Inuits

Inuits
Page d'aide sur les redirections Cet article concerne le peuple inuit. Pour la langue inuit, voir Inuit (langue).
Inuits
Qamutik 1 1999-04-01.jpg
Inuits
Populations
Population totale 150 000[1]
Populations significatives par régions
Sibérie 1500 ?
Alaska 40 000 (1971)Inupiats+Yupiks
Territoires du Nord-Ouest 6 000[1]
Nunavut 23 000[1]
Nunavik 9 000[1]
Terre-Neuve-et-Labrador 3 000[1]
Groenland 50 000 (2010)
Autre
Langue(s) Inuktitut, français, anglais, inunnaqtun
Groupe(s) relié(s) Eskimo : Aléoutes, Sirenikis (en), Iñupiats, Yupiks

Les Inuits sont un peuple autochtone des régions arctiques de la Sibérie et de l'Amérique du Nord (l'Alaska, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, le Yukon, le Nunavik (Québec) et le Nunatsiavut (Labrador)) ainsi que du Groenland.

La conférence inuite circumpolaire regroupe les Inuits et Inuvialuits du Canada, les Kalaallit (en)s du Groenland, les Iñupiats et Yupiks de l'Alaska et les Yupiks de Russie. En revanche, les Yupiks ne sont pas des Inuits dans le sens d'une descendance thuléenne. Au Groenland, au Canada et en Alaska, il y a environ 150 000 Inuits.

Les Inuits de l'Amérique du Nord ne sont pas, à proprement parler, des Amérindiens, bien qu'autochtones ; leurs ancêtres seraient venus en Amérique plusieurs millénaires après l'arrivée des Paléoasiatiques qui sont en fait, les ancêtres des Amérindiens. Il y a parfois confusion entre les termes Inuit et Innu. Les Innus sont plutôt des Amérindiens qui vivent dans la forêt boréale du nord-est du Québec et au Labrador.

Toutefois, les mêmes questions politiques se posent concernant les Inuits et les Amérindiens. Le plus important processus de revendication territoriale dans l'histoire du Canada a mené en 1999 à la création du Nunavut, un nouveau territoire conçu comme patrie d'une grande partie des Inuits du Canada et dont le nom signifie « notre terre ». De plus, afin de répondre aux revendications des Inuits de la région du Nunavik, dans l'Arctique québécois, le gouvernement du Québec a créé l'Administration régionale Kativik dans le cadre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Au Canada, les Inuits sont représentés par l'Inuit Tapiriit Kanatami.

Sommaire

Étymologie et termes

Le terme Inuit provient du inuktitut inuit signifiant « humains, personnes », pluriel de inuk.

L'Office québécois de la langue française a déterminé qu'au Québec, on utilise seulement le mot « Inuit », et on l'accorde comme un mot français, en écrivant un Inuit, des Inuits et des Inuites[2].

On désignait communément les peuples des régions arctiques par « les Esquimaux », ce terme ne désignant pas exclusivement l'ethnie Inuit. Il est néanmoins péjoratif pour les Inuits de certaines régions arctiques (Canada, Groenland). En Alaska, les termes « Esquimaux » ou « natifs » sont préférés pour désigner l'ensemble des peuples autochtones de la région (Yupik, Inupiats), puisque tous n'appartiennent pas à l'ethnie Inuit. Au Groenland, les Inuits se désignent dans leur langue comme Groenlandais ou Kalaallit.

L'ethnologue danois William C. Thalbitzer[3] a rapproché les Inuit et leur nom, des Aïnous et de leur nom, sur le radical "Innu", d'autant que les mythes fondateurs des deux communautés sont très semblables[4].

Préhistoire

Les cultures néolithiques du nord-est de la Sibérie (8000 à 2000 ans av. J.-C.)

Détroit de Béring (îles Diomède)

Vers 8000 av. J.-C. et durant les 6000 ans qui ont suivi, au moment où le détroit de Béring était envahi par la banquise, des petits groupes de chasseurs arrivent en Alaska. Il y a de fortes chances que ces gens l'aient traversé sur la banquise pour aller de l'Ancien au Nouveau Monde. Dans cette partie du détroit de Béring, d'après la situation géographique des îles Diomède, il n'y a qu'une vingtaine de kilomètres tout au plus entre deux terres. Donc, seulement trois ou quatre jours de marche ont été nécessaires pour faire le voyage. D'après les fouilles des plus vieux sites alaskans, ces gens étaient de la tradition microlithique de l'Arctique qui est très similaire aux groupes du Néolithique de Sibérie. Ces chasseurs n'ont jamais atteint la côte sud de l'Alaska et les îles Aléoutiennes. Ils se sont plutôt répandus rapidement dans le Canada arctique et le Groenland à la poursuite de bœufs musqués ou mammifères marins. Ils apportèrent avec eux une technologie d'outils en pierre taillée qui était totalement inconnue en Amérique, principalement des micro-lames, qui sont des petites lamelles de pierre obtenues par percussion. En plus, de minuscules lames triangulaires servant de pointes de projectile constituaient très probablement le premier indice de l'usage de l'arc et de la flèche en Amérique du Nord.

On peut retracer l'origine des peuples anciens par l'étude des langues utilisées par ces derniers et par les caractéristiques physiques des populations concernées. On sait aujourd'hui que tous les groupes d'Inuits nord-américains ont des langues apparentées. De plus, les langues inuites ont d'importantes affinités avec celle des Aléoutes, ce qui laisse croire qu'elles ont possiblement une même origine. De plus, les langues inuites et aléoutiennes ont un lointain lien de parenté avec les Tchoukchis, les Koriaks et les Kamtchadales du nord-est de la Sibérie. Les Esquimaux et les Aléoutes ont des caractéristiques raciales similaires avec les gens des péninsules Tchoukotka et Kamtchatka. On les désigne comme étant des Arcto-mongoloïdes. Le terme « Paléoesquimaux » est employé pour identifier ces groupes de chasseurs d'un lointain passé, mais la relation de descendance avec les diverses cultures inuites qui ont suivi n'est pas aussi claire qu'on le croyait lors des premières découvertes archéologiques.

Il semble aujourd'hui que plusieurs nappes de peuplement venues d'Asie se soient succédé ou se soient côtoyées en Amérique boréale. Ainsi, « les Paléoesquimaux des cultures Saqqaq et de l'indépendance, documentés par des vestiges archéologiques dans le nord du Canada et du Groenland, représentent la plus ancienne expansion humaine dans l'extrême nord du Nouveau Monde. Toutefois, leur origine et leur relation génétique avec les cultures postérieures ne sont pas connues. Nous avons séquencé un génome mitochondrial d'un Paléo-Esquimau en utilisant des cheveux gelés âgés de 3 400 à 4 500 ans excavés d'une installation Saqqaq du Groenland. L'échantillon est distinct de ceux des amérindiens et des Esquimaux modernes [...]. Ce résultat suggère que les premiers migrants dans l'extrême nord du Nouveau Monde provenaient des populations dans la zone de la mer de Béring et n'étaient pas directement liés aux Amérindiens ou Esquimaux postérieurs, qui les ont remplacés[5] ». L'échantillon paraît par contre très proche de celui des Aléoutes de la région du Détroit de Béring et des Sirenikis de Sibérie.

Les Paléoesquimaux anciens (8000 à 1000 ans av. J.-C.)

D'après les dates d'ancienneté analogues des sites de la Tradition des outils microlithiques, allant de l'Alaska au Groenland, nous pouvons supposer que les Paléoesquimaux anciens ont envahi les territoires polaires avec rapidité. Ils étaient habiles à exploiter un nouveau territoire au-delà des migrations saisonnières. Nous savons que ces derniers étaient des chasseurs des forêts nordiques de la Sibérie qui se sont adaptés aux régions de toundra et de banquise. C'était la première phase d'extension territoriale d'une bonne partie de l'Arctique canadien et du Groenland, encore inhabité à cette époque. La similarité de la technologie du Paléoesquimau ancien est frappante d'une région à l'autre. On y remarque un degré de cohésion culturelle et de conservatisme dans le temps et dans l'espace. Les Paléoesquimaux anciens ont été les premiers à réussir une certaine adaptation malgré les contraintes climatiques de l'Arctique nord-américain – froid glacial, pauvreté de la nourriture d'origine végétale, disponibilité saisonnière des protéines animales, un nombre limité d'espèces disponibles, rareté du combustible et des matières premières essentielles.

Au départ, ils ont peut-être été attirés par les troupeaux de caribous et une fois sur place, ils auraient découvert les bœufs musqués et les phoques des côtes arctiques. La défensive en ligne ou en cercle utilisée par ces bêtes se transformait en avantage pour des chasseurs qui possédaient des chiens. L'immobilité du troupeau ainsi pris au piège permettait aux hommes de s'approcher des bêtes, ce qui facilitait l'utilisation de l'arc ou de la lance. Une fois la viande débitée, elle était empaquetée dans les peaux et transportée vers les campements. En fait, la chasse au bœuf musqué était très possiblement beaucoup plus facile que la chasse à la baleine et au morse, le caribou durant sa migration, le phoque à ses trous de respiration. Durant l'été, la diète était complétée avec des oiseaux migrateurs, des œufs, des lapins arctiques et des poissons anadromes.

Rien nous laisse croire qu'ils possédaient des bateaux et des traîneaux à chiens, ils se seraient donc déplacés à pied sur cet immense territoire de 5 000 km d'ouest en est et 3 000 km du sud au nord. De plus, l'igloo et la lampe à huile en stéatite (pierre à savon) étaient absents à cette époque, ce qui devait rendre la vie assez rude et précaire.

Les outils de pierre que l'on retrouve dans les campements de la Tradition microlithique de l'Arctique sont des produits de facture complètement différentes des traditions antérieures de l'Alaska mais très similaires à ceux des Néolithiques de Sibérie. Tout cet outillage était extrêmement petit. Il comprenait des microlames, des burins pour le découpage des os, de minuscules lames triangulaires servant de pointes de harpon et de flèches. Des rencontres possibles avec des Indiens de l'Archaïque maritimien du Labrador leur ont permis de découvrir le harpon à tête détachable, très efficace pour la chasse aux phoques et aux morses. Cette nouveauté se répandit d'un bout à l'autre de l'Arctique et améliora de façon tangible les activités de subsistance.

Des recherches par des archéologues danois démontrent que les trois formations de cette époque, Indépendancien, Saqqaquien et Prédorsétien, sont en réalité trois cultures régionales, légèrement décalées dans le temps, mais provenant d'une même culture microlithique. Trois variantes de la Tradition microlithique de l'Arctique ont été découvertes dans le Grand Nord canadien et groenlandais : l'Indépendence I du Haut-Arctique, les Saqqaqiens du Groenland et la culture prédorsétienne des îles et des côtes du Bas-Arctique.

La culture de l'Indépendance I (2000 à 1700 ans av. J.-C.)

territoire des Indépendanciens I & II

Tout au nord de la calotte glaciaire du Groenland, sur les rives du fjord Indépendance (Terre de Peary), Eigel Knuth, en 1948, découvre les restes de la population la plus septentrionale du globe qui vivait dans la région la plus isolée et désolée de tout l'Arctique. Ces vestiges de campements, situés sur les paliers de plage les plus hauts, donc les plus anciens, remonteraient selon la datation au radiocarbone entre 2000 et 1700 ans av. J.-C. On a retrouvé plus tard des sites d'occupations semblables dans d'autres endroits au nord du Groenland ainsi que sur les îles d'Ellesmere, Devon et Cornwallis dans le Haut-Arctique canadien.

Dans le nord du Groenland et sur l'île d'Ellesmere, les gens de l'Indépendance I semblent avoir chassé le bœuf musqué principalement. En revanche, sur l'île Devon, on a trouvé de bonnes quantités d'os de phoque, de morse et d'ours polaire. Comme les Esquimaux polaires du XIXe siècle, les gens d'Indépendance I ne chassaient que très peu le caribou. À cause de cette particularité, on pense que leurs vêtements étaient plutôt confectionnés de peaux de bœuf musqué, d'ours polaire, de renard, de lièvre ou d'oiseaux. À titre d'exemple, le caribou étant totalement absent des îles Belcher à l'arrivée des premiers étrangers, les habitants de Sanikiluaq s'habillaient d'anoraks confectionnés entièrement de peaux d'oiseaux.

Les campements sont formés de une à quatre tentes familiales, munies d'un foyer ouvert au centre avec des espaces de couchage de chaque côté. Chaque tente pouvant abriter 4 à 6 personnes, un village regroupait donc 20 à 30 résidents. Les petites quantités de charbon de bois (saule arctique et bois flotté) et d'os carbonisés laissent croire que le feu était un luxe très occasionnel. Ils ne construisaient pas d'igloo et ne possédaient pas de lampe à huile. Leurs tentes étaient probablement couvertes de lourdes peaux de bœuf musqué soutenues par des poteaux de bois flotté. Les outils fabriqués d'éclats de pierre, les microlames, les burins pour travailler l'andouiller et l'ivoire, les grattoirs pour préparer les peaux et les pointes de projectiles sont vraiment de facture néolithique. Il n'y a aucune ressemblance avec l'outillage inuit plus récent. Ils ne connaissaient pas le traîneau à chiens et ne fabriquaient pas d'embarcations pour se déplacer. En conclusion, bien que l'on sache peu de chose sur la vie des petits groupes de l'Indépendance I, nous pouvons supposer qu'ils ont sûrement eu une vie très difficile où la famine revenait régulièrement durant les longues nuits polaires et le froid intense de l'extrême nord du Canada et du Groenland.

La majorité des matières premières retrouvées dans les sites d'occupation est de provenance locale. Il y a peut-être une exception avec des os de morse échangés avec des gens vivant sur les rives entourant la polynie du Nord.

La culture prédorsétienne (1700 à 800 ans avant J.C.)

Inuit, Arviat

L'occupation des premières populations de la Tradition microlithique de l'Arctique se concentre principalement dans la région nord de la baie d'Hudson, sur la rive nord du détroit d'Hudson et autour du bassin de Foxe. Les régions méridionales de l'archipel arctique canadien étaient beaucoup plus riches en ressources alimentaires que le Haut-Arctique. Dans la région d'Igloolik, un site daté au radiocarbone nous indique qu'il est vieux de 3 900 ans. C'est en 1000 avant J.C., que les Prédorsétiens traversent dans l'arctique québécois (Nunavik) par les îles Nottingham et Salisbury pendant que les Dorsétiens occupent les îles du Haut-Arctique et la côte nord-ouest du Groenland.

Bien qu'il y ait plusieurs similitudes entre l'outillage des Prédorsétiens et ceux de l'Indépendance I, la ressemblance est encore plus prononcée avec les groupes microlithiques de l'Alaska. Ces derniers auraient quitté leurs territoires alaskains pour se répandre dans une grande partie du Bas-Arctique oriental, quelques siècles après les groupes d'Indépendance I. À l'inverse de ces derniers, les campements des Prédorsétiens semblent avoir été utilisés sur plusieurs générations. On y a même trouvé lors de fouilles, de petites lampes à huile qui devaient servir à brûler de la graisse pour donner de la lumière et un peu de chaleur. On a aussi trouvé des cercles de détritus qui nous permettent de penser qu'ils se construisaient des igloos bien qu'aucun couteau à neige n'ait encore été trouvé. On sait aussi qu'ils avaient des chiens sans le traîneau et que l'arc et la flèche faisaient partie des armes de chasse.

La culture Saqqaq du Groenland (2500 à 800 avant J.C.)

Nanortalik (Pointe sud du Groenland)

Le Saqqaquien est la culture que l'on retrouve principalement dans la région de Saqqaq et Sermermiut sur la côte ouest et sud-est du Groenland. Le territoire s'étend du district de Thulé au nord jusqu'au district de Nanortalik au sud. Du côté est, de la pointe sud de l'île jusqu'à la baie Scoresby (en) vers le nord. Il semblerait qu'un nombre assez important d'individus ont occupé cette riche région côtière du Groenland.

Leur mode de subsistance reposait principalement sur le caribou et les petits mammifères marins. Les fouilles nous démontrent qu'ils exploitaient toutes les niches écologiques disponibles. Nous avons retrouvé les ossements d'au moins 45 espèces de vertébrés ainsi que les restes de mollusques. Par l'examen des outils, nous savons qu'ils chassaient la baleine, le phoque, les mammifères terrestres, les oiseaux en grand nombre et le poisson en y incluant la morue et l'omble chevalier.

Les sites archéologiques saqqaquiens nous démontrent qu'il existait un large éventail d'habitations allant de la double maison semi-souterraine avec passage commun jusqu'à la simple tente. Pour la fabrication de l'outillage, ils utilisaient plusieurs sortes de pierres locales, du bois, des os, des andouillers, de l'ivoire et des peaux.

Les pierres de taille étaient sûrement la matière première d'échange entre les Saqqaquiens. Le bois de dérive, les andouillers et l'ivoire ont aussi été objets de commerce entre les diverses régions habitées de ce groupe culturel.

Lorsque les Saqqaquiens disparaissent du Groenland, ils sont remplacés par les gens d'Indépendance II.

La culture de Denbigh en Alaska (3000 à 1000 avant J.C.)

Les gens de Denbigh vécurent dans le nord de l'Alaska, il y a 5 000 ans (A.A.). Ils vivaient dans la toundra à la poursuite d'animaux pour la nourriture, les vêtements et les abris. En 1948, l'archéologue américain Louis Giddings excave au Cap Denbigh (Alaska), sur la côte de la mer de Béring, des microlames de chaille et d'obsidienne qui ressemblaient à celles trouvées précédemment dans le désert de Gobi (Paléo et mésolithique asiatique). Giddings remarque également que les pointes de projectiles ont des similitudes avec celles des Paléoindiens et des cultures archaïques du Nouveau Monde. Le nom de cette culture, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, nous vient donc de la situation géographique de cette première découverte.

Ils passaient l'été sur les côtes de la mer de Béring et durant les autres saisons, à l'intérieur des terres à la recherche de caribou et de poissons anadromes.

Ce groupe culturel est connu pour ses outils de pierre taillée comme les grattoirs, les pointes de projectile, les outils pour le travail de l'os, les lames et les gouges.

Le Denbighien est très proche culturellement des trois autres entités de ce que l'on appelle les Paléoesquimaux anciens que nous avons décrits précédemment. Les origines exactes de cette culture ne sont pas très bien connues. La technologie microlithique a sûrement pris racine dans la tradition paléolithique de l'Alaska et plus sûrement dans la culture paléosibérienne. Toutefois, les Denbighiens sont les ancêtres de toute une série de cultures alaskaines : Baleinières anciennes, Choris et Norton.

Les Paléoesquimaux moyens (1000 avant J.C. à 500 apr. J.-C.)

Le terme « paléoesquimau moyen » est utilisé comme expression générique regroupant plusieurs cultures régionales s'étendant de l'île Ellesmere à Terre-Neuve et du delta du fleuve Mackenzie jusqu'au Groenland. Ce sont les Paléoesquimaux moyens qui ont envahi l'Arctique, une fois de plus.

Une différence majeure entre les Paléoesquimaux anciens et moyens a été l'abandon des territoires de l'intérieur des terres de l'Alaska et du Kivalliq. Ils délaissèrent la chasse au caribou et intensifièrent la chasse aux mammifères marins sur la banquise. Le refroidissement climatique de l'époque a sûrement eu un effet négatif sur les populations de caribou. Le plus grand impact que le refroidissement du climat a eu sur les gens s'est surtout manifesté par la manière avec laquelle il a influencé les conditions de banquise et les plans d'eau libre de glace que sont les polynies.

Les abris des Paléoesquimaux moyens vont de la tente de peaux à des structures rectangulaires semi-souterraines avec foyer central. Les groupes familiaux étaient sûrement petits et très mobiles, vraisemblablement organisés en bandes locales, qui à leur tour, étaient apparentées par le sang avec les bandes voisines. Les outils en pierre ont une taille typiquement minuscule et ils étaient façonnés avec un soin méticuleux. On compte une grande variété de burins, la plupart comportant un tranchant poli. Ces derniers semblent avoir servi à une grande variété de fonctions : couper, creuser, graver et, comme ils étaient toujours façonnés de pierre très dure comme le chert(?) et la néphrite, ils étaient idéalement appropriés pour la fabrication d'instruments en ivoire, en andouiller et en os. Les microlames peuvent ne pas être présentes ou abondantes dans les sites du Paléoesquimau moyen. Dans les endroits comportant des conditions favorables à la conservation du bois, on a trouvé des microlames insérées dans des manches. Leur fonction principale aurait été de servir de couteaux pour trancher la viande ou tailler les peaux pour les vêtements. On croit généralement que les pointes trouvées sur place ont pu servir sur des têtes de harpon plutôt que sur des flèches. Il y avait une grande variété de grattoirs, de couteaux et d'herminettes. Les instruments importants en os et en ivoire sont les aiguilles avec un chas creusé au lieu d'être perforé à la mèche et une variété de harpons à tête basculante. Des objets d'art en ivoire, en os, en bois et en stéatite sont présents en nombre croissant. Le chamanisme pratiqué par ces gens se reflète fortement dans la sculpture de l'ivoire de morse, de l'andouiller de caribou, de l'os, de la stéatite et du bois.

La culture de l'Indépendance II (800 avant J.C. à l'an 0)

Les terres dénudées du nord du Groenland et du Haut-Arctique canadien avaient été abandonnées par le groupe d'Indépendance I vers 1700 avant J.C. Ce n'est que 700 ans plus tard, vers 1000 avant J.C., qu'une deuxième culture que l'on nommera Indépendance II arrive dans ces régions.

Sur la Terre de Peary, le bœuf musqué était le principal mammifère terrestre disponible, le caribou en était totalement absent. Il ne faut pas oublier que cette région très nordique est un rude désert de pierres. Dans les lacs de l'intérieur, des ombles chevaliers pouvaient être capturés et de nombreux oiseaux migrateurs visitaient la région durant la belle saison. Sur la côte du fjord Independence, on pouvait trouver quelques ours polaires, des morses, des phoques annelés et parfois des narvals.

Les habitations des Indépendanciens II sont principalement des tentes de peaux. Il n'y a pas de structures solides et aucune lampe en stéatite pour le chauffage et l'éclairage n'a été trouvé. L'espace à l'intérieur des tentes est conçu pour 4 à 6 personnes et une tendance nous indique qu'un rassemblement de 4 à 6 tentes formait un clan. On peut affirmer que 20 à 40 personnes voyageaient et chassaient ensemble.

Considérant la pauvreté en ressources de la région, il ne semble pas y avoir eu beaucoup de commerces ou d'échanges.

D'après la disposition en chapelet des campements sur les plages et la forme des habitations, il y a de grandes similitudes entre Indépendance I et II. C'est dans les pointes de harpon et autres outillages lithiques qu'on remarque une différence notable. Ces objets de pierre taillée ressemblent plutôt à ceux des Prédorsétiens des îles Cornwallis, Bathurst, Devon et Ellesmere qu'à ceux d'Indépendance I de la Terre de Peary. En résumé, on peut facilement penser qu'il y a eu une double influence (Prédorsétien et Indépendance I) dans la culture des gens d'Indépendance II.

La culture dorsétienne (1000 av. J.-C. à 1400 apr. J.-C.)

Cape Dorset (péninsule de Foxe)

Le monde des Dorsétiens s'étendait à l'ouest de l'île Banks jusqu'à Ammassalik (Groenland) à l'est et du district de Thulé (Groenland) au nord à St-Pierre-et-Miquelon au sud. Nous avons trouvé aussi des sites d'occupations autour de la baie d'Hudson, au Labrador et à Terre-Neuve. La culture dorsétienne avait atteint son apogée entre 500 et 1000 apr. J.-C., au moment où elle occupait la plupart des régions nordiques et que son art unique avait acquis un très haut niveau de développement artistique. Les Dorsétiens ont disparu de l'île de Terre-Neuve entre 500 et 1000 apr. J.-C., dans le Haut-Arctique, c'est vers l'an 1000 tandis que dans l'Arctique québécois, on a retrouvé des sites datés jusqu'à 1400 apr. J.-C. C'est Diamond Jenness (en), un ethnologue des Musées nationaux du Canada qui identifia certains artefacts en provenance de Cape Dorset (Nunavut) comme étant différents des objets thuléens. Il donna donc le nom de Dorset à cette nouvelle culture encore inconnue à cette époque (1924).

L'étude des sites dorsétiens démontre, sans l'ombre d'un doute, que ces derniers étaient beaucoup mieux adaptés à leur environnement que leurs ancêtres Prédorsétiens. Ils passaient le printemps et l'été à chasser les morses qui s'aventurent sur la grève, à harponner le phoque depuis la banquette côtière ou sur l'eau, à l'aide de kayak. Plus tard, ils se rassemblaient en groupes dans les endroits où l'on trouvait en grand nombre l'omble chevalier et le caribou dans leurs migrations annuelles. Ensuite, ils devaient passer l'automne dans des maisons semi-souterraines en attendant que la glace se forme. Certaines familles demeuraient dans ces maisons de terre pour le reste de l'hiver, mais la plupart des Dorsétiens se rassemblaient dans des villages d'igloos sur la banquise où ils chassaient le phoque près des trous de respiration.

Entre 1000 et 500 avant J.C., de nouveaux types d'habitations voient le jour, l'usage des microlames se répand, les couteaux et les pointes d'armes en silex possèdent des encoches latérales pour fixer un manche, de plus, les bols et lampes en stéatite font leur apparition. Les couteaux à neige et les dessous de patins de traîneau en ivoire nous indique qu'une nouvelle technique de chasse sur la banquise devient plus commune. Pour ce qui est des habitations semi-souterraines qu'ils construisaient, elles s'enfonçaient de plusieurs centimètres dans le sol. De forme rectangulaire, elles étaient parfois assez grandes pour loger jusqu'à quatre petites familles. Une aire de travail au centre, bordée de deux banquettes de couchage, était la disposition intérieure usuelle. Les murs et le toit étaient supportés par une charpente de bois de flottage, de côtes de baleine et d'andouiller de caribou recouverts de peaux usagées, de mottes de tourbe, de terre et de pierre. Quant aux tentes d'été, elles auraient eu également une forme rectangulaire et l'aménagement intérieur était très semblable aux maisons de terre.

Contrairement aux Prédorsétiens, les populations de la culture dorsétienne construisaient des méga-structures (maisons longues) pouvant abriter de 25 à 200 personnes pendant certaines périodes de l'année, principalement l'été et l'automne. Ces rassemblements servaient sûrement à créer une identité commune aux divers groupes qui vivaient habituellement séparés.

Il semble que la principale matière d'échanges étaient certaines pierres qui servaient à la fabrication de l'outillage. Il faut savoir que toutes les régions du Nord ne sont pas pourvues uniformément en matériel lithique et minéral. À titre d'exemple, la côte nord-ouest du Groenland possédait du fer météoritique tandis que la région de Coppermine, du cuivre natif.

Parmi les diverses hypothèses de l'extinction des Dorsétiens, on peut citer la famine causée par le réchauffement climatique du XIe siècle, le meurtre par les nouveaux arrivants que sont les Thuléens ou bien, la possibilité d'une assimilation totale avec ces derniers, puis finalement, l'arrivée des Norrois, avec leurs lots de microbes européens. C'était la fin des « Tuniits », nom donné aux Dorsétiens par les Thuléens qui les ont remplacés.

Les cultures esquimaudes de l'Alaska (2000 avant J.C. à 1000 apr. J.-C.)

Barrow (côte nord de l'Alaska)

Pendant que les Paléoesquimaux développaient leur culture dans le Canada arctique et au Groenland, une évolution fort différente se poursuivait en Alaska dans la région du détroit de Béring. De son côté, les îles Aléoutiennes ont connu un développement graduel qui a débouché sur la culture des Aléoutes d'aujourd'hui. La côte pacifique de l'Alaska, quant à elle, a connu une évolution technologique basée sur l'ardoise polie qui a pu être à l'origine des cultures esquimaudes de cette région. Les côtes nord et ouest étaient occupées par des gens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique, la même culture que ceux de l'Arctique canadien. Vers 1000 av. J.-C., il y a un arrêt de plusieurs siècles dans l'activité humaine en Alaska. Après cette pause, apparaît une série de groupes comme les cultures Baleinières anciennes, Choris et Norton qui sont un complexe mélange de microlithisme de l'Arctique, de culture de la côte du Pacifique et de groupes du Néolithique de la Sibérie orientale de la même époque.

Les cultures baleinières anciennes (1000 avant J.C. à ???)

Nous savons très peu de choses sur les cultures baleinières anciennes. En fait, il n'y a qu'un seul village de cinq maisons qui a été découvert au cap Krusenstern, au nord du détroit de Béring. Il y avait des os de phoque dans les maisons et des os de baleine étendus sur les plages environnantes. On peut considérer cette culture comme une tentative éphémère de mixité, des Aléoutes peut-être, des Esquimaux ou des Amérindiens.

La culture de Choris (1000 avant J.C. à l'an 0)

Les gens de la culture de Choris vivaient dans de grandes maisons semi-souterraines ovales et chassaient le phoque et le caribou. Ils fabriquaient aussi des outils de pierre taillée qui rappellent passablement ceux de la Tradition microlithique de l'Arctique. Comme pour les cultures baleinières anciennes, l'origine des gens de Choris reste nébuleuse pour l'instant. Ces petits groupes de chasseurs étaient peut-être des Esquimaux du sud de l'Alaska, ou des Aléoutes qui migrèrent vers le nord, ou des Amérindiens qui avaient adopté des coutumes esquimaudes, voire des immigrants sibériens.

La culture de Norton (500 av. J.-C. à 1000 apr. J.-C.)

Encore ici, on sent un curieux mélange de Tradition des outils microlithiques de l'Arctique et de cultures néolithiques sibériennes. Comme il est possible de suivre les traces de la culture de Norton jusqu'à aujourd'hui, il est certain que les Nortoniens étaient des Esquimaux. En réalité, ce sont les ancêtres des Inuits historiques et modernes de l'Alaska, du Canada et du Groenland.

La culture béringienne ancienne (300 av. J.-C. à 300 apr. J.-C.)

Le développement le plus connu de la culture de Norton est la culture béringienne ancienne qui est apparue sur la côte orientale de la péninsule de Tchouktka (Sibérie) et sur l'île Saint-Laurent (Alaska). L'invention majeure de cette culture fut le harpon à flotteur. Grâce à ce dernier, les populations de la culture béringienne ont pu chasser de plus gros mammifères marins à bord de leurs embarcations (kayak et oumiak). Le flotteur (avataq), fait d'une peau de phoque gonflée, permettait d'épuiser l'animal et l'empêchait de couler, une fois mort. Le phoque et le morse semblent avoir été la nourriture principale de ces Esquimaux. À noter que l'ivoire de morse constituait la matière de base d'une grande partie de leur technologie. Ils en fabriquaient des lunettes à neige, des crampons à glace, des imitations de nageoires de phoque pour attirer l'animal, des arcs, des pointes de flèche et l'important bouchon du flotteur. Dès cette époque, de nouveaux villages permanents voient le jour le long des côtes de la mer de Béring. Ils sont constitués de maisons semi-souterraines recouvertes de peaux et de plaques de gazon. Elles étaient munies d'un porche coupe-froid et étaient chauffées par des lampes à huile en poterie. Ils cuisinaient également dans des marmites de céramique. En résumé, ces gens disposaient d'une technologie assez développée pour leur assurer une relative abondance alimentaire et un certain confort dans leurs maisons très bien isolées et chauffées.

La culture de Punuk (500 à 1000 apr. J.-C.)

La grande majorité des outils en pierre taillée avait été remplacé par de l'ardoise polie. La principale innovation technique de la culture de Punuk est la grande tête de harpon pour la chasse à la baleine. La carcasse d'une baleine boréale pouvait fournir à une communauté tout entière plusieurs tonnes de viande et de graisse. Dès ce moment, il y eut un important accroissement démographique dans la partie septentrionale de l'Alaska. C'est la culture béringienne ancienne qui donna naissance à la culture de Punuk. Ces derniers ont perpétué la tradition et l'ont même améliorée aux contacts des peuples de la Sibérie de l'Âge du fer. Ces grands chasseurs de baleine sont les ancêtres immédiats de tous les Inuits de l'Arctique canadien et du Groenland.

La culture thuléenne (1000 à 1600)

île Bylot (nord de Baffin)

Vers 1000 apr. J.-C., des chasseurs de baleine (Punuk) du nord de l'Alaska se déplacent vers l'est. Ils voyagent probablement en oumiak (grand bateau fait de peaux cousues) et atteignent le Groenland par le Haut-Arctique en très peu de temps. On considère les Thuléens comme étant les représentants de la troisième et dernière vague de migrations de populations de l'Arctique canadien et du Groenland. Ces importants déplacements sont très possiblement liés au réchauffement climatique (réchauffement médiéval) qui affecta tout l'Arctique à cette époque. En poursuivant la baleine boréale, en plus du Groenland, les Thuléens se sont répandus dans l'ensemble de l'archipel arctique et autour de la baie d'Hudson. Cette culture porte ce nom parce que c'est sur la côte nord-ouest du Groenland, près de la communauté de Thulé que l'on a identifié pour la première fois de vieilles maisons de type thuléenne.

Comme nous l'avons énoncé précédemment, la baleine boréale de l'Alaska (ouest) et celle du Groenland (est) étaient la ressource principale de ces populations. Cependant, elles utilisaient également le phoque, le caribou ainsi que le poisson comme ressources alimentaires. Dans la région d'Igloolik, ils firent aussi la découverte de nombreux troupeaux de morses. En réalité, ces grands chasseurs de baleine sont devenus, au cours de leurs migrations vers l'est, des chasseurs polyvalents. Malgré tout, la baleine demeurait la principale source de nourriture et de combustible. Ces grands mammifères marins permirent aux Thuléens de mener une vie passablement sédentaire de sorte que les populations ont rapidement augmenté. De plus, pour des raisons diverses, une scission pouvait survenir dans un groupe et un nouveau campement apparaissait en quelques jours seulement. C'est ce qui expliquerait la rapide extension de leurs territoires d'occupation. Pour se nourrir et se vêtir, les Thuléens chassaient aussi des animaux terrestres comme le caribou et le bœuf musqué. Quant à lui, le poisson était pêché au trident (karkivak). Les prises étaient dépecées à l'aide d'un couteau d'ardoise, en forme de demi-lune, que l'on appelle « ulu ».

En plus de la viande et de la graisse, les baleines fournissaient aux Thuléens leurs os comme matériau de construction. Pour construire des habitations de terre semblables à celles de l'Alaska, les Thuléens devaient utiliser les os, principalement les côtes et maxillaires de baleine, comme armature pour le toit. L'ensemble était recouvert de peaux et d'une épaisse couche de tourbe et de terre. Ces maisons d'hiver semi-permanentes, très bien isolées et chauffées, devaient être passablement confortables. La nourriture et le combustible pour les lampes venaient des caches environnantes, recouvertes de lourdes pierres pour protéger son contenu des chiens, des loups, des renards et des ours. Pendant l'été, tout le groupe emménageait dans des tentes de peaux. De plus, ces gens construisaient un autre type d'habitation hivernale complètement inconnu en Alaska : l'igloo. Ils auraient inventé cette technologie mais auraient emprunté aux Dorsétiens l'utilisation de la stéatite dans la fabrication des lampes à huile. Ils ont également perfectionné l'usage et la construction des traîneaux. Des harnais pour chiens apparaissent dans les sites thuléens du Canada à cette époque. Les villages des premiers Thuléens comptaient seulement quelques maisons d'hiver et moins d'une cinquantaine d'occupants. Cette organisation de la société thuléenne devait se regrouper autour d'un vieil homme qui possédait le savoir et l'expérience. Le reste du groupe comprenait les fils du vieil homme et leurs familles, les familles d'autres parents masculins et parfois, les familles de ses filles. En résumé, on peut aujourd'hui affirmer que l'économie des Thuléens était basée sur la chasse aux mammifères marins comme la baleine et le phoque.

Certains éléments de technologie issus de la culture dorsétienne laissent penser qu'il y a eu certains contacts entre ces deux groupes. En revanche, plusieurs légendes inuites racontent qu'il y a eu combat avec les Tuniits (Dorsétiens) et qu'ils ont été chassés des meilleurs territoires de chasse. C'est dans le Québec arctique que sont retrouvés les sites dorsétiens les plus récents (1400 apr. J.-C.) et c'est cette même région qui connut l'arrivée la plus tardive des groupes de Thuléens. Après plusieurs fouilles de sites thuléens, il est prouvé qu'au Groenland, ces populations faisaient commerce avec les populations résidentes en provenance des pays nordiques et qu'au Labrador, des échanges se faisaient avec les baleiniers basques, écossais et américains ainsi qu'avec les missionnaires.

L'archéologie confirme que les Thuléens sont les derniers arrivants de l'Arctique canadien et du Groenland et que leurs ancêtres, il y a 2 000 ou 3 000 ans, vivaient sur les côtes de l'Alaska et de la Sibérie. Les Thuléens sont considérés, sans l'ombre d'un doute, comme étant des Inuits. Il est presque certain que ces gens parlaient l'inuktitut, un dialecte esquimau très semblable à celui utilisé encore aujourd'hui par les autochtones du Grand Nord. Cependant, il semble que les us et coutumes thuléens d'origine semblent avoir été plus riches, plus sophistiqués et plus uniformes que les cultures inuites subséquentes.

Changements climatiques / changements culturels (1600 à 1850)

La petite période glaciaire (1600 à 1850) a forcé les Thuléens à se diviser en de multiples cultures locales s'adaptant au nouvel environnement des différentes régions arctiques. L'occupation du Labrador par les Inuits remonte au XVIe siècle. Dès cette époque, ils rencontrèrent des chasseurs amérindiens et des pêcheurs européens qui exploitaient déjà la partie méridionale de cette côte. En 1770, lorsque les Moraves arrivèrent au Labrador, ces derniers relatent que les Inuits locaux chassaient encore la baleine. Les mauvaises conditions climatiques se faisaient possiblement moins sentir dans cette région relativement plus au sud que les autres régions nordiques.

Quant à eux, les gens qui habitaient le sud et l'est de l'île de Baffin ont continué à vivre la culture thuléenne jusqu'à l'arrivée des baleiniers américains et écossais au cours du XIXe siècle. Toutefois, il est bon de signaler que les Inuits du sud de Baffin comme ceux du Labrador et du Québec ont quitté leurs maisons individuelles pour de grandes maisons multifamiliales.
Plus on s'approche de l'Arctique central, plus on découvre des groupes culturels différents de leurs ancêtres thuléens. C'est au cours de la petite période glaciaire que les Inuits d'Igloolik (Igloolik veut dire : là où il y a des maisons) quittèrent leurs maisons de terre permanentes pour s'installer sur la banquise dans des villages d'igloos. L'été, ils retournaient sur la côte pour chasser les mammifères marins à l'aide de kayaks et à l'intérieur des terres pour la chasse au caribou ou pour pratiquer la pêche à l'omble chevalier.

Quant aux Barren Grounds, à l'ouest de la baie d'Hudson, ces territoires étaient occupés par des Inuits qui subsistaient grâce au caribou et au poisson. En résumé, ils accaparèrent les terres abandonnées par les Tchipewyans suite à une épidémie en 1780. Avant cette date, les Inuits du caribou d'aujourd'hui étaient de culture maritime comme celle des Thuléens d'autrefois.
Entre 1200 et 1500, les Thuléens arrivent dans la région de la baie Pelly et des golfes Dolphin et Union. Vu l'absence de grands mammifères marins dans cette région, ils n'ont d'autres choix que de s'adapter à la chasse aux phoques sur la banquise. Pour les Inuits du cuivre (Kugluktuk), ils continuèrent de passer l'hiver dans des habitations de pierre, de terre et de bois flotté semblables à celles de leurs ancêtres. En résumé, la technologie des Inuits de l'Arctique central nous semble simpliste, rustique et adaptée à une nouvelle vie de nomade.

Pour ce qui est de la mer de Beaufort et du fleuve Mackenzie, les gens de l'endroit avaient un mode de vie semblable aux gens du nord de l'Alaska. L'hiver, ils s'abritaient dans de grandes maisons de bois flotté, ils se servaient de lampes à huile, portaient des labrets aux lèvres et aux joues et se déplaçaient en oumiak. Dans ce coin de l'Arctique de l'ouest, les changements environnementaux et culturels ont été moins perceptibles qu'ailleurs.

fjord Tanquary (île Ellesmere)

Pour terminer, le Haut-Arctique avait été abandonné durant le refroidissement. Les groupes de la région ont dû mourir de faim ou sont partis rejoindre leurs parents sur la côte nord-ouest du Groenland.

Il est certain que les Inuits d'aujourd'hui ont hérité du patrimoine génétique et culturel des Thuléens. Les premiers explorateurs de l'Arctique décrivent que les Inuits rencontrés n'étaient pas de culture maritime mais plutôt une multitude de groupes culturellement différents d'une région à l'autre. La véritable culture thuléenne avait disparu. Il semble que toutes ces mutations ont été provoquées par d'importants changements environnementaux lors de la petite période glaciaire. L'isolation pendant plus de 3 000 ans, combinée à un environnement des plus extrêmes a produit une culture humaine unique.

L'arrivée des Européens

Les populations Inuites sont restées peu connues avant les récits des premiers explorateurs
Les films d'explorateurs et d'ethnologues ont beaucoup contribué à faire connaître les Inuits dans le monde. Voir : Nanook of the North

La prostitution n'a pas partout ni toujours existé : il est faux de dire que c'est le plus vieux métier du monde. Dans les sociétés dites primitives ou traditionnelles, la prostitution est inconnue. On note seulement, chez certaines d'entre elles, des pratiques d'hospitalité sexuelle. Ainsi, dans l'Europe des premiers siècles, chez les anciens Germains, mais aussi en Égypte, en Chaldée, en Inde, et encore il y a peu, chez les Inuits, il convient rituellement d'offrir la femme ou la fille à l'hôte de passage. Précisons que ce principe d'hospitalité n'a pas de but vénal, que la femme n'est pas exploitée, que le seul bénéfice éventuellement recherché est un métissage génétique. Certains européens de passage disent avoir été surpris de l'"hospitalité" de certains Inuits allant jusqu'à offrir leur femme ou leur fille[6].

A partir du XIXe siècle, les armes à feu bouleversent les pratiques de chasse. Les missionnaires tentent de convertir les inuits au catholicisme en cherchant souvent à les sédentariser. Avec d'autres peuples premiers, les inuits et populations du nord de l'Europe cherchent à retrouver une certaine autonomie, au Canada, en partie accordée. Mais l'introduction de l'alcool, des maladies microbiennes jusqu'alors inconnues sous ces latitudes et de la radio, l'accès au commerce global, de la télévision et du motoneige sont après quelques décennies, causes de bouleversements sociaux, culturels et du mode de vie.

Le statut des Inuits au Canada et au Québec

Au début des années 1920, le problème sur le statut des Inuits refait surface lorsque O.S. Finnie, le directeur du département de l'Intérieur des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon annonce que des obligations sont liées aux droits territoriaux et que le gouvernement canadien ne devrait pas transférer ces responsabilités en éducation et en soins de santé aux commerçants et aux missionnaires. Finnie avait auparavant été choqué par les propos que l'explorateur danois Knud Rasmussen avait tenus au retour de son expédition de 1921 - 1923 sur la côte occidentale de la baie d'Hudson. Il avait déploré les misérables conditions de vie des Esquimaux de cette région. Suite à ce constat, Finnie demande alors que cette responsabilité soit transférée au département des Affaires indiennes[7] en proposant un amendement à la Loi sur les Indiens pour pouvoir y inclure les Esquimaux. Cet amendement, très controversé à l'époque, a été l'objet d'intenses débats à la Chambre des Communes au point où Finnie dut prendre sa retraite prématurément. Arthur Meighen, un député de l'opposition conservatrice en 1924, déclare à la Chambre que la meilleure attitude que le gouvernement pourrait avoir face aux Esquimaux, serait de les laisser seuls avec eux-mêmes. Après de nombreuses discussions, le gouvernement libéral de l'époque, en accord pour une fois avec l'opposition, annonce que la Loi sur les Indiens n'est pas applicable aux Inuits. Laisser les Esquimaux seuls était le slogan à la mode dans les années 1920 et 1930, mais dans la réalité, l'arctique était envahi par les commerçants de fourrures, les missionnaires, les baleiniers, les prospecteurs et autres. On venait de découvrir d'importants gisements pétroliers dans la région de Norman Wells (en), dans l'Arctique de l'ouest. L'attention était focalisée sur le développement économique, sans assumer les responsabilités et les conséquences qui en découlent.

À cette époque, la Compagnie de la baie d'Hudson, la bonne compagnie comme la surnommaient certains Inuits, avait instauré depuis un certain temps tout un système de crédit avec les autochtones. Cette façon de faire leur assurait la dépendance et un certain monopole auprès des trappeurs indiens et inuits. Devant la menace de ce transfert de responsabilités, la compagnie refusa sur le champ et déclara qu'assumer les besoins de base chez les Inuits est une obligation du gouvernement canadien.

Lorsque l'administration des affaires inuites a été transférée des affaires indiennes au bureau du commissaire des Territoires du Nord-Ouest en 1927, la question du statut juridique des Inuits du Québec avait refait surface. Le commissaire écrivit alors immédiatement un mémo indiquant que les Inuits du Québec et du Manitoba ne sont pas sous son autorité. Le département des Affaires indiennes n'eut d'autre choix que d'accepter de couvrir les frais de ce groupe d'Inuits, mais seulement pour l'année 1928-29. Il transféra cette responsabilité aux provinces concernées. Le gouvernement du Québec accepte alors que les Esquimaux qui vivent sur son territoire soient perçus comme des citoyens du Québec à part entière et insiste sur le fait qu'il assumera sa part de responsabilité face aux besoins de ces derniers, mais qu'il ne veut pas payer pour les dépenses antérieures faites par le département de l'Intérieur. Mais le fédéral continue à vouloir donner ses services aux Inuits du Québec et à envoyer la facture à la province. Selon Rowat du département de l'Intérieur, l'aide devrait être distribuée par les missionnaires, les commerçants et la Gendarmerie royale. Ces dépenses seront assumées par le fédéral, puis la facture renvoyée aux autorités provinciales pour qu'elles puissent payer leur part. Le gouvernement fédéral croit qu'il est plus habile à s'occuper des affaires esquimaudes.

En 1931, en pleine Grande dépression, le gouvernement fédéral veut que le Québec assume sa pleine responsabilité sur les Inuits de la province. Québec refuse sur le champ, il a aussi des problèmes financiers. Ce dernier envoie alors une lettre au gouvernement du Canada lui demandant comment il en arrive à décider que les Inuits du Québec n'auraient que le statut de citoyens du Québec. La réponse ne se fit pas attendre. Rowat, du département de l'Intérieur, écrit que les Inuits ne sont pas classés avec les Indiens définis à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique et que la Loi sur les Indiens ne s'appliquent pas aux Esquimaux. Ils sont des citoyens comme n'importe quels citoyens canadiens, sans statut particulier. "Avec tout le respect que j'ai pour les Indiens, les Inuits ne sont pas des pupilles de la Couronne". Le Québec réplique aussitôt que l'article 91 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique inclut tous les aborigènes du Canada. Rowat réplique alors que le département de la Justice n'interprète pas le terme indien comme le fait le Québec. Il annonce dans la même lettre que le bateau de la Compagnie de la baie d'Hudson sera bientôt à Wakeham Bay[8], qu'il transporte les représentants officiels du gouvernement fédéral et c'est le dernier endroit où l'on pourra communiquer avec eux. Il veut connaître immédiatement la position du Québec face aux Inuits résidant dans la province. Et cette réponse arriva : Nous maintenons notre interprétation du mot indien, cependant nous sommes prêts à continuer notre arrangement avec le fédéral pour une autre année. Les positions devenaient irréconciliables. Le fédéral continuait à chaque année de réclamer au provincial, le remboursement des dépenses encourues pour les Inuits du Québec.

Encore en 1933, le gouvernement fédéral envoie une autre lettre au Québec lui signifiant qu'il n'accepte aucune responsabilité sur les Esquimaux du Québec. Le Québec paie alors le compte de 1930–31 à la Compagnie de la baie d'Hudson et annonce du même coup que c'est son dernier paiement. La compagnie répond avec empressement qu'elle ne peut prendre aucune responsabilité des aides apportées aux Inuits du Québec, mais que d'un autre côté, il ne faut pas que des êtres humains meurent de faim parce qu'il y a divergence de vue entre les deux gouvernements. Pris entre l'arbre et l'écorce, la Compagnie de la baie d'Hudson demande des garanties pour continuer le ravitaillement des postes sur la rive occidentale de la baie d'Hudson. Taschereau, le premier ministre du Québec de l'époque, répond à la compagnie que le gouvernement du Québec prendra bientôt les actions nécessaires, devant la Cour suprême du Canada, pour régler ce problème de juridiction. La CBH continuera alors à faire crédit aux Inuits du Québec pour les besoins de première nécessité comme la farine.

Que ce soit le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, la Compagnie de baie d'Hudson, tous jouent au poker avec le bien-être des Inuits du Québec. Le 2 avril 1935, le drame se déplace alors en Cour suprême. Il faut que cette dernière réponde à la question posée par le Québec : Est-ce que le terme indien utilisé à l'article 91 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 inclut aussi les Esquimaux résidant dans la province de Québec? La réponse affirmative dans un jugement unanime de tous les juges arrivera le 5 avril 1939, et comme c'est le cas pour plusieurs décisions juridiques, cela apporta plus de problèmes que ça n'en régla. La première réaction du fédéral fut d'en appeler de ce jugement devant le Conseil privé de Londres. Des élections fédérales furent déclenchées, puis l'Allemagne envahit l'Europe déclenchant la Deuxième Guerre mondiale ; on fit en sorte que la cause ne soit jamais rendue jusqu'à Londres. Durant tout ce temps, la situation légale des Inuits du Québec ne s'était pas clarifiée pour autant. Les administrateurs fédéraux séparaient la juridiction d'un côté et la responsabilité de l'autre. Il ne fallait surtout pas que les Inuits obtiennent un statut particulier comme les Indiens. Ce sont des citoyens libres et responsables. On s'occupe d'eux mais sans privilège particulier. De toutes façons, que ce soit pour les Inuits ou pour les Indiens, le but était le même : l'assimilation, dans les plus brefs délais, à la culture dominante. Si jamais les administrateurs fédéraux pour l'Arctique avaient eu à écrire une loi sur les Esquimaux, voici l'esprit qui les animait à cette époque : Si une loi sur les Esquimaux devait être promulguée, nous aurons besoin de définir le terme esquimau. Cependant, si nous acceptons le fait que les Esquimaux ne sont pas des sujets du gouvernement canadien, mais simplement, un petit groupe de défavorisés vivant dans un environnement difficile, il ne semble pas que nous ayons le besoin de définir plus que la définition que nous donnons aux Canadiens-Français, aux Chinois-Canadiens ou à tout autre groupe ethnique. Et ironiquement, c'est cette façon de penser qui a servi au gouvernement du Québec dans les années 60 lorsqu'il a changé sa position pour ce qui avait trait à sa responsabilité face aux Inuits de la province. Tout à coup, le Nord du Québec et ses habitants devenaient intéressants pour le gouvernement provincial. C'était René Lévesque, député libéral à l'époque qui était chargé des affaires du Nord pour le Québec. Il ne faut pas oublier qu'il était aussi le ministre des ressources naturelles et qu'il est le père de la nationalisation de l'électricité. Les élus provinciaux de l'époque découvraient les énormes potentiels de développement hydroélectrique à la baie James et dans le nord québécois. Les intérêts économiques dépassaient une fois de plus les intérêts philanthropiques.

Après toutes ces années de dispute, le gouvernement fédéral a accueilli très favorablement ce transfert de responsabilité vers la province. Le premier ministre Pearson expliqua que la politique gouvernementale, après une période transitoire, était d'intégrer les Autochtones du Canada aux programmes fédéraux et provinciaux normaux pour tous les Canadiens. Ainsi, il sera plus facile pour les Canadiens d'accepter que les Autochtones soient égaux socialement parlant. C'est avec cette même philosophie que Trudeau arriva avec son Livre blanc de 1969 sur les Premières nations. Comme nous l'avons vu précédemment, les Indiens l'ont refusé sur le champ et il a dû le mettre de côté. Mais les Inuits du Québec n'étaient pas du tout d'accord avec ce changement d'autorité. Certains résidents de la baie d'Hudson ont même menacé de déménager sur les îles Belcher. Les coopératives inuites du Québec ont passé à deux cheveux de se dissoudre et d'aller se reformer à Sanikiluaq[9]. Mais les autorités québécoises leur ont assuré qu'elles assumeraient toutes leurs responsabilités de juridiction provinciale. Mais le Québec ne voulait plus que ces services soient assurés par des agents fédéraux. La Direction générale du Nouveau-Québec[10] était alors fondée et pendant les dix ans qui ont suivi, tous les services ont été disponibles en double. Le pendule de la juridiction était donc revenu à la même place qu'au début des années 1920. En résumé, les Inuits du Canada ne sont toujours pas inclus dans la Loi sur les Indiens, donc n'ont toujours pas de statut juridique particulier.

Assimilation par la déculturation : Les déplacements de populations

Les réinstallations étaient considérées comme une solution à certains problèmes perçus par le gouvernement ou d'autres organismes. Dans certains cas, la réinstallation accompagnait d'autres changements touchant la vie des Autochtones, changements qui résultaient souvent eux-mêmes de politiques gouvernementales. Notre analyse révèle que si les motifs utilisés pour justifier les réinstallations sont nombreux et difficiles à déterminer, on peut classer les réinstallations en deux grandes catégories : celles qui étaient d'ordre administratif et celles qui étaient liées au développement[11]. Les réinstallations d'ordre administratif sont des déplacements de populations destinées à faciliter les opérations du gouvernement ou à répondre à des besoins qu'on percevait chez les Autochtones. Comme exemple, nous pouvons citer : les Micmacs (Nouvelle-Écosse), les Inuit d'Hebron (Labrador), les Dénés Sayisi (Manitoba) et certaines Premières Nations du Yukon. Pour remettre les autochtones en contact avec la nature pour favoriser l'autosuffisance et les éloigner des influences négatives des établissements non-Autochtones, il y a les Inuits de l'île de Baffin vers l'île Devon et les multiples déplacements des Inuits du Keewatin et au Québec. Le développement a souvent été utilisé pour justifier les déplacements, et ce partout dans le monde. Les réinstallations sont alors la conséquence de politiques nationales de développement dont le but avoué est principalement le bien des réinstallés ou encore l'implantation de projets industriels. Pour la récupération de terres à des fins agricoles, nous pouvons donner comme exemple : les Ojibwas (Ontario) et les Métis de Sainte-Madeleine (Manitoba). Pour la récupération de terres pour l'urbanisation, il y a les Songhees (Colombie-Britannique). Pour la construction de barrages hydroélectriques, nous pouvons citer les Cheslattas T'en (Colombie-Britannique), les Cris Chemawawin (Manitoba) et de Fort-George (Québec).

Les réinstallations d'ordre administratif

Dans les années 50, tout comme les Micmacs de Nouvelle-Écosse, les Inuits de Hebron et de Nutak au Labrador ont vécu une centralisation forcée. Parce que les gouvernements n'avaient pas le choix de fournir des services[12] à tous les Autochtones, même ceux des régions éloignées, les politiciens décidèrent de regrouper ces populations dans les petites communautés existantes du sud du Labrador. Bien que l'économie de prédation leur fournissait depuis toujours, tout le nécessaire à une vie heureuse et communautaire, ces Inuits n'eurent d'autres choix que de tenter de s'adapter à la vie des collectivités du sud. On a même séparé les familles en provenance d'un même village. 5 familles de Hebron iraient à Nain, 10 à Hopedale (en) et 43 à Makkovik. Cette façon désordonnée de faire les choses a été extrêmement douloureuse pour ces Hebronimiuts[13]. Comme en Nouvelle-Écosse, lors des déménagements, la plupart des nouvelles maisons n'étaient pas encore construites dans les villages d'accueil. Plusieurs familles n'ont eu d'autres choix que de s'entasser dans des logements de piètre qualité. Comme pour toutes réinstallations, peut-être la chose la plus importante, les fonctionnaires n'ont pas tenu compte des liens qui unissent les Inuits au territoire. Paulus Nochasak a très bien résumé la situation: Nous avons dû aller dans un endroit qui n'était pas notre terre. La Commission royale sur le Labrador de 1974 a conclu que le programme de réinstallation dans le Nord avait été une opération futile et inconsidérée ayant causé injustices et souffrances aussi bien aux Inuits qu'aux résidents des collectivités d'accueil. Elle a conclu que les programmes gouvernementaux de réinstallation au Labrador avaient été considérés par le gouvernement comme une fin en soi et non comme un élément d'un processus de développement. D'autres erreurs fondamentales ont été commises du fait que l'on n'a pas pris en compte ou cherché à connaître les souhaits et les aspirations de tous ceux touchés par la réinstallation, et aussi du fait que la planification était d'une très grande médiocrité[14].

C'est avec une idéologie d'intervention minimaliste auprès des populations inuites que les administrateurs du Nord entreprirent un vaste plan de colonisation des territoires vierges des îles Baffin et Devon[15]. Diverses recherches ont toutefois révélé plus tard que des motifs de souveraineté du territoire arctique étaient aussi derrière cette décision d'aller de l'avant avec le premier projet officiel de réinstallation des Esquimaux. En 1934, 53 hommes, femmes et enfants de Pangnirtung, Pond Inlet et Cape Dorset, avec 109 chiens, traîneaux, kayaks et bateaux furent déménagés sur l'île Devon (Dundas Harbour)[15]. Après deux années passées sur cette contrée déserte, les très mauvaises conditions climatiques et de glace ont finalement convaincu les Inuits de vouloir rentrer chez eux. La prétendue expérience destinée à éprouver la capacité des Inuits à s'adapter à cet endroit, s'est soldée par un échec total[16]. Les gens de Pangnirtung furent rapatriés chez eux, en 1936. Par contre, ceux de Cape Dorset et de Pond Inlet ont appris avec stupeur qu'ils seraient plutôt déplacés à Arctic Bay où un poste de traite était sur le point d'ouvrir. Tout juste un an plus tard (1937), ces familles furent redéplacées à Fort Ross (île Somerset). Durant dix ans, en raison des problèmes chroniques d'approvisionnement par bateau à cet endroit, les Inuits vécurent presque exclusivement de thé, de biscuits de ration et de farine. On peut lire dans un rapport de 1943, que les réinstallés entretenaient toujours la folle idée de retourner à Cape Dorset. En 1947, on les transféra pour la quatrième fois, à Spence Bay (Taloyoak aujourd'hui) cette fois. On trouve encore aujourd'hui des descendants de ce petit groupe d'Inuits dans ce village. C'est probablement dans l'épisode de l'île Devon que s'illustre le plus clairement l'analogie qui consiste à déplacer des humains comme des pions sur l'échiquier de l'Arctique. En effet, un petit groupe d'Inuits a fait l'objet de transplantations successives dans quatre lieux différents, au gré des intérêts économiques changeants de la Compagnie de la Baie d'Hudson et avec pour toile de fond les intérêts géopolitiques de l'État[15].

Malgré l'échec de ce premier plan de réinstallations, dans les années 50, un administrateur du ministère des Affaires indiennes et du Nord rédige une longue note sur une nouvelle idée de déménagements des populations de l'Arctique. Pour cet auteur anonyme, la solution serait de les déplacer tous, dans deux ou trois villes du sud du Canada. On pensa en effet, à l'implantation d'un village inuit à Hamilton (Ontario), un autre à Winnipeg (Manitoba) et un dernier près d'Edmonton (Alberta). Ce plan permettrait une meilleure gestion des besoins de ces gens au lieu de les laisser disséminés le long des 15 000 kilomètres de côtes de l'océan Actique. Quant à leur civilisation, il convient de s'y opposer implacablement, en raison du peu d'espoir de la voir évoluer[17]. Voilà un bel exemple d'une certaine idéologie raciste qui régnait parmi les fonctionnaires et les politiciens de l'époque. Heureusement, cette idée que l'on peut qualifier d'ethnocentriste, n'a jamais été mise en application.

Pendant que les fonctionnaires préparaient la relocalisation des Inuits vers le Sud, les projets visant à multiplier les réinstallations dans l'Extrême-Arctique allaient bon train. Encore pour des raisons non avouées de souveraineté sur l'archipel arctique, le gouvernement du Canada préparait l'une des plus tragiques histoires des régions nordiques. Il fallait trouver une solution au problème esquimau de l'époque et ces déménagements devaient être présentés comme spectaculaires auprès de la population canadienne du sud. Une fois de plus, il y avait eu promesse de jour meilleur de la part du gouvernement canadien auprès de ces migrants forcés. Le 25 juillet 1953. 34 personnes (7 familles) de Port Harrison (Inukjuak) embarquent sur le navire C. D. Howe en direction de l'île d'Ellesmere et Cornwallis dans le Haut-Arctique. Trois jours plus tard, 3 familles (16 personnes) de Pond Inlet les rejoignent sur le pont d'acier du navire gouvernemental. Le lendemain, le C. D. Howe arrive à Craig Harbour (île Ellesmere) pour y débarquer 5 familles. Henry Larsen, un officier supérieur de la Gendarmerie royale du Canada, les a décrit comme suit: Ils sont sales, déguenillés, d'apparence négligée, un lot de colons n'ayant pas un beau look. Les autres, restés sur le bateau, sont transférés sur le brise-glace Iberville qui tentera vainement de rejoindre Alexandra Fiord un peu plus au nord. Après cette tentative avortée, le brise-glace revient à Craig Harbour pour y débarquer deux autres familles. Les 18 Inuits restants, seront amenés quelques jours plus tard à Resolute Bay. Sans avertissement aucun, des familles se trouvaient ainsi séparées. L'un des exilés dira plus tard: Nous avons été totalement abandonnés sur les plages de Craig Harbour et de Resolute Bay. Un an plus tard, ceux de Craig Harbour seront déménagés une seconde fois, à 100 kilomètres plus à l'ouest, soit à Grise Fiord. Le caporal Glenn Sargent de la gendarmerie, un an après l'arrivée des Inuits à Craig Harbour informait ses supérieurs en écrivant: que la région de Craig Harbour est leur Jardin de l'Éden. Il écrivait aussi que les Inuits avaient beaucoup de succès à la chasse, en réalité, c'était exactement le contraire. À ces latitudes si nordiques, le gibier se fait rare. Dans la nuit polaire qui dure quatre mois, un chasseur avait même passé de longues heures à attendre un phoque au-dessus de son trou de respiration, mais en réalité, ce point noir n'était qu'une crotte de renard. Entre 1953 et 1960, la majorité des enfants de Resolute étaient devenu orphelins. Les parents étaient décédés de désespoir, de maladies et de conditions trop extrêmes. Un célèbre politicien de l'époque a même déclaré: S'ils veulent revenir, qu'ils payent. Ce n'est qu'à la fin des années 90, que le gouvernement fédéral accepta de dédommager les familles qui furent déplacées. Cependant, il a toujours refusé de s'excuser et d'avouer les vraies raisons de ces réinstallations catastrophiques.

Vulnérabilité sanitaire et environnementale

L'isolement géographique et la rareté des microbes sous les climats froids n'avait pas préparé le système immunitaire des inuits au contact avec la grippe, la tuberculose ou d'autres maladies. Au XXe siècle, la pandémie de grippe espagnole a décimé de nombreuses communautés inuites.

L'agriculture étant impossible en arctique, la chasse et la pêche sont les seules sources traditionnelles d'aliments. 0r les polluants émis dans l'hémisphère nord tendent à se concentrer dans la zone arctique où ils se déposent en contaminant l'océan arctique[18] et/ou les zones polaires émergées[19]. Qui plus est, une intoxication saturnique chronique semble avoir touché une grande partie de la génération des enfants nés des années 1920 aux années 1990 au moins, tandis que l'usage des fusils se répandait, ajoutant la toxicité des munitions au plomb à celle d'autres polluants ; au point que certains chercheurs dans les années 1980 parlaient d' « épidémie silencieuse d'empoisonnement par les métaux »[20]. Les cartouches à grenailles de plomb ont contaminé la chaîne alimentaire, via notamment le plomb des grenailles consommé par les oies qui les mangent sur les lieux de chasse. Une analyse isotopique du sang prélevé dans le cordon ombilical[21] des bébés inuits, au moment de la naissance, montre que le plomb qui les contaminent (8 fois plus de bébés inuits étaient atteints de saturnisme à la naissance qu'au sud du Québec) provient des cartouches de chasse, et non de retombées atmosphérique ou des poissons ou phoques, autres hypothèses avancées. Néanmoins, si le plomb est bien interdit pour les chasseurs canadiens, une tolérance a persisté pour les amérindiens et les inuits : les cartouches au plomb sont moins chères que celles en acier.
Ce constat de plombémie excessivement élevée a été confirmé au début des années 2000 côté Groenland[22]. Pour mieux comprendre ce phénomène une étude[22] récente (2005) a comparé le plomb contenu dans des échantillons de foie d'inuits[23] et de caucasiens danois décédés de diverses causes. A âge et sexe égal, les différences sont remarquables : Les foies d'inuits se sont montrés beaucoup plus chargés de plomb, et chez les hommes plus que chez les femmes (alors que les femmes accumulent plus de mercure)[22]. La différence Homme-Femme entre taux de plomb dans le foie était nette chez les inuit, et à peine marquée chez les danois. 81 1% des échantillons danois étaient sous la limite de détection du plomb, alors que tous les foies d'inuits étaient au dessus[22]. Dans les deux cas (inuits et danoisi, le plomb était d'autant plus présent dans le foie que la personne était âgée, ce qui montre une exposition chronique et bioaccumulative. La teneur médiane (percentile 5-95) était de 14,96 μmol/kg/kg de foie sec (4,83 à 74,80) chez les Inuits, et inférieure à 0,05 μmol/kg de foie sec (moins de 0,05 à 29,44) chez les danois. Toutes les Inuits avaient des teneurs en plomb du foie dessus de la limite de détection, alors que 60 Danois (81%) avaient la teneur en plomb du foie en dessous de la limite de détection[22]. Selon les auteurs de ces études, l'explication la plus plausible de cette plombémie est (comme pour les inuits du Canada) la consommation[24] d'oiseaux atteints de saturnisme aviaire suite à l'ingestion de grenaille de plomb, la quelle peut se poursuivre longtemps après l'interdiction du plomb, tant que la grenaille tombée au sol reste exposée aux oiseaux qui la recherchent comme grit[22], les oies et eiders[25] par exemple.

Article détaillé : saturnisme aviaire.

De manière générale, la chasse et consommation traditionnelle d'animaux situés en haut de la pyramide alimentaire exposent les inuits à des taux élevés de mercure et autres polluants bioaccumulables[26],[27]. Ainsi les taux de mercure (issu de la chair d'animaux arctiques consommés comme nourriture) et de cadmium (surtout attribuable au tabagisme) sont anormalement et excessivement élevés dans les échantillons sanguins de nombreux inuits, avec toutefois une nette amélioration de la concentration sanguine moyenne de 1992 à 2004 (descendue à 51,2 nmol/L, soit une diminution de 32% en 12 ans[28]), avec toutefois de fortes différences selon l'âge et selon la consommation de viande de mammifères marins (phoque, morse, cétacé..) qui constituent la premières source de mercure chez les inuits. Les taux sanguines de mercure sont statistiquement plus élevé chez les adultes de 45 à 74 par rapport aux jeunes, comme on l'aobservé en 1992 et dans d'autres études[29],[30],[31],[21]. Le mercure n'étant pas (à la différence du plomb) connu pour s'accumuler dans les tissus humains, ces différences laissent penser que les jeunes adultes dans les années 2000 consomment beaucoup moins d'aliments traditionnels (mammifères marins, oies, canards...) que les plus âgés, ce que les enquêtes alimentaires confirment[28]. D'ailleurs, les études montrent aussi que les résidents de la baie d'Hudson restent - en moyenne - plus contaminés par le mercure que ceux de la Baie d'Ungava où la nourriture est moins traditionnelles. On avait déjà démontré en 1992 que les taux de mercure étaient plus élevés chez les inuits plus âgés consommant plus de foie phoque et béluga (foie en particulier)[32]. Les enquêtes alimentaires montrent que la portion moyenne quotidienne de viande de mammifère marin est passée de 28,7 g/jour en 1992 à 17,5 g/jour en 2004 (- 40% en 12 ans)[33], et des aliments moins contaminés (omble chevalier par exemple) sont plus souvent mangés. Cependant la charge corporelle de mercure (51,2 nmol/L en moyenne) est encore près de 14 fois plus élevée au Nunavik que dans la population générale québecquoise (3,7 nmol/L)[34] et elle est plus du double de celle observés chez les Crie d'Oujé-Bougoumou (21,3 nmol/L, moyenne calculée pour 169 personnes) et bien plus élevée que celle des Nemaska ​​(14,4 nmol/L, moyenne calculée pour 71 personnes) au Québec[35], sans toutefois atteindre les taux très élevés mesurés chez les grands consommateurs de poisson de luxe (marlin, espadon..) de San Francisco[36], ou des indiens amazoniens exposés au mercure de l'orpaillage[37]. Les inuits canadiens présentent en outre des taux de mercure moins élevés que celles du Groenland[38]. les progrès fait depuis 1992 (51,2 nmol de mercure par litre de sang en 2004) ont permis qu'en moyenne et pour le mercure, le seuil de 99,7 nmol/L établie par Santé Canada pour la population générale adulte[39] ne soit pas dépassé. Néanmoins, chez certaines personnes, des taux de mercure sanguin atteignant 1200 nmol/L étaient encore relevés en 2004 (12 fois le seuil maximal recommandé au Québec), et 28% de la population générale du Nunavik dépassaient en 2004 ce seuil, et ce sont 72 % des femmes en âge de procréer qui dépassaient le seuil fixé pour limiter les risques pour l'embryon (28,9 nmol/L au Canada).

Des progrès spectaculaires ont aussi été constaté de 1992 à 2004 pour le plomb, avec une plombémie moyenne redescendue à 0,19 mmol/L (soit une diminution de 55% en 12 ans). Les plus âgés conservant toutefois des plombémies plus élevées[28].

Le cadmium sanguin a également diminué durant la même période (-22%) et les analyse sanguines montrent que l'origine de ce cadmium est en grande partie due au tabagisme (Les données stratifiées selon l'usage du tabac montrent des moyennes variant de 5,3 nmol/ de sang chez les inuits n'ayant jamais fumé, à 40,4 nmol/L chez les fumeurs)[28]. L'autre source identifiée, mais de moindre importance est le foie et les reins du caribou, deux organes de détoxication connus chez d'autres espèces pour bioaccumuler le cadmium). Ces progrès sont attribués aux campagnes de sensibilisation sur l'alimentation, le passage aux cartouches sans plomb, mais les auteurs pointent le besoin de sensibiliser au risques du tabagisme[28].

Un autre problème est celui de l'exposition des enfants et femmes enceintes, et de toute la population inuit aux pesticides et à divers organochlorés. Ces produits sont très bioaccumulables dans les graisses animales. La nourriture traditionnelle contamine ainsi les femmes (plus que les hommes), et à des doses « inacceptables »), notamment via la consommation de viande et de graisse de phoque annelé, de morse ou via le lard de mattak (Baleine boréale) ou la graisse du narval[40].


Vie et culture dans l'Arctique aujourd'hui

L'économie

Environ 80 % de la population inuite pratique la chasse et la pêche. La chasse leur fournit leur alimentation et joue un rôle important dans leur économie, surtout par la vente de la viande, de peaux et quelquefois de graisse. Ce n'est que tout récemment que les Inuits ont commencé à considérer la chasse comme un travail à temps partiel, beaucoup d'entre eux ayant maintenant un emploi salarié, notamment dans l'industrie minière, gazière ou encore pétrolière. Par contre, la chasse est la base de l'alimentation traditionnelle et demeure importante pour se nourrir. Le commerce des fourrures, qui fournit l'essentiel des revenus, a beaucoup souffert quand, au début des années 1980, des campagnes de défense des animaux ont eu un impact marquant. De nos jours, les Inuits ont un quota à respecter [réf. souhaitée]. Depuis des siècles, les caribous jouent un rôle essentiel chez les Inuits, tant pour la nourriture que pour l'habillement : leur viande est centrale dans le régime alimentaire inuit et leur fourrure aux qualités isolantes exceptionnelles en fait un bien précieux lors des rudes hivers.

La langue inuite

Article détaillé : Inuit (langue).

Les Inuits parlent des langues de la famille linguistique eskimo-aléoute.

La langue inuite est essentiellement orale.

De génération en génération les mythes, récits, chants et formules chamaniques étaient transmis oralement. La langue devient écrite au XVIIIe siècle et au XIXe siècle avec l'arrivée des missionnaires au Canada afin de faciliter son adhésion au christianisme.

Elle est transcrite en caractères latins dans les Territoires du Nord-Ouest et au Labrador. Au Nunavut et au Nunavik, la transcription se fait en caractères syllabiques.

De nos jours, les caractères latins étant majoritaires, un projet veut imposer un système unique pour l'ensemble des Inuits.

Au Nunavut, l'inuktitut (la langue officielle) est en caractère syllabique. Elle est aujourd'hui un symbole identitaire. C'est aussi la langue d'enseignement jusqu'à la troisième année scolaire du primaire.

Au Nunavik, l'inuktitut n'est pas langue officielle mais il est toutefois reconnu dans l'administration. Il est enseigné jusqu'à la seconde année scolaire du primaire. Ensuite, les élèves choisissent une seconde langue d'enseignement.

La mythologie inuite

Article détaillé : Mythologie inuite.

La mythologie inuite connaît plusieurs similitudes avec certaines religions d'autres régions polaires. Des pratiques en matière religieuses traditionnelles des Inuits pourraient être très brièvement récapitulées comme une forme de chamanisme basée sur des principes animistes.

L'art inuit

Article détaillé : Art inuit.

L'inukshuk, un repère directionnel formé par un empilement artificiel de pierres (ou cairn), est devenu un des thèmes de l'art inuit, entre l'abstrait et le figuratif.

La musique inuite

Article détaillé : Musique inuite.

La musique traditionnelle est simple et se caractérise par un chant récitatif à ambitus restreint (d'une sixte), une mélodie favorisant les tierces et une rythmique complexe. On y distingue une musique vocale katajjaq et une musique à danser, toujours accompagnées de tambours. Ces productions musicales sont liées au chamanisme (cérémonie pour la chasse ou le jeu) ou à des considérations pratiques (berceuses).

La cuisine des Inuits

Article détaillé : Cuisine des Inuits.

La cuisine inuite traditionnelle est composée d'aliments crus provenant de la pêche et de la chasse. On peut cependant cuisiner du bouillon de renne ou de la viande d'ours polaire et, en fonction de ce qu'offre le milieu de vie (banquise, forêt), sont aussi confectionnées des galettes (banique) faites de farine, de levain et de graisse de phoque.

Les Inuits dans le monde

Les territoires autonomes des inuits d'ascendance thuléenne : le Nunavut (Canada), le Kalaallit Nunaat (Danemark) et, en discussion, le Nunavik (en autonomie uniquement culturelle au sein du Québec canadien).

La Sibérie

Les Inuits de Sibérie
Communautés: Yupiks de Sibérie

L'Alaska

Le 18 décembre 1971, les autochtones de l'Alaska saluaient le début d'une nouvelle ère. En effet, avec l'accord et la signature du président des États-Unis, les Inuits d'Alaska devenaient les heureux propriétaires de 16 millions d'hectares et bénéficiaient d'une puissance économique considérable(le sous-sol étant rempli de richesses minières).

Actuellement, la population des Inuits d'Alaska est d'environ 24 000 habitants, principalement Yupiks et Inupiaqs. En Alaska, les populations inuites se sont très vite adaptées au mode de vie des Américains vivant en Alaska, appelés « out-siders ».

Les Inuits de l'Alaska
Communautés: Yupik

Le Canada

La population inuite du Canada est composée d'environ 40 000 personnes.

Art inuit au Canada

Dans le Grand Nord canadien, des Inuits ont réussi à créer à Cape Dorset une communauté aussi originale que prospère : ils y vivent de l'art. Naguère nomades, aujourd'hui sédentarisés, hommes et femmes esquimaux témoignent ainsi de la vitalité de leur peuple à travers sculptures et dessins que des musées exposent désormais des deux côtés de l'océan Atlantique.

Les Inuits (Labradorimiut) de Terre-Neuve & Labrador
Communautés: Happy Valley-Goose Bay | Hopedale (en) | Makkovik | Nain | Postville (en) | Rigolet (en)
Les Inuits (Nunavimiut) du Québec
Communautés Itivimiut[41]: Chisasibi (Malosi) |Kuujjuarapik (Great Whale | Poste-à-la-Baleine) | Umiujaq | Inukjuak (Port Harrisson) | Puvirnituq | Akulivik (Cape Smith)
Communautés Taqramiut[42]: Ivujivik | Salluit (Sugluk) | Kangiqsujuaq (Wakeham Bay | Maricourt) | Quaqtaq (Cape Hope Advanced)
Communautés Ungavamiut[43]: Kangirsuk (Payne Bay) | Aupaluk | Tasiujaq (Leaves Bay | Baie-aux-Feuilles) | Kuujjuaq (Fort-Chimo) | Kangiqsualujjuaq (George River | Port-Nouveau-Québec)
Population inuite du Québec en 2004[44]
communautés Total résidents non-résidents
Akulivik 536 509 27
Aupaluk 163 162 1
Chisasibi 116 90 26
Inukjuak 1 404 1 326 78
Ivujivik 286 271 15
Kangiqsualujjuaq 781 758 23
Kangiqsujuaq 593 559 34
Kangirsuk 503 446 57
Kuujjuaq 1 742 1 602 140
Kuujjuarapik 561 475 86
Puvirnituq 1 496 1 400 96
Quaqtaq 346 322 24
Salluit 1 249 1 169 80
Tasiujaq 243 236 7
Umiujaq 404 372 32
Inuits (Total) 10 423 9 697 726
Les Inuits du Nunavut
Communautés Qikirtamiut (Îles Belcher): Sanikiluaq
Communautés (sud de Baffin): Kingait (Cape Dorset) | Kimmirut (Lake Harbour) | Iqaluit (Frobisher Bay) | Pangnirtung | Qikiqtarjuaq (Broughton Island)
Communautés (nord de Baffin): Kangiqtugaapik (Clyde River) | Mittimatalik (Pond Inlet) | Ikpiarjuk (en) (Arctic Bay) | Resolute | Grise Fiord
Communautés (Inuit d'Igloolik): Igloolik | Hall Beach | Repulse Bay
Communautés (Inuit Netsilik): Pelly Bay | Taloyoak | Gjoa Haven
Communautés Sallirmiut(Île Southampton): Coral Harbour
Communautés(Inuit du caribou): Kangiqtiniq (Rankin Inlet) | Whale Cove | Chesterfield Inlet | Arviat (Eskimo Point) | Baker Lake
Communautés(Inuit du cuivre): Umingmaktok | Bathurst Inlet | Cambridge Bay | Kugluktuk (Coppermine) |
Les Inuits (Inuvialuit) des Territoires du Nord-Ouest
Communautés Inuvialuit: Sachs Harbour (en) | Holman | Paulatuk (en) | Tuktoyaktuk | Inuvik | Aklavik
Article détaillé : Inuits Netsilik.

Le Groenland

Le Groenland est le fief principal inuit, avec 38 000 habitants. La majeure partie de la population se trouve à l'ouest du Groenland. Les Inuits du Groenland sont les Inuits les plus connus, et les plus observés. Leur population est en croissance et leur niveau de vie augmente.

Les Inuits du Groenland
Communautés:


Les savoirs vernaculaires Inuit dans la géographie

Les Inuit sont, avant tout, une population nomade depuis le troisième millénaire avant J.C. Les déplacements et l'occupation des différentes parties du territoire étaient liés aux variations saisonnières de la zone polaire (températures, luminosité, précipitations). De ces conditions météorologiques, dépend l'activité de chasse essentielle à l'alimentation des Inuit: au cours des périodes d'été, la distance parcourue peut être plus longue, au cours de la période sombre, les déplacements sont limités. Les Inuits circulent sur des dizaines de milliers de kilomètres, disposant de leur propre système toponymique, on enregistre la traduction de 750 mots différents dont 713 ont pu être traduits en anglais puis en français à partir de l'innuinnaqtun, langue des Inuit.

Les Inuit parcourent un ensemble caractérisé par des couloirs de circulation fréquentés tout au long de l'année, en fonction des ressources disponibles. Durant chaque trajet, les Inuit évaluent les distances et mémorisent le trajet pour éviter de se perdre. Ils maîtrisent les différentes notions du paysage et les utilisent comme point de repère. Les noms de lieux sont essentiels aux Inuit et par cette opération, ils baptisent le terrain. Les toponymes assurent la pérennité et l'humanisation de l'espace, ils occupent alors une place prépondérante dans la relation entre les Inuit et le territoire. Ces toponymes sont liés aux éléments géographiques et décrivent des caractéristiques pouvant être à la fois physiques ou humaines. Cette charge est un symbole de la culture Inuit, car ils séparent le monde nommé et ce qui ne l'est pas.

On constate que le savoir géographique vernaculaire est de moins en moins mobilisé et difficilement transmissible, la sédentarisation remplace le mode de vie nomade et l'oubli de ces savoirs vernaculaires s'effectue de façon volontaire. La géographie vernaculaire est sur le point d'être effacée. Les relais de transmission que constituaient la langue Inuit et cette culture ancestrale sont sur le point d'être abandonnés provoquant une perte de repères pour la jeune génération Inuit. L'école se calque sur le modèle occidental, elle joue un rôle moteur dans l'acquisition des connaissances, qui sont cependant limitées par le faible niveau de scolarisation. Ces derniers temps, on assiste à un regain d'intérêt pour le territoire, cependant, il ne consiste qu'à un bref épisode de communion et non pas un retour à l'ancien mode de vie. Le lien avec le territoire est alors maintenu, mais c'est un lien très distendu.

Hommage

L'Inuksuk, devant l'Hôtel du Parlement, Québec

Un inukshuk a été inauguré le 24 octobre 2002 sur la place de l'Assemblée-Nationale, à Québec, « en signe d'amitié entre la nation québécoise et la nation inuite » [45]. L'œuvre d'art de 2,5 m de hauteur a été réalisée en assemblant de grosses pierres en provenance des quatre coins du Nunavik.

Galerie

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Notes et références

  1. a, b, c, d et e Thibault Martin, De la banquise au congélateur : Mondialisation et culture au Nunavik, Presses Université Laval, 2003
  2. Recommandé par l'Office de la langue française. « Dans leur langue, l'inuktitut, les Inuits se nomment Inuk (nom singulier) et Inuit (nom pluriel). Toutefois, pour favoriser l'intégration de l'emprunt au système linguistique du français, le nom Inuit (et l'adjectif inuit) s'accordent en genre et en nombre. »
  3. William C. Thalbitzer, 1873 - 1958, spécialiste des Inuit à l'université de Copenhague, a vécu au Groenland: [1], Eskimology and Arctic Studies et Æresdoktor ved Københavns Universitet
  4. Chez les les Inuit comme chez les Aïnous, une fois le monde sorti du chaos originel, le genre humain serait issu de l'union entre le chien "Innu" et la première femme, dans Paul-Émile Victor: Eskimos, nomades des glaces, Hachette, Paris, 1972, d.l.: 5100-3-1972, p. 140-141
  5. « Paleo-Eskimo mtDNA Genome Reveals Matrilineal Discontinuity in Greenland », par M. Thomas P. Gilbert et al., Science magazine du 27 juin 2008, Volume 320, n°. 5884, pages 1787 à 1789.
  6. http://www.lecavalierbleu.com/idees_recues/Extraits_pdf/prostitution.pdf tradition d'hospitalité sexuelle de certains peuples indigènes page 1
  7. Le ministère des Affaires indiennes et du nord canadien (1966) n'est pas encore créé à cette époque
  8. Kangiqsujuaq, Nunavik
  9. Communauté du Territoire du Nunavut
  10. DGNQ
  11. Affaires Indiennes et du Nord Canada - Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones, (http://www.ainc.inac.gc.ca/ch/rcap/sgmm_f.html) (28 février 2006)
  12. logements, écoles, soins médicaux, etc.
  13. Les résidents de Hebron
  14. Report of the Royal Commission on Labrador, vol. 6, The role of the Government, St. John's, Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador, 1974, p. 1209.
  15. a, b et c Marcus, Alan Rudolph, Inuit Relocation Pilicies in Canada and Other Circumpolar Countries, 1925-1960, 1994.
  16. Tester, Frank James & Peter Kulchyski, Tammarniit (Mistakes): Inuit Relocation in the Eastern Arctic 1939-63, Vancouver, UBC Press, 1994, p. 111
  17. Affaires indiennes et du Nord Canada, RG 22, vol. 254, dossier 40-8-1, partie 2 (1949-1952), The Future of the Canadian Eskimo, 15 mai 1952, p. 1.
  18. Muir DC, Wagemann R, Hargrave BT, Thomas DJ, Peakall DB, Norstrom RJ. Arctic marine ecosystem contamination. Sci Total Environ. 1992 Jul 15;122(1-2):75–134. (Résumé)
  19. Thomas DJ, Tracey B, Marshall H, Norstrom RJ. Arctic terrestrial ecosystem contamination. Sci Total Environ. 1992 Jul 15;122(1-2):135–164 (Résumé)
  20. Nriagu JO. A silent epidemic of environmental metal poisoning? Environ Pollut. 1988;50(1-2):139–161. (Résumé)
  21. a et b Rhainds M, Levallois P, Dewailly E, Ayotte P: Lead, mercury, and organochlorine compound levels in cord blood in Quebec, Canada. Arch Environ Health 1999, 54:40-7 (Résumé)
  22. a, b, c, d, e et f Nils Milman, Jens Laursen, Keld-Erik Byg, Henning Sloth Pedersen, Gert Mulvad, Jens Carl Hansen, [Lead content in autopsy liver tissue in samples from greenlandic inuit and danes], (Int J Circumpolar Health 2005; 64(4):314-321.)
  23. Laursen J, Milman N, Pedersen HS, Mulvad G, Jul E, Saaby H, Hansen JC. Elements in autopsy liver tissue samples from Greenlandic Inuit and Danes. I. Sulphur, chlorine, potassium, and bromine measured by X-ray fluorescence spectrometry. J Trace Elem Med Biol 1998; 12: 109-114
  24. Johansen P, Asmund G, Riget F. High human exposure to lead through consumption of birds hunted with lead shot. Environ Pollut 2004; 127: 125-129.
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Bibliographie

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Filmographie


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