Klaus Mann

Klaus Mann
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Klaus Mann
Klaus Mann, staff sergeant à la 5e armée américaine, en Italie en 1944
Klaus Mann, staff sergeant à la 5e armée américaine, en Italie en 1944

Nom de naissance Klaus Heinrich Thomas Mann
Activités Romancier, nouvelliste, dramaturge, diariste, poète, journaliste, critique littéraire
Naissance 18 novembre 1906
Munich
Décès 21 mai 1949 (à 42 ans)
Cannes
Langue d'écriture allemand, anglais

Klaus Heinrich Thomas Mann, né le 18 novembre 1906 à Munich, décédé le 21 mai 1949 à Cannes, est un écrivain allemand. Il est le fils de l'écrivain Thomas Mann, le neveu de Heinrich Mann et le frère, entre autres, d'Erika et Golo Mann.

Entré en littérature dans les premières années de la République de Weimar, il se montre d'abord sensible à un esthétisme inspiré par Stefan George et écrit le premier roman allemand homosexuel. Quittant l'Allemagne lors de l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933, son œuvre prend une nouvelle orientation, faisant le choix de l'engagement. Déchu de la nationalité allemande en 1935, il devient peu après citoyen tchécoslovaque. Installé aux États-Unis en 1938, il prend la nationalité américaine en 1943 et s'engage dans l'armée américaine. Victime de la drogue, dépressif, ne trouvant pas sa place dans l'Europe de l'après-guerre, il se suicide en avalant une forte dose de somnifères. Quant à son œuvre, négligée de son vivant, elle n'a été redécouverte que bien des années après sa mort. Klaus Mann est aujourd'hui considéré comme l'un des représentants les plus importants de la littérature de langue allemande, et en particulier de la littérature de l'émigration.

Sommaire

Biographie

La jeunesse

Maison des Mann, Poschingerstrasse, à Munich

Né à Munich, Klaus Mann est le deuxième enfant et le fils aîné de Thomas Mann et de son épouse Katia Pringsheim. Issue d'une famille de Juifs sécularisés, sa mère appartient à la bourgeoisie intellectuelle munichoise, milieu dans lequel son père, né dans une famille protestante et patricienne de Lübeck, est entré par son mariage et par l'immense succès de son roman Les Buddenbrook en 1901. Dans la famille Mann, Klaus est affectueusement appelé « Eissi ».

Fils et neveu d'écrivains illustres (il porte leur nom et leurs deux prénoms), Klaus baigne dès l'enfance dans un milieu artistique et pourra publier très jeune ses premiers textes. En revanche, il souffrira toute sa vie de la comparaison et ne sera longtemps considéré que comme le fils de Thomas Mann. Les relations avec son père, surnommé « le Magicien » dans sa famille, sont ambivalentes, souvent empreintes de distance et de froideur. Les relations avec sa mère, surnommée « Mielein », sont plus chaleureuses, mais c'est surtout avec Erika, sa sœur aînée, surnommée « Eri », qu'il entretient, jusqu'à sa mort, les relations les plus étroites, comme le montre leur correspondance, au point qu'on a pu les qualifier de « jumeaux »[1].

Klaus voit le jour à Munich, dans le quartier de Schwabing. En 1910, la famille déménage au 13 de la rue Mauerkircher, à Bogenhausen, dans deux appartements de quatre pièces reliés entre eux, pour loger une famille désormais de six personnes, après la naissance de Golo et de Monika, ainsi que le personnel de la maison. Enfin, en 1914, elle s'installe au no 1 Poschingerstrasse, à Herzogpark.

À partir de 1908, la famille passe les mois d'été dans une maison de campagne bâtie à Bad Tölz, qui sera vendue en 1917 pour financer un emprunt de guerre. En avril 1918, Elisabeth (« Medi ») voit le jour, puis Michael (« Bibi ») l'année suivante.

De 1912 à 1914, Klaus et Erika étudient dans une école privée, l'institut d'Ernestine Ebermayer. Puis ils passent deux ans dans l'école primaire de Bogenhausen.

En 1915, Klaus souffre d'une péritonite et passe deux mois dans une clinique[2]. « Cela m'a certainement marqué à vie d'avoir approché la mort de si près à cet âge. En me frôlant, l'ombre de la mort m'a laissé son empreinte », écrit-il à ce sujet, dans sa première autobiographie Je suis de mon temps. Par ailleurs, Klaus et sa sœur aînée Erika créent en 1919, avec Ricki Hallgarten, fils d'une famille d'intellectuels juifs, un petit théâtre pour enfants, le Laienbund Deutscher Mimiker (l' « union des mimes allemands amateurs »), qui met en scène huit pièces pendant trois ans. Bien que les représentations aient lieu dans un cadre privé, les participants montrent un réel souci de professionnalisme, pouvant être maquillés, parfois avec l'aide d'un maquilleur. À cette époque, Klaus veut devenir acteur et noircit ses cahiers d'écolier de vers et de pièces de théâtre.

Katia Mann et ses enfants en 1925. Klaus est le troisième en partant de la droite.

Dans la maison familiale défilent à cette époque des visiteurs aussi prestigieux que les écrivains Bruno Frank, Hugo von Hofmannsthal, Jakob Wassermann et Gerhart Hauptmann, ou Samuel Fischer, l'éditeur de Thomas Mann. Ils ont pour voisin le compositeur et chef d'orchestre Bruno Walter, qui fait découvrir aux enfants Mann la musique classique et l'opéra. Les parents leur lisent des auteurs du monde entier. Dès l'âge de douze ans, Klaus se met lui-même à lire un livre par jour. À quinze ans, il montre ses exigences en manière de littérature par le choix de ses auteurs préférés : Platon, Friedrich Nietzsche, Novalis et Walt Whitman.

Après l'école primaire, Klaus entre au Wilhelmsgymnasium de Munich, où il s'ennuie ferme et a des résultats médiocres. En avril 1922, après un bulletin scolaire désastreux, Erika et Klaus, qui ont aussi une mauvaise note de conduite, sont envoyés dans un foyer à la campagne, à Hochwaldhausen, dans la région de Vogelsberg, près de Fulda. En juillet, Erika revient à Munich, tandis que Klaus, en septembre 1922, entre dans l'internat progressiste du pédagogue Paul Geheeb, la Odenwaldschule, à Oberhambach. Toutefois, il s'éprend d'un camarade de classe, Uto Gartmann, et il décide de quitter l'internat, en juin 1923. « Il avait le visage que j'aimais. Pour certains visages, on peut éprouver de la tendresse si l'on vit assez longtemps et que le cœur est sensible. Mais il n'y a qu'un visage qu’on aime. C'est toujours le même, on le reconnaît entre mille. » écrit-il, à propos de ce garçon, dans sa deuxième autobiographie Le Tournant. Il n'en conservera pas moins des liens avec l'école.
De retour dans la demeure familiale, il suit des cours privés, avant d'arrêter ses études, au début de 1924, peu avant l'Abitur (équivalent du baccalauréat).

Aux environs de Pâques, il passe quelques semaines chez Alexander von Bernus, un ami de son père, à l'abbaye de Neuburg, près de Heidelberg, où il travaille à un recueil de nouvelles autobiographiques, à des poèmes et à des chansons de cabaret.

Au début de septembre, Erika entre dans la troupe de Max Reinhardt au « Deutsches Theater » de Berlin. Klaus l'accompagne et occupe pendant quelques mois, l'année suivante, le poste de critique dramatique dans une revue berlinoise. Il publie ses premières nouvelles dans divers journaux et périodiques.

En juin 1924, Klaus se fiance avec son amie d'enfance, Pamela Wedekind, la fille aînée du dramaturge Frank Wedekind. Les fiançailles seront finalement rompues en janvier 1928. Pamela Wedekind se mariera en 1930 avec Carl Sternheim, le père de leur amie commune Thea, dite « Mopsa ».

L'esthète

Gustaf Gründgens en 1936 dans le rôle d'Hamlet.

En 1925, à dix-huit ans, Klaus publie sa première pièce de théâtre et un recueil de nouvelles. Anja et Esther, qui traite de sujets du temps qu'il a passé en internat, est représentée pour la première fois à Munich le 20 octobre 1925 puis au Kammerspiele de Hambourg le 22 octobre. À Hambourg, Klaus et Erika se produisent sur scène avec Pamela Wedekind et Gustaf Gründgens. La pièce prenant pour thème l'amour lesbien connaît un succès de scandale.

La même année, Klaus Mann fait son premier grand voyage à l'étranger, qui le conduit en Angleterre, à Paris, Marseille, en Tunisie, à Palerme, Naples et Rome. Dans son premier roman, La Danse pieuse, paru en 1926, il témoigne publiquement de son homosexualité. Alors qu'elle est amoureuse de Pamela Wedekind, le 24 juillet 1926, Erika se marie avec le comédien Gustaf Gründgens, qui connaît les Mann depuis 1922[3] et serait, à cette époque, l'amant de son frère.

En 1927, Klaus part sur un coup de tête pour les États-Unis, avec Erika, et voyage à travers le monde pendant neuf mois, visitant le Japon, la Corée, la Sibérie, les États-Unis... À Budapest, il rencontre Thomas Quinn Curtiss qui deviendra son ami. À leur retour, Klaus et Erika écrivent ensemble Tout autour - L'aventure d'un voyage autour du monde, un carnet de voyage humoristique. À Paris, Klaus fait la connaissance, en 1928, d'André Gide, dont il fait son maître à penser et son modèle, de Jean Cocteau, dont il adapte le roman Les Enfants terribles pour la scène en 1930, et de René Crevel, dont il devient l'ami. Il découvre également les cercles surréalistes parisiens. D'abord plein de sympathie pour ce mouvement culturel, il s'en éloigne au début des années 1940, dénonçant, dans L'Avant-garde, hier et aujourd'hui (1941) et Le Cirque surréaliste (1943), l'engagement communiste et le « culte du chef » d'André Breton.

Les premières années artistiques de Klaus Mann sont troublées ; son homosexualité en fait souvent la cible des bigots et des bien-pensants, et il a des difficultés relationnelles avec son père, qui est assez sévère sur son travail d'écrivain.

Fasciné, dans un premier temps, par l'esthétisme fin de siècle et le raffinement artistique, il développe, dans ses essais du début des années 1930 à 1933, la figure de l'artiste, selon la formule qu'il emploie à propos de Gottfried Benn, comme un « Moi radicalement solitaire, dans un isolement tragique ». Tout engagement politique lui semble alors exclu. En tant que citoyen, l'écrivain peut avoir des idées politiques, mais sa « passion créatrice » doit disposer d'un espace autonome. Si Klaus Mann admire tant Cocteau, c'est qu'à ses yeux, il représente le « fanatique de la forme pure », celui qui oriente toute son activité sur sa position d'artiste. Pourtant, à la même époque, influencé par la figure de Gide, il évolue de l'esthétisme vers l'engagement du moraliste et se détache de Gottfried Benn.

L'engagement

Couverture de Die Sammlung (septembre 1933)

Opposant de la première heure au nazisme, il quitte l'Allemagne dès le 13 mars 1933 et passe les années suivantes entre Amsterdam, la France et la Suisse, où s'est installée sa famille. En exil, il fonde à Amsterdam une revue littéraire de combat contre les nazis, Die Sammlung, qui paraît du 1er septembre 1933 au 1er juillet 1935[2], éditée par les éditions amstellodamoises Querido. Parmi les collaborateurs, on trouve Ernst Bloch, Bertolt Brecht, Albert Einstein, Léon Trotski, Ernest Hemingway, Boris Pasternak et Joseph Roth. Toutefois, plusieurs se retirent bientôt devant la menace de Berlin d'interdire leurs livres en Allemagne, notamment Alfred Döblin, l'autrichien Stefan Zweig et son propre père.

Le 1er novembre 1934, il est déchu de la nationalité allemande ; mais, grâce à l'intervention du président Beneš, la famille Mann obtient la citoyenneté tchécoslovaque. Comme Gide et Heinrich Mann, Klaus Mann participe, en 1935, à Paris, au Congrès international pour la défense de la culture contre la guerre et le fascisme, après le XIIIe congrès international du PEN-Club allemand à Barcelone[2].

En 1936, il part pour quatre mois de conférences aux États-Unis. Il devient de plus en plus dépendant à la drogue, qu'il a découverte dans les années 1920, et sombre dans la dépression. Après une cure de désintoxication à Budapest, il se rend, en septembre 1937, aux États-Unis, où il passe de nouveau quatre mois. À son retour en Europe, il suit une seconde cure de désintoxication dans une clinique privée de Zurich. En juin-juillet 1938, il participe avec Erika à la guerre d’Espagne comme correspondant[2]. En 1939, ils publient ensemble un livre sur l'émigration allemande Escape to Life, retraçant l'histoire d'Einstein, Brecht, Carl Zuckmayer, Ernst Toller, Max Reinhardt et George Grosz ; le livre est encensé par le public et la critique. De même, Le Volcan, l'œuvre la plus importante et la plus ambitieuse de Klaus Mann, paraît aux éditions Querido après deux années de travail. Klaus Mann y développe sa vision utopiste d’un humanisme socialiste où chacun trouve sa place, « même les toxicomanes, les homosexuels, les anarchistes ». Son père lui écrit : « Je l'ai lu de bout en bout, avec émoi et amusement... Plus personne ne contestera que tu es meilleur que la plupart – ce qui explique ma satisfaction en te lisant... »

Après son installation aux États-Unis, en septembre 1938, il vit entre Princeton, dans le New Jersey, et New York, où il fonde une nouvelle revue littéraire, Decision, destinée à promouvoir une pensée cosmopolite ; cependant, faute d'un financement satisfaisant et malgré un bon accueil du public, la revue ne paraît que de janvier 1941 à février 1942. Dégoûté par la langue allemande qui, à ses yeux, est pervertie par les nazis, Klaus Mann décide d'y renoncer et se met à écrire en anglais ; cependant cet abandon lui cause d'infinies souffrances et il reviendra par la suite à sa langue maternelle. Victime d'un syndrome dépressif que la fougue de son engagement intellectuel ne parvient pas à compenser, se sentant de plus en plus seul et sans le sou, il tente de se suicider, en s'ouvrant les veines. En 1942, il fait paraître à New York The Turning Point (Le Tournant), une autobiographie en anglais qu'il reprendra après la guerre en allemand, et Speed, un récit poignant sur la solitude, la nostalgie et le désespoir. En 1943, il écrit l'essai André Gide et la crise de la pensée européenne.

Engagé dans l'armée américaine, il passe six mois à Fort Dix, dans l'Arkansas, de janvier à juillet 1943, puis est muté comme public relations au Station Complement (compagnie de l'État-Major). Le 25 septembre 1943, il est officiellement naturalisé américain. Parti pour l'Afrique du Nord le 24 décembre 1943, il arrive à Casablanca le 2 janvier 1944 et participe à la campagne d'Italie dans le service psychologique de l'armée (Psychological Warfare Branch), pour lequel il rédige des tracts destinés aux stations de radio et aux haut-parleurs des tranchées et des textes de propagande incitant les soldats allemands à se rendre. En 1945, il collabore au quotidien de l'armée américaine The Stars and Stripes. Envoyé en reportage en Autriche et en Allemagne, il visite la maison familiale de Munich, confisquée par les nazis en 1933 et à moitié détruite par les bombardements alliés, découvre le camp de concentration de Theresienstadt et interviewe Hermann Göring, Richard Strauss, Emil Jannings et Franz Lehár. Démobilisé le 28 septembre 1945[2], il séjourne à Rome et Amsterdam, avant de partir pour New York et la Californie.

Le difficile après-guerre

Après la guerre, il se propose, en tant que journaliste, de participer à la rééducation des Allemands, mais il s'aperçoit bientôt, avec tristesse et dégoût, que les écrivains de l'exil sont méconnus dans leur pays, et presque sans avenir. À cette époque, ses livres sont refusés par les éditeurs de la République fédérale d'Allemagne. Lucide sur la crise de la conscience européenne, il exprime de sérieux doutes sur la dénazification de l'Allemagne. En proie à de graves difficultés matérielles, désespéré par le suicide de son ami Stefan Zweig, après celui de René Crevel en 1935 et celui d'Ernst Toller en 1939, sentant sa sœur Erika, avec laquelle il a toujours eu des liens très forts, s'éloigner de lui, Klaus sombre à nouveau dans la drogue, dont il avait réussi à se débarrasser en 1938, après des années de dépendance, alternant périodes de sevrage et rechutes. Après une tentative de suicide manquée en 1948, il peine à écrire son nouveau roman The Last Day. Il n'arrive pratiquement plus à écrire que sous l'emprise de la drogue. En 1949, il effectue pour la troisième fois une cure de désintoxication, à la clinique St-Luc, à Nice. À la toute fin de sa vie, il loge dans une pension de famille, au "pavillon de Madrid", à Cannes. Le 21 mai 1949, il est retrouvé inanimé dans sa chambre, après avoir absorbé une forte quantité de barbituriques. Transporté à la clinique Lutetia, il meurt quelques heures plus tard, à l'âge de quarante-trois ans. Seul membre de sa famille venu à l'enterrement, Michael Mann joua du violon au bord de la tombe de son frère aîné.

Dans son journal, Thomas Mann écrit à Stockholm, le 22 mai 1949 : « Il n'aurait pas dû faire ça. L'acte s'est visiblement produit alors qu'il ne s'y attendait pas lui-même, avec des somnifères qu'il avait achetés dans une droguerie à New York. Son séjour à Paris a été lourd de conséquences (morphine). » Un mois et demi plus tard, il écrit à Hermann Hesse : « Mes rapports avec lui étaient difficiles et point exempts d'un sentiment de culpabilité puisque mon existence projetait par avance une ombre sur la sienne [...]. Il travaillait trop vite et trop facilement. »

Sur sa tombe, au cimetière du Grand Jas (carré 16), sa sœur, Erika, a fait graver une phrase de l'évangile selon Luc, qui devait servir d'exergue à The Last Day, le roman politique auquel Klaus Mann travaillait juste avant sa mort : « Celui qui cherche à sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie, celui-là la sauvera ».

Œuvres

La famille Mann en 1931 à Nidden. Klaus est le quatrième en partant de la gauche.

Klaus Mann est l'auteur de textes politiques (Escape to Life, en collaboration avec Erika Mann, sa sœur), mais aussi d'articles de presse, de pièces de théâtre (Anja et Esther en 1925) et de romans, tels que La Danse pieuse et Fuite au Nord (1934). Il s'affirme également comme un grand romancier avec Symphonie pathétique (1935), et surtout Mephisto (1936), le plus célèbre de ses livres, le premier publié à Amsterdam, ainsi que Le Volcan (1939).

La danse pieuse est le premier roman allemand ouvertement homosexuel.

Fuite au Nord raconte l'histoire d'une militante communiste, Johanna, réfugiée en Finlande, où elle va devoir choisir entre son amour pour un homme et son engagement politique, engagement auquel elle décide finalement de tout sacrifier. Ce roman renvoie à la nécessité pour les intellectuels de renoncer à leur tour d'ivoire afin de s'engager dans le combat politique (en quoi Klaus Mann s'oppose à Stefan George, tenant de l'art pour l'art et l'un de ses maîtres en littérature avec Frank Wedekind).

Symphonie pathétique n'est autre qu'une biographie romancée de Tchaïkovski.

Mephisto raconte la carrière d'un grand comédien, à la fois ambitieux et lâche, prêt à toutes les compromissions avec le régime nazi, préférant sacrifier son honneur pour accéder à la gloire publique, même si c'est au prix d'une déchéance personnelle. Ce roman a été inspiré à Klaus Mann par la biographie de son beau-frère, l'acteur Gustav Gründgens. L'auteur pour sa part, faisant preuve d'une extrême lucidité dès le début, n'a jamais marqué la moindre hésitation et s'est toujours refusé à toute concession ou compromis avec le pouvoir en place. Mephisto est considéré comme l'un des meilleurs romans du XXe siècle. Une adaptation théâtrale très libre a été écrite par Tom Lanoye sous le titre Mephisto vor ever.

Ludwig décrit de manière romancée vingt-quatre heures de la vie d'un homme, en fait le dernier jour du roi Louis II de Bavière, considéré comme fou, en tout cas déclaré tel par ses rivaux, et, à ce titre, enfermé et très étroitement surveillé. Le cinéaste italien Luchino Visconti s'est inspiré de ce texte pour réaliser le film intitulé Le crépuscule des dieux.

Le volcan est une chronique des exilés allemands entre 1933 et 1939.

Après une première autobiographie, Je suis de mon temps (parue en 1932), sa deuxième autobiographie intitulée Le Tournant (éditée d'abord en anglais, avant d'être réécrite en allemand après la guerre et publiée en 1952) constitue un témoignage d'un intérêt exceptionnel, tant sur la vie intellectuelle et littéraire allemande dans les années 1920, que sur la condition des Allemands exilés sous le régime nazi. De même, il laisse un volumineux Journal, dont la rédaction couvre la période allant de 1931 à 1949 et qui représente un important témoignage sur un homme, ses rencontres, ses convictions, ses doutes, sa fascination pour la mort.

En 1968, le Tribunal constitutionnel fédéral allemand interdit la publication de Mephisto au motif qu'il faut attendre que se dissipe le souvenir du défunt. En 1981, bravant une interdiction formelle, les éditions Rowohlt décident d'éditer le roman, qui devient immédiatement un bestseller. Plus largement, dans les années 1970-1980, Klaus Mann, qui n'était guère considéré jusque-là que comme le fils de Thomas Mann, connaît enfin la reconnaissance pour son œuvre, regardée à présent, avec la réédition de ses livres, comme l'une des plus originales de sa génération.

Liste des ouvrages

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Personnels

  • Anja et Esther (Anja und Esther, 1925), théâtre
  • Devant la vie (Vor dem Leben: Novellen, 1925), récits
  • La Danse pieuse (Der fromme Tanz: Das Abenteuerbuch einer Jugend, 1926), roman
  • Le Cinquième Enfant (Kindernovelle, 1927), nouvelle
  • Aujourd'hui et demain (Heute und Morgen, 1927), essai
  • Aventure (Abenteuer, 1929), nouvelles
  • Alexandre. Roman de l’utopie (Alexander: Roman der Utopie, 1929), roman
  • En quête d'un chemin (Auf der Suche nach einem Weg, 1931), essais
  • Je suis de mon temps (Kind dieser Zeit, 1932), autobiographie
  • Point de rencontre à l'infini (Treffpunkt im Unendlichen, 1932), roman
  • Fuite au nord (Flucht in den Norden, 1934), roman
  • La Symphonie pathétique (Symphonie pathétique: Ein Tschaikowsky-Roman, 1935), roman
  • Mephisto. Histoire d’une carrière (Mephisto: Roman einer Karriere, 1936), roman
  • Ludwig. Nouvelle sur la mort du roi Louis II de Bavière (Vergittertes Fenster, 1937), nouvelle
  • Le Volcan. Un roman de l’émigration allemande (1933–1939) (Der Vulkan: Roman unter Emigranten, 1939), roman
  • Speed, 1939, nouvelle
  • Le Tournant. Histoire d’une vie (The Turning Point, 1942, Der Wendepunkt, ein Lebensbericht, publication posthume 1952), autobiographie
  • André Gide et la crise de la pensée moderne (André Gide and the Crisis of Modern Thought, 1943, André Gide: Die Geschichte eines Europäers, 1948), essai
  • The Last Day, 1949, fragment d'un roman inachevé

En collaboration avec Erika

  • À travers le monde (Rundherum. Ein heiteres Reisebuch), 1929
  • Le livre sur la Riviera ou ce qui n'est pas dans le Baedeker (Das Buch von der Riviera oder was nicht im Baedeker steht), 1931
  • Fuir pour vivre (Escape to Life), 1939
  • L'Autre Allemagne (The Other Germany), 1940

Éditions récentes

Bibliographie

en français
  • Marianne Krüll, Les Magiciens. Une autre histoire de la famille Mann, traduit de l'allemand Im Netz der Zauberer. Eine andere Geschichte der Familie Mann par Marielène Weber, Editions du Seuil, 1995, 400 pages.
  • Valérie Robert, Partir ou rester ? les intellectuels allemands devant l'exil, 1933-1939, Presses Sorbonne Nouvelle, 2001, 435 pages (ISBN 2-87854-208-8).
  • Dieter Strauss et Dominique Miermont, Klaus Mann et la France. Un destin d’exil, Éditions Seghers/Goethe-Institut, 2002.
  • Christian Soleil, Klaus Mann, Le Moulin à poivre, une évocation théâtrale du destin de Klaus Mann, Ed. Edilivre, 2009.
en anglais
  • Peter T. Hoffer, Klaus Mann, Boston, Twayne Publishers, 1978, 149 pages (ISBN 0-8057-6309-0).
  • James Robert Keller, The Role of Political and Sexual Identity in the Works of Klaus Mann, New York, Peter Lang, 2001, 201 pages (ISBN 0-8204-4906-7).
  • Martin Mauthner, German Writers in French Exile, 1933-1940, Londres, Vallentine Mitchell, 2007 (ISBN 978 0 85303 540 4).
en allemand
  • Wilfried Dirschauer, Klaus Mann und das Exil, Worms, G. Heintz, 1973, 151 pages.
  • Michel Grunewald, Klaus Mann, 1906-1949 : eine Bibliographie : Verzeichnis des Werks und des Nachlasses von Klaus Mann mit Inhaltsbeschreibung der unveröffentlichten Schriften, Namenregister und Titelverzeichnis, Munich, Spangenberg im Ellermann Verlag, 1984, 266 pages (ISBN 3-7707-0207-7).
  • Fredric Kroll, Klaus Täubert, Rudolf Cyperrek, Klaus-Mann-Schriftenreihe, Hambourg, K. Blahak, Männerschwarm Verlag, 2006, 704 pages (ISBN 3-935596-95-2).
  • Uwe Naumann, Klaus Mann, Reinbek, Rowohlt, 1984, 156 pages (ISBN 3-499-50332-8).
  • Harald Neumann, Klaus Mann : Eine Psychobiographie, Stuttgart ; Berlin, W. Kohlhammer, 1995, 185 pages (ISBN 3-17-013884-7).
  • Carol Petersen, Helmut Uhlig, Klaus Mann, Berlin, Morgenbuch, 1996, 93 pages (ISBN 3-371-00386-8).
  • Nicole Schaenzler, Klaus Mann : Eine Biographie, Francfort ; New York, Campus, 1999, 464 pages (ISBN 3-593-36068-3).
  • Armin Strohmeyr,
    • Klaus Mann, Munich, Deutscher Taschenbuch Verlag, 2000, 159 pages (ISBN 3-423-31031-6).
    • Klaus und Erika Mann : Les enfants terribles, Berlin, Rowohlt, 2000, 183 pages.
  • Bernd Weil, Klaus Mann, Leben und literarisches Werk im Exil, Francfort, R. G. Fischer, 1983, 114 pages (ISBN 3-88323-474-5).
  • Andrea Weiss, Flucht ins Leben : Die Erika und Klaus Mann-story, Reinbek, Rowohlt-Taschenbuch-Verlag, 2000, 219 pages (ISBN 3-499-22671-5).

Filmographie

  • Mephisto, adaptation cinématographique d'István Szabó avec Klaus Maria Brandauer, 1980
  • Le Tournant (Treffpunkt im Unendlichen – Die Lebensreise des Klaus Mann), documentaire de Heinrich Breloer et Horst Königstein, 1983
  • Fuite au Nord (Flucht in den Norden), adaptation cinématographique d'Ingemo Engström, 1985/86
  • Le Volcan (Der Vulkan), adaptation cinématographique d'Ottokar Runze, avec Nina Hoss, 1998
  • Fuir pour vivre - L'Histoire d'Erika et Klaus Mann (Escape to Life – The Erika and Klaus Mann Story), documentaire d'Andrea Weiss et Wieland Speck avec Maren Kroymann et Cora Frost, 2000
  • Thomas Mann et les siens (Die Manns – Ein Jahrhundertroman), téléfilm sur l'histoire de la famille Mann en trois parties (1h40 mn chacune) de Heinrich Breloer, avec Armin Mueller-Stahl, Veronica Ferres et Sebastian Koch, 2001

Notes et références

  1. Voir Michel Tournier, Le vol du vampire, notes de lecture, Paris, Mercure de France, 1981, 409 pages, p. 296 (ISBN 2-07-035485-7) ; Jean Finck, Thomas Mann et la psychanalyse (précédé de « Thomas Mann et l'irrationnel » par Jean-Michel Palmier), Paris, les Belles lettres, 1982, 216 pages, p. 17 (ISBN 2-251-33413-0) ; Dominique Grente, Nicole Müller, L'ange inconsolable : une biographie d'Annemarie Schwarzenbach, Paris, Lieu Commun, 1989, 273 pages, p. 82 (ISBN 2-86705-132-0).
  2. a, b, c, d et e « Chronologie », in Klaus Mann, Contre la barbarie, Phébus, coll. Points essais, 2009, p. 437-439.
  3. Gerald Pilz, « Gründgens, Gustaf », in Robert Aldrich (dir.), Garry Wotherspoon, Who's who in Contemporary Gay and Lesbian History : From World War II to the Present Day, Routledge, 2001, 480 pages, p. 170, (ISBN 0-415-22974-X).

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