Histoire de la Savoie de 1815 à 1860

Histoire de la Savoie de 1815 à 1860
Histoire de la Savoie
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Antiquité

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Époque moderne

Époque contemporaine

Voir aussi

Chronologie de la Savoie
Article principal : Histoire de la Savoie.

L'histoire de la Savoie de 1815 à 1860 débute avec la défaite de Napoléon à Waterloo, et le Traité de Paris signé le 20 novembre 1815. Le duché de Savoie est rendu aux princes de Savoie, après vingt-trois ans d’occupation révolutionnaire puis napoléonienne. Cette restauration marque cependant le début d'un éloignement entre la population savoisienne et la dynastie de Savoie. En effet, l’application d'une monarchie autoritaire donne aux Savoyards le sentiment d’être une minorité au sein d’un ensemble italophone, et par dessus tout, les tentatives d’unification de la péninsule italienne — et leurs coûts — semblent être en décalage avec les préoccupations de la population savoyarde. De plus, l’expérience française a permis aux Savoyards de prendre conscience de leurs similitudes culturelles avec leurs voisins français, malgré les différentes annexions. Un brassage culturel s'est fait notamment par le biais de l'armée sous le Premier Empire (1814), où 18 lieutenants-généraux, 800 officiers et 25 000 soldats de l’armée impériale sont d’origine savoyarde, sur un ensemble de 300 000 hommes[1]

Lorsque que dans les années 1840, la politique italienne - début du risorgimento - de la maison de Savoie s'accentue, la déchirure s'aggrave jusqu’à la séparation définitive entérinée par le traité de Turin de 1860.

« Curieuse destinée que celle des pays que nous nommons Savoie : terre d’empire au Moyen Âge, mais partagée dès l’origine entre l’appel de la vallée du Rhône et celui de la vallée du . Berceau au cours des siècles, d’une dynastie de langue et de culture française, mais dont les hasards de l’histoire ont fait la mère de l’unité italienne, en lutte selon les époques, contre le Dauphiné, contre le Valais, contre la calviniste Genève, contre le Milanais, et réussissant malgré ces guerres incessantes, à se doter d’une armature administrative d’une remarquable précocité, longtemps sujet de discorde entre la France et le Saint-Empire, puis entre la France et l’Espagne, enfin entre la France et l’Autriche, aujourd’hui trait d’union entre les deux pays amis qui occupent les deux versants des Alpes. »

— Avant-propos par André Chamson, directeur général des Archives de France, de l’Académie française[2]

Sommaire

Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne (1802 - 1821) et le « Le buon Governo »

Le retour du duché de Savoie dans le giron du royaume de Sardaigne ne se fait définitivement qu’à partir du traité de Paris de 1815. Le roi Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne tente alors de mettre en place une monarchie autoritaire, mais il abdique en 1821, refusant d’accorder une Constitution, face aux prémices insurrectionnels.

La réorganisation du duché

Partage de la Savoie après le traité de Paris du 30 mai 1814

Le traité de Paris du 30 mai 1814 ne rend au roi de Sardaigne qu’une partie du territoire ducal. En effet, l’article 2 du traité stipule que la France conserve ses limites d’avant le conflit européen, mais les suivants permettent à celle-ci de s'accroître. Ainsi, les articles 7 et 8 indiquent que la majeure partie de la Savoie Propre avec Chambéry, qui reste le chef-lieu, et le Genevois avec Annecy restent à la France sous le nom de « département du Mont-Blanc »[Note 1]. La partie restituée au roi de Sardaigne reprend l’ancien titre de duché de Savoie avec l’installation du gouverneur, de l’intendant général et du Sénat de Savoie (réduit à sept membres) dans la ville de Conflans[3], nommée Albertville en 1835, lors de sa fusion avec la commune de l'Hôpital-sous-Conflans. Joseph de Maistre considérait cette division de la population savoyarde comme « insupportable » :

« Pauvre Savoie, Sire ! Comme cet ancien héritage est traité ! Au moins si elle n'était pas divisée, en pleurant son ancien maître, elle aurait la consolation de conserver son intégrité ; mais cette division de l'indivisible est insupportable. Que fera cette poignée de malheureux pressés sur les Alpes et obligés d'aller demander justice au-delà des monts dans une langue étrangère ? C'est bien malheureux et de toute manière. Pourquoi ne pas nous laisser comme nous étions ? Ceux qui consacrent la prescription de trente ans dans leurs tribunaux devraient bien respecter celle de huit siècles dans leurs traités. »

— Joseph de Maistre, à Saint-Pétersbourg, au roi de Sardaigne[4]

Il faut donc attendre le traité de Paris du 20 novembre 1815 pour retrouver l’unité savoyarde. Toutefois, quelques communes sont cédées à Genève. Le duché se réorganise et Chambéry redevient la capitale accueillant à nouveau les différents services administratifs. Une nouvelle réorganisation territoriale avec des provinces est mise en place[5],[6] :

Province Chef-lieu Mandement Commune Évolution
Savoie Propre Chambéry
capitale du duché
12
Aix ; Chambéry ; Chamoux ; Châtelard ; Échelles ; Montmélian ; La Motte-Servolex ; Pont-de-Beauvoisin ; La Rochette ; Saint-Genix ; Saint-Pierre-d'Albigny ; Yenne
142 En 1818, ajout du mandement de Ruffieux.
Chablais Thonon 6
Abondance ; Biot ; Bons ; Douvaine ; Evian ; Thonon
58 En 1818, le mandement de Bons disparait.
Faucigny Bonneville 9
Bonneville ; Chamonix ; Cluses ; Megève ; La Roche ; Saint-Jeoire ; Sallacnhes ; Samoëns ; Taninges
69 En 1818, disparition du mandement de Megève, création de celui de Saint-Gervais.
Genevois Annecy 6
Annecy ; Duingt ; Faverges ; Talloires ; Thônes ; Thorens-Sales
74 En 1818, disparition du mandement de Talloires, réunion des mandements de Rumilly et d'Albens.
Haute-Savoie Conflans
puis Albertville
4
Beaufort ; Conflans ; Grésy ; Ugines
41 Création en janvier 1816.
Maurienne Saint-Jean-de-Maurienne 7
Aiguebelle ; La Chambre ; Lanslebourg ; Modane ; Saint-Etienne-de-Cuines ; Saint-Jean-de-Maurienne ; Saint-Michel
69 En 1818, disparition du mandement de Saint-Etienne.
Rumilly Rumilly 4
La Biolle ; Ruffieux ; Rumilly ; Seyssel
60 Création en décembre 1816. Suppression en 1818 pour être partagée entre les provinces de Savoie-Propre, du Genevois et de Carouge.
Tarentaise Moûtiers 5
Bourg-Saint-Maurice ; Bozel ; Moûtiers ; Sainte-Foy ; Saint-Jean-de-Belleville
56 En 1818, disparition du mandement de Sainte-Foy.
Carouge Saint-Julien 3
Annemasse ; Reigner ; Saint-Julien
58 Disparition de la première province lors du traité de Turin de 1816 avec le rattachement de vingt-quatre communes à la Suisse, permettant ainsi la création du canton de Genève. Rattachement en 1818 du mandement de Seyssel.
Les provinces du duché de Savoie[7]

Un régime autoritaire

Les armoiries du royaume de Piémont-Sardaigne (1821)

Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne s'efforce d'instaurer une société cloisonnée en classes, reposant sur des pouvoirs policiers élargis. La noblesse et les familles d'affaires riches qui détiennent des responsabilités publiques, législatives ou administratives font partie de la classe riche. Les armes, le barreau, la médecine et la robe sont des professions ouvertes à la classe dite moyenne. Le travail manuel est l'héritage de la classe pauvre.

Les carabiniers royaux reçoivent, le 5 janvier 1815, la mission de pourchasser les individus nuisibles à la société, le nombre de mendiants est considérable en Savoie[8]. Le pouvoir de police est accaparé par les militaires (commandants, majors), rendant une justice expéditive, sans jugement. Joseph de Maistre dénonce cette « tyrannie des majors de place piémontais »[Note 2].

Cette organisation vigilante sur une société aux bonnes mœurs, et sur une paix communale basée sur la force et l'intimidation policière est surnommée par les Savoyards et par dérision : « Le buon Governo »[9]. La bourgeoisie savoyarde trouve ce régime éloigné des affaires publiques, et trop voué à la défense des intérêts du trône. Par ailleurs, les seules sources d’informations critiques dont elle dispose proviennent de France ou de Genève[10].

La religion catholique, apostolique et romaine est déclarée religion officielle du royaume, les autres cultes sont tolérés[Note 3].

Si le clergé s'est vu amputé d’une grande partie de ses biens et droits personnels, en décembre 1792[Note 4], il peut en revanche asseoir son influence sur ce nouveau régime ; les prêtres, qui tiennent déjà les registres d'état civil et le contrôle des écoles communales, introduisent dans les programmes scolaires l'enseignement religieux ainsi que la lecture et l’écriture de la langue italienne[9]. Le retour du catholicisme d’État marque la reconstruction du patrimoine religieux détruit sous la Révolution, et pas moins de 130 églises néoclassiques sardes sont édifiées[11], nommé parfois le « dernier grand courant architectural savoyard »[12].

Cette politique trouve ses opposants auprès des libéraux que l'on retrouve dans les rangs des Carbonari, une société républicaine et secrète qui avait pour but l’établissement d’un gouvernement démocratique. Ceux-ci passent à l’action dans le Piémont en mars 1821, mais aussi en Savoie[13]. Ces agitations sont durement réprimées par les troupes autrichiennes. De nombreux agitateurs sont condamnés à mort, ainsi que des officiers, sous-officiers et parlementaires carbonari. La majorité de la population reste sans réaction et la politique gouvernementale ne change pas. Cependant l’activisme de ces sociétés pousse le souverain Victor-Emmanuel à abdiquer en 1821 en faveur de son frère, Charles-Félix[14].

Les lois et les juges

Dans le § 15, liv. 3, lit. 2 des Lois et Constitutions de sa majesté le roi de Sardaigne, il est dit que les décisions des magistrats et des sénateurs doivent préserver les Lois, les Constitutions du pays, et les statuts des lieux où l'affaire s'instruit. Les lois et ordonnances du pouvoir sont toujours rédigées en langue italienne, et traduites en français pour les publier dans le duché de Savoie.

Le corps judiciaire

Le sénat : Après le roi, les dignitaires autoritaires sont les sénateurs. Ils ont pour charge d'instruire les procès des hauts dignitaires, et de faire exécuter les volontés princières. Le siège du sénat en Savoie est situé à Chambéry. Ce grand corps judiciaire se compose de deux chambres, la chambre des comptes et la chambre d'appel en révision auprès du roi pour les affaires civiles. (Ce fut le roi Emmanuel-Philibert de Savoie qui institua les grands corps judiciaires, après avoir supprimé les États-Généraux de Savoie.) Ces magistrats nommés par le roi sont administrés par un président (portant le titre d’excellence), chargé d'entériner les édits, les lettres-patentes et provisions qui émanent de l'autorité suprême, c'est-à-dire de la Maison de Savoie. Les arrêts donnés par le sénat sont sans appel, et sont exécutoires dans les vingt-quatre heures[15].

Article détaillé : Sénat de Savoie.

Les tribunaux : « Dans chaque chef-lieu des huit provinces de la Savoie, il existe un tribunal de "judicature mage" composé de deux juges mages et d'un président ». Ce tribunal existe depuis 1823, et instruit toutes les affaires civiles dont la valeur excède trois cents francs, ainsi que les appels rendus sur sa province. On ne peut faire appel du jugement de ces magistrats que lorsque l'importance de la cause dépasse la somme de mille francs. Avant 1823, la judicature mage ne comptait qu'un seul juge. C'est à partir de cette année que le système hypothécaire (droit de propriété, biens-fonds, etc...) existe en Savoie[15].

Les conciliations : En deçà de cette somme, le châtelain est chargé de concilier toutes les discussions, et les contestations entre habitants.

Condamnations à mort

Par décret du sénat, une personne condamnée, avertie par le greffier criminel du jugement prononcé, se trouve à la disposition de l'exécuteur des hautes œuvres (bourreau). Le public peut aller voir l'agonie du condamné, enchainé à un tabouret dans la prison, pendant vingt-quatre heures. Le jour de l'exécution, les cloches de la ville annoncent aux habitants, que le condamné marche au supplice. À la porte de la prison, des pénitents accompagnent le condamné en chantant des psaumes, guidés par un prêtre. Le bourreau tient la corde déjà passée autour du cou de la victime, en exécutant le tour de la ville, avant de se rendre sur un gibet pour l'exécution par pendaison[16].

Condamnations aux galères

Le condamné aux galères est amené sur la place des condamnations à mort pour suivre le supplice. Il est ensuite trainé autour de la ville, avec une rame de chaloupe sur ses épaules (emblème du châtiment), surveillé par des soldats de justice, et accompagné par le tocsin. Il restera enchainé jusqu'à son départ aux galères.

Le retour aux sources

Suite au retour dans les États de Savoie, les élites locales développent les sociétés savantes. Ainsi, en 1819, l'Académie de Savoie ou L'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie fait son apparition dans le duché, sur le modèle de l'Académie de Turin, à l'instigation de quatre fortes personnalités locales : le cardinal Alexis Billiet, évêque de Chambéry, le général comte François de Mouxy de Loche, le sénateur comte Xavier de Vignet, et le chevalier Georges-Marie Raymond, lettré-mathématicien, fondateur du journal Savoie[17]. Quelques décennies plus tard, d'autres sociétés savantes se développent : à Annecy, en 1851, des personnalités comme le député Jules Philippe ou le magistrat Camille Dunant réactive l'Académie florimontane, fondée en 1607 par François de Sales et le Président Antoine Favre ; à Chambéry, en 1855, Claude Saillet, professeur de littérature, François Rabut, professeur d'histoire, et Joseph Dessaix, journaliste, écrivain et historien, fondent la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie (SSHA) et, en 1856, en Maurienne, le docteur Mottard créé la Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne[17]. Chacune d'elles devient un lieu de rencontre, un moyen de promouvoir une identité dans le royaume sarde.

Charles-Félix de Sardaigne (1821 - 1831) et les espoirs déçus

La Révolution de 1821 donne un espoir en Italie pour la mise en place d’une constitution libérale. Sous la pression, en attendant le retour du prince Charles-Félix de Sardaigne, le régent Charles-Albert de Savoie-Carignan met en place cette constitution libérale, dite « espagnole », inspirée des Cortès d'Espagne de 1812. À son retour, Charles-Felix abolit celle-ci au profit d'une monarchie autoritaire.

La régence de Charles-Albert

En l'absence de son frère le prince de Piémont et duc de Savoie Charles-Félix de Sardaigne, le roi Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne se retire et confie la régence du royaume à Charles-Albert de Savoie-Carignan le 12 mars 1821. Représentant de la branche cadette royale sarde, Charles-Albert entretenait l’espoir de remplacer le Buon Governo par un régime libéral, dû à ses anciennes sympathies pour les carbonari[18]. Les libéraux se souviennent que le souverain avait été un des officiers de l'armée envoyée par Louis XVIII contre les Espagnols. La constitution « espagnole », inspirée des Cortès d'Espagne de 1812, est donc promulguée le soir même du 12 mars 1821. Cependant Charles-Albert demande l'approbation du roi. Trois jours plus tard, une proclamation de Charles-Félix condamne celle-ci. À son retour de Modène, le 21 mars 1821, Charles-Félix reprend le pouvoir. La Savoie ne semble pas réagir face aux évènements[19]. Charles-Albert entré en disgrâce se retire à Florence (Toscane).

Maintien d'un régime monarchique et intérêt pour la Savoie

Charles-Félix de Sardaigne revient à un régime d'ordre, conservateur. Seuls deux savoyards se trouvent aux affaires du royaume aux côtés de Charles-Félix. Le comte Roget de Cholex, ministre de l'Industrie[Note 5], et le comte Sallier de la Tour, premier secrétaire d'État des affaires étrangères[Note 6], sont les seuls ministres Savoyards à assister aux conseils du Roi.

Plaque commémorant l'achat de l'abbaye royale d'Hautecombe en 1824 par Charles-Félix de Savoie

Il multiplie les actes en faveur du berceau de sa famille[Note 7], notamment dans les domaines religieux et architectural. En 1822 il rétablit le diocèse d'Annecy, en 1824 ceux de Maurienne et de Tarentaise. L'église Saint-François, chapelle du premier monastère de la Visitation, est restaurée en 1826. Il ordonne le retour des ossements de saint François de Sales et de Sainte Jeanne de Chantal, cachés au château de Duingt par les Visitandines pendant la révolution française, et assiste à la translation des reliques sur Annecy[20].

Toujours pour réaffirmer l’antériorité de sa famille et de ses liens avec l’Église, il achète l’abbaye d'Hautecombe, nécropole de la maison de Savoie[Note 8], qui avait été saccagée puis vendue comme bien national[21]. Il charge l’architecte italien Ernesto Melano[22] de relever les lieux, alors devenus une faïencerie. Ravi du résultat, Charles-Félix le fait chevalier de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare et lui confie la restauration de l’abbaye de Tamié[22]. Le néogothique troubadour surprend cependant. Henri Ménabréa, bibliothécaire à la bibliothèque municipale de Chambéry, écrira que « l’architecte italien donne un style nouveau à l’abbaye, dit coquet et troubadour, en décalage avec la rudesse guerrière des premiers comtes de Savoie ». Charles-Félix de Savoie, dernier descendant direct des Blanches-Mains ou Humbertiens, choisira d'ailleurs de se faire enterrer dans cette ancienne nécropole de la Maison de Savoie, en 1831. Sa femme, Marie-Christine, poursuit les travaux jusqu'en 1846[22].

Les prémices de la révolution industrielle

Le général Benoît de Boigne fondateur d'un asile de pauvres et de vieillards sur Chambéry

Pour surmonter les handicaps des frontières douanières imposées par les autorités françaises, les liaisons entre Albertville et Genève sont améliorées et des mesures économiques sont prises pour aider les commerçants. Dans toute la Savoie se développent des œuvres sociales d'assistance publique, aidées par le général Benoît de Boigne sur le territoire de Chambéry telles la fondation d'un asile de pauvres et de vieillards, celle d'un hôpital pour contagieux, l'agrandissement de l'Hôtel-Dieu, l'aide aux prisonniers, l'accès aux bibliothèques et aux sociétés savantes locales.

L'agriculture reste la principale ressource de la Savoie. En 1825, la chambre royale d'agriculture est fondée pour améliorer et encourager la diversification des cultures, sources de la noblesse et de la bourgeoisie. L'historien Pierre Barral rappelle que dans les comices agricoles « le recrutement était limité à un nombre restreint de grands propriétaires n'exploitant presque jamais eux-mêmes, ils agissaient ainsi, au nom de l'influence qui revenait aux notables dans une société fondée sur la richesse établie »[23].

Les premières excursions en montagne ont lieu, à l'initiative d'une élite bourgeoise, ce qui offre quelques débouchés aux agriculteurs de montagne.

« Les habitants de Lanslebourg-Mont-Cenis sont naturellement robustes, actifs et laborieux. La plupart s'occupent à conduire ou à transporter les voyageurs, ainsi que leurs bagages, à travers le Mont-Cenis, et à les conduire ou à les ramasser pendant la saison des neiges, à leur retour du Piémont. On appelle dans le pays, se faire ramasser, descendre la montagne en ligne droite étant assis sur un traineau où deux personnes peuvent se placer et qu'un seul homme placé au-devant dirige au moyen de ses talons, avec une hardiesse et une dextérité surprenantes. Quand on est ainsi descendu à Lanslebourg-Mont-Cenis, le conducteur charge lui-même sa petite voiture sur ses épaules et remonte au lieu appelé "la ramasse" pour y attendre d'autres voyageurs. »

— Citation : Statistique du département du Mont-Blanc (1802) par Jean-Joseph de Verneilh-Puyraseau[Note 9]

Par ailleurs, le développement de l'horlogerie savoisienne en Faucigny s'effectue avec la création d'une École royale d'horlogerie à Cluses par Achille Benoit, en 1848. Cette institutionnalisation, d'une industrie présente dés le XVIIIe siècle, avait pour but de mettre fin à l'émigration de travail locale[24],[25]. La formation en horlogerie sera complétée par la mécanique et l'électricité dans les années 1890[Note 10].

Un enseignement primaire

Les communes de Savoie disposent lors de la Restauration sarde de nombreuses écoles, mais bien qu'étant mal équipées[Note 11], elles sont depuis longtemps, bien organisées. Ces créations se sont multipliées depuis la première occupation française en 1792[26]. La plupart d'entre-elles sont tenues par des confréries religieuses.

La plupart des communes savoyardes, assurent un piètre enseignement primaire. Cet enseignement est généralement dispensé par des instituteurs saisonniers, ou colporteurs qui, à l'approche de l'hiver, descendent des montagnes pour dispenser aux enfants des campagnes une instruction imparfaite, avec une mauvaise élocution et un fort accent. Les locaux sont souvent malsains, mal aérés, et mal éclairés. Les trois quarts des maladies enfantines des campagnes proviennent de leur séjour dans des classes malpropres, dans lesquelles l'air est vicié.

Dans plusieurs écoles, l'usage veut que chaque élève apporte des chauffoirs ou couvets (buches de bois) pour réchauffer la salle de classe. De ces couvets se dégage une si grande quantité de dioxyde de carbone, surtout par temps humide, qu'il n'est pas rare de voir cinq ou six élèves tomber à demi-asphyxiés[27].

Charles-Albert de Savoie-Carignan (1831 - 1849) et le régime libéral

Durant son exil, Charles-Albert de Savoie-Carignan s’engage comme simple soldat aux côtés du duc d'Angoulême, neveu de Louis XVIII, lors de la bataille du Fort du Trocadéro, le 31 août 1823, contre les libéraux espagnols. Sa participation et sa bravoure lui valent le titre de premier grenadier de France. Elles lui permettent aussi un retour en grâce auprès de Charles-Félix, qui le fait vice-roi de Sardaigne en 1829. À la mort de Charles-Félix, en 1831, il devient roi de Sardaigne. Les idées libérales de sa régence sont loin, mais les grands principes se diffusent dans le royaume et notamment en Savoie.

Le choix de l’attachement contre le libéralisme

Les aspirations libertaires parcourent tout de même la Savoie et principalement le milieu bourgeois. Ainsi, suite à un sermon virulent contre le libéralisme par le jésuite français Claude Guyon, en janvier 1832, une insurrection anticléricale secoue Chambéry[28]. L'année suivante, des officiers piémontais de la garnison de Chambéry, partisans de la Jeune Italie républicaine de Giuseppe Mazzini se mutinent, douze d'entre eux seront fusillés au printemps[29]. Une délégation apostolique, instituée par Grégoire XVI pour surveiller le clergé savoyard, jugé trop favorable aux idées libérales, est chargée de trouver des solutions. Cependant le Sénat de Savoie les refusent le 30 janvier 1833 car jugées de « dangereuses innovations dont la publication jetterait l'effroi dans les consciences et la désunion dans les familles »[30],[31]

En 1834, Giuseppe Mazzini essaye de provoquer un soulèvement général dans la péninsule italienne et charge le génois Jérôme Romarino, ancien général français napoléonien, de soulever la Savoie avec des révolutionnaires Polonais, Italiens et quelques Savoyards émigrés volontaires. Le commando s’infiltre en Savoie à partir des régions d'Annemasse et des Échelles. Malgré les idées libérales - Droits de l'homme, luttre contre la misère des paysans et ouvriers, pour des taux des salaires, la nécessité des associations, etc... - qu'ils tentent de promouvoir, ils sont pourchassés par les paysans. C'est un véritable échec[32],[33].

Les Savoyards, qui semblent tout de même intéressés par les idées libérales, refusent en réalité de se soulever contre leur roi. Cet attachement est réciproque, Charles-Albert dira dans une lettre datée du 12 janvier 1849 à son ami, le député conservateur Louis-Marie Pantaleon, marquis Costa de Beauregard : « en aucun temps, aucun souverain ne l'a aimé (la Savoie) autant que moi et n'a plus ardemment désiré de procurer son véritable bien et sa félicité »[34]. Cet attachement du souverain à la terre de ces ancêtres va, lors de sa décision de fusionner l’antique cité de Conflans avec le bourg de l'Hôpital-sous-Conflans fondé au XIIe siècle par les chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, au confluent de l'Isère et de l'Arly, à donner son nom à cette commune : Albertville[35], dont il finance le développement.

Le virage libéral du roi et l’incompréhension savoyarde

À partir des années 1846, la politique de Charles-Albert déroute les savoyards. À nouveau influencé par le courant libéral, il modifie le secteur judiciaire et l'administration en mettant en place l’élection des conseils communaux. En 1847, deux grandes tendances politiques semblent se dessiner en Piémont-Savoie. Une tendance républicaine favorable à un coup de force révolutionnaire d’inspiration mazzinienne, et une tendance monarchique favorable à des libertés politiques et à des progrès économiques appelée "Risorgimento" (Résurrection) présidée par Cesaro Balbo, Massimo d'Azeglio et Camillo Cavour[36]. La relance de la politique italienne trouble les savoyards, qui ne se sentent pas concernés par celle-ci. C'est dans ce contexte que Le Courrier des Alpes, journal de la Savoie et des États Sardes apparaît le 3 février 1843. Il s’agit d’un journal d'opposition de Jacques-Marie Raymond, puis de son frère Claude-Melchior Raymond avec le poète Jean-Pierre Veyrat, créé à Chambéry. Il fait suite au Journal de Savoie : feuille politique, religieuse, littéraire, et contenant ce qui intéresse l'agriculture et les arts (1815-1842). Le contenu est de tendance plutôt catholique et monarchique, conservateur[37].

Devant les nouvelles tensions dans la péninsule italienne, le pape Pie IX nouvellement élu, promulgue quelques réformes libérales en mars 1847 dans les États pontificaux, qui lui vaudront de nombreuses sympathies, et en octobre 1847 Charles-Albert se sépare de son ministre Clemente Solaro della Margherita très impopulaire dans le royaume. Ce virage est accéléré dans le royaume de Sardaigne lors de la Révolution de 1848. Charles-Albert signe, contre son gré, une nouvelle constitution : le Statut albertin du 4 mars 1848, qui suscite cependant l’inquiétude et l’opposition des nobles Savoyards. Deux chambres assistent le souverain, un sénat appelé chambre haute, constitué de membres nommés par le roi et siégeant au palais Madame, et la chambre des députés située au Palais Carignan de Turin, élu par les citoyens sachant lire, écrire et payant plus de 20 francs d'impôts[38]. La Savoie, avec 583 812 habitants (2,48% de la population totale du royaume), compte 51 000 électeurs qui envoient 79 députés élus entre 1848 et 1860[39].

Les républicains français de 1848 réclament la liberté en France, mais aussi l'affranchissement des peuples étrangers. Face au développement du chômage à Paris, Lamartine conseille aux émigrés savoyards de rentrer chez eux[40]. On attend de ces émigrés qu'ils provoquent un soulèvement en Savoie. Par ailleurs, le commissaire de la République Emmanuel Arago (membre de la famille de François Arago) et les voraces organisent une marche sur Chambéry le 31 mars 1848. Composée d’ouvriers de la région lyonnaise, ils s'organisent pour encadrer les réfugiés savoyards révolutionnaires avides de liberté. Selon l'historien Paul Guichonnet, le ministre français des affaires étrangères Lamartine voulu offrir une aide militaire aux Piémontais pour lutter contre les Autrichiens et pouvoir s'emparer d'une partie de la Savoie.

Cette colonne « composée de 600 à 700 hommes, dont 80 à peine étaient armés »[41] occupe la ville de Chambéry, drapeaux français et italiens en haut des mâts, mais sans programme. Les voraces essaient d'organiser une municipalité républicaine, présidée par Philibert Reveyron entouré de douze notables siégeant à l'Hôtel de ville. Les bourgeois, le clergé et les ruraux anti-rouges prennent les armes et attaquent les casernes tenues par les ouvriers. Obéissant aux consignes de prudence du ministre des affaires étrangères Lamartine, ils seront finalement 148 à être arrêtés et condamnés. La pression diplomatique française, et l'envoi de l'ambassadeur, permettra de libérer les Français et les Savoyards compromis dans cette entreprise et expulsés vers la France[42].

Suite à ces événements, un nouveau journal d’opposition fait son apparition à Chambéry : Le Patriote Savoisien Journal politique, industriel, commercial, agricole et littéraire d'opposition, le 15 juin 1848. Ce journal est dirigé par le libéral modéré Nicolas Parent. D'autres suivront, le journal satirique Le Chat à Chambéry, L'Allobroge à Saint-Jean-de-Maurienne.

Une situation économique et sociale difficile...

En 1833, le sol de la Savoie, faute d'exploitation et de moyens, ne tire aucun parti de ses richesses. La Savoie reste tributaire d'importations françaises, suisses ou italiennes. Les draps, les chapeaux, les soieries et les étoffes précieuses viennent de Grenoble et de Lyon, les bijoux viennent de Grenoble, de Lyon et de Genève, la petite mécanique de France et de Suisse, le cuir tanné de Carouge et de Genève, la quincaillerie, de France et de Genève, les outils d'Allemagne, et les calicots ou autres produits manufacturés d'Angleterre via la Suisse et de Gênes[43].

L'industrie savoyarde semble peu développée, exception faite de l'extraction minière. Les montagnes de la Savoie renferment du fer en abondance, du cuivre, de l'argent, du plomb et de la houille. Le minerai de fer de Saint-Georges-des-Hurtières alimentait neuf grandes usines ou fourneaux à fonte de fer avec une production annuelle de 20 000 quintaux de fonte ou gueuse (barreau de fer fondu non purifié) dont la réduction en fer, à raison de quatorze onces par livre, poids de marc, équivaut à quinze quintaux de 556 livres[Note 12].

Les fromages de région des diverses vallées du Faucigny, des Bauges, de Beaufort-sur-Doron, de la Tarentaise et de la Maurienne, se vendent au Piémont, en Lombardie, en France et en Suisse. Les suifs de chèvres sont recherchés à Lyon et à Genève, pour sa qualité dans la fabrication de chandelles. Les beurres salés par couches dans des barils, sont exportés dans le midi de la France et en Espagne. Les porcs, négociés en novembre et décembre dans les foires de la région d'Annecy, de Montmélian, de Bonneville, de La Roche-sur-Foron et de la vallée de l'Hôpital, représentent les plus gros revenus[43].

Selon Paul Guichonnet, « l'effroyable condition dans laquelle végétaient les ouvriers d'Annecy était celle de tout le prolétariat des états Sardes dépourvu de toute législation sociale »[44]. Monseigneur Louis Rendu, originaire de Meyrin dans le pays de Gex, évêque d'Annecy (1842-1859) précurseur du catholicisme social, dénonçait la misère du monde ouvrier, et des maîtres seuls responsables des conditions de travail, des salaires et des horaires. Il est le premier à préconiser la création dans chaque localité industrielle d'un comité de patronage composé d'un juge-mage, d'un intendant, d'un curé, d'un médecin et de deux membres nommés par le ministre de l'intérieur pour protéger la vie du prolétaire en tant qu'homme. La réponse du ministre estime qu'il est dangereux de créer des droits aux ouvriers et de les armer contre les chefs d'entreprises industrielles[45].

Mais la population rurale n'est pas en reste. La pauvreté frappe tout autant cette partie de la population où les conditions de vie en montagne engendrent un mauvais développement comme le rachitisme ou le développement de maladies comme le goitre ou le crétinisme[46]. Ces dernières touchent environ 3% de la population d'après la Commission royale de 1848[47].

Avec l'avènement de Louis Napoléon Bonaparte le 10 décembre 1848, l'idée d'une union de la Savoie à la France, plus respectueuse de la religion catholique et plus stable économiquement que le royaume sarde, fait son chemin auprès d'une partie de la bourgeoisie locale. Cependant, la majorité des Savoyards vit cette situation dans l'indifférence.

... mais un réveil industriel

Camillo Benso, comte de Cavour lieutenant du génie à Turin établit la première ligne de chemin de fer en 1838 entre Chambéry et le lac du Bourget, exploitée par la Compagnie Savoyarde, fondée le 3 novembre 1838, financée par des capitaux d'hommes d'affaires chambériens, une première dans les États sardes. L'objectif étant de pouvoir relier leur ville à celle de Lyon[Note 13]. Elle marque le début de l'ère industrielle et du développement des transports en Savoie. De 1832 à 1839 une étude de liaison Modane-Bardonnèche sera à l'étude avec le creusement d'un éventuel tunnel[48].

Exemple de l'investissement local dans la modernisation agricole et la hausse des rendements, le comice agricole de Saint-Jean-de-Maurienne fondée en 1843, rassemble la plupart des notables de la province : Mgr François-Marie Vibert évêque de Maurienne, l'intendant de la province chevalier d'Alexandry, le sénateur de Chambéry Anselme, le propriétaire des hauts fourneaux d'Epierre Balmain, l'avocat et propriétaire d'établissements industriels de Randens Grange, le docteur Mottard, etc[49].

Vers 1815, il y avait, dans la vallée de l'Arve (Cluses), dans les provinces de Carouge et du Faucigny en Savoie, près de 1 800 ouvriers qui travaillaient dans les métiers de l'horlogerie et la petite mécanique. La filature de coton d'Annecy, la « plus importante des États sardes »[50] fondée en 1806 et propriété du baron de Termignon Jean-Pierre Duport[51], dans les restes du couvent de Sainte-Claire, embauche plus de 1000 personnes dès 1847 pour travailler sur 998 métiers à tisser et 33 595 broches de filature.

Cette industrialisation entraine des conditions de travail effroyables : « chaque métier était servi par un fileur payé aux pièces et gagnant vers 1848, 2 francs par jour. Un enfant employé comme manœuvre pour 14 heures, devait rattacher le fil lorsqu'il était cassé, et payé 70 centimes par jour et 15 centimes pour une petite fille. Comme le fileur était payé aux pièces, il avait intérêt à presser le travail du malheureux enfant pour augmenter la production »[52].

Le duché de Savoie possédait de nombreuses sources d'eaux thermales, mais celles-ci étaient peu exploitées. Celles d'Aix-les-Bains et de Saint-Gervais sont les seules exploitées en 1830. La source de Brides-les-Bains près de Moûtiers dans la vallée de la Tarentaise fut découverte en 1818, à la suite d'une grande crue de la rivière du Doron de Bozel et en 1845 est inauguré le premier complexe thermal[43].

La guerre d'indépendance de l'Italie

Le 30 avril 1848 à Pastrengo, la cavalerie du roi Charles-Albert de Sardaigne charge les lignes ennemies.

La formation de l'Italie moderne aboutira en 1860, mais passera par le départ des Autrichiens de l'Italie du Nord. Charles-Albert avec les seules forces italiennes, espère vaincre les autrichiens qui possèdent la Lombardie et la Vénétie depuis le Congrès de Vienne. En mars 1848, les Milanais se soulèvent contre le gouvernement des Habsbourg et, après cinq jours d'intenses combats de rue, forcent le maréchal autrichien Radetzky et ses troupes à évacuer la ville. Les troupes piémontaises et des volontaires savoyards pénètrent en Lombardie le 25 mars 1848, pour l'affranchir du joug de l'Autriche. À Pastrengo, à Rivoli, et à Volta, la brigade de Savoie se bat avec bravoure en repoussant l'ennemi. Le drapeau de l'arme sera décoré de la première médaille d'Argent à la valeur militaire, et la brigade aura les compliments du souverain.

Pourtant, cette guerre n'est pas populaire en Savoie :

  • « La guerre d'indépendance [de l'Italie] n'est pas très populaire en Savoie, cette cause n'est pas la notre » : dira le député conservateur Gustave de Martinel[53],[Note 14].
  • « Une haute et puissante barrière sépare la Savoie et l'Italie, ses mœurs, ses habitudes, sa langue, son commerce ne lui assignent aucune place dans la grande famille italienne qui doit se constituer un jour » : affirmera Louis Marie Pantaleon Costa devant le Parlement de Turin[54],[55]

La guerre d'indépendance peu populaire, la décentralisation administrative, les tarifs de douanes qui renchérissent les importations françaises, l'emprunt forcé pour régler les indemnités d'armistice sont dénoncés en Savoie. Le 16 février 1849, seize députés savoyards élaborent et signent un mémoire retraçant un inventaire sur l'état sociétal de la Savoie dans lequel ils réclament l’autonomie du pays, qui avait jadis conquis le Piémont, mais qui aujourd'hui est son vassal[56].

L'appartenance au royaume Sarde est de plus en plus remis en cause par la gauche, la droite ou les conservateurs savoyards. Au même moment Victor-Emmanuel II de Savoie et Camillo Cavour recherchent l'aide d'un allié puissant comme la France pour briser la tutelle autrichienne, qui lui demande des contre-parties.

L'organisation administrative

La loi du 30 août 1840 modifie l'organisation territoriale administrative du duché de Savoie, en maintenant les huit provinces, et en attribuant à la Savoie-Propre un intendant général indépendant siégeant à Chambéry et au Genevois un intendant général indépendant siégeant à Annecy. L'intendant général de Chambéry garde dans sa circonscription les intendances particulières de Maurienne, Haute-Savoie et Tarentaise. Les lois et règlements de l'administration publique, ainsi que les circulaires et instructions émanant des intendants généraux savoyards étaient couramment publiés en langue française[57].

La loi du 31 octobre 1848 entérine la loi du 30 août 1840 en donnant à la circonscription de l'intendant général le titre de division administrative de Chambéry et en instituant un conseil divisionnaire élu comme les conseils provinciaux des quatre provinces[58].

À la veille de l'Annexion de 1860, l’organisation territoriale du duché de Savoie sera remaniée en deux divisions administratives, celle de Chambéry et celle d'Annecy, préfigurant les futurs départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, instaurés en vertu de l'exercice des droits de cité de la Constitution de l'an VIII. Chacune de ces divisions administratives étaient subdivisées en provinces, quatre pour Chambéry et trois pour Annecy, en mandements, respectivement 29 et 22, et enfin en communes, 341 et 289[59]. La population était estimée à 592 223 sur une surface de 1 016 490 ha[Note 15].

Victor-Emmanuel II de Savoie (1849 - 1861) et la séparation

La participation à la guerre d’indépendance italienne lasse les Savoyards, mais aussi les sujets italiens du roi Charles-Albert à la suite des différentes défaites. D’ailleurs, la défaite de Novare (23 mars 1849) provoque l’abdication du roi sur le champ de bataille le lendemain, qui s'exile ensuite à Oporto (Portugal)[39]. La couronne passe donc à son fils Victor-Emmanuel, qui est l’opposé de son père. Il désire faire un État moderne, il conserve, en dépit des pressions autrichiennes, le Statuto, et accepte un gouvernement libéral.

Une société traditionnelle

La société savoyarde s'organise hiérarchiquement, de façon traditionnelle, avec un clergé très présent, s'occupant tant de la foi que des bonnes mœurs ; des nobles et une bourgeoisie qui se partagent les postes administratifs, politiques, judiciaires ou encore militaires ; quelques ouvriers, et surtout une grande majorité constituée de paysans. Jacques Lovie, dans son ouvrage La Savoie dans la vie française (1963), observe que la Savoie ne dispose pas des ressorts nécessaires pour aborder les changements à venir. La société se trouve donc relativement cloisonnée à la veille de l'Annexion, sans parler de l'effet de l'isolement des villages lors de la période hivernale.

La création du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis

Le 31 août 1857, le roi Victor-Emmanuel II ordonne le début des travaux d'un tunnel ferroviaire. Sous la direction du Savoyard Germain Sommeiller, on procède à la mise à feu de la première mine de percée du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis. La ligne de chemin de fer reliant Aix-les-Bains-Saint-Jean-de-Maurienne est terminée en 1856, et son raccordement par Culoz au réseau français sera très controversé. Il faut attendre les 17 au 19 septembre 1871 pour voir le train inaugural, parti de Turin, rejoindre Modane, où est basé le ministre des Travaux Publics Victor Lefranc en compagnie de Ferdinand de Lesseps[60].

Pour que le projet soit agréé par les représentants du gouvernement sarde, en 1854, l'ingénieur savoyard Germain Sommeiller doit rédiger en italien ses ébauches et esquisses, qui seront ensuite traduites en français à l'attention des techniciens savoyards. D'ailleurs, il faut attendre cette période pour que les députés du duché de Savoie bénéficient d'une dérogation pour s'exprimer en français au Palais Carignan (Palazzo Carignano en italien) à Turin[61].

L'urbanisation d'Annecy

Hôtel de ville d'Annecy. Bâtiment de style néo-classique sarde.

Annecy devient un grand centre manufacturier du royaume de Sardaigne et le creuset vital de la Haute-Savoie avec ses dix mille habitants. La manufacture de coton, la « plus importante des États sardes »[62], a été ouverte en 1804 par Jean-Pierre Duport[63], dans les restes du couvent de Sainte-Claire. De grands travaux d'urbanisme, débutés en 1794, sont effectués dans la ville, tels que le pavage des rues et des places, la construction de ponts et de quais, et la construction de l'hôtel de ville, dans un style néo-classique sarde, en 1848[64] et inauguré en en 1857[65].

L'aménagement de la rive du lac et la création du jardin public, permettront aux promeneurs du dimanche de passer le pont des Amours et de traverser le champ de Mars, pour joindre le centre ville. La distribution en eau potable et la modernisation en éclairage au gaz donnera un essor économique à la région d'Annecy.

Vers la réunion de la Savoie à la France

Camillo Benso di Cavour (Savoyard par sa grand-mère paternelle, de la famille de Sales) se retire sur son domaine de Leri dans la province de Verceil (Piémont) en Italie, milite dans une association agraire et dirige le journal Risorgimento.

En Savoie, la question des droits du clergé est la plus grave. Les lois Siccardi de 1850 prévoient la suppression des immunités ecclésiastiques, la réduction des fêtes légales et l'abolition du droit d'asile dans les églises. La loi « Rattazzi », élaborée de novembre 1854 au 29 mai 1855, supprime les ordres monastiques, séquestre les biens des couvents et crée une caisse ecclésiastique chargée de réemployer les religieux. Les députés de Savoie sont hostiles à ces mesures. Lors du vote à la Chambre, une majorité de députés savoyards votèrent contre[Note 16]. Ils s'opposent d'ailleurs à l'adjudication de la mise en ferme du domaine de Hautecombe. Ces inventaires suscitent la réprobation populaire à Chambéry, Yenne et La Roche. D'ailleurs, cette loi, tout autant que l'intervention en Crimée, provoqua aux élections de 1857 une radicalisation, la Savoie envoya 20 députés conservateurs catholiques sur 22[4]. Les mouvements et les opinions sur l'annexion de la Savoie à la France deviennent de plus en plus radicaux, les ennemis d'hier sur le rattachement en 1848, deviennent de farouches partisans en 1860.

De nouveaux impôts mécontentent la population et la presse dénonce la forte imposition des ouvriers et des paysans déjà lourdement taxés, notamment à la suite de la participation des armées sardes à la guerre de Crimée (1853-1856), sans parler des mauvaises récoltes[66]. Cette participation à la guerre est voulue par Cavour qui souhaite se concilier les Français. Dès 1852, il déclare que « c'est de la France surtout que dépendent nos destins »[67]. Parmi les forces envoyées en Crimée se trouve la brigade de Savoie, commandée par le colonel Philibert Mollard, qui reçu à cette occasion le grade de commandeur de la Légion d'honneur[68].

À la veille de 1860, l'opinion savoyarde se trouve divisée entre ceux qui approuvent et ceux qui contestent la politique de Camillo Benso di Cavour. Les journaux L'Écho du Mont Blanc, et Le Courrier des Alpes en 1858, après l'information de la naissance du prince impérial Louis Napoléon, provoquent les autorités sardes en terminant l'article avec : Vive l'Empereur ! Vive la France ! Vive la Savoie[69]. Du côté des provinces voisines de la Suisse (Faucigny, Chablais, Bas-Genevois), on s'interroge éventuellement sur un rattachement à la Confédération helvétique. Ce parti diffuse ses idées à travers La Savoie du Nord, fondée à Bonneville[Note 17]. Une pétition circule et recueille plus de 13 651 signatures, dans 60 communes du Faucigny, 23 du Chablais français et 13 aux environs de Saint-Julien-en-Genevois[70].

Les députés constitutionnels et les libéraux, comme Antoine Louaraz, soutiennent Camillo Benso di Cavour, mais revendiquent pour la Savoie des franchises douanières allégées et une lutte plus accentuée contre la puissance du clergé. Leurs journaux Le Patriote savoisien, L’Indépendant du Faucigny s'opposent au despotisme napoléonien et à la séparation de la Savoie et du Piémont.

Napoléon III échappe à l'attentat fomenté par le comte Felice Orsini le 14 janvier 1858, figure importante du Risorgimento italien, qui faillit compromettre la collaboration franco-savoyarde. L'empereur rédige une lettre assez sèche à Victor-Emmanuel II, le priant de sévir durement contre les révolutionnaires. Mais une lettre d'Orsini lue devant la cour d'assises de la Seine est publiée dans le journal officiel de Turin : « Que votre Majesté ne repousse pas le vœu suprême d'un patriote sur les marches de l'échafaud qu'elle délivre ma patrie, et les bénédictions de 25 millions de citoyens la suivront dans la postérité ».

En mai 1858, le docteur Henri Conneau médecin de l'empereur se rend à Turin pour informer Camillo Cavour du prochain voyage impérial à Plombières-les-Bains. Le 21 juillet 1858 a lieu la rencontre entre Camillo Cavour et Napoléon III, dans le pavillon des princes. Dans cette paisible cité vosgienne, le sort de la Savoie est réglé.

La guerre contre l'Autriche (mai-juillet 1859)

La bataille de Varèse en 1859 (Quinto Cenni)

Au début de l’année 1859, le gouvernement piémontais adopte un comportement provocateur envers l’empire autrichien. Giuseppe Mazzini et Giuseppe Garibaldi entrent en Italie pour organiser un corps de volontaires, nommés « les chasseurs des Alpes » (Cacciatori delle Alpi), sans mettre de limites dans l’enrôlement des exilés provenant du royaume lombard-vénitien sous domination autrichienne. Les Autrichiens informés de l'entrevue de Plombières décident de mener la première action avec l’intention de reconduire l’opération qui avait réussi au maréchal Joseph Radetzky contre Charles-Albert de Sardaigne, à Novare en 1849. Le 26 avril, l’Autriche déclare la guerre au royaume de Sardaigne. La France, engagée par une alliance défensive et sans opposition politique interne, décide d’honorer le traité.

Camillo Cavour, assuré d'être soutenu par la France, refuse l'ultimatum autrichien du 23 avril 1859. Le 27 avril, les Autrichiens passent la rivière du Tessin. Les troupes françaises arrivent par la mer Méditerranée et par le Mont-Cenis, et seront acclamées par la population savoyarde, lors de la traversée de la ville de Chambéry et tout au long de la vallée de la Maurienne. Costa de Beauregard dira : « l'idée d'une guerre italienne est en Savoie, universellement impopulaire. Tant que nous resterons unis, vous verrez la Savoie au premier rang combattre les ennemis du Piémont. »[Note 18]. Les cravates rouges de la Brigade de Savoie et les hommes de la 3e division du général savoisien Philibert Mollard emportent baïonnette à la main et au pas de charge la colline de la Madona della Scoperta, lors de la bataille de San Martino, le 24 juin 1859[71].

En France, la cession de la Savoie semble la plus probable, comme rançon des sacrifices militaires et financiers. Les populations du Sud de la Savoie sont très favorables à cette union pour leur apporter une protection militaire et un échange commercial intéressant[69].

1860 : l’Annexion

Croquis de M. Moulin, paru dans Le Monde Illustré, journal hebdomadaire, n°155, 31 mars 1860. Commentaire : « Réception de M. Greyfié de Bellecombe et de la députation savoisienne par Leurs Majestés Impériales, dans le salon Louis XIV, aux Tuileries, mercredi 21 mars »

Pour remercier la France de son appui dans la conquête de la Lombardie et à l'unité italienne, Victor-Emmanuel II de Savoie, roi de Sardaigne cède à la France par le traité de Turin du 24 mars 1860, le Duché de Savoie et le Comté de Nice.

Les préparatifs : une propagande efficace

Durant les mois de préparation du plébiscite d'avril, décidé par les deux princes pour légitimer cette réunion aux yeux du Royaume-Uni, mais aussi de la Suisse voisine, une vive propagande pro-annexionniste se met en place sous la direction du sénateur français Armand Laity, nommé commissaire impérial extraordinaire. On craint ainsi qu'une partie de la Savoie demande d'intégrer la Confédération helvétique. Ainsi, les deux gouverneurs de Chambéry et d’Annecy sont prévenus : « Il faut avoir à la tête de chaque commune un syndic franchement dévoué à l'annexion française car c'est lui qui doit donner l'impulsion et présider aux opérations électorales. Un syndic dévoué aux « piémontistes » ou faisant vœux pour la Suisse serait tout à fait déplacé, dans une pareille circonstance Nous apprenons avec plaisir que de grandes épurations ont été faites déjà dans la Province de Chambéry, parmi les syndics hostiles ou suspects. Le gouverneur d'Annecy ferait certainement certainement de même, si c'était nécessaire. »[72],[73]. Le docteur Albert-Eugène Lachenal, gouverneur-régent d'Annecy appliquera ces consignes. Tout est fait pour préserver l'unité de l'ancien duché et le projet de réunion. D'ailleurs, afin de contrer l'éventualité d'un projet de rattachement à la Suisse, on lance l'idée d'une grande zone franche couvrant la majeure partie de la Savoie du Nord.

La zone franche

Entre février et mars 1860, une pétition circule en Chablais et Faucigny pour un rattachement à la Suisse. La pétition indique : « Nous avons été réunis à la France pendant quelques années et un grand nombre sentent encore leur cœur battre au souvenir de cette époque. Nous sommes étroitement unis au Piémont depuis 1848. Cependant, malgré toutes nos sympathies soit pour l'Italie libre, soit pour la France, d'autres sympathies d'un autre ordre plus élevé nous mènent à décider l'annexion à la Suisse... Oui, tel est notre désir le plus ardent, fondé sur nos rapports exclusifs avec Genève, sur nos intérêts commerciaux, sur tant d'avantages que nous ne saurions trouver ailleurs. ». Elle reçoit le soutien du Journal de Genève qui relaye les différentes initaives pro-helvètes. En réalité, cette idée d'une union à la Suisse est le fait de deux villages savoyards, Boëge et Saxel. Cette dernière reçu 13 651 signatures dans 60 communes du Faucigny, 23 du Chablais français et 13 aux environs de Saint-Julien-en-Genevois[Note 19],[73]. Cette initiative est par ailleurs encouragée par Berne, soutenu par le Royaume-Uni[74], malgré l'opposition de plusieurs canton-villes alémaniques du plateau suisse à la création d'un 23e canton qui soit à la fois francophone et à majorité catholique[75].

Le Courrier des Alpes, quant à lui dans son édition du 18 février 1860, dénonce ces « manœuvres » visant à diviser le duché[Note 20],[76]. Pour éviter cette division de la partie Nord, le député libéral de Bonneville, Joseph Jacquier-Châtrier fait la promotion d'une grande zone franche devant englober le Chablais savoyard et le Faucigny[77]. Il indique que : « N'en doutez pas, l'Helvétie a ses partisans. Un pays qui ne paye pas d'impôts, qui n'est pas travaillé par des ambitions dynastiques et qui n'est pas privé, par la levée militaire et un service permanent, de la fleur de sa jeunesse, ce pays-là a un prestige qui vaut bien celui des trois couleurs... »[78],[79].

Ce projet de zone est combattu par le journal savoyard pro-helvète, La Savoie du Nord, et le Journal de Genève qui dans son édition du 2 mars 1860 s'oppose ainsi à celle-ci « Cette promesse de zone est un mensonge, on veut vous tromper pour vous faire voter pour la France. (...) Soyez certains que si la France prend le Chablais et le Faucigny, c'est pour forcer plus tard Genève à devenir française et, pour cela, il faut nécessairement que la ligne douanière soit aux portes mêmes de cette même ville et l'enserre comme un carcan pour lui faire crier merci et obtenir sa reddition ».

La zone franche reprend en partie la zone douanière préexistante située sur la vingtaine de communes savoyardes frontalières avec le canton de Genève (une partie d'entre-elles sont d'ailleurs données à la Suisse par le traité de Turin de 1816). En réalité, elle comprend trois ensembles distincts, à ne pas confondre avec la zone neutralisée de Savoie[78],[80] :

  • la « zone sarde de Saint-Julien » (151 km²), instauré par l'article III du traité de Turin de 1816.
  • la « zone sarde de Saint-Gingolph » (33 km²), instaurée par un manifeste royal du 9 septembre 1829.
  • une grande zone en Savoie du Nord (3 112 km², soit 70% du département de la Haute-Savoie), constituée des arrondissements de Thonon (Chablais), de Bonneville (Faucigny) et une partie de celui de Saint-Julien-en-Genevois (Haut-Genevois), créée en 1860. Elle est exonérée de tous droits d'entrée des produits en provenance de Suisse, par contre les produits étaient taxés lorsqu'ils passaient la frontière dans l'autre sens[Note 21].

Si les populations étaient plutôt favorables à cette mise en place, la propagande française sous la direction du sénateur Armand Laity, relayée par le gouverneur d'Annecy, le docteur Lachenal, est plutôt efficace. Par ailleurs, des savoyards de Paris reviennent dans leur province d'origine pour mobiliser leurs compatriotes.

La proclamation du vote

Le vote des 21 et 22 avril 1860, dont chaque savoyard connait d'avance les résultats, se déroule dans le calme. Les églises chantent la messe et le "Domine salvum fac Imperatorem" (Seigneur protège l'empereur)[Note 22]. Le 29 avril, la cour d'appel de Chambéry officialise les résultats du plébiscite dont la question était : « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? » Le scrutin secret a lieu par « Oui » ou par « Non », exception faite pour la partie Nord du duché, où un bulletin « Oui et Zone » est mis en place considéré comme l'expression d'une approbation.

Plébiscite avril 1860
Territoire Date Inscrits Votants Favorable au rattachement Votant « Oui et Zone Franche » Contre l'annexion Abstention Nuls (dont pro-helvétique) Armée
[Note 23]
Savoie 22/23 avril 135 449 130 839 130 533
47 076
[Note 24]
235 env. 600 71 6 033 sur
6 350
Sources : Henri Ménabréa[81] - Paul Guichonnet.


Le 29 mai 1860, la chambre de Turin ratifie par 229 voix contre 33 et 25 abstentions le traité de cession du 24 mars, et le Sénat par 92 voix contre 10[82]. Le 12 juin 1860, le sénat de Paris adopte le sénatus consulte de rattachement. La constitution et les lois françaises deviennent exécutoires à partir du 1er janvier dans toute la Savoie et l'arrondissement de Nice, qui à partir de ce jour font partie intégrante de l'Empire français. Le 14 juin, au château de Chambéry, se déroule la cérémonie officielle de « remise du territoire savoisien et sa réunion à la France » avec l'échange de signatures entre le sénateur Armand Laity, commissaire de l'empereur, le chevalier Carlo Bianchi de Castagné commissaire du roi de Sardaigne, en présence des deux futurs préfets de Savoie et de Haute-Savoie[83].

Le plébiscite est unanime. Il faut toutefois rappeler que dans des communes, les bulletins « non » étaient absents. L'intendant de Maurienne, Édouard Milliet de Faverges et de Challes, écrit le 16 avril 1860 au gouverneur intérimaire à Chambéry, Charles Dupasquier : « Quant aux bulletins « NON » aucun n'a été distribué... La légalité tue, disait M. Guizot, M Laity m'a fait comprendre qu'il faut se défendre aussi contre la légalité. Combien de fois ne l'ai-je pas maudite ! Que d'iniquités avec la légalité ! Elle est d'autant plus digne de haine qu'elle est souvent souverainement hypocrite ! Et cependant, sans cette légalité, avec les meilleures intentions du monde on mènerait tout à la diable. En attendant, je laisse aller à la diable les bulletins non »[84],[85].

Sources

Notes

  1. Les parties restant à la France sont les cantons de Frangy, de Saint-Julien, moins quelques communes, de Reignier, ainsi que celui de La Roche. L'arrondissement de Chambéry sauf les cantons de l'Hôpital-Conflans, de Saint-Pierre-d'Albigny, La Rochette et de Montmélian. Enfin, l'arrondissement d'Annecy à l'exception d'une partie du canton de Faverges. Extrait de J.-J. Vernier, Études historiques et géographiques sur la Savoie, Le Livre d'Histoire - Res Universis, 1896, édition 1993 (ISBN 2-7428-0039-5)(ISSN 0993-7129), p. 117-118 . Voir aussi le traité sur le site de Recueil des traités et conventions entre la France et les puissances alliées en 1814 et 1815. suivi de l'acte du Congrès de Vienne. 1815. sur Gallica de la Bibliothèque Nationale de France. Consulté le 9 mai 2009. « Articles 7 et 8 », p. 10.
  2. Citation extraite d'une lettre de Joseph de Maistre à son roi. « Donnez-nous à qui vous voudrez, même au Sophi de Perse (titre porté par le souverain de Perse), mais délivrez-nous de la tyrannie des majors de place piémontais ! ». Cité entre autres par Paul Guichonnet, Nouvelle histoire de la Savoie, Privat, 1999 (ISBN 2-70898-315-6 et 978-2-7089-8315-1), p. 262 .
  3. La Constitution du royaume de Sardaigne, appelé Statut albertin, du 4 mars 1848, stipule dans son Article Premier : « La religion catholique, apostolique et romaine est la seule religion de l'État. Les autres cultes actuellement existants sont tolérés conformément aux lois ». Constitution de 1848 sur le site Jean-Pierre Maury, « Constitution du royaume de Sardaigne, puis du royaume d'Italie - Statut albertin - 1848 » sur Digithèque de matériaux juridiques et politiques - Université de Perpignan, 2002. Consulté le 9 mai 2009. Cet article sera repris lors des accords du Latran, signés au palais du Latran, le 11 février 1929, entre le représentant de l'Italie, Benito Mussolini, et le représentant du Saint-Siège, le cardinal Gasparri, secrétaire d'État du pape Pie XI.
  4. Les armées révolutionnaires françaises envahissent la Savoie dans la nuit du 21 au 22 septembre 1792. Voir Histoire de la Savoie de 1792 à 1815.
  5. Gaspard Roget de Cholex (1771-1828) est un avocat genevois. Il obtient de Charles-Felix le titre de comte en 1824. André Palluel-Guillard, L’aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Éditions Cabedita, 1999 (ISBN 2-88295-260-0), p. 618 .
  6. Victor-Amédée Cordon Sallier de La Tour (1773-1858) est un militaire qui devient gouverneur de Turin, maréchal de Savoie, puis ministre avant de devenir vice-président du Sénat de Savoie. André Palluel-Guillard, L’aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Éditions Cabedita, 1999 (ISBN 2-88295-260-0), p. 607 .
  7. La Savoie est considérée, en général, comme le berceau territorial de la Maison de Savoie et le noyau central des États de Savoie, bien que la dynastie soit apparue dans le comté de Maurienne, avec les humbertiens (voir Humbert Ier de Savoie), vers le XIe siècle.
  8. L’abbaye d'Hautecombe est considérée comme la nécropole de la Maison de Savoie depuis Humbert III de Savoie, en 1189. Dix comtes, deux ducs et deux rois appartenant à la Maison de Savoie y sont enterrés.
  9. Jean-Joseph de Verneilh-Puyraseau (1756-1839) était un homme politique français et député du département du Mont-Blanc. Citation p.139.
  10. L'École royale d'horlogerie, fondée en 1848, devient un lycée technique en 1960. Il fermera ses portes en 1989. Il est aujourd'hui le lycée Charles-Poncet. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie. Hier et aujourd'hui, La Fontaine de Siloë, 2007 (ISBN 2-84206-374-0 et 978-2-8420-6374-0), p. 174 .
  11. Archives départementales de la Savoie, André Perret, Guide des Archives de la Savoie, Archives départementales de la Savoie, 1979, p. 306 . Un ouvrage de 1847 indique : « Le Duché de Savoie, qui contient 629 communes, possède 647 écoles primaires pour les garçons et presque autant pour les filles ». Cité dans Lambert Elizabeth d'Aubert Résie, La Savoie : voyage à Chambéry et aux eaux d'Aix. Avec des remarques sur le gouvernement, les institutions, la politique, les mœurs, etc. ; des détails historiques, géographiques, statistiques et géologiques sur cette partie des Etats du Roi de Sardaigne, 11847, p. 181 . Il y avait 1 900 écoles primaires lors de l'Annexion. Cité par André Palluel-Guillard, 1986, p.216.
  12. A l'époque où la Savoie faisait partie de la France, il a été reconnu que sans le mélange de la gueuse provenant de la minière de Saint-Georges-d'Hurtières, on ne pouvait parvenir à fabriquer le bon acier dont on se servait dans les fabriques d'armes, quincailleries, etc...
  13. Cette jonction est refusée par le gouvernement français qui préfère développer son réseau en Dauphiné et relier Lyon à Genève. in Jean Chaintreau, Jean Cuynet, Georges Mathieu, Les chemins de fer: Paris-Lyon-Méditerranée (Volume 1 de Collection Grands réseaux), La Vie du rail, 1993, p. 47 .
  14. Gustave de Martinel, Aix-les-Bains, député au parlement de Sardaigne (1853-1860). Jules Mouxy de Loche, Histoire d'Aix-les-Bains, Imprimerie Savoisienne, 1899, rééd. 1978, p. 333 .
  15. La population de la division administrative de Chambéry s'élevait à 318 266 habitants, celle d'Annecy à 274 057 habitants
  16. La loi proposée par Urbano Rattazzi est approuvée majoritairement à la Chambre. Sur les 23 voix d'opposition, on retrouve 15 des 22 députés savoyards.
  17. La Savoie du Nord est l'organe de la tendance pro-suisse, très anti-annexionniste, et n'est éditée que du 27 février au 5 mai 1860. Voir documents sur Wikisources
  18. Discours du 10 février 1859 devant le Parlement de Turin.
  19. On note aussi que certains signataires ont une signature étranges : MM. Pain, Viande, Rotisseur, etc. ou encore que des "idiots" ont apposé leur signature. Citation tirée de Luc Monnier, L'annexion de la Savoie à France et la politique suisse, 1860, A. Jullien, 1932, p. 98 .
  20. « L'éventualité de la réunion de la Savoie à la France donne lieu à des manœuvres de toute sorte dans la ville de Genève et au-dehors : dans la ville de Genève et au-dehors visant à détacher de la vieille famille savoisienne les provinces du Chablais, le Faucigny, et même d'une partie de celle d'Annecy. De semblables tentatives, qui menacent d'anéantir une communauté d'intérêts, de sentiments, de gloire et d'honneur national (...) Diviser la Savoie, ce serait déchirer son histoire, humilier sa noble et patriotique fierté, c'est-à-dire insulter à ce qu'un peuple a de plus cher au monde (...) » cité par Victor-Bénigne Flour de Saint-Génis (1869, p.355), Luc Monnier (1932, p.113), dans les Mémoires et documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie (1933, p.115)
  21. La loi du 16 février 1923 met fin à cette grande zone franche, ainsi qu'à la zone neutralisée de Savoie, suite à une entente entre la France et la Suisse. Voir Delaloye, 2002.
  22. Jugement porté par le docteur Truchet d'Annecy le 8 juin 1860.
  23. Il s'agit ici des Savoyards engagés dans les différents corps d’armée et ne se trouvant pas dans le duché lors du plébiscite, notamment la prestigieuse Brigade de Savoie se trouvant à Turin. Sur 6 350 votes militaires, il y eu 6 033 oui, 283 non et 34 bulletins nuls. Voir aussi l'article « Les militaires savoyards et niçois entre deux patries, 1848-1871 : approche d'histoire militaire comparée : armée française, armée piémontaise, armée italienne » de Hubert Heyriès, p.237, publié dans le volume 30 de la Collection Études militaires (UMR 5609 du CNRS, Université Paul-Valéry-Montpellier III), publié en 2001. ISBN 2-84269-385-X, ISBN 978-2-8426-9385-5.
  24. L'unanimité est quasi-totale. Les suffrages exprimés pour la partie concernée étaient au nombre de 47 774. Ils sont complétés de 232 bulletins « Oui », et seulement 132 « non » et 35 nuls. Cité par Justinien Raymond, La Haute-Savoie sous la IIIe République : histoire économique, sociale et politique, 1875-1940, Atelier national de reproduction des thèses, 1983 (ISBN 2-90352-825-X), p. 44 .

Références

  1. CH 1969, p. 63, Extrait du « Journal d'un paysan de Maurienne pendant la Révolution et l'Empire » de Joseph-Marie Feaz, paru en 1915.
  2. [PDF] Archives de l'ancien duché de Savoie sur www.sabaudia.org. Consulté le 19 avril 2009. « « Avant-Propos » Archives de l'ancien duché de Savoie (série SA), Inventaire, tomé 1 : « Archives de cour », Gardet, 1966. »
  3. André Palluel-Guillard, L’aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Éditions Cabedita, 1999 (ISBN 2-88295-260-0), p. 517 .
  4. a et b Palluel 1986, p. 118.
  5. Archives départementales de Savoie, « Fonds Sardes – 1814-1860 », Gabriel Pérouse
  6. Palluel 1986, p. 121-128.
  7. Ouvrage de J.-J. Vernier, 1896, Études historiques et géographiques sur la Savoie, pp.120-137 édition 1993, Res Universis.
  8. Journal des travaux de la Société française de statistique : Par Société française de statistique universelle, publié par La Société, 1837
  9. a et b CH 1969, p. 68, Louis Comby.
  10. Palluel 1986, p. 91.
  11. Palluel 1986, p. 210.
  12. Selon le titre d'un article de Marius Hudry et Jean-Marc Ferley, publié en 1985 dans la Revue savoisienne de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.
  13. Guglielmo Pepe, Relation des évènements politiques et militaires qui ont eu lieu à Naples en 1820 et 1821, Crapelet, 1822, p. 81 .
  14. Edigoffer 1992, p. 82.
  15. a et b Frédéric C. Napoléon d'Héran, Du Duché de Savoie ou état de ce pays en 1833, Delaunay, 1833, pp. 246-248.
  16. Société française de statistique universelle, Journal des travaux de la Société française de statistique, La Société, 1837 .
  17. a et b Palluel 1986, p. 206.
  18. José Orval, Histoire humaine de la Franc-Maçonnerie spéculative, Éditions du CEFAL, 2006 (ISBN 2871302200), p. 200 .
  19. Académie de Savoie, Mémoires, 1864, p. 399, Eugène Burnier, Histoire du Sénat de Savoie, Livre X, « La Restauration - 1814-1848 » .
  20. Roger Devos, « Visitandines d'Annecy aux XVIIe et XVIIIe siècles », in Mémoires & documents, Académie salésienne, 1973, chap. 84, p. 58 .
  21. Edighoffer 1992.
  22. a, b et c Sorrel 1996, p. 284-285.
  23. Pierre Barral, Les Agrariens français de Méline à Pisani, A Colin, avril 1968 (ISBN 2-7246-0208-0 et 978-2-7246-0208-1), p. 104 .
  24. Présentée par Paul Guichonnet. Narcisse Perrin, L'horlogerie savoisienne et l'École nationale d'horlogerie de Cluses, RAffin et C* éditeurs puis Editions Cheminements, 1902, 2004 (ISBN 2-84478-032-6 et 978-2-8447-8032-4), p. 171 .
  25. Michel Germain, Gilbert Jond, Le Faucigny autrefois, La Fontaine de Siloë, Coll. « Chroniques de l'autrefois », 1995 (ISBN 2-84206-017-2 et 978-2-8420-6017-6), p. 56 .
  26. Leguay 2005, p. 91.
  27. Paul Lorain, Tableau de l'instruction primaire en France: d'après des documents authentiques, et notamment d'après les rapports adressés au ministre de l'instruction publique par le 490 inspecteurs chargés de visiter toutes les écoles de France, à la fin de 1833, Hachette, 1837, p. 305 
  28. Paul Guichonnet (sous la dir.), Histoire de l’annexion de la Savoie (et ses dossiers secrets), éd. Privat, 1988, p. 380 .
  29. CH 1969, p. 70, Louis Comby, « Victor-Emmanuel II et Cavour (1849-1859) ».
  30. SG 1869, p. 248.
  31. Palluel 1986, p. 100.
  32. Mikolaj Ambrozy Kubalski, Mémoires sur l'expédition des réfugiés polonais en Suisse et en Savoie, dans les années 1833-34, Merrlein, 1836 .
  33. Guy Gavard, Paul Guichonnet, Histoire d'Annemasse et des communes voisines : les relations avec Genève de l'époque romaine à l'an 2000, La Fontaine de Siloë, Coll. « Les Savoisiennes », 2006 (ISBN 2-84206-342-2 et 978-2-8420-6342-9), p. 200 .
  34. Repris par son fils Charles-Albert Costa de Beauregard, Épilogue d'un règne, Milan, Novare et Oporto. Les dernières années du roi Charles-Albert, E. Plon, Nourrit et cie, 1895, p. 577 .
  35. Thérèse Leguay, La Savoie, Éditions de Borée, 2000 (ISBN 2-84494-030-7), p. 67 . Lire aussi le dossier de Marius Hudry et des Amis du Vieux Conflans, Albertville a 150 ans: 1836-1986, 1986.
  36. CH 1969, p. 71, Louis Comby.
  37. Sorrel 1996, p. 351-352.
  38. Constitution de 1848 consultable sur le site Jean-Pierre Maury, « Constitution du royaume de Sardaigne, puis du royaume d'Italie - Statut albertin - 1848 » sur Digithèque de matériaux juridiques et politiques - Université de Perpignan, 2002. Consulté le 9 mai 2009. « Droits et devoirs des citoyens, articles 24 à 32. Pour le Sénat, articles 33 à 38. Pour la chambre des députés, articles de 39 à 45. ».
  39. a et b Leguay 2005, p. 99.
  40. Edighoffer 1992, p. 86.
  41. Anselme Pétetin, De l'annexion de la Savoie, Ouest France Université, 1859, p. 19 .
  42. Philippe Vigier, Maintien de l'ordre et polices en France et en Europe au XIXe siècle, Creaphis éditions, 1987 (ISBN 2-90715-002-2), p. 73-75 .
  43. a, b et c Frédéric C. Napoléon d'Héran, Du Duché de Savoie ou état de ce pays en 1833, Delaunay, 1833 .
  44. Article de Paul Guichonnet, «  Quelques aspects de la question ouvrière en Savoie à la veille de 1848 », paru dans Rassegna storica del Risorgimento, année XLII, fascicule II-III, avril-septembre 1955, pp.305-319.
  45. CH 1969, p. 73, « Le Prélat fidèle à l'évangile ».
  46. Palluel 1986, p. 145-146.
  47. André Palluel-Guillard, L’aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Éditions Cabedita, 1999 (ISBN 2-88295-260-0), p. 133 .
  48. CH 1969, p. 71, Louis Comby, « Victor-Emmanuel II et Cavour (1849-1859) ».
  49. Adolphe et Louis Gros, La Maurienne de 1815 à 1860, Imprimeries réunies de Chambéry, 1960, p. 55 .
  50. Henri Baud, Louis Binz, Le diocèse de Genève-Annecy, Editions Beauchesne, 1985 (ISBN 2-70101-112-4 et 978-2-7010-1112-7), p. 211 .
  51. Michel Germain, Gilbert Jond, Annecy et son lac autrefois, La Fontaine de Siloë, Coll. « La chronique de l'autrefois », 2000 (ISBN 2-84206-140-3, 978-2-8420-6140-1) .
  52. Paul Guichonnet, Quelques aspects de la question ouvrière en Savoie à la veille de 1848, Rassegna Storica del Risorgimento, 1995, p. 305-319 .
  53. Edmond de Talleyrand-Périgord, Souvenirs de la guerre de Lombardie pendant les années 1848-1849, 1851 .
  54. SG 1869, p. 298.
  55. René Avezou, Histoire de la Savoie, PUF, « Que sais-je », n°151, 1963 
  56. SG 1869, p. 299.
  57. Victor Advielle, Étude sur l'administration en Savoie avant et depuis l'annexion, suivie d'un vocabulaire explicatif des principales appellations et locutions en usage en Savoie, dans le langage administratif et judiciaire, Vienne, Joseph-Jean Timon, 1868, p. 8 
  58. Archives départementales de Savoie : Fonds Sardes – 1814-1860 – Gabriel Pérouse.
  59. Palluel 1986, p. 138-147.
  60. Dans les traces d'Hercule : les voies transalpines du Mont-Cenis et du Petit-Saint-Bernard, Presses des Ponts, 2003 (ISBN 2-85978-376-8 et 978-2-8597-8376-1)(ISSN 0993-7129) .
  61. Michel Amoudry, Quel avenir pour la Savoie ?, Éditions Cabedita, 2003 (ISBN 2-88295-368-2, 978-2-8829-5368-1), p. 84 .
  62. Henri Baud, Louis Binz, Le diocèse de Genève-Annecy, Editions Beauchesne, 1985 (ISBN 2-70101-112-4 et 978-2-7010-1112-7), p. 211 .
  63. Michel Germain, Gilbert Jond, Annecy et son lac autrefois, La Fontaine de Siloë, Coll. « La chronique de l'autrefois », 2000 (ISBN 2-84206-140-3, 978-2-8420-6140-1) .
  64. Thérèse Leguay, La Haute-Savoie, Editions de Borée, 2001 (ISBN 2-84494-056-0 et 978-2-8449-4056-8), p. 27 .
  65. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie. Hier et aujourd'hui, La Fontaine de Siloë, 2007 (ISBN 2-84206-374-0 et 978-2-8420-6374-0), p. 127 .
  66. Collectif, Cahiers d’Histoire, mars 1957, p. 420 
  67. CH 1969, p. 74-75, Louis Comby, « Victor-Emmanuel II et Cavour (1849-1859) ».
  68. Heyriès 2001, p. 147, voir aussi pp.84-85.
  69. a et b CH 1969, p. 76, Louis Comby, « Victor-Emmanuel II et Cavour (1849-1859) ».
  70. Guichonnet 1982, p. 166.
  71. Général Bordeaux, Le général Mollard, Aide de camp de l’Empereur (1801-1873), Chambéry, Imprimeries réunies, 1926, p. 26 .
  72. Luc Monnier, L'annexion de la Savoie à France et la politique suisse, 1860, A. Jullien, 1932, p. 275 
  73. a et b Guichonnet 1982, p. 163.
  74. Paul Guichonnet, Histoire de la Savoie, Privat, 1973, p. 156, « comme une parade pour que la Savoie du Nord conserve ses relations commerciales avec Genève » .
  75. Guichonnet 1982, p. 212.
  76. Guichonnet 1982, p. 181.
  77. Robert Colonna d'Istria, Histoire de la Savoie, France-Empire, 2002 (ISBN 2-70480-943-7 et 978-2-7048-0943-1), p. 279 .
  78. a et b Guichonnet 1982, p. 170.
  79. Jean de Pingon, Savoie française. Histoire d'un pays annexé, Yens-sur-Morges, Editions Cabédita, 1996 (ISBN 2-88295-184-1 et 978-2-8829-5184-7), p. 411 .
  80. Delaloye 2002.
  81. Henri Menabrea, Histoire de la Savoie, Éd. Bernard Grasset, 1933, 1958, p. 339 .
  82. SG 1869, p. 366.
  83. Michel Amoudry, Quel avenir pour la Savoie ?, Éditions Cabedita, 2003 (ISBN 2-88295-368-2), p. 9 .
  84. Cité par Académie florimontane, Revue savoisienne, Annecy, 1958, chap. Volume 100 à 105, p. 86 .
  85. Guichonnet 1982, p. 239.

Bibliographie

Ouvrages généraux :
Voir aussi la bibliographie générale sur l'article « Histoire de la Savoie », dont :

  • [Leguay 2005] Emmanuel Cerisier, Thérèse Leguay et Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Paris, Éditions Jean-paul Gisserot, 2005, Tome 8e éd., 128 p. (ISBN 2-87747-804-1 et 978-2-8774-7804-5) .
  • [Delaloy 2002] Gérard Delaloye, Un Léman suisse: la Suisse, le Chablais et la neutralisation de la Savoie (1476-1932), Éditions Cabedita, Coll. « Archives vivantes », 2002, 134 p. (ISBN 2-88295-345-3 et 978-2-8829-5345-2) .
  • [Sorrel 1996] Jean-Marie Mayeur, Christian Sorrel (dir.) et Yves-Marie Hilaire, La Savoie, Paris, Beauchesne, 1996, Tome 8e éd., 443 p. (ISBN 2-70101-330-5 et 978-2-7010-1330-5) .
  • [Edighoffer 1992] Roland Edighoffer, Histoire de la Savoie, PUF, coll. Que sais-je ?, 1992, 128 p. (ISBN 978-2-13-044838-9) .
  • [CH 1969] Cahiers d'Histoire (Revue) : « La Savoie. Des origines à nos jours », Lyon, PUF, mars 1969, Tome V, 4e éd. .

Ouvrages sur la période :

  • Sylvain Milbach, L'éveil politique de la Savoie, 1848-1853 : Conflits ordinaires et rivalités nouvelles, Presses Universitaires de Rennes, Collection « Histoire », 2008, 216 p. (ISBN 2-75350-697-3 et 978-2-7535-0697-8) .
  • Sylvain Milbach, Entre Piémont et France : la Savoie déroutée, 1848-1858, Éditions de l'université de Savoie, 2008, 302 p. (ISBN 2-915797-50-1 et 978-2-9157-9750-3)(ISSN 1771-6195) .
  • [Heyriès 2001] Hubert Heyriès, Les militaires savoyards et niçois entre deux patries, 1848-1871 : Approche d'histoire militaire comparée : armée française, armée piémontaise, armée italienne, Montpellier, UMR 5609 du CNRS, Université Paul-Valéry-Montpellier III, 2001, Volume 30 de Études militairese éd., 575 p. (ISBN 2-84269-385-X et 978-2-8426-9385-5) .
  • Centre d'études franco-italien, Culture et pouvoir en Italie et dans les États de Savoie de 1815 à 1860, Slatkine, 2000, 157 p. (ISBN 8877609141 et 978-8-8776-0914-4) .
  • [Palluel 1986] André Palluel-Guillard (dir.), La Savoie de Révolution française à nos jours, XIXe-XXe siècle, Ouest France Université, 1986, 626 p. (ISBN 2-85882-536-X) .
  • Robert Avezou, « La Savoie depuis les réformes de Charles-Albert jusqu’à l’annexion », Chambéry, Impr. Chambérienne, 1934 , tome 69, pp. 3-176 et tome 70 pp. 75-247 in Mémoires et Documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.
  • [SG 1869] Victor-Bénigne Flour de Saint-Génis, La révolution (1713 à 1860) : Volume 3 de Histoire de Savoie d'après les documents originaux depuis les origines les plus reculées jusqu'à l'annexion, Chambéry, Imprimerie Bonne, Conte-Grand, 1869, 625 p. .

Ouvrages sur l'Annexion de la Savoie (Voir aussi la bibliographie principale) :

  • Denis Varaschin (dir.), Aux sources de l'histoire de l'annexion de la Savoie, Peter Lang, 2009, 625 p. (ISBN 9-05201-570-8) .
  • [Guichonnet 1982] Paul Guichonnet, Histoire de l'annexion de la Savoie à la France et ses dossiers secrets, Le Messager-Horvath, 1982, 354 p. (ISBN 2-85882-536-X) .
  • Friedrich Engels, La Savoie, Nice et le Rhin (1860), in Karl Marx, Friedrich Engels, Ecrits militaires. Violence et constitution des états européens modernes, éditions L'Herne, traduction et introduction de Dangeville, 1970, pp. 449-490.

Annexes

Articles connexes

Articles généraux :

Articles détaillés concernant la Savoie :

Articles en lien concernant les pays voisins :

Liens externes

Institutionnels

Autres



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