Agnès Sorel

Agnès Sorel
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Agnès Sorel
Portrait d'Agnès Sorel d'après Jean Fouquet, BNF, Rés.Na 21, f.28
Portrait d'Agnès Sorel d'après Jean Fouquet, BNF, Rés.Na 21, f.28

Naissance vers 1422
?
Décès 9 février 1450
Le Mesnil-sous-Jumièges
Enfant Marie de Valois, Charlotte de Valois

Agnès Sorel est née au début du XVe siècle, fort probablement au milieu des années 1420, vers 1422 selon le père Anselme. Cette jeune dame noble, modeste servante de la maison angevine, est entre 1444 à 1449 la favorite du roi de France Charles VII, auquel elle donne quatre enfants. Elle est morte après son quatrième accouchement d'une prise excessive de mercure le 9 février 1450 selon notre calendrier actuel, donc avant le début de l'année médiévale 1450 qui commence à l'époque après Pâques.

Sommaire

Jeunesse

Le lieu de sa naissance divise encore les historiens. Certains pensent qu’elle est née à Fromenteau (commune de Yzeures-sur-Creuse) en Touraine, d’autres situent cette naissance en Picardie, à Coudun, près de Compiègne, d’où étaient originaires son père, Jean Soreau ou Jean Sorel, seigneur de Coudun, et sa mère, Catherine de Maignelais, châtelaine de Verneuil-en-Bourbonnais. La famille Sorel appartient à la petite noblesse, sans argent. Agnès Sorel a quatre frères : Charles, André, Jean et Louis. Certains membres de la famille ne sont pas inconnus pour les historiens puisqu'elle en assure la promotion : Geoffroy Sorel, qui fut évêque, et Jean de Maignelais, capitaine de Creil. Comment la fille de Jean Soreau devint-elle Agnès Sorel ? Fut-elle mariée avec Regnaut de Sorel comme le dit Le Vasseur ?

C’est en Picardie qu’elle reçut une éducation soignée, on pense qu'elle aurait vécu au château de Maignelay-Montigny dans l'Oise. On l’y prépara à occuper à la cour la charge enviée de demoiselle de compagnie d'Isabelle de Lorraine, reine de Sicile et femme du roi René. Cette charge n'était pas convoitée pour les avantages matériels qu’elle procurait : Agnès Sorel ne recevait que dix livres par an, contrairement à d'autres demoiselles de cette cour telle Catherine de Serocourt, cousine de Jean de Serocourt, capitaine de Tarascon, qui se voyait octroyer la somme de quinze livres tournois. Elle lui était destinée dès son plus jeune âge du fait de sa naissance et des recommandations dont elle bénéficiait.

À la cour

Portrait d'Agnès Sorel d'après Jean Fouquet

La jeunesse et la beauté de cette dame entrée au service de la maison angevine la font très rapidement remarquer par le roi de France, Charles VII, le bien mal nommé "petit roi de Bourges" de vingt ans son aîné. Que n'a-t-on écrit sur ce dauphin sans beauté, sans grande intelligence et sans fortune, fils d'un roi fou et d'une mère intrigante Isabeau de Bavière, considérée par nombre de ses contemporains comme une ogresse peut-être à cause de ses appétits que le roi ne pouvait satisfaire à cause de sa folie ? Il reste que fort du soutien indéfectible de la partie méridionale de la France et de son puissant trésor, le jeune souverain sans titre a fait mieux que résister à l'alliance stratégique anglo-bourguignonne à laquelle se sont ralliés un temps par intérêt les villes du Nord de la France. En 1440, il a reconquis toute sa puissance.

Pierre de Brézé, qui a remarqué les regards de son suzerain pour cette nouvelle venue à la cour, présente à Charles VII celle qui sera regardée comme la plus jolie femme du royaume.

Très rapidement, en 1444, Agnès Sorel passe du rang de demoiselle d’honneur d’Isabelle de Lorraine à celui de première dame officieuse du royaume de France. Officiellement, elle est demoiselle de la maison de la reine Marie d'Anjou. Elle a le statut de favorite officielle, ce qui est une nouveauté : les rois de France avaient jusque-là des maîtresses mais elles devaient rester dans l'ombre. Charles VII a d'ailleurs eu d'autres maîtresses, mais elles n'ont pas eu l'importance d'Agnès Sorel. Son art de vivre et ses extravagances rejettent la reine dans l’ombre. Les voiles et autres guimpes sont abandonnés, et elle invente le décolleté épaules nues qualifié de « ribaudise et dissolution » par quelques chroniqueurs religieux de l’époque. De vertigineuses pyramides surmontent sa coiffure. Des traînes allant jusqu’à huit mètres de long allongent ses robes bordées de fourrures précieuses : martre ou zibeline. Rien qu’en 1444, le roi lui offre vingt mille six cents écus de bijoux dont le premier diamant taillé connu à ce jour[réf. nécessaire].

Portrait d'Agnès Sorel datant du XVe siècle

Pour se procurer ces atours précieux, elle devient la meilleure cliente de Jacques Cœur, marchand international et grand argentier du roi, qui a amassé des trésors dans son palais de Bourges. Elle consomme de grandes quantités d'étoffes précieuses et, bien sûr, toutes les femmes de la cour l’imitent.

Agnès Sorel sait jouer de son influence auprès du roi en compagne aimante de l'homme d'État. Elle impose ses amis au roi ou s'acquiert la faveur des conseillers de la Couronne, qui voient en elle le moyen de s’assurer la bienveillance royale. C’est grâce à ces manœuvres que le roi, en l'espace de quelques mois, lui octroie les fiefs de Beauté-sur-Marne (d’où son titre erroné de « Dame de Beauté »), Vernon, Issoudun, Roquesezière et lui offre le domaine de Loches. Elle y fait aménager le château qui surplombe la ville.

Le dauphin, futur Louis XI, ne supporte pas la relation d’Agnès avec son père. Il estime que sa mère est bafouée et a de plus en plus de mal à l'accepter. Un jour il laisse éclater sa rancœur et poursuit, l’épée à la main, l’infortunée Agnès dans les pièces de la maison royale. Pour lui échapper, elle se réfugie dans le lit du roi. Charles VII, courroucé par tant d’impertinence, chasse son fils de la cour et l’envoie gouverner le Dauphiné.

La vie avec le roi

Agnès porte les enfants du royal géniteur et accouche, attend avec ses suivantes à Razilly près de Chinon, dans sa résidence de Loches, à Beaulieu la ville voisine de Loches où elle s'installe au château ouvert de Courcelles (Loiret), à Dames près de Mehun-sur-Yèvre, le retour du guerrier ou du chasseur. Croyante, elle fait régulièrement des pèlerinages et des offrandes à l'Église, favorisant de manière généreuse les chanoines de Loches. Elle donne à son royal amant quatre filles, les « bâtardes de France » (puisque nées hors mariage), mais qu'il légitime :

Ces naissances font écrire aux moralistes Thomas Basin et Jean Jouvenel des Ursins qu’Agnès est responsable du réveil sensuel de Charles VII. Ils jugent sévèrement sa liberté de mœurs et l’accusent de faire de ce roi « chaste » un roi débauché, entièrement soumis à ses maîtresses.

Est-ce Agnès Sorel qui souffle à Charles VII que la réorganisation des finances royales passe par la reconquête de la Guyenne et de la Normandie occupées par les Anglais ? Toujours est-il que c'est alors qu'elle allait mettre au monde un quatrième enfant, qu'Agnès entreprend, en plein hiver, d'aller retrouver le roi à Rouen où il commande son armée. Nul ne connaît les raisons de ce voyage ; se languissait-elle de son royal amant, ou voulait-elle le prévenir d'un nouveau complot ourdi par le dauphin Louis ?

Sa mort

Dès qu’elle est installée par Charles au Manoir de la Vigne au Mesnil-sous-Jumièges près de Rouen, elle est soudainement prise d'un « flux de ventre » et meurt en quelques heures, non sans recommander son âme à Dieu et à la Vierge Marie. Elle a le temps de léguer ses biens à la collégiale de Loches pour que des messes y soient dites pour le repos de son âme, à l'abbaye de Jumièges où est déposé son cœur, ainsi qu'aux membres de sa famille et au roi à qui elle lègue ses bijoux. Celle qui fut la première maîtresse officielle d’un roi de France, meurt à l’âge de vingt-huit ans au Mesnil-sous-Jumièges, le 9 février 1450. Sa dernière fille meurt quelques semaines après elle.

Sa mort est si rapide qu’on croit tout d’abord à un empoisonnement. On accuse même Jacques Cœur, qui fut sans doute plus qu’un ami et qu'elle avait désigné comme exécuteur testamentaire, de l’avoir fait assassiner, mais il fut lavé de ce chef d’inculpation. Les soupçons se portèrent alors jusqu'au XXIe siècle sur le dauphin, le futur Louis XI, ennemi du parti qu’elle soutenait.

Une autopsie de son cadavre, effectuée à l'occasion de l'ultime déplacement de son tombeau en 2004-2005, a révélé que son tube digestif était infesté d'ascaris, et qu'elle avait absorbé du mercure, comme dernier recours pour s'en débarrasser. C'est l'ingestion de ce métal lourd qui a entraîné une mort très rapide. Cependant, les doses de mercure observées lors de l'autopsie sont telles (cent mille fois la dose thérapeutique) qu'il est difficile de croire à une erreur médicale. L'empoisonnement de cette jeune mère vulnérable qui relève de couches n'est donc pas à écarter. Parmi les proches coupables idéaux restent sa cousine germaine, Antoinette de Maignelais, qui trois mois après la mort d'Agnès Sorel prenait sa place dans le lit du roi, et son médecin, Robert Poitevin, qui toucha une partie de l'héritage[1].

Sa sépulture

Le tombeau d'Agnès Sorel au château de Loches (avant 2005)

Éploré, le roi commande deux magnifiques tombeaux de marbre, l’un se trouve à Jumièges en Seine-Maritime et contient son cœur, l’autre est à Loches, dans le chœur de la Collégiale Saint-Ours (nommée à l'époque Notre-Dame de Loches), et son corps y repose avec la légende :«  Cy gist noble dame Agnès de Seurelle, en son vivant dame de Beaulté, de Roquecisière, d'Issoudun et de Vernon-sur-Seine, piteuse envers toute gens et qui largement donnait de ses biens aux églises et aux pauvres ; laquelle trépassa l'an de grâce MCCCCXLIX. Priez Dieu pour le repos de l'âme d'elle. Amen. »

Les chanoines de Loches connaissant les sentiments de haine de l'ancien Dauphin envers Agnès s'enquièrent, quelques mois après la mort de Charles VII et le couronnement de son héritier, s'il pouvait déplacer son encombrant tombeau de la collégiale. Le roi Louis XI répondit alors non en ancien rival mais en roi de justice. Il dit que le déplacement peut assurément se faire, et ajouta avec fermeté en prenant à parti son entourage « mais il leur faut rendre ce qu'elle leur a donné ». À la suite de cet avis à valeur de jugement moral, oncque ne surprit les riches chanoines de Loches à proposer de se débarrasser du tombeau de l'ancienne favorite.

Ce tombeau est déplacé dans la nef en 1777 sur ordre de Louis XVI qu'on avait persuadé que sa masse gênait les services religieux.

En 1794, après que son tombeau porté au dehors eut été saccagé par les "volontaires" de l'Indre, ses restes composés uniquement de dents, de chevelure et d'une tête sont mis dans une urne et déposés dans l'ancien cimetière du chapitre. Le préfet Pomereul fait restaurer le monument du tombeau en 1806 et décide sa mise en place dans la tourelle ou Logis royal. On l'a déplacé en 1970 dans une autre salle du château[2]. Le 2 avril 2005 le tombeau d'Agnès Sorel a réintégré la Collégiale Saint-Ours.

Les représentations d'Agnès Sorel

Agnès Sorel était blonde avec la peau claire. Certains de ses contemporains disent qu'entre les belles c'était la plus belle du monde. Suivant la mode de l'époque, elle portait de profonds décolletés qui laissaient voir sa poitrine.

La Vierge représentée sous les traits d'Agnès Sorel, Musée royal des beaux-arts (Anvers)

Les représentations qui restent d'Agnès Sorel sont :

Les habitants de Loches et de Beaulieu, deux villes alors rivales, se faisant face sur chaque rive de l'Indre, mais loin des intrigues de cour ont gardé longtemps de la jeune et charmante Agnès une image semblable de la charitable donatrice et un même souvenir de sa grande popularité. Son légendaire pouvoir de séduction est né de ce souvenir populaire, amplifié par l'art de Touraine.

Anecdote

Depuis deux siècles, l'Hôtel Lallemant de Bourges, maintenant Musée des Arts Décoratifs, possède une mèche de cheveux bruns attribuée à Agnès Sorel, qui était blonde. L'étude effectuée en 2004/2005 sur les restes de la favorite du tombeau de Loches a permis d'authentifier la mèche de cheveux de Bourges. La couleur actuelle serait le résultat naturel du passage des siècles.

Voir aussi

Bibliographie

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Philippe Charlier, Médecin des morts - récits de paléopathologie, Paris, Fayard, 2006, 394 p. (ISBN 978-2-213-62722-9), p. 17-37 
  2. Loches à travers les siècles, Jean Raust, CLD

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Agnès Sorel de Wikipédia en français (auteurs)

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