Aimée De Coigny

Aimée De Coigny

Aimée de Coigny

Aimée de Franquetot de Coigny, duchesse de Fleury puis comtesse de Montrond (1769-1820) est une femme d’esprit au siècle des Lumières et sous l’Empire, auteur d’un remarquable journal. Sous la Terreur, elle fut la muse d’André Chénier qui l’immortalisa sous le nom de la Jeune Captive.

Aimée de Franquetot de Coigny naquit en 1769, perdit sa mère très jeune et fut élevée avec soin par la princesse de Guéménée, qui veilla sur son éducation. Elle avait de remarquables dispositions pour les langues et les études : la qualité de sa réflexion dans les écrits qu’elle a laissés, l’attachement que lui témoignait l’exigeant prince de Talleyrand, permettent d’assurer que, pour une femme de son époque, elle avait une remarquable culture historique, politique et diplomatique. Elle était à peine âgée de seize ans quand on la maria au marquis, futur duc de Fleury.

Pétillante d’esprit et de charme, elle se fit remarquer par sa beauté et son esprit dans la société brillante des salons et celle un brin futile de la cour de Versailles où elle fut présentée. Les hommes, paraît-il, ne résistaient pas à son charme. Elle eut ainsi des aventures extra-conjugales, ce qui n'était plus chose rare à la Cour de France, à une époque que l'on pourrait qualifier de libertine et dont Choderlos de Laclos a révèlé certains aspects dans les Liaisons dangereuses.[1].

Émigrée à Naples où elle passa l’hiver 1791-92 à la cour de la reine Marie-Caroline, sœur de Marie-Antoinette, elle y rencontra Mme Vigée-Lebrun mais surtout le diplomate anglais Malmesbury dont - selon la marquise de Coigny -, elle aurait eu un enfant. Revenue à Paris, la duchesse de Fleury obtint une séparation légale d’avec son mari très impliqué dans les complots contre-révolutionnaires et émigré. À nouveau inquiétée après le 10 août, elle embarqua pour l’Angleterre avec le comte de Montrond, un ami de son mari, et Talleyrand qui demeura l’ami de toute sa vie. Redoutant le séquestre qui menaçait ses biens elle repassa la frontière au moment du procès de Louis XVI, accompagnée du fidèle Montrond. Pour éviter de tomber sous le coup de la loi sur les parents d’émigrés, elle fit enregistrer son divorce d’avec le duc de Fleury le 7 ami 1793 et reprend son nom de Coigny. À la veille da la loi des suspects, elle entraîna Montrond à Mareuil-en-Brie où ils vécurent quelques mois avant d’être arrêtés.

Emprisonnés à Saint-Lazare, ils apprennent que leurs noms sont placés sur une liste de proscription avec le risque d’avoir à répondre d’une accusation de conspiration dans les prisons, ce qui était la mort assurée. Grâce à un indicateur de prison, le citoyen Jobert, ils obtiennent que leurs noms soient enlevés de cette liste.

À Saint-Lazare, la jeune femme est distinguée par André Chénier qui la célèbre dans son poème la Jeune Captive, qui reste un très touchant hymne à la vie. Chénier est exécuté, Aimée et Casimir de Montrond seront sauvés par la chute de Robespierre.

Elle reprend sa place dans la société et fréquente les salons du Directoire. On la voit chez Julie Talma et Sophie de Condorcet, chez Mme Regnaud de Saint-Jean d’Angély et Nathalie de Laborde. Elle se lie particulièrement avec le nouveau ministre des Relations extérieures, Talleyrand, divorce d’avec Montrond qu'elle avait épousé et entame une liaison avec Mailla Garat. Elle est brillante, caustique et sans préjugés, assez critique avec la nouvelle société des enrichis napoléoniens. Pour le plaisir d’un bon mot, rien ni personne ne semble pouvoir l’arrêter. Quand Napoléon lui demande en public : « Madame de Coigny, aimez-vous toujours autant les hommes ? » Elle répond : « Oui, sire, surtout lorsqu’ils sont bien élevés ».

À l’instar de la baronne de Staël, de la comtesse de Damas ou de la marquise de Champcenetz, elle conspire contre l’empereur Napoléon, sa bête noire. Jusqu’à la disgrâce de Talleyrand, elle semble ne rien redouter mais, dès la rupture du traité d’Amiens, son nom apparaît sur des listes de dames menacées d’être exilées à des kilomètres de Paris.

Devenue très proche des milieux royalistes - dont elle ne s’était jamais véritablement éloignée -, elle se lie avec Bruno de Boisgelin[2] qui, avec Talleyrand, préparait en sous-main le retour des Bourbons. Sous la Restauration, elle renoua avec l’usage des salons et recevait place Beauvau une société d’hommes politiques, d’intellectuels et d’artistes. Le baron de Vitrolles parle d’elle avec éloges dans ses Mémoires.

Elle mourut à cinquante et un ans, en 1820 dans l’hôtel de sa parente la marquise de Coigny, une ancienne libertine devenue bigote, laissant à la postérité un remarquable journal, qui ne manque ni de piquant, ni d’observations justes et pertinentes sur les événements de son temps. Elle repose au cimetière du Père-Lachaise (10ème division), en compagnie de son oncle le duc François-Henri de Franquetot de Coigny, (1737-1816), ancien gouverneur des Invalides, lieutenant-général des armées du roi, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, qui fit partie de la coterie de Marie-Antoinette à Versailles, de Antoinette BOURET (1740-1813), veuve de l'officier général Jean Pierre Philippe de FRANQUETOT de COIGNY, eet de Augustin Gabriel FRANQUETOT de COIGNY, décédé en 1817, lieutenant général, commandeur des ordres du roi.

Notes

  • 'Dictionnaire Historique du cimetière du Père-Lachaise XVIIIème et XIXème siècles' -Domenico Gabrielli - Ed. de l'Amateur - 2002
  1. Choderlos de Laclos ne s’inspira pas de sa vie tumultueuse, comme on le croit parfois, pour créer le personnage de la marquise de Merteuil dans les Liaisons dangereuses, mais de la personnalité complexe de la marquise de Coigny, sa cousine, l’amie du duc de Lauzun futur général de Biron
  2. Bruno-Gabriel-Charles de Boisgelin (1767-1831), ancien capitaine de cavalerie devenue pair de France en 1815.

Citations

  • Danton était la vie même, faisait exhumer le cadavre de sa femme pour la serrer encore dans ses bras.
  • L’État, c’est la providence des gens sans état.
  • Louis XVI aima une femme un peu trop, et malheureusement la sienne.
  • M. de Robespierre aimait peut-être le peuple, l’humanité, etc, mais guère les hommes et pas du tout les femmes.
  • M. de Talleyrand n’est devenu si riche que pour avoir toujours vendu ceux qui l’achetaient.
  • Nos généraux vaincus ne se tuent pas, ils écrivent.
  • Tous les Français aiment la France, c’est vrai, mais jamais la même.

Liens externes

  • [1] Genealogie de Franquetot
  • [2] Maison de Franquetot olim Guillotte
  • [3] Histoire de la famille de Franquetot
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