Georges Forestier (ingénieur)

Georges Forestier (ingénieur)
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Georges Forestier en 1900

Benoît François Georges Forestier, né à Saintes le 7 septembre 1838, mort à Paris le 5 avril 1905, est ingénieur en chef puis inspecteur général des Ponts et chaussées, spécialiste de l'automobile.

Professeur du cours des routes à l'École des ponts et chaussées, il est en 1895 un des fondateurs de l'Automobile Club de France dont il créée et préside le Comité technique et le laboratoire d'essais ; il établit les règlements de circulation routière et des premières compétitions automobiles.

Il est le président du premier Congrès international de l'automobile en 1900.

Sommaire

Biographie

Né en 1838, Georges Forestier est le fils d'Auguste Forestier (1811-1873), ingénieur en chef des ponts et chaussées pour la Vendée, inventeur de moyens de conservation des bois à la mer, et d'Emma Eugénie Lachaud de Loqueyssie, fille d'un trésorier-payeur général.

Ingénieur des ponts et chaussées

Georges Forestier entre à l'École Polytechnique le dix-septième en 1857, et en sort le neuvième en 1859. Il entre ensuite à l'École des ponts et chaussées[1].

Il est successivement ingénieur aux Sables-d'Olonne, puis à Lorient où il réalise divers travaux et prend en 1867 la direction du service des Travaux hydrauliques ; il reçoit alors des « appréciations élogieuses »[2],[3]. Il est ensuite nommé à Vannes en 1868 où il conçoit plusieurs ouvrages d'art ; il étudie des réparations pour le pont suspendu de La Roche-Bernard ; à cause du manque de budget, il doit revoir ses projets, et met en place une « passerelle provisoire » en bois, qui servira pendant près de quarante ans[4]. En poste à Rochefort de 1873 à 1875, il y conçoit deux cales obliques pour faciliter les réparations et le lancement des navires, et un système d'assainissement des eaux. Mais son comportement y est diversement apprécié[2],[5].

Forestier part ensuite en mission en Cochinchine pour diriger des travaux importants, notamment une forme de radoub.

Rentré en France, il est promu ingénieur en chef en mars 1879, et nommé à Poitiers. Les travaux d'assainissement qu'il y fait donnent satisfaction à la municipalité qui attribue son nom à une rue : rue de l'Ingénieur Forestier.

Il repart en 1881 en Cochinchine comme Directeur des travaux publics. Il en revient malade en 1883. Il y a construit des routes, 70 km de chemin de fer et trois ponts[2].

Forestier devient inspecteur général des Ponts et chaussées en octobre 1891[6]. À ce titre, il coordonne et supervise les travaux de plusieurs départements en matière d'infrastructures, notamment pour les routes et les chemins de fer. Il prend en 1893 la direction des Chemins de fer algériens, tunisiens et corses.

Il est membre du Conseil général des Ponts et Chaussées et de plusieurs commissions. Sa parole y est « à la fois goûtée et redoutée »[7].

Spécialiste scientifique de l'automobile

Georges Forestier devient professeur du cours des Routes à l'École des ponts et chaussées. Il est déjà passionné par le domaine de l'automobile naissante, l'a professionnellement étudié de près, et peut alors s'y consacrer davantage.

Georges Forestier devient rapidement une autorité nationale et internationale reconnue au niveau technique dans le domaine de l'automobile.

Il contribue en 1895 à la fondation de l'Automobile Club de France (ACF), est membre de son Comité de direction en 1896. Il en est le premier conseiller technique, et est le créateur et le premier président du Comité technique de l'Automobile Club de France ; ce comité devient ensuite la commission technique, à laquelle il donne « une place prépondérante » par son « inlassable activité ». Il crée aussi le laboratoire d'essais de l'ACF, en 1902, et le dirige jusqu'à sa mort[8],[9].

Il organise les courses et les concours d'automobiles et de poids lourds, en établit les réglements, préside le jury, et en est le rapporteur. Il préside aussi la « commission d'exécution des concours » pour l'Exposition universelle de 1900. Il participe par ailleurs à l'élaboration des premières règles de circulation[10].

Georges Forestier organise et préside le premier Congrès International de l'Automobile, qui se tient à Paris du 9 au 15 juillet 1900[11]. Dans son discours cité par J. Ickx, il rappelle notamment le rôle du cyclisme préparant et facilitant la naissance de l'automobile[12].

Il fait à partir de 1900 des conférences en Angleterre et en France, devant les plus hautes autorités, sur ce nouveau moyen de transport. À l'exposition universelle de 1900, il prépare les manifestations internationales sur l'automobile, et il est le rapporteur du jury international dans le domaine des transports (automobile, chemins de fer, …).

Cette même année 1900, il publie le livre La Roue, étude paléo-technologique, ouvrage qui fait longtemps autorité.

En 1903, il prend sa retraite pour pouvoir se consacrer à l'automobile[7].

Ses conférences en France deviennent un rendez-vous annuel présentant l'état de l'art : « L'automobile en 1903 », « L'automobile en 1904 »... Il y présente le « brillant essor de la locomotion nouvelle », avec des projections à l'appui, l'évolution technique, le point sur les nouveautés et les répercussions de cette industrie sur l'économie. Il préconise l'utilisation de pièces identiques entre les constructeurs pour mutualiser les coûts et démocratiser la voiture automobile[13].

Il est en outre, toujours dans le domaine de l'automobile, expert près les tribunaux, le conseil de préfecture, le Conseil d'État. Il écrit des articles dans plusieurs revues, et il est membre du comité supérieur de rédaction du Génie civil[14].

Il meurt à Paris en 1905, des suites d'une opération[8]. Il était officier de la Légion d'honneur.

Il avait épousé en 1868 Isabelle Hermite, fille du mathématicien Charles Hermite (1822-1901), et était le beau-frère du mathématicien Émile Picard (1856-1941).

Distinctions

Hommages

Œuvres

Parmi ses œuvres :

  • Notice sur les ports de la rivière d'Auray, Paris, Impr. nationale, 1879.
  • Notice sur les ports de la rivière du Morbihan, Paris, Impr. nationale, 1879.
  • Automobile-club de France. Concours des poids lourds. Versailles, 1897. Rapport de la commission. Paris, le Génie civil, 1897.
  • Société d'encouragement pour le développement de l'industrie automobile en France. Deuxième concours des poids lourds. Versailles, 1898. Rapport de la commission, Paris, le Génie civil, 1899.
  • La Roue, étude paléo-technologique, Paris, Berger-Levrault, 1900.
  • Notice sur les chemins de fer algériens, Alger, Giralt, 1900.
  • Essai d'une étude didactique des conditions d'établissement d'une voiture à traction mécanique sur routes, in le Génie civil, Paris, 1900.
  • (en) Heavy Motor Traffic in France, Liverpool, 1900.
  • Exposition universelle internationale de 1900, à Paris. Concours internationaux d'exercices physiques et de sports. Rapports... Section VII. Automobilisme, Paris, Impr. nationale, 1901.
  • Exposition universelle internationale de 1900, à Paris. Rapports du jury international. Classe 30 : carrosserie, charronnage, automobiles et cycles. Rapport de M. G. Forestier,... , Paris, Impr. nationale, 1901.
  • La Locomotion automobile en 1900, Paris, Berger-Levrault, 1901.
  • Automobilisme, Paris, Imprimerie nationale, 1901.
  • auteur d'autres publications, portant notamment sur les moyens de transports (ports et rivières, chemins de fer, automobiles), d'articles, de contributions diverses.

Sources

  • G. de Joly, Notice sur la vie et les travaux de M. Georges Forestier, inspecteur général des ponts et chaussées, Paris, E. Bernard, 1905  ; publié la première fois dans les Annales des Ponts et chaussées, 4e trimestre 1905.
  • « Forestier. Sa carrière » et « Son intérêt pour le cycle et l'automobile », dans André Brunot et Roger Coquand, Le Corps des ponts et chaussées, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1982 .
  • Ch. Talansier, « Georges Forestier », dans Génie Civil, février 1905 .
  • Pierre Souvestre, Histoire de l'automobile, Paris, Dunod et Pinat, 1907 [lire en ligne] 
  • Site de la bibliothèque de l'École polytechnique, fiche matricule et notice parmi la "famille polytechnicienne".
  • Bibliothèque nationale de France, Catalogue général.

Notes et références

  1. Joly 1905, p. 6.
  2. a, b et c Brunot et Coquand 1982, p. 443.
  3. Joly 1905, p. 6-7.
  4. Joly 1905, p. 7-9.
  5. Joly 1905, p. 9-10.
  6. a et b Notice no LH/997/85, sur la base Léonore, ministère de la Culture, « Forestier, Benoit François Georges ».
  7. a et b Brunot et Coquand 1982, p. 444.
  8. a et b Le Chauffeur, numéro 200, 15 avril 1905, p. 156.
  9. Souvestre 1907, p. 366, 744.
  10. Souvestre 1907, p. 338, 366-367, 433, 456, 581.
  11. Souvestre 1907, p. 464-465.
  12. Jacques Ickx, Ainsi naquit l'automobile, Lausanne, Edita, 1971, p. 129.
  13. Le Chauffeur, numéro 197, 1er mars 1905, p. 97.
  14. Talansier 1905.
  15. Joly 1905, p. 5.

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