La Paperie

La Paperie est l'un des neuf Centres nationaux des Arts de la Rue, en France. Il est "localisé" à Angers.

Histoire

Depuis maintenant plus de vingt ans, le mouvement artistique foisonnant des arts de la rue a réinvesti l’espace public et est au cœur des dispositifs institutionnels. En 1994, le premier plan en faveur des arts de la rue a été décidé par Jacques Toubon, insufflant une dynamique permettant les premières dotations aux lieux de fabrique, lieux de création et de production dédiés aux arts de la rue.

En 2005, Renaud Donnedieu de Vabres lance le « Temps des Arts de la rue ». Le ministre a voulu que ce temps fort soit également un temps long qui favorise, dans la durée, le développement des arts de la rue par la réflexion, la recherche, la structuration, la consolidation des équipes de création, des lieux de fabrique, des lieux animés par les compagnies, du Centre national de création, des organismes de diffusion et de formation.

Les Centres Nationaux des Arts de la Rue (CNAR) étaient nés. La Paperie existait en tant que telle.

Activités

1. LES ENJEUX ARTISTIQUES, DISCIPLINAIRES, POLITIQUES DU CENTRE NATIONAL DES ARTS DE LA RUE, LA PAPERIE

A. L’ARTISTIQUE AU CŒUR DE L’ESPACE PUBLIC

Les arts de la rue ont fait de l’agora un espace de jeu et d’enjeu. Ils ont perpétué l’esprit de convivialité et de proximité avec le public. Ils ont renouvelé les codes et les langages. Ils ont inventé de nouvelles démarches d’écriture artistique, côtoyant plusieurs disciplines, depuis les multiples formes d’expression du théâtre, avec ou sans texte, jusqu’aux arts plastiques, la musique, l’opéra, la danse et le multimédia. Ils ont ainsi proposé au public une relation originale et dynamique à l’art et au monde. Et ils inventent toujours, sans cesse, renouvelant le genre au possible, au cœur de nos cités ou de nos campagnes.

Les artistes de rue ne se situent pas à l’extérieur de la société. De fait, ils ont compris que leur génie consistait à se fondre dans le monde commun. Poser la création artistique en tant qu’acteur de définition et même de la réalisation du « génie urbain » permet de réinscrire de fait l’esthétique au cœur du devenir des sociétés humaines. Certes, cette nécessité, forcément politique, ne doit pas devenir idéologique sous peine de déboucher sur les pires dérives liberticides. Il ne s’agit pas d’esthétiser le lien social, mais de travailler de manière plus sensible sur les mutations du projet politique de la ville. De même l’évènement artistique ne doit pas se réfugier dans un statut d’exception, chercher la rupture gratuite, l’incantation. Il doit tout au contraire être une excroissance ou une sublimation de la pratique et de la pensée ordinaire et quotidienne. Ceux-la même qui refusent de créer dans les espaces dédiés à la culture, investissent les lieux de la vie quotidienne et les ressorts de l’œuvre se confondent avec les ressorts de la ville, de la vie.

B. DE L’INTERDISCIPLINE COMME AXE

L’activité artistique constitue un jeu dont les formes, les modalités et les fonctions évoluent selon les époques et les contextes sociaux, et non pas comme une essence immuable. Il semble, aujourd’hui, primordial de voir l’art de rue comme une interdiscipline. Beaucoup de gens confondent « inter », « trans » et « multi », qui relèvent pourtant de trois logiques antagonistes. Multidisciplinaire s’applique à des disciplines séparées et cloisonnées. On oppose à cela transdisciplinarité. Mais avec le « trans » on traverse au point de dissoudre. Dans l’interdisciplinarité, une discipline s’affirme d’autant plus dans son originalité, sa singularité qu’elle est en relation avec les autres disciplines. Chaque discipline progresse à mesure de son dialogue avec les autres disciplines. Il est de notre devoir de contacter au plus près, outre les arts scéniques, les architectes, les urbanistes, les plasticiens, d’ouvrir ou tout du moins de permettre le champ de ces possibles, d’aller au devant des ces potentielles nouvelles formes et d’être un acteur privilégié de ces interactions.

C. VERS UN NOUVEAU SOUFFLE DES ACTIONS CULTURELLES AU SEIN DES POLITIQUES PUBLIQUES TERRITORIALES

Comment développer une culture qui serait ouverte et découvreuse tout en étant à la fois expérimentale, « populaire » et interdisciplinaire ? Comment la transmettre ? Quelle place économique et artistique peut-elle occuper dans une ville en évitant les recettes faciles, en s’affranchissant de la démagogie populiste du « pour tous », en esquissant un laboratoire démocratique où tous les arts puissent être reliés ?

Il est important de travailler dans des lieux vivants, de ne pas aller se replier dans des lieux clos, soi-disant disponibles, mais de se confronter aux gens, dans des endroits où la pratique des ces formes pose question. L’expérience des œuvres, le frottement des artistes, l’accompagnement de projets artistiques en des lieux et hors les murs est une des dynamiques propice à la réinvention de l’ouverture à l’autre. Dans ces espaces de frottements, on vient vivre des expériences artistiques, culturelles et humaines, rencontrer dans le même temps des artistes et des voisins, se sentir spectateur et acteur. D’une manière générale, le propos consiste à dire que l’action artistique ou l’action culturelle ne se limite jamais à l’enjeu artistique ou esthétique mais se couple toujours à des enjeux sociaux, politiques, urbains, économiques .

La rencontre avec la population prend de multiples formes, que d’ailleurs La Paperie imagine avec eux. Gestes effectués en commun, œuvres conçues avec les spectateurs ou fondées sur le partage. Autant de pratiques contextuelles dont la caractéristique est de s’investir dans une action commune envisageant le spectateur comme un citoyen et un être « politique ». Evidemment, les artistes qui viennent travailler dans ces espaces ne sortent pas indemnes de ces expériences. Cette nouvelle donne perturbe les trajectoires artistiques et les projets initiaux. Ce qui est perturbé, c’est à la fois la forme, le contenu, mais aussi les modalités de production et finalement, le sens politique de l’œuvre qu’ils sont en train de créer.

Lien externe

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