Histoire Du Honduras

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Histoire du Honduras

Sommaire

L'époque précolombienne

Avant l'arrivée de Christophe Colomb, le Honduras faisait partie d'une région que les historiens appellent Mésoamérique. À l'ouest du Honduras, se trouvaient les Mayas. Aujourd'hui, on trouve des ruines dans la ville-État maya de Copan, qui se trouve près de la frontière guatemaltèque. La civilisation maya s'était développée dans une région s'étendant jusque dans le sud du Mexique, pendant plusieurs siècles avant de commencer à décliner au IXe siècle. D'autres civilisations précolombiennes, telles celles des Travecias ou de la vallée d'Ulua ont laissé des traces dans l'actuel Honduras. Le Musée national de Tegucigalpa, capitale du pays, possède de nombreux objets de ces anciens peuples.

L’arrivée des Espagnols

Christophe Colomb débarqua à Trujillo, en 1502 ; il baptisa cette région Honduras – littéralement profondeurs en espagnol – en raison de la profondeur des eaux de cette côte.

Le conquistador espagnol, Hernan Cortes arriva en 1524. Les Espagnols essayèrent de réduire les Indiens en esclavage. Certaines tribus et peuples résistèrent aux Européens à la fin des années 1530. Parmi ces rebelles à l’invasion se trouvait Lempira, chef cacique des Lencas, un peuple indigène. C’est aujourd’hui un héros national et la monnaie du pays, le lempira hondurien, porte son nom en son hommage.

L’exploitation féroce des Espagnols décima tellement les populations indiennes que les Espagnols durent recourir à la traite des noirs (1542) pour se procurer une main d’oeuvre. Les Espagnols commencèrent à bâtir des colonies le long des côtes. Le Honduras fut inclus dans la Capitainerie générale du Guatemala. Les villes de Comayagua et Tegucigalpa se développèrent très tôt en raison de l'activité minière voisine.

L'émancipation, l'Empire mexicain et les Provinces Unies

Le Honduras tout comme les autres provinces d'Amérique centrale s'émancipa de la couronne espagnole en 1821. Cette souveraineté ne fut que de courte durée car Agustín de Iturbide, empereur du Mexique annexa la région de l'Amérique centrale le 22 janvier 1822. L'autorité mexicaine fut aussi éphémère, car en 1823, l'Amérique centrale redevint indépendante. En fait, les pays de la région restaient associés pour former les Provinces Unies d'Amérique centrale. Les pays membres étaient : le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica. Toutefois, les grandes différences sociales et économiques entre le Honduras et les pays voisins attisèrent les tensions entre les différents pays. Les divergences furent telles qu'elles menèrent à l'éclatement de la fédération en 1838-1839. Le général Francisco Morazán, considéré comme un héros par les Honduriens, tenta en vain de maintenir la fédération. D'ailleurs, les gouvernements successifs du Honduras continuèrent d'affirmer jusqu'à la Première Guerre mondiale qu'en matière de politique étrangère, la réunification est l'objectif prioritaire de l'État.

Au XIXe siècle, le gouvernement voulut construire un chemin de fer depuis la mer des Caraïbes jusqu'à la capitale, mais les ressources financières manquèrent lorsque les rails atteignirent San Pedro Sula. Ainsi, San Pedro Sula s'industrialisa considérablement et devint la seconde ville du pays en nombre d'habitants.

Depuis l'indépendance du Honduras, le pays a connu quelques 300 rébellions — dont plus de la moitié se situent au XXe siècle —, guerres civiles et changements brusques de gouvernement.

Des entreprises américaines installèrent de grandes plantations de bananes le long de la côte. La compagnie United Fruit a exporté sa première cargaison de bananes en 1899 depuis le port de La Ceiba sur la côte Caraïbes. C'est à partir de ce moment que le pays a gagné sa triste réputation de « république bananière ». Durant un demi-siècle, la United Fruit a régné en maître sur le petit État et a fabriqué l'histoire du pays en organisant, en sous-main, des coups d'État qui ont toujours servi ses intérêts en laissant les salaires à des niveaux de misère, et en supprimant toute taxe à l'exportation.

Le général Tiburcio Carias Andino resta au pouvoir jusqu'en 1948.

Le XXe siècle

En 1954, de grandes grèves sont à l'origine de plusieurs réformes agraires.

Un bref conflit éclate entre le Salvador et le Honduras en juillet 1969 après que des rencontres de football ont exacerbé les tensions entre ces deux pays (voir Guerre de cent heures).

La dictature (1972-1983)

Le mécontentement des citoyens favorisa le renversement du président Ramon Cruz par le général Lopez Arellano. Le Honduras sert alors aux États-Unis pour déstabiliser le Salvador et le Nicaragua.

Éclaboussé par des scandales, le général Lopez sera à son tour contraint de se retirer. Le général Melgar Castro (1975-1978) et le général Paz Garcia (1978-1983) lui succédèrent. Ces deux officiers améliorèrent les routes et construisirent un réseau de télécommunications. Grâce aux exportations et à des emprunts, le pays bénéficia d'une rapide croissance économique.

La présidence de Suazo (1982-1986)

Après l'accession au pouvoir de Daniel Ortega en 1979 au Nicaragua, le Honduras devient le principal allié des États-Unis dans leur lutte contre l'influence de l'URSS et de Cuba en Amérique Centrale. Conformément à l'évolution de la doctrine américaine que synthétise la publication du manuel « Low Intensity Conflit » en 1981, Washington pousse à la mise en place d'une façade démocratique.

Le 20 avril 1980, se tiennent des élections désignant une Assemblée Constituante auxquelles ne sont pas autorisées à participer les formations jugées « trop à gauche », ce qui inclut la modérée Démocratie chrétienne. Malgré les préférences des militaires en place en faveur du Parti National, les réformistes modérés du Parti Libéral l'emportent.[1]

Peu après, avec l'accession en août du colonel Gustavo Alvarez Martinez à la tête des Forces de Sécurité Publique (FUSEP) et de la Police d'investigation (DNI), les États-Unis disposent d'un fidèle allié à une position clé au sein des forces militaires. Le dispositif d'influence américain fut complété l'année suivant par la nomination de John Negroponte comme ambassadeur.

Après l'adoption d'une nouvelle constitution, des élections générales débouchent en le 29 novembre 1981 sur l'accession du libéral Roberto Suazo Cordova, qui dispose d'une majorité absolue au parlement, à la présidence de la république. Comme aux États-Unis, les élections ont lieu en novembre, mais les présidents entrent en fonction en janvier, d'où une présidence qui va de janvier 1982 à janvier 1986.

Élu contre les militaires sur le thème « de la révolution de l'honnêteté et du travail »[2], Roberto Suazo fit nommer le colonel Gustavo Alvarez Martinez commandant en chef le 15 janvier 1982 avant de l'élever au grade de général trois mois plus tard au grand dam des autres officiers indignés de cette carrière éclair.[3]. Au cours de son mandat, il se montra fort complaisant face à l'interventionnisme américain et plus préoccupé de distribuer honneurs et prébendes que de mener une réelle action politique. Ceci explique sans doute l'impopularité de son gouvernement confronté à une crise économique mondiale qui toucha durement le Honduras, entrainant une baisse de 20 % du PIB par habitant entre 1980 et 1984.

Fortement anticommuniste, Roberto Suazo s'opposa aux sandinistes du Nicaragua et laissa les forces contre révolutionnaire opérer depuis des bases-arrières dans son pays. Assez logiquement au regard de ce qui précède, après la visite de Ronald Reagan en décembre 1982, les aides économiques et militaires américaines connurent une forte augmentation.

Au cours de ce même mois, le président fut directement confronté à l'action armée lorsqu'une organisation révolutionnaire enleva sa fille installée au Guatemala et ne la libéra qu'après la publication dans plusieurs journaux d'Amérique centrale d'une de ses déclarations. Déjà confronté à l'insécurité liée au développement de camps de réfugiés venant du Nicaragua et du Salvador, cette épisode explique sans doute le renforcement de sa propension à s'appuyer sur l'armée, qui malgré le retour au pouvoir civil, est de plus en plus présente dans la société.

L'assassinat et les disparitions mystérieuses furent au cours de cette période une composante de la vie politique, entrainant la rupture entre Suazo et l'église catholique et l'accusation de la part des groupes modérés et de gauche d'appliquer une « solution Argentine ». Nombre d'observateurs eurent alors le sentiment que le pouvoir réel était détenu par le général Gustavo Alvarez, conseillé par l'ambassadeur américain John Negroponte.

Lorsque des raisons de santé forcèrent Suazo à être hospitalisé, d'abord en juin 1983 au Honduras, puis en septembre aux Etats-Unis, Alvarez apparut encore plus puissant. Mais les rancœurs accumulées dans l'institution militaire forcèrent un président retapé à se séparer du général. Le 18 mars 1984, Alvarez fut accusé par ses pairs d'avoir détourné 1 millions de dollars destinés à l'achat d'équipements militaires. Il fut finalement mis aux arrêts le 31 mars à l'initiative du général d'aviation Walter Lopez Reyes, héros de la guerre de 1969 où il fit détruire des raffineries salvadorienne. Les militaires mirent Suazo devant le fait accompli et expulsèrent le général et ses principaux alliés aux États-Unis.

Même si les chefs militaires du Honduras ne remettent en rien en question l'alliance avec Washington, la passivité américaine face à l'éviction d'un allié fidèle s'explique par des raisons de politique intérieure américaine. Dominé par les démocrate, le Congrès américain a adopté en juillet 1983 le Carribbean Basin Initiative qui refond la politique de son pays en Amérique centrale en la fondant sur un accès privilégié au marché américain. En réponse, le même mois, Ronald Regan a constitué une commission bi-partie présidée par Henry Kissinger qui rend son rapport en janvier 1984. On y trouve des déclarations tel que « les Etats-Unis ne peuvent évidemment pas accepter […] les méthodes brutales employées par certaines forces réactionnaires en Amérique centrale ». Au final, l'expulsion de Alvarez du point du vue américain apparaît comme l'éviction d'un allié devenu infréquentable.

Ne pouvant se représenter aux élections, Suazo ne parvint pas dans son propre parti à imposer son candidat, Carlos Flores Facussé, et ce fut le dissident José Azcona del Hoyo qui fut élu aux élections du 24 novembre 1985.

La présidence de José Azcona del Hoyo (1986-1990)

La présidence de Rafael Leonardo Callejas (1990-1994)

La présidence de Reina (1994-1998)

Carlos Roberto Reina gagna les élections avec 56 % des voix autour d'une plateforme appelant à la "Révolution morale". Il renforça le contrôle du pouvoir civil sur l'armée en retirant à cette dernière le contrôle de la Police et en nommant, en 1996, son propre ministre de la défense, rompant ainsi avec la pratique de nommer comme ministre la personne recommandée par les chefs des forces armées.

La présidence de Flores (1998-2002)

Carlos Roberto Flores Facussé devint président le 27 janvier 1998. Il s'agit du 5e président élu démocratiquement depuis 1981, date à laquelle les militaires abondonnèrent le pouvoir. Flores, tout comme son prédécesseur et deux autres présidents, appartient au parti libéral. Lors des élections organisées le 30 novembre 1997, il gagna avec dix points de plus que son rival Nora de Melgar, du parti national.

L'ouragan Mitch dévasta le pays en octobre 1998. Plus de cinq mille personnes perdirent la vie et un million et demi de personnes furent contraintes de se déplacer. Les dégâts sont estimés à 3 milliards de dollars (1998). Les pays occidentaux envoyèrent de l'aide au Honduras.

La présidence de Ricardo Maduro (2002-2006)

La présidence de Manuel Zelaya (2006-)

Les premières critiques à son encontre débutent dans son pays, puis ultérieurement à l'étranger et au niveau international.

  • Manuel Zelaya cherche de nouveaux accords de coopération avec le Venezuela et désire s'allier ou intégrer l'ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) fondée sous l'impulsion d'Hugo Chávez et de Fidel Castro.
    • Les États-Unis voient d'un mauvais œil cette relation Venezuela-Honduras qui se développe depuis lors.
    • Malgré toutes les critiques et l'opposition de membres de son propre parti libéral et du parti national adverse, la signature de l'adhésion du Honduras à l'ALBA a lieu à Tegucigalpa le 25 août 2008, en présence des présidents Hugo Chávez du Venezuela, Evo Morales de Bolivie et Daniel Ortega du Nicaragua, ainsi que du vice-président Carlos Lage de Cuba [4].
    • Cette adhésion est ratifiée par le congrès hondurien le 9 octobre suivant.

Coup d'État du 28 juin 2009

Article détaillé : Coup d'État de 2009 au Honduras.

Le président du Honduras, Manuel Zelaya, a été arrêté, dimanche 28 juin 2009 à l’aube, par des militaires qui l’ont ensuite emmené sur une base de l’armée de l’air. Il a ensuite été conduit au Costa-Rica, où, selon le ministre costaricien de la Sécurité, il aurait demandé l'asile politique.

Le projet de l’élection d’une Assemblée Constituante, dénoncés par les pouvoirs institutionnels de l’Etat, est invoqué comme raison à son arrestation. Il est également invoqué qu'une réforme de la Constitution permettrait d'avoir la possibilité et le rapport de forces nécessaire au sein de l’Assemblée nationale constituante pour sauvegarder les ressources naturelles du Honduras et de proposer leur nationalisation. Il est à noter que par le passé des drigeants populaires comme Fabio Ochoa se prononçant en faveur de la consultation populaire, ont déjà fait l'objet de violences armées[5]

Le président vénézuélien Hugo Chavez a placé ce même jour ses troupes en état d'alerte à la suite de ce putsch et fait savoir qu'il riposterait militairement au cas où son ambassadeur dans ce pays serait attaqué ou enlevé. Chavez a déclaré que des soldats honduriens avaient emmené l'ambassadeur cubain et abandonné celui du Venezuela au bord d'une route après l'avoir frappé durant le coup de force contre le président hondurien Manuel Zelaya, son proche allié.

Le coup d'État de juin 2009 au Honduras se heurte d'emblée à une large opposition internationale : condamné sans appel par les membres de l'ALBA, il l'est aussi par l'OEA, l'Union Européenne, et l'Espagne. Il faut citer la ferme condamnation du putsch militaire par la présidente argentine Cristina Kirchner, par le Mexique, par la Colombie et par la Grande-Bretagne, ainsi que par Hillary Clinton. Quant au président américain Barack Obama, il a demandé le strict respect des normes démocratiques au Honduras.

Notes et références

  1. André-Marcel d'Ans, Le Honduras : difficile émergence d'une nation, d'un état, KARTHALA Editions, 1997, p. 282
  2. Alain Rouquié, Hélène Arnaud, Les Forces politiques en Amérique centrale, 1991, KARTHALA Editions
  3. André Marcel d'Ans, Le Honduras, 1997, KARTHALA Editions
  4. (es) Aporrea - Presidente hondureño defiende el Alba (Le président hondurien défend l'ALBA)
  5. "Coup d’Etat réactionnaire au Honduras", CADTM, Juin 2009

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