Le PCF et le programme commun (1968-1981)

Le PCF et le programme commun (1968-1981)

L'alternance politique, notion apparue dans la vie politique française dans les années 1970-71, se définit comme la succession pacifique d'équipes différentes, voire opposées, au pouvoir. Elle exclut donc le coup d'État, l'insurrection ou la guerre civile. Les résultats électoraux constituent son moteur.

L'alternance est-elle compatible avec la théorie marxiste-léniniste, sur laquelle, a priori, s’appuyait à cette époque le Parti communiste français[1] ?

En effet, si le projet du PCF est « conforme » à la théorie de Marx, Engels et Lénine, on peut se demander si communisme et capitalisme peuvent se succéder ainsi, alors qu'ils reposent sur des principes inconciliables. L'alternance de sociétés peut-elle être envisageable pour un marxiste-léniniste ? Cela signifierait que l'on puisse passer sans problème de l'état de non État à celui d’État capitaliste.

Si cela n'est pas envisageable, l'alternance reconnue et acceptée par les communistes ne peut-être que l'alternance des hommes. Alors il importe de savoir dans quelle société aura lieu cette alternance ? Capitaliste ? Communiste ? C'est-à-dire dans un État bourgeois ou dans un État prolétarien ? Quel que soit cet État, il sera le cadre dans lequel, tour à tour, domineront les intérêts de la bourgeoisie et ceux de la classe ouvrière. Si cela doit se produire dans la société capitaliste, cela signifie que l'État bourgeois « servira » aussi bien les intérêts de classe bourgeoise que ceux du prolétariat. La réciproque ne peut-être totalement vraie. En effet dans la société communiste, il n'y a plus de classe donc plus d'État puisque les marxistes démontrent que l'existence de l'État est consubstantielle de celle des classes et de leurs luttes.

Peut-on voir se succéder « pouvoir prolétarien et pouvoir bourgeois » ? Telle est la forme que prend la question de l’alternance concernant le PCF, qui a développé dans les années postérieures au départ du général de Gaulle, une stratégie pacifique de passage au socialisme : la démocratie avancée ou la « démocratie jusqu'au bout »[2]. Le pilier de cette stratégie, c'est l'union de la gauche, c'est-à-dire l'union des socialistes et des communistes autour d'un programme commun, que le PCF proposait dès 1959[3] et qui a été adopté en 1972[4]. Dès la signature de cette alliance, la droite a agité devant l'électorat la menace; quasi-permanente à l'égard du PCF; du non-respect de la démocratie par ce parti et particulièrement de son refus de rendre le pouvoir si d'aventure il le gagnait, puis le perdait.

Le PCF, engagé dans la bataille du programme commun, s'est empressé de démentir ces propos, qui portaient atteinte à l'image qu'il désirait montrer. C'est ainsi qu'il a reconnu et accepté le principe de l'alternance[5]. Rappelons que deux fois déjà le PCF a soutenu ou participé au pouvoir (1936 et 1945), sans que le retour de ce dernier à la droite ou à une autre majorité fasse problème. Donc implicitement, le principe était déjà reconnu puisqu'il avait été appliqué.

L’alternance implique que l'État peut « servir » indistinctement les intérêts de la classe ouvrière et ceux de la bourgeoisie. Or cette affirmation est en contradiction avec la conception marxiste de l'État. Dès lors l’acceptation de l’alternance signifie que l'État de la transformation sociale dans le projet communiste n'est rien d'autre que l'État bourgeois.

Il importe d’examiner ce qui fonde la reconnaissance de l’alternance et comment elle s’exprime dans la stratégie du PCF.

Sommaire

Les fondements théoriques de l’admission de l’alternance politique par le PCF

La reconnaissance de l'alternance va résulter d'une analyse du capitalisme de l'époque et d'une révision profonde de la marche vers le communisme.

Le Capitalisme monopoliste d’État (CME) induit une nouvelle vision de l’État

Le stade du capitalisme de l'époque a été caractérisé dans l'expression « capitalisme monopoliste d'État » et s'est traduit par une nouvelle présentation de l'État, susceptible de « recyclage » par les forces du changement !

Le CME

La stratégie du PCF va se développer à partir d’une analyse du stade actuel du capitalisme désigné par le capitalisme monopoliste d'État (CME)[6], c'est-à-dire « par essence le capitalisme par la permanence des rapports fondamentaux d'exploitation, c'est le stade de l'impérialisme par l'extension des structures monopolistes; et à l'intérieur de ce stade, c'est sa phase contemporaine par le développement de l'intervention de l'État et l'interdépendance croissante entre les monopoles et l'État »[7].

Selon le PCF, l'intervention étatique croissante et permanente a été rendue nécessaire parce que le capitalisme s'avérait incapable de maîtriser ses contradictions, et afin d’enrayer la tendance à la baisse du taux de profit moyen[8]. Ce qui caractérise l’époque, c'est non seulement la prise en charge par l'État des conditions générales de production de la plus-value mais surtout l'intervention directe de l'État dans l'accumulation du capital.

Le CME est considéré comme l'« antichambre du socialisme » dans la mesure où les forces productives acquièrent un caractère de plus en plus social, et connaissent un développement tel qu'elles exigent l'intervention croissante et permanente de l'État. Développement qui ne peut se poursuivre sans modification, sans remise en cause des rapports de production. L'accaparement de l'État par une clique de « monopoleurs » a pour conséquence que l'immense majorité des Français est leur victime, et tous désirent donc unanimement le changement !

Cette analyse ne tient pas compte des contradictions existant à l'intérieur de la bourgeoisie, entre bourgeoisie non monopoliste et bourgeoisie monopoliste et pour cette dernière, des contradictions entre les différentes fractions du capital monopoliste (capital bancaire, capital industriel). En outre, on escamote le problème de la place des nouvelles couches salariées non ouvrières dans cet antagonisme. En affirmant que ces « couches intermédiaires salariées » n'appartiennent à aucune classe, mais qu'elles se « rapprochent de plus en plus de la classe ouvrière »[9], le PCF ne répond pas à ces questions et on ne peut ainsi retrouver à l'intérieur de l'État l'expression de la lutte des classes[10].

Le fait d'amalgamer tout ce qui n'est pas monopoliste dans un ensemble favorable au changement (les fameux 80 % de Français ayant OBJECTIVEMENT intérêt à la suppression des monopoles) représente une prouesse d'une hardiesse théorique peu commune ... pour des marxistes. « Objectivement situé » pour lutter contre les monopoles, il suffit de leur dire où est leur intérêt pour que ces 80 % le comprennent et agissent en conséquence ...! Une large majorité étant en passe « d’accéder à la conscience » de leur exploitation, il suffit de démontrer que le changement des hommes à la tête de l’État peut produire la nouvelle société.

L'État du CME est « recyclable »

Dans le cadre de cette analyse du CME, le PCF produit une vision instrumentaliste et neutraliste de l'État qui, dès lors, n'a nul besoin d'être brisé en tant que tel au moment de la transition socialiste. Cette vision techniciste, François Hincker l’affirme en déclarant que « l’État n'est pas seulement un moyen d'exercice du pouvoir économique » mais surtout un « rouage de l'économie »[11], ou en évoquant les « fonctions de l'État » qui « comportent une dimension technique »[12]. Les communistes distinguent, alors, dans l'État : fonction de domination et fonction d'organisation[13] relativement indépendantes l'une de l'autre et, entretenant dans l'État actuel des rapports contradictoires[14]. La seconde est pervertie par la première du fait de l'unité État-monopoles.

Briser l'État capitaliste signifiera rompre cette unité, ce « mécanisme unique » par la prise du pouvoir par les travailleurs. Ne pas briser « l'État en général », c'est conserver la fonction d'organisation, fonction qui transcende la lutte des classes, fonction immanente à toute société. Dès lors, pour transformer la société, il suffit d'orienter la fonction d'organisation vers des buts qui sont présentés comme étant « naturellement » les siens. « L'État devient alors une forme supérieure de maîtrise collective de toute la vie sociale. Dans le socialisme, l'État organisera »[15]. En rompant le « mécanisme unique » État-monopoles, on réconcilie fonction de domination et fonction d'organisation, car la fonction de domination est assurée, alors, par et au profit des travailleurs, donc d'une « large majorité » et cette fonction de domination a vocation à disparaître pour laisser place nette à la fonction d'organisation elle-même vouée à l'extinction. Or en parlant d'extinction, les marxistes, et Lénine l'a bien souligné[16], envisageaient l'extinction de l'État prolétarien, l'État bourgeois lui était supprimé.

Aussi rien d'étonnant à la présentation de « l'État des monopoles... comme un rouage économique, qu'un nouveau manipulateur - un gouvernement démocratique - peut immédiatement utiliser »[17] ou encore « le socialisme n'est rien d'autre que le CME transformé, reconverti au service du peuple tout entier »[18]. Il est inutile de briser l'État puisqu'il peut « servir » immédiatement, il est prêt, il ne lui manque que le bon dirigeant!

Au stade du capitalisme monopoliste d’État, ce dernier est en quelque sorte détourné de sa « fonction naturelle » d’organisation par la fusion en un « mécanisme unique » de l’État et des monopoles, comme le montrerait l'identité des dirigeants politiques et des dirigeants monopolistes.

Sur le plan constitutionnel, les communistes présentent, désormais, la constitution de la Ve République comme étant « la traduction institutionnelle du CME »[19], la marque de la fusion État-monopoles. Présentée à ses débuts comme instituant un régime « orientée vers la dictature personnelle et ouvrant la voie au fascisme »[20], la constitution est maintenant « imparfaite mais insusceptible » d'empêcher la mise en œuvre d'une politique de progrès »[21]. Le « retour à sa lettre » serait un « important progrès démocratique »[22].

La société du changement n’est autre que la société bourgeoise

Selon le PCF, il y aurait eu depuis les marxistes « classiques » un « changement d'ère révolutionnaire »[23]. Cela conduira à l'abandon de la dictature du prolétariat et à reconnaître la société bourgeoise comme cadre du changement.

L'abandon de la dictature du prolétariat

Il va y avoir, d'abord, « décrédibilisation » puis répudiation de la dictature du prolétariat.

La décrédibilisation de la dictature du prolétariat

La dictature du prolétariat a connu un curieux destin dans le mouvement communiste français. Conçue comme une forme qui conditionnait tout changement, elle est vouée aux gémonies un soir de télévision. Pour comprendre l'état du concept en France, ou du moins à l'intérieur du PCF, il faut remonter à la longue époque de diffusion idéologique du Komintern et du Kominform après la mort de Lénine. C'est en effet avec l'arrivée au pouvoir de Staline, mais surtout à partir des années 1930-1940 que le concept a été nié dans sa base marxiste, et cette négation a marqué de son empreinte les PC occidentaux, à des degrés divers.

Christine Buci-Glucksmann affirme que « pour comprendre notre propre histoire, il faut partir d'un point essentiel : la déviation stalinienne ; le stalinisme n'est pas la réalisation de la dictature du prolétariat... Elle en est plutôt l'abandon »[24]. Cette affirmation de C. Buci-Glucksmann nous montre combien le PCF a été marqué par l'idéologie de l'Internationale. On retrouve cette même idée chez Étienne Balibar et chez de nombreux autres membres du PCF[25]. Quelle est cette déviation ? En 1936, l'URSS adopte une nouvelle constitution[26] qui aboutit à proclamer la fin de la dictature du prolétariat, pour l'État du peuple entier. La lutte des classes était considérée comme terminée même si celles-ci existaient encore. Or, selon Marx, Engels et Lénine, les classes ne peuvent exister que dans la lutte des classes. La dictature du prolétariat cessait dès lors que les classes en lutte étaient disparues. L'apparition des classes coïncide avec leurs antagonismes, on ne saurait les imaginer telles deux équipes de rugby attendant le coup de sifflet de l'arbitre pour s'affronter[27].

Dès lors, s'il n'y avait plus lutte des classes en URSS, l'État devait disparaître. Or à cette époque, l'État soviétique connaissait un renforcement considérable, que l'on expliquait non pas par des luttes de classe intérieures, mais par le danger impérialisme. Le problème est que Staline a affirmé que l'État soviétique pouvait interdire de telles répercussions en se renforçant, et surtout en niant les luttes intérieures au moment où sévissait une vaste répression. Ainsi présenté à l'Internationale, le socialisme apparaissait comme grand vainqueur en URSS, vainqueur menacé à l'extérieur par l'impérialisme, et dès lors il n'y avait plus grand chemin à effectuer pour que l'URSS apparaisse comme un modèle.

Le PCF, comme beaucoup d'autres PC occidentaux, a accepté et « digéré » cette image dont le vernis a commencé à se craqueler avec le XXe congrès du PCUS qui dénonça les horreurs de Staline, mais aussi avec certains « coups de mains » de l'État soviétique à des États « amis » en instance de rupture de ligne.

Le PCF, ayant adopté une stratégie de chargement démocratique avec la naissance de la Ve République, ne pouvait pas, en poussant jusqu'à son terme cette stratégie, ne pas se démarquer de ces « errements ». Comment allait-il le faire ? Lorsque les événements passés et présents dans les pays de l'Est devinrent trop gênants, il attribue ces phénomènes à des erreurs et des insuffisances dans un « bilan globalement positif »[28] et, eu égard, à sa stratégie de changement pacifique basée sur la théorie du CME (un État immédiatement utilisable et 80 % d'objectivement mécontents!), il abandonne ce qu'il croit faire problème, la dictature du prolétariat, pour prouver sa bonne foi et sa volonté démocratique. Pourquoi abandonner la dictature du prolétariat ? Parce que « la voie française au socialisme ne saurait être comparable à une voie de type soviétique »[29]. Parce que les communistes veulent une voie pacifique et que la dictature du prolétariat c'est la violence, l'illégalité.

La répudiation de la dictature du prolétariat

Pour les communistes des années 1970, ce qui importe, c'est de briser l'unité État-monopoles. « Ce qu'il faut, nous dit-on, ce n'est pas briser l'État en général, mais l'État capitaliste »[30]. Il faut remarquer que c'est progressivement et en grande partie parallèlement à l'affinement de la théorie du CME, que le PCF s'est écarté de cette nécessité de briser l'État.

Il utilisa jusqu'en 1970 environ, les termes de dictature du prolétariat dans sa présentation de la phase de transition au socialisme. La dictature du prolétariat était une des lois essentielles du passage au socialisme, telles que les avaient définies en 1960 les PC à l'occasion du 40e anniversaire de la révolution d'octobre de 1917[31]. Ainsi en 1959, il lui apparaît encore nécessaire de détruire l'appareil oppressif d'État en préconisant « l'abolition de l'armée, l'épuration de la police »[32]. En 1961, on présente le passage au socialisme comme étant toujours un bond révolutionnaire qui « implique OBLIGATOIREMENT la destruction de la vieille machine d'État »[33]. En 1964, la cellule Rabelais proposa la suppression de ces termes en raison de leur consonance particulière. G. Marchais répondit que ce « serait une grave erreur politique »[34]. En termes beaucoup plus imagés, c'est ce que dit Georges Cogniot en affirmant que « Renoncer à la dictature du prolétariat comme le demandent les révisionnistes, c'est châtrer le mouvement des ouvriers, c'est le rendre impuissant »[35].

C'est à partir des années 64-66 que l'évolution se fait sentir. Désormais, si l'on parle de changer l'État, ce n'est pas pour envisager sa suppression, mais sa démocratisation en rompant le « mécanisme unique État-monopoles ». Cependant, jusqu'en 1968-69, la dictature du prolétariat est toujours présente dans le discours du PCF[36].

Constatant que l'État n'a pas à être brisé parce que les fonctions qui sont les siennes, permettent son utilisation immédiate, par un gouvernement démocratique soutenu par une large majorité de français objectivement intéressés par le changement,la dictature du prolétariat, présentée sous l'influence idéologique de l'Internationale comme une voie de passage au socialisme, ne correspond plus aux réalités françaises qui permettent un changement pacifique par la construction d'une démocratie avancée, forme de transition vers le socialisme.

Ne pouvant reconnaître l'autonomie relative de l'État[37] en fusionnant État et monopoles dans un « mécanisme unique » et en considérant un « État en soi » (« l'État en général », le PCF va poursuivre sa « révolution théorique » en présentant la dictature du prolétariat comme une forme institutionnelle quelconque menant au socialisme, lui permettant de distinguer socialisme et dictature du prolétariat. Ainsi en renonçant à cette dernière, il pouvait ne pas renier le socialisme même si certains affirmaient que le socialisme seul c'était une « auberge espagnole »[38].

Le renoncement à l'horizon communiste ou le maintien de la société bourgeoise

On constate, à cette époque, que dans les écrits officiels du PCF[39] comme dans ceux, collectifs ou individuels, de membres du parti[40], la référence au communisme a pratiquement disparu.

Ce qui est à l'avant scène du discours du PCF, c'est le socialisme. Lorsque le communisme est présent, il apparaît bien diffus à l'arrière-plan. Est-ce à dire que les communistes ont répudié le communisme, comme objectif fondamental de leur engagement ? Ou que le socialisme et le communisme sont synonymes ?... En réalité, il semble[41] (58 bis) bien que le communisme reste l'objectif du PCF, mais il apparaît que les conditions de sa réalisation ont subi quelques métamorphoses théoriques.

Selon les marxistes classiques, la société qui historiquement doit succéder au capitalisme, c'est le communisme. Mais la prise du pouvoir par les travailleurs ne constitue pas de facto cette nouvelle société. Cette prise du pouvoir n'est que le point de départ de la première phase de construction du communisme, première phase caractérisé par une « lutte entre le capitalisme vaincu mais non anéanti et le communisme déjà né mais encore très faible »[42]. C'est au cours de cette première phase que le « prolétariat se servira de la suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'État »[43] (60), qui n'est autre que « le prolétariat organisé en classe dominante », c'est-à-dire la dictature du prolétariat. Cette première phase a été appelée « socialisme » parce qu'elle met fin progressivement à la séparation de la société civile et de l'État.

La présentation mécaniste, volontariste effectuée par le PCF et présentant d'abord la prise du pouvoir, puis la dictature du prolétariat ou la démocratie avancée, puis le socialisme, puis l'État du peuple tout entier, puis, puis... le communisme, apparaît totalement infondée au regard de la théorie marxiste–léniniste. Pour le PCF, le socialisme est présenté comme une réalisation achevée. « Le socialisme, c'est tout à la fois la propriété collective des grands moyens de production, l'exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière et ses alliés, la satisfaction progressive des besoins matériels et intellectuels des membres de la société, la création de conditions propres à l'épanouissement de chaque personnalité »[44]. G. Marchais affirma, lors d'une émission de télévision, que « le socialisme n'est pas un gouvernement, mais un système » qui « remplacera le capitalisme »[45].

Cette vision « étapiste » de la lutte entre le capitalisme et le communisme, permet de mieux comprendre qu'il ait pu aboutir ainsi à constituer le socialisme en un mode de production autonome, intermédiaire entre le capitalisme et le communisme[46].

Cette conception « étapiste » et les efforts effectués par le PCF pour distinguer démocratie avancée et socialisme[47] va avoir son utilité. En effet, avec la démocratie avancée, les rapports capitalistes sont maintenus et par conséquent, on peut conserver les institutions bourgeoises. Mais si la démocratie avancée était le socialisme en construction (tel que le conçoit le PCF, c'est-à-dire comme un mode de production autonome, ou tel qu'il ressort de la théorie marxiste-léniniste c'est-à-dire comme une « première phase » du communisme), il serait nécessaire d'expliquer pourquoi et comment on peut concevoir la construction d'une société nouvelle en conservant notamment les formes et pratiques institutionnelles bourgeoises. La démocratie avancée n'étant qu'une voie de passage au socialisme, on élude ainsi le problème de la transition dans la mesure où l'on connaît les deux extrémités du processus achevé : le CME d'une part, le socialisme d'autre part. Entre les deux, tout est affaire de volonté majoritaire du peuple. Rien ne vient nous renseigner sur ce que sera cette transition, d'autant que même si l'on dit que, par cette voie, l'aube du socialisme peut-être proche, le crépuscule du capitalisme semble se faire attendre!

Son but désormais, c'est le socialisme mode de production autonome. Le socialisme se construit en poussant la « démocratie jusqu'au bout ». La démocratie avancée est caractérisée par un maintien de l'État bourgeois, par le refus de la dictature du prolétariat et par le maintien des rapports de production capitalistes. Si la bourgeoisie reprend le pouvoir (hypothèse plausible), elle retrouvera son « État », sa « Légalité » pour assumer une domination économique qui, tout au plus, aura été ébréchée.

Dès lors, l'alternance reconnue et acceptée par le PCF ne peut-être qu'une alternance limitée ; c'est-à-dire une alternance des hommes et non de sociétés ; telle qu'en parle J. Ellenstein pour décrire l'alternance selon Valéry Giscard d'Estaing dans Démocratie française[48].

Pour minimiser le bond théorique effectué, certains écrivent que si le PCF pose les vraies questions, « l'alternance perd son caractère formel »[49] et ainsi « le principe de l'alternance doit permettre précisément de mettre le peuple face au problème du retour en arrière »[50]. Or, le PCF portait, alors, un projet réformiste qui entendait de façon idéaliste « rapprocher l'heure du socialisme »[51]. La « société de demain » qu'il propose (« démocratie avancée, voie de passage au socialisme ») respectait l'essentiel de la domination bourgeoise et donc ne mettait pas le « peuple » face au problème du « retour en arrière ».

L'alternance, incompatible avec l'instauration de la société sans classe, même dans sa « première phase », ne peut jouer que dans le cadre de la société bourgeoise et implique donc le respect des formes et pratiques bourgeoises de l'alternance : l'électoralisme !

Louis Althusser a raillé cette évolution théorique (idéologique?) établie sur cette théorie du CME et de son État en la présentant ainsi :

  1. Nous sommes entrés dans une phase qui est l’« antichambre du socialisme » où la concentration monopolistique pénètre l'État, qui forme avec elle un « mécanisme unique ».
  2. La France est dominée par une « poignée de monopolistes et leurs commis ».

Il poursuivit en présentant ainsi les deux conclusions tirées par les communistes de leur « nouvelle philosophie » :

  1. Cette théorie « change la question de l'État » qui devient « directement utilisable par le pouvoir populaire ». Ce qui évacue le problème de sa destruction et de la dictature du prolétariat.
  2. Face à la « poignée de monopolistes », « tous les Français ont objectivement intérêt à la suppression des monopoles »[52].

G. Marchais a persiflé cet éminent « intellectuel assis derrière son bureau »[53].

La mise en œuvre de l'acceptation de l'alternance : l'électoralisme du PCF

Alternance des hommes dans le cadre de la société capitaliste et de son État, telle est l'alternance reconnue et acceptée par le PCF l'examen de son projet à cette période de la Ve République, corrobore cette analyse, notamment lorsqu'il fixe une certaine déontologie de l'alternance, mais aussi en faisant des institutions, et particulièrement du Parlement « l'enjeu de la compétition »[54]. En effet, le projet communiste ne porte pas atteinte aux institutions et s'intègre parfaitement dans le « jeu » politique traditionnel. La constitution est certes imparfaite, parce « qu'elle ne favorise pas l'évolution de la démocratie »[55] mais elle ne « peut empêcher la misé en œuvre d'une politique de progrès « [56].

Lorsque le PCF parle de retour à une démocratie véritable ou à une démocratie avancée, il n'envisage qu'une démocratie représentative, une démocratie élective. De nombreux auteurs ont remarqué son attachement quasi-religieux à la démocratie médiatisée[57]. Son point de référence, à cet égard, constitue le régime issu du programme du Conseil National de la Résistance, c'est-à-dire un régime dans lequel le PCF a pu participer au pouvoir. Le caractère démocratique ou non d'un régime dépend de la possibilité qu'ont les communistes de participer au pouvoir[58]. Aussi, le PCF désire-t-il revenir à un régime parlementaire, dans lequel le Parlement retrouverait sa puissance disparue.

Ainsi, son attachement à la démocratie représentative montre qu'il n'entame en rien la sacro-sainte séparation société civile - État.

La participation de la population à la vie politique, à la gestion des entreprises, n'est conçue que par l'intermédiaire de représentants élus ; sur lesquels les électeurs n'ont aucun pouvoir, hormis lors de leur renouvellement. Le mandat impératif et sa conséquence, la révocabilité de l'élu, les différentes formes d'initiative populaire directe déjà connues sont absentes du projet communiste sans que pour cela des formes nouvelles de participation directe du peuple à la vie sociale soient présentées. L'irruption de l'autogestion n'a semble-t-il pas apportée de modifications notoires à cette vision médiatisée de la vie sociale. Le PCF participe à l'idée populaire selon laquelle la politique est un monde à part.

Le PCF donne l'impression de « courir » après les formes démocratiques parlementaires bourgeoises du passé. Son acceptation du système va jusqu'à le cautionner. Ainsi, alors que les élections législatives de 1978 ont montré que plus de 50 % des français avaient voté pour la gauche (PC, PS, MRG, et extrême gauche réunis), le PC, à deux reprises, demande la convocation du Parlement en session extraordinaire[59], alors qu'une telle réunion ne peut déboucher en aucun cas sur la mise en cause du gouvernement. Cela contribue à discréditer le Parlement qui apparaît comme un lieu de palabres et à renforcer le gouvernement qui seul apparaît livrer les vrais combats, mais surtout cela désamorce les luttes populaires.

Les institutions étant acceptables, il suffit de conquérir le pouvoir pour transformer le cours des choses. L'inévitable conséquence d'une telle analyse est l'électoralisme. C'est la tactique retenue par le PCF dès lors qu'il considère que le Parlement peut constituer « l'enjeu de la compétition »[60]. Le PCF affirme que la voie qu'il a choisie pour construire le socialisme n'est ni uniquement parlementaire, ni uniquement électorale, mais plus fondamentalement une voie de développement des luttes de classe. Les faits infirment ces déclarations, tout comme ils montrent deux pratiques électoralistes du PCF

L'électoralisme comme substitut de la lutte des classes

Dans le discours de l'Internationale communiste, Henri Weber et Olivier Duhamel relèvent qu'il y avait une pratique révolutionnaire et une pratique intégrée du suffrage universel[61]. Dans la première, l'élection est un moment de la lutte des classes au cours duquel le mouvement ouvrier constate l'efficacité de son action de sape contre le pouvoir bourgeois et ses appareils idéologiques. Dans la seconde, l'élection est un but auquel tout est subordonné, la lutte électorale remplace la lutte des classes.

Citant Lénine, G. Cogniot disait dans une conférence à l'Institut. M. Thorez : « L'idéal du militant ouvrier est d'être le tribun du peuple »[62]. Le problème est de savoir à quoi sert ce tribun. À organiser le changement révolutionnaire ? À légitimer le système ? Par sa fonction tribunitienne, le PCF recueille le mécontentement des travailleurs, qu'il canalise et maintient dans des limites précises[63]. Ce faisant, non seulement le PCF légitime le système, mais en outre il s'intègre à celui-ci comme un rouage important.

En effet, sous la Ve République (mais cela ne date d'elle) le PCF a toujours adopté une conduite orientant les revendications ouvrières vers la seule issue électorale. Ainsi, en 1963, lors de la grève des mineurs, il explique à ceux-ci qu'ils ont obtenu par la voie syndicale tout ce qu'ils pouvaient attendre et que la solution de leurs problèmes dépendait du soutien qu'ils accordaient au PC pour le rassemblement contre le pouvoir gaulliste. En 1968, en traversant les événements sans grande prise sur eux, il saisira la perche des élections législatives dont le résultat, hélas, ne sera pas à la hauteur de ses illusions. Le mouvement s'accentue avec le programme commun signé en 1972, le pouls de la vie nationale est réduit aux pulsations électorales.

L'électoralisme a pris véritablement son envol à partir de l'union de la gauche, mais dès 1959, le PCF développait la nécessité d'une alliance de toutes les forces démocratiques contre le gaullisme. Cependant, il faudra attendre 1962 pour constater les premiers accords. Le scrutin majoritaire à deux tours favorise et même oblige à de telles alliances. En 1962, le PCF n'est pas « très regardant » sur la « nature » de ses alliés. En effet, lors des élections législatives des 18 et 25 novembre, des accords sont passés entre PC, SFIO et d'autres républicains, dans lesquels le PC retire son candidat parfois arrivé en tête au premier tour pour assurer l'élection d'un « républicain » ; que celui-ci soit réactionnaire comme le chanoine Félix Kir, ou anti-communiste comme Jules Moch.

Cependant, cette alliance va se dessiner plus nettement, notamment avec l'influence grandissante de François Mitterrand sur la gauche non communiste, au fil des années, pour aboutir à la conclusion de l'union de la gauche sur le programme commun en 1972 après le renouveau du PS fraîchement émoulu d'Issy-les-Moulineaux et d'Épinay.

Ce qui a caractérisé l'électoralisme du PCF de 1959 aux années 70, c'est sa défiance viscérale à l'égard de tout ce qui ne sort pas de l'appareil, son refus de l'auto-organisation des masses. Le mouvement des femmes, des consommateurs, des écologistes, des régionalistes, etc., manifestent une volonté de prise en charge des problèmes par les acteurs eux-mêmes, que le PCF ne reconnaît pas ou plutôt reconnaît dès lors qu'ils s'expriment dans le cadre du parti c'est-à-dire sans risque de vagues importantes. Ces mouvements ont été dénigrés par le PCF, tout comme certaines manifestations de « l'esprit » de mai-juin 1968. Non seulement, l'électoralisme se manifeste par cette attitude négative à l'égard des formes d'auto-organisation des masses, mais aussi par l'émiettement, la dispersion, voire l'étouffement des mouvements revendicatifs, dont certains, dans des structures dépendant du parti[64]. Méfiance pour ces « mouvements étranges venus d'ailleurs », patience pour les justes revendications pourraient être les deux mots d'ordre de l'électoralisme bon teint pratiqué par le PCF Certains communistes déplorent ce comportement[65]. Cependant, les idées véhiculées par ces différents mouvements sont récupérées au moment opportun[66]. Le développement, hors des partis, de ces mouvements marque une certaine sclérose des partis traditionnels, y compris du PCF, qui se manifeste par la réduction des luttes de classe aux luttes électorales, la réduction de la politique « aux formes officiellement consacrées comme politiques par l'idéologie bourgeoise »[67].

L'électoraliste est condamné à ne rien faire qui puisse détourner, le moment venu, l'électeur potentiel de la victoire, de la bonne pile de bulletins. Pendant qu'est « diffusé » cet « appel au calme », la bourgeoisie procède à un « matraquage » désuet mais toujours opérant sur un corps social atomisé parce que déconnecté des luttes. L'aventure de l'union de la gauche sur le programme commun, c'est l'histoire de l'électoralisme petit bourgeois. Nouveau décalogue issu de tractations d'États majors, lu par quelques milliers de personnes, invoqué comme une nouvelle « jouvence », il ne pouvait pourtant, à lui seul, unifier, solidifier, donner une cohérence aux masses qu'il concernait. Lors du XXIIIe congrès du PCF, il a été affirmé que le programme commun avait été démobilisateur. Ce n'est pas tant le programme commun qui a été démobilisateur, c'est la pratique qu'en ont faite les organisations ouvrières (PS, PC, CGT et CFDT)[68]. En désarmant les luttes, ces organisations ont présenté le programme commun comme la bouée de sauvetage universelle, mais celle-ci ne pouvait porter tous les espoirs qu'à la condition d'être gonflée à bloc par de profonds mouvements de lutte. C'est l'union sans les luttes qui a noyé les Français. La nouvelle tactique du PCF, d'union à la base, décidée au XXIIIe congrès, ne pouvait renflouer l'union de la gauche car conçue comme l'alignement sur les positions communiste.

En limitant la politique à la sphère électorale, on limite celle-ci à « la production d'un consentement »[69], l'Électeur n'étant qu'un bulletin de vote en instance de transfert. On reproduit ainsi le mode de fonctionnement bourgeois de la politique, en contribuant à la séparation vie privée vie politique. Avec un comportement électoraliste, le PCF ne peut convaincre qu'il « veut non pas aller au pouvoir, mais donner à la majorité les moyens de l'exercer »[70], surtout si cette attitude présente deux faces : « l'électoralisme - unitaire - l'électoralisme sectaire »[71].

L'électoralisme comme élément du rapport de forces partisan

Dans la décennie 1970-1980, la tactique électoraliste du PCF a connu deux orientations différentes à mesure que s'épanouissait et se fanait une certaine vision de l'union de la gauche.

La première période (1970-1974) débute avec le rapprochement PC-PS consacré par la signature du programme commun. Le PCF adopte alors une attitude résolument unitaire, masquant ainsi les contradictions de l'alliance. La seconde période commence au lendemain de l’élection présidentielle de mai 1974. Dès l'été 1974, en effet, le comportement unitaire du PCF s'infléchit progressivement vers une attitude « sectaire » qui apparaît nettement après les élections municipales de 1977.

L'approche d'une consultation électorale (cantonales, municipales) fut toujours, à l'exception de la plus capitale, les législatives de 1978, l'occasion d'une accalmie dans le flot des récriminations.

L'électoralisme unitaire

À l'époque de la signature du programme commun, le PCF était de loin, la première force politique d'opposition. Rappelons que le socialiste Gaston Defferre avait obtenu au premier tour de l’élection présidentielle de 1969 environ 5 % des suffrages exprimés, alors que le communiste Jacques Duclos en recueillait 21,52%. Le PCF pensait alors que l'union de la gauche, dont il avait été l'initiateur, le hisserait plus haut encore et qu'en tout état de cause, il resterait le premier mouvement d'opposition. Or le programme commun va profiter beaucoup plus au PS qu'au PC.

En effet, si les législatives de 1973 laissent au PC la première place dans l'union de la gauche, elles marquent un renforcement très conséquent du PS qui, pour la première fois, sous la Ve République, atteint presque 20 % des voix. Ce n'était qu'un début. Comment expliquer ce phénomène, alors que le PCF était en plein développement de sa stratégie pacifique de passage au socialisme et déployait tous ses efforts pour montrer une image de parti français (par référence au titre de « parti de l'étranger » dont l'affublaient certains), de parti démocratique respectueux des libertés[72]? La réponse est relativement simple.

Dès lors que le PC et le PS sont présentés unis vers un même but, l'électorat toujours marqué par l'image du « couteau entre les dents », image renforcée complaisamment par la majorité de droite, s'oriente toujours plus facilement vers le PS que du côté du PC Or, en ne soulignant pas publiquement la nature contradictoire de l'alliance, le PCF permet l'amalgame des deux partis dans un ensemble flou et idéalisé : l'union de la gauche sur le programme commun.

Les propos du premier secrétaire du PS F. Mitterrand déclarant « qu'il n'est pas normal... que cinq millions de Françaises et de Français ... choisissent le PC … [73], et que sur ces cinq millions, « trois peuvent voter socialiste »[74] n'alertent pas le PCF, ni même que cet objectif soit « la raison de cet accord »[74].

Par son combat, le PCF a mis l'union en avant et de fait le PS auquel il ouvre un gigantesque crédit politique en lui délivrant un diplôme de « bonne conduite sociale ». En effet, malgré son renouveau, le PS serait resté, sans union, longtemps marqué par ses pratiques passées. N'oublions pas que tous les membres de la SFIO ne se sont pas opposés à la venue du général de Gaulle, certains d'entre eux participèrent même, à son gouvernement (Guy Mollet par exemple). Le Congrès d'Épinay avait redonné une cohérence au mouvement socialiste, l'union de la gauche sera le vecteur de son unité, et le support de son expansionnisme.

Le renoncement aux alliances avec la droite[75], à la collaboration de classe[76] sont nommément cités comme étant l'élément fondamental de l'union de la gauche. Le PCF renforce ainsi le mythe de la gauche unie, c'est-à-dire l'idée d'une union sans contradiction, d'une union idéale. Il entre dans un engrenage duquel il ne pourra sortir, où il se condamne à présenter le PS soit tout blanc, soit tout noir.

Croyant avoir le vent en poupe, alors qu'il souffle pour le PS, les communistes joueront à fond la carte de l'union de la gauche. Ils seront unitaires pour deux, acceptant même des reculs par rapport au programme commun. Ainsi, pour l’élection présidentielle de 1974, F. Mitterrand n'est pas le candidat de l'union de la gauche, mais le candidat soutenu par l'union de la gauche. Sa plateforme électorale ne sera pas discutée, selon lui ce ne peut-être le programme commun de gouvernement, du fait qu'il s'agit d’une présidentielle...! Le PCF manifestera un mécontentement public violent suite à la démarche de l'ambassadeur soviétique auprès de Giscard d'Estaing entre les deux tours[77]. Giscard d'Estaing est élu, la gauche échoue de peu, mais échoue.

Le PCF, en se fourvoyant dans la lune de miel, au sommet, avec le PS, a été l'artisan de la puissance nouvelle de celui-ci. La volonté des communistes, d'acquérir le pouvoir, car tel était le fondement de cet électoralisme unitaire, leur a fait oublier ce qu'ils appelleront plus tard la « nature » réformiste, social démocrate autres qualificatifs du PS

Pourtant dès le 29 juin 1972, dans un rapport au Comité Central, Georges Marchais soulignait l'ambiguïté des attitudes du PS : « Il serait dangereux, disait-il, de se faire la moindre illusion sur la sincérité ou la fermeté du PS au sujet de son engagement »[78]. En conséquence de quoi, le parti devait affirmer de façon permanente ses propres positions. Ce rapport allait non seulement rester secret, mais rien dans la pratique du PC ne fera soupçonner son existence. Pourquoi cette attitude ?

En 1972, le PCF, même s'il a des doutes sur son allié, se croit doté d'un avantage certain, et pense récolter prochainement les résultats de ses efforts pour apparaître sous un nouveau visage. En outre, son objectif est d'aller au pouvoir, or pour arriver à cette fin, il a besoin du PS, il ne peut donc faire état publiquement de ses inquiétudes à moins de briser l'élan naissant et d'apparaître comme diviseur.

Cependant, ce qui s'était esquissé dans les élections législatives de 1973, approfondi à la présidentielle de mai 1974, apparaît nettement à la suite d'élections législatives partielles à l'automne 1974 : l'union de la gauche favorise le PS au détriment du PC qui reste à peu près stable.

Or, si le PCF envisageait l'union de la gauche comme rampe d'accès au pouvoir, il ne pouvait accepter de perdre à l'intérieur de celle-ci sa position dominante. À partir de ce moment-là, les sentiments unitaires vont être progressivement altérés, (avec de minutieux dosages dans la prévision des cantonales de 1976, et des municipales de 1977) pour faire place au sectarisme.

L'électoralisme sectaire

Lors de son congrès (XXIe) de Vitry à l'automne 1974, le PCF pose trois questions au PS :

  1. le projet socialiste a-t-il vocation à remplacer le programme commun ?
  2. Le PS maintiendra-t-il ses alliances avec la droite pour les municipales de 1977 ?
  3. Le PS entend-t-il réduire le PC à « un rôle de force d'appoint » en affirmant la nécessité d'un rééquilibrage de la. gauche[79] ?

L'union de la gauche pour aller au pouvoir, d'accord ! Mais à condition que ce soit pour un « changement politique réel » pour lequel le PCF constitue la « meilleure garantie »[80].

Finalement, l'avenir dépend de la place du PCF dans l'union pour que le programme commun soit appliqué, pour contraindre, s'il le faut, le PS aux listes communes pour les municipales de 1977. Or, alors, la place dominante était occupée par le PS (tout le faisait pressentir après les législatives partielles). Il faut tout faire alors pour rétablir la situation à l'avantage du PCF Cela va donner lieu dans les mois et années suivants à une valse d'hésitation où l'on fait tantôt ami-ami, tantôt ami-ennemi, pour finalement arriver à se faire ennemi-ennemi. Pour remonter la pente, le PCF va essayer de ressaisir ses militants, sympathisants et électeurs, il publiera L'union est un combat, le « socialisme pour la France » (XXIIe congrès), les « Aidez-nous » dans L'Humanité... Il fallait convaincre l'électorat que sans un PC fort, le PS jouerait des mauvais tours. Celui-ci était-il dès 1974 entrains de fourbir les armes de l'abandon du programme commun ?

Poser le problème de cette façon, c'est présenter l'union à son origine de façon idyllique. Il faut remonter aux sources. En 1971, le PS refait son unité pour « que le parti prenne le pouvoir »[81]. Sous la Ve République, le système électoral (scrutin majoritaire à deux tours) conduit inéluctablement celui qui veut prendre le pouvoir à conclure des alliances.

Le PS, se voulant résolument à gauche, la seule alternative possible, était l'alliance avec les communistes. Une alliance voulue dans une optique bien déterminée : faire revenir une partie de l'électorat communiste dans le giron socialiste et « équilibrer la gauche » pour que cesse « la vassalisation du PS » par le PC[82]. Thierry Pfister montre en outre que F. Mitterrand ne s'est « rallié à la notion du programme commun que sur un jeu tactique : obtenir les 7 % des voix du CERES » qui lui permettront de gagner Epinay et de devenir premier secrétaire du PS[83]. Si la réussite électorale a permis au PS de s'éloigner du programme commun, au profit du projet socialiste, cela n'a pas été un « virage à droite », mais la continuité d'une stratégie.

Dès lors, si le PCF a fait abstraction de ces données, et mis tout en œuvre pour la réussite du PS, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même et notamment à son comportement électoraliste qui lui fait délaisser le développement des luttes pour le jeu électoral. Ses appels au ressaisissement tombent à plat, sur un corps social démobilisé, et focalisé sur le nouveau « bréviaire » que constituait le programme commun.

Dans l'impossibilité de redresser la barre, il dénonce la trahison du PS (qui espérait recueillir les fruits de ce comportement où il tenait la dragée haute au PC) qui renoue avec la social-démocratie, avec le réformisme. Mais le PS avait-il cessé d'être réformiste ? S'il a pu apparaître comme ayant rompu avec la collaboration de classe, le PCF n'a-t-il pas été le meilleur laudateur de ce changement ? Les nationalisations qui ont constitué apparemment la pierre d'achoppement étaient certes un élément fondamental du dispositif mis en place par le PC et le PS, mais comment se fait-il que cette question n'ait pas été réglée dès l'origine, époque où le PC dominait ? Non, l'objectif non avoué de cette agitation sectaire était d'empêcher les socialistes de considérer le PC comme une force d'appoint. Le PC préfère renoncer au pouvoir pour lui-même, pour mieux briser son partenaire dont tous les politologues s'accordent à dire que c'est un parti qui, à terme, s'écartèle lorsqu'on le lèse du pouvoir. Le but de l'électoralisme n'est plus alors de conquérir le pouvoir, mais de tout faire pour que le PS n'y arrive pas en force sans cependant sacrifier ses propres positions parlementaires, d'où l'accord du 13 mars 1978 et le fameux « CA Y EST » à la une de L'Humanité. Comme quoi les vices du parlementarisme bourgeois ont quelques vertus, utilisés par les communistes...

L'acceptation de l'alternance par le PCF était le signe d'une importante évolution théorique. Celle-ci se caractérisa par un abandon du marxisme-léninisme conduisant à la reconnaissance de la démocratie bourgeoise et de l'État bourgeois comme lieu du changement.

Certains ont désigné cette évolution comme le symbole de « l'adhésion » du PCF à « l'eurocommunisme »[84]. Selon Christine Buci-Glucksmann, celui-ci se présente comme :

  1. « la revendication d'une indépendance des PC par rapport à Moscou »,
  1. « le développement d'une nouvelle stratégie démocratique de passage au socialisme »,
  1. « la prise de conscience de la nécessité d'une transformation des PC eux-mêmes »[85].

Eurocommuniste ou non, le PCF comme n'importe quel parti social-démocrate, a renoncé à briser l'État bourgeois et à instaurer la dictature du prolétariat pour construire la société nouvelle.

Rien ne différencie le social-démocrate et « l'eurocommuniste libéral »[86], sinon l'apparence du discours.

« Pour eux, l'avenir du monde se résout dans la propagande et la mise en pratique de leurs plans sociaux. Dans la conception de ces plans, toutefois, ils ont conscience de défendre avant tout les intérêts de la classe ouvrière, parce qu'elle est la classe la plus souffrante. Pour eux, le prolétariat n'existe que sous cet aspect de la classe la plus souffrante »[87].

Notes et Références

  1. Dans le préambule des statuts de 1964, il était écrit : « Le PCF fonde son action sur le marxisme-léninisme ... » Dans ceux adoptés en mai 1979, lors du XXIIIe congrès, on peut lire dans le préambule : « ... le PCF s'appuie sur le socialisme scientifique fondé par Marx et Engels, puis, développé par Lénine et d'autres dirigeants et théoriciens du mouvement ouvrier »
  2. Manifeste du Comité central du 5-6 décembre 1968 « Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste ». Supplément au bulletin de propagande n°7 – novembre-décembre 1968
  3. Thèses adoptées au XVe congrès du PCF du 24 au 28 juin 1959. Supplément au bulletin de propagande n°23 – mai-juin 1959 p.30 : « L'union que nous préconisons devrait être fondée sur un programme de rénovation démocratique et nationale, discuté et accepté par tous »
  4. Programme commun de gouvernement du PCF et du PS Éd. Soc. - 1972
  5. Voir notamment Georges Marchais à À Armes égales, émission télévisée le 21.9.1971. Voir aussi le Défi démocratique, G. Marchais p.116 - GRASSET 1973
  6. Concept dégagé lors de la Conférence des PC à Moscou en 1960. Il a fait l'objet d'un colloque à Choisy-le-Roi en 1966, et de la publication d'un traité d'économie politique intitulé Le Capitalisme monopoliste d'État, aux Bd. Soc. en 1971
  7. Le CME p.9 - Tome I - Ed. Soc
  8. Les Communistes et l'État p.116 et s. Éd. Soc. 1977 Jean Fabre – Lucien Sève. - François Hincker
  9. Le CME Traité marxiste d'économie politique précité p.237-238
  10. Cf. Nicos Poulantzas Les Classes sociales dans le capitalisme aujourd'hui - Éd. Seuil 1974
  11. François Hincker in la Nouvelle Critique 1966 n°176 P.20-21 « 1936+30=1966 ». F. Hincker était membre du COMITE CENTRAL du PCF jusqu'au congrès de 1979 (XXIIIe)
  12. F. Hincker in la Nouvelle Critique 1969 n°28 p.88 « sur l’autonomie de l’État »
  13. Pierre BLOTIN et Jean CARON, membres du collectif de direction de l'École Centrale du PCF, in « Parti, État, transition au socialisme » - Nouvelle Critique 1974 n°74 p.5 - Voir aussi Les Communismes et l'État déjà cité p.167
  14. J. CARON et P. BLOTIN - article précité p.5 et 6
  15. Les communistes et l'État - précité p.167
  16. L'État et la révolution p.21 et s. Ed. du Progrès, Moscou 1967
  17. F .Hincker in Nouvelle Critique 1966 n°176 p.20-21 précité
  18. G. Cogniot in Lénine et la science politique, conférence prononcée à l'institut M. Thorez le 23/10/1969 - p.10
  19. Institutions et Pouvoirs en France – F. et A. Demichel – M. Piquemal – Ed. Soc. 1975
  20. Thèses adoptées au XVe congrès IVRY 24-28 juin 1959 – in supplément au bulletin de propagande n°23 mai juin 1959 p.3 et 4
  21. Humanité du 2 février 1978
  22. G. MASSON, écrivain, membre du comité de rédaction des cahiers du communisme in Le Monde du 14 juillet 1977
  23. Les communistes et l’État – déjà cité – p.143
  24. C. Buci-Glucksmann, philosophe, membre du PCF, in DIALECTIQUES n°17 -.1977 - p.25
  25. E. BALIBAR, philosophe, membre du PCF, in Sur la dictature du prolétariat - Maspéro 1976
  26. Constitutions et Documents politiques. M. Duverger p.628 -Themis - 1971.
  27. Louis Althusser in Réponse à John Lewis, p.29 Maspéro - 1973
  28. Bilan des pays socialistes. Résolution du XXIIIe congrès 9-13 mai 1979 in Humanité p.VI
  29. Les Communistes et L'État précité - p.146
  30. J. Caron et P. Blotin - Parti, État, transition au socialisme - in Nouvelle Critique 1974 n°75 p.8
  31. Voir Thèses et résolution XVe congrès précité p.33 Manifeste de Champigny précité p.17
  32. Thèses XVe congrès 1959 déjà cité p.34 et s
  33. Projet de thèses XVIe congrès mai 1961. Supplément au bulletin de propagande et d'information mars avril 1961 n°35 p 30-31
  34. G. Marchais XVIIe congrès in supplément à France Nouvelle n°970
  35. G. Cogniot in Qu'est-ce que le communisme, p.49
  36. Cf. XVIIe congrès, 1964, Supplément à France Nouvelle n°970, XVIIIe congrès, 1967, Supplément au bulletin de 1'Elu communiste, Manifeste de Champigny 1968 déjà cité
  37. Cf. N. Poulantzas in Les Classes sociales dans le capitalisme aujourd'hui - précité - p 28 et s. et voir entretien in DIALECTIQUES n°17-avril 1977- p.55 et s. d'une part, et M. Maille in L'État du Droit - précité - p 231, d'autre part
  38. E. Balibar Sur la dictature du prolétariat, p.26 et s. précité
  39. Thèses et résolutions des congrès et des réunions du Comité Central, Programme du Parti (Changer de cap Ed. Soc. 1971), Introduction au Programme Commun de gouvernement Ed. Soc. 1972
  40. En dehors de ceux déjà cités, signalons : Les Communistes et la révolution René Andrieu - Julliard 1968/ « Une certaine idée des communistes » Jean Ellenstein - Julliard 1979/ Le Défi démocratique G. Marchais - Grasset 1973.
  41. Cette formulation nous paraît très appropriée dans la mesure où les nouveaux statuts adoptés au XXIIIe congrès en mai 1979 dans le préambule évoquent la « société socialiste comme but fondamental » du PCF alors que le préambule des statuts de 1964 visait la « société collectiviste ou communiste comme but fondamental du PC ». Voir ces derniers in Constitutions et Documents Politiques de M. Duverger - p.332-334 Thémis 1971
  42. Marx in Manifeste du PC précité - p.45
  43. ibid.
  44. Le Manifeste de Champigny « Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste » - précité – p.43
  45. G. Marchais à l'émission télévisée « Armes égales » le 21/9/71 « Le socialisme n'est pas un gouvernement, mais un système. La féodalité à un moment de l'histoire ne répondait plus aux besoins de l'économie, elle a été remplacée par le capitalisme. De même, le socialisme remplacera le capitalisme qui ne répond plus aux besoins modernes ».
  46. Voir M. SIMON in « Socialisme, Démocratie et Épanouissement de la personne » précité p.12 /Roland Leroy in Pseudo-socialismes et socialisme réel, conférence prononcée à l'Institut M. Thorez le 14/10/1571 - p.20
  47. Résolution XXIe congrès précité p. 45 et s
  48. J. Ellenstein in « Réflexions sur le marxisme, la démocratie et l'alternance » - revue Pouvoirs n°1 - p.73 et s. – 1977
  49. J.P. Delilez in L'État du changement précité p.94
  50. J.P. Delilez in L'État du changement précité - p.186
  51. Manifeste de Champigny – « Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste » - p.16
  52. L. Althusser in « Ce qui ne peut plus durer dans le PC » p. 93, Maspéro 1978
  53. Adresse de G. Marchais, secrétaire général du PCF aux intellectuels du parti, après mars 1978, leur rappelant que la discussion n'était admise que dans le cadre du monologue. Certains ont compris maintenant qu'ils devaient être, et derrière leur bureau, et dans le rang ... (Voir manifestation pour les élections européennes à l'hôtel PLM a Paris et autres déclarations ultérieures)!...
  54. M. SIMON in Socialisme, démocratie et épanouissement de la personne - précité – p.18
  55. G. Marchais au Club de la presse émission de radio Europe I - Le 29 janvier 1978
  56. L'Humanité - 2 février 1978
  57. Voir notamment : L. Althusser in Ce qui ne peut plus durer dans le PC, précité p.73 et s./ G. Lavau in « Le PCF dans le système politique français » Fond. Nat. Sciences Politiques/ D. Labbé in « Le discours communiste » Fond. Nat. Sciences Politiques
  58. D. Labbé in Le Discours communiste, précité p.71 et s
  59. Avant la session de printemps et avant la session d'automne de l'année 1979.
  60. M. Simon in Socialisme, démocratie et épanouissement de la personne - précité - p. 18
  61. H. Weber et 0. Duhamel in Changer Le PC, p. 16, PUF, 1979
  62. G. Cogniot in Lénine et la science politique précité p.5
  63. G. LAVAU in Le PCF dans le système politique français précité
  64. Article de Michel Barak, maître-assistant à l'université de Provence dans Le Monde du 13/12/78 p.2 sur le silence du parti et la non application des principes proclamés (autogestion, droits syndicaux) aux travailleurs des sociétés d'édition et de vente du parti (Club Diderot, CDLP, librairie Racine à Paris)
  65. F. Vernier, enseignante à l'université de Tours, in La Nouvelle Critique, avril 1978, « Il ne suffit pas de perdre pour avoir raison ».
  66. ex : l'élection législative partielle de Tours en 1976 Une campagne du point vert
  67. L. Althusser in revue Dialectiques n° 23, printemps 78, p.8
  68. Au cours de la préparation du XXIIIe congrès, les dirigeants ont essayé de démontrer que la démobilisation, ainsi que la conception du « grand soir électoral », n'avaient pas été le fait du PCF, mais du PS Voir notamment France Nouvelle 12/03/1978 p.5 et s
  69. C. Buci- Glucksman in « changer le P. C. » p.133
  70. Émile Breton in la Nouvelle Critique, avril 1978 « Dans mon jargon »
  71. L. Althusser in Ce qui ne peut plus durer dans le PC précité p.114
  72. Voir la publication d'un « projet de déclaration des libertés » en 1975 Ed. Soc. Intitulé Vivre libres.
  73. F. Mitterrand au congrès d'Épinay le 11/06/71 in POLITIQUE F. Mitterrand p.532 Fayard 1977
  74. a et b F. Mitterrand au congrès de l'Internationale Socialiste à Vienne en 1972
  75. Préface du programme commun - précité p.25
  76. Le Défi démocratique, G. Marchais précité p.135 et Paul Laurent in France nouvelle, 6 août 1974
  77. Voir à propos des élections présidentielles : entretien avec Thierry Pfister in Changer le PC, p.159 et François Loncle in Autopsie d'une rupture, Ed. J.C. Simoen 1979
  78. Rapport de G. Marchais au Comité Central publié en 1975 dans l'ouvrage d'Étienne Fajon L'union est un combat, Ed. Soc. 1975
  79. XXIe congrès à Vitry du 24 au 27 octobre 1974. Rapport du Comité central présenté par G. Marchais p.64 et s. Edité par le P.C
  80. Ibid p. 89
  81. F. Mitterrand au congrès d'Épinay in Politique, p. 533
  82. Ibid p.539-540
  83. Thierry Pfister in Changer le PC précité p. 162-163
  84. Voir à ce propos le n° 88-89 de « RECHERCHES INTERNATIONALES » 1976 - Editions de la Nouvelle Critique
  85. C. Buci-Glucksman in Changer le PC précité p.126 et s
  86. C. Buci-Glucksman distingue « eurocommunisme libéral » et « eurocommunisme démocratique ». Le premier, c'est la social-démocratie, le second c'est le retour à La théorie conçue comme guide pour l'action
  87. K. MARX Le Manifeste du PC - précité p.58

Voir aussi

Histoire du Parti communiste français



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le PCF et le programme commun (1968-1981) de Wikipédia en français (auteurs)

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