Forêt de Verdun

Forêt de Verdun

Forêt domaniale de Verdun

La forêt domaniale de Verdun (12 400 ha boisés) plus souvent dénommée « forêt de Verdun » est un des massifs boisés du Département de la Meuse. Elle tire son nom de la proche ville de Verdun.

Les résineux constituent encore environ 50 % du boisement des secteurs du Mort-Homme et de Verdun. En forêt de Spincourt, les feuillus dominent largement (plus de 90 % du massif) avec notamment le [chêne pédonculé].

Ce massif est concerné par un projet de parc national (zone d'étude de 33 000 ha dont les rares feuillus anciens déjà là avant 1914, mitraillés, qui pourraient être classés en réserve biologique intégrale[1].

Sommaire

Localisation et contexte

  • Département : Meuse
  • Région : Lorraine
  • Climat : subatlantique humide, plutôt froid et pluvieux (900-1000 mm/an).
  • Altitude : 200 à 400 m
  • Géologie : plateau calcaire s'élevant d'ouest en est (jusqu'à + 400 m), coupé par la vallée de la Meuse (Nord-Sud) et par d'étroits vallons qui peuvent abriter une végétation de ravins.

Histoire

La forêt a été détruite pour dès la période galloromaine laisser place à l'agriculture (labours et prairies).

À la différence de la plupart des forêts domaniales françaises qui sont d'anciennes forêts royales ou des forêts relativement anciennes, la forêt de Verdun est une toute jeune forêt. Plus précisément c'est une forêt de guerre, c'est à dire une forêt entièrement replantées (à partir de 1927, après 10 ans de désobusage et terrassement, sur une ancienne zone agricole bouleversée par les obus.

Une loi de 1919 sur la répartition des dommages de guerre a permis à l'Etat d'acheter à leur propriétaire les terrains dont la remise en état nécessiterait une dépense supérieure à la valeur supposée du terrain, soit plusieurs milliers d’hectares autour de Verdun, de Saint-Mihiel et dans l'Argonne. Les anciennes parcelles agricoles furent interdites à la reconstruction et à l'agriculture à cause des explosifs, munitions chimiques, munitions non explosées dont était truffé le sol, et à cause de la pollution microbienne des sources et des sols due aux cadavres de soldats et animaux enfouis à même le sol.

Le travail de plantation d'une forêt a fait partie de la reconstruction, après la première guerre mondiale. Ce secteur de la « zone rouge » avait été jugé si dégradé par les autorités qu'elles ont à l'époque jugé préférable d'interdire le retour de l'agriculture et de n'y autoriser que la plantation d'arbres. On y a d'abord planté du pin noir, du pin sylvestre, de l'épicéa, sapin, aulne puis de nombreuses autres espèces (hêtre, sur le plateau, certaines essences étant localement réapparues spontanément). Dans les années 70, l'ONF a fait évoluer le boisement vers la hêtraie en ne renouvelant pas les résineux coupés et en plantant des feuillus. Plus tard, la régénération naturelle a été favorisée pour diminuer les coûts de gestion et augmenter les chances de résilience écologique du massif face aux aléas climatiques et sanitaires. Quelque rares arbres anciens subsistent dans le massif (moins de 5 % de la surface totale), dont certains portent encore les traces (mitrailles) de la guerre. Les forêts lorraines ont été localement rajeunies, au profit de la hêtraie par la tempête de décembre 1999.

Elle est devenue un des principaux sites de mémoire, peut être le plus emblématique de la première guerre mondiale.

Projet de parc national

Dans le cadre de l'après-Grenelle et d'une démarche « Présent pour l'avenir », en tant qu'échantillon représentatif d'une « forêt feuillue de plaine » dans les régions naturelles des côtes du Barrois, des côtes de Meuse et de la plaine de Woëvre, le secteur dit « Forêts des côtes de Meuse et du pays de Spincourt » fait l'objet d'un projet de Parc national de la part du Ministère chargé de l'écologie et du Muséum national d'histoire naturelle. Le périmètre d'étude couvre 33 000 ha. il concerne au maximum 40 communes dont le territoire serait pour tout ou partie (≥ 25%) concerné. Ce territoire couvre l'ancienne zone rouge et la forêt de Spincourt [1]. il est classé pour 1,5 % en ZNIEFF de type I, et pour 30 % en ZNIEFF type 2. 23 % sont classés ZPS et 39 % ZSC

Une réserve biologique intégrale pourrait protéger environ 100 ha du secteur des Jumelles d’Ornes (en forêt domaniale de Verdun) qui abrite une station unique sur le massif de hêtraie-érablaie-ormaie de versant nord avec une très belle population d’ail des ours.[1]

Environnement, écologie

D'un point de vue biogéographique et surtout en termes de domaine phytogéographique cette zone marque un passage : De nombreuses espèces médio- européennes et subatlantiques y sont en limite de leur aire de répartition. C'est donc une zone particulièrement intéressante à suivre dans le contexte du dérèglement climatique.

En dépit de son caractère artificiel et de pollutions qui sont des séquelles de guerre, la forêt a bénéficié d'un climat, d'une pédologie favorable et 80 ans de soins de l'ONF (c'est une des agences qui en France regroupe le plus grand nombre de salariés). C'est une ZNIEFF de type 1 qui abrite de nombreuses espèces d'oiseaux et qui fait partie du réseau Natura 2000

Habitats

Huit habitat (écologie)|habitats relèvent de la directive Habitat, dont 5 sont des habitats forestiers, 3 étant des « habitats prioritaires ».

  • les hêtraies-chênaies neutrophiles et mésophiles (code UE : 9130)
  • hêtraies sèches à Céphalanthères (code UE : 9150), avec un potentielle important d'expression pour des plantes telles que [[mélitte

à feuilles de mélisse]], céphalanthère à grandes fleurs, céphalanthère à feuilles étroites…)..

  • chênaies pédonculées-frênaies sur marnes (code UE : 9160).
  • Frênaies-aulnaies hygrophiles (code UE : 91E0, habitat prioritaire), sur les pentes et sur marnes, avec localement une flore de suintements tufeux dont des bryophytes tels que Conocephalum conicum, Pellia endiviifolia
  • hêtraies-érablaies-ormaies (code UE : 9130), au nord sur les versants froids
  • érablaies-tillaies-ormaies (code UE : 9180), habitat prioritaire (peu représenté dans la massif)
  • frênaies-érablaies (code UE :9160) en fonds de vallons où l'on peut trouver le séneçon de Fuchs, l’orme blanc, ou l’anémone fausse renoncule
  • frênaies-chênaies pédonculées à Ail des ours (code UE : 9160), localement, dans la Woëvre
  • pelouses calcicoles (code UE : 6210), habitat prioritaire.

L'est du massif abrite plusieurs zones humides dont l’étang des Hauts-Fourneaux. Le massif est à ce titre un des éléments importants de la trame verte nationale (confirmée par le Grenelle de l'Environnement en 2007) et de la trame verte régionale. Le projet de classement en parc national s'appuie sur ces éléments. De petites tourbières sont également présentes ainsi que des milieux alluviaux le long de la Meuse.

Du point de vue phytosociologique

Évolutions

À cause de sa jeunesse et d'une tradition française d’exploitation intensive, pour partie en coupe rase suivie d'une régénération artificielle (plantations en alignements) le massif est cependant pauvre en vieux-bois et gros bois-mort ce qui y explique la pauvreté des grandes espèces saproxylophages. Par contre les champignons forestiers ont rapidement colonisé l'humus forestier qui s'est reconstitué après guerre, probablement en raison des bouleversement du sol. Ces champignons peuvent toutefois être pollués par les métaux et résidus de toxiques de combat laissés dans les sols par les guerres. Le gibier (sanglier en particulier) y est devenu très (trop ?) abondant, alimenté par les chasseurs, avec localement même des parcelles de cultures cynénétiques en pleine forêt. Le gibier peut, comme les champignons, contenir des taux de métaux lourds anormalement élevés, voire dépassant les limites admissibles pour la consommation ou la vente en Europe.
Pour ces raisons, et localement à cause d'un fréquentation élevée, ce massif n’exprime probablement pas tout son potentiel écologique.

Faune

Parmi les 13 espèces d'amphibiens et cinq espèces de reptiles, on peut signaler le carpaud sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) (protégé à échelle européenne) qui survit dans la forêt malgré la relative rareté des zones humides. C'est une espèce devenue rare et qui est protégée. On y trouve aussi des grenouilles, salamandres et plusieurs espèces de tritons) qui meurent parfois écrasées ou blessées sur les routes (là où elles n’ont pas déjà) disparu, faute de crapauduc. Le chat sauvage est présent. Certaines chauve-souris qui pourraient potentiellement être présente (Noctules) n'ont pas été inventoriées dans le massif, mais d'autres espèces rares, menacées et protégées profitent des nombreux restes de forts, tunnels, casemates, etc. La grue cendrée est présente en forêt de Spincourt et le rare râle des genêts qui fait l'objet d'un plan national de restauration niche en vallée de la Meuse.

Flore

La flore comprend des espèces patrimoniales telles que la Marguerite de la Saint-Michel (Aster amellus, caractéristique des écotones forestiers calcicoles) et la grande douve (Ranunculus lingua, espèce protégées au niveau national.

Chasse

Les baux de chasse sont une source de revenu important pour l'ONF. La forêt est chassé pour le petit gibier (faisans d’élevage) et ses sangliers et chevreuils (agrainés). En dépit de la taille du massif, les cerfs ne sont pas présents, faute de corridors biologiques permettant la recolonisation de cette partie du département. Lors des actions de chasse à balle, tout ou partie du massif peut être fermé au public pour limiter les risques d'accidents par balle perdue.

Aspects sanitaires

Les tiques sont localement nombreuses et véhiculent plusieurs « maladies à tiques » dont la maladie de Lyme (Plusieurs variétés de borrélies ont été repérées en Meuse).

Comme dans les autres forêts régionales, on a constaté une mortalité quasi totale des ormes dans les années 1970-1980.

Des épisodes de botulisme peuvent survenir.

En raison des séquelles environnementales laissées par les guerres dans ce type de forêt, il n'est pas conseillé de consommer les champignons forestier ni les abats (rein, foie en particulier) des espèces-gibier.

Gestion

Elle est assurée par l'ONF.

Aménagements

Ce massif a été créé de toutes pièces. Il a été conçu pour une exploitation future très intensive, sauf sur les partie consacrées aux sites de mémoire, où au contraire on cherche à préserver les polémosylvofacies en y empêchant le retour de la forêt.

Gestion de la chasse

Elle se fait en partenariat ONF - Fédérations de chasse et vise à préserver les équilibres dits « sylvocynégétiques » L'agrainage est pratiqué depuis plusieurs décennies dans le cadre du Plan de chasse. Sa pression tend à diminuer. Au moment de la chasse au grand gibier, les accès à la forêt peuvent être fermés. Plusieurs routes sont fermées aux véhicules toute l’année, ce qui offre une meilleure tranquillité aux animaux (hors période de chasse).

Loisirs

La forêt accueille de très nombreux visiteurs, randonneurs, cyclistes, écoliers, et visiteurs étrangers Des sorties randonnées et découverte peuvent y être organisées…

Articles connexes

Notes et références

  1. a , b  et c Projet de parc national de forêt feuillue de plaine en France métropolitaine ; Présent pour l'avenir(Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, Muséum national d'Histoire naturelle)

Bibliographie

Steinbach F. et Husson J.-P., 2007. Palimpsestes et héritages des polémopaysages dans les massifs du Saillant de Saint-Mihiel. In La mémoire des forêts. Actes du colloque « Forêt, archéologie et environnement » 14-16 décembre 2004. ONF, INRA, DRAC Lorraine, Nancy : 285- 294.

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