Histoire de la Libye

Histoire de la Libye

La Libye est un pays d'Afrique du Nord, dont le nom dérive de celui du peuple Libou. Sous l'Antiquité, le nom de ce peuple a également été à l'origine de celle de la région du continent communément appelée Libye antique, et de la dénomination de Libyens pour désigner les populations nord-africaines. Le territoire de l'actuelle Libye a été, au cours de l'Histoire, la possession de divers peuples et États, dont l'Empire romain, l'Empire byzantin, l'Empire ottoman, et enfin au XXe siècle le Royaume d'Italie. À la Régence de Tripoli sous l'Empire ottoman, a succédé, à partir de 1911, la colonie italienne de Libye : à cette occasion, le pays a repris l'appellation de Libye, en vigueur sous l'Antiquité. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale, que la Libye a émergé en tant que véritable État souverain. Le Royaume de Libye, proclamé en 1951, a été renversé en 1969 lors de la prise de pouvoir de Mouammar Kadhafi. Ce dernier a ensuite exercé en Libye un pouvoir sans partage sur le gouvernement de la Jamahiriya arabe libyenne, occupant une place singulière sur l'échiquier politique international, jusqu'au déclenchement en 2011 d'un révolte armée contre son régime. Mouammar Kadhafi est tué le 20 octobre 2011, et la « libération » du pays proclamée le 23.

Sommaire

Préhistoire

Art préhistorique, désert libyen.

Paléolithique moyen en Libye et Cyrénaïque

L'Atérien et le Moustérien

La chronologie absolue fiable pour le Paléolithique moyen de l'Afrique du Nord en est encore à ses débuts. À l'exception du Maghreb où l'Atérien est susceptible d'avoir survécu jusque vers 30 000 ans, pour la majeure partie de l'Afrique du nord, la séquence du paléolithique moyen se trouve au-delà des possibilité de datation par le carbone 14. Les déterminations d'âge proviennent d'autres techniques comme la thermoluminescence, l'ESR et l'OSL. Les dates disponibles suggèrent que le Moustérien était présent dans le sud-est du Sahara au début de la fin du Pléistocène moyen (250-240 000 ans). Ces premières trouvailles datées du Paléolithique moyen sont identifiées comme du Moustérien et montrent de nombreuses affinités formelles avec le Moustérien du sud-ouest de l'Asie et de l'Europe.

Deux sites majeurs offrent des assemblages moustériens en Cyrénaïque: Hajj Creiem (142:142ff) et Haua Fteah (20). L'Atérien est aussi présent à Haua Fteah ainsi qu'à Wadi Gan (142 : 22ff), mais est absent du site de Hajj Creiem, qui semble présenter une relativement courte période d'occupation. D'autres sites atériens sont présents dans le Tadrart Acacus, dans le sud et l'ouest de la Libye (143,144).

Haua Fteah est une grotte très large et profonde, avec une très longue séquence du Paléolithique moyen, qui comprend des horizons atériens et moustériens. Il existe deux dates carbone 14: 43 400± 1300 ans BP (GrN -2564) et 47 000± 3200 ans BP (GrN -223) (20:48ff). La méthode C14 montre des limites quant à la certitude de ces dates. De rares pièces atériennes se rencontrent aussi dans des horizons du début du paléolithique moyen (couche XXXV), que McBurney (20:105;106) date de la fin du dernier interglaciaire, sur la base de calculs de températures basés sur des coquillages marins associés. Ces niveaux dateraient de plus de 70 000 ans. Les outils de type atériens (grattoirs, burins ; des pièces foliacées bifaciales, des racloirs et des pièces pédonculées) ont été retrouvés en quantité notable. Ils sont légèrement plus fréquent dans la séquence haute mais disparaissent dans la séquence inférieure (couches de sédiments). Des indices isotopique des coquillages retrouvés dans ces sédiments indiquent une température froide. Dans ce cas, les niveaux moustériens semblent suivre l'Atérien.

Un assemblage très différent a été retrouvé à Wadi Gan, dans l'ouest de la Libye (142:225ff). Le site est un mince horizon d'occupation. L'assemblage consiste en quelques nucléus de très petite taille, d'outils fait de pièces pédonculées, des pointes moustérennes (quelques-unes denticulées et qui peuvent être classées comme des pointes de Tayac), des racloirs, des grattoirs ; d'autres outils comprennent des denticulés, un burin et une pièce foliacée. Les fréquences des pièces pédonculées et des pointes sont plus élevées et celles des pièces foliacées bifaciales plus faibles, dans le Wadi Gan que dans les niveaux atériens de Haua Fteah. L'importance du nombre des grattoirs par rapport aux racloirs, et la pauvreté en pièces foliacées bifaciales au Wadi Gan rappelle l'Atérien tunisien. Cela pourrait indiquer un contact avec des groupes du paléolithique supérieur présents dans l'est de la Libye vers 35 000 ans et dans la vallée du Nil avant 32 000 ans. L'assemblage du Wadi Gan serait plus récent, entre 30 000 et 35 000 ans.

Restes humains

Deux fragments de mandibules, une d'adulte et l'autre juvénile, ont été découverts par McBurney dans la couche (XXXIII) levallois-moustérienne, à proximité de l'interface avec la couche XXXIV, et environ 2,5 m sous le niveau du début du Paléolithique supérieur. Les données paléoclimatiques indiquent un épisode froid et une date C14 de 47000 ans BP, permettent à McBurney de situer ces hominidés à une époque contemporaine du début du Vistulien. D'après l'examen des mandibules par Klein et Scott, il a été démontré l'absence de caractères néandertaliens dans ces fragments. Il a été alors proposé comme au Djebel Irhoud ou les Atériens de Dar es Soltan, que cette population non-néandertalienne n'était cependant pas encore totalement moderne[1].

Néolithique

De 10 000 à 8 000 ans, apparition de la culture des céréales dans le croissant fertile englobant le Nil. Premiers centres de civilisation primitive, Merimde, Maadi, Fayoum, Tasa, Badari, Nagada. Maisons à angles droits, d'abord en roseaux recouverts d'argile, puis en pisé et enfin en brique séchée. Comme à la période précédente, il n'existe aucune différence notable de civilisation et de peuplement entre la Libye, l'ensemble du Maghreb et l'Égypte. Ce sont les descendants des Caspiens.

De 10 000 ou 8 000 ans, apparition en Tunisie, Libye, Kenya, Palestine, Égypte d'une culture négroïde dite Capsien caractérisée par des petites lames en forme de demi-lune. Culture des « bifaces » et civilisation de la « pierre éclatée » dans tout le Maghreb.

De 7 000 à 9 000 ans, culture au Maghreb dite « Ibero-Maurusien » qui disparut il y a dix mille ans sans laisser de descendance (d'après certains chercheurs il n'y aurait aucun rapport entre ce cro-magnoïde venu de la péninsule ibérique et les Guanches des îles Canaries). Il aurait donc disparu sans laisser de descendance).

De 6 000 à 4 000 ans dans le Sahara, c'est la période des chasseurs ou du Bubale.

De 4 000 à 1 500 ans, arrivée de pasteurs indo-européens venus d'Asie Mineure. Poursuite de la civilisation des Capsiens (petits groupes de chasseurs négroïdes à la pierre polie, semi-nomades, javelots, massues, sagaies, flèches, harpons, emploi d'ocre comme colorant, usage de meule pour écraser les produits de la cueillette, art de coudre les peaux, de travailler l'os avec des grattoirs, de tresser, puis la poterie font leur apparition). Commerce intensif de l'ambre et de l'étain entre l'Europe, la Méditerranée, l'Asie Mineure, le Proche-Orient, par terre ou par mer. Sur le plan stylistique, c'est la grande période des pasteurs de bœuf, histoire du Bos Taurus qui verra les roches du Sahara se couvrir de peintures rupestres, peintures rupestres du Sahara - Tassili-n-Ajjer, Adrar des Iforas, Aïr, Ahnet, Ahaggar, identique à Ouenat (Nubie)- variété des types humains ; négroïdes, leucodermes et mixtes.

Le pasteur de la fin de l'âge de pierre domestique le bétail, chèvres, moutons, pratique la cueillette de graminées sauvages, et commence tout juste la culture de parcelles au bord du Nil. L'habitat dans le désert est troglodytique ou sous des huttes faites de branchages, tandis que près des fleuves et vers l'Égypte les habitations sont faites en briques et en argile. Sur le plan spirituel c'est la poursuite de la mystique pastorale, commune à tous les peuples pasteurs, initialisée en Asie Mineure et présente en Afrique d'une manière similaire chez tous les groupes berbères et une « religion du Bœuf » commune à toute la Méditerranée. Mais c'est là, dans le désert encore vert que va se forger l'ethnogenèse berbère[2].

À l'Est de la future Libye, dès 3 000 av. J.C. alors que le delta n'est encore qu'un marigot émergeant tout juste de la mer, commence une toute nouvelle civilisation : la civilisation égyptienne.

Peu à peu, Égypte et Libye vont affirmer leurs identités respectives. L'Égypte va se tourner vers l'Orient dont elle est pour partie issue, la Libye va se tourner vers sa seule voie d'expansion possible, la mer Méditerranée, dont elle reçoit régulièrement, par bateaux, la visite de peuples maritimes, en particulier des civilisations egéenne et phénicienne. De fait, dès le Néolithique, la plupart des habitants de la Libye habitent le front de mer, tandis que l'interland en voie de désertification dès le IIe millénaire av. J.-C. constitue un repli pour des groupes épars, réunis en chefferies et en communautés de pâtres.

Période du cheval

Vers -1500 ans, période du cheval, s'étendant jusqu'aux premiers siècles de l'ère chrétienne. On observe l'apparition de petites aristocraties locales suffisamment puissantes et influentes pour nouer alliance avec les peuples belliqueux de Méditerranée, l'arrivée de populations venues du nord de l'Europe, de Colchide (ancienne Géorgie), d'Asie Mineure, du Proche-Orient et d'Iran. Des chars attelés font leur apparition, de facture identique à ceux de la Grèce antique (tombes à fosses du cercle A de Mycènes, stèle du Péloponnèse représentant des chars identiques ; décors à base de cercles, spirales et courbes enlacés prisés de longue date par les Egéens). Sont aussi présentes des armures et des lances à armature métallique, arme de prédilection des pasteurs de bovins du Sahara méridional.

Au nord, des affrontements contre l'Égypte se poursuivront jusqu'à la romanisation du Maghreb (~Ve siècle av. J.-C.). Peu à peu les tribus libyennes du sud vont être repoussées vers le Sahel et ce pour deux raisons très simples : la désertification du Sahara commencé au IIe millénaire avant notre ère et l'entretien d'une cavalerie sensible aux écarts de températures et aux épizooties. Moutons et chèvres sont gardés sur les côtes (désert de Syrte ; Cyrénaïque), sur les monts de la chaîne libyque. Le désert Libyque est traversé par des bouviers.

Antiquité

Anciens Libyens représentés par des Égyptiens
Arc de Marc Aurèle à Tripoli (Libye)

Dès le IIe millénaire av. J.-C., les Libous, installés en Cyrénaïque, forment un peuple redouté des Égyptiens. Vers 1000 av. J.-C., les premiers comptoirs phéniciens sont fondés sur la côte libyenne.

Durant l’Antiquité, les principales parties de l’actuelle Libye sont :

En Grèce antique, le mot « Libye » est alors employé pour désigner toute la zone côtière de l’Afrique du Nord comprise entre le Nil et l’Atlantique, ainsi que l’arrière-pays désertique. Le terme Libyens désigne alors un ensemble de populations dont la présence en Afrique du Nord est antérieure à l'arrivée des Phéniciens, comprenant les ancêtres des actuels Berbères[3].

La Libye grecque

En 631 av. J.-C. des navigateurs grecs s'installent sur la côte cyrénenne. Les premiers sont originaires de Théra; des navigateurs venus des autres cités grecques le rejoignant bientôt. Les Grecs s'installent sur la côte, et contractent de nombreuses unions avec des femmes du pays : le premier navigateur grec à avoir rejoint le pays devient roi de Cyrène, sous le nom de Battos Ier, fondant la dynastie dite des Battiades. Sous les règnes de ses successeurs, Battos II, la présence des Grecs remet en cause l'équilibre agro-pastoral des tribus libyennes. Les Libyens tentent alors de chasser les Grecs avec l'aide du pharaon Apriès, mais sont défaits vers 570 av. J.-C. Par ailleurs, vers la fin du VIe siècle av. J.-C, les Phéniciens s'installent sur la côte de Tripolitaine, et gagnent Syrte à partir de Carthage. Le commerce et la vie urbaine se développent, ainsi que la sédentarisation dans les campagnes[4].

Cyrène s'impose vite comme la plus grande cité grecque d'Afrique. Les colons bâtissent leur fortune sur le commerce du silphion ou silphium, une plante recherchée pour ses vertus culinaires et médicinales. Signe de l'importance de la ville, le monumental temple de Zeus, édifié au Ve siècle av. J.‑C., est comparable à celui d'Olympie. La dynastie des Battiades est cependant confrontée à la montée en puissance de l'aristocratie, qui fonde la cité de Barca, dans le Djebel Akhdar, avec l'appui des tribus libyennes. Le roi Battos III doit accepter de réduire ses prérogatives, mais son fils Arcésilas III tente ensuite de les reconquérir par la force. Battu, il reconquiert Cyrène à la fin du IVe siècle av. J.‑C., avec l'aide de Polycrate de Samos. Il se tourne ensuite vers l'Empire perse pour obtenir sa protection, mais est assassiné à Barca. Les Perses interviennent alors sur demande de la reine-mère, et détruisent Barca. Cyrène devient un protectorat perse jusqu'à ce que la perte d'influence des Perses amène à la chute du roi Arcésilas IV vers 440 av. J.-C. Le royaume de Cyrène devient alors une République et passe ensuite sous la tutelle de la Dynastie des Ptolémées d'Égypte. La cité est à l'époque particulièrement florissante, et fait preuve d'un grand dynamisme commercial[5].

La Libye romaine

Au Ve siècle av. J.-C. la côte méditerranéenne est dominée par les Carthaginois: en 321 av. J.-C., les territoires bordant la Méditerranée sont annexés par Ptolémée Ier. La Tripolitaine ne se développe réellement qu'à partir de l'effacement de Carthage et la montée en puissance de Rome. En 96 av. J.-C., Ptolémée Apion lègue à sa mort ses droits royaux aux Romains. La Cyrénaïque devient alors une province romaine. La main-mise de Rome sur la Tripolitaine et le Djebel Akhdar s'accélère elle aussi, du fait de la nécessité de l'hégémonie en Méditerranée. En 74 av. J.-C., les cités libres du Djebel Akhdar sont réduites à l'état de provinces romaines. En 67 av. J.-C., la Cyrénaïque est jumelée par Pompée avec la Crète[6],[7]. Durant le Ier siècle av. J.‑C., les trois régions qui forment l'actuelle Libye (Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan) passent sous la domination de l'Empire romain dont l'actuelle Libye, alors riche et fertile, devient l'un des greniers à grain, connaissant un vif essor aux IIe et IIIe siècles. La Tripolitaine donne à Rome l'empereur Septime Sévère, qui accorde à sa terre natale le jus italicum, soit l'assimilation de son sol à celui de l'Italie et l'exemption de l'impôt foncier[8].

L'Antiquité tardive et la Libye byzantine

Le monde méditerranéen en 527.

Durant le premiers tiers du IIIe siècle, l'empereur Dioclétien sépare la Cyrénaïque de la Crète et la divise en deux provinces, la Libye sèche et la Libye Pentapole. À l'ouest, une province de Tripolitaine est créée. À cette époque, la sédentarité des populations commence à s'affaiblir et à céder à nouveau la place à un nomadisme agricole et pastoral. La Tripolitaine perd de sa fertilité, notamment semble-t-il du fait de la surexploitation des sols. Durant le Ve siècle, les provinces libyennes sont attaquées par les Vandales, qui occupent Sabratha et isolent Oea et Lepcis Magna. Un siècle plus tard, vers 533, le territoire est reconquis par l'Empire byzantin, mais le pays est durablement appauvri. Si la domination byzantine sur les Libyens prend parfois un tour brutal, le christianisme progresse à l'époque en Libye[9].

Moyen Âge et Renaissance

La conquête arabe de la Libye

L’expansion de l’empire islamique de 622 à 750.

Pendant le Haut Moyen-Âge, l'Empire byzantin subit les attaques arabes lancées depuis l'Égypte. Sous le commandement du général arabe 'Amr ibn al-'As, les troupes du calife `Umar ibn al-Khattāb conquièrent facilement la Cyrénaïque en 642-643. En 647, une armée de 40 000 hommes, commandée par ‘Abdu’llah ibn Sa‘ad, poursuivit plus à l'ouest et s'empare de Tripoli, puis de Sufetula (à quelque 260 km au sud de Carthage). En 663, les conquérants arabes arrivent au Fezzan, sous la conduite de Oqba Ibn Nafi Al Fihri. Selon la légende, seule la ville de Ghadamès aurait opposé une véritable résistance, sous l'impulsion de Dihia. Les conquérants arabes semblent s'être montrés relativement tolérants envers les chrétiens de Libye; les églises sont cependant progressivement abandonnées du fait du recul de la sédentarisation et de la vie urbaine. La vie rurale demeure marquée par l'autarcie : isolées, soumises comme ailleurs à l'impôt sur les non-musulmans, les communautés chrétiennes disparaissent lentement au cours du Moyen-Âge. La Libye retrouve par ailleurs son importance en tant que voie de passage entre le Maghreb et le Mashreq, notamment lors du passage des Fatimides de Mahdia vers l'Égypte en 972. En Ifriqiya, les Zirides sont installés au pouvoir par les Fatimides, mais se révoltent ensuite contre leurs protecteurs : vers l'an 1050, les Fatimides lancent alors les tribus Beni Hilal et Beni Suleim à l'assaut de l'Ifriqiya, ce qui semble avoir porté le coup de grâce à la vie sédentaire et à l'agriculture libyennes[10].

La Libye du XIe au XVIe siècle

La période suivant la conquête arabe est l'une des plus mal connues de l'histoire de la Libye. La région du Djebel Akhdar vit largement repliée sur elle-même, livrée au nomadisme. Dans le sud, les grands caravaniers se livrent des conflits réguliers. En 1185, le Royaume du Kanem-Bornou prend le contrôle d'une partie du territoire, mais est chassé au XIVe siècle par les Marocains, qui fondent la ville de Mourzouq. Les Normands s'emparent de la Tripolitaine de 1143 à 1158, date à laquelle le gouverneur de la province se place sous la suzeraineté de l'Émir de Tunis. La région connaît de nombreux affrontements et changements de statut, mais les Hafsides finissent par s'emparer de Tripoli en 1318, et en font leur résidence. En 1355 ou 1358, Gênes envahit à son tour de Tripoli et lui impose une amende de 1,9 millions de florins et la livraison de 7000 esclaves. La ville devient indépendante, gouvernée par la tribu des Beni Thabet, qui refuse de reconnaître l'autorité de l'Émir de Tunis[11]. Devenue une République, Tripoli est gouvernée au XVe siècle par un conseil de notables : la ville est une place très importante pour le commerce et la piraterie de la Méditerranée et du Sahara[12].

La Libye ottomane

Article détaillé : Régence de Tripoli.
Drapeau de la Régence de Tripoli.
L’empire ottoman de 1481 à 1683.

Tripoli, prospère et indépendante, est vulnérable aux deux puissances hégémonies rivales qui s'affirment en Méditerranée, la Monarchie catholique espagnole et l'Empire ottoman. En 1510, Pedro Navarro prend Tripoli. Mais les Espagnols ne parviennent pas à s'assurer une maîtrise complète de la région et, en 1530, Charles Quint cède Tripoli et Malte à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Jugeant leur possession libyenne trop fragile, les Chevaliers de l'Ordre préfèrent installer le gros de leurs forces à Malte et, en 1551, Tripoli tombe aux mains des Ottomans, qui y établissent la Régence de Tripoli. Le Fezzan est quant à lui soumis par les Ottomans en 1577. Le gouvernement de la Régence est confié à un pacha, assisté d'un conseil de gouvernement, ou divan.

Malgré les efforts de certains pachas qui parviennent à imposer une certaine stabilité gouvernementale, l'autorité ottomane reste largement nominale en dehors de Tripoli : le territoire de la Régence demeure dominé par les tribus, qui agissent de manière autonome, et marqué par un mode de vie rural et nomade[13].

En 1711, la Régence tombe entre les mains de la famille Karamanli, lorsqu'Ahmad Ier élimine le pacha envoyé par le gouvernement de Constantinople, puis parvient à se faire reconnaître par le sultan Ahmet III. Les trois premiers pachas de la dynastie Karamanli sont efficaces, et la Régence de Tripoli accède à une certaine prospérité, tandis que son gouvernement agit à la manière d'un État très largement autonome. Les ports de Tripoli, Benghazi, Misrata et Derna constituent des étapes importantes sur la route du commerce maritime en Méditerranée. Mais à partir de 1790, la famille régnante est divisée par de violents conflits, et des révoltes éclatent à partir de 1816. En 1835, le sultan Mahmud II dépose la famille Karamanli, remplaçant le dernier pacha de la dynastie par un envoyé de Constantinople. L'administration de la Tripolitaine est réorganisée, mais le pouvoir continue d'être trop détaché des réalités du pays. Vers 1840, Muhammad ibn 'Ali al-Sanusi, originaire de Mostaganem, se fixe en Cyrénaïque et y fonde sa propre zaouïa. Son action contribue à apaiser les rivalités entre tribus et la confrérie de la Famille al-Sanussi gagne en puissance dans le Fezzan et le Djebel Akhdar[14],[15].

La Libye italienne

Articles détaillés : Guerre italo-turque et Libye italienne.

Alors que les grandes puissances européennes poursuivent leur expansion en Méditerranée, le Royaume d'Italie cherche à développer son propre empire colonial. L'ancienne province romaine de « Libye » paraît le territoire le plus aisé à conquérir pour l'Italie, qui peut se prévaloir de l'avoir déjà possédée[16]. La bienveillance de la France et du Royaume-Uni à l'égard de leurs ambitions pousse les Italiens à agir et, en septembre 1911, l'Italie remet un ultimatum à la Sublime Porte, annonçant son intention d'occuper la Tripolitaine et la Cyrénaïque pour garantir la vie et les biens de ses propres sujets présents dans le pays. La guerre italo-turque, bien que plus difficile que prévu pour les Italiens, tourne finalement à leur avantage. Le 5 novembre 1911, un décret royal déclare la Tripolitaine et la Cyrénaïque parties intégrantes du Royaume d'Italie. Au printemps 1912, la zone côtière est entre les mains des Italiens. Le 17 octobre 1912, par le Traité d'Ouchy, l'Empire ottoman renonce à sa souveraineté sur les régions conquises par l'Italie[17]. Les territoires de l'ancienne Régence de Tripoli sont désormais désignés par les Italiens du nom de Libye, reprenant la désignation de l'ancienne province africaine de l'Empire romain.

Omar Al Mokhtar, figure emblématique de la résistance à l’occupation italienne.

Les Turcs évacuent lentement la Libye, et le pays est loin d'être pacifié : en 1914, une révolte éclate dans le Fezzan. En 1916, l'Italie ne contrôle qu'une partie des grandes villes libyennes. Le 1er juin 1919, le parlement italien vote une loi fondamentale proclamant la République de Tripolitaine, État disposant d'une autonomie partielle par rapport à l'Italie, sur les territoires de l'ouest. Il s'agit là du le premier État islamique au monde à disposer d'un gouvernement républicain et de la première entité libyenne indépendante depuis la chute de l'Empire ottoman. Une loi similaire est votée pour l'Émirat de Cyrénaïque, reconnaissant à Idris, chef de la Famille al-Sanussi, le titre d'émir. Mais les accords ne sont pas respectés, et dès 1921, Giuseppe Volpi est nommé gouverneur de la Tripolitaine, qui repasse sous contrôle italien. Après l'arrivée au pouvoir de Benito Mussolini, des opérations militaires sont entreprises pour pacifier le pays, le général Emilio De Bono remplaçant Volpi dans cette optique : fin 1922, l'émir Idris s'enfuit de Cyrénaïque, où ses partisans continuent la résistance; à la fin 1927, le Golfe de Syrte est intégralement occupé. La Libye italienne est désormais composée de la colonie de Tripolitaine et de celle de Cyrénaïque. En 1927 est créée une « citoyenneté italienne libyque », qui donne un statut aux indigènes, en les maintenant néanmoins dans une position sociale inférieure à celles des Italiens de la métropole. Le maréchal Pietro Badoglio est nommé en 1929 gouverneur des deux colonies, avec pour vice-gouverneur le général Rodolfo Graziani, qui achève les opérations de reconquête dans le Fezzan en 1929 et 1930. Mais en Cyrénaïque, le cheikh Omar Al Mokhtar, soutenu par les Sanussi, continue de mener la résistance contre les Italiens : il n'est capturé qu'en 1931[18].

Après l'exécution d'Omar Al Mokhtar, la Libye est soumise, mais économiquement ruinée, la guerre ayant détruit l'équilibre agro-pastoral du pays. La colonisation reste très faible jusqu'au début des années 1930. La nomination en 1934 d'Italo Balbo au poste de gouverneur de Libye vient donner une impulsion nouvelle au territoire. Le 9 juin 1934, la Libye italienne se voit dotée d'une administration unifiée. Balbo fait construire un réseau routier, rénove les villes et développe la colonisation par la création de nouveaux villages de colons, auxquels sont attribués des lopins agricoles. La colonisation s'accélère, certaines estimations évoquant une population d'environ 100 000, voire 120 000, colons italiens en Libye à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Les Italiens développent également le fouilles archéologiques en Libye[19],[20].

La Libye connaît à partir de 1938 un regain de tension, dû au rapprochement de l'Italie avec l'Allemagne nazie. Les frontières de la Libye avec le Protectorat français de Tunisie, le Royaume d'Égypte et les colonies françaises en Afrique ont été délimitées par une série de traités entre 1910 et 1935, mais un nouveau litige a lieu en 1938 avec la France au sujet de l'attribution à la Libye d'une bande de terre de 1 200 km au nord Tibesti. Dans un contexte de tensions internationales renforcées, la proximité de la Libye italienne avec le Protectorat français de Tunisie suscite des inquiétudes de part et d'autre[21].

La Libye dans la Seconde Guerre mondiale

Article connexe : Guerre du désert.
Timbre britannique surchargé pour servir en Tripolitaine, durant l'occupation alliée de la Libye.

Le 28 juin 1940, peu après l'entrée en guerre de l'Italie, Italo Balbo meurt dans un incident aérien. Rodolfo Graziani est rappelé en Libye pour lui succéder. L'offensive menée par Graziani, sur ordre de Mussolini, contre les forces britanniques de Archibald Wavell, est un échec, qui tourne à la déroute pour les Italiens lors de la contre-offensive alliée. En février 1941, les Britanniques occupent Benghazi; l'Afrikakorps d'Erwin Rommel est appelée à la rescousse des Italiens et les combats se poursuivent jusqu'en 1943, quand la contre-offensive de Bernard Montgomery aboutit à l'occupation de Tripoli. Les Forces françaises libres prennent quant à elles le contrôle du Fezzan et du Ghadamès au sud-ouest du pays. À la fin de la guerre mondiale, la Tripolitaine et la Cyrénaïque sont sous occupation britannique, et le Fezzan sous occupation française. L'émir Idris, naguère exilé par les Italiens, fait un retour triomphal en Cyrénaïque en 1945[22].

La marche vers l'indépendance

Après le conflit mondial, la reconstruction du pays est rendue difficile par les munitions non explosées, mines et matériels et séquelles de guerre laissés par les belligérants. Le statut exact du territoire libyen fait par ailleurs l'objet d'incertitudes, et de désaccords entre les Alliés. Le chapitre colonial n'est définitivement clos qu'en 1947 par l'une des clauses du traité de Paris, qui amène l'Italie à renoncer irrévocablement à ses droits sur la Libye. Le pays demeure cependant divisé entre l'administration britannique, qui a toujours l'autorité sur la Tripolitaine et la Cyrénaïque, et l'administration française du Territoire du Fezzan. La France, dont la présence au Fezzan est relativement légère, envisage un temps le rattachement du territoire, non viable individuellement, à l'Algérie française[23].

L'émir Idris Ier (à gauche) et le gouvernement de l'Émirat de Cyrénaïque.

Les Britanniques souhaitent favoriser l'émergence d'un nouvel État, qui serait pour eux un allié dans la région, et soutiennent les revendications de l'émir Idris, revenu définitivement en Libye en 1947. Le 1er mars 1949, avec l'assentiment du Royaume-Uni mais de manière unilatérale vis-à-vis de la communauté internationale, Idris proclame le 1er mars 1949 l'indépendance de l'Émirat de Cyrénaïque. La Tripolitaine demeure quant à elle administrée par le Royaume-Uni, qui conserve certains fonctionnaires coloniaux italiens, tandis que le Fezzan demeure sous l'autorité de la France. Des partis politiques s'organisent en Tripolitaine et se divisent quant au statut du pays : c'est cependant l'option, défendue par certains libyens, de la constitution d'une monarchie libyenne confiée à Idris, qui reçoit le soutien des Britanniques. Les Alliés demeurent divisés, le Royaume-Uni soutenant l'indépendance, au moins de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque, au sein d'un État constitué; les États-Unis souhaitent quant à eux une indépendance intégrale de la Libye, le plus vite possible, et la France préfère une politique de statu quo avec le maintien des administrations séparées[24]. L'Italie, quant à elle, n'a pas renoncé à conserver un certain contrôle sur son ancienne colonie, et mène en ce sens une propagande auprès des Italiens restés en Tripolitaine, comme auprès de certains notables libyens. Le comte Carlo Sforza, ministre italien des affaires étrangères, tente de négocier avec les Britanniques un compromis, qui permettrait à l'Italie d'organiser le nouvel État tripolitain, tandis qu'Idris conserverait la Cyrénaïque et les Français le Fezzan. Cette idée provoque de violentes réactions à Tripoli entre le 11 et le 19 mai 1949.

C'est finalement à l'ONU que revient la tâche de trancher la question du statut de la Libye : le 21 novembre 1949 est votée la résolution 289, qui prévoit l'accès du pays, avant le 1er janvier 1952, au rang d'État indépendant. Avec l'aide des Nations unies, les Libyens mettent progressivement en place des assemblées locales en Cyrénaïque et dans la Tripolitaine, et forment une commission préparation de l'Assemblée nationale, préalable à l'élection d'un gouvernement ainsi qu'à la rédaction de la constitution et à la proclamation officielle de l'indépendance. L'Assemblée nationale se réunit le 25 novembre 1950 et offre la couronne à l'émir Idris, qui devient le roi Idris Ier. Le 7 octobre 1951, la constitution est adoptée, faisant de la Libye un royaume fédéral. Le 24 décembre, l'indépendance totale du Royaume-Uni de Libye est proclamée[25].

La monarchie libyenne

Article détaillé : Royaume de Libye.

Dans ses premières années d'indépendance, la Libye est classée par l'ONU parmi les pays les plus défavorisées de la planète : 94% de la population est analphabète. L'unité nationale demeure fragile, et l'influence du Royaume-Uni, qui renouvelle en 1953 pour vingt ans ses bases militaires en Libye, demeure prépondérante. Les États-Unis renouvellent également leur base militaire en 1954 pour seize ans. L'Italie obtient la garantie des biens de ses colons, qui peuvent librement les conserver ou les vendre, mais verse des dommages de guerre à la Libye. Le Royaume-Uni, dont les anciens fonctionnaires de Tripolitaine sont restés en Libye des conseillers très écoutés, et les États-Unis, conservent une forte influence sur le royaume, auquel ils accordent une aide financière et alimentaire substantielle, et qui leur accorde en retour l'usage de bases militaires et aériennes. En 1956, la découverte de gisements de pétrole par la compagnie Libyan American Oil bouleverse l'économie de la Libye, en lui apportant des royalties inespérées. En 1965, le pays est devenu le premier producteur de pétrole d'Afrique[26],[27]. L'unité nationale du pays demeure cependant fragile, la dynastie Sanussi ayant bien plus d'assise en Cyrénaïque qu'en Tripolitaine. En 1963, le gouvernement tente de renforcer l'unité du pays et d'en moderniser l'administration en révisant la constitution : la forme fédérale est abandonné, de même que le nom de Royaume-Uni de Libye, qui cède la place à l'appellation Royaume de Libye. Malgré l'augmentation spectaculaire du niveau de vie moyen, le développement et l'urbanisation du pays, mal maîtrisés, contribuent à entraîner de fortes inégalités sociales et entretiennent le mécontentement populaire : les réformes entreprises dans les années 1960 ne suffisent pas à dissiper le malaise social, qui s'exprime de façon particulièrement aigüe en 1967 lors de la guerre des Six jours. Le nationalisme et le ressentiment à l'égard de l'Occident sont de plus en plus forts au sein de la population, mais aussi de certains secteurs de l'armée : si la personne du roi demeure respectée, le discrédit de la monarchie s'accroît.

Le régime de Kadhafi

Article détaillé : Jamahiriya arabe libyenne.
Mouammar Kadhafi en 1977, en compagnie de Houari Boumediene et Hafez el-Assad.

Le 1er septembre 1969, alors que le roi Idris Ier séjourne à l'étranger, un groupe d'« officiers unionistes libres »f influencés par les idées nasséristes, réalise un coup d'État et abolit la monarchie, proclamant la République arabe libyenne. Un jeune officier de 27 ans, Mouammar Kadhafi, devient chef de l'État en tant que président du Conseil de commandement de la révolution.

Kadhafi instaure un régime inspiré par les courants du nationalisme arabe et du socialisme arabe, à la nette orientation à la fois panarabe, panafricaine et tiers-mondiste. Il tente rapidement d'unir la « nation arabe » par le biais d'une Union des républiques arabes unissant la Libye avec l'Égypte et la Syrie, mais cette fédération échoue à trouver une existence concrète. Les tentatives ultérieures d'alliance étroite et d'union avec d'autres États arabes et d'Afrique subsaharienne n'ont pas davantage de succès.

Drapeau de la Libye, à partir de 1977 : il s'agissait alors du seul drapeau monocolore au monde[28].

En 1977, Kadhafi change le mode de gouvernement de la Libye, qui devient une Jamahiriya, soit un « État des masses », officiellement gouverné par le peuple libyen selon un principe de démocratie directe. Kadhafi lui-même cesse officiellement d'être chef de l'État en 1979; en 1980, il prend le titre de « Guide de la révolution » : dans les faits, il continue d'exercer sur le gouvernement de la Libye un pouvoir sans partage. S'appuyant sur la prospérité née de la rente pétrolière et sur des politiques sociales généreuses, Kadhafi parvient dans les premières années à générer un consensus autour de son régime, mais sa popularité s'effrite avec les difficultés économiques nées de la chute des cours du pétrole.

Sur le plan international, Kadhafi entretient des relations tendues, voire hostiles, avec une grande partie des gouvernements d'Afrique, du monde arabe, et du monde occidental, allant de l'extrêmisme verbal au soutien à des rébellions armées. Tiers-mondiste et antisioniste, il parvient à acquérir une certaine popularité auprès de secteurs d'opinion, essentiellement dans les pays du sud, mais paie ses positions d'une série de crises diplomatiques, voire de guerres, qui débouchent sur son isolement politique. L'interventionnisme libyen en Afrique débouche sur des participations à des conflits armés au Tchad et en Ouganda. La Libye subit en 1986 un bombardement de la part des États-Unis; le régime de Kadhafi est ensuite accusé de s'être livré à des actes de terrorisme d'État, notamment avec l'attentat de Lockerbie en 1988 et celui contre le DC10 d'UTA en 1989. En 1992, la Libye est soumise à un embargo par les Nations Unies.

Dans les années 2000, grâce notamment au contexte de la guerre contre le terrorisme suivant les attentats du 11 septembre 2001, la Libye de Kadhafi connaît un net retour en grâce diplomatique, et renoue de bonnes relations avec le monde occidental, qui voit en elle un allié contre le terrorisme islamiste; la lutte contre l'immigration illégale fournit en outre un argument à la Libye pour entretenir des liens d'alliance avec les pays de l'Union européenne, notamment l'Italie, son principal partenaire commercial. Saïf al-Islam Kadhafi, l'un des fils de Mouammar Kadhafi, fait figure de figure réformatrice au sein du régime, pour le compte duquel il multiplie les contacts dans le monde occidental, ce qui le fait apparaître comme un « ministre des affaires étrangères bis », souvent décrit comme un potentiel successeur de son père.

La Guerre civile

Article détaillé : Guerre civile libyenne de 2011.
Rebelles libyens en février 2011 lors du soulèvement de Benghazi.

En 2011, dans le contexte du « Printemps arabe », la contestation populaire commence à s'affirmer ouvertement contre le pouvoir de Kadhafi. La violente répression des manifestations dans le pays, durant laquelle la troupe tire à l'arme lourde sur la population, débouche en février sur une situation de guerre civile. L'est du pays échappe bientôt au contrôle de Kadhafi, et un gouvernement provisoire, le Conseil national de transition (CNT), est formé à Benghazi. Mais les troupes de Kadhafi contre-attaquent rapidement, et reprennent progressivement le contrôle du pays. Alors que Benghazi est directement menacée, le Conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 1973, autorisant en mars une intervention militaire internationale qui fournit aux rebelles un appui aérien et leur évite d'être écrasés. Au bout de six mois de conflit, les forces du CNT prennent Tripoli le 23 août. Kadhafi, ayant quitté la capitale, est mis à prix et visé par un mandat d'arrêt international. Le 16 septembre, le CNT est reconnu comme gouvernement de la Libye par l'Assemblée générale des Nations unies. A l'automne 2011, les partisans de Kadhafi tiennent encore plusieurs bastions, principalement Syrte et Bani Walid.

Le 20 octobre 2011, Syrte est la dernière ville kadhafiste à tomber aux mains des forces du Conseil national de transition. Mouhammar Kadhafi est alors tué[29].

Après la chute de Kadhafi

La « libération » du pays est officiellement proclamée le 23 octobre; le même jour, le président du CNT, Moustafa Abdel Jalil, annonce que la future législation de la Libye serait fondée sur la charia[30]. Cette déclaration ayant suscité l'inquiétude des gouvernements occidentaux, il déclare vouloir « assurer à la communauté internationale que nous, les Libyens, sommes des musulmans modérés ». Un référendum est annoncé pour approuver la future constitution[31].

Voir aussi

Voir aussi

Notes et références

  1. Mohamed Sahouni Le Paléolithique en Afrique, l'Histoire la plus longue, ed. errance, 205
  2. Basil Davidson in Les Royaumes Africains revu par Henri Lhote, éd. Time, 1969
  3. Gabriel Camps, « L'origine des berbères », Islam : société et communauté. Anthropologies du Mahgreb, dir. de Ernest Gellner, les Cahiers CRESM, éd. CNRS, Paris, 1981.
  4. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 16-17
  5. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 19-22
  6. Collectif, Histoire générale de l'Afrique, Volume 2, Presses de l'UNESCO, 1997, page 214
  7. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 22-25
  8. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 25-27
  9. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 27-32
  10. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 32-33
  11. Bernard Doumerc, Venise et l'émirat hafside de Tunis (1231-1535), L'Harmattan, 1999, page 29
  12. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 34-35
  13. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 36-38
  14. Pierre Pinta, La Libye, Karthala, 2006, page 213
  15. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 38-41
  16. Charles L. Killinger, The history of Italy, Greenwood Publishing Group, 2002, page 133
  17. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 43-44
  18. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 43-49
  19. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 46-48
  20. Pierre Pinta, La Libye, Karthala, 2006, page 237
  21. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 49-50
  22. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 50-52
  23. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 52-53
  24. Mahmoud Azmi, La question de Libye, Politique étrangère, année 1949, volume 14, n°6
  25. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 52-54
  26. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pages 54-56
  27. Philippe Bretton ; Problèmes juridiques posés par les restes matériels de la seconde guerre mondiale en Libye ; Annuaire français de droit international ; Année 1982 ; Vol. 28 ; Numéro 28 ; pp. 233-247
  28. Le drapeau ressuscité de la Libye libérée, Le Soir, 10 mars 2011.
  29. «Kadhafi a été tué, confirme le CNT» , Radio Canada, 20 octobre 2011
  30. La Libye sur «le chemin d'une démocratie musulmane», Le Figaro, 24 octobre 2011
  31. Le CNT assure que les Libyens sont des "musulmans modérés" , Le Nouvel observateur, 24 octobre 2011

Bibliographie

  • Nora Lafi, Une ville du Maghreb entre ancien régime et réformes ottomanes. Genèse des institutions municipales à Tripoli de Barbarie (1795-1913), Paris, L'Harmattan, 2002.
  • (en) Ronald Bruce St John, Historical dictionary of Libya, Scarecrow Press, Lanham, Md., 2006 (4e éd.), LXIII-402 p. (ISBN 0-8108-5303-5)
  • François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003
  • Pierre Pinta, La Libye, Karthala, 2006

Liens externes

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