Histoire de Monaco

Histoire de Monaco

Monaco est actuellement une principauté indépendante. L'histoire qui la lie aux Grimaldi dure depuis 1297.

Sommaire

Préhistoire

Monaco a servi d’abri aux premiers habitants de la région à partir de la fin du paléolithique inférieur, environ - 300 000 ans. Des ossements d’animaux ayant servi de nourriture à ces hommes préhistoriques ont été retrouvés dans une caverne du Jardin exotique[1]. Des fouilles ont également révélé la présence d’un bassin dans la grotte de l’Observatoire et dans la grotte du Prince[2]. La présence humaine est attestée au Paléolithique moyen (- 50 000 ans) et au Paléolithique supérieur (- 20 000 ans). À partir de 1500 avant J.-C., les traces d’œuvre d’art (gravure, sculpture) sont trouvées dans des grottes. Les sépultures funéraires, individuelles ou collectives, deviennent de plus en plus nombreuses. La sépulture des sujets dits « de Grimaldi » date de cette époque et contient une femme et un adolescent.

Antiquité

D’après l’historien Diodore de Sicile et le géographe Strabon, les premiers habitants sédentaires étaient des Ligures qui ont émigré depuis la ville de Gênes en Italie. Cependant, l’ancienne langue ligure, non issue des langues indo-européennes, n’était apparentée ni au dialecte italien parlé aujourd'hui par les habitants de Ligurie, ni au monégasque moderne. Cette avancée à Monaco aurait pu être l’ouverture maritime d’un peuple ligure situé à l’intérieur des terres.

Les Phocéens de Marseille (alors Massalia) ont fondé la colonie de Monoïkos au VIe siècle av. J.‑C. à l’endroit où se trouve maintenant Monaco. Monoïkos était associée à Hercule, adoré sous le nom Hercules Monoecus. D’après les travaux d'Hercule mais également selon Diodore de Sicile et Strabon, les Grecs et les Ligures ont rapporté qu’Hercule était passé par la région.

Après la Guerre des Gaules, Monoecus, où Jules César s’est arrêté en se rendant en Grèce, est passé sous contrôle romain au sein de la province de Gaule narbonnaise. Dans L'Énéide (VI.831), le poète Virgile mentionnait déjà le rocher de Monaco. Le grammairien Maurus Servius Honoratus affirme que le terme Monaco dérive de cette origine : « dictus autem Monoecus vel quod pulsis omnibus illic solus habitavit » (« Hercule a écarté tout le monde et vivait là seul ») et « vel quod in eius templo numquam aliquis deorum simul colitur » (« dans son temple, nul autre dieu n’est vénéré au même instant »). Le nom du port de Monaco est également mentionné dans L'Histoire naturelle de Pline l'Ancien (III.V[3]) et dans les Historiae de Tacite (III.XLII) lorsque Valens, soutien de Vitellius a été forcé d’y faire escale « Fabius Valens e sinu Pisano segnitia maris aut adversante vento portum Herculis Monoeci depellitur » (« Fabius Valens, à la sortie du golfe de Pise, fut, par une mer calme ou un vent contraire, forcé [de faire relâche] au port d'Hercules Monoecus »).

Moyen Âge

Monaco est resté sous domination romaine jusqu’à l’effondrement de l’Empire romain d'Occident en 476. L’endroit a ensuite été occupé et ravagé par les Sarrasins et diverses tribus barbares. Alors que Monaco était pratiquement dépeuplé, les Sarrasins en furent expulsés en 975 et au XIe siècle, l’endroit était de nouveau peuplé par des Ligures (cette fois, il faut comprendre des populations parlant une langue romane du nord de l’Italie).

En 1191, l’Empereur romain germanique Henry VI concéda la souveraineté sur Monaco à la ville de Gênes en Italie, d’où sont originaires les Ligures. Le 10 juin 1215, un détachement de Gibelins (partisans de l'Empereur) menés par Fulco del Cassello commença la construction d’une forteresse sur le rocher de Monaco. Cette date marque le début de l’histoire moderne de la Principauté de Monaco.

Cette forteresse, pour les Gibelins, était stratégique pour contrôler la région face au parti adverse des Guelfes (parti soutenant le pape). Ils établirent également des habitations à la base du Rocher afin d’appuyer les garnisons. C'est pour attirer les habitants de Gênes et des villes environnantes, qu'ils offrirent des terres et exonérèrent de taxes les nouveaux arrivants.

Débuts de la dynastie Grimaldi

Rainier Ier Grimaldi.

Le 8 janvier 1297, François Grimaldi, descendant d'Otto Canella consul de Gênes en 1133, s'empare de la forteresse par la ruse. Ce guelfe ne disposant que d'une petite armée, se déguise en moine franciscain pour y pénétrer, avant d'ouvrir à ses soldats. De cet épisode naît son surnom, Malizia, et les armes de Monaco : deux franciscains armés d'une épée. Mais les guelfes sont défaits et François est chassé de Monaco par les gênois en 1301. La Famille Grimaldi s'appuie alors sur le Roi de France.

Le cousin de François, Rainier Ier, au service de Philippe le Bel, commande une flotte de galères et vainc les Hollandais à Zieriksee (1304). Il est nommé grand amiral de France. Père de Charles Ier, il fonde la dynastie Grimaldi qui servira fidèlement la monarchie française durant les siècles qui suivront.

Luttes contre Gênes

Reprenant la lutte contre Gênes, Charles Ier occupe la ville, le 12 septembre 1331, et se voit reconnaître « Seigneur de Monaco » en 1342.
Pendant qu'il acquiert la seigneurie de Menton en 1346, la même année, Charles sert parallèlement la couronne française en menant une compagnie d'arbalétriers à la bataille de Crécy, et tente de secourir par mer le camp français lors du siège de Calais.
Puis, en 1355, il obtient la seigneurie de Roquebrune. Mais en 1357, il meurt durant le siège mené par le Génois Simon Boccanegra. La totalité de la principauté est alors réunie à Gênes, à l'exception de Menton, défendue par Rainier II, le fils de Charles, qui reconquiert rapidement Roquebrune.

Les fils de Rainier II (Ambroise, Antoine et Jean) reprennent « Le Rocher » et seront tous coseigneurs (institution peu fréquente au Moyen Âge). Jean conserve ensuite seul Monaco et La Condamine. Il lutte continuellement contre Gênes. Son fils, Catalan, ne lui survit que trois ans, et sa petite-fille Claudine épouse en 1465 un Grimaldi d'Antibes, Lambert. Celui-ci obtient en 1489 la reconnaissance de son indépendance par le roi de France et le duc de Savoie. Gênes tente un dernier siège en 1509, mais devant une résistance victorieuse, renonce définitivement à Monaco.

Époque moderne

Lucien meurt assassiné en 1523 par son cousin Barthélemy Doria. Il ne laisse qu'un fils en bas âge, Honoré, dont la tutelle est confiée à son oncle Augustin, évêque de Grasse, qui fut reconnu seigneur. Augustin ne trouvant pas auprès de François Ier l'appui auparavant octroyé aux Grimaldi, place le Rocher sous protectorat espagnol en 1524. Une garnison espagnole est ainsi à la charge des Grimaldi pendant plus d'un siècle.

Le petit-fils d'Honoré, Honoré II, marquis de Campagna, mis sous la tutelle du prince de Valdetare, prend le titre de prince en 1612[4] . Il retourne à l'alliance française par le traité de Péronne signé en 1641 et négocié auprès de Richelieu. Le prince expulse manu militari la garnison espagnole, et obtient le duché de Valentinois (Dauphiné), la comté de Carladès (Auvergne) et le marquisat des Baux (Provence). Ces nouvelles sources de revenus, plus l'économie faite sur l'entretien de la garnison espagnole, permettent l'embellissement du palais.

Louis Ier commande son régiment Monaco-Cavalerie et obtient l'ambassade auprès du Saint-Siège jusqu'en 1701.

Révolutions

Après la nuit du 4 août 1789, les princes de Monaco perdent toutes leurs possessions françaises, et les revenus qui en proviennent. La Société Populaire milite pour le rattachement à la République, décidée par la Convention le 15 février 1793.

De 1793 à 1814 Monaco est donc intégrée à la France, sous le nom de Fort d'Hercule. Elle fait partie des Alpes-Maritimes, puis est rattachée à l'arrondissement de Sanremo.

Une membre de la famille, Marie-Thérèse de Choiseul-Praslin, périt guillotinée à 27 ans, en compagnie d'André Chénier. D'autres membres de la famille servent dans l'armée révolutionnaire.

Le traité de Paris du 30 mai 1814 replace Monaco dans la situation de 1789. Mais alors qu'Honoré IV arrive sur le Rocher en mars 1815 pour en prendre possession, il est arrêté par Pierre Cambronne : c'est le début des Cent-Jours.

Monaco est ensuite placé sous protectorat du royaume de Sardaigne au deuxième traité de Paris (20 novembre 1815), confirmé par le traité de Stupinigi en 1817.

Jusqu'en 1847, la principauté de Monaco occupait une superficie totale de 24 km2 et comprenait trois communes : Monaco (1 250 habitants), Roquebrune (aujourd'hui Roquebrune-Cap-Martin) (850 habitants) et Menton (4 900 habitants). La partie la plus vaste et la plus riche de la principauté était la plaine mentonnaise, avec ses cultures d'agrumes et d'oliviers, le commerce extérieur reposant essentiellement sur les exportations d’huile et de citrons. Mais, pendant le mouvement révolutionnaire de 1848, Menton et Roquebrune proclamèrent la déchéance des Grimaldi et se proclamèrent « villes libres » sous la protection du royaume de Sardaigne. En 1860, le Piémont Sardaigne cède Nice à la France après le soutien de Napoléon III à un début d'unité Italienne. Comme Nice, Menton et Roquebrune votèrent leur rattachement à la France, qui fut entériné par le traité franco-monégasque de 1861. Mais dès lors, Monaco échappait au protectorat de 1815 et l'indépendance de Monaco était formellement reconnue, en dehors de toute protection de la France ou de l'Italie.

Époque contemporaine

Ce dernier traité prévoyait l'aide de la France pour la construction de la Moyenne corniche, et le passage du chemin de fer sur le territoire monégasque (avec deux gares).

C'est alors que le prince Charles III eut l'idée de créer des jeux de casino (interdits dans les pays voisins), ce qui allait permettre à la principauté, en s’enrichissant, de se développer rapidement. En 1863, il accorda le privilège d’exploiter le casino, les hôtels et le théâtre à François Blanc, fondateur de la Société des Bains de Mer et du Cercle des Étrangers afin d'apporter des revenus à la Cour.

En 1866, Charles III, qui impulse tous ces travaux, renomme le quartier des Spélugues Monte-Carlo en son propre honneur. L'achèvement du chemin de fer Nice-Vintimille en 1868 en assure la prospérité. Il fonde une administration des Postes, qui édite ses propres timbres dès 1865, obtient du Saint-Siège la création d'un évêché, ouvre des consulats à l'étranger.

Enfin, en 1869, Charles III supprima les impôts personnels, fonciers et mobiliers, ce qui entraîna une intense activité de construction. Ceci permet la construction d'un opéra en 1869, de plusieurs musées, la fondation de l'institut océanographique en 1906.

Le premier rallye de Monte-Carlo a lieu en 1911, le premier Grand Prix automobile en 1929.

Le prince de Monaco disposait des pleins pouvoirs (monarchie absolue) jusqu’à l’octroi de la constitution de 1911, qui fait du pays une monarchie constitutionnelle. En juillet 1918, le traité de Paris est signé accordant une protection limitée de la principauté par la France. Le traité fait partie du traité de Versailles et établit que la politique de Monaco ne pourra s'opposer aux intérêts politiques, militaires et économiques de la France. En 1933, la principauté perd aussi son monopole sur les jeux de la Côte d’Azur.

Une étrange neutralité

Époque récente

Le Prince Rainier III, accède au trône après la mort de son grand-père le Prince Louis II en 1949. Aynard Guigues de Moreton de Chabrillan revendique en même temps le trône princier de Monaco en 1925 à la suite de l'adoption officielle de Charlotte Louvet (devenue princesse Charlotte de Monaco) puis en 1949 au décès du prince souverain Louis II de Monaco[5].

Une nouvelle constitution est rédigée en 1962, abolissant la peine de mort, autorisant le vote des femmes, mettant en place une cour suprême garantissant les libertés fondamentales et rendant difficile le transfert de sa résidence pour un citoyen français (rétroactivement depuis le 1er novembre 1957).

En 1971, la première pierre du quartier de Fontvieille est posée, il s'agit d'un quartier gagné sur la mer.

En 1982, la principauté est endeuillée en apprenant la mort de la princesse Grace de Monaco, épouse de Rainier III et mère de l’actuel prince de Monaco (Albert II), victime d’un accident sur la route qui relie La Turbie à Cap d'Ail et non sur celle où elle avait jadis tourné dans le film La Main au collet, comme cela est souvent cru. Sa fille Stéphanie de Monaco survit à cet accident.

En 1993, Monaco devient officiellement membre des Nations Unies.

En 2002, un nouveau traité entre la France et Monaco stipule que la principauté restera un État indépendant dans le cas où il n'y aurait pas de descendant dans la dynastie.

En 2004, la principauté de Monaco rejoint le Conseil de l'Europe après de nombreuses tractations et une modification de la loi électorale rendant systématique une représentation de l’opposition au Conseil national par un mode de scrutin ayant une composante proportionnelle.

À la mort du Prince Rainier III, survenue le 6 avril 2005, c’est son fils Albert II (né en 1958), jusque-là prince héréditaire et marquis des Baux, qui devient prince souverain. Les cérémonies marquant son avènement se sont déroulées le 12 juillet 2005, celles de son intronisation officielle le 19 novembre 2005. Le prince, bien que marié (civilement) depuis le 1er juillet 2011 avec la princesse Charlène étant pour l'instant sans enfant légitime, l’héritière du trône est encore sa sœur aînée Caroline, née en 1957, épouse du prince Ernst-August de Hanovre.

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean-Baptiste Robert, Histoire de Monaco, Paris, PUF, collection « Que sais-je ? » n°1497, 128 pages, 1973, 2e édition mise à jour 1997, (ISBN 2-13-048264-3)

Références

  1. La grotte de l’Observatoire, site du Jardin exotique de Monaco.
  2. Musée d’Anthropologie préhistorique, www.gouv.mc
  3. (en)The third book of the historie of nature, written by C. Plinius, SECVNDS, Université de Chicago
  4. M. Ulino, L'Età Barocca dei Grimaldi di Monaco nel loro Marchesato di Campagna, Giannini editore, Napoli 2008
  5. Il faisait valoir qu'une adoption (même doublée d'une filiation naturelle) ne pouvait produire aucun effet en droit successoral dynastique. C'est la renonciation de Mindaugas II de Lituanie et des siens (maison d'Urach) qui faisait de lui l'héritier légitime de la Principauté. Aynard tenait ses droits au trône de Monaco de son arrière-grand-mère la princesse Honorine de Monaco (1784-1879), elle-même petite-fille du prince souverain Honoré III de Monaco (1720-1795). La ligne de succession à la revendication d'Aynard d'être le prince souverain de Monaco légitime suit la règle successorale au trône princier de Monaco qui, sans écarter les femmes de la succession, accorde la priorité aux mâles au même degré de parenté.

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