Hedy Lamarr

Hedy Lamarr

Hedy Lamarr

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Hedy Lamarr dans La Femme déshonorée (1947)

Nom de naissance Hedwig Eva Maria Kiesler
Naissance 9 novembre 1914
Drapeau de l'Autriche-Hongrie Vienne, Autriche-Hongrie
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Décès 19 janvier 2000
Altamonte Springs, Orlando États-Unis
Profession Actrice
Films notables Extase
Samson et Dalila

Hedy Lamarr est une actrice, productrice et inventeuse américaine, née Hedwig Eva Maria Kiesler le 9 novembre 1914 à Vienne (Autriche-Hongrie), décédée le 19 janvier 2000 à Altamonte Springs (Floride). Elle compte parmi les actrices mythiques du cinéma américain.

Elle est connue pour avoir campé le rôle principal dans Extase, Le Démon de la chair, Samson et Dalila, Camarade X, Angoisse, La Dame des tropiques, Tondelayo et a expérimenté de nombreux genres, du western à l'espionnage, du mélodrame à la comédie.

Surnommée « la plus belle femme du monde » par Louis B. Mayer, qui voulait en faire la nouvelle Garbo, alors que Rita Hayworth était « la déesse de l'amour » et avant qu'Ava Gardner ne devienne « le plus bel animal du monde » – le statut des actrices se dégradait –, Hedy Lamarr tourna pour des réalisateurs aussi prestigieux que King Vidor, Jack Conway, Victor Fleming, Jacques Tourneur, Marc Allégret, Cecil B. DeMille, Clarence Brown, et collabora avec Josef von Sternberg et Douglas Sirk ; elle aurait été par ailleurs la maîtresse de Frank Borzage, Billy Wilder et Otto Preminger, Charles Chaplin et Orson Welles.

Au sommet de sa gloire, entre 1938 et 1949, Hedy Lamarr fut la partenaire de James Stewart, Charles Boyer, Clark Gable, Spencer Tracy, Ray Milland, John Garfield, ainsi que leur maîtresse. Elle rencontra aussi John Kennedy, Howard Hughes, Errol Flynn et Marlon Brando entre autres, laissant une image hautaine et scandaleuse, avant de connaître la déchéance, entre chirurgie ratée et faits divers.

En plus de sa carrière cinématographique Hedy Lamarr est connue comme ayant, sous le nom de Hedy Kiesler Markey[1] et avec son ami le compositeur George Antheil, déposé le brevet d'un système de codage des transmissions appelé étalement de spectre, proposé alors pour le radio-guidage des torpilles américaines durant la Seconde Guerre mondiale, bien qu'il ne fût pas appliqué (Brevet des USA 2,292,387)[2]. La technique réapparut dans le domaine militaire dans les années 1960. De nos jours elle est par exemple utilisée par les systèmes de positionnement par satellites (GPS, GLONASS), les liaisons chiffrées militaires, les communications de la Navette Spatiale avec le sol, et plus récemment dans les liaisons sans fil Wi-Fi [3].

Sommaire

Biographie

« La plus belle femme de l'écran »

Hedy Lamarr en 1934

Dès son cinquième film, en 1933, elle est devenue une célébrité internationale grâce à un nu intégral et prolongé et au mime d'un orgasme dans un film destiné au circuit traditionnel. Le film, considéré par ses concepteurs et la critique comme une œuvre d'art, remporte un triomphe à Venise.

Les aléas de son existence, un mariage mondain et des accointances dangereuses, une fuite rocambolesque loin des nazis, feront que la jeune femme ne reparaîtra que cinq années plus tard sur les écrans. Si son succès de scandale semble quelque peu émoussé (c'est pourtant bien l'héroïne du mythique Extase que les reporters accueillent lorsque Edy arrive en Amérique) Mayer lui fait adopter, par mesure de précaution, un nouveau pseudonyme (la mar, la mer ?) en hommage à Barbara La Marr[4], illustre vamp du muet décédée précocement en 1926 et grand amour du nabab. En 1938, Hedy renaît avec une identité neuve sur un autre continent.

Hedy Lamarr en 1940

Lamarr était certainement conçue pour une autre époque, digne rivale de Marlene Dietrich et Joan Crawford, dont elle avait la classe, voire de Gloria Swanson, véritablement la seule de sa génération qui pouvait succéder à Garbo. Joseph Cornell a écrit dans son essai « Enchanted Wanderer : Excerpt from a Journey Album for Hedy Lamarr" publié dans View (décembre 1941-janvier 1942) : « Dans le gâchis stérile des films parlants, il survient de temps en temps des passages pour nous rappeler à nouveau le pouvoir profond et suggestif des films silencieux pour évoquer un monde idéal de beauté... Et nous sommes reconnaissants à Hedy Lamarr, la flâneuse enchantée, d’avoir à nouveau parlé le langage poétique et évocateur du film silencieux, si seulement il y avait des chuchotements par moments au lieu des vociférations de la bande sonore… Parmi les comédies cinglées et les marques les plus superficielles des drames vulgaires, elle est parvenue à conserver une profondeur et une dignité qui lui permettent d’entrer dans ce monde du silence expressif ».

Sans doute, dans les années 1940, la beauté de Lamarr, pas plus malmenée cependant que Gene Tierney ou Maureen O'Hara par exemple, a été utilisée de façon parfois vulgaire, comme un hochet pour hommes capable de les rendre fous et de les tuer. Lorsque les Lamarr, Tierney, O'Hara et Turner arrivèrent, les Dietrich, Crawford, Hepburn, Garbo étaient baptisées « poisons du box-office » et poussées hors du bateau. Comme avant elles Lillian Gish surnommée « la Duse de l'écran » et mise au rencard à vingt-neuf ans, remplacée aussitôt par Garbo. A Hollywood, beauté et talent se périment de concert... Les temps du « divisme » étaient passés. C'était aussi l'habitude de Mayer, auteur des renvois successifs de Gish, Garbo et Lamarr, son trio royal, quand il ne distribuait pas les actrices en sainte, épouse et mère, de les cataloguer en « femmes dangereuses ». En 1937, il recruta à Londres Greer Garson pour les rôles de sainte et Lamarr pour ceux de vamp. Dans les années 1920 il avait pareillement opposé Barbara La Marr à Lillian Gish, au net désavantage de la seconde, trop indépendante à son goût.

Mais l'époque a changé, Mayer va privilégier l'épouse rassurante plutôt que la vamp étrangère. Il faut noter que la nationalité de Greer Garson, plantureuse rousse, n'a jamais freiné son intégration, housewife de génie, vive dans la comédie et touchante dans le drame, bien de taille à rivaliser avec la plus sophistiquée des séductrices.

« Fulgurante beauté » écrit Jean Tulard, douée d'une « prodigieuse photogénie » selon le Dictionnaire Larousse du cinéma américain, Hedy Lamarr compte aussi parmi ses admirateurs l'écrivain Norman Mailer, qui a décrit leur rencontre en ces termes : « Elle avait une peau incroyable, merveilleuse, d'une luminosité inimaginable. Elle m'a demandé si j'étais marié. Je lui ai répondu : « oui, moi aussi, je suis tombé dans le piège ». Elle m'a regardé et m'a dit : « vous êtes un jeune écervelé, vous ne devriez pas parler du mariage en ces termes. » Pour quelqu'un qui a divorcé six fois... Elle avait compris depuis longtemps qu'il existe des choses autrement plus importantes que le mariage. Je crois toujours qu'elle était la plus belle femme que j'ai jamais vue. » Dans son autobiographie Lana : the Lady, the Legend, the Truth, Lana Turner elle-même s'extasie sur la beauté de celle qui fut sa partenaire dans La Danseuse des Folies Ziegfeld.

Carrière

Clark Gable et Hedy Lamarr dans Camarade X (1940)

Europe

Hedy Lamarr figure dans toutes les anthologies du cinéma érotique à cause de sa participation naturiste à Extase, mais sa carrière est en général dévaluée, surtout parce que ses films sont rares. Si sa beauté est incontestée, son statut d'actrice, lui, est souvent mis en cause malgré le prestige de ses collaborations.

Hedwig se présente seule, à seize ans, probablement recommandée par une relation de ses parents dont la situation financière s'est dégradée[5], aux studios Sascha de Vienne. La future Hedy Lamarr entre « dans le monde du silence expressif » par l'entremise de son compatriote metteur en scène Georg Jacoby, qui a réalisé de nombreux films parmi lesquels Vendetta en 1919, avec Emil Jannings et Pola Negri, Le Petit Napoléon en 1922, le premier film où apparaît Marlene Dietrich, et co-signataire du fameux Quo Vadis ? de 1924. Il l'engage pour deux films – Geld auf der Strasse avec Rosa Albach-Retty, la grand-mère de Romy Schneider, et Tempête dans un verre d'eau, en 1930 et 1931 – et comme script girl pour la garder près de lui. La jeune fille est ensuite engagée par le grand metteur en scène de théâtre Max Reinhardt qui déclare à la presse qu'elle est "la plus belle fille du monde" ; c'est à cette époque qu'elle rencontre Otto Preminger et Sam Spiegel, qui rivalisent pour obtenir ses faveurs[6]...

Hedy gagne Berlin en 1931. Elle tourne pour le cinéma Pas besoin d'argent de Carl Boese (co-directeur du classique Le Golem), qui remporte un grand succès, et Les Treize Malles de monsieur O. F. d'Alexis Granowsky (autre grand metteur en scène de théâtre) avec notamment Peter Lorre et Margo Lion - pour lequel Hedy fait l'objet d'une tapageuse campagne de publicité aux retombée intéressantes puisque même le New York Times saluera sa présence[5]. A la même époque, elle interprète sur scène un des quatre personnages principaux de Private Lives de Noel Coward et sa prestation lui vaut des critiques élogieuses[5]. En 1933, dans Extase de Gustav Machaty, dont l'histoire est proche de L'Amant de Lady Chatterley, sa nudité fait sensation et cette réputation sulfureuse ne la quittera plus. Le film, présenté à la Biennale de Venise, est condamné par le pape Pie XII. Par la suite, la jeune fille remporte un grand succès en jouant Elizabeth d'Autriche (Sissi) sur scène[6].

Après un mariage mondain (lui aussi selon toute vraisemblance encouragé par les parents de la jeune fille inquiets pour son avenir[5]), la future Hedy Lamarr gagne l'Europe de l'Ouest. En Suisse tout d'abord, elle côtoie la jet set (Billy Wilder, la star de la Paramount Kay Francis ou l'écrivain Erich Maria Remarque avec lequel elle entame une liaison) ; le tout se solde par cinq années d'absence des écrans. Puis elle rencontre à Londres Louis B. Mayer ; celui-ci est venu pour engager la rousse Greer Garson, bourgeoise mariée qui venait de se faire remarquer dans la pièce Golden Arrow de Sylvia Thompson aux côtés de Laurence Olivier, et engagera aussi Victor Saville, qui venait de réaliser Dark Journey avec Conrad Veidt et Tempête dans une tasse de thé avec Rex Harrison et Vivien Leigh ; apparemment peu intéressé par Hedy, gêné par sa prestation dans Extase (selon l'intéressée), le magnat d'Hollywood lui propose un contrat peu avantageux (six mois d'essai et 150 dollars par semaine) qu'elle refuse[5]. D'après ses propres dires, la future Hedy Lamarr travaille comme gouvernante du jeune violoniste prodige Grisha Goluboff avec qui elle s'embarque sur le Normandie. C'est durant la croisière (Cole Porter, qui écrira une chanson sur Hedy - voir citation en section Hommages -, figure entre autres parmi les passagers) qu'elle convainc Mayer de l'engager aux conditions qu'elle souhaite, avec un rang de reine.

La star MGM

Hedy Kiesler réapparaît enfin à l'écran, sous le pseudonyme de Hedy Lamarr, sur un autre continent. Elle est désormais liée avec la M.G.M., le plus grand studio d'Hollywood, par un contrat de sept ans durant lesquels elle interprètera une quinzaine de longs métrages.

Cette carrière américaine débute avec Casbah de John Cromwell produit par Walter Wanger et United Artists, un remake de Pépé le Moko de Julien Duvivier où elle succède à Mireille Balin et Charles Boyer à Jean Gabin. Dans le rôle d'une parisienne arriviste qui conduit involontairement le héros à sa perte, elle fait merveille – avec réserve toutefois et sa voix n'est qu'un souffle. La nouvelle étoile semble déjà revenue de tout.

Promue révélation et nouvelle sensation de Hollywood, elle enchaîne dans la veine exotique avec le romanesque La Dame des tropiques de Jack Conway, sur un scénario de Ben Hecht avec pour partenaire Robert Taylor, et entame au côté de Spencer Tracy le tournage complexe de Cette femme est mienne également sur un scénario de Hecht, commencé par Josef von Sternberg, repris par Frank Borzage non crédité et achevé par W. S. Van Dyke, surnommé « One Shot Woody », qui le signe seul. Certains exégètes affirment que Sternberg a quitté le tournage après quelques scènes parce qu'il ne retrouvait pas Dietrich en Lamarr, dans ce cas il est regrettable que ces deux Viennois ne se sont pas entendus. Il semble cependant que ce soit l'interventionnisme de Mayer qui a en réalité détourné Sternberg et Borzage du projet[5]. Selon le Hollywood Reporter, en octobre 1939, l'actrice exige et obtient 5000 dollars par semaine alors qu'elle en gagnait 750 jusque là.

Après des débuts en fanfare et une expérience enlisante, ses prestations sont parfois fraîchement accueillies par la critique. La jeune femme est sollicitée par Luther Green pour jouer sur scène Salomé mais le studio s'y oppose.

Lamarr s'illustre dans la comédie anti-soviétique Camarade X de King Vidor, face à Clark Gable, sur un scénario de Ben Hecht encore : dans un rôle proche de Ninotchka tourné l'année précédente, elle parodie Greta Garbo en aggravant sa voix et, si elle intervient tardivement, amuse dans des situations incongrues comme celle où elle conduit un tramway rempli de chèvres et de paysans en vareuses. La veine parodique lui vaut de nouveau la faveur des critiques de cinéma et du public[5]. Elle retrouve, dans un rôle qui annonce les futures héroïnes de ses films noirs, Tracy et Conway pour les aventures de La Fièvre du pétrole, éclipsée cependant par le couple que forment Gable et Claudette Colbert, et Vidor pour un de ses chefs d'œuvre (dans lequel elle ne dépare pas dans son premier personnage américain), le nostalgique Souvenirs avec Robert Young, qui dénonce un ordre puritain oppressif.

Le prestigieux cinéaste, qui appréciait les actrices de tête (il a offert à Lillian Gish, Barbara Stanwyck ou Bette Davis des rôles marquants), la compare alors à l'incandescente Jennifer Jones, et le studio RKO souhaitait Hedy face à John Wayne dans Duel au soleil, réalisé également par Vidor avec Jennifer Jones et Gregory Peck[5]. Au lieu de quoi Lamarr rivalise avec Judy Garland et Lana Turner dans La Danseuse des Folies Ziegfeld de Robert Z. Leonard où on ne lui demande que d'être ravissante - un des grands succès de 1941.

Clarence Brown, le directeur favori de Garbo, l'utilise dans le romantique Viens avec moi où, de nouveau showgirl, pour obtenir la nationalité américaine elle contracte un mariage blanc avec James Stewart, et Victor Fleming, le metteur en scène d'Autant en emporte le vent, la dirige avec John Garfield et Tracy dans l'adaptation du roman réaliste de John Steinbeck, Tortilla Flat, qui traite de la vie de pauvres pêcheurs californiens ; même la redoutable critique Pauline Kael se fend d'une critique élogieuse à l'égard d'Hedy[7]. Dans le même temps, Conway la dirige pour la troisième fois, en même temps que William Powell, dans le tortueux mélodrame Carrefours ; dans ce film, Claire Trevor interprète le second rôle féminin, refusé par Marlene Dietrich - qui ne souhaitait pas apparaître au second plan derrière Hedy[8].

Dans Tondelayo de Richard Thorpe, grimée en noir, elle est une irrésistible indigène de la Sierra Leone, vile tentatrice de Walter Pidgeon et Richard Carlson, mais sa carrière menace de sombrer dans la série B. Elle tourne encore une bonne comédie, Le Corps céleste d'Alexander Hall, qui lui redonne pour partenaire Powell en mari cosmonaute et clame en slogan : « it's heaven to be in love with Hedy ».

L'exilée participe à l'effort de guerre, entourée de Paul Henreid, Sydney Greenstreet et Peter Lorre, avec le film noir Les Conspirateurs de Jean Negulesco, récit d'espionnage contemporain ; enfin, dans un registre proche, Angoisse de Jacques Tourneur, un des rares budgets importants du réalisateur, affirme une nouvelle fois l'actrice en forte héroïne de thriller, entre l'irlandais George Brent et l'austro-hongrois Paul Lukas. Le film sera la production la plus coûteuse de la RKO en 1944 ; Hedy Lamarr insiste pour que l'action contemporaine du roman de Margaret Carpentere soit transposée au début du siècle, il faut reconstituer des quartiers de New York en 1903 ; l'action se déroulant dans la haute bourgeoisie cosmopolite de la Côte Est, les décors d'intérieurs, les costumes, la photographie sont également luxueux[9].

Les Conspirateurs (1944)

En 1945 Hedy interprète le dernier film de son contrat avec la MGM, la comédie La Princesse et le Groom réalisée par Thorpe, avec Robert Walker pour co-vedette. Les ambitions de Mayer ont fait long feu. De Sternberg à Thorpe, Hedy Lamarr a échoué à devenir la nouvelle Garbo. Les années 1940 ne sont pas les années 1920 ou 1930 : une actrice lointaine n'a plus pour fonction que d'attirer le héros, de le combler ou de le perdre, en un nombre de scènes réduit.

Triomphe et Chute

L'année suivante, la star se lance dans la production indépendante. Le Démon de la chair est réalisé pour partie par Douglas Sirk, autre émigré de Berlin, et signé par le viennois Edgar Ulmer, choisi expressément par Hedy[7]. Ce psychodrame en costumes, d'un romantisme exacerbé, se déroule dans la Nouvelle-Angleterre au début du XIXe siècle et offre son meilleur rôle à Lamarr : le portrait d'une criminelle schizophrène. Ceci d'après un roman de Ben Ames Williams, auteur également de Péché mortel dont l'adaptation à l'écran valut à Gene Tierney une nomination à l'Oscar. Lamarr partage ici l'affiche avec George Sanders et Louis Hayward. Le Démon de la chair demeure, avec Extase et Samson et Dalila, un de ses classiques, et sauve sa carrière aux yeux des cinéphiles les plus exigeants.

Hélas l'échec de son film suivant, La Femme déshonorée de Robert Stevenson avec John Loder (qu'elle épouse), marque la fin brutale, dès 1947, de son expérience en tant que productrice. Pourtant elle est avec une troublante sincérité cette femme salie, éditrice de mode qui souffre de sa mauvaise réputation et entame une thérapie après une tentative de suicide.

Les neuf années suivantes sont marquées par une relative discrétion, si l'on excepte le triomphe du péplum Samson et Dalila de Cecil B. DeMille (1949) inspiré du Livre des Juges, avec Victor Mature, George Sanders et Angela Lansbury : il fixe pour longtemps son image de femme fatale, froide et sans coeur.

Hedy Lamarr passe alors de la comédie Vivons un peu de Richard Wallace, avec Robert Cummings et la russe Anna Sten, au film d'espionnage La Dame sans passeport de Joseph H. Lewis, un passionné de psychanalyse, avec John Hodiak, dont l'intrigue se déroule à La Havane sous Batista ; la comédie et l'espionnage sont réunis dans Espionne de mon cœur de Norman Z. McLeod, au côté de Bob Hope. Elle expérimente par ailleurs le western (avec peu de succès) à la Paramount, avec Terre damnée de John Farrow, en propriétaire de saloon face à Ray Milland.

La belle lance ses derniers feux (et quels feux) dans L'amante di Paride du français Marc Allégret, où elle incarne les mythiques Hélène de Troie et impératrice Joséphine, et dans le semi-documentaire L'Histoire de l'humanité de et produit par Irwin Allen, auquel participent également Ronald Colman et les Marx Brothers, où elle prête ses traits à Jeanne d'Arc...

En 1957, Hedy Lamarr partage le générique de son dernier film officiel, Femmes devant le désir de Harry Keller, avec la soprano Jane Powell qui joue sa fille, Jan Sterling et George Nader : « une étude assez prenante sur le monde des actrices » selon Gérard Legrand. La même année meurt Mayer, son second « père en cinéma » après Jacoby.

Une vie privée mouvementée

« He said, "Hedy, you know I love you and I know you love me" (Men have this quaint cause-and-effect notion.) » Hedy Lamarr, Ectasy and Me, my life as a woman[10]

« La première chose qu'elle remarque, quand un de ces beaux messieurs lui est présenté, c'est sa démarche, sa manière d'être. Est-il aimable, courtois, distingué ? A-t-il un aspect frais, soigné ? Hedy a horreur des hommes qui ont l'air d'avoir oublié de se raser, comme de tous ceux qui éprouvent un malin plaisir à mettre leurs mains au plus profond de leurs poches et leurs pieds sur leur bureau. » Ciné-télé-revue

Le livre de souvenirs de Hedy Lamarr, paru en 1966, a causé des dommages à son image de déesse intouchable. En France, il a fait l'objet d'un compte rendu de Bernard Cohn dans le Positif n° 98 en octobre 1968. La star s'y attarde sur sa vie privée mouvementée. Ces mémoires figurent parmi les dix autobiographies les plus érotiques de tous les temps selon Playboy, avec La Vie sexuelle de Catherine M., Les Mémoires de Casanova et les autobiographies de Klaus Kinski et Motley Crue. Lamarr crut que la franchise du livre avait mis un point final à sa carrière et accusa ses auteurs fantômes. Le livre fut même précédé de deux introductions, une médicale et une psychiatrique, car le sexe non-marital était présenté alors comme un sérieux problème de santé. Et Lamarr en a usé sans frein.

Certes Lamarr est l'une des grandes séductrices de Hollywood, une « dévoreuse » à l'instar de Lana Turner, Joan Crawford ou Marlene Dietrich. Elle s'est illustrée notamment à travers six mariages, dont le premier est le plus fameux : Friedrich « Fritz » Mandl était un des quatre plus grands marchands d'armes du monde, ami personnel et fournisseur de Mussolini. Il a fait d'elle, dès 1933, une institution de la haute société de Vienne, recevant des dirigeants étrangers dont Hitler paraît-il. Mandl tenta, selon une légende peu probable[7], de racheter toutes les copies d'Extase pour les détruire. Par ailleurs, Hedy Lamarr aurait quitté Mandl justement parce qu'il était trop impliqué avec les nazis. Légende ou réalité ? Hedwig Mandl s'enfuit en cachette, droguant la domestique chargée de la surveiller et lui empruntant son uniforme – on se croirait dans Les Enchaînés d'Hitchcock. Or Extase aurait été interdit en Allemagne parce que Hedy était juive. Lorsqu'Adolf Hitler était chancelier, la nudité et l'orgasme ne devaient pas être tolérés dans un film, tchèque de surcroît. Le face à face entre Lamarr et le dictateur nazi ne pouvait être que pénible – s'il a eu lieu.

Hedy Lamarr et John Loder dans une salle d'audience en 1946

De ses maris suivants, il est finalement assez peu question : avec le scénariste et producteur Gene Markey (1939-1940), ex-mari de Joan Bennett, Hedy adopte James qui, en 1969, sera le principal protagoniste d'un fait divers – devenu policeman, il tue un garçon noir de 14 ans ; avec l'acteur John Loder (1943-1947), elle a deux enfants, Anthony et Denise, avec qui elle entretient des relations difficiles malgré de belles déclarations – l'actrice avait la main lourde, et Denise a raconté qu'elle pleurait en jouant avec une poupée à l'effigie de sa mère souvent absente ; il y eut ensuite l'acteur Teddy Stauffer (1951-1952), l'industriel W. Howard Lee (1953-1960) et l'avocat Lewis J. Boies (1963-1965). Son mariage le plus long, avec Lee qui épousa ensuite Gene Tierney, fut, de l'aveu de l'actrice, une page noire de sa vie...

Eva et surtout Hedy collectionnèrent les aventures. En Angleterre, elle séduisit l'irrésistible Stewart Granger encore marié avec Elspeth March. Dans Ecstasy and Me, elle raconte qu'en 1945, John Kennedy, de passage à Paris, lui téléphona pour lui proposer de sortir ; elle l'invita dans son appartement où il arriva une heure plus tard avec un sac d'oranges ; les agrumes étant à l'époque pratiquement introuvables, le présent fut très apprécié... En mars 1941, Howard Hughes l'arrose de cadeaux. Lamarr sort avec Jean-Pierre Aumont en août 1942, Mark Stevens en septembre, et ses fiançailles avec George Montgomery sont rompues en novembre, selon Hollywood Reporter.

Parmi les personnalités diverses que la star aurait fréquentées de près : le producteur légendaire de Sur les quais et Le Pont de la rivière Kwaï, Sam Spiegel, rencontré à Berlin, Johnny Carson, l'animateur non moins légendaire du Tonight Show, le grand photographe Robert Capa, le réalisateur Frank Borzage, qui la dirigea sur I Take this Woman, les acteurs David Niven, Errol Flynn, Marlon Brando, les acteurs réalisateurs Orson Welles et Charles Chaplin, Billy Wilder et Otto Preminger, deux réalisateurs viennois qu'elle fréquente en Europe avant la guerre, ses partenaires Charles Boyer, Clark Gable (l'intéressée le nie[6]), George Sanders, James Stewart, John Garfield, Robert Taylor, Robert Walker, Spencer Tracy, Ray Milland ! La bisexualité de Hedy Lamarr ne fait l'objet d'aucun développement, sauf dans le livre de Devra Z. Hill, et elle-même a écrit : « I don't think that anyone would call me a lesbian, it's just that I seem to be the type that other women get queer ideas about. »

Lamarr s'est beaucoup exprimée sur les hommes, souvent en formules lapidaires du genre : « En dessous de 35 ans, un homme a trop à apprendre, et je n’ai pas le temps de lui faire la leçon ».

Mauvaise réputation

Hedy Lamarr est l'une des plus célèbres actrices parues entièrement nues au cinéma. C'était dans Extase, un film tchèque de 1933, antérieur à sa carrière hollywoodienne.

Hedy Lamarr en 1942

Dans le livre Grandes Dames du cinéma, Don Macpherson déplore le manque « de ce charme distinct et de cette personnalité qui ferait écho à sa beauté » ; il salue avec mauvaise foi « un de ses efforts professionnels les plus réjouissants » dans La Danseuse des Folies Ziegfeld (où elle est davantage mannequin qu'actrice) et enfonce le clou à propos du film de Cecil B. DeMille : « Lamarr incarne Dalila avec un bienfaisant mépris du réalisme », au côté de Victor Mature « dont les prouesses d'acteur sont de la même veine » ; l'auteur reconnaît cependant que « sa détermination et son panache » contribuent à sauver le film, et achève sa diatribe sur une note ambiguë : « Parmi les ruines de son temple « technicoloré », ne dirait-on pas qu'elle a enfin trouvé sa place, si éphémère soit sa gloire »[11]. Quant à cette gloire, comme au réalisme d'une Dalila de cinéma, chacun laissera libre cours à son imagination.

Beaucoup ne lui pardonnent pas d'avoir refusé Casablanca, Hantise et L'Intrigante de Saratoga, qui ouvrirent une voie royale à Ingrid Bergman. A propos de Casablanca Hedy Lamarr aurait été approchée, comme du reste Irene Dunne et Michèle Morgan trop chère, mais elle était liée par contrat à la MGM et ne souhaitait pas s'engager sur un projet sans connaître le scénario – l'équipe, Bogart et Bergman compris, n'apprécia pas davantage l'aspect improvisé du tournage. La rumeur dit également que beaucoup d'actrices refusèrent car elles ne trouvaient pas Bogart suffisamment séduisant. Celui-ci n'avait à son actif en 1942 que deux rôles en vedette, dans La Grande Évasion et Le Faucon maltais de John Huston, avec respectivement Ida Lupino et Mary Astor. Ingrid Bergman de son côté débutait en Amérique où elle n'avait guère tourné que le remake d'Intermezzo et Dr Jekyll and Mister Hyde avec Spencer Tracy et Lana Turner. Même Jack Warner n'en revenait pas que Bogart pût paraître sexy et ce dernier lui-même en attribuait le mérite à sa partenaire. D'autre part, George Cukor, réalisateur de Hantise, ne se souvenait pas que Hedy eût été mentionnée dans ce projet[7].

Plus sérieusement, l'article du Larousse déplore que « l'esthétique aseptisée de la M.G.M. » ait accentué la « froideur naturelle de son jeu » et mesure les capacités de l'actrice à l'aune de sa prestation flamboyante dans Le Démon de la chair. Concernant Mayer, l'ouvrage insiste sur sa conception de la star : « élégante, diaphane, lointaine », et souligne la mièvrerie générale des films MGM après la mort d'Irving Thalberg (1936). Pour Tulard, sa carrière ne compte « pas de grands chefs d'oeuvre mais d'excellentes bandes ». Au hasard des programmations, la critique reconnaît d'ailleurs volontiers la qualité de ses prestations et de ses films.

La femme n'a pas reçu de meilleures critiques que l'interprète. Parfois cependant un récit censé démontrer la fatuité d'un des protagonistes souligne celle d'un autre. En témoigne celui-ci, rapporté par Téléstar, concernant l'acteur français Jean-Pierre Aumont : « Lors d'un dîner auquel l'avait convié Hedy Lamarr, l'acteur sentit soudain sous la table la jambe de son hôtesse se frotter contre la sienne... Huit jours après, Hedy et Jean-Pierre étaient fiancés. Après avoir offert un solitaire à la dame de son cœur, l'acteur téléphona à son père pour lui demander de venir à Los Angeles faire la connaissance de sa future belle-fille. Le temps que monsieur Aumont père fasse le voyage, Jean-Pierre avait réalisé qu'il allait commettre une erreur : capricieuse, futile, Hedy n'était vraiment pas la femme de sa vie. En accueillant son père à l'aéroport, Jean-Pierre lui fit part de sa décision de rompre et lui confia la mission d'en avertir la fiancée. La nouvelle fut mal accueillie. Quand elle revit l'acteur, Hedy lui jeta sa bague au visage, puis, se ravisant, la ramassa et claqua la porte ! ».

Avec Howard Lee l'amour, si amour il y eut, devient haine. Gene Tierney se souvient dans Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma : « Howard Lee était en pleine procédure de divorce avec Hedy Lamarr. Bien avant que les touristes eussent investi la ville, il avait construit une maison baptisée Villa of Aspen (anciennement Villa Lamarr). (...) A la seule mention de mon nom, il cracha : « Pas question ! J'ai eu mon compte d'actrices de cinéma ! » (...) S'il croyait, ou redoutait, une créature hollywoodienne, je ne correspondais plus à cette catégorie, pour autant que ce fût jamais le cas. »

D'autres récits, grâce à une bénéfique distance, plutôt que d'éveiller le mépris, suscitent la pitié voire – à une certaine distance – la compréhension. Ainsi en va-t-il de celui dû à Jane Powell, à propos du dernier film officiel de Lamarr, Femmes devant le désir : « Hedy Lamarr était obsédée par son âge et par sa beauté. Elle ne supportait pas d'être la mère d'une femme adulte et avait interdit toute scène avec moi, ce qui était totalement déraisonnable puisque j'étais censée être sa fille. Elle était star jusqu'au bout des ongles. Chaque jour elle arrivait au studio dans une limousine conduite par son chauffeur et se précipitait à la salle de maquillage le long d'un tapis rouge qu'on avait pris soin de dérouler pour elle. Un jour, elle a claqué la porte au nez de toute l'équipe croyant qu'une plaisanterie dont nous riions lui était destinée. » (Ciné-télé-revue)

Quand le courant passe mal, mieux vaut débrancher, ce que fit Lamarr en veille.

L'Invention

Dans une des transformations les plus étonnantes des temps modernes, Hedy évolua de tentatrice du grand écran à déesse de l'ingénierie. Loin d'être juste un symbole sexuel, elle pouvait également expliquer le fonctionnement d'un système à étalement de spectre par saut de fréquence – ce qui n'est pas une mince affaire. En 1941, de concert avec le co-inventeur George Antheil, elle proposa son système secret de torpilles radio-guidées qui permettait à la torpille de sauter parmi 88 différentes fréquences, rendant impossible la détection par l'ennemi de l'attaque sous-marine. Un codage de transmission en avance de 20 ans à l'époque, et utilisé aujourd'hui encore pour les positionnement par satellites (GPS...), les communications des navettes spaciales avec le sol, ou dans la technologie Wi-Fi.

Là encore les versions divergent. Certains se plaisent à peindre deux antinazis passionnés qui passent leurs soirées à discuter de la meilleure façon de battre Hitler : le compositeur George Antheil et l'actrice Hedy Lamarr ; cette dernière se souvient de plans qu'elle a lus chez son premier époux, Mandl ; après de longues soirées passées sur le seuil de la maison d'Hedy à simuler divers engins avec des allumettes et une petite boîte d'argent, en s'inspirant des rouleaux perforés des pianolas dont Antheil faisait un usage immodéré, ils inventèrent un système baptisé « étalement de spectre » autrement dit le « commutateur de fréquences » afin de guider des fusées par fréquence radio et de brouiller les détecteurs ennemis. Suivant les sources, Lamarr et Antheil apportèrent une contribution décisive à la victoire des Alliés puis leur invention fut oubliée. La plupart cependant affirment que le système était si avancé que la US Navy déclara qu'il était impraticable et considéra avec mépris l'explication que certaines parties fonctionnait comme le mécanisme d'un piano mécanique. La technologie évolua et en 1962 le système de Hedy fut finalement mis en place par la Navy

Le Bureau des brevets américain détient en effet, daté du 10 juin 1941 et cosigné par Hedy Lamarr, la description d'un système de guidage de torpilles impossible à brouiller. Le brevet intitulé Spread Spectrum préconise de faire varier simultanément, et selon le même code enregistré sur deux cartes perforées, les fréquences de l'émetteur et du récepteur. Les progrès de l'électronique quinze ans plus tard firent que le procédé fut utilisé dans la crise des missiles à Cuba en 1962, jusqu'aux bombes dites « intelligentes » lâchées sur l'Irak. Lorsque le brevet fut déclassifié dans les années 1960, le dispositif fut également utilisé par les constructeurs de matériels de transmission. Aujourd'hui, la plupart des téléphones portables, pour améliorer leurs communications avec les émetteurs, mettent à profit la « technique Lamarr ».

Le seul ennui est qu'interrogée sur sa géniale invention, Hedy Lamarr a toujours affirmé n'y être pour rien, même si elle accepta avec joie le prix (très rétroactif) que lui décerna en 1997 l'Electronic Frontier Foundation américaine. C'est Antheil, disait-elle, qui en avait eu l'idée, et qui l'avait associée au brevet par admiration pour elle, comme il aurait pu lui dédier une symphonie.

George Antheil (1900-1959), le musicien en question, est un personnage qui vaut le détour, et qui compose avec Hedy une sorte de couple idéal pour incarner la culture scientifique. Dès son arrivée à Paris dans les années 1920, il se lie avec les milieux artistiques d'avant-garde. Stravinsky, Picasso, Joyce, Dali assistent aux concerts de ce musicien énergumène qui produit « des œuvres conçues par et pour les machines ! ». Fasciné par les pianos mécaniques (il en fera jouer seize sur la même scène), les hélices d'avion (dont il fit des instruments à percussion), les sirènes et les klaxons (l'Américain à Paris de Gershwin est évidemment George Antheil), il est le pionnier d'une musique intégralement mécanique n'annonçant rien de moins que notre moderne "Techno". Le peintre Fernand Léger appréciait tant cette approche nouvelle qu'il monta avec Antheil un Ballet mécanique accompagné de projections sur écran. "Bravo ! Quelle précision!" s'écria Erik Satie lors de la première, tandis que le critique musical du Paris Tribune écrivait en date du 21 janvier 1925 que la musique d'Antheil était conçue "pour en finir avec les grands orchestres… et avec le public". Erreur : on trouve sur la Toile un site très décoiffant [12] où est reconstitué, avec des moyens techniques différents mais en hommage à George Antheil, le Ballet mécanique, étrange mariage de l'art et de la science.

La légende noire

Lors d'une crise de désespoir que l'équipe ne s'explique pas, Julie Baker (Jacqueline Bisset) - l'actrice principale - réclame du beurre en motte. Simple observateur, l'un des acteurs principaux, Alexandre (Jean-Pierre Aumont), commente :

« Il (le réalisateur) a encore de la veine dans son malheur. J'ai connu des caprices beaucoup plus coûteux. Il y avait une actrice autrichienne, Hedy Lamarr, qui était une des reines d'Hollywood ; elle regrettait tellement le climat pluvieux de son Tyrol natal qu'elle avait fait installer, dans le jardin de sa propriété en Californie, une machine à faire la pluie. Alors vous voyez, le beurre en motte... » La Nuit américaine de François Truffaut

Hedy Lamarr a été beaucoup critiquée mais dans une série récente de portraits, elle apparaît bien plus complexe que sa réputation, déjà contrastée. Selon Antheil, "Hedy était un géant intellectuel comparée aux autres actrices d'Hollywood"[6]. Les apparences l'ont souvent desservie et la solitude et la mélancolie semblent s'attacher à elle. Chirurgie ratée et faits divers sordides, bruits contradictoires composent sa légende noire.

En 1949 Hedy remporte le seul prix de sa carrière, le Prix pomme acide de l'actrice la moins coopérative remis – en mains propres ? – par les Golden Apple Awards. Cette misanthropie ne s'exerce pas seulement à l'égard des journalistes : le Ciné-télé-revue du 18 au 24 juillet 1950 rapporte que « Hedy Lamarr n'aime plus guère que l'on parle d'elle. Elle déteste les interviews et se méfie de la sincérité de ses amis. Elle n'en a plus beaucoup du reste. Elle a connu trop de déceptions et elle les redoute. Elle vit presque comme une recluse. Surtout ne pas lui poser de questions trop précises : la laisser parler selon son coeur. Quand elle se sent du vague à l'âme, comme en ce moment, c'est à son enfance viennoise qu'elle pense le plus intensément. Et à son père. »

Dans sa vie sont mentionnées des amitiés féminines, amitié d'enfance avec la grande chanteuse viennoise Greta Keller : admirée du prince de Galles et du roi Carol de Roumanie, qui avait débuté avec Peter Lorre et Marlene Dietrich et devenue la première vedette du cabaret Oak Room. En 1939, elle comptait parmi ses fans Katharine Hepburn et Greta Garbo, Clifton Webb et Tallulah Bankhead. Amitié avec Ann Sothern, héroïne comique de la série Maisie et une des interprètes des Chaînes conjugales de Joseph Mankiewicz. Par ailleurs des témoignages anonymes protestent de l'intelligence et de l'humour de la véritable Hedy, Eva ou Hedwig, loin de l'icône glacée de l'écran et de la femme narcissique et parfois superficielle de ses mémoires.

Au lendemain de son plus grand triomphe, Samson et Dalila, la chute de la star est amorcée. Elle se retire en 1957 après une série d'échecs. Selon des sources obscures, elle mène une vie mondaine pendant quelques années et dilapide sa fortune. Elle expérimente la chirurgie esthétique, qui à l'époque peut faire un nez à Brando mais difficilement restaurer le visage de Montgomery Clift, défiguré par un accident de voiture. Le résultat est catastrophique.

Dès 1960, elle est arrêtée pour vol à l'étalage et relâchée sans procès. En 1966, prise en flagrant délit de vol de produits de beauté dans une grande surface à Los Angeles, elle est jugée et relaxée. C'est une Hedy défaite qui s'explique devant les caméras. Lena Horne raconte dans les mémoires d'Ava Gardner : « Quand j'ai rencontré Hedy Lamarr après un de mes spectacles, elle m'a dit : « C'était tout de même merveilleux, la M.G.M. ! On nous choisissait nos vêtements, nous n'avions besoin de penser à rien, Howard Strickling s'occupait de tout et prévoyait ce qu'on aurait à dire. » Et cette remarque m'a fait un drôle d'effet, parce que je savais, moi, que c'était un peu horrible. On a toujours besoin d'être en mesure de penser par soi-même. »

Au milieu des années 1960, Andy Warhol fait la connaissance de Hedy Lamarr dont les mémoires lui inspirent en 1965 Hedy (The Most Beautiful Woman in the World/The Shoplifter/The Fourteen Year Old Girl), mélodrame parodique qui retrace une fin de vie et le mythe de l'immortalité qui lutte contre le temps à coups d'opérations chirurgicales ; après avoir dérobé dans des magasins, l'héroïne jouée par le travesti Mario Montez subit l'interrogatoire musclée d'une enquêtrice.

En 1990, Télé poche évoque un téléfilm biographique avec Mélissa Morgan, ex-patineuse et actrice dans Les Feux de l'amour. L'année suivante, Jean Tulard écrit qu'elle a « sombré dans l'anonymat et, dit-on, dans la misère ». La même année Hedy Lamarr récidive au supermarché Eckerd de Casselberry en Floride, où elle vit, et récolte un an de probation.

L'ancienne star fait à nouveau parler d'elle. Le Ciné-télé-revue du 15 août lui consacre une page dont voici des extraits : « Un témoin raconte sa récente arrestation : « Les policiers l'ont presque malmenée. Plus personne ne se souvenait d'elle. Elle clamait à tue-tête son nom, disant qu'elle avait été l'un des piliers de Hollywood, mais personne ne la croyait. Moi-même, je ne l'avais pas reconnue. Triste fin pour un sex-symbol... Je les ai suivis jusqu'au commissariat. Elle fut interrogée comme une voleuse ordinaire. On lui a même pris ses empreintes digitales. » ; « deux représentants de l'ordre s'emparent de la femme qui, tête baissée, les suit. Sous son foulard, qui masque sa chevelure, et ses lunettes noires, elle ressemble à un zombie. (...) Cette femme a dérobé pour plus de vingt dollars de produits de beauté. (...) Son nom : Hedy Lamarr ! Personne n'en croit ni ses yeux ni ses oreilles. » Un psychologue[13] explique : « Hedy Lamarr est kleptomane parce qu'elle est désespérément seule. Il est fréquent qu'une femme, qui a connu la gloire et qui, maintenant, est abandonnée de tous, commette les pires excentricités pour se faire remarquer des autres. C'est sa manière à elle de prouver qu'elle existe encore... » ; et selon un psychanalyste, « sa certitude d'avoir volé sa gloire et ses millions de dollars, elle choisit pour en faire l'aveu de se faire arrêter dans un supermarché pour cleptomanie ».

L'auteur, Joan MacTrevor, confirme l'aisance de Lamarr : « Née (...) d'une mère hongroise mondialement connue pour sa beauté et d'un père directeur de banque, elle est riche. Elle possède même une île dans les Caraïbes. Dernièrement, elle déclarait encore à la presse : « Une femme doit, jusqu'à son dernier soupir, soigner sa personne. Elle ne peut pas laisser son physique et sa beauté se dégrader ! » ; la chute de l'article est digne de Niagara : « Hedy Lamarr n'a vraisemblablement pas supporté l'oubli de ses fans. Souffrant en plus de cataracte, elle donne aujourd'hui la triste image d'une star déchue ».

Épilogue

Un documentaire, Calling Hedy Lamarr, a été co-réalisé par le fils de l'actrice, où on le voit jeter les cendres de sa mère dans la campagne autrichienne où elle n'est jamais retournée. On le voit constater l'oubli concernant Hedy Lamarr sur le Walk of Fame où sa mère porte l'étoile numéro 6247. Pourtant Hedy Lamarr fait l'objet de nombreuses discussions et d'une sorte de culte qui vient de reflamber (à cause de l'invention surtout).

Il demeure que les films de Hedy Lamarr sont rares : Angoisse, Le Démon de la chair, La Femme déshonorée, La Dame des tropiques, Carrefours, Cette femme est mienne, Viens avec moi, H. M. Pulham Esquire, Tortilla Flat, Le Corps céleste, Femmes devant le désir restent le plus souvent à découvrir. Les Conspirateurs, Tondelayo, La Fièvre du pétrole, La Dame sans passeport sont rares.

  • à propos de Calling Hedy Lamarr :

"Raconter, notamment en images, pose le problème du rapport entre l'objet et son reflet et - par médiations successives - entre la fiction et la réalité. Au fond, le doute qui subsiste à propos de Identification d'une femme (de Michelangelo Antonioni) semble relever de cette difficulté. » Cette réflexion de Giorgio Tinazzi s'applique parfaitement à Calling Hedy Lamarr. Le documentaire de Georg Misch est en fait une tentative posthume d'identifier une femme à maints égards exceptionnelle, mais qui restera à jamais un mystère.

Anthony Loder, fils de l'actrice, nous guide avec passion vers diverses pistes, toutes authentiques, mais aucune d'elles ne parvient à dégager un portrait tridimensionnel de sa mère. Comme si le grand écran l'avait condamnée pour toujours à se perpétuer en deux dimensions. Mais qui était vraiment Hedy ? La jeune Viennoise de bonne famille qui fit scandale dans l'Autriche nazie avec la première scène de nu intégral au cinéma et fut contrainte à fuir en Amérique? La femme d'une prodigieuse intelligence, capable d'intuitions technologiques géniales dont on ne mesure qu'aujourd'hui la vraie portée, mais totalement frustrée dans son rôle de symbole sexuel ? La diva schizophrène, droguée à coups de pilules par les studios hollywoodiens et coupée de la réalité au point de se révéler incapable d'affronter les problèmes les plus banals ? L'actrice parfaite, à l'écran comme dans la vie, qui use de son charme immense pour faire l'espionne en faveur de l'Occident ? La femme réservée et solitaire, entre deux âges, dont la beauté s'est fanée sous les bistouris hésitants des premiers chirurgiens esthétiques, retirée en Floride et ne communiquant que par téléphone avec le monde ?

Hypothèses pour une identification dont les contours, même observés à travers un verre grossissant, s'estompent dans le doute. Lambeaux d'une existence dont peu se souviennent aujourd'hui. Anthony cherche, pour panser ses plaies, à recoller morceau après morceau la figure d'une mère qu'il n'a jamais connue. Il réunit des dizaines d'actrices en herbe pour un film qui, il le sait bien, ne se fera jamais. A la fin, il accomplira au moins le dernier vœu maternel : répandre ses cendres dans les bois entourant Vienne, la ville inoubliée. Et alors, tout à coup, la magie semble opérer et la très jeune et très belle Eva-Hedy de Extase semble poursuivre à jamais un cheval emballé qui n'a pas seulement emporté ses vêtements, mais aussi sa véritable vie." semainedelacritique.ch

Sources

cineclap.free.fr ; objectiftintin.com ; cinememorial.com (cite comme source Edouard Waintrop pour Libération) ; 1895.revues.org ; cinememorial.unblog.fr/billy-wilder ; cine-bulletin.ch ; musique.ados.fr/Dita-Von-Teese.html ; westernmovies.fr/profil/actr/hlamarr.php ; vargen57.unblog.fr ; idiocentrism.com ; www.classicmovies.org ; contrechamp.kaywa.com ; feminism101.blogspot.com ; trishwilson.typepad.com ; aragos.ch ; luff.ch ; chapitre.com ; movingimage.us ; edicom.ch ; jazz-song.org ; Studio ; Ciné-télé-revue ; Dictionnaire Larousse du cinéma américain ; Télépoche ; Téléstar ; Dictionnaire des acteurs de Jean Tulard ; Grandes Dames du cinéma de Don Macpherson ; Mémoires d'Ava Gardner ; Mademoiselle vous devriez faire du cinéma de Gene Tierney ;

Mariages

« Perhaps my problem in marriage - and it is the problem of many women - was to want both intimacy and independence. » Hedy Lamarr

Hedy Lamarr se maria et divorça six fois

  • Fritz Mandl, industriel de l'armement autrichien (1933-1937)
  • Gene Markey (1939-1940), 1 fils, James (1939)
  • John Loder (1943-1947), 2 enfants, Anthony (1947), fils adoptif, et Denise (1945)
  • Teddy Stauffer (1951-1952)
  • W. Howard Lee (1953-1960)
  • Lewis J. Boies (1963-1965)
  • Elle fut aussi la compagne du compositeur George Antheil.

Filmographie

Cinéma

Hedy Lamarr en 1943

Télévision

  • 1952 : Four Star Revue (Série TV) : Guest Star
  • 1957 : Zane Grey Theater (Série TV) : Consuela Bowers

Productrice

Hommages

  • « Let's Speak of Lamarr, that Edy so fair,/Why does she let Joan Bennett wear all her old hair ? »

Cole Porter, Let's No Talk About Love, 1941

- la chanson est cruelle pour Joan Bennett, qui effectuait alors une carrière de femme fatale brune chez Fritz Lang et Jean Renoir, après avoir été jeune première blonde, mariée à Walter Wanger, le producteur de Casbah, et ex-femme de Gene Markey, deuxième mari d'Hedy... Apparemment, ce fut inspirée par la première apparition d'Hedy à Hollywood, qui fit une forte impression, que Joan Bennet décida de devenir brune[14].

  • « Vous voyez la petite maison au bout de la route, en face de celle où Monsieur Poirot logeait l’an dernier ? Tenez-vous bien, elle a été louée par une vedette de cinéma. Les voisins en ont les yeux qui leur sortent de la tête. MIDGE - Est-elle vraiment aussi fascinante qu’on le dit ? SIR HENRY - En fait, je ne l'ai pas encore vue, mais je crois savoir qu’elle est par ici ces jours... Quel est son nom déjà ? MIDGE - Hedy Lamarr ? »

Agatha Christie, Le Vallon, 1946

  • « Lorsque j’ai fait la connaissance d’Hedy Lamarr il y a environ vingt ans, elle était si époustouflante que toutes les conversations s’interrompaient dès qu’elle entrait dans une pièce. Où qu’elle allât elle devenait le point de mire de tous les regards . Je doute qu’il y ait eu un seul individu pour s’inquiéter de s’il y avait quelque chose derrière cette beauté. Tout le monde était trop occupé à la fixer bouche bée. »

George Sanders, Mémoires d’une fripouille, 1960 (réédition PUF, p.155)

  • « I think Hedy to be one of the most underestimated actresses, one who has not been lucky enough to get the most desirable roles. I have seen her do a few brilliant things. I always thought she had great talent, and as far as classical beauty is concerned you could not then, nor perhaps even now, find anyone to top Lamarr. »

Errol Flynn, My wicked wicked ways, 1959

Par ailleurs, Flynn voulait engager Hedy Lamarr pour le premier rôle féminin de William Tell (1943/1944), un de ses projets les plus chers, qui ne vit jamais le jour.

  • "Tondelayo" est le nom donné par l'équipage du lieutenant Ralph Wallace, d'après le personnage de Vénus noire d'Hedy Lamarr dans le film de 1942, à un B-25 devenu un des plus célèbres avions de guerre américains[16].
  • "The Ruptured Duck", le surnom de la prestigieuse médaille militaire The Honorable Discharge Lapel Pin, est attribué à Hedy Lamarr, qui, prenant l'avion pour fuir Mandl (celui-ci voulait l'assassiner car tout le monde avait découvert qu'elle était l'auteure des inventions militaires qu'il s'était attribuées), avait comparé son terrible vol à un "segeltuch gebrochen" ("broken bird") mais cela fut traduit par "Ruptured Duck". L'expression fut reprise par les employées de l'usine qui fabriquait le "Duck" pour commémorer le vol héroïque de Lamarr[17].
  • En 1979, Manuel Puig publie le roman fantastique Pubis Angelical inspiré par la trajectoire de Lamarr (épouse d'un grand marchand d'armes européen et star de cinéma), où il réduit la femme à un pur fantasme sexuel[18].
  • Le docteur Isaac Kleiner, personnage fictif présent dans le jeu vidéo Half-Life 2, a notamment surnommé son crabe de tête apprivoisé « Lamarr ». Il l'appelle parfois « Hedy ».
  • En 1998, le festival Ars Electronica rend hommage à la star Lamarr et à l'inventeur.
  • En 2001 l'artiste allemand Michaela Melián rend à son tour hommage aux deux Hedy avec sa création Life as a Woman, Hedy Lamarr
  • En 2006, les Journées de Soleure ont accueilli le documentaire Hedy Lamarr - Secrets of a Hollywood Star réalisé par Barbara Obermaier.
  • Dita Von Teese avoue sa fascination pour les actrices des années 1940 et notamment Hedy Lamarr et Rita Hayworth, comme le couturier Valentino, autre admirateur de la star d'hier.
  • Géraldine Beigbeder a publié en 2007 son premier roman, un road-movie ou la quête, dans l'Europe de l'Est post-communiste, de sponsors pour un long métrage sur Hedy Lamarr, mythique star antinazie des années 1930.
  • Depuis 2005, on célèbre dans les pays de langue allemande la fête des inventeurs le jour de son anniversaire de naissance soit le 9 novembre.
  • Une biographie interdite de Marlon Brando décrit Hedy comme la « reine des orgasmes » dans plusieurs pages, avec des dialogues salaces entre l'acteur et elle (Brando Unzipped de Darwin Porter, 2006)
  • En 2008, Devra Z. Hill a publié un livre, What Almost Happened to Hedy Lamarr, qualifié de « biographie fictionnalisée » par Ruth Barton, dans lequel l'auteur décrit notamment les relations sexuelles saphiques de la star et sa liaison avec Hitler (dont Hedy exhibe les cadeaux)[20]...
  • En 2010, Ruth Barton publie Hedy Lamarr : The Most Beautiful Woman in Film[21]. L'auteure rapporte une foule de témoignages mais est souvent acculée à des conjectures et des probabilités. Elle rapporte même, sans la cautionner, la légende selon laquelle Vivien Leigh fut choisie pour le rôle de Scarlett O'Hara dans Autant en emporte le vent en raison de sa ressemblance avec Hedy - qui aurait été parfaite en héritière gâtée et opiniâtre. Dans ce livre, le lecteur apprend également que Bob Kane, le créateur de Batman, admirait Lamarr et s'est inspiré d'elle (et de Jean Harlow) pour le personnage de Catwoman.
  • En 2010 également, est donné au Hegsbourg Center Auditorium Ballet Mécanique : A Spread-Spectrum Ecstasy[22], comportant la lecture du poème de John Matthias, "Automystifstical Plaice"[23], extrait de son livre Working Progress, inspiré par la vie d'Hedy, son mariage avec Mandl et sa collaboration avec Antheil.
  • Sur Internet, Hedy Lamarr suscite un véritable commerce, puisqu'on y trouve des "robes Hedy Lamarr" et des tee shirts avec la citation "The secret of life is to try everything"[25].

Citation

« Any girl can be glamorous, all you have to do is stand still and look stupid. »

(« N'importe quelle fille peut avoir l'air glamour, tout ce que vous avez à faire est de rester immobile et de prendre un air idiot »)

Notes et références

  1. Markey, nom de son mari à cette époque
  2. (en) United States Patent and Trademark Office, Publication Number: 02292387
  3. (en)IEEE, « Hedy Lamarr, 1914 - 2000 »
  4. Metro Goldwyn Mayer, Splendeur du cinéma américain de Peter Hay, traduit par Paule Pagliano, Bordas (ISBN 2-04-019778-8), p. 198.
  5. a, b, c, d, e, f, g et h Hedy Lamarr: The Most Beautiful Woman in Film par Ruth Barton
  6. a, b, c et d Hedy Lamarr: The Most Beautiful Woman in Film par Ruth Barton
  7. a, b, c et d Hedy Lamarr : The Most Beautiful Woman in Film par Ruth Barton
  8. introduction de Hedy Lamarr : The Most Beautiful Woman in Film par Ruth Barton
  9. dvdclassik.com
  10. Hedy Lamarr, Ectasy and Me, my life as a woman - Bartholomew, 1966.
  11. Grandes Dames du cinéma - Don Macpherson - Paris, Gründ, 1986
  12. [1]
  13. non nommé dans l'article du Ciné-télé-revue du 15 août 1990 (citation de l'article)
  14. tcm.com
  15. en.wikipedia.org
  16. http://www.fightingcolors.com/tondalayo.htm
  17. http://"Common Myths About The Honorable Discharge "Ruptured Duck" Lapel Pin", www.americanwarlibrary.com
  18. a et b préface de Hedy Lamarr, the most beautiful woman in film
  19. sfsite.com
  20. hollywoodtoday.net
  21. partiellement publié sur http://books.google.fr
  22. english.nd.edu
  23. altx.com
  24. fdci.org
  25. sites thisnext.com et girl360.net

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