Amnistie internationale

Amnistie internationale

Amnesty International

Amnesty International.svg
Logo de Amnesty International
Contexte général
Champs d'action Défense des droits de l'homme
Zone d'influence Monde entier
Fiche d’identité
Fondateur Peter Benenson
Forme juridique Organisation non gouvernementale internationale
Association à but non lucratif
Fondation Juillet 1961
Siège central Londres, Royaume-Uni
Personnage(s) clef Seán MacBride
Pierre Sané
Thomas Hammarberg
Secrétaire
général
Irene Khan
Méthode Non-violence
Lobbying
Recherche
Financement Dons
Membres 2,2 millions
Slogan It is better to light a candle than to curse the darkness (Il est préférable d'allumer une bougie que de maudire l'obscurité)
Site internet http://www.amnesty.org/fr

Amnesty International (AI) (Amnistie internationale au Canada francophone) est une ONG qui défend les droits de l'Homme, sous l'appellation de droits humains, et le respect de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Cette organisation milite notamment pour la libération des prisonniers d'opinion, l'abolition de la peine de mort et de la torture et l'arrêt des crimes politiques.

Sections AI dans le monde en 2005

Enregistrée comme organisation internationale à caractère non gouvernemental, Amnesty International entretient des sections dans plus de 50 pays et se voit reconnaître le caractère d'organisme à voix consultative auprès de l'ONU — auprès, notamment, de son Conseil économique et social —, de l'UNESCO, du Conseil de l'Europe et de l'Organisation des États Américains. Elle jouit également d'un statut d'observateur auprès de l'Union africaine. Amnesty International tire la presque totalité des fonds dont elle dispose des collectes réalisées par ses membres. Elle regroupe plus de deux millions d'adhérents et de donateurs dans plus de 150 pays et territoires[1].

Afin de s'assurer de l'exacte observation des règles de droit international par les tribunaux qui ont à juger d'affaires politiques, afin d'enquêter sur les conditions d'internement et les allégations de torture, Amnesty International entreprend chaque année de nombreuses missions : ses envoyés sont présents comme observateurs lors de procès dont l'issue est présumée critique. Ils établissent des rapports sur ces procès et recueillent sur place des informations concernant les personnes emprisonnées pour leurs opinions. De telles missions sont habituellement composées de juristes faisant figure d'experts distingués, de diplomates ayant quitté leurs fonctions ou de spécialistes reconnus.

Participation à la marche de la presse sénégalaise en août 2008

Amnesty International publie chaque année un rapport rendant compte de la situation des droits de l'homme et de leurs violations dans l'ensemble des pays du monde. Elle publie également un certain nombre de rapports importants et documentés dénonçant les incarcérations politiques pratiquées par les gouvernements de pays aussi différents que l'Indonésie, la Turquie, la Tchécoslovaquie, l'Union soviétique, le Paraguay, les Philippines, l'Iran, l'Espagne, la Corée du Nord, le Brésil, etc. Ces différents rapports fournissent à l'opinion mondiale des renseignements chiffrés, des références aux textes et aux juridictions d'exception utilisés par les gouvernements et révèlent l'emplacement des prisons, des camps de travail, etc.

Depuis la fondation d'Amnesty International, des dizaines de milliers de prisonniers ont été libérés à la suite de son intervention[réf. nécessaire]. Même lorsque les efforts déployés par l'organisation ne permettent pas d'atteindre un tel résultat, l'intervention engagée en faveur d'un prisonnier rappelle à celui-ci qu'il n'est pas seul et renforce la pression internationale pour le respect des droits humains.

Sommaire

Histoire

En 1961, l'avocat britannique Peter Benenson lit un article concernant deux étudiants portugais condamnés à sept ans de prison pour avoir porté un toast à la liberté. Il pense aussitôt à une pression internationale qui mobiliserait l'opinion publique en faveur des prisonniers d'opinion : Amnesty International est née.

L'appel que publie Benenson, intitulé Les prisonniers oubliés, est diffusé dans la presse le 28 mai 1961, et l'idée d'une campagne internationale pour la défense des droits de la personne suscite immédiatement plus de 1 000 offres de soutien.

À la fin de la première année, la nouvelle organisation a envoyé des délégués chargés d'intervenir en faveur des prisonniers dans quatre pays et elle a pris en charge 210 dossiers. Les membres d'Amnesty International créent des instances nationales dans sept pays.

Dès le départ, les principes de stricte impartialité et d'indépendance sont établis. Les interventions doivent couvrir l'ensemble des blocs géopolitiques. L'accent est clairement mis sur la protection internationale des droits de la personne et l'aide aux victimes.

Face à l'extension alarmante de la torture, pratique à laquelle on recourt de par le monde comme à un instrument de gouvernement et à une arme de pression politique, Amnesty International lance, en 1972, une grande campagne pour l'abolition de la torture. Une conférence internationale sur la torture se tient à Paris en décembre 1973, au terme de laquelle son président, Sean MacBride, reçoit le prix Nobel de la paix en 1974. Puis en 1977, c'est au tour de l'organisation elle-même de recevoir le prix, les jurés d'Oslo entendant témoigner, par cette double récompense, de l'attention qu'ils portent à la protection internationale des droits humains.

Objectifs

Timbre émis par les Îles Féroé en 1986.

Amnesty International œuvre en faveur des personnes emprisonnées pour des raisons de conscience, hommes ou femmes, auxquels leurs croyances, leur origine ethnique ou leur appartenance religieuse ou politique leur valent de se voir privés de leur liberté (aide et assistance ne leur étant toutefois apportées que sous réserve qu'ils n'aient jamais usé de la violence ou invoqué son recours). Amnesty International s'oppose également et sans réserve à toutes les formes de torture et à la peine de mort.

Elle œuvre à l'application par les gouvernements des règles définies par l'ONU en matière de traitement des prisonniers, notamment dans les Conventions de Genève. L'organisation leur demande aussi de respecter instamment la primauté du droit, ainsi que de ratifier et d'appliquer les textes relatifs aux droits humains.

Redéfinition des objectifs

En 2001, lors de son Conseil international à Dakar (Sénégal), Amnesty International redéfinit et élargit ses objectifs. Ils se définissent comme suit : « Amnesty International est un mouvement mondial de personnes qui luttent pour les droits humains. Elle intervient au nom des victimes de violations de ces droits, en fondant son action sur une recherche impartiale et sur le droit international. L'organisation est indépendante de tout gouvernement, idéologie politique, intérêt économique ou religion ».

Valeurs fondamentales

Le travail d'Amnesty International se base sur sa vision du monde, un monde dans lequel toute personne jouit de l'ensemble des droits inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et les autres textes internationaux relatifs aux droits humains. Amnesty International forme une communauté mondiale de militants des droits humains dont les principes sont la solidarité internationale, une action efficace en faveur de victimes individuelles, un champ d'action mondial, l'universalité et l'indivisibilité des droits humains, l'impartialité et l'indépendance, la démocratie et le respect mutuel.

Méthodes

À Rotterdam en 1990.
À Brême en 2008.

L'organisation entend mener des recherches systématiques et impartiales sur des cas individuels et des pratiques bien établies d'atteintes aux droits humains. Elle affirme que les résultats de ses recherches sont rendus publics avec exactitude, rapidité, et constance.

L'organisation fonctionnelle d'Amnesty International peut varier d'un pays à l'autre. Au Canada, il existe différentes sections comme par exemple un réseau « LGBT », un réseau « femmes » et un réseau « économie et droits humains »[2].

L'un des points sur lesquels Amnesty International mène également des actions est l'aide et l'assistance apportées aux familles des prisonniers pour lesquels elle intervient et à ces prisonniers mêmes : elle fournit les médicaments spéciaux requis par l'état de tel ou tel prisonnier, donne les livres nécessaires aux étudiants dont l'arrestation a interrompu les études, adresse des subsides aux familles des victimes pour leur permettre de subvenir aux dépenses en vêtements, nourriture et frais de scolarité et aide enfin les prisonniers libérés à trouver un emploi.

Financement

Le financement d'Amnesty International, qui s'appuie sur un large soutien du public, reflète bien la volonté d'indépendance du mouvement. L'organisation, en effet, déclare ne solliciter, ni accepter, aucune aide financière des gouvernements. Les centaines de milliers de dons qui lui permettent de mener son action proviennent de ses membres et du public. Le budget international est d'environ 23 728 000 livres sterling pour l'année 2003.

Pour promouvoir son action auprès du public et lui permettre de faire appel au don en confiance, la section française de l’organisation, en tant qu’association autonome de droit français, adhère au Comité de la Charte.

Secrétaires généraux

Année Nom
1961-1966 Drapeau du Royaume-Uni Peter Benenson
1966-1968 Drapeau du Royaume-Uni Eric Baker
1968-1980 Drapeau du Royaume-Uni Martin Ennals
1980-1986 Suède Thomas Hammarberg
1986-1992 Drapeau du Royaume-Uni Ian Martin
1992-2001 Sénégal Pierre Sané
2001- Bangladesh Irene Khan

Critiques

Amnesty International est régulièrement accusée de traitement inégal, que ce soit entre des dictatures comme le Soudan et l'Arabie saoudite et des pays démocratiques comme le Canada, les États-Unis.[réf. nécessaire] Un des reproches qui revient souvent concerne ses critiques à la fois d'Israël et de l'État palestinien.[réf. nécessaire] À la suite de la publication de son rapport sur les troubles au Tibet en mars 2008[3] elle a été accusée par la Société chinoise pour l'étude des droits de l'Homme de s'être fait l'écho de la « clique du Dalaï Lama »[4],[5].

Amnesty est accusée par Bakchich d'avoir des relations avec la société Total, expliquant la non dénonciation de cette société dans son rapport annuel détaillé sur la Birmanie. Cette relation a été confirmée par Londres à Jane Birkin selon le site Bakchich[6]. La critique vise particulièrement le conflit d'intérêt de Francis Perrin, ancien président d’Amnesty International France, [7] et rédacteur en chef de la revue spécialisée Pétrole et gaz arabes (PGA) qui a répondu à Backchich « je ne vois aucun conflit d’aucune sorte dans mes relations avec Total, nous entretenons un dialogue constructif… ». Après sa mise en cause sur Bakchich.info, la section française de l'ONG a obtenu un droit de réponse [8] dans lequel elle dénonce des accusations infondées et gratuites. De plus, elle y souligne la méconnaissance totale des processus de prise de décision et de gouvernance au sein d'Amnesty. Bakchich.info a également accepté de publier le droit de réponse personnel de Francis Perrin. Selon lui, le site ne s'appuie sur aucun fait ni aucune démonstration [9]. À la suite de la publication de ces droits de réponse, Bakchich a apporté certaines précisions qui ont obligé la section française à publier un deuxième droit de réponse[10].

Selon un site américain « pro-vie »[11], la section britannique d'Amnesty International aurait pris position en mars 2007 en faveur d'une décriminalisation de l'IVG[12] (dans le cas de viols ou de mise en danger de la vie de la mère), « dans la mesure où elles sont directement liées à son action pour le droit à la santé et contre la violence faite aux femmes ». Cette prise de position a été condamnée par le Vatican par la voix du cardinal Renato Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix, qui a demandé à tous les catholiques et à toutes les institutions catholiques de ne plus accorder de soutien financier à ce mouvement[13], quelques semaines avant le Congrès annuel de l'association qui devait débattre de cette question.

Amnesty International a rappelé qu'elle ne recevait pas d'argent du Vatican, car elle n'accepte de fonds d'aucun État, et que sa position ne consistait « pas à promouvoir l'avortement en tant que droit universel (...) Elle considère comme un droit humain le droit des femmes à ne subir ni terreur, ni menace ni contrainte quand elles font face aux diverses conséquences d'un viol ou d'autres violations graves des droits humains. »[14]

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Ann Marie Clark, Diplomacy of Conscience: Amnesty International and Changing Human Rights Norms, Princeton University Press, 2001, 183 p. (ISBN 0691057435)
  • (fr) Hugues Kéraly, Enquête sur un organisme au-dessus de tout soupçon : Amnesty International, Itinéraires, Paris, 1980, 215 p.
  • (fr) Aimé Léaud, Amnesty International : un combat de l'homme pour l'homme, Librairie des Libertés, 1983, 192 p. (ISBN 2867570018)

Liens externes

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