Le corniaud

Le corniaud

Le Corniaud

Le fameux poste de douane de Menton rendu célèbre par le film dans lequel Antoine Maréchal croise Léopold Saroyan et ses sbires lors du désossement de la Cadillac Eldorado par les douaniers.

Le Corniaud est un film franco-italiano-espagnol réalisé par Gérard Oury, sorti en 1965.

Sommaire

Synopsis

Cadillac Eldorado Biarritz, modèle 1959, identique à celle du film (qui, elle, était blanche).

Alors qu'il n'a encore parcouru que quelques dizaines de mètres sur le chemin de l'Italie où il souhaitait passer ses vacances, la 2 CV d'Antoine Maréchal se disloque lorsqu'elle est percutée par la Bentley de Monsieur Saroyan, un soi-disant directeur d'une maison d'import-export. D'abord de mauvaise foi, Saroyan reconnaît ses torts et, comme dédommagement, offre à Maréchal le voyage Paris-Naples en Caravelle, puis de convoyer tous frais payés, jusqu'à Bordeaux, d'où elle sera réexpédiée à Miami, une superbe et immense Cadillac décapotable laissée là-bas par un de ses amis américains. Voilà qui promet de formidables vacances pour Maréchal.

Cependant celui-ci ne se doute pas alors que Saroyan est le parrain d'un syndicat de gangsters et qui l'utilise comme « mule » pour convoyer ce « paquebot routier » bourré en fait de produits de contrebande : drogue (héroïne), pierres précieuses (dont le « You koun-koun », le plus gros diamant du monde), or, etc... Voici donc le pauvre Maréchal bientôt sur les routes d'Italie, ignorant tout de sa précieuse cargaison car « c'est l'homme qui est suspect pas la voiture » et ne remarquant pas que le malfaiteur le suit à distance pour veiller sur la marchandise, qui elle aussi est convoitée par une bande rivale...

Commentaire

Une Cadillac Eldorado comme celle de Bourvil dans le film.

Le Corniaud est un road movie comique, un voyage en Italie qui conduit les protagonistes de Paris à Rome, Naples, Pise, la Côte d'Azur, la Cité de Carcassonne et Bordeaux, en passant par des sites magnifiques comme la Villa d'Este, le château Saint-Ange et la Toscane. Loin des comédies « réalisées à l'économie », le film entièrement tourné en extérieur bénéficie de conditions assez exceptionnelles pour un film comique français de cette époque : un budget important[1], ainsi que la couleur, le son direct et quinze semaines de tournage. Même si les deux acteurs principaux ont peu de scènes communes[2], leurs emplois sont complémentaires : Bourvil joue le corniaud, le naïf émouvant qui effectue innocemment un extraordinaire périple et joue le joli cœur, tandis que De Funès incarne la mauvaise foi « montée sur ressort » cherchant à exploiter son acolyte, un chef de bande colérique et fébrile qui voit tous ses plans malhonnêtes s'effondrer au fur et à mesure du chemin.

Fiche Technique

  • Titre : Le Corniaud
  • Réalisation : Gérard Oury
  • Scénario : Gérard Oury
  • Adaptation : Gérard Oury, Marcel Jullian
  • Dialogues : Georges Tabet, André Tabet
  • Assistants réalisateurs : Serge Vallin, Giorgio Stegani, Gérard Guérin
  • Sociétés de Production : Les Films Corana
  • Sociétés de Distributions : Valoria Films
  • Producteur : Robert Dorfman
  • Directeurs de Production : Yves Laplanche, Enzo Provenzale, Jacques Juranville
  • Secrétaires de Production : Francesco Siarletta, Robert Giordanni
  • Musique : Georges Delerue
  • Photographie : Henri Decaie, Vladimir Ivanov, Alain Douarinou pour la seconde équipe
  • Montage : Albert Jurgenson, Laurence Leininger, Etiennette Muse
  • Son : Antoine Bonfanti
  • Costumes : Tanine Autré
  • Décors : Francesco Siarletta, Robert Giordanni
  • Effets spéciaux : Pierre Durin, Michel Durin, Claude Carliez et Gil Delamare
  • Script-girl : Lucile Costa
  • Générique : Jean Fourchet
  • Régisseur Général : Jean Pieuchot, Roberto Cocco, Gaetano Amata
  • Agent de Presse : Richard Balducci
  • Consultant Italien : Stéfania Giani
  • Photographe de Plateau : Rodrigue
  • Genre : Comédie, Aventure
  • Durée : 105 minutes

Distribution

Autour du film

  • Après la projection des rushes des deux premières semaines de tournage, De Funès trouvant qu'il n'était pas assez présent à l'écran[3] fera une « grève du masque[4]» pendant près 24 heures. Oury imagine alors la célèbre scène de douche, où l'acteur compare sa musculature avec celle d'un « grand balèze », l'ex-catcheur Robert Duranton. L'idée lui est inspirée par une rencontre étonnante faite lors d'un voyage en Italie «  ... j'avais rencontré à Capri un couple étrange, lui : un homo maigrichon américain, ridaillé mais milliardaire, elle : un colossal biquet français culturiste ! L'opposition physique entre ces deux êtres dépassait les limites de la bouffonnerie[5] ».
  • L'aventure de La Grande Vadrouille commence ... sur le tournage du Corniaud où Gérard Oury raconte aux deux comédiens le scénario du film à venir.
  • La 2CV était équipée de 250 boulons électriques afin qu'elle se disloque au moment voulu. Cette scène, la dernière tournée le 7 décembre 1964, fut peut-être inspirée à Oury par sa « rencontre » cinématographique avec Bourvil [6]sur le tournage du Miroir à deux faces. Dans ce film dramatique d'André Cayatte réalisé en 1958, Bourvil au volant de sa 2CV est percuté par Gérard Oury, acteur mais aussi co-scénariste du film, au volant d'une grosse américaine.
  • Lorsque Bourvil/Maréchal dit « elle va marcher beaucoup moins bien, forcément », juste après l'accident de la 2CV, on voit de Funès baisser la tête pour rire. Cette réplique n'était pas prévue et cette scène aurait difficilement été rejouable, ce qui aurait du être le cas si de Funès n'avait pas eu la présence d'esprit de se dissimuler le visage. On remarque également qu'au moment où la 2CV de Bourvil se disloque, ce dernier tire plusieurs fois sur le volant pour qu'il se décroche de son axe et ainsi assurer le gag et surtout la continuité de la scène.
  • Le scénario du Corniaud s'inspire de la mésaventure d'un présentateur de la télévision française, Jacques Angelvin, qui fut arrêté aux États-Unis en 1962 au volant d'une Buick provenant de France et dans laquelle plus de cinquante kilogrammes d'héroïne pure avaient été dissimulés[7]. Lors de son arrestation, la voiture ne contenait plus la drogue et Angelvin clama d'abord son innocence en prétendant avoir été dupé, d'une manière semblable au héros du Corniaud. Il fut pourtant prouvé que la voiture du Français avait bien servi à transporter la drogue depuis Marseille jusqu'aux États-Unis et qu'il avait touché dix mille dollars pour cela. Plaidant coupable lors de son procès, le présentateur de Paris-Club fut incarcéré pendant cinq ans[8]. Cette arrestation est un des épisodes du démantèlement de la « French connection » qui a inspiré les films du même nom (French Connection et French Connection 2).
  • Le cachet de Bourvil pour ce film est trois fois plus important que celui octroyé à De Funès[9].
  • La Cadillac conduite par Bourvil est un modèle ElDorado 1964.
  • n°1 au box-office en 1965 : 11,74 millions d'entrées.
  • Lors du Festival de Cannes 1965, Oury et son producteur se voient proposer par des américains de réaliser et produire un remake avec Dean Martin et Jack Lemmon. Malgré une offre importante (« Budget doublé, salaires versés en Suisse, promesses de deux autres films dans les cinq ans. Énorme »[10]), les Français ne donneront pas suite.

Lieux de tournage

Récompenses

  • Prix du meilleur scénario du Festival de Moscou 1965[11].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Olivier de Funès et Patrick de Funès, Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants !, Le Cherche midi, 2005, (ISBN 274910372X)
  • Gérard Oury, Mémoire d'éléphant, Presses Pocket, Paris, 1989

Notes et références

  1. 530 millions de centimes pour un budget initial de 350, ce qui représente 6,3 millions d'€ en 2005 si l'on se réfère au tableau de conversion établi par l'INSEE (Cf. [1]). Le dépassement, en grande partie dû à une mauvaise météo sur l'Italie, faillit causer la faillite du producteur Robert Dorfmann.
  2. Les deux acteurs ne jouent ensemble qu'au début et à la fin du film. Entretemps, De Funès/Saroyan suit à distance Bourvil/Maréchal en évitant d'être repéré.
  3. Cette impression fut sans doute renforcée par le fait que deux jours avant le premier tour de manivelle, le fils de 16 ans du premier assistant « emprunte » la Jaguar verte que De Funès devait utiliser et la détruit dans un accident. En conséquence, beaucoup des scènes de l'acteur ne pourront être filmées qu'après l'arrivée d'une voiture de rechange, des jours plus tard (cf. Mémoires d'éléphant, p. 223).
  4. Mémoires d'éléphant, p. 225. Patrick De Funès revient sur cet incident dans le livre Ne parlez pas trop de moi, les enfants !. Il écrit p. 144 : « J'ai lu plus tard que mon père, un temps, se serait livré à un sorte de grève sur le tournage [...]. C'est inexact : il avait bien trop de conscience professionnelle pour cela. [...] en réalité, durant cette très courte période de froid, il ne joua plus que ce qui était écrit [...] sans plus chercher à inventer ni improviser »
  5. Mémoires d'éléphant, p. 225.
  6. Leur première rencontre cinématographique s'est produite sur le plateau du Passe muraille de Jean Boyer. « .. le Passe-Muraille, c'était Bourvil, et il devait m'assener des claques au travers des cloisons [..] j'avais la tête comme une calebasse. Naturellement, après un certain nombre de prises, je ne pouvais plus me défendre d'un réflexe d'appréhension. Cela dura deux jours et fut à l'origine de vingt ans d'amitiés. » Gérard Oury, Ma grande vadrouille, Plon, Paris, 2001, p. 18.
  7. « Influencé par l'affaire Angelvin, j'en ai rêvé de cette histoire. Ce présentateur croupit en prison à N.Y pour avoir emmené par bateau sa voiture américaine en Amérique. Cela a paru louche [..] Ou alors le type ne savait rien. C'est ce qu'il prétend, ce corniaud ! » Gérard Oury, Mémoire d'éléphant, Presses Pocket, 1989, Paris, p. 221.
  8. Il raconte son histoire dans Jacques Angelvin, Mes prisons américaines, Plon, 1968.
  9. Mémoires d'éléphant, p. 230.
  10. Sur la route de la grande vadrouille : les coulisses du tournage, p. 9.
  11. Mémoires d'éléphant, p. 225.
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