Guerre Folle

Guerre Folle

Guerre folle

Le royaume de France, les duchés et domaines seigneuriaux en 1477, peu de temps avant la Guerre Folle

La Guerre folle est le nom donné à une guerre qui oppose entre 1485 et 1488 un parti princier, féodal et aristocrate, semblable à la Ligue du Bien public, à Anne de Beaujeu, régente de France après la mort de Louis XI et en attendant la majorité du jeune roi Charles VIII. Elle est à l'origine de l'annexion de la Bretagne au domaine royal.

Du côté des princes, on compte les ducs René II de Lorraine, François II de Bretagne, Louis II d'Orléans — cousin du roi et futur Louis XII de France — le prince d’Orange, le comte d'Albret, le comte d’Angoulême. Jean de Lescun, bâtard d’Armagnac, comte de Comminges et gouverneur de Guyenne, et Commines, soutiennent la révolte de leurs conseils. Enfin, cette révolte contre la régente est soutenue par les ennemis étrangers du roi de France : Angleterre, Castille-Aragon et Autriche-Bourgogne.

Sommaire

Nom et durée

L’expression guerre folle pour désigner cette « entreprise sans lendemain » de grands féodaux contre le pouvoir royal est due à Paul Émile, dans son Histoire des faicts, gestes et conquestes des roys de France, parue en 1581[1].

Elle s’inscrit dans une longue suite de conflits entre la royauté et les grands princes du royaume dans la deuxième moitié du XVe siècle : Ligue du Bien public, Praguerie. En 1484-1485, le duc d’Orléans, soutenu par le duc de Bretagne et quelques autres princes, tente de renverser la régente, Anne de Beaujeu. Sans combats, celle-ci réussit à briser cette révolte : le 2 novembre 1485, la paix de Bourges suspend les hostilités. Ici prend fin, selon certains historiens[Qui ?], la première phase de la guerre folle, qui lui rattachent une seconde phase, de juin 1486 à novembre 1488, parfois appelée guerre de Bretagne. D’autres courants historiographiques, principalement bretons[Qui ?], séparent cette seconde phase de la première, pour l'associer à la guerre franco-bretonne, ou guerre d’indépendance de la Bretagne.

Déroulement

Complots et premier soulèvement

Dès le début du règne de Charles VIII, Louis II d’Orléans tente de s’emparer de la régence, mais est mis en échec aux États généraux de Tours (15 janvier-11 mars 1484). Dès avril, Louis d’Orléans part en Bretagne pour s’allier au duc. Il envoie également une demande d’annulation de son mariage au pape, afin de pouvoir épouser Anne de Bretagne. Informés, les Beaujeu le font venir au sacre du roi à Reims (le 30 mai). Il y tient le premier rôle, mais signe le 23 novembre un traité avec le duc de Bretagne, qui prévoit son mariage avec Anne de Bretagne. Revenu à la cour, le duc d’Orléans tente d’enlever le roi, mais Anne de Beaujeu, prévenue, l’en empêche en faisant irruption en force dans la chambre du roi : elle arrête quelques seigneurs de la garde royale, et place le duc d’Orléans en résidence surveillée à Gien.

Le 17 janvier 1485, il tente de soulever Paris, mais il échoue. Il parvient à s’enfuir le 3 février à Alençon, et fait amende honorable le 12 mars. Des troupes royales placées autour d’Évreux l’empêchent de rejoindre la Bretagne, et il s’enferme à Orléans. Simultanément, la noblesse bretonne se soulève, ramenée à l’ordre par les troupes royales.

Le 30 août, Louis d’Orléans lance un manifeste contre la régence. L’armée royale marche sur Orléans, et Louis II s’échappe à Beaugency, d’où il est délogé par le jeune La Trémoille en septembre. Le 9 août, François II de Bretagne se rallie lui aussi à une trêve. Celle-ci est signée pour un an à la paix de Bourges, le 2 novembre 1485.

Reprise des hostilités

Louis II d' Orleans

Dès la fin de la trêve, les rebelles reprennent leur révolte. Déjà en juin 1486, Maximilien d'Autriche avait envahi le nord de la France, puis battu en retraite ; en novembre, c’est Dunois qui s’empare du château de Parthenay. Le 11 janvier 1487, Louis d’Orléans s’échappe du château de Blois, et poursuivi par les archers royaux, se réfugie de nouveau en Bretagne. L’armée royale part de Tours début février et commence son offensive dans le sud-ouest. Elle est le 7 mars à Bordeaux, et Lescun, gouverneur de Guyenne, est démis et remplacé par Pierre de Beaujeu. L’armée royale repart de Bordeaux le 15, pour prendre Parthenay le 30, Dunois parvenant à rejoindre Louis d’Orléans à Nantes. L’armée royale remonte ensuite vers la Bretagne. Au traité de Châteaubriant, la noblesse bretonne passe un accord avec le roi : le duc ne sera pas menacé par l’armée royale, qui quittera la Bretagne dès que les deux princes français rebelles seront capturés. Au nord, le maréchal d’Esquerdes (ou Des Querdes) retient brillamment, puis repousse Maximilien d’Autriche, élu roi des Romains peu de temps auparavant. Au sud, le sire de Candale bat Alain d’Albret à la bataille de Nontron : celui-ci voulait rejoindre les rebelles du Nord, mais est forcé de livrer des otages. En Bretagne, les rebelles au duc et alliés du parti royal dirigés par le vicomte de Rohan tiennent le nord du duché, et prennent Ploërmel.

Le 1er avril, la mobilisation des forces militaires (nobles et milices urbaines) demandée par le duc François II échoue. Simultanément, l’armée royale avance en Bretagne : elle est accueillie favorablement à Châteaubriant, Vitré, Ancenis et Clisson, dont les seigneurs se sont ralliés au roi de France. Les villes de La Guerche, Redon, Vannes tombent presque sans résistance, Ploërmel est prise d’assaut[2]. Le siège est mis devant Nantes le 19 juin. Les habitants, aidés de mercenaires étrangers, reçoivent l'appui décisif de Cornouaillais et de Léonards qui débarquent et brisent l’encerclement, le siège étant levé le 6 août[3]. Dans le même temps, les corsaires normands tentent de faire le blocus des ports du nord de la Bretagne, et les villes de Vitré, Saint-Aubin-du-Cormier, Dol et Auray tombent.

Le 20 janvier 1488, les ducs d’Orléans et de Bretagne sont déclarés rebelles par le Parlement de Paris : eux et leurs complices ne sont plus considérés comme des vassaux rebelles, mais comme des sujets coupables de lèse-majesté. Au printemps, le duc d’Orléans reprend pour son allié Vannes, Auray et Ploërmel. Le vicomte de Rohan est forcé de capituler.

Le 24 avril suivant, un arrêt de confiscation est rendu contre tous les biens de Louis d’Orléans. Alain d’Albret obtient un subside de la cour d’Espagne, et rejoint la Bretagne avec 5 000 hommes. Maximilien d’Autriche a lui aussi envoyé 1 500 hommes. Pendant que La Trémoille rassemble ses forces sur les limites du duché, Lord Scales débarque avec 300 archers anglais, tous volontaires. Mais alors que le Roi des Romains est occupé par une rébellion en Flandres, soutenue par le maréchal d’Esquerdes, les soutiens du duc de Bretagne se disputent la main d’Anne de Bretagne : Louis d’Orléans, Alain d’Albret et Maximilien d’Autriche étant tous candidats. La guerre se poursuit avec notamment la prise de Fougères par les troupes royales le 19 juillet après un siège d’une semaine[3], puis de Dinan. L'armée bretonne commandée par le maréchal de Rieux et les troupes alliées sont battues à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier le 28 juillet 1488, ce qui met fin à la guerre et entraînera la fin de l'indépendance de la Bretagne.

Le duc de Bretagne François II meurt le 9 septembre et Anne de Bretagne devient duchesse en janvier de l’année suivante. Une amnistie est alors accordée à Lescun, Dunois, et la plupart des vaincus. Louis d’Orléans est enfermé en forteresse puis gracié par Charles VIII à sa majorité, trois ans plus tard.

Voir aussi

Sources

Notes

  1. Didier Le Fur. Anne de Bretagne. Librairie Édition Guénégaud : Paris, 2000.
  2. Philippe Contamine (directeur), Des origines à 1715, Presses universitaires de France, Paris, 1992, in André Corvisier (directeur), Histoire militaire de la France, ISBN 2-13-043872-5, p 214
  3. a  et b Philippe Contamine, op. cit., p 214
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