Helene Carrere d'Encausse

Helene Carrere d'Encausse

Hélène Carrère d'Encausse

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Hélène Carrère dite Carrère d'Encausse, née Hélène Zourabichvili le 6 juillet 1929 à Paris, est une historienne spécialiste de la Russie qui a été élue à l'Académie française en 1990 et qui occupe depuis 1999 le poste de Secrétaire perpétuel.

Sommaire

Biographie

Fille de Georges Zourabichvili et de Nathalie von Pelken, elle a épousé à Paris, le 5 juillet 1952, Louis Édouard Carrère, dit Carrère d'Encausse, né le 7 janvier 1928 à Bordeaux, fils d'Albert Georges Carrère et de Pauline Dencausse.

Née dans une famille fortunée où discipline et éducation étaient les maîtres mots, sa famille connut le pouvoir et la prospérité et, après la révolution russe, la grande pauvreté[1], et que l'esprit cosmopolite et la révolution les ont de longue date dispersée à travers l'Europe, elle compte parmi ses ancêtres de grands serviteurs de l'Empire russe dont elle suit les traces, et des résistants à ce même Empire : un président de l'Académie des sciences sous Catherine II, ainsi que trois régicides. Cette hérédité la prédisposait naturellement à l'étude de l'histoire et de la science politique qu'elle a enseignées à la Sorbonne avant de transférer sa chaire professorale à l'Institut d'études politiques de Paris.

Elle est connue pour avoir, en 1978, « annoncé la fin de l'URSS » dans son livre L'Empire éclaté, non pas grâce aux entreprises délibérées de Ronald Reagan ou de Jean-Paul II, mais selon elle à cause de la forte natalité des républiques musulmanes d'Asie centrale. Prédiction qui se révèlera en partie fausse : l'URSS explosera certes, mais le mouvement sécessionniste partira des pays baltes, la partie la plus européanisée de l'Union soviétique, alors que les républiques musulmanes resteront globalement calmes jusqu'à leur accession à l'indépendance. En 1976, Emmanuel Todd avait fait, dans un essai intitulé La Chute finale, une prédiction similaire aussi fondée sur un indice démographique : l'augmentation du taux de mortalité infantile.

Professeur invité dans de nombreuses universités étrangères, en Amérique du Nord et au Japon surtout, elle est docteur honoris causa de l’université de Montréal et de l'université de Louvain. Elle est présidente de Radio Sorbonne Radio France de 1984 à 1987 et membre de la Commission des sages pour la réforme du Code de la nationalité en 1986-1987. Durant l’année 1992, elle occupa le poste de conseiller auprès de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, participant ainsi à l’élaboration d’une politique d’assistance à la démocratisation des anciens États communistes. Élue au Parlement européen en juin 1994, elle est vice-présidente de la commission des Affaires étrangères et de la Défense ; vice-présidente de la commission des Archives diplomatiques françaises ; elle a présidé la Commission des Sciences de l’homme au Centre national du livre de 1993 à 1996. Elle est nommée en 1998 membre du Conseil national pour un nouveau développement des sciences humaines et sociales. En 2004, elle est présidente du conseil scientifique de l'Observatoire statistique de l'immigration et de l'intégration.

Elle a reçu le prix Aujourd’hui pour L'Empire éclaté en 1978, le prix Louise Weiss en 1987 ; le prix Comenius en 1992 pour l’ensemble de son œuvre et le prix des Ambassadeurs en 1997, pour Nicolas II. Elle est membre associée de l’Académie royale de Belgique.

Élue à l’Académie française[2], le 13 décembre 1990, au fauteuil de Jean Mistler (14e fauteuil), elle en est élue secrétaire perpétuel le 21 octobre 1999, en remplacement de Maurice Druon, démissionnaire de cette fonction. Le titre « non féminisé » est utilisé à la demande expresse de l'intéressée aussitôt après son élection. Cet usage est généralement respecté dans les médias.

Elle est la mère de l'écrivain et réalisateur Emmanuel Carrère, de l'avocate Nathalie Carrère et du médecin et journaliste Marina Carrère d'Encausse, la sœur du compositeur Nicolas Zourabichvili et la cousine de Salomé Zourabichvili, qui fut ambassadeur de France en Géorgie, puis Ministre des affaires étrangères de ce pays et, actuellement, une des figures de l'opposition.

Controverse

En novembre 2005, lors d’une interview pour la chaîne de télévision russe NTV reprise par le quotidien français Libération, elle tient des propos sur la responsabilité de la polygamie dans les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises[3] :

« Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains. (…) Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues[4]. »

Puis Hélène Carrère d'Encausse poursuit : « Oui, la télévision russe ne fait que suivre Poutine pas à pas. Mais la télévision française est tellement politiquement correcte que cela en est un cauchemar. Nous avons des lois qui auraient pu être imaginées par Staline. Vous allez en prison si vous dites qu'il y a cinq Juifs ou dix Noirs à la télévision. Les gens ne peuvent pas exprimer leur opinion sur les groupes ethniques, sur la Seconde Guerre mondiale et sur beaucoup d'autres choses. On vous juge tout de suite pour infraction. [...] Le politiquement correct de notre télévision est presque comme la censure des médias en Russie. »

Suite à ces déclarations, Éric Halphen, dans un ouvrage[5] dénonce de telles déclarations et se demande : « Qu'est-ce qu'on ne peut pas dire sur la Seconde Guerre mondiale ? ». Dans un autre ouvrage, Sébastien Fontenelle[6] compare, quant à lui, ces propos à ceux d'Alain Finkielkraut et Georges Frêche sur la couleur des joueurs de l'équipe de France de football, ou de Renaud Camus sur le nombre de Juifs dans l'audiovisuel.

Décorations

Bibliographie

  • Études
    • L'Union Soviétique de Lénine à Staline, Éditions Richelieu, 1972, 442 p.
    • L'Empire éclaté, Paris, Flammarion, 1978, 320 p.
    • Le Pouvoir confisqué. Gouvernants et gouvernés en URSS, Paris, Flammarion, 1980, 336 p.
    • Le Grand Frère : l'Union soviétique et l'Europe soviétisée, Paris, Flammarion, 1983, 384 p.
    • La Déstalinisation commence, Paris, Complexe, 1984, 208 p.
    • Ni Paix ni Guerre : le nouvel empire soviétique ou du bon usage de la détente, Paris, Flammarion, 1986, 396 p.
    • Le Grand Défi : bolcheviks et nations, 1917-1930, Paris, Flammarion, 1987, 340 p.
    • Le Malheur russe. Essai sur le meurtre politique, Paris, Fayard, 1988, 560 p.
    • La Gloire des nations ou La fin de l'empire soviétique, Paris, Fayard, 1990, 492 p.
    • Victorieuse Russie, Paris, Fayard, 1992, 440 p.
    • L'URSS de la Révolution à la mort de Staline, 1917-1953, Paris, Seuil, 1993, 384 p.
    • La Russie inachevée, Paris, Fayard, 2000, 360 p.
    • L'Impératrice et l'abbé : un duel littéraire inédit entre Catherine II et l'abbé Chappe d'Auteroche, Paris, Fayard, 2003, 640 p.
    • Nations et Saint-Siège au XXe siècle, colloque sous la dir. d'Hélène Carrère d'Encausse, Paris, Fayard, 2003, 462 p.
    • Russie, la transition manquée, coll. "Les Indispensables", Paris, Fayard, 2005, 1032 p.
    • L'Empire d'Eurasie. Une histoire de la Russie de 1552 à nos jours, Paris, Fayard, 2005, 506 p.
  • Biographies
    • Catherine II. Un âge d'or pour la Russie, Paris, Fayard, 2002, 656 p.
    • Lénine, Paris, Fayard, 1998, 698 p.
    • Nicolas II, la transition interrompue, Paris, Fayard, 1996, 552 p.
    • Staline, l'ordre par la terreur, Paris, Flammarion, 1979, 288 p.
    • Alexandre II, le printemps de la Russie, Fayard, 2005, 522 p.
  • Articles
    • « Les survivances pré-islamiques chez les musulmans de l'URSS », 1961.
    • « La politique culturelle du pouvoir tsariste au Turkestan, 1867-1917 », 1962.
    • « Les routes commerciales de l'Asie centrale et les tentatives de reconquête d'Astrakhan », 1970.

Référence

  1. Par Monier Françoise, Hélène Carrère d'Encausse, 70 ans, secrétaire perpétuel de l'Académie française, publié le 20/01/2000
  2. Son épée d'académicienne fut créée par l'orfèvre Goudji, source : L'Estampille, l'Objet d'art, juillet 2007, p. 53.
  3. Texte de l'interview d'Hélène Carrère d'Encausse pour NTV.
  4. Cette interprétation, passée inaperçue en Russie où la censure porte sur d'autres sujets, lui vaudra d'être dénoncée en France où la polygamie, étant illégale, est de ce fait une forme de délinquance ; elle sera cependant reprise par Gérard Larcher, ministre délégué à l'Emploi, dans le quotidien britannique le Financial Times, puis à la télévision française par Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale.
  5. Éric Halphen, Le Bal des outrés, éd. Privé, 2006.
  6. Sébastien Fontenelle, La Position du penseur couché - Réponses à Alain Finkielkraut, éd. Privé, 2006.

Liens externes


Précédé par
Jean Mistler
Fauteuil 14 de l’Académie française
1990-
Suivi par
Membre actuel
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