Histoire du Racing Club de France (football)

Histoire du Racing Club de France (football)

Histoire du Racing Club de France Football

Cet article présente l’histoire de la section football du Racing Club de France depuis sa création. Sous une tutelle plus ou moins marquée de la part du Racing Club de France depuis la création de la section football en 1896, le Racing a surtout connu deux périodes de professionnalisme. La première, la plus longue, de 1932 à 1966, sous le nom de Racing Club de Paris, voit ce dernier compter parmi les clubs les plus redoutables du championnat de France, grâce à ses joueurs vedettes et à son jeu spectaculaire : cette période se solde par un doublé coupe-championnat en 1936, et par quatre autres coupes de France. Le Racing renaît sous le nom de Racing Paris 1 puis de Matra Racing, sous l'impulsion de Jean-Luc Lagardère, dans les années 1980. Mais il ne parvient pas à s'installer en première division, après une promotion en 1984, et lâchée par son investisseur l'équipe est reléguée tout en guise d'adieux la finale de coupe de France en 1990. Touché par des déboires financiers chroniques, le club est depuis resté dans l'amateurisme.

Sommaire

Les débuts du Racing en football (1896-1929)

La création et les premiers succès (1896-1917)

Le Racing Club de France, club omnisports de l'Ouest parisien qui a vu le jour en 1882, attend 1896 pour créer officiellement une section football. La section athlétisme et la section tennis sont en effet les premières priorités du club[1]. De plus, parmi les sports collectifs, le « football rugby » est d'abord pratiqué par le Racing, qui remporte le bouclier de Brennus en 1982, 1900 ou encore 1902 : choqués par les dérives anglaises du « football association », professionnalisme au premier chef, les Racingmen s'engagent aux côtés du Stade français dans la création de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) qui encourage avant tout la pratique du rugby[2]. Il faut attendre 1891 pour trouver la trace d'une rencontre de football impliquant des joueurs du club[réf. nécessaire], et cinq ans de plus avant la naissance de la section.

La création de la section en 1896 n'intervient qu'après trois saisons déjà écoulées du Championnat de France de football USFSA, débuté en 1894. Le Racing ne s'y engage donc que pour la saison 1897 et termine quatrième. Le championnat USFSA, jusque là disputé entre clubs parisiens, s'ouvre en fait aux clubs de province en 1899, avec deux phases successives. En 1902, le Racing termine premier du championnat de Paris après avoir battu United en match d'appui[2]. Vainqueur facile du Havre en demi-finale (5-1), le club parisien doit cependant s'incliner face au RC Roubaix en finale (3-4 a.p.) : le but victorieux des nordistes est inscrit à la 175e minute (mort subite). Les Racingmen conservent leur titre parisien en 1903, mais après avoir écarté les Caennais de l'UA Lycée Malherbe, ils sont de nouveau battus par le RC Roubaix. Après un match nul au Parc des Princes (2-2 a.p.), le match est rejoué deux semaines plus tard à Lille, et les nordistes remportent leur deuxième championnat.

En 1907 enfin, le Racing est champion de France : invaincus en championnat de Paris, vainqueurs de l'US Saint-Servan en quart (5-0) et de l'Olympique de Marseille en demi (3-1), ils viennent enfin à bout du RC Roubaix au Parc des Princes (3-2), grâce à un triplé d'Astley[3]. À la même époque, les footballeurs du Racing remportent trois fois la coupe Dewar, créée en réaction à la coupe Manier à laquelle le Racing ne peut participer, puisqu'il dépasse le quota instauré de trois joueurs étrangers. De nouveau champions de Paris en 1908 et 1911, ils parviennent comme à chaque participation en finale de phase nationale[2] mais échouent à remporter de nouveau le titre, respectivement face au RC Roubaix (à Tourcoing, 2-1) et face au Stade Helvétique de MarseilleMarseille, 3-2). Les participations au Challenge international du Nord, contre des clubs étrangers, sont en revanche peu concluantes (défaite au premier tour en 1901, forfait en 1908), et l'équipe ne participe pas au Trophée de France opposant les champions des différentes compétitions, l'USFSA refusant longtemps d'y prendre part[3].

La transition vers l'échelle nationale (1917-1929)

Dans l'entre-deux-guerres, le Racing semble d'abord se maintenir à un niveau national. Il est ainsi pour la sixième fois champion de Paris USFSA en 1919, échouant en quart face au Havre (à Paris, 0-1). Surtout, le RCF figure parmi les quarante-huit participants de la première édition de la coupe de France en 1917[1],[2]. L'équipe bat Le Vésinet (7-0), Le Havre (5-0) et le CA Paris (4-1), mais est battue par l'AS Française en quart de finale (2-4).

Dès lors, le Racing semble rentrer dans le rang d'un football français encore amateur et très régionalisé. Il participe à la Ligue de Paris (« division d'honneur », c'est à dire première division), mais les ténors du football parisien sont alors l'Olympique de Paris, le CASG Paris, ou le Club Français, et bien entendu le Red Star. En tête de son groupe en 1920, le RCF est battu par les Audoniens en finale. Ceux-ci battent encore les Racingmen en demi-finale de coupe de France 1921 (4-3). Le Racing est relégué en deuxième division parisienne en 1925 et n'atteint plus les derniers tours de coupe de France. Mais le renouveau semble bientôt amorcé : le club accède de nouveau à la division d'honneur en 1928, et en 1929 est nommé un nouveau président pour la section football : Jean-Bernard Levy, jeune homme d'affaires de 29 ans, sous l'impulsion duquel le Racing va prendre le virage du professionnalisme[4].

Les premiers titres des Pingouins (1929-1940)

Vers le professionnalisme (1929-1935)

Très vite, les résultats s'améliorent. Le Racing dispute sa première finale de coupe de France en 1929-1930. Face au FC Sète le Racing perd malheureusement son gardien Tassin sur blessure à treize minutes de la fin, et termine la rencontre à dix avec un joueur de champ, Ozenne, dans les buts. Pourtant l'équipe parisienne ouvre le score trois minutes plus tard, mais Sète égalise peu après et remporte le match en prolongation (1-3)[2],[1]. Le renouveau est cependant réel : champion de Paris en 1931 et 1932, le Racing est demi-finaliste de coupe en 1932 (défaite face à Cannes, 0-1, à Sète). En 1930 est également disputé le premier match entre le Racing et les Anglais d'Arsenal (2-7), début d'une très longue tradition de rencontres amicales annuelles entre les deux clubs[5].

Le championnat de football professionnel prend son envol en 1932. La section football du Racing, comme le montrent ses récents résultats, mérite d'y figurer, mais le Racing Club de France est un club où l'amateurisme est fondamental. Jean-Bernard Levy parvient pourtant à réaliser le passage au professionnalisme. La section s'émancipe du RCF (tout en restant sous sa tutelle) et devient une association autonome sous un nouveau nom. Le Racing Club de Paris, filiale du RCF, est né[2]. La première journée de première phase de la première saison du championnat est disputée le 11 septembre 1932. Dans le groupe A, le Racing affronte Hyères au Stade Jean-Bouin (Paris)[6] et le défenseur Raoul Diagne inscrit les deux premiers buts du Racing dans l'ère professionnelle, au cours d'un match médiocre (2-1). Le RC Paris termine troisième du groupe A, à sept points de l'Olympique lillois (qui remporte la finale contre Cannes). La formule en deux groupes de vingt évolue vers un groupe unique dès la saison 1933-1934. Le Racing termine onzième (sur quatorze) mais revient sur le podium en 1935 (à onze points de Sochaux tout de même).

Le doublé (1935-1936)

Les Pingouins entament alors une fabuleuse saison 1935-1936. Entraînée par l'Anglais George Kimpton, qui impose le WM, l'équipe, distancée de cinq points par l'Olympique lillois en janvier, aligne dès lors les victoires en championnat, mais aussi en coupe[2]. Les Parisiens éliminent en effet facilement les amateurs de Lorient (DH, 5-1) et de Villeurbanne (D2, 3-0), puis les professionnels de Caen (5-1). En quart, le Racing affronte l'Olympique lillois : match au sommet puisque les deux clubs se partagent à ce moment la tête du championnat[1]. Après un match nul à Paris (2-2), les Racingmen prennent le dessus à Roubaix (3-0), puis éliminent les champions en titre sochaliens (3-0). Le Racing retrouve la finale contre Charleville, club professionnel de deuxième division. La victoire est étriquée, mais le Racing, avec son attaquant August Jordan en défense, face à une équipe très défensive (où évoluent notamment Julien Darui et Helenio Herrera) l'emporte tout de même (1-0, but de l'avant-centre Roger Couard)[7].

Revenue à la troisième place en championnat derrière Lille et Strasbourg, l'équipe a cependant deux matches en retard à jouer, reportés en raison du parcours en coupe[2]. Heureusement, les joueurs de Kimpton repassent en tête et s'adjugent le championnat avec trois points d'avance sur Lille. Un doublé historique[8], notamment pour la victoire en coupe, compétition de football à l'époque la plus prestigieuse du pays. Les larmes de Kimpton après la finale, et la joie de joueurs comme les Autrichiens Rodolphe Hiden et Auguste Jordan, l'ailier international français Émile Veinante, ou Raoul Diagne, premier joueur de couleur à remporter la coupe, consacrent un des plus beaux sommets du Racing[1]. Cette victoire est aussi celle de jeunes joueurs issus des équipes de jeunes du Racing, notamment le buteur de la finale de coupe, Roger Couard.

Deux nouvelles coupes (1936-1940)

Le Racing ne parvient pas à conserver son titre de champion : en 1936-1937, l'équipe termine troisième, dans un mouchoir de poche puisque l'Olympique de Marseille (champion) et le FC Sochaux-Montbéliard (deuxième) ne devancent les Parisiens que d'un point (38 chacun contre 37 pour le Racing). La saison 1937-1938 est en revanche difficile puisque les Pingouins ne terminent que treizièmes (sur seize). En 1938-1939, le Racing se reprend et, après avoir passé l'hiver en tant que leader, termine de nouveau troisième, à quatre points du champion, le FC Sète[2]. Cette même saison est aussi celle d'un nouveau succès en coupe de France. Après un parcours aux allures de promenade (3-0 contre Quevilly au premier tour, 4-0 contre Mulhouse en huitième, 3-1 contre Roubaix en quart[1]), le Racing domine le SC Fives en demi-finale (1-0) et accueille l'Olympique Lillois à Colombes. La presse s'attend à un triomphe parisien, comme le journal L'Auto : « Battre le Racing à la régulière ? Impossible, et Roubaix l'a bien vu[1]. » Et avant le match se déroule une scène insolite : Raoul Diagne, August Jordan et Oscar Heisserer promènent sur la pelouse un pingouin emprunté au zoo de Vincennes, pour porter bonheur au club qui en a fait son symbole[1],[9]. La victoire est en tout cas au rendez-vous : José Perez (4e) ouvre le score pour le RCP, et après l'égalisation de Gérard Kalocsai (19e), le capitaine Émile Veinante redonne l'avantage aux Racingmen (25e) avant que Jules Mathé ne mette un terme aux espoirs nordistes (40e). Le Racing semble donc bien imbattable (3-1).

La guerre commence à l'automne suivant. Le championnat se poursuit par zones mais toutes les rencontres n'ont pas lieu et la finale ne peut pas être jouée en raison de la défaite militaire, ce qui explique l'avant-dernière place dans le groupe nord en 1939-1940. Dans le même temps la coupe de France est maintenue, et le Racing bénéficie de permissions pour ses joueurs mobilisés, et de la présence de ses cinq naturalisés (trois Autrichiens : Rudi Hiden, Henri Hiltl et August Jordan ; deux Hongrois : Jules Mathé et Edmond Weiskopf). Seul Veinante, le capitaine, est retenu sous l'uniforme, et l'entraîneur George Kimpton, qui a rejoint le FC Rouen, a été remplacé par Élie Rous. Ayant éliminé sur son passage le SO Cholet en huitième (8-0), le FC Sochaux en quart (3-1) et le FC Rouen de Kimpton en demi (8-4), le tenant du titre est opposé, le 5 mai au Parc des Princes, à l'Olympique de Marseille, déjà cinq fois vainqueur de la compétition[10] pour une seule finale perdue, en 1934. En l'absence de Veinante, le brassard revient au jeune René Roulier, nouvel espoir issu des amateurs du Racing[11]. Les Marseillais marquent les premiers grâce à Emmanuel Aznar (16e), avant que le scénario ne tourne en faveur des Parisiens. Les buts parisiens (Roulier 25e, Mathé 70e) sont tous deux contestés par l'OM pour hors-jeu. Mais les faits sont là : le Racing remporte sa troisième coupe de France (2-1), et les plaintes marseillaises sont classées sans suite[1].

Le Racing résiste à la guerre (1940-1945)

Les années de parenthèse (1940-1944)

Quelques jours plus tard, le 13 mai, l'offensive de Sedan entraîne l'« étrange défaite » française, et l'armée allemande occupe Paris le 13 juin. Le football passe au second plan. Pendant les quatre saisons suivantes, les professionnels du Racing se replient à Toulouse[réf. nécessaire] et caracolent en tête du championnat de zone libre (deux fois deuxièmes et une fois premiers). À Paris, le Racing, qu'entraîne désormais le capitaine Veinante, végète dans le championnat de zone occupée, septième et dernier en 1941, quatrième (sur neuf) en 1942, septième (sur seize) en 1943. Enfin, en 1943-1944, le régime de Vichy interdit le professionnalisme et organise un championnat entre sélections régionales. Le RCP est donc en sommeil, quand la Libération permet enfin le retour des compétitions de football.

Un événement ne peut toutefois pas être oublié : le président Jean-Bernard Levy, mort au combat en 1940, aura contribué jusqu'au bout à la pérennité du club de football qu'il dirigeait en lui léguant une somme conséquente[4]. Malgré les risques que cela suppose face à l'occupant antisémite, le Racing Club de France donne à la médaille d'or du club le nom de Jean-Bernard Levy[12]. Son successeur est André Dehaye, ancien joueur des années 1920 devenu dirigeant auprès de Levy, et qui aurait initié en 1936 les premiers matches nocturnes[4].

Le retour du Racing des « Pieds noirs » (1944-1945)

Le championnat 1944-1945 reste perturbé par les conflits. Dans le groupe nord, le Racing est dernier du classement au mois de janvier, mais le nouvel entraîneur Paul Baron, passé par le Red Star, l'AS Saint-Eugène d'Alger et la sélection de l'armée de l'Air, dispose de relations qui lui permettent de renforcer l'effectif. Marcel Salva arrive de l'AS Saint-Eugène, Jean-Claude Samuel et René Vidal du RU Alger, André Philippot de l'ASM Oran, Pierre Ponsetti du Red Star Alger : les « Pieds noirs » du Racing, ainsi que l'ancien Havrais Lucien Jasseron, permettent d'inverser la tendance et de finir à la sixième place[1]. Surtout, cette équipe profondément renouvelée s'exprime pleinement en coupe de France : 4-1 contre les Girondins de Bordeaux (1/8e), 1-0 contre l'Arago Orléans (1/4), 2-1 contre l'OGC Nice (1/2), et le Racing se retrouve en finale, accueillant le Lille Olympique Sporting Club, tout juste né cette saison-là de la fusion des principaux clubs lillois. Le 6 mai à Colombes (soit deux jours avant la capitulation allemande du 8 mai 1945), les Pingouins remportent la quatrième coupe du club lors d'un match à sens unique (3-0), grâce à des buts de ses deux « pieds noirs » André Philippot (30e) et Pierre Ponsetti (40e), et un dernier d'Oscar Heisserer (65e). Le RCP se hisse à la troisième place du palmarès de coupe, seulement devancé par Marseille (six victoires) et par le Red Star (cinq victoires).

Toujours au sommet (1945-1962)

Une nouvelle coupe pour le « tourbillon » parisien (1945-1949)

Malgré ce retour, le RC Paris ne parvient pas à remporter le championnat, revenu à sa formule habituelle dans les saisons suivantes. Huitième en 1945-1946, il tombe à la quinzième place en 1946-1947, à deux points du RC Lens relégué. Les nombreux internationaux de l'équipe, qui remportent d'ailleurs en 1946 leur première victoire amicale contre Arsenal (2-1) et rééditent cet exploit en 1947 (4-3)[5], n'y changent rien, même s'ils remontent à la septième place en 1947-1948 et à la sixième en 1949. L'équipe est profondément modifiée en seulement deux ans par Paul Baron. Organisée autour des expérimentés Marcel Salva, Angelo Grizzetti et Lucien Leduc (le capitaine)[13], elle est renforcée de nombreux jeunes joueurs, des « Titis » de région parisienne : Roger Lamy (né à Paris et notamment passé par le JS Puteaux), Roger Gabet (né à Paris et passé par l'Avia Club d'Issy-les-Moulineaux), Roger Quenolle (né au Vésinet où il débute), Georges Morelle (venu de Levallois, et enfin Ernest Vaast, ailier gauche (né à Paris et passé par Levallois), déjà titulaire lors de la finale de coupe en 1945. Le talent de ce dernier en fait un titulaire indiscuté, mais un différend salarial l'écarte de l'équipe pendant une bonne partie de la saison 1948-1949[1]. Paul Baron fait adopter à son équipe une tactique dite du « tourbillon », faite d'incessants changement de poste et d'attaques par lignes entières de joueurs, préfigurant le football total des années 1970.

En 1948-1949 justement, les Racingmen signent leur retour en coupe de France. Eux qui n'ont plus dépassé les quarts de finale depuis 1945 se montrent pourtant timides en trente-deuxième, puisque l'Arago Orléans arrache un nul (3-3) qui contraint les Parisiens à mieux s'appliquer en match d'appui, à Rouen (1-0). Puis, en seizième, le RCP élimine Caen (1-0). Alors que le gardien du Racing, René Vignal, a affirmé : « Je me pends si le Racing ne joue pas les quarts cette saison », Ernest Vaast réintègre l'attaque à l'occasion du huitième de finale contre Quevilly (2-0). Et l'équipe vient à bout de Nîmes en quart (2-1 a.p.), avant d'éliminer difficilement le FC Metz en demi-finale (2-2 puis 2-0 en match d'appui). Le 8 mai 1949, la finale oppose de nouveau le Racing à Lille mais, depuis 1945, les nordistes ont remporté la coupe trois fois d'affilée. Pourtant, dans un stade de Colombes totalement plein (61 473 spectateurs, record d'affluence), les Racingmen (qui portent au bras un crêpe noir en hommage à leur ancien coéquipier Emile Bongiorni, disparu quatre jours plus tôt avec tout le Grande Torino dans le drame aérien de Superga[13]) font le siège des buts de Félix Witkowski, et s'envolent aux alentours de la première demi-heure par Gabet (28e, 35e) et Quenolle (30e). En deuxième mi-temps, Vaast (52e) et un but contre son camp de Joseph Jadrejak (59e) portent le score à 5-0 après une heure de jeu. Jean Lechantre (74e) et André Strappe (83e) sauvent finalement l'honneur lillois[14]. Grâce à cette victoire de 5-2 sur le triple tenant du titre, le Racing du capitaine Leduc soulève sa cinquième coupe de France[1],[13], égalisant le nombre de victoires du Red Star, juste derrière l'OM. Dans la foulée, Lille perd le championnat quelques jours plus tard, en match reporté de la dernière journée, devancé par le Stade de Reims qui entame ses meilleures années[13].

La finale malchanceuse de 1950

Le Racing a justement l'occasion de rejoindre Marseille au palmarès l'année suivante. Car si l'équipe déçoit encore en championnat en 1949-1950 (septième, à quinze points des Girondins de Bordeaux, pour la première fois champions), elle s'avance en tenant du titre confiant en coupe de France, en éliminant notamment sur son passage Caen en seizième (2-0), Sète en huitième (5-2), Lille en quart (2-0) et Nîmes en demi (3-0). Et le Racing est bien considéré comme favori le 14 mai[1],[2], jour de la finale à Colombes, car le Stade de Reims auquel il est opposé, s'il a remporté le championnat l'année précédente, dispute pour la première fois une finale de coupe. Les joueurs d'Henri Roessler ont d'ailleurs bénéficié d'un parcours assez facile en ne rencontrant aucun club de première division après avoir éliminé Nancy en trente-deuxième de finale[15].

Une nouvelle fois, le record d'affluence (61 722 spectateurs) et de recette (11 477 000 francs) du stade olympique Yves-du-Manoir est battu. Et les Racingmen semblent bien mériter leur statut de favoris : la première période les voit dominer largement Reims, et toucher deux fois les montants, par Albert Gudmunsson (18e) et par Henri Tessier (23e). Le gardien adverse, Paul Sinibaldi, se dit d'ailleurs « ébloui » par cette « démonstration [...] éclatante[15]. » La réussite fuit décidément les Parisiens, puisqu'au cours d'une deuxième période plus équilibrée, le poteau sauve de nouveau Reims, cette fois d'un but contre son camp d'un défenseur sur une passe en retrait mal négociée[2]. Puis, Roger Quenolle se voit refuser deux buts, le premier pour hors-jeu, et le second pour une charge sur Robert Jonquet jugée peu évidente (80e). La conclusion du match est cruelle : le jeune Francis Méano (à peine 19 ans) ouvre le score pour Reims (81e) qui double la mise quelques instants plus tard grâce à André Petitfils (83e). Le club champenois remporte sur ce score injuste (2-0) une victoire à l'arraché dont Albert Batteux, le capitaine, confesse qu'elle est extrêmement chanceuse, ce qui entraîne d'ailleurs bientôt sa nomination à la place de Roessler[15]. Paul Baron et ses joueurs voient donc le palmarès du Racing bloqué à cinq coupes. Ce qu'ils ignorent, c'est qu'aucune ne viendra plus s'y ajouter.

Régression momentanée (1950-1954)

Les saisons suivantes sont décidément plus difficiles. Le Racing frôle la relégation en D2 en 1950-1951 (treizième, à deux points du premier relégable Sète, en 1951-1952 (quatorzième, à quatre points du premier relégable Marseille), et n'y échappe pas en terminant en dix-septième position en 1952-1953. Les résultats ne sont pas meilleurs en coupe de France, le RCP n'y dépassant pas les quarts de finale entre 1950 et 1954.

Cette régression est notamment la conséquence de l'abandon du « tourbillon » par Paul Baron, contre l'avis de ses joueurs, abandon notamment justifié par l'exigence physique de ce système difficile à garantir pendant tout un match[1]. Paul Baron est finalement démis de ses fonctions d'entraîneur en fin d'année 1952, alors que le Racing est dernier du classement. Auguste Listello puis Jacquemet n'ayant pas su empêcher la relégation, l'ancienne vedette de l'équipe Gusti Jordan effectue son retour pour prendre en mains l'équipe reléguée[16]. Notamment passé par le Red Star et par l'Olympique de Marseille depuis sa reconversion comme entraîneur après la guerre, il permet à l'équipe de remonter immédiatement, en terminant troisième du championnat de deuxième division en 1953-1954.

Malgré cette mauvaise passe, le Racing dispose de joueurs de premier plan. Par exemple l'international brésilien Yeso Amalfi, inter fantasque et doté d'une riche palette de gestes techniques hors du commun, arrivé de Monaco pendant l'hiver 1952 après être passé par Peñarol, Boca Juniors, Nice et le Torino. Ou encore des internationaux français comme René Vignal dans les buts, fidèle depuis 1947 ; le demi expérimenté Henri Arnaudeau, venu en 1951 mais qui profite de la relégation pour retourner chez les Girondins de Bordeaux qui l'ont vu débuter ; Roger Lamy et Roger Gabet, toujours présents ; Thadée Cisowski, attaquant à la réputation grandissante depuis son arrivée de Metz en 1952 ; ou encore Abderrahman Mahjoub arrivé du Maroc en 1951, transféré à Nice après la relégation de 1953, mais de retour l'année suivante. Avec ce mélange de joueurs expérimentés et d'attaquants brillants, le RC Paris prépare l'avenir.

Équipe spectaculaire, résultats frustrants (1954-1962)

Les joueurs de Gusti Jordan, renforcés en défense par des vedettes comme Ernst Happel (1954-1956), André Jacowski (1953-1955) et Roger Marche (1954-1962) reviennent en quelques saisons aux avant-postes du football français alors dominé par Stade de Reims et Nice : huitièmes en 1955, sixièmes en 1956 ils sont quatrièmes à la fin de la saison 1956-1957. Ils bénéficient notamment de l'apport de leurs deux attaquants Pierre Grillet et, surtout, Thadée Cisowski qui termine meilleur buteur du championnat en 1956 avec 31 buts, et en 1957 avec 33 buts. La saison 1957-1958 est plus difficile, notamment en raison d'une fracture de Cisowski[réf. nécessaire] : le RC Paris est neuvième du classement et Auguste Jordan est remplacé par Pierre Pibarot, ancien joueur d'Alès puis entraîneur de cette même équipe, de Nîmes mais aussi « tacticien » de l'équipe de France auprès de Gaston Barreau.

Avec ce nouvel entraîneur, le Racing vire en tête du championnat 1958-1959, mais avec une baisse de régime en fin de saison l'équipe ne termine que troisième, à sept points de l'OGC Nice[2]. Le résultat est le même en 1959-1960, mais à onze points de Reims, malgré un record historique et toujours valable de 118 buts dans la saison. Le jeu ultra-offensif du Racing tire parti du réalisme de Cisowski (de nouveau meilleur buteur du championnat en 1959 avec 30 buts, et deuxième en 1960 avec 27 buts soit un de moins que Just Fontaine), mais aussi de la qualité de ses autres attaquants : Pierre Grillet (1951-1960), Joël Pillard (1952-1959), Jean Guillot (1954-1961), Joseph Ujlaki (1958-1964), François Heutte (1959-1964), Jean Tokpa (1959-1965), Guy Van Sam (1960-1965). Toujours soutenus par des défenseurs (Roger Marche, Bruno Bollini) et demis (Abderrahman Mahjoub, Francis Magny, Jean-Jacques Marcel) de grande qualité, les attaquants du Racing terminent à la première place des buts marqués (1956, 1959, 1960, 1961, 1962). Ce style offensif séduit les spectateurs du Parc des Princes qui, avec 20 000 personnes de moyenne à chaque match, est de loin le stade le plus fréquenté du pays[17]. Le Racing est un monument de la capitale, soutenu par le RCF et ses nombreuses équipes d'amateurs et de jeunes, jusqu'à soixante-dix, dont quatorze équipes seniors[2] !

Le club ne remporte hélas pas le championnat, échouant même tout près à deux reprises. En 1960-1961, les Parisiens sont à la lutte avec l'AS Monaco : les ciel et blancs écrasent les monégasques à quatre journées de la fin (3-0), mais à la dernière journée un nul parisien au Havre (2-2) combiné à une victoire de Monaco à Valenciennes (1-0) offre le titre avec un point d'avance au club de la principauté[2],[18]. Le scénario de la saison 1961-1962 est très différent, mais également frustrant. Le Racing n'occupe jamais la première place mais reste embusqué jusqu'à la dernière journée : avant ce dernier match, Nîmes devance Reims et le Racing d'un point. Les Nîmois, s'inclinent en déplacement contre le Stade français (1-0) et le Racing remporte sa rencontre face à Monaco (2-1). Mais Reims s'impose dans le même temps largement (5-1) à domicile face à Strasbourg. C'est la stupéfaction : à égalité de points, les Rémois décrochent le titre selon la règle de l'époque du goal average (rapport des buts marqués aux buts encaissés) : 1,383 pour Reims (83 marqués, 60 encaissés) contre 1,365 au Racing (86, 63). Dix-huit millièmes de point de différence, un seul but sur l'ensemble de la saison et le Racing, champion à la mi-temps, et une partie de la seconde période, termine une nouvelle fois bredouille[2]. Une déconvenue dont le club ne semblera jamais s'être remis[19].

Il existe en outre un point noir de taille dans cette période de taille : le Racing Club de Paris ne dépasse pas les quarts de finale de coupe de France durant cette période, et ne les atteint même que rarement après la finale de 1950 (1952, 1959, 1961). Étonnant, pour un club qui en avait fait sa spécialité.

La chute et le retour à l'amateurisme (1962-1982)

La descente en deuxième division (1962-1964)

Après avoir à deux reprises effleuré le titre, le Racing est entraîné dans une chute vertigineuse. Dixième du classement en 1962-1963 (et pourtant une nouvelle fois meilleure attaque avec 80 buts), il est affaibli par la double déception des saisons précédentes, mais aussi par l'âge grandissant de son effectif : Roger Marche prend sa retraite en 1962, Joseph Ujlaki, Jean-Jacques Marcel, Abderrahman Mahjoub ont plus de trente ans. Le remplacement de Paul Pibarot à la tête de l'équipe par André Jeampierre, ancien amateur du RCF puis entraîneur des jeunes et de la réserve, est censé redynamiser l'équipe et faire oublier le traumatisme de 1962[16]. Mais rien ne va se dérouler comme prévu.

La saison 1963-1964 semble pourtant démarrer sous de bons auspices : le RC Paris est invité à participer à la coupe des villes de foires, la première et à ce jour la seule apparition du club en compétition européenne[20]. Mais le Rapid Vienne de Gerhard Hanappi passe ce premier tour en remportant les deux rencontres, 1-0 à Vienne et 3-2 à Paris. Comme trop souvent, le RC Paris se montre fort en attaque mais incapable d'organisation en défense : c'est ce même travers qui est ressenti tout au long du championnat[20]. Une nouvelle fois parmi les meilleures attaques (troisième avec 66 buts, soit quatre de moins que le champion AS Saint-Étienne), le Racing souffre de la plus mauvaise défense, et encaisse 76 buts. Cela suffit à coûter au club parisien sa place en première division.

En cette saison 1963-1964, une page se tourne dans l'histoire du football français. Le trio de relégués est formé de l'élite nationale de la décennie précédente : le Racing (seizième) est suivi de Reims (dix-septième) et Nice (dix-huitième). En haut du classement, Saint-Étienne est champion. Le FC Nantes, lui, dispute sa première saison en D1, et remportera le titre les deux saisons suivantes. Mais aux joutes entre Verts et Jaunes, qui vont rythmer le championnat pendant vingt ans, le Racing n'assistera que de très loin, car la chute n'est pas terminée.

La fin du RC Paris et la mascarade sedanaise (1964-1967)

Le Racing ne se remet pas de cette mésaventure aussi aisément qu'en 1953. En 1965, les Parisiens finissent douzièmes (sur seize), et en 1966, dix-septièmes (sur dix-neuf). Dans le même temps, on découvre que la situation financière du club s'est gravement détériorée, les derniers feux des saisons précédentes ayant été financés par l'endettement, et les affluences étant en chute libre (6 600 en 1964-1965, 4 300 en 1965-1966[21]), le Racing se trouve au bord de la faillite tout en voyant ses meilleurs joueurs partir, ayant atteint l'âge de la retraite (Abderrahman Mahjoub et Jean-Jacques Marcel en 1964, Jean Tokpa en 1965), ou séduits par d'autres clubs (François Heutte à AS Saint-Étienne, Joseph Ujlaki à Metz, et Francis Magny à Lille, en 1964 ; Guy Van Sam à Toulon en 1965).

Le président, André Dehaye, et son homologue sedanais Lucien Laurant engagent alors des négociations en vue d'une fusion. Celle-ci semble bouclée en juin 1966, avec l'accord du conseil d'administration du Racing, et celui du groupement des clubs[2]. Le Racing sauverait ainsi son statut professionnel, et Sedan, installé en D1 depuis 1955, gagnerait en prestige et en retombées économiques, l'accord prévoyant de jouer les rencontres à domicile alternativement au Parc-des-Princes et au stade Émile-Albeau. Mais le groupement remet en cause la fusion en assemblée générale : les règlements n'autoriseraient ainsi pas la possibilité de jouer alternativement dans les deux stades. La fédération s'y oppose également, le Stade Français ayant signalé l'impossibilité de fusionner deux clubs appartenant à des ligues régionales distinctes[2]. Il ne reste alors que les apparences d'une fusion : André Dehaye entre au comité directeur de l'UA Sedan-Torcy, prestement renommée RC Paris-Sedan, et plusieurs joueurs parisiens rejoignent les rangs ardennais : José Broissart, André Mérelle, Ahmed Oudjani, Michel Watteau et Guillaume Tikouré, ainsi que René Sillou alors appelé au Bataillon de Joinville[22]. L'idée de jouer alternativement à Sedan et à Paris est même un temps conservée puisque le club envisage de changer de stade une saison sur deux. Le groupement des clubs délivre une autorisation au printemps 1967, avant que les dirigeants ne finissent par y renoncer[2]. Le club sedanais n'a donc de parisien que le nom, et ne doit ses résultats qu'à lui : les Ardennais sont cinquièmes en 1966-1967 et parviennent même à la troisième place en 1969-1970, saison à la fin de laquelle ils retrouvent un nom plus approprié : Club Sportif Sedan Ardennes.

De son côté, le RC Paris abandonne le professionnalisme et son effectif est dispersé : Henri Biancheri et Bruno Bollini mettent fin à leur carrière, Gérard Grizzetti part à Monaco, Roger Duffez et José Lopez à Strasbourg, Jean-Paul Kraft à Cherbourg, Édouard Kula à Lens, Emilio Salaber à Nîmes. L'équipe seniors, qui n'a donc pas fusionné, est par conséquent reclassée en championnat de France amateur, le plus haut niveau amateurs (l'équipe réserve évoluait en effet en DH), et repasse sous l'égide du Racing Club de France dès juillet 1966[23]. Conséquence de l'exode massif du printemps 1966, les Racingmen sont relégués en DH : le Racing est à reconstruire.

Quinze ans en amateurs (1967-1982)

Après trois saisons de DH, en 1968-1970, deuxième du championnat de Paris, le Racing remonte en CFA, devenu Division 3, à la faveur de l'élargissement des championnats nationaux : le championnat de D2 devient « open », organisé en trois poules de dix-huit clubs, et le Racing y postule d'ailleurs pour la saison 1970-1971, mais n'est pas retenu[23]. L'équipe échoue à monter en D2 en 1971, à cinq points du promu du groupe Centre Cuiseaux-Louhans[24]. ; puis elle redescend en DH en 1972 ; elle est de nouveau promue en 1973 en remportant le championnat de Paris (saison qui les voit également parvenir en 1/16e de finale de coupe de France et perdre de justesse contre le futur vainqueur, l'Olympique lyonnais) ; et elle redescend en 1974.

Après quatre années en DH, au cours desquelles des négociations en vue d'une fusion avec le Paris FC (en 1974) et avec le Paris Saint-Germain (en 1977) sont engagées sans résultat, le RCF retrouve la D3 en 1978 : il n'est pourtant que deuxième derrière la réserve du Red Star, ce qui ne lui offre qu'une place dans le championnat de Division 4 nouvellement créé ; le malheur des Audoniens, en dépôt de bilan, fait cependant le bonheur des ciel et blanc qui accèdent à la D3, groupe Ouest. Le Racing y demeure dès lors et ambitionne de retrouver le professionnalisme : septièmes en 1979, dixièmes en 1980, les Parisiens sont rejoints par le jeune retraité professionnel Jean-Michel Larqué en 1980-1981 et terminent la saison à la quatrième place et à six points du promu, Fontainebleau[25]. Ils ne terminent pourtant la saison 1981-1982 qu'à la septième place, à neuf points du promu, le Red Star (et à treize points de la réserve du FC Nantes)[26]. Seule consolation, le sommet de la saison, en 1/32e de finale de coupe de France : le Racing affronte l'AS Saint-Étienne au Parc-des-Princes, devant 20 000 spectateurs venus assister au choc. Larqué, entraîneur-joueur du Racing, voit cependant son ancien club repartir largement victorieux (0-3).

Les années Lagardère (1982-1990)

Le RP1, la fusion et le retour en D1 (1982-1984)

En 1982, l'industriel Jean-Luc Lagardère décide de s'investir dans le football et se donne pour but de faire monter un second grand club à Paris. Derrière le Paris-SG, le Paris FC est descendu en deuxième division, n'arrive pas à se trouver un public, et fait face à une grave crise financière. Lagardère pense d'abord à une fusion du Racing et du Paris FC, mais en l'absence d'informations précises sur les finances du PFC, les dirigeants du Racing Club de France refusent[23]. L'industriel reprend donc seul le Paris FC, et décide de ressusciter le nom et l'image du Racing, en rebaptisant le club parisien Racing Paris 1 sous les couleurs bleu ciel et blanc, avec l'accord du Racing. Ce dernier aligne toujours son équipe en troisième division en 1982-1983, mais en cas de maintien du RP1 en D2, les dirigeants du Racing ont promis une fusion[23]. Celle-ci est donc accomplie en 1983, le Racing ayant fini quatrième du groupe A ; l'équipe de troisième division du RCF devient la réserve du RP1, les équipes de jeunes du Racing lui sont également attachées, le tout sous le nom de Racing Club de Paris. Les équipes de jeunes et la réserve existantes du RP1 sont séparées de l'ensemble, sous le nom de Paris FC 83[23].

Les objectifs sont ambitieux, mais leur réalisation passe par une promotion en D1. Lagardère injecte les crédits nécessaires au recrutement de joueurs de bon niveau en 1982 et 1983, comme le gardien Patrick Bas, les défenseurs Éric Renaut et Victor Zvunka, le demi argentin Raoul Noguès (parti dès 1983), et surtout l'international algérien Rabah Madjer, prometteuse vedette débarquée d'Algérie[27],[28]. Alain de Martigny est l'entraîneur de l'équipe. La montée est acquise en 1984, au cours d'une phase de barrage qui oppose d'abord le RCP à Lyon (3-1 a.p. à Colombes), puis à Nice : les Aiglons remportent le match aller au stade du Ray (2-0), et marquent les premiers à Colombes. Le match est alors interrompu par un orage et doit être rejoué : les Niçois marquent une nouvelle fois, mais le Racing, devant 30 000 spectateurs, mené presque toute la partie marque trois buts en fin de rencontre, obtenant une prolongation au cours de laquelle les locaux frappent de nouveau deux fois : leur victoire (5-1 a.p.) les qualifie pour un troisième tour. Contre Saint-Étienne, et devant leur public (40 000 spectateurs) les Racingmen ne parviennent pas à s'imposer, mais à Geoffroy-Guichard, ils créent la surprise, arrachent leur ticket en D1 et envoient les Verts en D2 (0-2)[28],[23].

Les fastes de Matra (1984-1989)

Les ambitions du Racing, qui partage désormais le Parc des Princes, et est renforcé par quelques arrivées dont l'attaquant rennais Pierre Sither et le défenseur stéphanois (et international) Philippe Mahut, sont malheureusement déçues en 1984-1985. L'équipe termine en queue de classement, malgré le remplacement d'Alain de Martigny en cours de saison par Victor Zvunka, qui passe entraîneur[29]. Lagardère décide alors de lancer une ambitieuse politique de recrutement, avec l'arrivée d'Eugène Kabongo pour suppléer Rabah Madjer, et surtout de Maxime Bossis, le défenseur international aux nombreux titres conquis avec le FC Nantes. Ce dernier continue d'ailleurs de jouer en équipe de France alors qu'il joue en deuxième division[30].

Le Racing, désormais emmené par René Hauss[31] remporte le titre de champion de deuxième division en 1985-1986, confortant les choix de Lagardère. Les recrutements se poursuivent donc en 1986, avec l'arrivée de l'international uruguayen Enzo Francescoli, le champion du monde allemand Pierre Littbarski, Thierry Tusseau et Luis Fernandez, joueur emblématique du concurrent local, le PSG)[23]. Mais la saison 1986-1987 est décevante au regard de ces investissements, le RCP n'est que treizième.

Lagardère est décidé à obtenir des résultats. Pour cela, il attire en 1987 l'entraîneur Artur Jorge, tout juste auréolé de sa victoire en coupe d'Europe avec le FC Porto. Il recrute également un attaquant prometteur, Gérard Buscher, et Pascal Olmeta dans les buts. De plus, après une pression intense sur les autorités fédérales, celles-ci autorisent malgré le règlement[32] Jean-Luc Lagardère à intégrer une marque commerciale au nom du club : le Racing devient Matra Racing[23]. Les résultats semblent alors enfin suivre lors de la saison 1987-1988 : le Racing se hisse sur le podium à la mi-saison, et ne le quitte pas jusqu'à la trente-troisième journée, mais il trébuche en fin de championnat et ne remporte pas une victoire au cours des douze dernières journées, terminant finalement septième[33]. Le public, modérément euphorique dans le creux de l'hiver (26 290 spectateurs contre Bordeaux) déserte le Parc des Princes avec des affluences inférieures à 7 000 spectateurs[33]. Lagardère n'est pas parvenu à recruter un public.

La saison 1988-1989 sonne la fin des illusions du Racing. L'équipe fait un parcours de bas de tableau, et avec une dix-septième place, n'est sauvé de la relégation que par une différence de buts défavorable à Strasbourg. Las de ces échecs, du manque de soutien du public et des critiques des journalistes envers ceux qu'ils surnomment les « matraciens », Lagardère annonce dès le mois d'avril qu'il se désengage[23]. Malgré le maintien, privé de son mécène, le club qui redevient Racing Paris 1 doit vendre ses principaux joueurs pour assurer son équilibre financier. La page Matra est tournée.

Derniers feux (1989-1990)

Lagardère laisse le Racing dans une situation difficile : l'effectif est amputé de ses éléments-clés, et après qu'une nouvelle fusion eût été évoquée (avec le RC Lens cette fois), c'est une équipe composée pour l'essentiel par de jeunes joueurs, parmi lesquels on compte Jean-Louis Lima, David Ginola ou encore Stéphane Blondeau, que le nouvel entraîneur Henryk Kasperczak a pour impossible mission de maintenir en D1[34]. Le Racing termine dix-neuvième, ne précédant au classement que le FC Mulhouse, et à un point de la dix-huitième place occupée par Nice, et qualificative pour des barrages.

Pourtant, le Racing crée la sensation par son parcours en coupe de France. Absent des derniers tours depuis des années, et quarante et un ans après la dernière victoire en coupe, le club parvient en quarts de finale et élimine les Girondins de Bordeaux (1-1, 5-4 t.a.b.), deuxièmes du championnat. En demi-finale, le Racing élimine l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie, champion de France pour la seconde année consécutive et récent demi-finaliste de coupe d'Europe : au stade Vélodrome, les Racingmen déjà relégués reviennent deux fois au score et arrachent la qualification en toute fin de match (2-3). L'équipe semble décidée à oublier son triste sort et crée un courant de sympathie, qui ne l'empêche pas de perdre face à Montpellier : Laurent Blanc ouvre le score en prolongation (101e) et Kader Ferhaoui double la mise (108e), avant que David Ginola ne réduise le score (109e) sans parvenir à inverser la tendance[1].

La relégation en D2 est finalement aggravée en raison de la situation financière du club : la mairie de Paris refusant de subventionner le Racing, et aucun partenaire ne se manifestant, le président Jean-Louis Piette prend face au risque de faillite la décision d'un retour à l'amateurisme, et donc d'une rétrogradation volontaire en troisième division[23].

Une survie dans l'ombre (depuis 1990)

De mal en pis (1990-1996)

Replié sur son terrain historique de Colombes, le RCP obtient en 1991 une subvention du Conseil général des Hauts-de-Seine et est renommé Racing 92. Les espoirs de montée en deuxième division sont bientôt déçus : le club perd le statut professionnel en 1992, et la réorganisation des championnats nationaux en 1993 rétrograde le Racing en National 2, l'ex-quatrième division[23]. Le Racing obtient la montée dès la saison 1993-1994 en remportant un barrage contre SC Schiltigheim, et parvient cette même saison en quart de finale de coupe de France, battu par Auxerre (2-1) après avoir mené au score[35].

Mais le Racing termine dernier de National 1 en 1994-1995[36]. Le Racing Club de France, qui aide financièrement le club de football, exige que les deux structures fusionnent de nouveau : le Racing 92 redevient la section football du club omnisports, et est rebaptisé Racing Club de France 92, et l'ancien joueur Claude Buzier en devient président[23].

Nouvelles ambitions (1996-2004)

Après une approche d'Alain Afflelou en 1996, avant que ce dernier ne se tourne vers l'US Créteil (devenant tout de même sponsor du Racing), le Racing Club de France décide de soutenir la section football alors que se pose la question du futur club résident au Stade de France. Le Racing monte d'ailleurs en National en 1997 et dispute la montée en D2 en 1998-1999, échouant à quelques points[23],[37].

Alors que l'intérêt du club omnisports semble faiblir, un repreneur se manifeste : Gilles Dumas transforme la section football en SASP, lui redonne le nom de Racing Club de Paris, et augmente considérablement le budget, notamment grâce à des sponsors de poids (France Télécom). Le Racing foule même la pelouse du Stade de France à l'occasion d'un match de coupe de France contre Monaco, retransmis à la télévision. Mais en championnat, l'équipe ne suit pas et se retrouve à lutter contre le maintien en 2001-2002 : sauvée sur le terrain, elle est reléguée administrativement en CFA sur décision de la DNCG, en raison d'une mauvaise situation financière[23].

Sous la présidence de Denis-Marie Cintura, le club, redevenu Racing Club de France 92, parvient à obtenir la promotion en National dès 2003, mais sa situation financière le contraint à demeurer en CFA. Il est finalement promu en 2004, mais plonge bientôt dans la crise financière[23]. Sous la pression du RCF, le président Cintura quitte alors le club, remplacé par Raymond Jeanrenaud. L'équipe joue alors les premiers rôles en National, s'invitant plusieurs fois dans le trio de tête, mais elle termine la saison à la sixième place[38].

Un club en miettes (depuis 2004)

Financièrement à la dérive, la SASP est placée en situation de redressement judiciaire et mis en liquidation. La section football repasse alors sous tutelle du RCF. Reléguée d'abord en division d'honneur, elle obtient finalement sur une décision du tribunal administratif de Versailles sa réintégration en CFA, alors que la saison a déjà commencé[39]. L'équipe n'y est pas préparée et ne peut éviter la relégation en CFA2[40].

Remonté la saison suivante[38], alors que le Racing Club de France connaît à son tour de graves déboires[41], le Racing est repris sous forme de SASP par Marc Eisenberg en 2007, mais ce dernier quitte le club après une saison et le laisse de nouveau dans la difficulté : une décision de rétrogradation prise par la DNCG est annulée en appel[23]. Le Racing est donc maintenu en CFA, bien que toujours fragile, alors que le RCF semble décidé à s'en séparer. Des repreneurs se manifestent d'ailleurs, comme l'homme d'affaires Georgios Kintis[42], mais sans résultat. Suite à de nombreux soucis financiers, et à l'échec de reprise par Georgios Kintis, le Racing se rapproche du Levallois Sporting Club pour l'équipe fanion et quelques équipes, pour fonder le Racing Club de France-Levallois 92[43]

Annexes

Bibliographie

  • Bernard Morlino, Les Défis du Racing, La Manufacture, 1986
  • Max Urbini, Racing : une fusée pour l'Europe, RMC éditions, 1986
  • Collectif, Coupe de France. La folle épopée, L'Équipe, 2007 

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n  et o Damien Degorre, « Racing Club de Paris. Du cinquième ciel... et blanc », Coupe de France. La folle épopée, p. 91-95
  2. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q  et r « Des débuts aux années 60 », historique sur allezracing
  3. a  et b « Centenaire du titre 1907 » sur allezracing. Un doute existe sur l'auteur du deuxième but (Astley ou Matthey).
  4. a , b  et c « Les Présidents », sur allezracing
  5. a  et b « Matches de prestige » sur allezracing
  6. Première journée sur om4ever
  7. Didier Braun, « Le Racing déboule, Charleville chamboule », in Coupe de France. La folle épopée, p. 352 (lire en ligne)
  8. Mais pas le premier, le doublé ayant été effectué pour la première fois par le FC Sète, deux ans plus tôt, en 1934.
  9. Résumé sur om4ever
  10. 1924, 1926, 1927, 1935 et 1938
  11. Résumé sur lequipe.fr
  12. Pierre Arnaud, Le Sport et les Français pendant l'Occupation. 1940-1944, L'Harmattan, 2002, t. 1, p. 113
  13. a , b , c  et d Résumé sur lequipe.fr
  14. Images sur le site de l'ina
  15. a , b  et c Gérard Ejnès, « Reims, deux grands crus », Coupe de France. La folle épopée, p. 97 (lire en ligne)
  16. a  et b Les entraîneurs sur allezracing.free.fr
  17. Les 20 000 sont dépassés en 1958-1959 et 1960-1961 et le Racing conserve la meilleure affluence saisonnière de 1955-1956 à 1963-1964. Source : stades et spectateurs.
  18. Résumé de la saison sur asmfoot.fr
  19. Il faut également noter qu'avec la règle de la différence de buts actuellement en vigueur, c'est le Racing qui aurait été sacré avec treize buts de différence comme Reims, mais une attaque meilleure de trois buts
  20. a  et b Alain Pécheral, « Racing Paris. Tout pour l'attaque... » in 50 ans de coupes d'Europe, L'Équipe, 2005 (lire en ligne)
  21. Stades et spectateurs
  22. Claude Lambert, « Il y a 38 ans... », allezsedan.com, 8 mai 2005
  23. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o  et p « Des années 70 à aujourd'hui », historique sur allezracing
  24. Saison 1970-1971 sur allezracing
  25. Saison 1980-1981 sur allezracing
  26. Saison 1981-1982 sur allezracing
  27. Saison 1982-1983 sur allezracing
  28. a  et b saison 1983-1984 sur allezracing
  29. Saison 1984-1985 sur allezracing
  30. Pierre Lagrue, article « Maxime Bossis » de l’Encyclopaedia Universalis
  31. Saison 1985-1986 sur allezracing
  32. « Racing Club de France » sur histoire.maillots.free.fr
  33. a  et b Saison 1987-1988 sur allezracing
  34. Saison 1989-1990 sur allezracing
  35. Saison 1993-1994 sur allezracing
  36. Saison 1994-1995 sur allez racing
  37. Saison 1998-1999 sur allezracing
  38. a  et b Saison 2004-2005 sur allezracing
  39. Réunion téléphonique du bureau du Conseil fédéral de la Fédération française de football, 11 août 2005
  40. Saison 2005-2006 sur allezracing
  41. Suite au non-renouvellement de sa concession de la Croix-Catelan, le RCF frôle la faillite et onze de ses six-sept sections sont abandonnées au groupe Lagardère.
  42. On s'arrache le Racing CFF 92 !, francefootball.fr, 10 septembre 2008
  43. Partenariat Racing-Levallois

Liens externes

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