Jorge Rafael Videla

Jorge Rafael Videla
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Jorge Rafael Videla, né à Mercedes, dans la province de Buenos Aires le 2 août 1925, est un général et homme politique argentin. Il dirigea l'Argentine et la guerre sale, après le coup d'État militaire du 24 mars 1976 qui destitua Isabel Perón. En 1981, il céda la présidence de la junte au général Roberto Eduardo Viola. Il a été placé en résidence surveillée au retour de la démocratie en 1983 puis condamné à la prison à perpétuité lors du Procès de la junte de 1985. Amnistié en 1989 par le président Carlos Menem, son dossier est rouvert en 2007[1] et se conclut le 23 décembre 2010 par une condamnation à la prison à vie.

Sommaire

Éducation et carrière militaire

Né d'un père colonel, il obtient un diplôme du Collège militaire de la nation en 1944 puis entame sa carrière militaire. Après avoir travaillé au ministère de la défense de 1950 à 1962, il prend la direction de l’académie militaire en 1962. En 1971, Videla devient général, et deux années plus tard, il devient chef d’état-major avant d’être nommé, en 1975, commandant en chef de l’armée argentine, sous la présidence d’Isabel Perón, qui a succédé à son époux.

La dictature

Le 24 mars 1976, Videla, à la tête d'une junte militaire, s’empare du pouvoir. La junte restera en place jusqu'au 10 décembre 1983. Elle se compose dans un premier temps de Videla, du commandant de la marine, l’amiral Emilio Massera et du commandant des forces aériennes, le Brigadier-général Ramón Agosti. Videla cède la présidence de la junte au général Roberto Viola en 1981.

Les militaires argentins répriment brutalement l'opposition de gauche, lors de la prétendue « guerre sale », qui n'eut de guerre que le nom : les guérillas (l'ERP et les Montoneros) étaient déjà démantelées en mars 1976, et les militaires s'attaquèrent aux opposants civils : politiques, syndicalistes, prêtres et nonnes - Alice Domon et Léonie Duquet, Gabriel Longueville etc. - Mères de la place de mai) ainsi qu'à leurs familles, leurs enfants, leurs amis, leurs voisins, etc. Cette entreprise aujourd'hui qualifiée par la justice argentine de « génocide » (voir par exemple la condamnation, en 2008, du général Antonio Domingo Bussi), fut justifiée par la junte au nom d'un anti-communisme virulent, lié à un national-catholicisme prétendant défendre la grandeur de la « civilisation catholique occidentale » contre les « rouges » et les « juifs »[2],[3],[4]. 30 000 personnes furent victimes de disparitions forcées sous la dictature, 500 centres clandestins de détention et de torture créés, tandis qu'environ 500 000 personnes furent contraintes à l'exil, qui plus est clandestin dans les premières années de la junte, qui refusait alors de délivrer des visas de sortie.

Au cœur de la dictature, c'est lui qui remet la coupe du monde de football 1978 au capitaine de l'équipe argentine, Daniel Passarella, El Pistolero. Cette coupe du monde s'est déroulée au moment même où les tortures et assassinats s'exécutaient dans les sous-sols de l'ESMA (École supérieure de mécanique de la Marine), à proximité des stades de Buenos Aires où se jouaient les matches dans la liesse populaire.

La fin du régime

Affaiblie par sa cuisante défaite face au Royaume-Uni lors de la guerre des Malouines, la junte cède la place en 1983 à un gouvernement civil démocratiquement élu avec pour président le radical Raúl Alfonsín.

Videla est jugé avec d'autres membres de la junte, ainsi que d'ex-guérilleros, lors du Procès de la Junte de 1985, et condamné à la perpétuité. Entre autres affaires, on le juge coupable d'homicides dans le massacre de Margarita Belén. Amnistié en 1989 par le président Carlos Menem, cette grâce fut annulée en 2007 par un tribunal, sentence confirmée en appel en juin 2009[1] (la Cour suprême a requis une peine de prison à perpétuité).

Videla doit ainsi être jugé, en 2010, dans quatre procès différents: celui de l'Opération Condor (tribunal fédéral n°1), le procès TOF6 qui concerne le vol systématique des bébés des détenues-« disparues », qui étaient délivrés à des familles de militaires et de policiers, le procès Kamenetzky à Santiago del Estero, et enfin le procès à Córdoba, où il est accusé avec le général Luciano Benjamín Menéndez, les « groupes de travail » du Destacamento de Inteligencia 141 et du Département d'Information (D2, police politique) de la police provinciale[5], de la torture et du meurtre de 32 prisonniers politiques à la prison de Córdoba et au centre clandestin de détention du Service de renseignement de la police[1].

Bénéficiant d'une assignation à résidence de 1998 à 2008, celle-ci fut annulée par le juge fédéral Norberto Oyarbide, chargé de l'enquête sur l'Opération Condor, qui l'a fait transférer à la prison de Campo de Mayo en octobre 2008[1],[5]. Par ailleurs, à la suite de l'identification, par l'Équipe argentine d'anthropologie judiciaire (EAAF), de la dépouille de l'argentin-allemand Rolf Nasim Stawowiok, un jeune militant de 20 ans de la Jeunesse péroniste qui fut enlevé le 21 février 1978 puis enterré anonymement, un magistrat allemand de Nuremberg a ouvert une enquête contre l'ex-dictateur[5].

Notes et références

  1. a, b, c et d Argentine: Videla de nouveau jugé, Le Figaro, 20 août 2009
  2. Laura Graciela Rodríguez et Germán Soprano (2009), « La política universitaria de la dictadura militar en la Argentina: proyectos de reestructuración del sistema de educación superior (1976-1983) », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Cuestiones del tiempo presente, 2009
  3. Mario Ranalletti (2010), « Aux origines du terrorisme d'Etat en Argentine », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n°105, janvier-mars 2010, p.45-57
  4. ,Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008
  5. a, b et c También lo quieren juzgar en Nuremberg, Página/12, 23 janvier 2010

Annexe

Articles connexes

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Coat of arms of Argentina.svg
Président de la Nation argentine
Général Roberto Eduardo Viola (de facto)

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