le programme annonce Carmeng opéra révolutionnaire à thème démocratique et contemporain.

Carmeng reprend nombre d’airs de l’opéra Carmen de Georges Bizet (1838-1875). Le générique de fin du film indique : « Danseurs : Anne Golea, Jean-Pierre Toma, Lya Karene, Jean-Marie Dubrul ».

L’argument du ballet est l’histoire de Carmen et de don José mise à la sauce maoïste.

L’argument du ballet est explicité sous forme de sous-titres à l’usage des spectateurs du film :

Chantons et dansons pour exprimer la joie révolutionnaire que nous procure la pensée marxiste-léniniste. J’apporte des nouvelles du Comité du village. La patrouille du chef de section Don-Cho-Sey a anéanti une compagnie des diables impérialistes. Voici le chef de section Don-Cho-Sey avec une prisonnière. Cette femme a été vue en compagnie des tigres de papier que sont les impérialistes pourris. Pour son crime contre l’idéologie, cette femme doit être jugée par le tribunal de l’armée populaire.

— Don-Cho-Sey je me repens. Je veux faire mon autocritique. — Vois l’avenir radieux que nous offre la révolution. — La vache elle s’est tirée.

Don-Cho-Sey est jugé pour avoir laissé s’échapper la traîtresse. Don-Cho-Sey est dégradé.

— Recherchons le camp américain où la maudite traîtresse s’est sans doute réfugiée. Carmeng ! Carmeng !

— Mais que vois-je ? Les soldats fantoches de l’armée américaine.

— Je sais où se trouve le camp des fantoches impérialiste. — Faites venir le détachement féminin rouge.
(Allusion à une œuvre célèbre, Le Détachement féminin rouge.)

Courons pour abattre les tigres impérialistes et leur valets.

Les détachements rouges féminin (en shorts et armé de sabres) et masculin (armé de fusil) anéantissent alors les soldats américains dans leur camp. Malgré d’ultimes avances (Don-Cho-Sey, je t’aime.), Don-Cho-Sey abat alors Carmeng d’un coup de poignard.

L’Internationale retentit lors du final tandis qu’un nouveau slogan apparaît sur scène : Le prolétariat ne peut se libérer définitivement qu’en émancipant toute l’humanité...

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Catalogue BNF : http://catalogue.bnf.fr/servlet/biblio?idNoeud=1&ID=32916468&SN1=0&SN2=0&host=catalogue.
  2. Interviews de Tito Topin et de Nicole Calfan dans les bonus de l'édition DVD du film.

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Les Chinois à Paris de Wikipédia en français (auteurs)

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