Gerald Bull

Gerald Bull
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Gerald Bull, né le 9 mars 1928 à North Bay en Ontario, mort le 22 mars 1990 à Bruxelles en Belgique, était un ingénieur canadien, spécialiste en balistique qui a opéré pour différents gouvernements : Canada, États-Unis, Afrique du Sud et Irak. Il a mené d'importantes recherches sur les super-canons capables de tirer sur de très longues distances ou de hautes altitudes.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Son père George Bull a déménagé à North Bay pour ouvrir un cabinet d'avocats. Il se convertit au catholicisme pour épouser Gertrude Isabelle LaBrosse. Ils auront neuf enfants, Gerald étant le neuvième. La famille est relativement aisée jusqu'au krach de 1929 qui la ruine. Sa mère meurt en 1930 des complications de l'accouchement de son dernier enfant. Son père fait une dépression nerveuse et commence à boire. Les enfants sont alors envoyés chez une de leurs tantes[1]. Cette dernière meurt d'un cancer en 1934 et Gerald se trouve confié au soin de sa sœur aînée, Bernice. Lors de vacances chez un oncle, celui-ci le fait entrer au lycée jésuite Notre-Dame de Regiopolis où il est accepté malgré son jeune âge. Il s'intéresse alors déjà à l'aéronautique. Il va ensuite entrer à l'université Queen's alors qu'il n'a que seize ans. L'année suivante, l'université ouvre un Institut d'aérodynamique (l'actuel Institut de recherches spatiales) financé par le Bureau de recherche en défense du Canada (DRB) et il réussit à s'y faire accepter. Il va y concevoir un tunnel de test aérodynamique qui sera l'objet de sa thèse de doctorat qu'il soutient en 1951.

CARDE

Le Canada a alors développé avec les Britanniques le programme CARDE, le Canadian Armament and Research Development Establishment, créé initialement pendant la Seconde Guerre mondiale comme une opération conjointe avec les Britanniques pour étudier l'artillerie et la balistique, dans le but de renforcer les capacités de recherche canadiennes et de placer la technologie britannique à l'abri des Allemands. Créé sur des terrains militaires d'entraînement et de champs de tir en dehors de Valcartier, au nord-ouest de la ville de Québec, CARDE devient ensuite l'une des divisions de recherche de la DRB disposant de fonds importants juste après la guerre. CARDE mène des recherches sur les vols supersoniques et sur une variété de projets de missiles et roquettes quand on propose à Bull de les rejoindre. Cela allait être l'introduction de Bull dans le domaine de la balistique. Il va alors s'intéresser aux super-canons capables d'envoyer de petits objets à de très grandes distances. Bull s'intéresse également à la mise en orbite de satellite par ce moyen[1]. Le programme est arrêté quelques années plus tard suite à un arrêt de financement du Canada.

Il se marie en juillet 1954 avec Noemi "Mimi" Gilbert avec laquelle il aura sept enfants Philippe né en 1955 et Michael en 1956.

Travail aux États-Unis

Bull va alors devenir professeur à l'université McGill tout en créant sa propre société de recherche, Space Research Corporation, spécialisé en balistique dont il installe les laboratoires à Highwater au Québec à la limite avec l'État américain du Vermont. Il va alors travailler avec les Américains qui s'intéressaient déjà à ses recherches. Grâce à une décision exceptionnelle du Congrès, il acquiert la nationalité américaine, ce qui lui permet de travailler plus facilement pour le département de la Défense[1]. Il va alors travailler sur le projet HARP, le High Altitude Research Program.

Travail pour l'Afrique du Sud

Alors que les États-Unis ont officiellement décrété un embargo sur les armes en direction de l'Afrique du Sud pour cause d'apartheid, il va, avec l'appui de la CIA, travailler à l'amélioration de la portée des canons sud-africains, l'Afrique du Sud étant alors engagée dans un conflit contre l'Angola communiste, soutenue par l'URSS. Les Sud-Africains sont alors confrontés aux lance-roquettes soviétiques d'une plus grande portée que leurs canons. Bull va ainsi doubler la portée des canons automobiles de l'armée sud-africaine[1].

Mais il est poursuivi aux États-Unis pour violation sur l'embargo. La CIA lui aurait préconisé de plaider coupable indiquant qu'il ne risquait qu'une forte amende. On souhaitait ainsi éviter d'autres enquêtes du Congrès ou de la presse[1]. Mais en plus d'une forte amende, Bull est condamné à six mois de prison ferme, peine qu'il effectue dans un pénitencier fédéral en Pennsylvanie. À sa sortie, il décide de quitter les États-Unis et s'installe en Belgique.

Travail pour l'Irak

Il est alors approché par le régime irakien engagé dans une longue guerre avec les Iraniens. Ces derniers se sont fait livrer des canons par l'Afrique du Sud, canons dont Bull avait amélioré la portée[1]. Selon le fils de Bull, les États-Unis qui soutenaient officieusement l'Irak contre l'Iran ne seraient pas opposés à cette collaboration[1]. Après la fin du conflit irano-irakien, Bull leur parle de ses projets de super-canon qui intéresse le régime irakien[1]. Il aurait alors travaillé sur le projet Babylone d'un super-canon fixe avec un tube long de plus de 150 mètres[1].

Assassinat

Il est assassiné de plusieurs balles dans la nuque et dans le dos devant la porte de son appartement bruxellois le 22 mars 1990. Les premières constatations semblent orientées vers un crime de professionnel. Le tireur a pris soin d'enlever les douilles après le meurtre et n'a pas volé l'importante somme d'argent en liquide contenue dans la sacoche. L'assassin a été confondu avec le vol de la montre bracelet, très spéciale. Les commanditaires et les raisons de son assassinat n'ont jamais été trouvés mais plusieurs hypothèses ont été émises sur les meurtriers :

  • Des agents du Mossad, les service secrets israéliens. Israël pouvait se sentir menacé par la construction du super-canon qui pouvait atteindre son territoire. Selon certaines sources israéliennes, il aurait été approché par le Mossad pour arrêter sa coopération avec le régime irakien et une compensation lui aurait été proposée[1] mais sa famille nie qu'un tel contact ait eu lieu (son fils travaillait avec lui)[1]. Pourtant selon d'autres sources israéliennes, le super-canon irakien ne constituait pas une réelle menace à court terme et installation fixe, il aurait été facile à détruire par l'aviation israélienne[1].
  • Des agents iraniens.
  • La CIA. Dans une interview, des membres de la famille Bull ont émis des réserves à propos de l'engagement de Gerald Bull avec la CIA dans les années 1980. Selon d'autres sources, Gerald Bull aurait toujours mal vécu ce qu'il jugeait être un « abandon » par la CIA face à la justice américaine[1] et aurait pu décider de revenir aux États-Unis et de parler[1]. La CIA aurait alors décidé de le supprimer.
  • Les services secrets britanniques : peu de temps avant la guerre du Golfe, un journaliste anglais (travaillant peut-être lui aussi pour les services secrets) part enquêter sur une violente explosion qui s'est produite dans les environs de Bagdad. Il se trouve que cet homme enquêtait depuis quelque temps sur les activités de la société dirigée par Bull basée à Bruxelles. Mais il est arrêté et exécuté en mars 1990. Les représailles anglaises ne se font pas attendre. Les douaniers saisissent une cargaison de tubes usinés en Grande-Bretagne. Officiellement, il s'agit d'éléments de pipeline, mais certains y voient les pièces du super-canon de Saddam Hussein. L'assassinat de Bull vient ensuite clore cette affaire qui met mal à l'aise le gouvernement britannique car il y a là violation de l'embargo sur les armes à destination de l'Irak. Il est possible que les agents ayant décidé l'élimination du fabricant de canons aient agi sans ordre de leur hiérarchie[2].

Selon les dires du premier ministre israélien qui était au pouvoir au moment de son assassinat, l'assassin se trouverait quelque part en Amérique centrale.

Travaux

Il a empiriquement déterminé qu'un rapport de 45 entre la longueur du canon et le diamètre de celui-ci offrait le meilleur rendement en termes de portée.

Il fabriquait des super-canons qui pouvaient envoyer de petits objets à de très grandes distances. Le principe de ces canons est le suivant : un long tube avec une enfilade d'ouvertures latérales qui contiennent chacune une charge de poudre. Un chariot est lancé dans le tube, son moyen de propulsion étant fourni par des explosions de poudre. Les charges explosent peu après le moment où le chariot passe devant l'ouverture correspondante. Le chariot acquiert ainsi une vitesse extrême, et seule la charge utile est expédiée au loin.

Un tel système est relativement facile à concevoir, mais les contraintes du monde physique rendent difficiles son implantation. Normand Lester a rapporté que Bull mettait au point de tels supercanons pour le compte de l'Irak juste avant la première guerre du Golfe. Ces rumeurs n'ont pas été confirmées, ni infirmées.

Aujourd'hui, il semble que le DARPA soit intéressé par ces canons, car ils permettent de mettre en orbite de petits satellites. Ils ont cependant un inconvénient majeur : ils impriment une accélération de 20 000 fois l'accélération terrestre aux objets lancés. Un obus de canon peut supporter une telle accélération, mais pas les équipements d'un satellite de communications, par exemple. Ce concept rappelle curieusement celui proposé par Jules Verne, tel qu'illustré dans son roman De la Terre à la Lune (1865).

Sources et références

  • Normand Lester, L'Affaire Gerald Bull. Les canons de l'apocalypse, Éditions du Méridien, 1991. (ISBN 2-89415-036-9)
  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m et n Documentaire télé canadien de 2004 dans la série Trahison.
  2. Émission de Patrick Pesnot, Rendez-vous avec X du 4 novembre 2000

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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