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Jeûne

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Le jeûne consiste en la privation partielle ou totale, forcée ou non, de toute alimentation pendant un certain temps, pour des raisons médicales, d'hygiène personnelle, spirituelles ou politiques.
On considère, du point de vue médical, qu'il commence 16 heures après le dernier repas. La notion de jeûne exclut l'abstention sous contrainte (torture, sanction) ou la sous-alimentation due à des raisons politiques, militaires ou socio-économiques.

Sommaire

Pratique du jeûne

Le jeûne pour raisons médicales ou spirituelles est connu depuis l'Antiquité. Il en est fait mention dans le Mahâbhârata et les Oupanishads. Il s'est particulièrement développé au Moyen-Orient et en Occident avec la diffusion du christianisme.

Le jeûne dans la nature

Les animaux malades, blessés ou en hibernation réduisent leurs apports en nourriture[1]. Le jeûne est indispensable à la survie en cas de pénurie ou de famine. Les morses jeûnent en période de reproduction alors qu'ils défendent leur territoire et leurs femelles. Les poussins jeûnent sans boire trois jours après éclosion. Les homards jeûnent quand ils muent [1]. Les manchots mâles, qui protègent leur œuf du froid en le portant sur leurs pieds, jeûnent jusqu'à l'éclosion des petits et la prise en charge de ceux-ci par leur compagne. Les animaux qui pratiquent l'hibernation jeûnent de facto pendant cette période de faible activité.

Jeûne religieux

Dans la tradition juive

La religion juive recommande les jeûnes (Taanit) suivants : Yom Kippour, Tisha Beav (les seuls jeûnes mentionnés dans la Torah), le 17 Tammouz, le jeûne de Guedaliah, le 10 Tevet, le jeûne des premiers-nés, le jeûne d'Esther, la plupart étant des jeûnes de deuil.

Dans le christianisme

Église catholique et Église orthodoxe

Le jeûne est une pratique courante dans l'Église catholique et orthodoxe où il est considéré comme un facteur de purification qui aide à rencontrer Dieu (voir Matt IV 2 Lc I 1-3). Il consiste en une privation volontaire de certaines nourritures. Le jeûne est souvent associé à l'abstinence de viande. Dans l'Église Orthodoxe, comme auparavant dans l'Église catholique romaine, le jeûne est demandé aux personnes souhaitant recevoir la communion, cette pratique est appelée le jeûne eucharistique. Pour les catholiques, avant la réforme liturgique du Concile Vatican II, le jeûne commençait la veille à partir de minuit jusqu'à la communion. Aujourd'hui, l'Église Catholique demande un jeûne d'une heure minimum avant de recevoir la Communion. (Canon 919 du Nouveau Code de Droit Canonique, 1983).

De même, pendant la période de Carême (les 40 jours qui précèdent Pâques) et de l'Avent (4 semaines précédant Noël), à la suite du Christ le jeûne est fortement recommandé, même si les obligations sont moins formelles qu'autrefois. Cependant il est pratiqué chez les moines et les moniales. Sous le règne de Charlemagne (VIII – IXème siècles) le premier capitulaire saxon édicté vers 785 prévoit la peine de mort pour les saxons ne respectant pas le précepte. Hors ces cas extrêmes, qu'il convient de replacer dans leur contexte, la violation du jeûne pouvait valoir de sévères pénitences. Enfin, le vendredi a longtemps été le jour de la semaine où l'on faisait systématiquement maigre, c'est-à-dire qu'on ne mangeait pas de viande, ce qui explique la tradition culinaire française de consommer du poisson ce jour-là.

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours

Les saints des derniers jours jeûnent chaque premier dimanche du mois, (dimanche de témoignages à la réunion de Sainte-Cène), du samedi soir au dimanche soir (ou du samedi midi au dimanche midi, au choix), en se passant de nourriture et de boisson et offre le don de jeûne à l'Église, pour le bien-être des plus démunis, la valeur des repas non consommés, ou davantage si le donateur le souhaite. En avril et en octobre, pour cause de conférence générale de l'Église, le jour de jeûne est reporté au deuxième dimanche du mois. Pour les saints des derniers jours, le jeûne est un commandement qui permet d'avoir une meilleure santé, enseigne à devenir maître de soi-même (Pr 16:32), fortifie la spiritualité, permet de bénir les pauvres et les nécessiteux. Les saints des derniers jours peuvent aussi jeûner à titre personnel à d'autres moments, lorsqu'ils en ressentent le désir ou le besoin spirituel. À la pratique du jeûne, ils associent celle de la prière (Luc 4:1-4; Esaïe 58:6-8). Il n'est pas demandé aux personnes de santé délicate ou aux jeunes enfants de jeûner.

Dans l'islam

En islam, le jeûne,saoum a une signification large. En effet on parle de jeûne comme d'un renoncement (pas seulement en nourriture ou en boisson). Il est recommandé au croyant de respecter un jeûne, le saoum, pendant le mois de ramadan principalement, et à d'autres dates également, ainsi qu'en tout temps, afin de développer sa spiritualité.

Pendant le mois de ramadan, le jeûne est obligatoire. Par contre, il est seulement souhaitable pour certaines occasions tel que Achoura, le dernier jour de pèlerinage, le mois de chaabane (avant ramadan), 6 jours du mois chawal (après ramadan), les 13e, 14e et 15e jours de chaque mois hégirien, les lundis et les jeudis. Il commence au lever du jour (alfajr) et se termine au coucher du soleil (almaghrib). On doit s'abstenir, pendant ce laps de temps, de nourriture, de boisson, de tabac et de relations sexuelles. Sont exemptés les femmes enceintes, les malades sous traitements médicaux, les enfants prépubères, les voyageurs, et les femmes en période de menstruations.

Dans le bahaïsme

Le jeûne (صَوم ṣawm) est l'un des rites majeurs de la foi bahá’íe, prescrit par Bahá’u’lláh dans le "Livre le Plus Saint" (Kitáb-i-Aqdas)[2]. Avec la prière "obligatoire" (ṣalát), ils constituent les deux lois indispensables à la vie de l'âme, comme l'air et l'eau sont indispensables à la vie du corps. Négliger ces obligations entrave le développement spirituel, car elles sont comme des ailes pour s'élever vers Dieu selon Bahá'u'lláh :

"En vérité, nous avons tout exposé dans notre Livre, en signe de grâce pour ceux qui croient en Dieu, le Tout-Puissant, le Protecteur, l'Absolu. Et nous avons ordonné la prière prescrite et le jeûne afin que tous puissent par ces moyens se rapprocher de Dieu, le Tout-Puissant, le Bien-Aimé. Nous avons mis ces deux lois par écrit et nous avons expliqué chaque décret irrévocable. Nous avons interdit aux hommes de suivre ce qui peut les faire dévier de la Vérité et nous leur avons commandé d'observer ce qui les rapprochera du Tout-Puissant, Celui qui aime. Dis : observez les commandements de Dieu par amour de sa beauté et ne soyez pas de ceux qui marchent sur les pas des misérables et des insensés. (...) Celui qui n'accomplit ni bonnes actions ni actes de dévotion est comme un arbre qui ne porte pas de fruits, comme une action qui ne laisse pas de trace. Mais celui qui expérimente l'extase sacrée de l'adoration refusera d'échanger cette dernière ou toute autre louange à Dieu contre tout ce qui existe sur terre. Le jeûne et la prière prescrite sont les ailes de la vie humaine. Heureux qui s'élève, grâce à eux, jusqu'au ciel de l'amour de Dieu, le Seigneur de tous les mondes. (...) Soyez fermement attachés à la prière prescrite et au jeûne. La religion de Dieu est comme le ciel ; le jeûne en est le soleil et la prière prescrite, la lune. En vérité, ce sont les piliers de la religion par lesquels le juste est distingué du transgresseur. Nous prions Dieu, exalté et glorifié soit-il, de permettre généreusement à tous d'observer ce qu'il révéla dans son livre ancien. (...) Ne négligez pas la prière prescrite et le jeûne. Celui qui ne les observe pas n'est pas et ne sera jamais digne d'être accepté aux yeux de Dieu. Suivez la sagesse en toute circonstance. Certes, il ordonne à tous d'observer ce qui leur est et leur sera profitable. Il est, en vérité, Celui qui suffit, le Très-Haut."[3]

Pour les baha'is, le jeûne est surtout une période de méditation et de prière, durant laquelle ils s'efforcent de réorganiser leur vie et de régénérer leur énergie spirituelle. Sa signification et son but sont avant tout spirituels et des entorses involontaires aux règles du jeûne ne l'annulent pas. ’Abdu’l-Bahá dit[4] :

"Le jeûne est un symbole. Jeûner signifie s'abstenir de tout désir. Le jeûne physique est le symbole de cette abstinence, c'est un rappel; tandis que l'on refrène l'appétit physique, il faut s'abstenir des convoitises personnelles et des désirs égoïstes. Mais se passer uniquement de nourriture n'a aucun effet sur l'esprit. C'est uniquement un symbole, un rappel. Autrement, cela n'a aucune importance. Jeûner pour atteindre le détachement ne signifie pas s'abstenir entièrement de nourriture. La règle d'or est: ni trop ni trop peu. La modération est nécessaire. Il existe une secte aux Indes dont les membres pratiquent l'abstinence à l'extrême, réduisant graduellement leur nourriture jusqu'à pouvoir s'en passer presque complètement. Mais leur intelligence en souffre. Un homme n'est pas capable de servir Dieu efficacement, tant matériellement que spirituellement, s'il est affaibli par le manque de nourriture. Il ne possède pas toute sa lucidité."

La période du jeûne dure tous les ans 19 jours et coïncide avec le dernier mois de l'année baha'ie nommé "élévation, sublimité" ( علاء = 'Alá' ), du 2 au 20 mars inclus. Selon la prescription du Kitáb-i-Aqdas, elle est précédée par les jours de fête du Ayyám-i-Há' (ايام الهاء) et suivie par la fête du Nouvel An baha'i célébrant l'équinoxe de printemps (Naw-Rúz, en persan نوروز, le 21 mars). Durant ce jeûne, les baha'is s'abstiennent de manger, de boire et de fumer du lever au coucher du soleil, qu'il est permis de déterminer à l'aide d'horloges.

Ce jeûne ne concerne que les adultes en pleine santé. En sont exemptés :

  • les personnes âgées de moins de 15 ans ou de plus de 70 ans.
  • les malades.
  • les femmes au cours des menstruations, de la grossesse ou de l'allaitement.
  • les voyageurs.
  • les travailleurs de force.

Aucun rattrapage ni compensation ne sont prévus pour ceux qui sont exemptés, mais il leur est précisé "qu'il est louable et convenable de manger frugalement et en privé".

Comme le mois "Elévation" s'achève à l'équinoxe de printemps, le jeûne a toujours lieu à la même saison (au printemps dans l'hémisphère nord et en automne dans l'hémisphère sud), sans excès de froid ni de chaleur préjudiciables, et lorsque la durée du jour et de la nuit sont à peu près équivalentes sur toute la terre.

Dans les philosophies orientales

Le jeûne modéré (15 jours à 3 semaines ou le demi-jeûne) a pour vocation d'améliorer la conscience du corps. En combiné avec des techniques méditatives — ou simplement le temps à laisser se décanter les problèmes — le jeûne permet de mieux ressentir l'effet des pensées sur notre corps. Cette sensibilité accrue du corps est destinée à mieux ressentir l'effet positif ou négatif des pensées, actions ou projets sur le bien-être[réf. nécessaire].

Dans l'hindouisme

Le jeûne a un rôle important dans la religion hindoue. Les croyants observent différentes diètes selon leurs croyances personnelles et les coutumes locales.

Quelques exemples :

  • Certains hindous jeûnent certains jours du mois comme Ekadasi (le 11e jour de chaque cycle lunaire) ou à Purnima (pleine lune).
  • Certains jours de la semaine sont des jours de jeûne spécifiques aux croyances de chacun et à une divinité favorite.
  • Le Jeudi est un jour de jeûne très répandu dans le Nord de l'Inde. Les fidèles portent des vêtements jaunes et des fleurs jaunes.
  • Jeûner durant les fêtes religieuses est assez commun. Par exemple, lors de Shivaratri ou durant les 9 jours de Navratri (2 fois par an, en Avril et en Octobre) avant Diwali. Karwa Chauth est une forme de jeûne respecté au Nord de l'Inde par les femmes mariées en faveur de la santé, de la prospérité et pour la longévité de la vie de leurs époux. Le jeûne est rompu après que l'épouse ait aperçu la lune au travers d'un voile après le coucher du soleil.

Les diètes de jeûne sont diverses. Si le jeûne est strictement respecté, la personne jeûnant n'absorbe aucune nourriture, ni solide, ni liquide, du coucher du soleil jusqu'à 48 minutes après le lever du soleil du jour suivant. Jeûner peut également signifier se priver de certaines nourritures ou de se contenter d'un seul repas dans la journée. Dans tous les cas, un/e Hindou/e, même non-végétarien, ne doit pas manger ou même toucher des produits issus d'animaux (œufs, viande, etc...) le jour du jeûne.

Chez les Inuits ou les Nord-Amérindiens

Dans les rites d'initiation des peuples d'Amérique du Nord la recherche de la vision est un étape importante de l'entrée dans l'âge adulte. La vision qui révèle en particulier l'animal tutélaire s'obtient entre autres par le jeûne.

Jeûne politique

Jeûne international contre les essais nucléaires, Grenoble, 1990

Le jeûne politique, appelé également jeûne de protestation ou grève de la faim, est, semble-t-il, une invention de Gandhi[réf. nécessaire].

Il a ensuite été utilisé par plusieurs personnalités en Europe, dont Lanza del Vasto, notamment pendant la guerre d'Algérie, pendant le concile Vatican II et la lutte des paysans du Larzac. Louis Lecoin a souvent utilisé cette méthode, qui a abouti à la reconnaissance du statut d'objecteur de conscience. Un épisode très dur a également eu lieu dans la lutte opposant les prisonniers irlandais de l'IRA ou assimilés au Royaume-Uni sous le gouvernement de Madame Thatcher, aboutissant à la mort de dix personnes en 1981, le plus célèbre étant Bobby Sands.

Il est aujourd'hui souvent utilisé par des réfugiés ou des déboutés du droit d'asile (par ex. à l'église Saint-Joseph à Paris à l'été 1991 [5]) pour forcer l'obtention d'un permis de séjour ; il est aussi pratiqué par des groupes désireux d'assurer une couverture médiatique à leurs idées ou de faire pression sur un gouvernement, un pouvoir. Il s'agit également d'une pratique dans le milieu carcéral, pour protester contre les conditions de détention.

Du 7 mars au 14 avril 2006, Jean Lassalle, député français des Pyrénées-Atlantiques, a suivi un jeûne de plusieurs semaines pour protester contre le risque de départ d'une entreprise japonaise dans sa circonscription vers une circonscription voisine ; il a cessé son jeûne contre les garanties que l'entreprise reste dans les lieux.

Le jeûne est le plus souvent seulement alimentaire (l'hydratation par boissons étant conservé), permettant des grêves de la faim prolongée.

L'attitude médicale est délicate et diverse, variant du forçage alimentaire par sonde gastrique à l'accompagnement en respectant les volontés du protestataire[6].

Jeûne pour raisons médicales

Avant une anesthésie non urgente, le jeûne est nécessaire, en raison du risque de vomissements lors de l'induction de l'anesthésie, pouvant entraîner un passage du contenu gastrique dans les bronches, ayant pour conséquence un syndrome de Mendelson.

Après une intervention chirurgicale, le jeûne peut être indiqué, soit en raison :

  • d'un ileus digestif (paralysie intestinale) pouvant avoir pour origine le geste chirurgical lui même ou l'utilisation de certains médicaments;
  • de la nécessité de protéger les sutures digestives jusqu'à cicatrisation.

Jeûne par souci d'hygiène

Autorestauration

"La restriction calorique est la seule intervention connue capable d'accroitre la longévité des mammifères, c'est aussi un moyen de réduire l'incidence des cancers et de retarder la survenue des maladies liées à l'âge et des cancers" (source Le Quotidien des Médecins)[réf. nécessaire]

Lorsque la consommation de nourriture excède la capacité du corps humain à utiliser cette nourriture, les excédents acides doivent être éliminés par le corps. Au-delà d'une certaine capacité d'absorption, ces éléments en excédent, comme la créatinine, viennent empoisonner le corps humain et le sang. Ce sont ces excès que la pratique raisonnable du jeûne permet naturellement de compenser : la dialyse étant le dernier recours. Les "croyances" éventuelles n'interviennent qu'au-delà de cette approche fondamentale.

Le Dr. Désiré Mérien [1] a guidé des milliers de jeûneurs et propose une méthode de jeûne progressive, pour éviter les inconvénients du jeûne à l'eau direct et pour mieux le maitriser. Sauf en cas d'obésité, notre poids dépend du type de nourriture que nous absorbons. A chaque palier, on élimine certains aliments (viande/alcool/sucre, pain, fruits/légumes, jus/bouillons) et on attend que le poids se stabilise avant de continuer. Pour éviter le risque d'une sortie trop rapide du jeûne, on réintroduit ces aliments progressivement dans l'ordre inverse.

On peut jeûner longtemps dès la première fois, mais cela est risqué et il vaut mieux entrer dans le jeûne petit à petit, un jour par semaine, une semaine de temps en temps, un mois par an. Ainsi on découvre peu à peu les bonnes pratiques, les crises d'élimination et l'on en réduit les risques [1].

Lors d'un jeûne progressif, on ne ressent pas la faim. Si on le prolonge trop, on atteint une période de faim, de vitalité et d'activité destinée à une recherche naturelle de nourriture. Si l'on dépasse ce stade, on entre en phase d'inanition et l'on meurt. La faim peut ne pas apparaitre en cas de maladie grave et irréversible. D'où un indispensable suivi médical [1].

Les personnes trop grosses maigrissent mais les personnes trop maigres grossissent. Les hygiénistes indiquent des poids de sécurité inférieurs de 14 % par rapport au poids normal, à ne pas dépasser sans suivi médical [1].

Dans quelques cas accidentels, les organes ont pu être pesés après jeûne et décès. Les graisses et parties malades ou blessées sont éliminées d'abord. Les organes essentiels, cerveau, cœur, os, sont préservés [1].

Les effets physiologiques du jeûne

Lorsqu'aucune nourriture n’est absorbée, l'organisme est contraint de puiser en lui-même ses sources d'énergie. Il va d'abord utiliser le glucose du glycogène, une molécule de réserve contenue dans le foie (glycogénolyse), puis les acides gras des tissus adipeux et enfin, les protéines musculaires (d'où la "perte de muscle"). Le corps, le cerveau et les tissus nerveux ont besoin de glucose (glycolyse) pour un métabolisme normal (en régime normal, le cerveau consomme environ 1 gramme de glucose par heure). Une fois le glucose transformé, le métabolisme du corps est donc en carence. Une alternative vers une autre source d’énergie peut être faite, cependant, certaines parties du cerveau ont besoin exclusivement de glucose, et des protéines sont nécessaire à sa production. Si le manque de protéines devait se prolonger, la mort s’ensuivrait.

Herbert M. Shelton a supervisé durant une période de plus de 50 ans des patients jeûnant à l’eau uniquement jusqu’à 90 jours ; selon lui, après une période approximative de trois jours de jeûne, la sensation de faim devient habituellement très peu fréquente ou disparaît complètement. Shelton déclara la faim ressentie durant les trois premiers jours de jeûne est due à une « irritation gastrique » et n'est pas une « véritable faim ». Une deuxième faim apparaît une fois que le corps a brûlé toutes ses ressources (en général au bout de 3 semaines), c’est à ce moment que le jeûne doit être stoppé, pour éviter tout dégât irréversible et permanent à l’organisme.

Pendant le jêune des rats, l’intestin grêle évolue en 4 phases :

  • En quelques heures, phase 1, la perte de masse est due aux selles et à l’utilisation des réserves glucidiques. [7]
  • Le début de jêune ou le jêune court, phase 2, atrophie l'épithélium et mobilise 75% des réserves lipidiques, ce qui épargnerait les protéines. Les cellules proliférent et migrent moins. La perte de masse est constante. [7]
  • Ensuite commence le jeûne prolongé, phase 3, les protéines fournissent une grande part de l'énergie et la synthèse protéique est réduite. Les cellules proliférent et migrent plus, et l’apoptose s'arrête (par baisse des cytokines et du facteur de transcription Cdx2). Le catabolisme protéique augmente. Les transporteurs actifs PepT1 et SGLT1 préparent la réalimentation. La perte de masse augmente brusquement. [7]
  • Après réalimentation, phase 4, l’épithélium se restaure en 3 jours que le jeûne soit court ou long. La réalimentation stimule les transporteurs GLUT5, GLUT2 et FATP4. [7]
  • L'épuisement critique des réserves énergétiques provoquerait l'optimisation de l’absorption des nutriments. [7]

Contre-indication au jeûne

Deux cas demandent des précautions particulières. Les personnes fragiles ou perturbées psychologiquement qui risquent d'avoir des réactions disproportionnées à des situations autrement sans gravité, et les personnes obèses qui auront une nourriture déséquilibrée au moment où le corps se nourrit de lui-même[1].

L'organisme humain, jeune et en bonne santé, peut supporter un jeûne total, mais n'excluant pas la prise de boisson, pendant une période assez longue, jusqu'à trois mois[8] si la personne est bien portante et bien nourrie au moment du début du jeûne. La physiologie s'adapte rapidement en mobilisant les réserves internes, mais, assez vite (en moyenne au bout de 3 à 4 semaines), la poursuite du jeûne comporte des risques importants, notamment sur le rythme cardiaque vers la fin. Un suivi médical est vital au moins à partir de la 4e semaine, plus ou moins régulier suivant l'état de santé, les conditions du jeûne et la nature des réserves au départ.

Voir aussi

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g  et h Jeûne et Santé La méthode douce des paliers, Désiré Mérien, Lorient 1984, Nature et Vie, ISBN 2-9500338-0-6
  2. Kitáb-i-Aqdas, versets 10/16/17, questions 20/36/71/74/75/76/93, notes 13/14/17/20/25/26/27/30/31/32
  3. Citations de Bahá'u'lláh, tirées des paragraphes 1, 3, 4 et 6 de la compilation des écrits baha'is intitulée "Importance de la prière prescrite et du jeûne"
  4. "Bahá'u'lláh et l'ère nouvelle" 11/8, cité par Miss E.S. Stevens dans Fortnightly Review, juin 1911
  5. INA, Droit d'asile St Joseph, Midi 2, 09/07/1991 - 02min32s
  6. Clinical care of hunger strikers, Lancet, 2008;372:777
  7. a , b , c , d  et e Mécanismes cellulaires et moléculaires de l'absorption intestinale au cours du jeûne et après réalimentation, HABOLD Caroline, 2004, Thèses de doctorat, Université Louis Pasteur, http://eprints-scd-ulp.u-strasbg.fr:8080/169/
  8. Comme en témoigne l'histoire de 9 détenus de la prison de Cork (Irlande) en 1920 dont le jeûne a duré 94 jours, il y eut aussi celui de Bobby Sands mort à Belfast le 5 mai 1981 après avoir engagé une grève de la faim sans retour le 1er mars.

Bibliographie

  • "Le croyant et le jeûne", Christophe DEVILLE, Éd. Scriptura, 2002, 23 p. (ISBN 978-2-914877-01-5)
  • "La grève de la faim", Johanna Siméant, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, ISBN 978-2-7246-1104-5.
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