Gabriele D'Annunzio

Gabriele D'Annunzio
Gabriele D'Annunzio
Gabriele D'Annunzio.jpg
Activités Écrivain
Naissance 12 mars 1863
Pescara,
Abruzzes, Flag of Italy (1861-1946).svg Italie
Décès 1er mars 1938
Gardone Riviera,
Lombardie, Flag of Italy (1861-1946).svg Italie
Langue d'écriture italien

Gabriele D'Annunzio ou d'Annunzio[1], prince de Montenevoso, est un écrivain italien, né à Pescara le 12 mars 1863 et mort à Gardone Riviera le 1er mars 1938. Principal représentant du décadentisme italien, héros de la Première Guerre mondiale, il soutint le fascisme à ses débuts et s'en éloigna par la suite.

Sommaire

Biographie

Portrait de D'Annunzio par Mario Nunes Vais.

Son père, Francesco Rapagnetta, est un riche propriétaire terrien, un temps maire de Pescara ; il fait ajouter "D'Annunzio" à son nom en 1851 et, à la naissance de son fils Gabriele, celui-ci est inscrit sur le registre de l'état-civil sous le seul nom de "D'Annunzio".

Gabriele est élève au lycée Cicognini, à Prato, en Toscane. À l'âge de seize ans, il publie son premier recueil poétique, intitulé Primo Vere (1879) ; il est influencé par les Odi barbare de Giosuè Carducci, mais aussi par le poète Lorenzo Stecchetti, alors à la mode pour son ouvrage Postuma.

En 1881, il entre à l'université La Sapienza, à Rome, où il fréquente différents cercles littéraires, dont celui de la revue Cronaca Bizantina, et écrit des articles de critique littéraire pour la presse locale.

Il publie Canto Nuovo (1882), Terra Vergine (1882), L'Intermezzo di Rime (1883), Il Libro delle Vergini ( 1884) et la plupart des nouvelles, ensuite recueillies sous le titre San Pantaleone (1886). La critique littéraire voit très vite en lui un enfant prodige. Son premier roman, Il Piacere (Le Plaisir traduit en français sous le titre de L'enfant de volupté), paru en 1889, est suivi en 1891 par L'Innocente (traduit en français sous le titre L'Intrus, puis L'Innocent) et Giovanni Episcopo en 1892.

Ces trois romans font une forte impression sur le public. L'Innocente, traduit en français par Georges Hérelle[2], est encensé par les critiques littéraires étrangers.

Il épouse en 1883 Maria Hardouin di Gallese, mais ils divorcent en 1891. D'Annunzio commence trois ans plus tard une liaison tumultueuse avec l'actrice Eleonora Duse, qu'il fait jouer dans ses pièces, notamment La Città morta (La Ville morte, 1898) et Francesca da Rimini (1901) ; ils rompent en 1910. En 1897, il est élu à la Chambre des députés pour un mandat de trois ans. Il y siège parmi les indépendants.

Caricature de Georges Sem

En 1910, criblé de dettes, il doit fuir en France, à Arcachon[3] , pour échapper à ses créanciers. Il y collabore avec Claude Debussy et Léon Bakst pour Le martyre de saint Sébastien (1911), écrit pour Ida Rubinstein[4].

Peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il retourne en Italie, et fait de nombreux discours publics en faveur de l'entrée en guerre de l'Italie dans le camp allié. D'Annunzio s'engage volontairement dans l'aviation, et perd l'usage d'un œil dans un accident de vol.

En février 1918, il prend part à un raid sur le port de Bakar, pour rehausser le moral des Italiens, au plus bas après le désastre de Caporetto.

Le 9 août 1918, à la tête de la 87e escadrille de chasse, il effectue un vol de plus de mille kilomètres avec son compagnon de vol Aldo Finzi pour larguer au-dessus de Vienne des prospectus qui disaient :

« Viennois !
Apprenez à connaître les Italiens. Nous volons au-dessus de Vienne, nous pourrions larguer des tonnes de bombes. Nous ne vous lançons qu'un salut tricolore : les trois couleurs de la liberté. Nous autres Italiens ne faisons pas la guerre aux enfants, aux vieillards et aux femmes. Nous faisons la guerre à votre gouvernement, ennemi de la liberté des nations, à votre gouvernement aveugle, obstiné et cruel, qui ne parvient à vous donner ni la paix, ni le pain, et vous nourrit de haine et d'illusions. Viennois ! Vous êtes réputés intelligents. Mais pourquoi donc avez-vous revêtu l'uniforme prussien ? Vous le voyez, désormais tout le monde est contre vous. Vous voulez continuer la guerre ? Continuez-la, c'est votre suicide. Qu'en attendez-vous ? La victoire décisive que promettent les généraux prussiens ? Leur victoire décisive, c'est comme le pain en Ukraine : on meurt en l'attendant. »

La Première Guerre mondiale renforce ses idées nationalistes et irrédentistes, et il fait ouvertement campagne pour que l'Italie devienne une puissance européenne de premier plan. Aventurier, il s'empare notamment de la ville de Rijeka (Fiume en italien) qu'il offre à l'État italien, chassant les troupes d'occupation alliées (Français, Américains et Britanniques).

Il occupe la ville à partir du 12 septembre 1919. Vexé du refus de Rome, il y fonde la Régence italienne de Carnaro en 1920 avec son camarade syndicaliste révolutionnaire Alceste De Ambris. L’État libre de Fiume est brièvement reconnu au traité de Rapallo (1920), puis D'Annunzio déclare la guerre à l'Italie, avant que la ville ne doive se rendre en décembre 1920, après un bombardement de la Marine italienne.

En 1921, il est élu « Membre étranger littéraire » de l'Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique, et le restera jusqu'à sa mort, bien que n'y ayant jamais siégé.

Après l'affaire de Fiume, il se retire dans sa maison du lac de Garde. Dans la nuit du 13 au 14 août 1922, il y est victime d'un « accident » (il tombe par la fenêtre) qui le laisse définitivement invalide. Son rival potentiel ainsi écarté, Mussolini prend le pouvoir peu de temps après. D'Annuzio lui-même garde le silence sur les circonstances exactes de sa chute[5].

Quoiqu'il ait une influence notable sur l'idéologie mussolinienne, il ne s'implique jamais directement dans le gouvernement fasciste au pouvoir à partir de 1923.

Il est créé "prince de Montenevoso" en 1924, et nommé président de l'Académie royale italienne en 1937.

Fondamentalement antinazi et détestant Hitler, il s'oppose au rapprochement de l'Italie avec l'Allemagne nazie. Mussolini lui accorde cependant des funérailles nationales après son décès, survenu le 1er mars 1938 à la suite d'une hémorragie cérébrale, dans sa demeure de Gardone Riviera (devenue ensuite le mausolée du Vittoriale degli Italiani).

« Été voir, hier, Gabriele d'Annunzio chez lui 44, avenue Kléber. Il occupe au quatrième un appartement dont j'ai vu le petit salon. Il en a dissimulé la laideur, selon lui, avec des paravents, des tringles, des étoffes ton d'or, etc. C'est assez encombré. Par terre, des coupes où des fleurs baignent, sur la cheminée un Bouddha (...) des plumes de paon qui porteraient malheur si elles n'atteignaient pas le nombre de 999. Ce chiffre conjure tout, m'a dit le romancier-poète (...) Je suis toujours en état de "ferveur", m'a-t-il dit ensuite. De là l'affection qu'il a inspiré à de jeunes prêtres. Il m'a parlé aussi de la candeur inviolable qui est en lui. Il a eu des ennemis, il a subi beaucoup d'attaques. Il est "impuissant à haïr". Il ne faut pas juger les autres. Il m'a montré des vases qu'il fait car il est verrier, lui-même. Il a un atelier rue de Suffren. Être merveilleux que ce petit homme au front dégarni, à la parole étrangère et chantante. »

— Abbé Arthur Mugnier, Journal, 13 octobre 1914[6]

Romaine Brooks a peint le portrait du poète en exil, en 1912 et Albert Besnard a réalisé son portrait en 1917[7], durant son séjour à Rome comme directeur de la Villa Medicis (1913-1921).

Œuvres

Le Triomphe de la mort, palais Abatellis, Palerme.
Nouvelles
  • Terra Vergine, (1882)
Romans
  • L'Enfant de volupté (1889)
  • L’innocente (L'Innocent, 1892 — première traduction française sous le titre L'Intrus)
  • Il trionfo della morte (Le Triomphe de la mort, 1894)
  • Le vergini delle rocce (Les Vierges aux rochers, 1899)
  • Il fuoco (Le Feu, 1900)
  • Forse che si, forse che no (1910)
  • Nocturne (1916)
Théâtre
  • La città morta (La Ville morte, 1898)
  • La Gioconda (La Joconde, 1899)
  • Francesca de Rimini (1902)
  • L'Éthiopie en flammes (1904)
  • La figlia di Iorio (La Fille de Jorio, 1904)
  • Fedra (Phèdre, 1909)
  • Le Martyre de Saint-Sébastien (écrit en français, 1911)
  • La Pisanelle (écrit en français, 1913)
Poésie
  • Canto novo (1882)
  • Intermezzo di rime (1883)
  • Isaotta Guttadàuro ed altre poesie (1886)
  • L’Isotteo-La Chimera (1889)
  • Elegie romane (1892)
  • Poema paradisiaco (1893)
  • Sonnets cisalpins (1896)
  • Maia (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi) 1903
  • Elettra (Laudi venuti dal cielo, dal mare, dalla terra e dagli eroi) 1903
  • Alcyone (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi) 1903
  • Merope (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi ; premier titre : Canzoni delle gesta d’oltremare) 1912
  • Canti della guerra latina - Asterope (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi) 1918
Œuvres politiques
  • L’Armata d’Italia (1888)
  • Per la più grande Italia (1915)
  • Orazione per la sagra dei Mille (1915)
  • La riscossa (1917)
  • Lettera ai dalmati (1919)
  • Carta del Carnaro. Disegno di un nuovo ordinamento dello Stato libero di Fiume (1920)
  • Teneo te, Africa (1936)
  • Le dit du sourd et du muet qui fut miraculé en l’an de grâce 1266, de Gabriele d’Annunzio qu’on nommoit Guerra de Dampnes (écrit en français, 1936)

Notes

  1. "d'Annunzio", comme il avait l'habitude de signer lui-même. Les deux graphies sont avérées. Cf. Guglielmo Gatti, Vita di Gabriele d’Annunzio, Florence, 1956, p. 1-2.
  2. Georges Hérelle fut le premier traducteur français de D'annunzio. Entre 1891 et 1913, les deux hommes entretinrent une riche correspondance. Les lettres de D'Annunzio nous renseignent à la fois sur l'homme et sur l'écrivain. Voir Gabriele D'Annunzio à Georges Hérelle. Correspondance, accompagnée de douze Sonnets cisalpins, Introduction, traduction et notes de Guy Tosi, Paris, Denoël, 1946
  3. Cette ville française est jumelée, entre autres, avec deux villes d'Italie, Pescara et Gardone Riviera, lieux de naissance et de décès de D'Annuzio
  4. Voir Carlo Santoli, Le Théâtre français de Gabriele D'Annunzio et l'art décoratif de Léon Bakst, Paris, PUPS, 2009.
  5. Göran Hägg, Mussolini. En studie i magt, Norstedts, Stockholm, 2008.
  6. Abbé Arthur Mugnier, Journal, Mercure de France, 1985, p. 275.
  7. N°184 au catalogue par Louis Godefroy de l'oeuvre gravé du peintre, Paris 1926

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