Francis Marrash

Francis Marrash
Francis Marrash
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Nom de naissance فرنسيس بن فتح الله بن نصرالله مرّاش
Activités Écrivain et poète
Naissance 1836
Alep, Syrie ottomane
Décès 1873
Alep, Syrie ottomane
Langue d'écriture Arabe
Mouvement Nahda
Œuvres principales
  • Ghabat al-haqq
  • Rihlat Baris
  • Mir'at al-hasna

Francis ben Fathallah ben Nasrallah Marrash [al-Halabi] (فرنسيس بن فتح الله بن نصرالله مرّاش), plus connu sous le nom de Francis Marrash, né en 1836 à Alep, où il meurt en 1873, est un écrivain et poète syrien du XIXe siècle, du mouvement Nahda (la renaissance arabe). En 1865, Ghabat al-haqq est publié, considéré comme le premier roman moderne de la littérature arabe.

Sommaire

Biographie

Francis Marrash naît en 1836 à Alep, en Syrie ottomane, dans une famille melchite vieille et respectée, connue pour ses intérêts littéraires. Son père, Fathallah Marrash, avait créé une immense bibliothèque privée, qui servit à l'éducation de ses trois enfants Francis, Abdallah et Maryana. Alep était à l'époque un grand pôle littéraire et philosophique de l'Empire ottoman, rassemblant de nombreux penseurs et écrivains soucieux de l'avenir des arabes. En bonne et due forme, les trois enfants Marrash apprirent le français, ainsi que l'anglais et l'italien, dans les écoles religieuses françaises. Mais Francis étudia la langue et la littérature arabes en autodidacte. Puis il reçut un enseignement privé en médecine pendant quatre ans de la part d'un médecin anglais et pratiqua pendant un an. Entretemps, il éduquait sa sœur Maryana. Son père Fathallah et son frère Abdallah eurent un certain succès littéraire. Quant à Maryana, elle réintroduit la tradition des salons littéraires, et fut la première femme à écrire dans la presse arabe.

À quatre ans, il avait contracté la rougeole, et souffrait depuis de problèmes aux yeux qui n'ont fait qu'empirer avec l'âge. En 1850, son père l'avait emmené à Paris pour lui trouver un traitement. En 1866, Marrash décide de poursuivre son éducation médicale à Paris. Mais sa santé fragile et sa cécité grandissante le forcent à interrompre ses études moins d'un an après son arrivée. Il revient à Alep aveugle, mais parvient à dicter ses œuvres. Il publie en 1867 un compte-rendu de son voyage à Paris : Rihlat Baris. Il évoque ses escales dans différentes villes arabes (qui lui inspirent dégoût et indifférence, sauf Alexandrie et Le Caire, où Ismaïl Pacha avait déjà entrepris des travaux de modernisation) avant d'arriver en France, qu'il décrit avec une grande admiration. Toute sa vie, il a voyagé entre Alep, Beyrouth et la France.

En 1862, il entame l'écriture de Ghabat al-haqq (que l'on pourrait traduire par La Forêt du droit), qu'il publie trois ans plus tard. C'est un roman allégorique, sous forme de dialogue, qui traite des idées de paix, de liberté et d'égalité. Il y exprime l'optimisme de l'Europe du XVIIIe siècle, qui découle des sciences et de la technologie et qui résoudrait les problèmes de l'homme, tels que l'esclavage, la discrimination raciale et religieuse, l'illettrisme, la maladie, la pauvreté, les guerres et d'autres fléaux de l'humanité, et son espoir en la fraternité et l'égalité des peuples. Il y prône aussi une modernisation des écoles arabes et une séparation de l'État et de la religion. En 1872, il publie Durr al-sadaf, un roman dans lequel il décrit la société libanaise de l'époque et ses coutumes. Inspiré de la philosophie de Jean-Jacques Rousseau, le contraste entre le droit naturel et les conventions sociales est un thème récurrent dans beaucoup des œuvres de fiction de Marrash.

Au cours de sa vie, il écrivit de nombreux essais dans les domaines littéraire et scientifique (en particulier en mathématiques), et à propos de l'éducation, sujet qui lui importait beaucoup : « Sans l'éducation de l'esprit, l'homme n'est qu'une bête sans esprit »[1]. Il publia de nombreux articles dans la presse populaire. Dans le journal al-Jinan de Boutros al-Boustani, il se montre favorable à l'éducation des femmes, qu'il restreint cependant à la lecture, l'écriture et un peu d'arithmétique et de grammaire. Il écrit qu'il n'est pas nécessaire qu'une femme « agisse comme un homme, néglige ses devoirs domestiques et familiaux, ou qu'elle se considère supérieure à l'homme »[2]. Néanmoins, il suivit de près les études de sa sœur Maryana, ne se doutant pas que le premier poème qu'elle publierait (dans le journal al-Jinan) serait une élégie sur lui.

Il composa aussi de nombreux poèmes (la plupart dans ses romans) dans les formes muwashshah et zadjal.

Dans ses dernières œuvres, il s'essaie à la démonstration de l'existence de Dieu, et de la loi divine ; la Sharia tel qu'il la conçoit ne se limite pas seulement à la loi de l'islam.

Khalil Gibran éprouvait beaucoup d'admiration pour Marrash. Dans ses propres œuvres, on retrouve en écho le style et les idées de Marrash sur l'esclavage, l'éducation, la libération de la femme, la vérité, la bonté naturelle de l'homme et la morale corrompue de la société.

Œuvres

  • Dalil al-hurriyya al-insaniyya (Guide à la liberté de l'homme), Alep, 1861, 24 p.
  • al-Mirat al-safiyya fi 'l-mabadi al-tabi'iyya (Le Mirroir clair des principes naturels), Alep, 1861, 60 p.
  • Ta'ziyat al-makrub wa-rahat al-mat'ub (Consolation de celui qui est anxieux et repos de celui fatigué, discours philosophique et pessimiste sur les nations du passé), Alep, 1864
  • Ghabat al-haqq fi tafsil al-akhlaq al-fadila wa-addadiha, Alep, 1865 ; Le Caire, 1881 ; Beyrouth, 1881
  • Rihlat Baris (Le Voyage à Paris), Beyrouth, 1867
  • al-Kunuz al-fanniyya fi 'l-rumuz al-maymuniyya (Richesses artistiques concernant les visions symboliques de Maymun, poème de 500 vers environ)
  • Mashhad al-ahwal, Beyrouth, 1870, 1883
  • Durr al-sadaf fi ghara'ib al-sudaf, Beyrouth, 1872
  • Mir'at al-hasna (Le Mirroir de la belle, recueil de poèmes), Beyrouth, 1872, 1883
  • Shahadat al-tabi'a fi wudjud Allah wa'l shari'a (Les Preuves naturelles de l'existence de Dieu et de la loi divine), Beyrouth, 1892 (posthume)

Annexes

Notes et références

  1. Traduction issue des Annales historiques de la Révolution française, numéros 279-282.
  2. al-Jinan, 1872.

Articles connexes

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