Alimentation animale

Alimentation animale

L'alimentation animale est l'ensemble des conditions d'alimentation faites aux animaux d'élevage.

Sommaire

Types de facteurs en jeu

Équilibre alimentaire

Quel que soit l'animal, sa ration journalière doit respecter un équilibre alimentaire afin de répondre à ses besoins d'entretien, de travail (par exemple les chevaux) et de croissance. De plus, pour les ruminants, la ration doit apporter une quantité suffisante de matière sous forme de fibres afin d'assurer une bonne digestion de la ration.

La nutrition animale est très complexe et nécessite beaucoup de connaissances. Il faut respecter l'apport énergétique journalier (calculé en énergie digestible), mais aussi en acides aminés. Pour les monogastriques, l'on calcule les apports en lysine, méthionine, tryptophane, en matières grasses, en phosphore, en calcium, en oligo-éléments (cuivre, zinc, manganèse…) L'apport de tous les nutriments doit tenir compte de l'animal, de sa race, de son âge, de sa production.

Très souvent, l'éleveur aidé ou non d'un technicien en production animale se sert de programmes informatiques pour calculer les rations de ses animaux. Les tableurs sont particulièrement adapté à ces types de calcul. Il faut en se servant de tables d'alimentation, définir les besoins de l'animal et calculer une ration équilibrée en fonction des apports en nutriments des aliments disponibles sur l'exploitation ou disponible à l'extérieur en tenant compte des coûts d'approvisionnement. Les coûts des aliments sont très variables en fonction de la situation géographique de l'exploitation, de la météorologie, de la période de l'année; le prix des céréales est par exemple plus élevé en zone de montagne qu'en zone céréalière; le prix du tourteau de soja est moins couteux à proximité des ports mais son prix est très variable en fonction des perspectives de récoltes aux États-Unis ou au Brésil; le prix des céréales est moins cher au moment de la récolte et augmente souvent assez régulièrement entre septembre et le mois de juin de l'année suivante, mais peut aussi beaucoup varier en fonction des cours mondiaux.

Conditions hygiéniques

L'alimentation animale mal raisonnée peut être dangereuse pour la santé. Par exemple, si la nourriture est donnée le matin dans un élevage avicole, la production maximale de chaleur sera réalisée l'après-midi et l'on risque un « coup de chaleur ». Surtout, les aliments apportés à l'animal doivent être sains pour préserver la santé de l'animal. L'éleveur devra toujours éliminer de l'alimentation de ses animaux les aliments avariés, mal conservés (par exemple les foins qui ont "chauffés"), ou contenant des moisissures, de la terre…

Impacts économiques

Dans les exploitations agricoles, c'est le poste de charges le plus élevé. Les coûts liés à la culture des surfaces fourragères et aux achats de produits d'alimentation représentent plus de 50% du prix de revient des animaux. Pour pouvoir réduire ce coût, on peut introduire des matières premières moins chères comme les sous-produits de l'industrie agroalimentaire ou encore effectuer la transhumance. Un moyen efficace de réduction du coût de l'alimentation animale consiste à supprimer autant que possible les achats de produits extérieurs à la ferme. Dans le cas de la production de viande bovine, il est possible de pratiquer l'embouche exclusivement à base d'herbe de prairies naturelles. Un contrôle continu de la ration d'herbe ingurgitée par l'animal pendant les 8 heures de broutage (méthode développée dans le Calvados dans les années 1950 par le Dr Voisin) a permis de produire jusqu'à 1 000 kg de viande par an par hectare.

Pour l'alimentation des mono-gastriques (porcs, volailles...) il est impossible de produire tous les aliments nécessaire sur l'exploitation (mis à part le cas particulier des très petits troupeaux). L'éleveur peut alors acheter les matières premières qui lui sont nécessaires et fabriquer lui-même ses aliments ou acheter des aliments complets ou des aliments complémentaires de ses céréales auprès des fabricants d'aliments composés. La fabrication d'aliment à la ferme est très intéressante sur le plan économique mais exige un élevage important afin de rester compétitif. De plus, l'éleveur doit faire appel à des techniciens spécialisés pour l'aider dans la formulation de ses aliments.

Conséquences sur la qualité du produit

L'alimentation a une répercussion sur la qualité de la viande ou des produits animaux dérivés ; par exemple sur la blancheur de la viande de veau (pour laquelle on évite les aliments trop riche en fer, qui lui donnerait une couleur rouge trop prononcée. Un taux minimum de 23% d'hématocrites est obligatoire pour éviter les dérives comme donner des produits anémiants) ou encore sur la valeur nutritive du lait. D'autre part, l'utilisation de maïs pour les animaux à l'engraissement a tendance à colorer le gras en jaune, ce qui déprécie la carcasse.

Types d'aliments

Fourrages

Ce sont les feuilles et les tiges de végétaux herbacés spontanés ou cultivés. Ils constituent la base de l'alimentation des herbivores. On les classe selon leur teneur en matière sèche (MS) :

  • 80 - 90% eau : fourrages verts. Ils sont consommés en l'état dans la prairie, sur les parcelles cultivées ou dans l'étable.
  • 50 - 80% eau : ensilages. Ce sont des fourrages récoltés puis acidifiés et stérilisés par des bactéries lactiques.
  • 15 - 20% eau : foin. C'est du fourrage récolté une fois sec.

Il existe une catégorie intermédiaire dénommée « grain sec ». Au lieu de récolter un maïs ou un sorgho avec une moissonneuse broyeuse qui produit un magma que l'on compacte pour en faire l'ensilage, on récolte le grain de maïs ou de sorgho comme pour le commercialiser et on se contente de le broyer pour le stocker tel quel dans un boyau de plastique scellé. Le grain se conserve ainsi à l'abri de l'air durant les six mois nécessaires à sa consommation en hiver. On donne dans ce cas à l'animal du foin pour assurer sa digestion. Un bœuf de 300 kg aura besoin par jour de 6 kg de ce grain et de 10 kg de foin pour assurer sa ration alimentaire de croissance, avec un gain de 700 gr de poids vif par jour. Ce procédé courant en Argentine économise la moissonneuse à ensiler, le travail de transport et compactage, ainsi que la manutention du produit consommable en hiver. De plus il permet de récolter le grain avec un taux élevé d'humidité ce qui est important quand la récolte se fait par temps pluvieux.

Concentrés

Ils sont à la base de l'alimentation des monogastriques non herbivores et des volailles. Ils sont fabriqués à la ferme ou achetés à des coopératives ou des organismes privés. Dans cette catégorie, on trouve des :

  • graines de céréales : exemples orge, maïs.
  • graines protéagineuses et oléagineuses : exemples pois, soja, lupin.
  • sous-produits industriels comme les brisures (grains cassés), la farine de gluten (obtenue lors de l'extraction du maïs) ou encore le tourteau de soja déshuilé.
  • les granulés de végétaux ou bien constitués d'aliments pré-dosés et amalgamés

Depuis 2000, les farines animales ne peuvent plus être incorporées à des aliments pour bétail en France. Cependant l'Union européenne annonce, le 22 avril Modèle:Quelle année, qu'elle rouvre la voie à la réintroduction des farines de poissons. Cette dernière doit attendre trois mois pour mettre cette décision en application.

L'ingestibilité des concentrés est très élevée, mais pour les ruminants, l'éleveur est obligé de rationner. Un apport trop important d'aliment concentré, soit en énergie, soit en protéine, peut conduire à des maladies métaboliques (acidose dans le cas de l'énergie, alcalose dans le cas de l'azote).

Autres

Des racines, tubercules, pulpes de fruits (agrumes, raisin, tomates), lactosérum.

Contrôle des aliments

On cherche à étudier les paramètres qui sont de bons indicateurs de l'utilisation digestive de l'animal.

Certains dosages sont réalisés pour un aliment et une espèce données.

  • Teneur en matière sèche (MS). C'est la masse restante après un chauffage de l'aliment à 103 °C pendant quatre heures.
  • Teneur en cendre. C'est la masse restante après incinération de l'aliment à 550 °C pendant six heures. Elle correspond aux minéraux.

Matière organique (MO) des aliments = MS - cendres

  • Dosage de la matière azotée par le procédé de Kjedahl. On minéralise l'aliment avec de l'acide sulfurique. Les différentes formes d'azote (sauf les nitrates) se retrouvent sous la forme de sulfate d'ammonium. L'azote du sulfate d'ammonium est dosé par la soude sous forme d'ammoniac et dosé. Comme les protéines contiennent environ 16% d'azote (N), alors on peut dire % protéines = %N * (100/16)
  • Dosage des matières grasses. Elles sont solubilisées dans de l'éther de pétrole, séparées de l'éther et pesées. Cependant tous les lipides ne sont pas solubilisés et inversement on trouve dans les substances solubilisées des composés non lipidiques comme certains pigments.
  • Teneur en constituants glucidiques intracellulaires/extractif non azoté (ENA).
  • CB (cellulose brute), obtenue après hydrolyse acide puis basique. ENA = MO - MA - CB - MG.
  • teneurs en certains toxiques (métaux lourds notamment).

Les cas des organochlorés

Plusieurs crises ou "scandales alimentaires" proviennent d'organochlorés dans l'alimentation animale. Le 27 décembre 2010, le mécanisme européen RASFF a été lancé par l'Allemagne, suite à des analyses aléatoires d'acides gras ayant détecté des taux excessifs de dioxine dans des acides gras utilisés en alimentation animale (jusqu'à 77 fois le niveau de tolérance de l'Union européenne). Ces produits sont susceptibles d'être bioconcentrés dans la chaine alimentaire. Des tests ultérieurement ont effectivement montré des taux de dioxine dépassant le seuil de tolérance dans des œufs, des volailles et porcs provenant d'exploitations ayant utilisé ces aliments contaminés (aussi retrouvés au Danemark et en France). Dans ce cas, le producteur savait au moins depuis mars 2010 que les produits qu'il vendait étaient contaminés[1].

La production d'alimentation animale ou d'additifs pour l'alimentation des animaux est en Europe cadrée par des contrôles (règlement (CE) no 183/2005, règlement (CE) no 882/2004 et règlement (CE) no 1831/2003), et une législation fixant des concentration en dioxine (règlements de la Commission (CE) no 1881/2006 et (CE) no 1883/2006).

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Question parlementaire Union européenne ; 28 janvier 2011 E-000640/2011 Question intiulée "Dioxines dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux" ; avec demande de réponse écrite à la Commission Article 117 du règlement Sabine Wils (GUE/NGL)

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Alimentation animale de Wikipédia en français (auteurs)

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