Aleria

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Aléria (Aleria en corse) est une commune française, située dans le département de la Haute-Corse et la région Corse.

Sommaire

Géographie

Aléria est construite sur la plaine orientale corse (qui prend parfois son nom), aujourd’hui au carrefour des routes nationales N200 et N198. La commune s’étend sur les domaines agricoles environnants, du plan d’eau de Teppe Rosse (à l'ouest), à l’étang de Diana (au nord-est), et au pénitencier de Casabianda (au sud-est). Elle est traversée par le fleuve Tavignanu qui achève ici sa course dans la mer. Le bourg U Cateraghju domine le fleuve légèrement en retrait de la côte.

Histoire

Les premiers signes d’occupation du plateau d’Aléria par l’homme remontent au VIe millénaire av. J.-C. Du néolithique à l’âge du fer, les habitants des environs vivent d’élevage et d’agriculture, de pêche dans les étangs voisins, exploitant peu à peu les ressources naturelles, et développant la métallurgie.

En 565 av. J.-C., les Phocéens chassés d’Asie Mineure par les Perses, fondent une colonie à l’embouchure du Rhotanos (Tavignanu) : Alalia, à l’emplacement actuel d’Aléria. La Corse entre ainsi en contact avec les autres civilisations méditerranéennes, par le commerce notamment. La cité est peuplée de familles d’immigrés grecs. Les autochtones ne viennent en ville que pour commercer mais voient leurs habitations refoulées vers les hauteurs et les forêts. Les Phocéens introduisent en Corse la vigne et l’olivier, importent amphores et céramiques, développent les arts, la littérature, construisent des édifices en dur, entre des rues et des places tracées par des urbanistes, élèvent un temple.

Les Etrusques s’intéressent à l’opulente Alalia puis les Carthaginois s’allient à eux pour la bataille navale de 535 av. J.-C., au large de la cité. Les Phocéens perdent soixante de leurs navires et sont obligés de fuir en masse vers Massilia ou l’Italie. Le comptoir d’Alalia se métisse : des populations étrusques et carthaginoises y cohabitent avec les Grecs.

La présence carthaginoise dans ce comptoir cosmopolite attire plus tard les ambitions de Rome. Alalia est prise en 259 av. J.-C. et devient Aléria. Après la conquête de l’île, un fort de légionnaires y est établi par Sylla. Auguste promeut la ville au rang de colonie qui devient capitale de la Corse : le procurateur de l’empereur y réside dans un palais.

Avec le temps, Aléria prend des allures romaines, on y trouve un forum romain, un prétoire, des villas, des boutiques, un temple, des thermes romains et des égouts. Pour sept siècles, elle constitue le centre de la forte romanisation de la Corse et un grand port d’exportation de granite, de minerais, d’huile et de liège.

A proximité de la ville les romains disposent d'un port de guerre situé sur la côte même ou dans l'étang de Diana.

La christianisation s’y déroule très tôt (vers 60 apr. J.-C.). Sainte Dévote y est martyrisée vers le IIIe siècle. La légende veut que sa dépouille ait été miraculeusement conduite à Monaco dans une barque guidée par une colombe.

À la chute de Rome, vers le Ve siècle, les Vandales qui déferlent sur la Corse rasent la ville. Apportant avec eux les germes de la malaria, ils rendent la présence humaine impossible sur la plaine d’Aléria pour les siècles à venir.

L’histoire de la ville n’est pas bien connue ensuite. Elle restera néanmoins jusqu'à l'époque française un des cinq évéchés corses, même si à partir de 1578 les évêques d'Aléria résident à Cervione.

Au XVe siècle, les Génois tentent vainement de relever la ville et construisent un fort. La famille De Matra en a le commandement et reste fidèle à la République de Gênes même au XVIIIe siècle, alors que les corses de l’intérieur luttent pour se libérer de Gênes.

Le repeuplement des lieux est enfin possible après la Seconde Guerre mondiale, grâce à l’assainissement de la plaine par l’armée américaine.

Les évènements d’Aléria

Le 21 août 1975, quelques dizaines d'hommes, entraînés par Edmond Simeoni, occupent la ferme d'un viticulteur d’Aléria d'origine pied-noir suspecté d'être mêlé à un scandale financier. Le leader de l'Action régionaliste Corse (ARC) fait connaître les raisons de ce coup de force en ces termes :

« Il s'agit de dévoiler le scandale des vins mettant en cause le propriétaire de la cave et plusieurs de ses amis négociants. Après avoir bénéficié de prêts exorbitants, les responsables des caves vinicoles ont mis sur pied une énorme escroquerie de plusieurs milliards d'anciens francs, au préjudice de petits viticulteurs. »

Par la suite, 1 200 gendarmes et CRS furent acheminés afin de donner l'assaut avec l’appui de blindés et d'hélicoptères, et vider la cave de ses occupants.

Le vendredi 22 août voit la reddition des occupants de la ferme Depeille, après une fusillade qui fera deux morts parmi les forces de l'ordre et un blessé grave parmi les manifestants. Les autonomistes quittent leur retranchement les armes à la main alors que de nouveaux renforts arrivent par hélicoptères. La foule tente alors de forcer les barrages, entonne l’hymne corse et finit par venir incendier les restes de la ferme et des bâtiments viticoles. Toute la nuit à Bastia ont lieu de violents affrontements.

L’ARC est dissoute le 27 août, ce qui donne lieu à de nouveaux affrontements armés à Bastia, qui se soldent par un mort et plusieurs blessés parmi les forces de l'ordre dépêchées du continent.

Le drame d’Aléria jette l’opprobre sur les finances et la politique locale, et portera même préjudice aux vins corses. « Ces trois minutes qui ébranlèrent la Corse » marquent le point de départ de la radicalisation du nationalisme corse.

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
mars 2001 - Ange Fraticelli UMP
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

Évolution démographique
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2008
778 1 913 2 885 2 410 2 022 1 966 2 007
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

Économie

Le climat et la fertilité des terres environnantes permettent à la plaine d’Aléria d’être le cœur de la production corse par son agriculture :

L’élevage ovin et bovin est également répandu autour d’Aléria. Enfin, l’étang de Diana donne un nouvel essor à l’économie grâce à la pisciculture et à la conchyliculture (huîtres, moules). Le tourisme prend de l’importance. Le terme Costa Serena apparaît sur les brochures indiquant le contraste qui existe entre le littoral oriental serein (plages de sable en pente douce) et la côte occidentale abrupte, rocheuse et tourmentée.

Lieux et monuments

  • Le site archéologique d'Aléria se compose d'un rempart de la période grecque (actuellement non accessible), de la nécropole pré-romaine, des vestiges de l’ancienne cité romaine, d'une villa romaine, partiellement mis au jour (depuis 1965). Les constructions urbaines constituent le premier ensemble antique corse, avec forum, portiques, temple, nymphée, maisons et boutiques, balneum et mosaïques, établissement industriel, voirie... La Collectivité Territoriale de Corse en est propriétaire et projette un aménagement conséquent du site, avec un centre d'interprétation. De nombreuses pièces (mobilier, céramiques, monnaies, sculptures, bronzes…) se trouvent cependant aujourd’hui au Musée Jérôme-Carcopino.
  • L’église Saint-Marcel fut la première bâtie en Corse (au cours du Ier millénaire), détruite puis reconstruite plusieurs fois, en réutilisant des pierres de la ville romaine.
  • Les vestiges de la tour de Diana, ancienne tour génoise, sont encore visibles entre la côte et l’étang de Diana.
  • Le domaine de Casabianda (sud-est) s’étend sur 1 800 ha. Il est occupé par une réserve naturelle et par un pénitencier modèle (expérience de travail en semi-liberté)[1].

Fort de Matra et Musée Jérôme Carcopino

Le fort se situe sur un éperon rocheux au nord du plateau d’Aléria et domine le fleuve Tavignanu et la plaine alentour. Construit vers 1484 par les Génois, il constituait un poste de garnison et de surveillance de la côte et des étangs, ainsi qu’un dépôt d’armes génois. C’est pourquoi il fut pillé par les insurgés lors de la révolte corse de 1729. Le 12 mars 1736, Théodore de Neuhoff, alors nommé roi de Corse, débarquant en Corse, y fut accueilli solennellement. Enfin, les Matra s’en servirent de point d’appui dans leur lutte contre le gouvernement de Pascal Paoli.

Cette forteresse abrite aujourd’hui le Musée archéologique d’Aléria, relevant du Conseil Général de Haute-Corse. Classé monument historique en 1962, il prend depuis 1969 le nom du savant corse Jérôme Carcopino, à l’origine de la reprise des fouilles sur le site antique. Près de 8 000 ans d’histoire sont exposés. Les objets les plus anciens datent du Ve siècle av. J.-C. et les plus récent du Ve siècle apr. J.-C. Les vestiges préhistoriques, les céramiques grecques, étrusques et romaines, les éléments de parure, les objets utilitaires et les armes qu’on y voit sont d’un grand intérêt archéologique pour la Corse antique.

Références

Voir aussi

Liens externes


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