Jean-Baptiste Belley

Jean-Baptiste Belley
Jean-Baptiste Belley
Belley par Girodet-Trioson, 1798
Belley par Girodet-Trioson, 1798

Surnom Mars
Naissance 1er juillet 1747
Ile de Gorée, Drapeau du Sénégal Sénégal
Décès 6 août 1805 (à 58 ans)
Le Palais, Drapeau de France France
Nationalité Drapeau de France France
Profession officier de gendarmerie
Autres activités Homme politique
Famille demi-frère : Joseph Domingue (qui n'est pas Joseph Damingue dit Hercule)
Compléments
S'est libère de l'esclavage par son commerce.

Jean-Baptiste Belley (dit Timbazé puis Mars[1]) est un révolutionnaire français, né selon ses propres dires, le 1er juillet 1746 ou 1747 sur l'île de Gorée (Sénégal) ; il est décédé le 18 thermidor an XIII (6 août 1805) à l'hôpital militaire de Le Palais à Belle-Île-en-Mer. Il fut élu député Montagnard durant la Révolution française[2]. Il fut un des premiers députés noirs français, représentant alors le département du Nord de la colonie française de Saint-Domingue à la Convention nationale puis au Conseil des Cinq-Cents.

Sommaire

Biographie

Origine et famille

Jean-Baptiste Belley, aurait été vendu à l'âge de deux ans à un négrier faisant voile vers Saint-Domingue. Selon l'historien haïtien Thomas Madiou, il racheta sa liberté par son commerce, selon ses propres propos ; la date de sa naissance est incertaine. Son acte de décès indique qu'il serait né vers 1755 à Léogâne (Saint Domingue).

L'origine de son nom Belley n'est pas connue.

Sa carrière

Jusqu'en juillet 1777, dans les registres de la paroisse du Cap Français à Saint Domingue, il est dit perruquier et nègre libre. Il est surnommé Timbazé[3].

En 1777, il aurait participé dans le corps supplétif des Nègres libres du Cap à la campagne de la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique notamment à Savannah. C'est à cette occasion qu'il aurait été surnommé « Mars[4] ».

À partir d'août 1781, dans les registres de la paroisse du Cap Français, il est dit officier subalterne des Nègres libres du Cap. Le surnom de Mars apparait bien alors.

Ses débuts à la Convention nationale

Élus par moins de 10% de la population, les 749 Conventionnels sont tous issus du mouvement révolutionnaire. Deux factions rivales, les Montagnards et les Girondins entrent aussitôt en lutte pour le contrôle de la Convention (ces factions, divisées, de composition fluctuante, sans lignes politiques claires, ne sont pas des partis au sens moderne du terme). La majorité des députés, « la Plaine ou le Marais » (qui ne sont pas des « modérés »), suivent les Montagnards ou les Girondins selon qu’ils estiment que les uns ou les autres incarnent le mieux les espoirs collectifs. Danton siège à gauche avec la Montagne. Malgré les attaques des Girondins, il sera longtemps le défenseur de l’union entre les factions.

Il est capitaine d'infanterie aux colonies au moment de la Révolution, quand la Convention nationale décida que les colonies éliraient des représentants (le décret du 4 avril 1792 donnait les droits civiques et politiques aux hommes de couleur)[1]. À la tête du 16ème régiment il repousse une attaque contre le Cap.

« ce descendant de l'esclavage a combattu du côté des commissaires civils contre les colons blancs et reçu six blessures durant ces combats[5],[6]. »

Le 3 Vendémiaire an II (24 septembre 1793), il est nommé membre de la Convention nationale par la colonie de Saint-Domingue, à la suite d'un « vote unamine à la pluralité des voix ». Il est désigné pour représenter le département du Nord de la colonie française de Saint-Domingue à la Convention aux côtés de Jean-Baptiste Mills, Jean François Charles Dufay et Joseph Georges Boisson.

Avant d'arriver en France, il passe par Philadelphie où il est pris à partie par les colons qui refusent de voir un noir avec un poste de pouvoir. Il leur répondra : « quand on sait sauver les Blancs et les défendre, on peut bien les commander » puis il fait escale à New-York. Arrivé à Lorient, les trois hommes sont arrêtés et enfermés par Victor Hugues car il est soupçonne d'être girondins à cause de l'aide qu'ils avaient apportés à Sonthonax mais ils sont remis en liberté grâce à une lettre énergique de la Convention[1]. Il est introduit par Simon-Edme Monnel à la Convention à Paris le 15 pluviôse an II (3 février 1794) avec les autres députés de Saint-Domingue. Ils sont accueillis par Simon Camboulas d'Esparou, neveu[7] de l'Abbé Raynal, dans l'enthousiasme général. Ils siègent à la Montagne.

L'abolition de l'esclavage
« Je n’ai qu’un mot à vous dire : c’est le pavillon tricolore qui nous a appelé à la liberté. C’est sous ses auspices que nous avons recouvré cette liberté, notre patriotisme est le trésor de notre prospérité et tant qu’il restera dans nos veines une goutte de sang, je vous jure, au nom de mes frères, que ce pavillon flottera toujours sur nos rivages et dans nos montagnes. »

Discours prononcé le 11 février 1794 à Paris une semaine avant la fête de l'abolition de l'esclavage.


Le lendemain, son collègue Louis Dufay prononce un discours remarqué[8] faisant le procès des Blancs qui ont entraîné les propriétaires de couleur, ce qui a abouti à livrer aux Anglo-Espagnols une partie de la colonie de Saint-Domingue, alors que :

« les Noirs devenus libres et français ont fait rempart de leurs corps à l’invasion anglaise. »

L'abolition de l'esclavage, déjà effective à Saint-Domingue, est alors prononcée par décret de la Convention dans tous les territoires français ce 16 pluviôse de l'an II (4 février 1794). Suite à cette allocution, Levasseur de la Sarthe Delacroix, Danton font voter l'abolition de l'esclavage dans les colonies. Dufay, Mills et Belley sont congratulés dans la liesse générale et sont accueillis de la même manière, le soir, au club des jacobins.[9]

Suite de sa carrière

Dans les assemblées

Il continue de siéger à la Convention nationale jusqu'au 26 octobre 1795 puis au Conseil des Cinq-Cents jusqu'en 1797, sans cependant avoir joué un rôle éminent dans ces assemblées. Néanmoins, il se montra fidèle à ses convictions républicaines au sein du Conseil des Cinq-Cents.

En vendémiaire an IV (octobre 1795), il déclare avoir possédé des biens au Cap Français, mais n'en possède plus et ne touche que ses émoluments de député. Il est cité comme habitant rue Neuve des Mathurins à Paris, le 16 messidor an IV (4 juillet 1796)[10].

Commandant de la légion de gendarmerie de Saint-Domingue

Le 15 floréal de l'an III (4 mai 1795), Jean-Baptiste Belley, appuyé par son collègue Dufay, est promu chef de bataillon.

Le 3 messidor an V (21 juin 1797), il est nommé chef de brigade puis au commandant de la gendarmerie de Saint-Domingue[11].

Il retourne alors à Saint-Domingue.

Le coup d'État du 18 brumaire mené par Napoléon Bonaparte a lieu le 9 novembre 1799. Lors de l'expédition du général Leclerc en 1802, il est toujours chef de la légion de gendarmerie de Saint Domingue.

En résidence surveillée à Belle-Ile-en-Mer

Leclerc
Le Palais (2).JPG

En avril 1802 à Saint Domingue, lors de la réorganisation de la Gendarmerie de la colonie, il est suspendu de ses fonctions sans être formellement mis aux arrêts sur ordre du capitaine-général Charles Victoire Emmanuel Leclerc, commandant en chef le corps expéditionnaire. Le 16 juillet 1802, Envoyé à Brest puis à Belle-Ile-en-Mer où il arrive vers le 20 juillet 1802, il est placé en résidence surveillée à la forteresse de la commune de Le Palais avec un régime assoupli.

Les dernières années

Il est admis le 19 messidor an X (8 juillet 1802) au régime de réforme de capitaine de gendarmerie.

Placide Séraphin Clère dit Louverture, beau-fils du général de division Toussaint Louverture, le rejoint à Belle-île-en-Mer en provenance de Brest sur la corvette La Nayade le 26 thermidor an X (14 août 1802). Tous deux sont admis à l'hôpital militaire de Belle-île-en-Mer le 19 vendémiaire an XI (11 octobre 1802). Ce dernier, qui est aux arrêts, est translaté vers la prison d'Agen le 14 fructidor an XII (1er septembre 1804) sur demande de sa mère.

Son décès

Jean-Baptiste Belley reste à l'hôpital militaire de Belle-Ile-en-Mer, où il décèdera un an plus tard, le 18 thermidor an XIII[12].

Deux lettres de sa main pendant cette période sont connues : au Préfet du Morbihan en août 1804, à Placide-Séraphin Clair dit Louverture, déjà cité, en février 1805.

Selon son acte de décès, Jean-Baptiste Belley, nègre, ex-chef de Légion de Gendarmerie, jouissant du traitement de réforme, est décédé le 18 thermidor an XIII (6 août 1805) à l'hôpital militaire de Belle-Ile-en-Mer. Il est dit « âgé d'environ cinquante ans (donc né vers 1755) et natif de Léogane (Saint Domingue)[13] ».

Son testament du 16 thermidor an XIII (4 août 1805) devant Pierre-Marie Querrel, notaire impérial en résidence au Palais à Belle-Ile-en-mer, désigne comme héritier son demi-frère Joseph Domingue (qui n'est pas Joseph Damingue dit Hercule), capitaine de gendarmerie à Rochefort. Aucune descendance ni aucun bien à Saint Domingue ne sont cités[14].

Ses biens s'élevant à 1697,50 francs sont remis à son demi-frère le 6 vendémiaire an XIV (28 septembre 1805)[15].

Bibliographie

  • Robert Fikes Jr., « Jean-Baptiste Belley-Mars: The Obscure Life, the Authentic Legacy », Negro History Bulletin, volume 45, 1982, no 1, p. 17-18.

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. a, b et c Notes de Philippe Royer
  2. Informations générales de l'Assemblée Nationale française
  3. Registres de la paroisse du Cap, actes des 30 juin et 24 juillet 1777 et du 16 août 1781.
  4. Notes de Jean Kanyarwunga
  5. Les périodes des journées du Cap-Français des 19, 20 et 21 juin 1793
  6. Les commissaires civils sont Sonthonnax et Polverel. Le gouverneur Galbaud représente les colons - D'après Philippe Royer.
  7. de l'Abbé Raynal
  8. Débat à la Convention portant sur l'abolition de l'esclavage
  9. sur la séance au club des jacobins voir Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la révolution française 1789_1795 Paris, Karthala 2002 p.358-366
  10. Bulletin de Généalogie et Histoire de la Caraïbe numéro 110, page 2370.
  11. Belley et Mentor, députés noirs de la Révolution. Société archéologique et historique de Nantes. 1999. Tome 134. Pages 213 à 220. ATTENTION : cet article est erroné quant aux circonstances du décès de Jean-Baptiste Belley
  12. Belle-Ile Histoire. Revue de la société historique de Belle-île en mer, n°23. 1998. Pages 15 à 24.
  13. Archives départementales du Morbihan (France). Etat civil en ligne. Commune du Palais à Belle-Ile-en-Mer. Décès 1804-1805. Vue 24/31.
  14. Archives départementales du Morbihan (France), cote 6E15495.
  15. Archives départementales du Morbihan (France), cote 6E15496.

Liens externes


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