Le monde de Jane Austen

Le monde de Jane Austen

La société georgienne dans l'œuvre de Jane Austen

Portrait de George III (1738-1820), dont le règne englobe toute la vie de Jane Austen.
Par Sir William Beechey.

La société georgienne dans l'œuvre de Jane Austen (1775-1817) constitue la toile de fond omniprésente de ses romans. Tout entière située pendant le règne de George III, l'œuvre de Jane Austen, qui décrit la vie quotidienne, les joies, les peines et les amours de la petite noblesse campagnarde, constitue une source d'une grande richesse pour mieux comprendre la société de l'époque.

Les romans de Jane Austen balaient tour à tour le contexte historique particulièrement tourmenté, la hiérarchie sociale, la place du clergé, la condition féminine, le mariage, ou encore les loisirs de la classe aisée. Sans que le lecteur en soit toujours pleinement conscient, de nombreux détails de la vie quotidienne, des aspects juridiques oubliés ou des coutumes surprenantes sont évoquées, qui donnent une vie et une authenticité toutes particulières à l'histoire de la société anglaise d'alors.

Cependant, la vision de l'Angleterre que présente Jane Austen est décrite de son point de vue : celui d'une femme de la petite gentry, appartenant à une famille plutôt aisée et très cultivée, bénéficiant de belles relations (well connected), et vivant dans un petit village de l'Angleterre rurale aux alentours des années 1800. Aussi certains aspects essentiels de l'époque georgienne (la perte des colonies américaines, la Révolution Française, la révolution industrielle en marche, la naissance de l'Empire britannique...) sont-ils pratiquement absents de son œuvre. C'est donc surtout l'immersion dans la vie quotidienne de l'Angleterre rurale de son temps, plutôt qu'une fresque politique et sociale, qu'il faut rechercher dans ses romans.

Sommaire


La société georgienne, cadre des romans de Jane Austen

Article détaillé : Époque georgienne.
Aristocrates anglais, par Thomas Gainsborough :
Portrait de Mr and Mrs William Hallett (1785).

Les romans de Jane Austen ont tous pour cadre la vie quotidienne en Angleterre dans la société georgienne de la fin du XVIIIe siècle et du tout début du XIXe siècle. L'époque georgienne s'est déroulée, comme son nom le laisse entendre, sous les règnes successifs des rois George Ier, George II, George III (y compris la Régence), et George IV[1], voire (comme on l'y inclut parfois), sous le règne de Guillaume IV.

Cette période s'est montrée riche en évolutions et prépare l'arrivée de l'époque victorienne qui l'a suivie, en voyant, pendant la vie même de Jane Austen, la Grande-Bretagne subir tout d'abord le traumatisme de la perte de ses colonies américaines, puis s'interroger sur la Révolution Française, affronter ensuite et vaincre finalement l'Empire napoléonien, pour poser enfin les fondations de l'Empire britannique.

Sur le plan social, c'est une société nouvelle qui commence, avec les tout débuts de l'industrialisation, bientôt suivis, dans les premières années du XIXe siècle, par les troubles sociaux (tels la révolte des Luddites), entraînés par les mutations économiques et les inquiétudes qui l'accompagnent[2].

Les Arts aussi s'épanouissent, avec un foisonnement culturel qui touche tous les domaines : l'architecture d'abord, avec Robert Adam, John Nash et James Wyatt, et l'émergence du style néogothique[3]. La peinture s'illustre avec Thomas Gainsborough, Sir Joshua Reynolds et de nouveaux peintres comme William Turner et John Constable[4].

De son côté, la littérature connaît pléthore de grands noms, tels que Samuel Johnson, Samuel Richardson et les poètes Coleridge, Wordsworth, Shelley, John Keats ou Lord Byron[5]. C'est aussi pour les femmes le développement de l'instruction, accompagné bientôt de la prolifération des romans écrits et lus par des femmes, avec Jane Austen, mais aussi avant elle Fanny Burney, Ann Radcliffe ou Maria Edgeworth[6].

L'époque georgienne est enfin celle de plusieurs interrogations et remises en cause morales. C'est à ce moment qu'apparait le féminisme avec Mary Wollstonecraft et son ouvrage fondateur A Vindication of the Rights of Woman (Défense des droits de la femme). La mise en question de plus en plus forte de l'esclavage est une autre évolution majeure, qui débouchera peu après sur l'abolition de l'esclavage en 1833.

Point de vue de Jane Austen

Article détaillé : Jane Austen.
Jane Austen, d'après un dessin de sa sœur Cassandra.

Cependant, le but de Jane Austen n'est pas d'écrire des romans historiques ou sociaux, ni de donner une vision équilibrée et objective de l'Angleterre. Ses intrigues, essentiellement de nature « comique », c'est-à-dire avec un dénouement heureux[7], se déroulent dans la société qu'elle connait, celle d'une petite gentry campagnarde, plutôt aisée, mais sans fortune, aux alentours des années 1800. C'est là, pour reprendre sa propre expression[N 1], « le petit morceau d'ivoire sur lequel je travaille »[8].

Aussi, certains aspects pourtant essentiels de la société georgienne sont-ils ignorés ou à peine effleurés chez Jane Austen : ainsi, la perte des colonies américaines, dont la déclaration d'indépendance survient alors qu'elle n'a pas un an, et la guerre elle-même avec ces anciennes colonies (qui s'achève avec le traité de Paris lorsqu'elle n'a que huit ans), ne laissent pas de trace dans ses romans.

L'église du XIIe siècle de Steventon, où officiait le père de Jane Austen.

La Révolution Française aussi — à la différence des guerres napoléoniennes — la touche peu, en dehors de ce qui concerne sa cousine Eliza, dont le mari français est guillotiné à cette époque.

De même, la naissance de l'Empire britannique est un sujet bien loin de ses préoccupations, en dehors toujours de ce qui touche à sa famille, c'est à dire l'Inde d'où viennent Eliza et sa mère Philadelphia Hancock. Les Austen sont d'ailleurs de farouches défenseurs de Warren Hastings[N 2] lorsqu'il est poursuivi pour fautes graves en Inde[9], avant d'être reconnu innocent en avril 1795.

La révolution industrielle, pourtant commencée en Angleterre dès les années 1750, est absente de son mode de vie et de son œuvre. La vie dans le petit village paisible de Steventon, dans le Hampshire, où Jane Austen demeure au presbytère avec sa famille, la laisse éloignée de ce monde nouveau. D'ailleurs, faisant partie de la gentry, dans une famille raisonnablement aisée dont le chef de famille est le curé du village, nourrie de la lecture du Dr Johnson[10], elle appartient à un milieu plutôt conservateur, vivant en parfait accord avec le statut qui est le sien[11].

D'autre part, son point de vue est celui d'une femme de son époque : fine, intelligente et cultivée, elle vit dans un monde organisé et dirigé par les hommes. Cela entraîne l'extrême difficulté de gagner sa vie de façon indépendante, et donc la dépendance à l'égard du mariage pour obtenir statut social et sécurité économique[12]. Ces thèmes se retrouvent par conséquent dans tous ses romans.

Contexte historique

Règne de George III

Article détaillé : George III de Grande-Bretagne.
George III, le royal chasseur, met à mort « le renard corse » (Napoléon).
L'un des chiens qui se précipitent pour la curée porte le nom de « Nelson ».
Par James Gillray.

Le règne de George III — si l'on y inclut la période de la Régence, exercée pendant sa maladie par son fils George IV, alors Prince de Galles — englobe toute la vie de Jane Austen et même au delà, puisqu'il commence en 1760 juste avant le mariage de ses parents en 1764, et se termine en 1820, après la mort de l'écrivain en 1817, et la publication de ses deux romans posthumes, Persuasion et Northanger Abbey, en 1818[13].

Révolution française

Article détaillé : Révolution française.

C'est au travers de sa cousine Eliza de Feuillide, mariée à un aristocrate français, que Jane Austen entend d'abord parler de la Révolution française et de sa violence. Eliza séjourne en Angleterre en 1786 et 1787, et effectue avec son mari des allers et retours entre l'Angleterre et la France entre 1788 et 1792. En janvier 1791, Eliza est à Margate, en Angleterre, et espère que son mari, qui a rejoint un groupe de royalistes à Turin, pourra la rejoindre au mois de juin. Après un bref séjour en Angleterre pendant l'hiver 1791, il retourne ensuite en France, où il prend la défense d'une amie, la marquise de Marbeuf, accusée de conspirer contre la République. Démasqué alors qu'il essayait, en sa faveur, de suborner un témoin, il est arrêté et guillotiné[14].

Le souvenir d'Eliza de Feuillide est présent dans plusieurs des Juvenilia de Jane Austen, tels que Love and Freindship — dédié d'ailleurs à « Madame la Comtesse de Feuillide » (sic) — ou Henry and Eliza.

D'autre part, la Révolution française engendre en Angleterre un grand débat d'idées, auquel Jane Austen n'est pas étrangère. Enfin, la Révolution française a un impact sur le féminisme, tel que Mary Wollstonecraft l'expose en 1792 dans son ouvrage A Vindication of the Rights of Woman (Défense des droits de la femme). En effet, Mary Wollstonecraft est proche des idées de William Godwin, Thomas Paine et Joseph Priestley, ainsi que des idées de la Révolution française. Aussi est-elle impliquée dans le débat qui agite le pays sur les idées révolutionnaires, avec comme conséquence un certain discrédit à l'encontre du féminisme et de ses aspects radicaux. Jane Austen elle-même suit ce débat et prend partie en faveur de la famille, élément de stabilité dans les tensions de cette époque tourmentée[15].

Guerres napoléoniennes

Article détaillé : Guerres napoléoniennes.

La British Royal Navy, fierté de l'Angleterre

Article détaillé : Histoire de la Royal Navy.
La fureur de Bonaparte apprenant la victoire de la flotte anglaise à Aboukir.
James Gillray, vers 1798.

Au cours du quart de siècle, ou à peu près, pendant lequel l'Angleterre affronte le déferlement des forces de l'Empire napoléonien, la British Royal Navy constitue son plus sûr rempart et sa plus grande source de fierté.

Le souvenir attendri de ses frères Francis et Charles habite plusieurs des romans de Jane Austen : c'est le cas dans Persuasion où l'on rencontre l'amiral Croft et Frederick Wentworth, mais aussi dans Mansfield Park où William, le frère préféré de l'héroïne, Fanny Price, commence une carrière d'officier qui s'annonce brillante.

Si risquée qu'elle soit, cette carrière militaire peut offrir gloire et fortune, au travers de l'argent des prises de guerre (prize money) : tout navire ennemi capturé est en effet revendu avec sa cargaison au gouvernement britannique et l'argent de cette vente réparti entre les membres de l'équipage[16]. Le héros masculin de Persuasion, le capitaine Wentworth, a ainsi accumulé dès 1814 la jolie somme de 25 000 livres (l'équivalent de plusieurs millions d'euros d'aujourd'hui), et l'amiral Croft, lui, a rassemblé une fortune suffisante pour lui permettre d'envisager l'achat d'un domaine dans le Somerset[16].

Les régiments de la milice

Reconstitution en 2009 de l'action de la milice contre les troupes françaises, lors de la bataille de Jersey en 1781.

Les menaces militaires qui planent sur l'Angleterre pendant cette période entraînent également la constitution de régiments de milice (militia), destinées à faire face à toute éventualité. Ces milices, levées par comté, offrent à ceux qui s'y enrôlent l'avantage de ne pas obliger à aller se battre en territoire étranger. Henry Austen, le frère préféré de Jane, commence ainsi à appartenir à la milice avant de devenir banquier.

On retrouve le souvenir de ces miliciens sanglés dans leurs beaux uniformes rouges dans Pride and Prejudice, où le régiment auquel appartient George Wickam enflamme l'imagination des jeunes filles des alentours[17].

Démographie

L'Angleterre de Jane Austen, en pleine expansion démographique, est considérablement moins peuplée que l'Angleterre d'aujourd'hui, et même les plus grandes villes y sont d'une taille encore modérée.

En 1801 en effet, la population de l'Angleterre et du Pays de Galles n'est au total que de 8 893 000 personnes. Elle progresse rapidement, puisque ce nombre passe à 10 164 000 dix ans plus tard, en 1811 (soit une augmentation de 14 %). Cette augmentation résulte d'un fort excédent des naissances (395 000 en 1811) sur les décès (262 000 la même année)[18].

À cette même date de 1801, Londres compte 959 000 habitants, et Bath, 33 000[18]. À côté de ces deux villes, Steventon, le village de la famille Austen, est insignifiant, se limitant à une seule rue, la plupart des familles de la paroisse de George Austen vivant dans des fermes des alentours ; au total, la paroisse compte moins de deux cents foyers[19].

Hiérarchies sociale et économique

Échelle des revenus dans la société georgienne

Un brillant capitaine de la Royal Navy en 1781, Horatio Nelson.
Par John Francis Rigaud.
Intérieur paysan en 1801.
Par William Ward, d'après James Ward.

À l'époque de Jane Austen, la répartition de la population et des revenus de l'Angleterre et du Pays de Galles réunis, pour trois classes sociales importantes, est la suivante[20] :

  • Nobles titrés et gentlemen : 1,2 % du nombre total de familles[N 3], bénéficiaires de 13,9 % du revenu total du pays ;
  • Militaires et marins : 11,1 % du nombre total de familles, bénéficiaires de 5,2 % du revenu total ;
  • Villageois (cottagers) et pauvres : 11,9 % du nombre total de familles, bénéficiaires de 1,3% du revenu total.

L'éventail des revenus annuels moyens selon la profession est en 1805[20] :

  • Travailleur agricole : 40 livres par an ;
  • Maître d'école : 45 livres ;
  • Policier : 50 livres ;
  • Haut fonctionnaire : 150 livres ;
  • Clergyman : 260 livres ;
  • Avocat ou avoué : 350 livres.

Face à ces revenus, Mr Bingley est crédité, dans Pride and Prejudice, d'un revenu annuel de l'ordre de 5 000 livres, et son ami Mr Darcy « d'au moins » 10 000 livres.

L'univers de Jane Austen est donc un univers privilégié par rapport à la rudesse des conditions de vie de la grande majorité de la population rurale, misérable, sans éducation, et brutale. Ainsi, les distractions quotidiennes comprennent des combats de chiens et des combats de coqs, partout présents. Dans le climat de l'époque, cette brutalité est considérée par beaucoup d'hommes politiques comme nécessaire pour accoutumer les Britanniques à la vue du sang et forger le vrai caractère anglais, assimilé à celui du bull-dog (the true British bull-dog character)[21].

La gentry

Les romans de Jane Austen se situent dans le contexte social de la gentry, à laquelle Jane Austen appartenait elle-même. Ses héroïnes sont parfois sans fortune (Pride and Prejudice, Mansfield Park), ou au contraire très riches (Emma), mais le milieu reste le même.

Le gentleman

Gentleman en habit bleu, aux cheveux poudrés[N 4], et portant cravate « à la Wellington » (vers 1800).

La notion de gentry en Angleterre est plus souple que celle de « noblesse » ne l'est en France : un gentleman, appartenant à la petite gentry, se distingue par ses qualités personnelles tout autant que par sa qualité de propriétaire terrien (landed gentry). Il n'a pas besoin de se prévaloir, comme son homologue français, le gentilhomme, de « quartiers de noblesse » ni d'une particule nobiliaire.

Venu supplanter le franklin (propriétaire foncier libre), qui occupait au Moyen Âge le rang le plus bas de la noblesse, le simple gentleman vient donc après l’Esquire (titre dérivé de Squire, c'est-à-dire Écuyer)[N 5], lui-même inférieur — par ordre de préséance croissant — au Knight (Chevalier), au Baronet (Baronnet), au Baron (Baron), au Viscount (Vicomte), à l’Earl (Comte), au Marquess (Marquis), et enfin au Duke (Duc). Seuls les titres de Baron ou supérieurs appartiennent à la pairie (peerage), dont ne font donc pas partie les simples chevaliers ou les baronnets.

C'est le gentleman de l'époque georgienne qui annonce celui de l'époque victorienne, en mettant en place un code de conduite fondé sur the three Rs (« les trois R ») : Restraint, Refinement and Religion (Retenue, Raffinement et Religion)[22]. Sous le règne de George III, les Britanniques commencent à se démarquer, par leur réserve et le contrôle de leurs émotions, des peuples du sud de l'Europe dotés au contraire d'un tempérament bouillant[23]. Pourtant, la littérature du XIXe siècle fait encore une large place à l'émotion, souvent poussée, comme chez Dickens, jusqu'au pathos.

Châtelains et châteaux

Articles connexes : Capability Brown et Humphry Repton.

Les écarts de revenus et de fortune que reflètent les romans de Jane Austen sont considérables. Dans la société georgienne réelle, le duc du Devonshire entretient une maisonnée de 180 personnes dans son magnifique château, Chatsworth House, pour l'alimentation de laquelle on abat chaque semaines cinq bœufs et quinze moutons[25].

En contrepartie de cette richesse, il est d'usage que le seigneur des lieux, lorsque la mauvaise saison s'installe et que le combustible se fait rare, utilise ses vastes cuisines pour faire préparer des soupes épaisses que l'on distribue aux villageois les plus nécessiteux[25].

La Grande Cascade de Chatsworth House, dont le parc fut remodelé par Capability Brown.

À cette même époque, les riches propriétaires passent beaucoup de temps et dépensent beaucoup d'argent à embellir le parc qui entoure leur château, à rendre plus impressionnante l'arrivée sur celui-ci et la vue dont on peut jouir de ses fenêtres. Le célèbre paysagiste anglais « Capability » Brown exerce en effet ses talents pendant la période georgienne, et gagne son surnom par son affirmation favorite selon laquelle tel ou tel parc offrait a great capability of improvement, « un grand potentiel d'amélioration »[25].

C'est l'image de ce souci d'esthétique paysagère que l'on retrouve dans Mansfield Park, lors de la longue discussion au cours de laquelle Mr. Rushworth expose ses ambitions pour embellir le parc de son château de Sotherton et les perspectives qu'il offre[25].

À la suite de Capability Brown, Humphry Repton va encore plus loin en faisant des manoirs ou châteaux une partie intégrante du paysage qui les entoure, en réaction aux jardins à la française[26]. C'est lui qui, à Adlestrop, dans le Gloucestershire, où vivent les cousins Leigh de Jane Austen, remodèle le vaste parc d'Adlestrop House pour le fondre avec le jardin du presbytère adjacent et détourne un cours d'eau pour composer un ravissant paysage que l'on peut admirer tant du manoir que du presbytère[16].

Le souvenir de la beauté des parcs anglais est une constante des romans de Jane Austen, qui y associe les poèmes de William Cowper, chantre des campagnes anglaises.

Place du clergé

La condition de clergyman

Le presbytère de Steventon, demeure de la famille Austen, tel qu'il est dépeint dans A Memoir of Jane Austen[27].

Le clergé occupe une place essentielle dans l'œuvre de Jane Austen, plus encore que la Royal Navy, car son père lui-même était clergyman (membre du clergé), curé (vicar) en chargé d'une paroisse, ou vicaire (curate).

La position du clergé dans la société est à cette époque très particulière à plusieurs égards : tout d'abord, devenir clergyman est une profession comme une autre, que tout homme doté d'une bonne moralité, d'une solide éducation et d'une belle diction peut envisager d'embrasser, car point n'est alors besoin d'afficher une vocation bien trempée. On voit ainsi dans Mansfield Park Mary Crawford pousser Edmund Bertram à choisir une carrière militaire — à son sens plus prestigieuse — plutôt que d'entrer dans les ordres.

C'était ensuite — comme le rappelle d'ailleurs la même Mary Crawford — l'assurance d'une rente de situation, sans faire beaucoup d'effort, au travers du « bénéfice » (living) attaché au poste de curé (vicar). L'attribution du living se fait à l'instigation du seigneur du lieu, qui peut d'ailleurs vouloir en réserver l'avantage pour un fils cadet, comme le font précisément Sir Thomas Bertram, toujours dans Mansfield Park, ou le général Tilney dans Northanger Abbey.

Enfin, loin d'empêcher de fonder une famille, appartenir au clergé permet, grâce au « bénéfice », de disposer tout de suite d'un revenu suffisant, là où un officier de marine peut devoir attendre des années pour amasser un pécule lui assurant une rente analogue. En effet, si une petite paroisse rurale pauvre, comme celle de Steventon, pouvait ne rapporter qu'une centaine de livres par an[N 7],[28], une belle paroisse pouvait en rapporter près de 1 000.

Le curé d'une telle paroisse peut ainsi accéder au statut social d'un propriétaire terrien[17], en étant de plus auréolé du prestige d'une éducation souvent bien au-dessus de la moyenne. Ainsi, le père de Jane Austen, George Austen, est diplômé d'Oxford, comme l'est Edmund Bertram dans Mansfield Park. De même, à peine plus tard, le père des sœurs Brontë, Patrick Brontë, sera diplômé de Cambridge.

En échange de ce revenu assuré, le curé n'a que peu d'efforts à fournir, d'autant qu'il n'est pas obligatoire qu'il soit présent toute l'année dans sa cure[28]. Toutefois, nombre d'hommes d'église s'adonnent avec passion aux devoirs de leur charge : tel est le cas, aux débuts du XIXe siècle, de Patrick Brontë précédemment cité.

Le clergé dans les romans de Jane Austen

Un pasteur protestant, vers 1814.

Les romans de Jane Austen offrent de nombreux portraits de clergymen : Mr Collins dans Pride and Prejudice, Edward Ferrars dans Sense and Sensibility, Henry Tilney et le père de Catherine Morland dans Northanger Abbey, ou encore Edmund Bertram et le Dr Grant[N 8] dans Mansfield Park sont autant d'occasions de décrire cette profession de façon contrastée.

Même Emma (avec le mari de Miss Augusta Hawkins, de Bristol) et Persuasion (avec le mari d'Henrietta Musgrove) évoquent également le clergé[29], de façon certes beaucoup plus lointaine.

Malgré l'attachement de Jane Austen pour son père, elle peut être sans indulgence à l'égard du clergé. Mr Collins, obséquieux avec les puissants, arrogant avec les faibles, moralisateur et borné, donne dans Pride and Prejudice l'exemple de ce qu'un clergyman ne doit pas être[28]. Pourtant, plus qu'un Edward Ferrars ou un Henry Tilney, il apparait d'abord comme un clergyman avant d'être une personne privée[30].

De son côté, Henry Tilney, absent de sa paroisse la moitié de son temps et s'en allant à Bath prendre des vacances[31], témoigne malgré ses qualités intellectuelles et morales, du manque d'engagement dont certains clergymen peuvent faire preuve à l'égard de leurs ouailles[28].

Edward Ferrars fait preuve, quant à lui, d'une vocation plus affirmée dans Sense and Sensibility, quand il affirme « avoir toujours préféré l'Église » pour le choix d'une profession, bien que sa famille considère une carrière dans l'armée ou dans la Royal Navy comme « plus appropriée », ou le droit, plus digne d'un gentleman[32].

Seul sans doute, Edmund Bertram témoigne dans Mansfield Park d'une inébranlable vocation, que tout le charme et la séduction de Mary Crawford ne parviennent jamais à entamer. Elle s'y emploie pourtant avec ténacité, lui vantant sans cesse les mérites et le prestige supérieurs d'une carrière militaire. La solidité de ses principes, sa conviction profonde, permettent cependant à Edmund de ne jamais douter.

Condition féminine

Éducation

À l'époque de Jane Austen, les pensionnats pour jeunes filles existent déjà, même si, dans l'aristocratie, c'est le recours à une gouvernante qui est la solution normale pour former les filles de la famille.

Ainsi, dans Emma, la jeune Harriet Smith, d'origine très modeste, est placée dans le pensionnat de Mrs Goddard pour y recevoir un minimum d'éducation. En revanche, Emma Woodhouse, appartenant à une excellente famille disposant d'une belle fortune, a sa propre gouvernante, Miss Taylor. Et Lady Catherine de Bourgh (Pride and Prejudice) se montre scandalisée d'apprendre que les cinq filles Bennet, qui appartiennent à la petite gentry, n'ont pas bénéficié des services d'une gouvernante[33].

Jane Austen elle-même, dont la famille n'est guère plus aisée que celle des Bennet, se formera essentiellement au contact de son père et de ses frères, et par la grande fréquentation de la riche bibliothèque paternelle.

Métiers féminins

La Gouvernante, Rebecca Solomon, 1854.
La gouvernante est tout habillée de noir, ce qui marque son statut, en fort contraste avec la demoiselle de la maison.

Le développement très progressif de l'instruction chez les filles est à mettre en relation avec l'absence de métiers féminins pour une jeune fille de bonne famille, à l'exception précisément d'un travail de gouvernante, ou de maîtresse d'école. D'ailleurs, l'idée même qu'une femme puisse avoir une profession, avec le statut et l'indépendance financière qui l'accompagnent, est du domaine de l'impensable. Comme l'écrit en 1792 Mary Wollstonecraft dans son fameux A Vindication of the Rights of Woman (Défense des droits de la femme)

« How many women thus waste away the prey of discontent, who might have practiced as physicians, regulated a farm, managed a shop, and stood erect, supported by their own industry, instead of hanging their heads?
Combien de femmes dépérissent ainsi en proie au mécontentement, alors qu'elles auraient pu exercer comme médecins, diriger une ferme ou gérer une boutique, et se tenir debout, vivant de leur travail, au lieu de courber la tête ?[34] »

Cet état de fait est bien connu de Jane Austen, puisque, non mariée, elle-même cherche dans la vente de ses romans un moyen de contribuer à gagner sa vie par son travail. Ses romans reflètent parfaitement la situation — sans directement s'en insurger — et ne montrent guère les femmes que dans des activités domestiques, en dehors de celles qui enseignent, soit comme gouvernante, soit dans un pensionnat. Et Lady Bertram (Mansfield Park), dont Jane Austen raille les travers, offre un parfait exemple de l'idéal, alors à la mode, de la femme élégante et oisive si fortement dénoncé par Mary Wollstonecraft[35].

Droits

Portrait de Mary Wollstonecraft, auteur de Défense des droits de la femme.
Par John Opie, Tate Gallery.

Selon William Blackstone, dans ses Commentaries on the Laws of England (Oxford, 1765), ses « Commentaires sur les lois anglaises », l'homme et la femme, par le mariage, ne sont plus qu'une seule et même personne : pendant le mariage, la personnalité juridique de la femme est réputée suspendue, et tout ce qu'elle fait l'est sous la protection de son mari (under his cover). De ce principe découlent les droits, les devoirs et les incapacités juridiques réciproques des époux. Ainsi un homme ne peut ni faire une donation à sa femme, ni signer un pacte avec elle, car cela supposerait qu'elle ait une existence légale autonome. Il peut en revanche lui transmette des biens par une disposition testamentaire, puisque la couverture juridique de la femme (coverture) cesse avec la mort du mari. Une femme qui subit un préjudice touchant à sa personne ou à ses biens ne peut intenter une action en justice qu'avec l'agrément et l'action en justice de son mari. En sens inverse, on ne peut attaquer une femme en justice qu'en attaquant son mari[36].

Portrait de Caroline Norton, devenue auteur féministe à la suite de son expérience dramatique de la loi anglaise de l'époque.

Cette absence de personnalité juridique pour la femme mariée sera au centre de la retentissante et longue affaire de divorce qui oppose, à partir des années 1830, Caroline Norton à son mari, ivrogne et brutal[37]. Le contrat qu'elle avait signé avec son mari pour préciser les conditions financières de leur séparation est en effet reconnu frappé de nullité, puisque Caroline Norton n'a aucune existence juridique. Malgré cette affaire, ce n'est qu'en 1882, avec le Married Women's Property Act (la loi sur la propriété des femmes mariées) que les droits des femmes mariées rejoindront ceux des femmes non mariées (dites feme sole), avec le droit de conserver la propriété de leurs biens propres[38].

On rencontre dans Sanditon une référence à la perte du contrôle de leurs biens qui guette les femmes mariées, lorsque le mari de Lady Denham — contrairement aux intentions qu'on lui prêtait — ne parvient pas à « enrichir sa famille » suite à son mariage avec elle ; car « elle avait trop bien veillé à ne rien mettre hors de son propre contrôle »[39] (she had been too wary to put anything out of her own power)[40].

Dans le domaine de la transmission du patrimoine, les femmes peuvent également être défavorisées — mais sans qu'il s'agisse là d'une règle générale — au travers du système de l’entail : ce terme juridique ancien désigne en effet une propriété reçue en héritage, consistant en biens immobiliers, et qui ne peut être ni vendue, ni transmise par héritage ni aliénée par son propriétaire de quelque façon que ce soit, mais qui sera — à la mort du propriétaire — juridiquement transmise à certains héritiers répondant à certains critères[41].

Ce dispositif peut ainsi être utilisé pour que l'héritage en question reste dans une lignée mâle de la famille : il est alors réservé aux héritiers mâles selon le critère dit fee tail male[41]. Ainsi, dans Pride and Prejudice, les biens immobiliers de Mr Bennet sont-ils frappés d'un entail de ce type, et reviendront à sa mort à un lointain cousin ; la veuve de Mr Bennet et ses filles se retrouveront alors à la rue, chassées de leur maison, idée qui obsède Mrs Bennet et la pousse à chercher de riches partis pour ses filles.

Mariage

Les Plaisir du Mènage (sic), par James Gillray, en 1781.

Bals et sortie dans le monde

Dans une Angleterre où les convenances (propriety) sont essentielles, les occasions offertes aux jeunes gens des deux sexes de se rencontrer et de pouvoir parler en tête à tête sont rares. Ce sont les bals, avec l'attrait de la musique, rare elle aussi, et de l'exercice offert par la danse, qui favorisent les rapports sociaux. Même si les contacts physiques que permettent la contredanse ou plus tard le quadrille[N 9] sont fort limités, la possibilité d'avoir un partenaire attitré, qui réserve plusieurs danses au cours du bal, est un prélude indispensable aux fiançailles.

L’« Été », une des figures du quadrille (vers 1820).

Pour avoir le droit de participer à un bal, cependant, encore faut-il que les parents considèrent que la jeune fille est en âge de sortir. Ses débuts dans le monde marque donc une étape de sa vie, celle à partir de laquelle elle peut prétendre aux fiançailles et au mariage.

On voit ainsi, dans Mansfield Park, Mary Crawford s'enquérir avec beaucoup d'intérêt pour savoir si Fanny Price est ou n'est pas out (« sortie [dans le monde] »), est ou n'y est pas encore autorisée par sa famille. Car, explique-t-elle à Edmund Bertram, « Fanny a dîné un soir hors de chez elle avec le reste de sa famille, ce qui laisse penser qu'elle est out ; mais elle a si peu parlé à cette occasion que je doute qu'elle le soit vraiment »[42].

Demande en mariage, vers 1815.

La question nécessite réflexion lorsqu'il y a plusieurs filles dans la même famille : en effet, laisser sortir les cadettes alors que l'aînée n'est pas encore mariée, c'est prendre le risque que ses sœurs plus jeunes attirent un prétendant qu'elle-même aurait pu souhaiter, la mettant en danger de rester vieille fille[43].

Aussi, il est naturel de ne laisser sortir les plus jeunes sœurs qu'une fois leurs aînées mariées. Qu'il n'en soit pas ainsi chez les Bennet vaut à Elizabeth Bennet un haussement de sourcils désapprobateur, lors de l'interrogatoire que lui fait subir Lady Catherine de Bourgh dans Pride and Prejudice[43]. Ceci d'autant que la femme mariée a préséance sur ses sœurs encore seules, ainsi que la plus jeune des cinq filles Bennet, Lydia, ne manque pas de le rappeller avec impertinence[N 10] à Miss Bennet (Jane, la fille aînée[N 11]) après son propre mariage[44].

Le rôle du bal en tant que prélude au mariage est si marqué que les couples mariés s'abstiennent bien souvent d'aller eux-mêmes sur la piste de danse : ainsi, Mr Elton, tout juste marié, déclare-t-il à Mrs Weston au cours d'un bal : « I feel myself rather an old married man. My dancing days are over »[45] (« Je me sens plutôt comme un vieux marié. L'époque où je dansais est révolue »).

Choix d'un conjoint

Fiançailles
Willoughby prenant à Marianne Dashwood une mèche de cheveux.
Sense and Sensibility, illustration de Hugh Thomson.

Les fiançailles, prélude au mariage, sont un engagement (engagement) de se marier, qui peut être certes être rompu, mais non sans créer un certain scandale chez les familles concernées. D'ailleurs, Edward Ferrars, lui, se considère comme définitivement engagé par les promesses échangées lors des fiançailles, même après avoir cessé d'aimer celle avec qui il s'est imprudemment fiancé quatre ans auparavant[46].

Cet « engagement » pris par les deux jeunes gens peut être secret, comme c'est le cas dans Emma. Il peut aussi ne pas être explicite, mais se révéler aux yeux des proches par toute une série d'indices, tels que ceux qui unissent Marianne et Willoughby dans Sense and Sensibility : appeler simplement une jeune fille « Marianne », et non « Miss Marianne » (ou « Miss Dashwood », s'il s'était agi de l'aînée), est une indication sérieuse que les jeunes gens sont très intimes. Si la jeune fille laisse son prétendant lui prendre une mèche de cheveux, alors les fiançailles sont quasi certaines[47].

Consentement des parents

Depuis mars 1754, date d'entrée en application du Lord Hardwicke's Marriage Act (la « loi sur le mariage de Lord Hardwicke »), voté l'année précédente par le Parlement, il était indispensable, lorsque l'un des futurs époux n'avait pas au minimum 21 ans, qu'il ou elle obtienne le consentement de ses parents.

Aussi voit-on les prétendants à la main d'Elizabeth Bennet — qui n'a pas encore vingt-et-un ans, comme elle l'avoue à Lady Catherine — s'en aller la demander à ses parents, c'est à dire tout particulièrement à son père.

Au delà de leur indispensable consentement, les parents ont également un grand poids lorsqu'il s'agit de chosir un époux pour leurs enfants. C'est le thème de Lady Susan, où Lady Vernon met tout en œuvre pour contraindre sa fille Frederica à épouser l'homme qu'elle lui a choisi :

« Some mothers would have insisted on their daughter's accepting so great an offer on the first overture [...] Instead of adopting so harsh a measure, (I) merely propose to make it her own choice by rendering her life thoroughly uncomfortable till she does accept him.
Certaines mères auraient insisté pour que leur fille accepte une offre aussi considérable dès la première demande [...] Au lieu d'adopter une mesure aussi dure, je me propose simplement de l'amener à en faire son choix en lui rendant systématiquement la vie difficile jusqu'à ce qu'elle accepte de l'épouser[48]. »

Mariage avant l'âge légal

Gretna Green
La vieille échoppe du forgeron de Gretna Green, où venaient se marier les jeunes couples n'ayant pas l'âge légal.

Si la loi anglaise exige donc le consentement des parents en dessous de 21 ans, la loi écossaise, elle, reste plus tolérante, puisque l'on peut s'y marier dès 14 ans pour les garçons et 12 ans pour les filles, même sans consentement des parents[49]. Aussi Gretna Green, première ville écossaise rencontrée en venant d'Angleterre, est-elle à l'époque de Jane Austen la destination la plus prisée pour les couples trop jeunes, mais désireux de se marier. C'est ainsi à Gretna Green que Lydia Bennett croit se rendre pour se marier, à seize ans à peine, avec l'homme en compagnie duquel elle s'est enfuie.

Dangers des représentations théatrales privées

La famille de Jane Austen a elle-même connu un semblable scandale en septembre 1788, lorsque Thomas James Twisleton (un parent de Cassandra Leigh, la mère de Jane Austen) et Miss Charlotte Ann Frances Wattell s'enfuient pour se marier, bien que tous deux soient encore mineurs, après avoir eu une liaison alors qu'ils jouent dans une représentation amateur de la pièce Julia, or the Italian Lover[N 12] de Robert Jephson.

Cet incident, qui touche directement la famille de Jane Austen du côté de sa mère, est à la base du long passage de Mansfield Park condamnant le danger moral présenté par le théatre amateur[50], considéré comme une véritable incitation à la débauche, conformément à une idée solidement ancrée à l'époque[51].

Ces représentations privées (theatricals) sont alors assez fréquentes, puisque Jane Austen elle-même assiste dès l'enfance à des pièces où jouent ses frères et surtout, à l'occasion des fêtes de Noël 1787, sa séduisante et exotique cousine Eliza de Feuillide, âgée à cette époque de vingt-six ans, alors qu'elle-même n'en a que douze. Henry, l'un des frères de Jane, et Eliza se livrent à cette occasion à un flirt appuyé et il n'est pas interdit de penser que le scandale Twisleton-Wattell va contribuer à la fin des représentations théatrales privées chez les Austen[51].

Rôle social

La femme « accomplie »

Georgiana, duchesse de Devonshire. Par Joshua Reynolds, vers 1775-1776.

Une femme accomplie, qui attirera l'admiration des hommes par ses talents d'ornement (accomplishments), devra maîtriser tant de choses que, comme le dit Elizabeth Bennet à Mr Darcy, « je suis plutôt surprise maintenant que vous en connaissiez une seule » (I rather wonder now at your knowing any)[52].

Les accomplishments

Car longue est la liste des accomplishments, ainsi que le montre Pride and Prejudice, lors de la discussion sur ce sujet entre Mr Darcy, Mr Bingley, Miss Bingley et Elizabeth Bennet :

Elizabeth Bennet au piano-forte lors d'une soirée à Rosings (Pride and Prejudice, chap. 31, 1895).

Si Mr Bingley a tout d'abord des exigences limitées en la matière (peindre de petites tables, broder des éventails, tricoter des bourses), Mr Darcy a en tête sur des talents beaucoup plus sérieux, tels qu'une connaissance approfondie de la musique, du chant, du dessin, de la danse, des langues modernes, et, ajoute-t-il, la culture de l'esprit par la lecture. À quoi Miss Bingley ajoute l'exigence d'une certaine allure, une façon de marcher, une contenance, de bonnes manières, et, bien sûr, la maîtrise du piano-forte[53].

Finalité

Les romans de Jane Austen donnent plusieurs pistes sur le but de ces accomplishments. Si certains d'entre eux sont utiles sur un plan domestique, tels que la broderie, d'autres ne peuvent guère être d'une quelconque utilité pratique, comme la connaissance du français (un accomplishment essentiel à l'époque) alors que la guerre avec la France fait rage. Le but apparaît donc beaucoup plus de faire honneur à son (futur) mari, en permettant d'acquérir des connaissances, une allure et des manières digne d'une dame.

Mais un autre aspect ressort souvent : c'est sur les femmes que repose en effet l'agrément de la vie en société. À une époque où les occasions d'entendre de la musique sont rares et coûteuses, une femme musicienne pourra charmer les invités de quelques pièces de piano, voire chanter comme le font Emma Woodhouse et Jane Fairfax (Emma) lors de la soirée chez les Cole[54], ou encore fournir l'accompagnement musical indispensable à un bal improvisé. De même, en l'absence de procédé photographique, c'est du talent de dessinatrice ou d'aquarelliste des jeunes femmes que dépend la seule possibilité pratique de fixer un visage aimé (à l'instar d'Emma faisant le portrait d'Harriet Smith à la demande de Mr Elton), ainsi que le montre d'ailleurs le seul portrait aujourd'hui connu de Jane Austen, dessiné par sa sœur Cassandra.

Autres rôles

Un rôle essentiel de la femme de l'époque georgienne est d'avoir des enfants. Rôle majeur, reflété par la croissance démographique de l'Angleterre pendant cette période, que Jane Austen connait bien, elle qui n'a pas moins de treize nièces et onze neveux[55]. Mais rôle difficile, et dangereux à cette époque, puisque trois de ses belles-sœurs mourront en couche. Pourtant, cet aspect trouve peu de place dans les romans de Jane Austen. En dehors de Pride and Prejudice, où Mrs Bennet se débat pour marier ses cinq filles, les familles qui évoluent dans son œuvre comptent peu d'enfants par rapport à la réalité de l'époque. Il est vrai que les grands romans de Jane Austen se situent tous avant le mariage, qui en constitue le véritable enjeu.

Les femmes mariées et les jeunes filles sont également très actives pour ce qui est de la correspondance avec leurs proches, source d'information quasi-exclusive sur les membres de la famille habitant d'autres parties du pays.

Vie à la campagne

Vie sociale et distractions

Pour les héros de Jane Austen, comme pour sa propre famille, les activités sociales et les visites sont limitées par les distances qu'on peut parcourir en une journée avec un attelage[56], ce qui circonscrit les fréquentations, surtout à la campagne.

Ainsi, les Austen sont très liés avec une douzaine de foyers des environs, les Digweed de Steventon, les Bigg de Manydown, les Lefroy d'Ashe, les Portal de Freefolk, les Heathcote d'Hursley, etc. Ensemble, on organise des dîners, des bals, des jeux de cartes, ou on suit la meute ensemble[56]. On se réunit aussi pour de simples soirées, une demoiselle faisant montre de ses talents de pianiste, régalant l'assistance d'un morceau de musique ou lançant parfois un bal improvisé.

Il reste que les relations sont limitées à la fois par la distance et par le statut social des gens fréquentables. À Steventon même, le village de la famille Austen, seuls les Austen et les Digweed avaient un statut social véritablement au-dessus de celui des travailleurs agricoles[57].

C'est ce qu'exprime Mr Darcy lorsqu'il reproche à la campagne d'offrir une société confinée et moins variée que la ville, opinion à laquelle Mrs Bennet oppose un démenti en précisant : « Je sais que nous dînons avec vingt-quatre familles ! »[58].

Déplacements et séjours en ville

Moyens de transport

La calèche (barouche), le moyen de transport à la mode.

Les déplacements s'effectuent à cette époque à une vitesse moyenne de 11 km/heure (7 miles par heures). Lorsque le général Tilney quitte Bath pour Northanger, son bel équipage de quatre chevaux bien nourris lui permet de faire le voyage en deux étapes de 15 miles séparées par un arrêt de deux heures pour se reposer[59]. Encore les routes peuvent-elles être en mauvais état, comme le signale Mrs Norris entre Mansfield et Sotherton (Mansfield Park)[59], voire enneigées.

Les possibilités de loisir sont donc tributaires de l'éloignement des villes et de la difficulté des transports. Dans Sense and Sensibility, il faut trois jours pour aller de Barton, Devon, à Londres[60] ; pas question, par conséquent, de n'y passer que quelques jours, l'on y restera des semaines, voire des mois. Les voyages à Bath[61], ou à Londres, la grande ville où tout est possible, deviennent des expéditions de longue durée, et le retour dépendra des circonstances.

Lorsque l'on n'a pas les moyens d'entretenir une voiture et l'équipage qui lui est nécessaire, on peut voyager dans de bonnes conditions par la post-chaise, la chaise de poste, qui n'a pas de cocher, mais un simple postillon monté sur l'un des chevaux de l'attelage. Elle peut accueillir une ou deux personnes pour le modèle à deux roues, et jusqu'à quatre personnes pour le modèle à quatre roues. Même si l'on doit s'y mêler à des inconnus, c'est un moyen plus rapide de couvrir de grandes distances qu'une chaise à porteurs, utilisable presque uniquement en ville[N 13].

Chaise à cheval, gig.
Phaeton.

La manière de se déplacer la plus plaisante et la plus élégante reste néanmoins de disposer de sa propre calèche (barouche), voiture découvrable à quatre roues et deux chevaux, pouvant accueillir deux couples en vis-à-vis, et conduite par un cocher. Celui-ci est installé à l'avant sur son propre siège (barouche-box), où les plus jeunes, à l'instar de Julia Bertram dans Mansfield Park, peuvent aussi trouver place pour profiter pleinement des paysages traversés[62].

C'est en calèche que se déplace Lady Catherine de Bourgh lorsqu'elle propose à Elizabeth Bennet de l'emmener avec elle jusqu'à Londres (Pride and Prejudice). C'est une calèche également qui fait le bonheur de Robert Ferrars (Sense and Sensibility), fasciné comme il l'est par tous les symboles de statut et d'élégance. Quant au barouche-landau cher à Mrs Elton (Emma), c'est une version de la calèche encore plus élégante et confortable[63].

D'autres voitures (carriages) apparaissent également dans les romans de Jane Austen : le curricle (« carrick ») à deux roues, léger, aristocratique, et tiré par deux chevaux, comme celui que conduit Henry Tilney dans Northanger Abbey, ou encore Darcy, lorsqu'il amène sa sœur à Lambton pour la présenter à Élisabeth, est connu pour être rapide au point de mettre souvent son occupant en danger. C'est ce qui permet à Emma Watson (The Watsons) de refuser la proposition que lui fait Tom Musgrave de la raccompagner en curricle, avec l'excuse que ce genre de véhicule lui fait plutôt peur (she was rather afraid of the sort of carriage )[64]. Quant au gig dont s'enorgueillit John Thorpe, toujours dans Northanger Abbey, c'est une simple chaise attelée d'un seul cheval, beaucoup plus modeste. Enfin, le phaeton à quatre roues, est ouvert et tiré par deux chevaux[65].

Un aspect moins connu de ces véhicules hippomobiles est le réel danger d'accident que l'on courait en y voyageant, comme en témoigne l'accident par lequel débute Sanditon. Cette évocation correspond bien à la réalité de l'époque, puisqu'une cousine de Jane Austen, Jane Williams, meurt en 1798 d'un accident survenu alors qu'elle conduisait sa chaise attelée d'un cheval[65].

Destinations en vogue

Articles connexes : Londres, Bath et Assembly Rooms de Bath.
Carte du sud de l'Angleterre où figurent les trente localités que Jane Austen a visitées ou a habité, en particulier Londres et Bath.

Les voyages dans un autre comté, dans une autre partie du pays, sont longs et fatigants. Aussi ne s'y résoud-on que pour une bonne raison, dont la plus fréquente — car la plus agréable et la moins coûteuse — est d'aller y passer quelque temps chez un parent qui y vit ou y possède une maison.

Une fois arrivé sur place, le séjour se compte en général en mois, sauf imprévu, ou sauf urgence.

Ce sont les déplacements à Bath ou à Londres que l'on retrouve le plus souvent dans les romans de Jane Austen.

Bath
Élégante se rendant aux Assembly Rooms de Bath, décrites dans Northanger Abbey et dans Persuasion (caricature de James Gillray).

Bath est une ville du Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre, célèbre depuis l'époque romaine pour ses bains, alimentés par trois sources d'eau chaude. C'est donc là une excellente raison de s'y rendre. Mais la ville offre également de grandes ressources sur le plan mondain, car elle dispose, entre autres, d'un remarquable complexe immobilier, les Assembly Rooms, construit en 1769 par John Wood, et offrant une immense salle de bal, une salle pour jouer aux cartes et autres aménités[66].

S'il est de bon ton d'aller se montrer à Bath, ce climat mondain — peu apprécié par Jane Austen elle-même — est souvent l'objet de critique dans ses romans.

C'est le cas tout spécialement dans Northanger Abbey, dont un long passage se déroule dans la ville, aux Assembly Rooms ou à la Pump Room[67].

C'est à Bath que l'insupportable Mrs Elton, familière de la ville, suggère à Emma Woodhouse d'emmener son père pour soigner sa santé précaire, en lui promettant de lui donner une recommandation pour l'amie chez qui elle réside là-bas[68].

Une partie importante de Persuasion se déroule également à Bath, qui y apparait comme une sorte de micro-culture narcissique, véritable incarnation de la vanité et du snobisme de Sir Walter Elliot[69]. Le caractère de sa fille, Anne Elliot, plus réservée, s'accommode mal en revanche du tintamarre et des cris dont retentit la ville[70].

Londres

Londres est la grande ville de près d'un million d'habitants, aux immenses possibilités. Les couples en fuite peuvent aller s'y cacher en sachant qu'on ne pourra guère les y retrouver[71], car c'est le seul endroit d'Angleterre assez peuplé pour y disparaître.

C'est à Londres aussi qu'Elinor et Marianne Dashwood passent l'hiver, chez Mrs Jennings, mère de Lady Middleton (Sense and Sensibility). Si les distractions offertes sont beaucoup plus nombreuses que partout ailleurs dans le pays, la vie à Londres apparait comme moins spontanée, plus soucieuse des apparences, comme lorsque Lady Middleton se refuse à l'idée de donner un petit bal de huit ou neuf couples, avec deux violons et une simple collation. « Une telle sauterie improvisée pouvait se concevoir à la campagne ; mais à Londres, où la réputation d'élégance a plus de prix et s'acquiert moins facilement, c'est là trop risquer pour la satisfaction de quelques jeunes filles »[72].

Correspondance avec les proches

À l'époque georgienne, la seule façon de communiquer avec ses proches est la lettre. D'ailleurs, les jeunes filles réservent chaque jour un moment pour la correspondance, comme on le voit dans Sanditon[73].

Jane Austen elle-même a, pense-t-on, écrit quelques 3 000 lettres dans sa vie[N 14], avec les proches dont elle était momentanément séparée : sa sœur Cassandra d'abord et avant tout, mais aussi ses nièces Fanny Knight et Anna Austen, et bien d'autres membres de la famille ou d'amis[74].

Elle a également recouru à la forme épistolaire pour quelques uns de ses romans, suivant en cela une tendance de l'époque où elle commence à écrire. Samuel Richardson, qu'elle admire, écrit tous ses romans sous forme de lettres (Clarissa, Pamela, or Virtue Rewarded, et surtout The History of Sir Charles Grandison, que Jane Austen relie régulièrement). Fanny Burney, elle aussi, a recours au style épistolaire pour ses romans.

Jane Austen, par conséquent, écrit plusieurs romans sous forme de lettres : Lady Susan, rédigé en 1793 ou 1794, alors qu'elle n'a que 18 ou 19 ans, mais aussi Elinor and Marianne, qui deviendra ensuite Sense and Sensibility, après une complète réécriture[75].

Malgré tout, Jane Austen, dont le tempérament instinctif est d'éviter tout ce qui est outré et un peu ridicule, n'est guère à l'aise avec les conventions impliquées par la forme épistolaire ; certes, ces longs échanges de lettres sont conformes à la réalité de l'époque. Cependant, lorsque Clarissa Harlowe écrit, alors qu'elle vient d'être enlevée et que ses ravisseurs se sont emparés d'« une demi-pinte de son encre », lorsqu'enfin elle continue à écrire, envers et contre tout, malgré la séquestration, le viol, la maladie et la mort[N 15], sans doute Jane Austen, malgré toute son admiration pour Richardson, ne peut-elle s'empêcher de sourire[75]. Aussi abandonne-t-elle assez vite la forme épistolaire pour s'orienter vers le discours indirect libre, et trouver ainsi son propre style, comme s'en félicite Virginia Woolf[75].

Annexes

Notes

  1. Jane Austen explique son approche littéraire dans ses lettres (dont une lettre de 1814 à sa nièce Anna Austen) : three or four families in a Country Village [is] the little bit (two Inches wide) of Ivory on which I work (« trois ou quatre familles dans un village campagnard, c'est là le petit morceau d'ivoire (cinq centimètres de large) sur lequel je travaille »).
  2. Warren Hastings (peut-être le père de Eliza Hancock) sera l'un des premiers admirateurs de Pride and Prejudice (David Cecil 2009, p. 35)
  3. Soit 27 203 familles sur un total de 2,27 millions environ.
  4. La mode des cheveux poudrés est mise en avant dans The Watsons ; elle est tombé en désuétude aux alentours des années 1805 (Margaret Drabble, « Social Background » Jane Austen 2003, p. 35, Lady Susan, The Watsons and Sanditon).
  5. Un simple gentleman peut être par exemple le cadet d'une famille dont seul l'aîné a droit au titre d’esquire.
  6. C'est d'ailleurs Chatsworth House qui apparait en tant que Pemberley dans le film de 2005 Pride and Prejudice de Joe Wright, avec Keira Knightley. Jane Austen avait certainement visité Chatsworth lors de sa révision de Pride and Prejudice en 1811, au cours d'un séjour dans le Derbyshire, dans une auberge toute proche du château (The selected essays of Donald Greene, page 303). Cependant, dans la mesure où Chatsworth est nommément cité par ailleurs dans le roman, que la description de Pemberley souligne que l'intérieur est d'une élégance discrète, « sans rien de voyant ou d'inutilement somptueux », que « la rivière avait été élargie sans donner à ses rives une apparence artificielle » et que « le pittoresque naturel du lieu avait été parfaitement respecté », on peut aussi supposer que Pemberley est un lieu au moins en partie imaginaire, comme Longbourn ou Meriton.
  7. Le père de Jane Austen, qui en était le titulaire, ne pouvait faire vivre sa nombreuse famille qu'en y adjoignant le bénéfice de la paroisse de Deane et en donnant des cours particuliers de latin et de grec, ce que lui permettait sa haute formation.
  8. Auxquels on pourrait ajouter le défunt mari de Mrs Norris
  9. Le quadrille, apparu en France dès les années 1760, est introduit en Angleterre en 1808.
  10. Ah, Jane, I take your place now, and you must go lower, because I am a married woman (« Ah, Jane, je prends ta place maintenant, et tu ne viens plus qu'au second rang, car je suis une femme mariée »).
  11. Seule l'aînée (ou d'ailleurs l'aîné) porte son nom de famille sans indication du prénom. Pour une autre des filles, le prénom viendra s'intercaler (Miss Elizabeth Bennet, par exemple).
  12. Julia, ou l'amant italien
  13. On rapporte cependant le cas d'une voyageuse invalide, qui se rendit de Londres à Bath en chaise à porteurs (Albert Edward Richardson 2008 (première édition en 1931), p. 32)
  14. Il n'en reste plus guère que 160 aujourd'hui, car Cassandra en a détruit un grand nombre après la mort de sa sœur pour, sans doute, préserver le caractère privé de leurs relations.
  15. Car le dernier volume de Clarissa est agrémenté des lettres posthumes de l'héroïne, écrites par delà la tombe (Margaret Drabble, p. 10).

Références

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  39. Jane Austen n'est pas plus explicite sur les moyens utilisés par Lady Denham pour se prémunir ainsi contre les intentions de son mari.
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  69. Judy Simons, Mansfield Park and Persuasion, Palgrave Macmillan, 1997, p. 183
  70. Valerie Grosvenor Myer, Jane Austen, obstinate heart, Arcade Publishing, 1997, p. 100
  71. Jane Austen 1853 (première édition en 1813), p. 260, Pride and Prejudice
  72. Jane Austen 1948 (première édition en 1811), p. 243, Sense and Sensibility
  73. Margaret Drabble, « Introduction » Jane Austen 2003, p. 10, Lady Susan, The Watsons and Sanditon
  74. Janet M. Todd, Jane Austen in context, Cambridge University Press, 2005, p. 33
  75. a , b  et c Margaret Drabble, « Introduction » Jane Austen 2003, p. 9, Lady Susan, The Watsons and Sanditon

Bibliographie

Romans de Jane Austen

  • (en) Jane Austen, Sense and Sensibility, Plain Label Books, 1948 (première édition en 1811) (ISBN 9781603037280) 
  • (en) Jane Austen, Pride and Prejudice, R. Bentley, 1853 (première édition en 1813), 340 p. 
  • (en) Jane Austen, Mansfield Park, Forgotten Books, 2008 (première édition en 1814) (ISBN 9781606208182) 
  • (en) Jane Austen, Emma, Plain Label Books, 1961 (première édition en 1815), 427 p. (ISBN 9781603037273) 
  • (en) Jane Austen, Northanger Abbey, R. Bentley, 1856 (première édition en 1818) 
  • (en) Jane Austen, Persuasion, Forgotten Books, 2008 (première édition en 1818) (ISBN 9781606208205) 
  • (en) Jane Austen, Lady Susan, The Watsons and Sanditon, Penguins Classics, 2003 (ISBN 97801431025) 

Analyse de sa vie et de son œuvre

  • (fr) David Cecil (trad. Virginie Buhl), Un portrait de Jane Austen, Payot, Paris, 2009, 287 p. (ISBN 9782228903783) 
  • (en) Albert Edward Richardson, Georgian England, Jeremy Mills Publishing, 2008 (première édition en 1931) (ISBN 9781906600006) 
  • (en) David Nokes, Jane Austen: a life, University of California Press, 1998 (ISBN 9780520216068) 
  • (en) Claire Tomalin, Jane Austen: A Life, Alfred A. Knopf, New York, 1997 (ISBN 0-679-44628-1) 
  • (en) Park Honan, Jane Austen: A Life, St. Martin's Press, New York, 1987 (ISBN 0-312-01451-1) 
  • (en) Irene Collins, Jane Austen and the Clergy, The Hambledon Press, Londres, 1994 (ISBN 1-85285-114-7) 
  • (en) A. Walton Litz, Jane Austen: A Study of Her Development, Oxford University Press, New York, 1965 
  • (en) Oliver MacDonagh, Jane Austen: Real and Imagined Worlds, Yale University Press, New Haven, 1991 (ISBN 0-300-05084-4) 
  • (en) Nicholas Marsh, Jane Austen, Palgrave Macmillan, 1998 (ISBN 9780312213718) 
  • (en) Isabelle Baudino, Jacques Carré, Marie-Cécile Révauger, The invisible woman, Ashgate Publishing, Ltd., 2005 

Articles connexes

Sur l'époque georgienne

Sur Jane Austen

Sur ses romans

Liens externes

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