Gupta

Gupta

Empire Gupta
गुप्त राजवंश (sa)

IIIe siècleVIe siècle

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L'empire Gupta à son apogée

Informations générales
Capitale Pataliputra, puis Ujjain
Religion Brahmanisme, bouddhisme, jaïnisme
Histoire et évènements
vers 320 Chandragupta monte sur le trône
vers 420 Apogée de l'empire
VIe siècle Dislocation de l'empire
Mâhârâjas
(1er) v. 320-335 Chandragupta
(Der) VIe siècle Bhanugupta

Entités précédentes :

Entités suivantes :

  • Shvetahûna
  • Maitrakas
  • Gauda
  • Vanga
  • Pushyabhuti
  • Maukhari

Les Gupta sont une dynastie qui règne sur le nord de l'Inde du milieu du IIIe siècle à 535. Leur origine reste mystérieuse et il est probable qu'ils aient tout d'abord été un clan de râjas à la tête de petits états dans la vallée du Gange et de ses affluents. Cette dynastie connaît une expansion rapide au IVe siècle, sous l'impulsion des conquérants Chandragupta et Samudragupta, et voit l'apogée de sa prospérité durant la première moitié du Ve siècle, notamment sous le règne de Kumarâgupta Ier et de son fils Skandagupta. Le déclin des Gupta débute ensuite, sous l'effet d'invasions extérieures et de forces centrifuges.

Bien que considéré comme un Empire, l'État gupta s'avère en réalité être peu centralisé, même si ses souverains sont les plus puissants du sous-continent indien à leur apogée. Ils dominaient plusieurs royaumes voisins qui partageaient une culture similaire. La période gupta est souvent reconnue comme un « âge classique », ou un « âge d'or » de la culture indienne ancienne, qui a vu des réalisations remarquables dans les mathématiques, l'astronomie, la littérature, le théâtre, la sculpture, etc. Si on sait désormais que cet essor est largement tributaire de la période la précédant, son importance dans l'histoire de la civilisation indienne et son rayonnement sur les pays voisins sont indéniables.

Sommaire

Sources

Les sources nous informant sur cette période sont assez maigres pour reconstituer l'histoire politique et sociale, comme bien souvent pour l'Inde ancienne. On connaît des inscriptions de souverains, dont la plus remarquable est celle du pilier d'Allahabad datant du règne de Samudragupta, ainsi que celles de vassaux tels que les rois Eran au début du VIe siècle[1]. D'autres proviennent de notables ou de guildes, et nous donnent des informations sur la société et la vie religieuse, comme l'inscription de Mandasor du Ve siècle commémorant la construction d'un temple à Surya financée par une guilde de tisseurs de soie. La succession des souverains et certains faits de leur règne sont connus par les nombreuses monnaies qu'ils ont fait frapper et qui nous sont parvenues, ou encore des sceaux qui nous informent sur les charges qu'ils confiaient à leurs subordonnés. Quelques chroniques historiques plus tardives sont connues, mais elles sont peu utiles pour la période gupta. Des récits de voyageurs chinois offrent une description du pays et parfois des anecdotes historiques, souvent intéressées par le bouddhisme car ces explorateurs étaient des moines. Faxian voyage en Inde sous le règne de Chandragupta II, Son-Yun et Huei-cheng au début du VIe siècle, et surtout Xuanzang qui vient en Inde au VIIe siècle mais rapporte quelques faits datant des Gupta[2].

En fin de compte, les informations principales concernent la culture et l'art de la période gupta. Ce sont notamment les écrits religieux, littéraires et scientifiques majeurs qui ont été conservés jusqu'à nos jours, et parmi lesquels on compte des œuvres majeures de la civilisation indienne (Puranas, écrits de Kalidasa, Aryabhata, etc.)[3]. On a cependant du mal à les dater précisément, même si on peut situer en gros la période à laquelle leurs auteurs les ont rédigés. Les sites archéologiques de cette période ont livré des œuvres d'art remarquables, dans les grands centres religieux comme Sârnâth et Mathurâ, qui sont aussi des sources importantes sur la période par les quelques monuments de ce temps qui nous sont parvenus, qu'on trouve aussi à Deogarh, Eran, et les sanctuaires rupestres dont le plus célèbre est Ajanta[4].

Construction, apogée et déclin de l'Empire de la dynastie Gupta

Des origines obscures

Les origines de la dynastie des Gupta sont mal connues. On estime que cette famille provient du Magadha (le nord de l'actuel Bihar) ou de l'actuel Uttar Pradesh, et que leur nom indique qu'ils proviennent de la caste des vaishya, à moins qu'ils n'aient été des brahmanes[5]. Quoi qu'il en soit, c'est dans la première région que les premières bases de leur puissance sont repérables. Se basant sur la tradition et sur l'inscription de Samudragupta à Allahabad, l'ancienne Prayâga, on s'accorde à penser que Srî Gupta, le premier Gupta, régna vers la fin du IIIe siècle et son successeur Ghatotkachagupta probablement vers le début du IVe siècle, tous deux portant le titre de mahârâja, « roi[6] ». Ils dominent sans doute un territoire réduit, ancien centre de la puissance de l'Empire Maurya. Cette région comme le reste de la plaine gangétique est alors divisée entre différents États, qui se sont partagées les dépouilles des anciennes puissances dominantes au IIe siècle, l'Empire kouchan au nord-ouest du sous-continent et la dynastie Satavahana au centre-est.

L'expansion territoriale sous les grands empereurs Gupta

Pièce de monnaie représentant Samudragupta.

Chandragupta, qui est apparemment le fils de Ghatotkachagupta, monte sur le trône vers 319-320, qui est la date qu'il choisit pour initier une nouvelle ère, celle des Gupta, même si on ne sait pas si un événement précis l'a incité à agir ainsi[7]. Quoi qu'il en soit, il réussit un mariage politique important en épousant vers 308 Kumarâdevî, une princesse Lichhavî, issue d'un des États de son voisinage et sans doute une principale importante du Magadha. Ce mariage est commémoré par une émission monétaire qui représente le roi et la reine[8]. Dorénavant maître de Pâtaliputra et allié d'une grande famille, Chandragupta s'emploie apparemment à assurer et augmenter son pouvoir en faisant la conquête du reste du Magadha, de Prayâga et de Saketa. Il est alors le maître d'une grande partie de la vallée orientale du Gange et se donne le titre de mahârâja-adhirâja, « grand roi des rois », qui est en fait couramment employé par d'autres rois de l'époque, et pas forcément les plus puissants.

Samudragupta, succède à son père Chandragupta en 335[9]. C'est le grand artisan de la puissance de la dynastie Gupta. Il a laissé dans la tradition indienne postérieure l'image d'un roi idéal, guerrier victorieux et amateur des arts. La liste de ses conquêtes est connue par l'inscription qu'il a laissée à Allahabad (l'ancienne Prayâga) sur un pilier érigé plusieurs siècles plus tôt par le grand souverain Maurya, Ashoka. Ce texte est un panégyrique (prashasti) qui décrit ses victoires sur différents souverains, comment il a reçu la soumission d'autres, mais aussi comment il en a épargnés pour en faire ses tributaires. On peut distinguer plusieurs degrés de soumission : il a conquis la majeure partie de la vallée du Gange, notamment le « pays des Aryâ » (Aryâvarta), où il procède généralement à des annexions, tandis qu'à d'autres endroits il laisse les anciens souverains en place comme gouverneurs. D'autres rois se soumettent à lui et deviennent ses tributaires après ses victoires. On retrouve parmi les rois soumis des Shakas (Saces) au nord-ouest, et certaines des dynasties importantes du Rajasthan comme les Mâlvâ et les Yaudhaya. L'autorité de Samudragupta semble reconnue jusqu'au Népal, au Penjab, dans une partie du Deccan, et il est possible que le roi du Sri Lanka (Sinhala) ait reconnu sa suzeraineté lointaine. Mais le sud du sous-continent indien échappe à Samudragupta. Ce dernier a pratiqué un ashvamedha, ou sacrifice du cheval, pour célébrer ses conquêtes, et frappé une monnaie d'or illustrée d'un cheval commémorant cet événement. Il prend alors le titre de chakravartin, qui signifie qu'il exerce une domination universelle. Dévot de Vishnu, il fait cependant preuve de tolérance envers les shivaïtes et les bouddhistes.

L'apogée de la dynastie

Les conditions de succession de Samudragupta sont mal connues, car on les connaît essentiellement par des récits bien postérieurs aux faits. Le fils aîné Râmagupta succède à son père vers 375, comme on le voit par des monnaies frappées à son nom[10]. Mais selon la tradition littéraire indienne, il aurait perdu un conflit contre le kshatrapa (« satrape », c'est-à-dire souverain) shaka (ou indo-scythe) Rudrasimha III, et lui aurait livré son épouse Dhruvadevî. C'est alors son frère Chandragupta qui serait allé dans la capitale shaka, Ujjain, où il aurait tué le souverain ennemi et ramené la reine, avant de se débarrasser de son frère qui aurait cherché à l'éliminer suite à cette action de gloire qui lui portait ombrage[11].

Chandragupta II règne de 375 à 415. Sous son règne, le royaume Gupta devient encore plus puissant, et s'étend par des conquêtes et alliances matrimoniales[12]. Il continue les conquêtes de son père, repoussant les frontières occidentales, défaisant les satrapes Shakas du Mâlvâ, s'emparant du Gujarat et du Saurashtra dans une campagne qui dure jusqu'en 409 puis il prend finalement Ujjain, la capitale principale des Shakas vers 400, événement inscrit sur un pilier de fer monumental qui se trouve aujourd'hui à Delhi. Il soumet de même les râjas du Bengale. Chandragupta marie sa fille Prabhavâti, au roi Rudrasena II des Vâkâtaka, dont la dynastie devient un allié des Gupta. Rudrasena mourant peu après alors que ses fils sont jeunes, Prabhavâti exerce un temps la régence. À l'issue de ces campagnes, il est à la tête d'un empire qui s'étend d'une côte à l'autre. Chandragupta II prend le titre de Vikramâditya, « Soleil de valeur », qui est prestigieux dans la tradition brahmanique. Il établit une capitale à Ujjain, délaissant peut-être sa capitale originelle de Pâtaliputra, la nouvelle étant plus pratique pour gérer le commerce dans le nord de l'Inde. L'empire est alors à son apogée. Bien qu'issu de campagnes guerrières, c'est un centre de civilisation important pour l'art, la littérature, la culture et la science, dont le pèlerin bouddhiste chinois Faxian qui visite le royaume Gupta sous le règne de Chandragupta II fait une description très positive.

Pièce frappée sous le règne de Kumarâgupta Ier

Kumarâgupta Ier, le fils de Chandragupta, monte sur le trône en 415, après le possible règne éphémère d'un certain Govindagupta connu par un sceau provenant de Basârh dans le Bihar[13]. Il conserve l'Empire et sa prospérité, au cours d'un long règne qui semble avoir été majoritairement pacifique. Il pratique le sacrifice-ashvamedha à son tour. Kumaragupta a peut-être terminé son règne comme ermite de la forêt.

La fin du règne de Kumaragupta est troublée par la menace des rois Pushyamitra au sud-ouest du royaume, puis des premières incursions des tribus shvetahûna (les « Huns blancs ») au nord-ouest. Skandagupta, son fils, lui succède en 455. Il écarte la menace des rois Pushyamitra et des Huns blancs[13]. Comme ses ancêtres, c'est un homme tolérant, et, bien que de foi vishnuite, il fait construire des temples à Shiva ou à Sûrya et fait de nombreuses dotations aux jaïns. Cependant, il doit faire à des rivalités de cour, ainsi qu'aux premières émancipations de vassaux puissants qui profitent du trouble jetés par les invasions de son début de règne. Il procède également à un changement d'étalon monétaire, baissant le titrage de la monnaie d'or, ce qui pourrait indiquer une crise financière et économique[14].

Un déclin progressif

Quand Skandagupta meurt en 467, un certain Pûrugupta (467-472) lui aurait succédé, peut-être suivi par un certain Kumarâgupta II, dont on dispose d'une inscription datée de 473-474 sur un stûpa de Sarnath[15]. Par la suite, on connaît l'existence d'un certain Badhagupta fils de Pûrugupta qui prend le pouvoir autour de 476-477, et le conserve peut-être jusqu'en 494-495. La succession des Gupta suivants est mal connue : on a les noms de Narasimhagupta, Chandragupta III, Samudragupta II, Kumarâgupta III, et un Bhanâgupta connu par des inscriptions laissées à Eran vers 510 par un de ses vassaux apparemment en voie d'émancipation, Vishnugupta, régnant peut-être vers le milieu du VIe siècle.

Les rois de la dynastie Gupta qui règnent alors ne sont plus que des noms attestés dans des inscriptions lapidaires ou des sceaux de fonctionnaires, et leur ordre de succession est donc très confus, tandis qu'on ne sait rien de leurs actes. L'évolution générale de la dynastie est cependant évidente : en une cinquantaine d'années, suite aux attaques de plus en plus pressantes des Huns blancs et des troubles internes conduisant à l'émancipation d'un nombre croissant de vassaux, les Gupta ne gouvernent plus qu'une partie du cœur de l'ancien Magadha, où ils disparaissent après 550 sans qu'on ne sache précisément quand ni comment. Il est probable que la cause principale de la chute des Gupta soit interne, liée à l'incapacité des souverains successeurs de Skandagupta à maintenir la cohésion de leurs vassaux et leur puissance militaire.

L'émergence de nouvelles puissances

Les dernières décennies du Ve siècle voient manifestement une désagrégation du pouvoir des Gupta et l'apparition de royaumes indépendants aux périphéries de l'ancien empire ou près du centre. Vers 500, les Huns Blancs attaquent à nouveau le nord du sous-continent indien par le nord-ouest, sous l'impulsion de leur chef Toramâna, qui s'empare du Rajasthan et de l'ouest de la vallée du Gange[16]. Il est combattu par Bhanâgupta. Son fils et successeur Mihirakula poursuit les offensives vers l'Inde intérieure. Suivant les écrits de Xuanzang et une inscription de Mandasor, il est repoussé vers 528 par des rois indiens, menés par un certain Baladitya qui est peut-être Narasimhagupta, et par Yasodharman du Mâlvâ[17]. Dans la tradition indienne, les invasions des Huns blancs ont laissé une image terrible. Après la mort de Mihirakula vers 570, la puissance des Huns blancs décline, mais l'État Gupta a alors sans doute disparu, après avoir été encore plus affaibli par ces guerres qui ont contribué à sa désorganisation et ont permis l'indépendance de plusieurs anciens vassaux. Une dynastie portant le nom de Gupta subsiste dans le Magadha, mais il ne s'agit pas forcément de la même famille qu'auparavant, et elle finit par être battue par les rois de Kanauj[18]. Malgré la fin de l'Empire gupta et la fragmentation politique du nord du sous-continent indien, l'art de cette période est florissant, et le pays semble prospère.

Des royaumes puissants ont émergé depuis longtemps dans le nord de l'Inde et supplanté les Gupta : la dynastie des Maitrakas dirigeant le Valabhi dans le Gujarat, le Mâlvâ (entre le Madhya Pradesh et le Rajasthan), les Gauda et Vanga dans le Bengale, etc. Ceux qui deviennent les plus puissants sont dirigés par la dynastie des Pushyabhuti de Thaneshwar dans l'Haryana ; et celle des Maukhari dirigeant un royaume dans la moyenne vallée du Gange, autour de Kanauj, ancienne capitale gupta[19]. C'est à partir de l'union de ces deux entités que Harsha des Pushyabhuti, régnant depuis Kanauj, établit un empire éphémère entre 606-647[20], qui peut-être vu comme une tentative avortée de reconstitution de l'ancienne puissance gupta.

Structures politiques et sociales de l'État des Gupta

Le roi

Monnaie d'or émise sous le règne de Samudragupta (330-380), le cheval sur l'avers commémorant le fait que ce souverain ait pratiqué l'ashvamedha.

À la tête de l'Empire des Gupta se trouvait une seule personne, le souverain. Il porte différents titres qui renvoient pour la plupart à la tradition brahmanique. Les grands empereurs de l'apogée de la dynastie portaient ainsi des titres comme mahârâja-adhirâja, « grand roi des rois », ou parameshvara, « seigneur suprême », qui témoignent de leurs prétentions à la domination universelle[21].

Cette prétention se retrouve dans divers rituels, dont le plus remarquable, et le plus rare, est celui de l'ashvamedha, issu de la tradition védique[22]. Quand il veut prétendre à la domination universelle, le souverain lâche un cheval, qu'il fait escorter par sa garde, dans son royaume et ceux de ses voisins. Si ceux-ci le laissent passer, c'est qu'il reconnaissent au grand roi sa suzeraineté, car arrêter et tuer serait l'animal entrainerait un conflit. Après un an, le cheval revient dans la capitale, où le roi a le privilège de le sacrifier en grande pompe. Samudragupta et Kumarâgupta Ier sont parmi les rares rois de la période historique de l'Inde à avoir accompli ce rituel, qui leur permet de se doter du titre de chakravartin, qui implique la domination universelle.

Son pouvoir lui est accordé par le monde divin, et doit être entériné sur Terre par le soutien et des rituels accomplis par des brahmanes comme le veut la tradition des royaumes gangétiques. L'appui de ces derniers est donc nécessaire aux rois. Le pouvoir du souverain doit être juste envers ses sujets, ce qui lui permet de rester légitime auprès des dieux : c'est le rajadharma, le devoir des rois, et la source de leur légitimité auprès de leurs sujets[23]. Le roi, en théorie issu de la caste des kshatriya, tire également sa légitimité de son rôle de guerrier, chef de l'armée, et les victoires militaires sont autant de signes de la faveur divine. Concrètement, ce sont ces victoires qui ont permis aux grands souverains gupta de dominer tous leurs vassaux, et donc d'asseoir leur pouvoir.

Un État peu centralisé

Les inscriptions des rois gupta nous informent sur l'existence de différents échelons administratifs permettant à l'administration impériale de contrôler son territoire de façon cohérente. Cette organisation vaut pour le cœur de l'Empire, le territoire sous administration directe, les régions périphériques étant laissées aux mains de souverains vassaux et non administrées directement.

Au centre du royaume, dans la capitale, le roi était entouré de conseillers, des « ministres », au premier rang desquels se trouvait le Pradhana Mantry, équivalent d'un « premier ministre », qui dirigeait l'administration[24]. La plupart des autres membres de la haute administration qui nous sont connus ont essentiellement un rôle militaire ou lié à la sécurité intérieure du pays. La capitale de l'Empire change au cours du temps : au départ, c'est Pataliputra (Patna), à laquelle succèdent ensuite Ayodhya, Kausambi et Ujjain.

L'échelon inférieur est celui des bhukti ou desha, les provinces[25], dirigées par une sorte de conseil à le tête duquel on trouvait des gouverneurs nommés kumaramatyas. Ces provinces étaient divisées en districts, pradesha ou vishayas, avec leurs propres conseils dirigés par les ayuktakas ou vishyapatis. Le niveau le plus bas est celui des villages et des villes. Les premiers sont apparemment dirigés par une assemblée d'anciens ayant un chef. Les secondes ont également un conseil, dirigé par un officier appelé nagarashreshtin, où on trouve également les chefs des « guildes » (shreni) de marchands ou artisans de la ville. Le détail du fonctionnement de ces conseils nous est inconnu, il n'y a pas de preuve de l'existence d'un vote concluant les prises de décision.

Les shreni, littéralement « rangée », en fait une sorte de guilde ou corporation, regroupent des métiers qui sont généralement concentrés dans un seul quartier. Elles ont leur propre organisation, avec leurs règles, des administrateurs, et exercent traditionnellement un pouvoir fort au niveau local, d'autant plus qu'elles peuvent prêter de l'argent[26]. On les retrouve souvent dans le financement d'institutions religieuses, comme par exemple dans le cas de la reconstruction d'un temple dédié à Surya à Mandasor dans le Madhya Pradesh, qui est prise en charge par une shreni de tisseurs de soie du Gujarat au Ve siècle, acte pieux commémoré par une inscription qui nous est parvenue[27]. Ces institutions exercent donc une influence non négligeable dans la société, et le pouvoir royal doit les prendre en compte pour gouverner, ce qui explique qu'elles prennent part aux conseils urbains.

À la différence de son plus illustre prédécesseur, l'Empire Maurya, l'Empire des Gupta n'est donc pas un État fortement centralisé[28]. Les souverains laissaient une autonomie forte aux autorités qui s'occupaient de leur royaume au quotidien. Les chefs et conseils des différents échelons administratifs ont une grande latitude pour gérer leur circonscription, que ce soit à l'échelle du village ou des provinces. Leur choix devait cependant être connu et confirmé par l'État, même s'il semble que les fonctions aient pu être héréditaires.

De même, les ennemis soumis par la guerre ne sont pas forcément démis de leurs fonctions. Dans l'inscription d'Allahabad de Samudragupta, on apprend que le souverain laisse ceux qu'il a vaincus conserver leurs domaines, et qu'il en fait ses vassaux, leur accordant sa protection contre un tribut. Il cherche donc à faire des royaumes voisins ses tributaires, que l'on appelait du terme samanta (littéralement « voisins »), et il ne cherche pas à faire passer leur territoire sous son administration directe. Ce système est souple, efficace quand le pouvoir central gupta est suffisamment fort pour maintenir sa domination en inspirant le respect à ses voisins. Mais quand le pouvoir des souverains s'affaiblit, il contribue à une désagrégation rapide de l'édifice impérial.

Les donations royales et la question du « féodalisme »

L'économie du royaume gupta est fondamentalement agricole, reposant sur les productions céréalières traditionnelle de l'Inde ancienne : le blé au nord-ouest, le riz dans la vallée du Gange et les régions voisines, et le millet dans le Deccan[29]. L'agriculture irriguée s'améliore notamment grâce à l'adoption de la noria depuis l'Iran. C'est donc autour de la possession de telles terres que se trouvent l'essentiel des enjeux autour de l'accès à la richesse et même au pouvoir sur les hommes qui travaillent les champs. La période de la dynastie Gupta est caractérisée par un phénomène de donations de terres par les souverains à différents individus ou institutions, phénomène qui entraîne probablement des changements économiques et sociaux importants[30]. Mais il ne s'agit pas d'une innovation de la période, puisque les dynasties précédant les Gupta l'ont initié. Simplement, il semble que l'usage des donations royales se répande à cette période, ce qui renforce la décentralisation du royaume. Il est légitimé par le fait que le souverain est le propriétaire éminent des terres du territoire qu'il domine, qu'il peut en dernier lieu confisquer et distribuer. On connaît ces donations grâce à des inscriptions les commémorant et ayant une valeur juridique permettant aux bénéficiaires de faire valoir leurs droits en cas de litige.

Les récepteurs des donations sont de deux grands types. En premier lieu, ce sont des fonctionnaires de l'État, qui reçoivent des terres de la part du roi afin qu'elles servent à les entretenir dans l'exercice de leur fonction administrative ou militaire, ou bien pour les remercier en cas de service rendu au souverain, ou suite à une action ayant justifié une récompense, notamment à la guerre. Cela permet de ne pas augmenter les dépenses publiques tout en permettant de s'attacher les serviteurs du royaume. Le second type de donations, et le mieux connu, concerne les dons de terres à des personnes ou des institutions religieuses. Cela peut d'ailleurs recouper les donations aux fonctionnaires, puisque de nombreux brahmanes servent dans l'administration de l'État. On distingue les donations dites brahmadeya, faites à des brahmanes individuellement ou collectivement, et les donations agrahara, faites à des institutions religieuses, des temples ou à des monastères, bouddhistes compris. Les motivations de ces dons sont religieuses : le donateur espère en tirer du prestige religieux.

Ces donations concernent essentiellement des terres agricoles, parfois avec des villages. Elles impliquent des revenus tirés de la terre, mais parfois aussi des droits administratifs et judiciaires sur les paysans concédés avec les terres. Il ne s'agit pourtant pas d'un système de servage, même si les paysans sont à la merci d'un propriétaire tyrannique. Le dépendant paye au bénéficiaire les impôts dus auparavant à l'État, ce dernier les acquittant lui-même pour toutes ses terres : le lien entre le paysan et le pouvoir gupta est coupé. La donation implique parfois des exemptions : pas de nouvelles taxes, de corvées, de l'entretien de troupes.

Ce phénomène de donations de terres peut être motivé par la volonté de l'État de mettre en culture de nouvelles terres, de défricher de nouvelles surfaces pour augmenter la production agricole. On sait que certains bénéficiaires ont pu inciter au développement de nouvelles techniques agricoles, appuyé sur la lecture d'ouvrages agronomiques. Quoi qu'il en soit, ces donations ont participé au mouvement de décentralisation du royaume, voire à l'apparition d'un système « féodal » : il renforce une catégorie de notables locaux coupant le lien entre les sujets et l'État, et donne plus de pouvoir économique et social à ces bénéficiaires[31]. Finalement, avec l'affaiblissement progressif du pouvoir royal les grands propriétaires locaux sont renforcés, et aux périodes suivantes leur pouvoir est important.

Une société de castes, mais pas figée

Dans ses écrits sur sa visite du territoire gupta, le voyageur chinois Faxian a laissé une image idyllique de la société de ce royaume : le pouvoir central serait peu exigeant envers ses sujets, il n'y aurait des châtiments corporels qu'en cas de rébellion, pas de peine de mort, pas de corruption des fonctionnaires, et les membres les plus démunis ainsi que les voyageurs étrangers seraient aidés gracieusement par les membres aisés de la société. Ce témoignage est évidemment à prendre avec de la distance, car l'auteur a manifestement une perception biaisée de la société qu'il voit, et occulte certains éléments négatifs, même s'il ne cache pas la misère de la condition des hors-castes, les « Intouchables ». Cette période est apparemment marquée par des changements sociaux[32].

Comme pour les autres périodes de l'histoire ancienne du sous-continent indien, la société est une société segmentée entre différentes « castes ». Ce terme recouvre en fait deux réalités. D'abord les quatre varna : les brahmanes (brāhmaṇa), prêtres, enseignants et professeurs ; les kshatriya (kṣatriya), rois, princes, administrateurs et guerriers ; les vaishya (vaiśya), artisans, commerçants, hommes d'affaires, agriculteurs et bergers ; les sudra (śūdra), « serviteurs ». On doit y ajouter les hors-castes. Parallèlement à ce système, on trouve celui des innombrables jāti, qui correspond en gros à une organisation de la société en corps de métiers auxquels on appartient par la naissance[33].

Le système régissant cet ordre social est décrit dans des textes, les Dharmashastras (livres du dharma), qui donnent une image théorique de la société qui ne montre pas forcément la réalité. On sait que le système des castes admet à toutes les périodes des entorses à ses principes, et que la mobilité sociale est possible, qu'elle était acceptée par la société dans certains cas[34]. Des membres des varnas supérieures, brahmanes et kshatriyas, pouvaient ainsi être amenés à travailler de leurs mains malgré l'interdit théorique, et des vaishyas ou des sudras pouvaient adopter le mode de vie des deux varnas supérieures. Ainsi, des dynasties régnantes peuvent être fondées par des non-kshatriyas, et c'était peut-être le cas des Gupta à l'origine. Les Dharmashastras admettent d'ailleurs que l'on devienne kshatriya par ses mérites et pas seulement par la naissance. Les deux varnas laborieuses gagnent peut-être en importance économique à cette période. Il n'empêche que le poids des hors-castes et l'exclusion sociale qui les frappe ne diminuent pas à cette époque, et que les distributions de terres et de fonctions publiques profitent surtout aux brahmanes, ainsi qu'aux kshatriyas.

La situation religieuse : cohabitation de croyances, essor du vishnuïsme et du shivaïsme

La période Gupta est du point de vue religieux l'héritière des développements antérieurs des religions issues de la tradition indienne ancienne. Trois religions cohabitent : le brahmanisme, l'hindouisme ancien ; le bouddhisme, qui a connu un certain essor grâce au patronage de dynasties puissantes depuis l'Empire Maurya ; et le jaïnisme, moins répandu et qui ne nous retiendra pas ici.

Statue de Vishnu en état fragmentaire, Ve siècle, école de Mathurâ, Musée National de New Dehli.

Durant les siècles précédents, le bouddhisme était une religion dynamique, tirant profit de l'action de grands penseurs et prosélytes qui contribuaient à son expansion hors du sous-continent indien. Cette religion s'était scindée entre deux courants : le Theravada et le Mahayana. La religion traditionnelle, issue du védisme ancien, est le brahmanisme, reposant sur la caste des brahmanes qui détenait en théorie le monopole intellectuel et rituel. L'aspect rituel du védisme et ses dieux sont tombés en désuétude, et la religion est désormais dominée par d'autres divinités, en premier lieu la triade (trimûrti) constituée de Brahma le créateur, Vishnu le protecteur et Shiva le destructeur.

Le védisme brahmanique avait été remplacé dans la plupart de la population par une tradition différente, dominée par la dévotion, bhakti, envers les nouvelles grandes divinités. Les plus grands bénéficiaires de ce courant sont Vishnu et Shiva (Brahma étant peu vénéré). Cela aboutit à la constitution de deux grands courants majeurs, le vishnuite (vaishnava) et le shivaïte (shaiva)[35]. Ces nouveaux courants religieux sont orientés vers le salut que le dieu vénéré est censé pouvoir apporter au dévot, indépendamment de sa caste. Le vishnuïsme bénéficie sans doute du plus grand essor, notamment autour de l'adoration des différents avatars (« descentes », incarnations terrestres) de la divinité, les plus populaires étant les héros Rama et Krishna ou le sanglier Varaha. Lui est également associée sa parèdre Lakshmi, une des divinités féminines majeures de la période gupta. Il s'appuie notamment sur des épopées rédigées durant les siècles précédent notre ère, le Mahabaratha, épopée des frère Pandava où intervient Krishna, et le Ramayana, l'épopée de Rama. Œuvres avant tout littéraires et épiques, elles exposent cependant les grandes conceptions et grands préceptes de ces nouveaux courants. Les lettrés hindouistes de la période gupta composent d'autres textes religieux importants, les Puranas, qui présentent la religion, la mythologie et les croyances et la morale qu'elles véhiculent dans un langage qui se veut accessible à tous, tournés vers la dévotion d'un dieu en particulier[36]. Ils ont beaucoup contribué à l'essor du vishnuisme et du shivaïsme à l'époque classique.

Aux côtés des deux grands courants de dévotion dominants, on trouvait d'autres courants, mineurs, du même type[37]. Le shaktisme (shakta) qui vénère la shâkta (une sorte d'énergie vitale), personnifiée dans la Grande Déesse, qui peut prendre la forme de diverses divinités féminines, dont Durgâ. Elle est l'énergie vitale des grands dieux. Lui sont liées les « Sept Mères » (Mâtrikâ), déesses qui sont les pendants féminins de différents grands dieux hindousites. Un autre courant s'intéresse à Kumara (ou Skanda), le fils de Shiva et grand chef des armées divines. Le courant saura vénère quant à lui le dieu-soleil Surya, souvent représenté sous la forme du disque solaire ou de l'autel de feu (agnikunda) qui sert à son culte.

Quant à l'aspect « philosophique » du brahmanisme, il existe six écoles de pensée (darsana) qui sont considérées comme des points de vue différents sur le savoir des Védas : Mîmâmsâ, Nyâya, Sâmkhya, Vaisheshika, Védanta et Yoga. Développées avant la période gupta, elles font alors l'objet d'ouvrages et d'études érudits (voir plus bas).

Les grands souverains Gupta sont des appuis du brahmanisme, et soutiennent efficacement le shivaïsme et le vishnuisme, ayant selon toute vraisemblance fait de Vishnu leur divinité d'élection (ishtadevatâ), même si certains ont pu vénérer un dieu particulier à un moment (comme Kumara pour Kumaragupta)[38]. Cela se retrouve dans le fait que leurs monnaies représentent souvent la déesse Lakshmi, parèdre de Vishnu, et sa monture, l'oiseau Garuda. Comme on l'a vu plus haut, les rois gupta emploient de nombreux brahmanes dans les différents niveaux de l'administration de leur royaume, et font de nombreuses donations à des brahmanes et à leurs temples et monastères. Le poids social de cette caste et donc de la religion qu'elle soutient en sort donc renforcé. Ce sont ces brahmanes qui seuls peuvent assurer l'accomplissement des rituels royaux nécessaires à la légitimation de la dynastie. Les brahmanes jouent donc encore leur rôle ancestral de réalisation des sacrifices issus de la tradition védique, même si le courant dévotionnel qui devient le plus populaire ne nécessite pas forcément leur présence.

Sculpture de Buddha, les mains en position dharmachakramudra, « mise en place du dharma », Sarnath, Ve-VIe siècle.

Le bouddhisme ne bénéficie qu'occasionnellement du patronage des Gupta, mais peut profiter de celui d'autres souverains situés dans la mouvance gupta, comme leurs alliés Vakatakas à qui l'on doit les grottes d'Ajanta dans le Maharashtra (bien qu'ils semblent être shivaistes). Le bouddhisme fait aussi face au renouveau de l'hindouisme, qui marque l'amorce de son déclin. Mais il est encore dynamique à la période gupta[39]. Quand il voyage en Inde, le moine Faxian observe deux grands temples bouddhistes à Pataliputra, la capitale, un pour le courant Hînayâna et un pour le Mahâyâna, ayant des centaines de moines, et quand il se rend à Mathurâ, lieu de culte bouddhiste de premier plan, il y dénombre une vingtaine de monastères et des stûpas. L'art bouddhiste de cette période accouche de chef-d'œuvres, surtout dans la statuaire (écoles de Mathurâ et de Sârnâth), tandis que les penseurs se retrouvent dans le principal centre intellectuel bouddhiste à Nâlandâ (voir plus bas).

Dans le bouddhisme Mahâyâna, le plus dynamique intellectuellement à ce moment, le courant Yogâcâra ou Cittamâtra (« rien qu'esprit ») connaît un grand essor. Il est initié par Asanga et Vasubandhu, puis développé dans des directions différentes par d'autres grands penseurs comme Dharmapala, plus tard Dharmakârti, installés au grand centre intellectuel bouddhique de Nalanda dans le Bihar actuel, ou encore Dignâga[40]. Elle proclame que seul l'esprit existe, et qu'il n'y a pas d'existence réelle, ce que l'on doit découvrir par une démarche de réflexion phénoménologique. L'autre grand courant intellectuel du Mahâyâna qui a été initié à partir du IIe siècle par Nagarjuna est connu sous le nom de Madhyamaka, recherche de la « voie moyenne », entre existence et non-existence, que l'on doit percevoir par une démarche dialectique. Elle rencontre à cette époque un certain succès dans les milieux des bouddhistes lettrés de Chine, suivie plus tardivement par le Yogâcâra, qui atteint ce pays suite au voyage en Inde du moine Xuanzang au VIIe siècle et aux traductions qu'il effectue. Le bouddhisme hînayâna, le plus ancien, dispose aussi de grands penseurs sous les gupta.

La culture de l'Inde « classique »

L'établissement de l'Empire des Gupta et de leurs royaumes vassaux offre à une grande partie de l'Inde actuelle une période de stabilité de près de deux siècle, et probablement une grande prospérité. Du point de vue culturel, cette période voit aussi un épanouissement de différentes formes d'art. De ce fait, la période Gupta est souvent présentée comme un « âge d'or » d'une civilisation indienne qui serait alors dans sa forme « classique[41] ». Comme souvent quand on emploie cette expression, elle doit être nuancée[42] : cette vision idyllique ne peut pas faire oublier que cette période est largement héritière d'évolutions de la période précédente, notamment sous la domination des Kouchanes et des royaumes qui étaient leurs contemporains, période de prospérité et de floraison culturelle, tandis qu'il ne faut pas ignorer les limites de cette prospérité (société fortement inégalitaire, dont l'essor économique comme culturel profite en dernier lieu à une élite). De même, cette idée véhicule celle d'une supériorité de cette période sur les autres périodes de l'Inde, et est de ce fait subjective, quand elle ne cache pas des ambitions nationalistes[43].

Il n'empêche que les réalisations de la période Gupta sont remarquables. Les artistes de cette période auraient beaucoup bénéficié du soutien des cours royales de l'époque, en premier lieu du patronage des souverains de la dynastie dominante. Chandragupta II aurait ainsi entretenu à sa cour les « Neuf gemmes », un groupes de neuf lettrés et savants de grand renom, parmi lesquels Amarasinha, Varahamihira et surtout Kalidasa. Dans les faits, le patronage d'une cour royale le mieux connu est extérieur à l'empire gupta, puisqu'il s'agit de celui des Vatakatas à Ajanta. Et c'est finalement dans le contexte des institutions religieuses que l'on voit le plus les lettrés et les artistes de cette période officier, faisant des temples et monastères des foyers de création de premier plan.

Une floraison littéraire

Les frères Pandava et leur épouse Draupadi, personnages principaux du Mahabharata, haut-relief de Deogarh, temple Dashavatara, VIe siècle.

La période gupta a vu la réalisation d'œuvres majeures de l'histoire de la littérature indienne. Souvent cependant, il est difficile de savoir à quelle période exacte certaines œuvres ont été rédigées, d'autant plus que certaines comme des mythes peuvent être remaniés. Ainsi, si la rédaction des deux grandes épopées que sont le Mahabharata et le Ramayana est bien antérieure à cette époque, il est probable qu'elles aient été fixées par écrit dans leur version sanskrite à cette période. C'est en effet cette langue qui domine dans le milieu lettré de cette période[44]. Elle est à l'origine l'émanation de la caste des brahmanes et de la religion qu'elle pratique. La grammaire du sanskrit est fixée depuis l'œuvre pionnière de Pāṇini (IIe siècle av. J.-C.), poursuivie par ses commentateurs, le plus illustre étant Patanjali. Les grandes œuvres religieuses, profanes, scientifiques sont rédigées en sanskrit, ainsi que les inscriptions royales. Même les penseurs du bouddhisme mahayana, dont les textes religieux sont traditionnellement écrits en pâli, rédigent la plupart de leurs œuvres en « sanskrit bouddhique », du sanskrit mêlé de formules tirées de langues vernaculaires (les prâkrit).

La production littéraire de cette période qui nous est parvenue provient du milieu des élites, que ce soient les brahmanes, les temples bouddhistes, et évidemment la cour royale. Le roi conquérant par excellence, Samudragupta, a d'ailleurs aussi laissé l'image d'un roi amoureux des arts, versé dans la poésie et la musique (une de ses émissions monétaires le représente en train de jouer de la harpe). La langue littéraire n'était pas parlée par le peuple, et elle sert à nous montrer l'idéologie de la classe dominante, alliance du pouvoir religieux et du pouvoir royal.

Les œuvres littéraires de la période gupta qui ont le mieux survécu à l'épreuve du temps sont celles de la littérature religieuse, grâce au conservatisme des brahmanes et à l'intérêt que lui accordaient les milieux religieux, milieux lettrés par excellence. Cette période voit notamment la rédaction d'ouvrages majeurs du genre des Purana (voir plus haut), ainsi que des Tantra (manuels de rituel domestique et public). Certains Dharmashastras (Livres du dharma) datent aussi des environs de l'époque gupta, comme celui attribué au sage Yâjnavalkya. Les grands penseurs bouddhistes de cette époque, notamment les représentants du courant Yogâcâra, ont rédigé des œuvres dont l'influence a été forte en Extrême-Orient après leur traduction[40]. Dans le brahmanisme, des commentaires des ouvrages fondateurs des différents courants de pensée (darsanas) sont rédigés : on date de cette période le Sâmkhyakârikâ de Ishvarakrishna, un des grands ouvrages du Sâmkhya[45], le commentaire de l'œuvre du sage Kanada par Prashastapâda, représentant le courant Vaisheshika[46], et d'autres commentaires des courants Mîmâmsâ[47], Nyâya[48] et Yoga[49].

Le commentaire est un style littéraire qui connaît une grande floraison depuis les périodes précédant celle des Gupta. Ils participent d'une sorte de « scolastique » qui cherche à réfléchir et à codifier les différentes disciplines, la plus ancienne à avoir fait l'objet d'un tel traitement étant la grammaire. Sous les Gupta, le théâtre fait l'objet d'un ouvrage théorique majeur, le Nâtyashâshtra (le nom de l'ouvrage reprenant celui de la discipline même), qui traite de tous les aspects du théâtre indien, du texte au décor, en passant par la mise en scène, la musique, la danse, le rôle de tous les corps de métier impliqués, et les sentiments que doivent faire passer l'œuvre comme les acteurs[50]. Parmi les textes techniques de cette période destinés aux auteurs littéraires, il faut également mentionner le traité de lexicographie Amarakosha, écrit au IVe siècle par le poète et grammairien Amarasinha, qui passe pour être un des lettrés de la cour de Chandragupta II[51].

La littérature profane de cette période a donné naissance à certaines œuvres marquantes du patrimoine littéraire indien. L'auteur le plus renommé de cette période est Kâlidâsa[52]. On ignore à quelle époque il a vécu précisément, même s'il passe pour être un des « Neuf gemmes » de la cour de Chandragupta II. Le premier genre dans lequel il s'est illustré est le théâtre, dans lequel on admire sa grande maîtrise de la langue, ses histoires amoureuses et héroïques, mais aussi son sens de la mise en scène, des chants et des danses qui sont des composantes indispensables des pièces de théâtres indiennes. De ses trois pièces de théâtre qui nous sont parvenues, celle qui est considérée comme son chef d'œuvre est Shakuntala, inspirée d'un passage du Mahabharata, racontant les amours contrariées de l'héroïne éponyme de l'œuvre et du roi Dushyanta. Kâlidâsa a aussi excellé dans le genre poétique en strophes (kâvya), où il s'illustre par sa grande maîtrise du sanskrit, avec notamment sa capacité à employer des mots qui ont un double sens et donnent ainsi une grande profondeur à ses écrits.

Une autre œuvre majeure de la littérature sanskrite datant de la période des Gupta est le célèbre Kâmasûtra (« Aphorismes sur le désir ») de Vâtsyâyana. Au-delà de la réputation sulfureuse qu'il a acquise en Occident suite à des traductions mal informées qui l'ont fait passer pour un ouvrage pornographique, c'est un ouvrage riche qui aborde la vie d'un citadin aisé, l'art de la séduction, le plaisir érotique et la maîtrise dont il faut faire preuve pour l'atteindre, parfois sous la forme de conseils pour les femmes mariées, mais qui concerne surtout les courtisanes et traite aussi de l'adultère[53].

Des connaissances avancées en sciences

Quand la période Gupta débute, l'Inde est déjà une terre où les mathématiques sont très développées, ainsi que l'astronomie, discipline qui nécessite de grandes connaissances en mathématiques. Les savants indiens étaient alors les héritiers des astronomes mésopotamiens et grecs, mais ont su procéder à des innovations. À la période qui nous intéresse, ces deux disciplines connaissent de nouvelles avancées et comme dans d'autres disciplines les savoirs sont synthétisés dans des ouvrages majeurs qui font par la suite l'objet de commentaires.

Aryabhata, qui est actif dans la première moitié du VIe siècle, est l'un des mathématiciens/astronomes les plus renommés de l'Inde classique[54]. Avant lui, on ne connaît pas le nom des grands savants de ces disciplines. Son ouvrage, l'Âryabhatîya, se présente comme les autres traités scientifiques indiens sous la forme de sûtras, en vers. Quatre chapitres (padas) constituent ce livre, et abordent une grande variété de concepts comme les sinus, le calcul de surfaces et d'aires de formes géométriques, des fractions, la finalité étant le calcul du mouvement des astres. L'Âryabhatîya connaît l'héliocentrisme, et explique les éclipses de lune et de soleil de façon correcte. L'œuvre d'Aryabhata est prolongée au début du VIIe siècle par son plus illustre commentateur, Brahmagupta[55]. C'est avec ce dernier que l'usage du zéro comme nombre à part entière est clairement attesté dans des opérations, mais il est probable qu'il ait été connu de savants précédents, peut-être même d'Aryabhata. Cela finalise le développement du système de numération décimal, qui est repérable depuis les derniers siècles précédant notre ère en Inde et progresse beaucoup sous les Gupta.

Un autre maître ouvrage de l'astronomie classique date de la fin de la période gupta : le Pancasiddhantika de Varahamihira, daté de 575, qui contient le résumé d'ouvrages d'astronomies plus anciens perdus depuis[56]. Il nous renseigne de fait sur les connaissances précédent la période d'Aryabhata. Du même auteur, on connaît également le Brihatsamhita (« grande compilation »), ouvrage encyclopédique traitant d'une grande variété de sujets, l'astrologie et l'astronomie étant les plus notables.

Les mathématiques et l'astronomie indiennes sont alors à leur apogée, et les œuvres des savants de cette période ont été connues et parfois traduites par les scientifiques musulmans à partir du VIIIe siècle[57]. L'influence indienne est plus sensible en astronomie qu'en mathématiques, malgré l'adoption du « calcul indien » dans le monde musulman suite aux travaux d'Al-Khawarizmi.

Enfin, il faut également dire un mot sur la médecine à la période gupta[58]. Vâgbhata écrit au VIe siècle un, traité résumant des textes médicaux de la tradition ayurvédique : on y trouve des passages sur la chirurgie, l'ophtalmologie, mais aussi l'exorcisme, les aphrodisiaques, etc.[59]. Pâlakâpya, vivant vers la fin du VIe siècle, écrit quant à lui un ouvrage vétérinaire, le Hastyâyurveda, contenant des instructions pour soigner des chevaux et des éléphants[60].

Les réalisations dans les arts plastiques

Un art très marqué par la religion

Les réalisations artistiques de la période gupta qui nous sont parvenues sont essentiellement de nature religieuse. L'art profane est très peu représenté, parce que peu d'œuvres de cette nature ont passé l'épreuve du temps, parce qu'elles étaient en général réalisées sur des matériaux moins durables que les œuvres artistiques[61]. Les artistes et lettrés de la période gupta ont pu être itinérants, et vendre leurs services où on en a besoin. Mais on remarque que beaucoup d'entre eux ont œuvré dans certains lieux précis, sous le patronage d'une institution politique ou religieuse, voire des deux, formant parfois de véritables « écoles ». Leurs réalisations sont avant tout faire pour des temples qu'elles décorent, mais aussi pour des mécènes qui espèrent retirer de leur réalisation et de leur donation à une institution religieuse la grâce divine et l'aide pour leur salut.

La religion dominante de l'Empire gupta, l'hindouisme, est très présente dans l'art. Vishnu est le plus représenté[62]. Ses attributs les plus courants sont le disque ou roue, qui représenterait la roue du temps, et la massue qui serait un principe féminin. Une des postures dans laquelle il est représenté est celle de son sommeil allongé sur le serpent cosmique. Vishnu peut être représenté sous plusieurs formes : sa manifestation cosmique, Vishvarûpa, ou un de ses avatars, avant tout le sanglier Varaha, Krishna et Rama. Lui sont souvent associés l'oiseau Garuda, sa monture, ainsi qu'une de ses parèdres, Lakshmi, souvent représentées sur les monnaies gupta. L'autre grand dieu de l'hindouisme, Shiva, est quant à lui représenté sous la forme d'une pierre dressée, le linga, ou sous sa forme anthropomorphique, les cheveux bouclés relevés en chignon[63]. Ses attributs sont le rosaire et le trident. Une des innovations de cette période dans son iconographie est sa représentation en « Seigneur de la danse » (Natarâja). Shiva est souvent associé à la déesse Parvâti, ou au dieu éléphant Ganesha. Les autres grandes divinités de l'hindouisme font l'objet de représentations artistiques là où elles sont particulièrement vénérées : Surya, Kumara/Skanda (associé au paon, son animal-attribut), la Grande Déesse et les Sept Mères, ou encore les déesses du Gange (Gangâ) et de la Yamunâ.

C'est pourtant le bouddhisme, religion qui commence à être en perte de vitesse sous les Gupta, qui a donné naissance à l'art le plus remarquable, notamment sa statuaire sur pierre issue des ateliers de Mathurâ et Sârnâth[64]. Le personnage privilégié des artistes est évidemment le Bouddha, dans différentes postures : debout, assis sur un trône, les jambes croisées. Son crâne est surdéveloppé, ce qui symbolise sa sagesse. L'expression de son visage cherche souvent à faire ressortir sa grande compassion (karunâ). Tout une codification existe sur les positions de ses mains (mudrâ), ayant des significations précises. On distingue ainsi, entre autres : le geste de protection (abhaya mudrâ), de méditation (dyâna mudrâ), du mouvement de la Roue de la Loi (dharmachakra mudrâ), ou encore le geste du don (varada) qui apparaît au Ve siècle. On trouve également des représentations de passages de la vie du Bouddha (mais assez peu de ses vies antérieures, contées dans les Jâtaka, hormis à Ajanta), notamment son Parinirvâna (entrée dans le nirvâna). L'essor du bouddhisme mahâyâna a incité les artistes à représenter les êtres particulièrement vénérés par ce courant, en premier lieu les boddhisatvas. Avalokiteshvara est de loin le plus représenté, souvent associé à Amitabha, le bouddha de la sagesse. On trouve également des représentations de Târâ, son pendant féminin, et d'autres boddhisatvas.

Représentations de personnages de la mythologie indienne de l'époque gupta.

Architecture

Le Stûpa Dhâmekh à Sârnâth, dédié à Buddha, remanié au VIe ou au VIIe siècle.

De l'architecture de l'époque gupta, les réalisations profanes ont disparu, soit qu'elles aient été en bois, soit qu'elles n'aient pas passé l'épreuve du temps. On ne sait donc rien des palais des rois de la dynastie. En revanche, plusieurs temples et autres édifices religieux de cette époque subsistent encore de nos jours, même s'ils ont pu être rénovés ou réaménagés depuis[65]. C'est dans ceux-ci qu'on trouvait un bon nombre des œuvres d'art qui vont retenir notre attention par la suite, aussi est-il important d'étudier leurs caractéristiques, car sans la mention de leur contexte on ne peut comprendre leur fonction exacte.

Les édifices de la période gupta qui ont subsisté jusqu'à nos jours sont essentiellement construits en brique et en pierre. Ils pouvaient être édifiés sur des terrasses en argile servant de fondations, notamment dans le cas des édifices en briques. La pierre pouvait servir de parement à des édifices dont le cœur des murs était en brique. Vers la fin de la période, on prend également l'habitude de cerner les édifices religieux d'enceintes.

Cette époque a vu la réalisation de nombreux stûpas, qui sont essentiellement destinés à des complexes religieux bouddhistes. Celui de Devnomori, dans le Gujarat, daté du IVe siècle, est de forme hémisphérique et bâti sur une plate-forme carrée. Sa partie inférieure comportait des décorations. Le stûpa Damekh de Sârnâth, a une base de 28 mètres de diamètres et s'élève sur plus de 43 mètres. Peut-être construit sous le règne d'Ashoka, il est remanié vers la fin de la période gupta, sa base est percée de huit niches où se trouvaient des effigies de Bouddha, et il est décoré d'un parement en pierre. Ce décor est une innovation due au bouddhisme mahâyâna, dont les édifices ne sont pas bâtis et ornés de la même façon que ceux du theravâda.

Le temple Dashâvatâra de Deogarh, dédié à Vishnu, VIe siècle.

Plusieurs temples construits sous la dynastie gupta ont pu être étudiés. Mais il n'y en a pas suffisamment pour avoir une vue d'ensemble de la diversité des types de temples construits. Cette variété transparaît dans certains ouvrages, comme le Brihatsamhitâ de Varâhamihira cité plus haut, qui comporte une classification des temples. On connaît des temples à l'architecture simple, avec simplement un proche ouvrant sur le sanctuaire. Le temple Dashâvatâra de Deogarh (VIe siècle), dédié aux avatars de Vishnu, est de plan tripartite, forme une sorte de tour élevée, comportant quatre sanctuaires d'angle, et est décoré de hauts-reliefs somptueux dont un sommeil cosmique de Vishnu entouré d'autres divinités. On trouvait d'autres types de temples, différenciés par la forme de leur toit (plat ou élevé, en berceau), leur terrasse, leur forme rectangulaire ou parfois carrée. Ils ont généralement un porche sur leur façade principale. Les parties les plus décorées de ces édifices sont les encadrements de portes, souvent surmontés d'un linteau où se trouve la divinité principale. Les piliers et colonnes comportent aussi des décorations soignées. Les murs des grands temples sont percés de niches ornées de statues, et décorés de bas-reliefs ou hauts-reliefs. Dans les temples hindous, un fronton sert à abriter une effigie de la divinité principale de l'édifice.

L'intérieur d'une des grottes d'Ajanta.

Enfin, un dernier type d'édifice à vocation religieuse est celui des grottes ornées. Les plus connues sont les grottes creusées d'Ajanta dans le Maharashtra et leurs somptueuses peintures (voir plus bas). On connaît d'autres grottes servant de centre religieux datés de la période, comme celles de Bâgh et d'Udayagiri dans le Madhya Pradesh, cette dernière étant brahmaniste et jaïne alors que les autres sont surtout bouddhistes. Après la fin de la période gupta, de nouveaux sites rupestres sont créés dans la continuité de cette tradition, comme les grottes d'Ellora proches d'Ajanta, bouddhistes, hindouistes et aussi jaïnes, ainsi que celles de l'île d'Elephanta, proches de Mumbai, shivaïstes.

Sculpture en pierre

Bouddha acéphale en robe uttarâsangâ, daté du début du VIe siècle, école de Mathurâ, grès rose[66]
Bouddha prêchant, geste de mise en mouvement de la roue de la Loi, dharmachakramudra. Sarnath, vers 475, grès de Chunâr, h: 1,60m. Archeological Museum Sârnâth

La sculpture en pierre est la forme d'art la plus remarquable de la période gupta, tant par sa diversité que par la qualité des réalisations[67]. Après un premier siècle de transition, l'art gupta prend toute son ampleur à partir de la fin du Ve siècle, se détachant des traditions antérieures, et en mettant au point de nouvelles qui marquent l'art de l'Inde et des régions voisines pour les siècles qui suivent. Les sculptures des grottes d'Udayagiri montrent l'expérimentation des sculpteurs du Ve siècle. C'est dans les décennies suivantes que les artistes de Mathurâ, déjà un centres artistique majeur sous les Kouchans, prend un nouvel essor, caractérisé par la recherche d'une nouvelle physionomie des personnages, cherchant à représenter leur haute spiritualité, en travaillant notamment les visages, plus paisibles, dont la sérénité est accentuée par un léger sourire. C'est dans la première moitié du Ve siècle que la statuaire gupta connaît son apogée. On date de cette période l'activité de Dinna, un sculpteur de Mathurâ qui est le seul créateur majeur dont on dispose du nom pour cette période, et de plusieurs chef-d'œuvres d'art bouddhique dans lesquels on repère notamment la mise au point d'un nouveau type de drapé. Le site de Sârnâth devient lui aussi un grand centre artistique, héritier d'une tradition locale antérieure et de celle de Mathurâ, tout en apportant des innovations leur donnant un caractère propre, avec un art plus rigoureux et austère, majoritairement bouddhiste, représentant à la perfection la spiritualité et le détachement du monde de ses sujets. L'équilibre des silhouettes, la qualité du rendu des expressions du visage atteignent alors leur sommet. On a bien un style gupta mis en place malgré les traditions locales des centres artistiques. La seconde moitié du VIe siècle voit, parallèlement au déclin de l'Empire gupta, une diversification de l'art gupta, et n'empêche pas de nouvelles créations remarquables qui reprennent cependant les codes esthétiques mis en place précédemment, qui vont régir la statuaire indienne pour les siècles suivants.

Sculpture en terre cuite

La terre cuite a servi à de nombreuses réalisations artistiques, souvent plus grossières que les sculptures sur pierre au premier abord, mais participant du même style artistique, et très expressives[68]. On trouvait des plaques décoratives, ou des effigies de grande taille, moulées, et parfois remodelées à la main. Les œuvres en terre cuite qui nous sont parvenues sont essentiellement de nature religieuse, destinées à orner des tempes ou des stûpas. Elles pouvaient représenter des divinités seules, mais aussi des scènes de mythes. Quelques réalisations profanes en terre cuite nous sont tout de même parvenues. Plusieurs centres artistiques étaient très actifs dans l'art de la terre cuite, notamment Doâb situé entre le Gange et la Yamuna.

Arts métalliques

La maîtrise de la métallurgie est très perfectionnée chez les artisans indiens de la période des Gupta, utilisateurs du bronze et du fer avant tout. Parmi les témoignages remarquables de cette tradition, on trouve le Pilier de fer de Delhi, situé de nos jours à côté du Qûtb Minâr, minaret de la capitale indienne actuelle. Il date peut-être du règne de Chandragupta II, mesure 7 mètres de haut et pèse 6 tonnes. Il est réalisé en fer forgé d'une très grande qualité, et est encore dans un excellent état de conservation. Une inscription indique qu'il est dédicacé à Vishnu et commémore des victoires militaires du roi qui l'a commandité.

La période gupta a vu la réalisation de remarquables statues en métal[69], dans la continuité des écoles de la période kouchan comme souvent. Les artistes ont alors surtout réalisé des statues de Bouddha, et suivent les évolution de la sculpture sur pierre, respectant les prescriptions des traités d'art de l'époque sur la posture du personnage. Là aussi les écoles de Mathurâ et de Sârnâth occupent le devant de la scène. Plusieurs statues métalliques proviennent également d'ateliers du royaume Vakataka, donc vers le Ve siècle, notamment suite aux découvertes de différentes œuvres à Phophnar et Râmtek, dans la sphère d'influence de cet État. Les statues présentent des différences stylistiques avec les réalisations des deux centres artistiques habituels, semblant témoigner d'une diversification artistique à une période où le royaume gupta décline. L'une des statues les plus remarquables de l'époque gupta est celle qui est actuellement conservée dans un musée de Birmingham, retrouvée en 1864 à Sultanganj dans le Bihar, haute de plus de 2 mètres et réalisée à la cire perdue[70].

Œuvres artistiques en métal de la période gupta

Monnaies

Le monnayage de la période gupta est d'une grande qualité, notamment par ses émissions en or, le plus remarquable, même si des pièces en argent et en cuivre circulaient également[71]. Il existait deux étalons différents. Le dînâra, qui doit son nom au denier romain (denarius), est employé dans le sous-continent indien depuis la période des Kouchans, et est l'étalon de référence des premiers rois Gupta. À partir de Skandagupta Ier, on lui préfère un étalon d'origine indienne, le sûvarna. Ces monnaies sont intéressantes en tant que produit du pouvoir politique, car il s'agit des seules œuvres artistiques de cette période assurément issues du cercle du pouvoir royal gupta à avoir survécu aux épreuves du temps. Elles rappellent par bien des aspects les sculptures de la même période.

Les monnaies d'or sont d'une grande qualité esthétique. Les personnages, profanes et religieux, sont représentés de profil. Des légendes poétiques en sanskrit, souvent longues et recherchées, en donnent le sens. Au droit, le personnage représenté est généralement le souverain. Il est souvent debout, en attitude de guerrier, tenant un arc, une hache, ou encore un étendard, parfois montant un cheval ou un éléphant. Parfois il combat un lion ou un tigre. Une émission de Samudragupta le représente en roi artiste, jouant du luth. Sur les différentes émissions, l'allure du souverain et ses postures mettent en valeur sa puissance, en font une idéalisation de la fonction royale. La monnaie est donc un instrument de propagande efficace dont ont usé les empereurs gupta, qui émettent plusieurs types au cours de leur règne. Parfois ils commémorent des événements marquants : Chandragupta Ier fait émettre des monnaies commémorant son mariage avec la princesse Kumaradevi des Licchavi, alors que Samudragupta et Kumarâgupta Ier font frapper des pièces en l'honneur du sacrifice ashvamedha qu'ils ont accompli. Le revers est généralement réservé à des divinités, en premier lieu la déesse de la Fortune, Lakshmi, compagne de Vishnu, souvent figurée sur un lotus épanoui, ou avec une corne d'abondance, censée conférer victoire et prospérité au roi figuré à l'avers.

Pièces d'or de rois de la dynastie gupta

Peinture

La peinture était un art très prisé dans l'Inde des Gupta[72]. On sait par les ouvrages de cette période que les peintures reprenant des thèmes religieux comme mondains étaient très présentes dans les palais et les résidences luxueuses des nobles, ainsi que dans les monastères, qui comportaient de grandes galeries de peintures (vîthî). L'attention portée à cet art semble indiquer qu'à cette période il est porté à un niveau inégalé précédemment. Mais on ne dispose de quasiment aucun témoignage de la peinture gupta, dans la mesure où les résidences anciennes et les panneaux de bois peints ont disparu.

Le seul exemple qui nous montre le niveau remarquable des peintres de la période gupta est celui des grottes d'Ajanta dans le Maharashtra (seconde moitié du Ve siècle, voir plus bas), un sanctuaire rupestre bouddhiste dont les murs intérieurs sont décorés de peintures après avoir été préalablement recouverts d'un enduit spécial et de lait de chaux pour constituer un support exploitable pour les artistes. Après cela, on traçait les dessins à main levée, puis on y ajoutait les couleurs, parfois différentes couches pour donner du volume, ainsi que des dorures. Par leur qualité plastique, leur foisonnement, leur variété thématique, ces peintures sont de véritables chefs-d'œuvres. Leur thématique est exclusivement bouddhiste : elles s'inspirent des récits des vies du Bouddha (Jâtaka et Avâdana), mais abordent une diversité de sujets, et ont pour décor des lieux très divers : des villes, des villages, des paysages somptueux, ainsi que des palais où évoluent des courtisans.

Pièces d'or de rois de la dynastie gupta

Quelques sites représentatifs de la culture de la période Gupta

Certains lieux sont devenus des centres artistiques entretenant une tradition propre et ayant un rayonnement considérable, contribuant à l'influence de la civilisation des Gupta au-delà du sous-continent indien. Les cours royales et princières ont pu être ce type de lieu, mais elles ont aujourd'hui disparu et nous sont donc inconnues autrement que par des allusions dans les textes. Restent donc les sites religieux, où se trouvaient des monastères riches et où affluaient des pèlerins, ce qui motivait l'activité de lettrés et d'artistes attirés par ces lieux où leurs talents pouvaient être valorisés. De véritables écoles de pensée ou d'art y naissaient, et pouvaient durer plusieurs siècles. Les sites les mieux connus relevant de ce type sont des sites bouddhistes, en dépit du fait que cette religion soit minoritaire sous les Gupta. Ils ont déjà été évoqués plus haut, et il s'agit maintenant de voir essentiellement les raisons de leur dynamisme, leur organisation et leur rayonnement.

Mathurâ et Sârnâth, foyers d'un art bouddhiste

Mathurâ et Sârnâth ont été sous la dynastie Gupta deux centres majeurs de réalisation de statues au style bien identifiable[73]. Il s'agit de lieux de culte surtout bouddhistes, et l'art qui en est originaires concerne essentiellement cette religion. On sait par les voyageurs chinois Faxian et Xuanzang qu'on y trouvait des monastères et des centaines de moines, constituant ainsi des centres intellectuels en plus d'artistiques.

Mathurâ, situé dans l'Uttar Pradesh, est un grand centre de pèlerinage et de commerce, car c'est selon la tradition hindoue le lieu de naissance de Krishna. Pourtant, c'est depuis la période de l'Empire kouchan (IIe-IIIe siècles) un centre de sculpture bouddhiste de premier plan, qui doit en grande partie son importance au patronage des souverains de cette dynastie. Les sculpteurs locaux ont travaillé le grès rouge caractéristique qui se trouve à proximité du site[74]. À la différence de l'art du Gandhara, l'influence hellénistique est moins forte dans l'art de Mathurâ. Du IVe au VIe siècle, ce site connaît une floraison artistique importante, et ses sculpteurs ont laissé à la postérité de nombreuses œuvres, continuant ainsi à influencer le canon de l'art bouddhiste pour plusieurs siècles, et leur influence se retrouve jusqu'en Asie du Sud-Est et en Chine. Ils ont également produit de nombreuses statues hindouistes et jaïnes.

Ruines d'un ancien monastère bouddhiste à Sârnâth, avec le stûpa Dhamekh en arrière-plan.

Sârnâth, encore dans l'Uttar Pradesh, situé plus précisément dans la banlieue de Vârânasî, est un site directement rattaché à la tradition de la vie du Bouddha, qui y aurait prononcé son premier sermon. De ce fait, c'est un des principaux lieux de culte du bouddhisme, ce qui explique la constitution d'un centre monastique important dès l'époque de l'Empire Maurya, avec la construction de stûpas, dont le stûpa Dhamekh évoqué plus haut, qui marquerait l'emplacement du Bouddha lors de son premier sermon. En plus de ces réalisations architecturales, le site de Sârnâth a livré des sculptures datées de la période gupta, réalisées à partir du grès beige extrait à proximité à Chunâr, dont un certain nombre se trouve aujourd'hui au musée local[75]. L'école artistique y est plus tardive que celle de Mathurâ, puisqu'elle apparaît à la période gupta au Ve siècle. Comme ceux de Mathurâ dont ils reprennent en partie les codes, les sculpteurs de Sârnâth ont contribué à fixer les principes de la sculpture de la période classique indienne. Leurs thèmes sont en très grande majorité inspirés par le bouddhisme : Bouddha, boddhistvas dont ils cherchent à figurer la hauteur spirituelle, leur donnant une expression de détachement conforme à l'idéal bouddhique.

Le centre académique bouddhiste de Nâlandâ

Ruines actuelles du site de Nâlandâ.

Nâlandâ est le plus important centre d'études de l'Inde durant la période classique, avant la période musulmane[76]. Il est situé dans l'actuel Bihar. Au début de l'époque de la dynastie Gupta, on n'y trouve probablement que quelques sanctuaires bouddhistes, avec des moines lettrés. L'essor de cette institution en tant que centre intellectuel de premier plan est à dater du règne de Kumarâgupta Ier, dans la première moitié du Ve siècle. En dépit de ses inclinations vishnuïtes, ce roi fait un don d'une centaine de villages avec leurs terres au monastère bouddhiste du lieu, qui devient un Mahâvihâra (« grand monastère »), et dispose ainsi de solides ressources financières pour prospérer en tant que lieu d'études et d'enseignement de premier ordre.

L'objet des réflexions, discussions et enseignements en ce lieu était essentiellement la religion, surtout le bouddhisme. Les plus grands penseurs du Mahâyâna de l'époque ont officié dans ce lieu, comme Vasubandhu ou Dignaga. Mais il y avait aussi de la place pour les autres religions traditionnelles du monde indien. Les savants de Nâlandâ pratiquaient aussi des disciplines profanes, comme la grammaire, puis la médecine, l'astronomie, les mathématiques, ou encore l'agronomie, la musique. Nâlandâ est également un centre artistique important, qui sert de passeur de l'art de la période gupta vers le Bengale et plus loin l'Asie du Sud-Est. Quelques trouvailles artistiques datant de cette époque ont été faites sur ce site, notamment un groupe de sculptures en stuc d'une grande qualité découverts sur le site 3[77]. Les réalisations architecturales de la période gupta ont été recouvertes par celles des périodes postérieures.

Au final, cela donne l'un des plus importants centres universitaires de l'époque, qui dure près de 800 ans, et acquiert une renommée internationale, vers l'Asie du Sud-Est et aussi la Chine, puisque c'est en ces lieux que le moine Xuanzang obtient des manuscrits importants qu'il ramène et traduit dans son pays.

Les grottes d'Ajanta

Les grottes d'Ajanta vues de l'extérieur.
Intérieur du sanctuaire de la grotte 1 d'Ajanta.

Le site d'Ajanta, dans le Maharashtra, est un des plus représentatifs de l'art du sous-continent indien de la période gupta[78]. Pourtant, il ne se situe pas dans le domaine gupta à proprement parler, mais dans le territoire d'un royaume allié et vassal, le Vâkâtaka. Ajanta est un site situé sur une falaise rocheuse en forme de fer à cheval dominant un cours d'eau, dans laquelle ont été creusées 29 grottes, le tout constituant un sanctuaire bouddhiste florissant. Les premières grottes datent des IIe et Ier siècles av. J.-C., et le site est occupé jusqu'au IXe siècle. L'activité artistique est à son maximum à la période gupta, dans la seconde moitié du Ve siècle, quand Ajanta est un monastère renommé qui attire des pèlerins en grand nombre et quand une école artistique remarquable y œuvre. Cette période florissante est due au patronage du souverain vâkâtaka, Harishena, et de son ministre Varâhadeva, dont on a retrouvé des inscriptions dans certaines grottes.

Les grottes d'Ajanta sont des constructions de deux types, ouvertes sur l'extérieur par des façades sobres à colonnes. Le premier type est celui des chaitya, lieux de culte. Ils sont de plan absidal, articulés autour d'une nef centrale jouxtée par des bas-côtés séparés d'elle par des piliers. On y trouve un petit sanctuaire dédié au Bouddha, souvent représenté dans des niches sculptées, ainsi que des reliques abritées dans un petit édifice en forme de stûpa. Le second type est celui des vihâra, les cellules dans lesquelles vivaient les moines, petites et de plan carré.

Ces grottes sont remarquables par les œuvres des artistes qui y ont travaillé. On y trouve de nombreuses sculptures, influencées par l'école de Mathurâ. Mais les plus remarquables réalisations sont les « galeries de peinture » (vîthî), témoignages uniques de la peinture de la période gupta (voir plus haut). Elles illustrent les récits de la vie et des vies antérieures du Bouddha, les Jâtaka, ainsi que les Avadâna. Ajanta doit sa renommée à ses œuvres, remarquablement détaillées, foisonnantes de couleurs, et d'une grande variété thématique, qui abordent aussi bien des sujets religieux que des thèmes profanes, s'inspirant des scènes urbaines, rurales ou palatines de la période gupta bien qu'elles soient censées représenter des scènes s'étant déroulées dans un passé très lointain. En cela elles constituent un témoignage d'une valeur inestimable sur cette période.

Le rayonnement de la culture de l'Inde des Gupta

La civilisation de l'Inde des Gupta a eu une influence sensible sur les régions voisines. Cela n'est pas une nouveauté à cette période, car l'Inde a déjà un rayonnement en direction de l'Asie centrale ou de l'Asie du Sud-Est durant les siècles précédents, où les religions indiennes (bouddhisme et hindouisme) ainsi qu'une partie de leur tradition littéraire et des influences artistiques se sont déjà diffusées.

Ce rayonnement est avant tout perceptible dans le domaine artistique[79]. Il est d'abord perceptible dans un cercle proche de royaumes situés directement au contact de l'Empire gupta ou qui lui succèdent sur ses marges : le royaume de la dynastie Licchavi qui règne au Népal de la fin du IVe siècle à la fin du VIIIe siècle, où les artistes réalisent des statues dans un style inspiré de ceux de Mathurâ et de Sârnâth ; le royaume de la dynastie Pala dans le Bengale, bouddhiste, qui domine notamment le centre universitaire de Nâlandâ qui sert de passeur d'une tradition religieuse mais également artistique gupta. De là, l'influence indienne va vers les royaumes de l'Asie du Sud-Est, souvent convertis à l'hindouisme ou au bouddhisme et dont la culture est déjà fortement indianisée : la dynastie des Dvaravati en Thaïlande (VIe ‑ IXe siècles) dont la statuaire témoigne d'une influence gupta ; le royaume hindouiste de Champâ au Viêt-Nam ; et le Cambodge pré-angkorien (IIIe ‑ VIIIe siècles). L'influence artistique gupta se ressent jusqu'à Sumatra et Java. L'art religieux de ces régions est marqué par une inspiration des artistes gupta, même si cela n'entrave pas des particularités locales fortes. L'art gupta rayonne aussi vers l'ouest, en direction de l'Afghanistan et de l'Asie centrale, où on retrouve des formes et des inspirations des artistes de Mathurâ ; des traits des œuvres guptas se retrouvent aussi sur certaines statues de la Chine de la dynastie Tang.

Cette influence artistique est solidaire d'une influence religieuse qu'elle accompagne depuis les derniers siècles précédent notre ère. Si l'hindouisme s'est répandu vers l'Asie du Sud-Est jusqu'en Indonésie, c'est surtout le bouddhisme qui s'étend du fait de son caractère prosélyte. Cette transmission religieuse implique des traductions d'œuvres rédigées en sanskrit ou en pâli dans les pays où se font les conversions. Cet effort de traduction est surtout connu pour la Chine[80]. Au début du Ve siècle, un moine d'Asie centrale du nom de Kumârajîva traduit des sûtras bouddhiques en chinois à Chang'an. Il influence le moine chinois Xuanzang, qui au VIIe siècle va en Inde pour chercher des œuvres bouddhistes et les traduire : c'est ainsi que les écrits de penseurs de la période gupta tels que Asanga et Vasubandhu parviennent en Chine où ils ont une grande influence. L'Inde est donc un pays attractif pour certains pèlerins chinois malgré la difficulté du voyage, le pionnier ayant été le moine Faxian, qui nous a laissé une description de l'Inde du temps des Gupta, avec une attention particulière pour les lieux de pèlerinage bouddhistes[2].

L'Inde exerce donc un rayonnement dans le milieu lettré des pays voisins, ce qui explique le fait que les écritures indiennes de la période gupta aient servi de base à certaines écritures au Népal ou en Asie centrale (pour le koutchéen et l'agnéen), en plus d'avoir été connues par les traductions de textes religieux indiens[81]. Dans le domaine scientifique enfin, l'influence des astronomes et des mathématiciens indiens est perceptibles dans des pays voisins, même s'il faut également prendre en compte le fait que le développement de ces sciences en Inde doit beaucoup aux apports occidentaux, grecs avant tout[57].

Notes et références

  1. Filliozat Renou 1985, p. 165-166
  2. a et b Filliozat Renou 1985, p. 149 ; Filliozat Renou 2001, p. 402-408
  3. P.-S. Filliozat, « Langues et lettres à la cour gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007
  4. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007
  5. Thapar 2002, p. 282
  6. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 30 ; Okada Zéphyr 2007, p. 35
  7. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 30
  8. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 30 ; Thapar 2002, p. 283
  9. Thapar 2002, p. 283-285 ; Okada Zéphyr 2007, p. 36-38
  10. Thapar 2002, p. 285
  11. Okada Zéphyr 2007, p. 38
  12. Thapar 2002, p. 285-286
  13. a et b M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 32
  14. Thapar 2002, p. 286
  15. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 32 ; Okada Zéphyr 2007, p. 40-41
  16. Avari 2007, p. 161-162
  17. E. Clanet, « Quelques repères chronologiques », dans M. Couthiade (dir.), Sri Harsha, Dernier empereur bouddhiste de l'Inde (590-647 après J.-C.), Paris, 2008, p. 16
  18. Thapar 2002, p. 287-288
  19. Avari 2007, p. 182-183
  20. S. Petcu, « Les conditions de l'accession au pouvoir de Harsha Vardhana (c. 606-c. 647) », dans M. Couthiade (dir.), Sri Harsha, Dernier empereur bouddhiste de l'Inde (590-647 après J.-C.), Paris, 2008, p. 19-44
  21. Thapar 2002, p. 290
  22. P. E. Dumont, L'ashvamedha, descriptions du sacrifice solennel du cheval dans le culte védique, Paris, 1927
  23. Avari 2007, p. 158-159
  24. Avari 2007, p. 160
  25. Thapar 2002, p. 290-291 ; Avari 2007, p. 160
  26. Angot 2001, p. 94
  27. Avari 2007, p. 176-177
  28. Avari 2007, p. 159
  29. Angot 2001, p. 91-92
  30. Thapar 2002, p. 291-297 ; Avari 2007, p. 163-164
  31. Pour des discussions sur ce supposé « féodalisme indien », voir par exemple (en) H. Mukhia, « Was There Feudalism in Indian History? », dans Journal of Peasant Studies 8/3, 1981, p. 273-310 ; (en) R. S. Sharma, « How Feudal was Indian Feudalism? », dans Journal of Peasant Studies 12/2-3, 1985, p. 19-43 ; (en) B. Stein, « Politics, Peasants and the Deconstruction of Feudalism in Medieval India », dans Journal of Peasant Studies 12/2-3, 1985, p. 228-251
  32. Avari 2007, p. 163-164
  33. Pour une description concise de ce système, Angot 2001, p. 57-63
  34. Avari 2007, p. 166-167
  35. Angot 2001, p. 128-142 ; Okada Zéphyr 2007, p. 44-49
  36. (en) L. Rocher, The Puranas, Wiesbaden, 1986
  37. Okada Zéphyr 2007, p. 49-51
  38. Avari 2007, p. 165-166 ; Okada Zéphyr 2007, p. 44-45
  39. Okada Zéphyr 2007, p. 52-57
  40. a et b Filliozat Renou 2001, p. 379-380
  41. Dernièrement, L'âge d'or de l'Inde classique, L'Empire des Gupta, Paris, 2007 et A. Okada et T. Zéphyr, L'âge d'or de l'Inde classique, Paris, 2007
  42. Thapar 2002, p. 280-282
  43. On lira à ce propos le résumé du cours au Collège de France de G. Fussman, « Les Guptas et le nationalisme indien », année 2006-2007
  44. P.-S. Filliozat, « Langues et lettres à la cour gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 59-60
  45. Filliozat Renou 2001, p. 36
  46. Filliozat Renou 2001, p. 67
  47. Filliozat Renou 2001, p. 10
  48. Filliozat Renou 2001, p. 57
  49. Filliozat Renou 2001, p. 45-46
  50. P.-S. Filliozat, « Langues et lettres à la cour gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 61-62
  51. Filliozat Renou 2001, p. 100-101
  52. Filliozat Renou 2001, p. 207-215 (poésie) et 273-280 (théâtre) ; P.-S. Filliozat, « Langues et lettres à la cour gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 62-67. Traduction de certaines pièces de cet auteur dans Le théâtre de Kālidāsa, Traduit du sanskrit et du prākrit, présenté et annoté par Lyne Bansat-Boudon, Paris, 1996.
  53. Filliozat Renou 2001, p. 133-137 ; Angot 2001, p. 182-183. Traductions : Kâma sûtra, le bréviaire de l'amour, Traduction et présentation par Alain Daniélou, Paris, 1999 ; Kâmasûtra, Traduction de la version anglaise du sanskrit commentée et annotée par Wendy Doniger et Sudhir Kakar, traduction française de A. Porte, Paris, 2007.
  54. Filliozat Renou 2001, p. 173-174 (mathématiques) et 187-189 (astronomie) ; Okada Zéphyr 2007, p. 61-62
  55. Filliozat Renou 2001, p. 174 et 189. M. Couthiade, « Brahmagupta et la naissance du zéro », dans M. Couthiade (dir.), Sri Harsha, Dernier empereur bouddhiste de l'Inde (590-647 après J.-C.), Paris, 2008, p. 107-112
  56. Filliozat Renou 2001, p. 189 ; Okada Zéphyr 2007, p. 62-63
  57. a et b Filliozat Renou 2001, p. 177 et 194
  58. Okada Zéphyr 2007, p. 63
  59. Filliozat Renou 2001, p. 157-158
  60. Filliozat Renou 2001, p. 166
  61. Angot 2001, p. 221-223
  62. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 39-40
  63. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 40-41
  64. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 36-37
  65. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 33-35
  66. http://www.guimet.fr/Torse-de-Buddha
  67. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 43-50
  68. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 50-53 ; J. E. Dawson, « L'art de la terre cuite gupta : un aperçu », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 84-91
  69. J. E. Dawson, « La sculpture métallique à l'époque gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 93-97
  70. http://www.bmagic.org.uk/objects/1885A1116
  71. M. C. Joshi, « Introduction à l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 55-57 ; L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 116-131, donne l'analyse de certaines pièces caractéristiques
  72. A. Okada et J.-L. Nou, Ajanta, Paris, 1991, p. 26-29
  73. Okada Zéphyr 2007, p. 80-81
  74. L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 138-169
  75. L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 172-223
  76. Avari 2007, p. 172
  77. L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 247-249
  78. A. Okada et J.-L. Nou, Ajanta, Paris, 1991, p. 20-44 pour une présentation du site et de son contexte
  79. T. Zéphyr, « Rayonnement de l'art gupta », dans L'âge d'or de l'Inde classique 2007, p. 99-111
  80. A. Cheng, Histoire de la pensée chinoise, Paris, 1997, p. 373-392
  81. Filliozat Renou 2001, p. 675-677

Bibliographie générale

Sur les autres projets Wikimedia :

  • J. Filliozat et L. Renou, L'Inde classique, Manuel des études indiennes, Tome I, Paris, 1985 (1re éd. 1947) 
  • J. Filliozat et L. Renou, L'Inde classique, Manuel des études indiennes, Tome II, Paris, 2001 (1re éd. 1953) 
  • M. Angot, L'Inde classique, Paris, 2001 
  • (en) R. Thapar, Early India: From the Origins to AD 1300, Londres, 2002 
  • A. Okada et T. Zéphyr, L'âge d'or de l'Inde classique, Paris, 2007 
  • L'âge d'or de l'Inde classique, L'empire des Gupta, Paris, 2007 
  • (en) B. Avari, India: The Ancient Past, A history of the Indian sub-continent from c. 7000 BC to AD 1200, Londres, 2007 

Voir aussi

Sassanides02.png
  • Sassanides : leur empire en Perse fut contemporain des Gupta.
  • [1] : mini-site de l'exposition « L'Âge d'or de l'Inde classique. L'empire des Gupta » aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris du 4 avril au 25 juin 2007. Présentation exceptionnelle d'œuvres conservées pour la plupart dans des musées indiens, les collections françaises pour cette période étant assez pauvres.


Royaumes et empires indiens
Date Empires du Nord Royaumes du Sud Royaumes étrangers
VIe siècle av. J.‑C.

Ve siècle av. J.‑C.
IVe siècle av. J.‑C.

IIIe siècle av. J.‑C.
IIe siècle av. J.‑C.

Ier siècle av. J.‑C.
Ier siècle


IIe siècle
IIIe siècle
IVe siècle
Ve siècle
VIe siècle
VIIe siècle
VIIIe siècle
IXe siècle
Xe siècle
XIe siècle






  • Empire Gupta













(Pouvoir persan)
(Conquêtes grecques)




(Premières conquêtes musulmanes)

(Invasions musulmanes en Inde)



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