Eyes Wide Shut

Eyes Wide Shut

Eyes Wide Shut

Titre québécois Les yeux grand fermés
Titre original Eyes Wide Shut
Réalisation Stanley Kubrick
Scénario Stanley Kubrick
Frederic Raphael
d'après la nouvelle Traumnovelle d'Arthur Schnitzler
Acteurs principaux Tom Cruise : Dr William « Bill » Harford
Nicole Kidman : Alice Harford
Sydney Pollack : Victor Ziegler
Todd Field : Nick Nightingale
Pays d’origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Sortie 1999
Durée 159 minutes

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Eyes Wide Shut (Les yeux grand fermés au Québec) est un film de 1999 dont le scénario est basé sur le roman de 1926, Traumnovelle, d’Arthur Schnitzler. Le film a été réalisé, produit et coécrit par Stanley Kubrick, c’est d'ailleurs son dernier film. L'histoire se déroule dans et aux alentours de New York. L'histoire relate l'aventure d'un jeune couple, dont Bill Harford, le mari, jeune médecin, apprend par sa femme que cette dernière avait eu envie de le tromper, et, à la suite de cette révélation, il se lance dans une nuit d’aventures, durant laquelle il s’infiltre dans une orgie massive de gens masqués, au sein d’un château aux abords de la ville. Le film sort le 16 juillet 1999 et la réaction de la critique fut globalement positive[1].

Sommaire

Synopsis

Le Dr Bill Harford (Tom Cruise) accompagné de sa femme Alice (Nicole Kidman), se rend à une fête de Noël organisée par un de ses patients, le très riche Victor Ziegler (Sydney Pollack). Avant de partir, Alice se plaint à son mari car il ne fait pas attention à sa tenue. Lors de la fête, Bill rencontre un vieil ami, Nick Nightingale (Todd Field), qui a abandonné l'école de médecine et joue maintenant du piano dans un groupe pour les clubs de nuit et des fêtes. Un Hongrois essaye de séduire Alice. Deux mannequins font de même avec Bill, lui disant qu'elles l'emmèneront « où se termine l'arc-en-ciel ». Il est interrompu par un appel urgent de son hôte, Ziegler, à l'étage, qui était en train d'avoir des relations sexuelles avec une jeune femme qui a fait une overdose à la suite de l'absorption d'un mélange d'héroïne et de cocaïne. Ziegler demande à Bill de ne pas raconter ce qu'il vient de voir.

Le lendemain soir à la maison, Bill et son épouse fument de la marijuana au lit ; elle lui demande s'il a eu ou non des rapports sexuels avec les deux mannequins de la veille. Bill la rassure de sa fidélité, puis elle continue, lui demandant s'il est parfois jaloux des hommes qui sont attirés par elle. La discussion s'échauffant, il déclare qu'il croit que les femmes sont plus fidèles que les hommes. Elle réfute en lui racontant un fantasme sexuel récent, qu'elle imagina avec un jeune officier de marine qu'ils rencontrèrent en vacances.

Bill est soudainement appelé pour une visite à domicile, mais semble dérangé par la révélation d'Alice. Il a été appelé pour la mort du père d'une femme sur le point de se marier qui embrasse impulsivement Bill et lui déclare son amour. Il la calme, puis va se promener dans les rues de New York. Il y rencontre une prostituée nommée Domino (Vinessa Shaw), et accepte son invitation, va à son domicile. La rencontre est gênée, mais comme ils commencent à se mettre au lit, il est interrompu par un appel téléphonique de sa femme, alors il rentre chez lui, mais paie quand même la prostituée.

Bill va à la rencontre de son ami Nick au Café Sonata, ce dernier lui raconte les allées et venues nocturnes d'une sorte de secte de fêtards sauvages qui ont des relations sexuelles en groupe. Pour être admis, il faut un costume, un masque, et le mot de passe. Bill va à une heure avancée de la nuit dans un magasin appelé Rainbow Fashions ; il se rappelle en effet avoir été le médecin de l'ancien propriétaire. Il offre au nouveau propriétaire, M. Milich (Rade Šerbedžija) une quantité généreuse d'argent pour louer immédiatement un costume (le magasin était fermé depuis longtemps). Tandis qu'ils choisissent un costume, le propriétaire surprend sa fille adolescente (Leelee Sobieski) avec deux hommes d'origine asiatique et exprime son indignation face à leur manque de sens de la décence.

Après avoir obtenu le costume, Bill prend un taxi, finit par entrer dans une maison de campagne, sorte de manoir, où un rituel quasi-religieux, mais à caractère sexuel, a lieu. Une femme vient vers Bill, le prend à part et lui prévient qu'il n'appartient pas à cette organisation, et qu'il ferait mieux de fuir. Il se promène ensuite avec une autre fille et erre à travers quelques salles où il voit des gens avoir des relations sexuelles dans l'orgie la plus totale. La première femme le rattrape et insiste sur le fait qu'il est en danger terrible. Bill est alors accosté par un portier masqué qui l'emmène dans la salle principale où le maître de cérémonie, tout de rouge vêtu, lui pose une question sur un second mot de passe à laquelle Bill n'est pas en mesure de répondre. Le maître de cérémonie lui demande « d'enlever gentiment son masque », puis qu'il enlève ses vêtements. La femme qui a tenté d'avertir Bill maintenant intervient et demande qu'elle soit punie à sa place. Tandis qu'elle est enlevée, Bill demande ce qui va lui arriver. Le maître répond laconiquement : « Son sort est scellé ». Bill est éjecté de la maison et tenu de ne parler à personne de ce qu'il a vu.

Bill rentre chez lui coupable et confus, sa femme Alice est maintenant éveillé et lui raconte un rêve troublant dans lequel il et elle étaient dans une ville déserte sans leurs vêtements. Elle avait peur et honte, alors qu'il était parti pour essayer de trouver leurs vêtements. Après son départ, elle se sentait mieux, et se retrouvait, toujours nue, dans un beau jardin. L'officier de marine apparut, la regarda, et ils commencèrent à faire l'amour entouré de nombreux autres couples faisant de même. Elle a ensuite commencé à avoir des relations sexuelles avec plusieurs de ces hommes et se mit à rire à l'idée que son mari puisse la voir dans pareille situation.

Le lendemain matin, Bill va au restaurant à côté du café Sonata à la recherche de Nick Nightingale. Puis il va à son hôtel, le réceptionniste dit à Bill que Nick, meurtri et terrifié, a quitté l'hôtel après son retour, accompagné de deux grands hommes qui n'étaient « pas là pour rigoler ». Bill va d'abord rendre le costume lorsque le propriétaire, avec sa fille à ses côtés, déclare qu'il peut faire d'autres faveurs pour Bill « sans même porter de costume ». Bill retourne au manoir de la veille et est accueilli à la porte par un homme qui lui remet une note d'avertissement lui ordonnant de cesser ses enquêtes. Bill rentre chez lui, il pense au récit qu'Alice lui fit pendant qu'il la regarde faire des mathématiques avec sa fille.

Ce soir-là, Bill va à la maison de la prostituée avec un cadeau. Il est accueilli par sa colocataire qui lui dit que Domino vient de découvrir qu'elle est séropositive. Bill laisse son cadeaux et part, puis il remarque un homme bien habillé le suivant. Il se réfugie dans un café à proximité et sème apparemment son poursuivant. Bill y lit un article de journal sur une mannequin, nommée Mandy, décédée à la suite d'une overdose. Elle a le même nom que la femme qu'il soigna lors de la fête de Ziegler. Intrigué, il prétend être son médecin et examine son corps à la morgue.

Ensuite, Ziegler demande à Bill de venir, et lui dit qu'il est au courant de tout ce qui s'est passé. Ziegler a participé à l'orgie et sa place dans le groupe a été compromise par l'intrusion de Bill Harford. Bill, demande alors des explications au sujet de la mort de Mandy Curran que Ziegler a identifié comme la femme qui à l'orgie s'est sacrifiée elle-même pour empêcher Bill d'être « puni ». Ziegler insiste sur le fait que cela n'a rien à voir avec sa mort qui a été causée par une overdose inévitable. Bill ne sait pas si Ziegler dit vrai ou non, mais accepte quand même d'entendre ces raisons.

Lorsque Bill rentre chez lui, il voit le masque qu'il avait loué la veille sur son oreiller à côté de sa femme endormie. Il éclate en sanglots, et comme Alice se réveille, il décide de lui dire toute la vérité. Le lendemain matin, ils vont faire leurs courses de Noël. Sa femme pense que les événements récents ne définissent pas leur vie et qu'ils devraient être heureux plutôt, en effet leur mariage a survécu à ces événements, et qu'elle l'aime. Elle dit alors qu'il faut qu'ils fassent l'amour le plus vite possible.

Fiche technique

Mentmore Towers est un des lieux où le film est tourné

Distribution


Analyse du film

Production

Comparaison avec Traumnovelle

Le roman Traumnovelle d'Arthur Schnitzler de 1926 se déroule autour de Vienne peu après le début du siècle. Les héros sont Fridolin et Albertina, et leur maison est une maison typique d'une banlieue de classe moyenne, bien moins chic que l'appartement dans le film.

Le couple de la nouvelle est de religion judaïque. Selon l'historien Geoffrey Cocks, Kubrick (lui-même d'origine juive) a supprimé la plupart des références à la religion des personnages dans les romans qu'il adaptât. Ceci est reflété dans le film par le fait que, lorsque Bill Harford va chez lui, il est raillé par une bande de jeunes garçons dans la rue avec des insultes homophobes. Dans le roman, ce sont des insultes antisémites, ainsi que Peter Loewenberg le remarque dans son article Freud Schnitzler and Eyes Wide Shut[2], tout comme Geoffrey Cocks dans Wolf at the Door[3].

Le roman se déroule pendant le carnaval, tandis les gens portent souvent des masques pour faire la fête. La fête à laquelle participent le couple au début de l'histoire est un bal masqué du Carnaval, tandis que dans le film l'histoire commence à Noël.

Le critique de cinéma Randy Rasmussen explique que le caractère du Bill est fondamentalement plus naïf, guindé, et moins sûr de ses motivations que son homologue, Fridolin[4]. Pour Rasmussen et d'autres, Bill Harford du film est essentiellement une sorte de somnambule porté par la vie sans réelle conscience de ce qui l'entoure. Dans le roman, quand sa femme lui décrit son fantasme sexuel, il admet à son tour l'un des siens (une jeune fille de sa connaissance à la fin de l'adolescence), tandis que dans le film, il est tout simplement choqué. Le problème du film qui consiste à s'interroger pour savoir si Bill a des fantasmes portés sur d'autres femmes, et si d'autres femmes le désirent est tout simplement absent du roman, où le mari comme la femme assument leurs désirs. Dans le film l'éloignement de Bill et d'Alice s'articule autour de la confession récente, alors que dans le roman elle déclare qu'elle aurait pu épouser quelqu'un d'autre, et cela précipite leur éloignement.

Dans le roman, le mari soupçonne qu'une de ses patientes (Marion) d'être éprise de lui, tandis que dans le film, c'est une surprise totale et il semble étonné. Il est également plus frappé par l'orgie dans le film que dans le roman. Fridolin est plus entreprenant dans ses relations sociales, mais moins sensuel avec la prostituée (Mizzi dans le roman, Domino dans le film). Fridolin est également conscient d'avoir l'air vieillissant dans le roman, tandis que dans le film il est encore très jeune et fringant.

Dans le roman, l'entrée de la soirée a pour mot de passe « Danemark », ce qui est important car Albertina rêve souvent de son soldat danois. Dans le film le mot de passe est « Fidelio », le mot italien pour « fidèle », titre de l'unique opéra de Beethoven ; Dans les premières versions du scénario, le mot de passe est « Fidelio Rainbow ». Jonathan Rosenbaum note que les deux mots de passe font écho aux deux mariés, mais dans des sens opposés[5]. L'orgie dans la nouvelle se compose essentiellement de danses nues.

Dans le roman, la femme qui « rachète » Fridolin à la fête, le sauvant de sa peine, est habillée en nonne, et la plupart des personnages de la fête sont habillés comme des religieuses ou des prêtres ; Fridolin lui-même utilise un costume de prêtre. Cet aspect a été retenu dans le scénario original du film[6] mais a été supprimé dans la version filmée.

Dans le roman, lorsque le mari rentre à la maison, le rêve que sa femme lui raconte est une histoire complexe. Elle conclut avec l'image du mari crucifié au centre d'une place d'un village, après que Fridolin refuse de se séparer d'Albertine et devienne l'amant de la princesse du village, bien qu'Albertine soit à présent en train de copuler avec d'autres hommes, regardant son mari sans pitié. En étant fidèle, Fridolin échoue donc à échapper à l'exécution dans le rêve d'Albertine bien qu'il soit apparemment sauvé par le sacrifice de la femme inconnue durant l'orgie masquée. Dans la nouvelle comme dans le film, la femme se souvient de rire de manière dédaigneuse et méprisante envers son mari juste avant de se réveiller. Le roman montre clairement qu'à ce moment Fridolon déteste Albertina plus que jamais, en pensant qu'ils ont maintenant couchés ensemble « comme des ennemis mortels ». Il a été soutenu que l'apothéose dramatique du roman est en réalité le rêve d'Albertina, tandis que le film l'a déplacé durant l'orgie de la société secrète visitée par Bill, dont le contenu est bien plus choquant dans le film[7].

Le personnage de Ziegler (qui représente la richesse et le prestige auxquels Bill Harford aspire) est tout à fait une invention du film, n'ayant pas d'homologue dans Schnitzler. Le critique Randy Ziegler Rasmussen interprète son rôle comme représentant les pires travers de Bill, ainsi que, pour citer d'autres films de Kubrick, le personnage principal de Docteur Folamour représente les travers de la sécurité nationale américaine, Charles Grady représente la face obscure de Jack Torrance dans Shining, et Clare Quilty représente les aspects négatifs de Humbert Humbert dans Lolita[4].

La présence de Ziegler permet à Kubrick de modifier le déroulement de l'histoire de plusieurs façons. Dans le film, Bill retrouve son vieil ami pianiste à la fête de Ziegler, puis tout en errant dans la ville, le retrouve au café Sonata. Dans le roman, la rencontre dans le café de Nightingale est un heureux accident. De même, la morte que Bill croit être la femme qu'il sauva à la fête de Ziegler est en fait une baronne qu'il connaissait depuis plus de temps, et non une prostituée de la fête de Ziegler.

Plus important encore, dans le film, Ziegler fait un commentaire sur toute l'histoire de Bill, expliquant que l'incident de la partie, la menace, le sacrifice de la femme ne sont que mise en scène. Bien que cela soit probablement vrai, il s'agit d'une exposition des vues de Ziegler sur les manières du monde en tant que membre de l'élite au pouvoir[8].

Le roman explique pourquoi le masque de l'époux se retrouve sur l'oreiller à côté de sa femme endormie : elle l'avait découvert quand il glissa hors de sa valise et l'a placé comme un signe de sa compréhension. Ceci est laissé inexpliqué dans le film.

L'utilisation de masques vénitiens

De nombreux auteurs d'ouvrages sur Kubrick ont noté que les masques portés durant l'orgie à Sommerton proviennent pour la plupart de Venise[9],[2],[3] et la mention « Venetian mask research » apparaît dans les crédits du film. Au cours d'une interview, la costumière Marit Allen a déclaré que Kubrick avait commandé les masques à Venise, mais précisa qu'il les avait également retouchés, modifiant légèrement certains détails[10]. A l'instar de l'anthologie Cocks citée ci-dessus, une version antérieure de l'essai de l'auteur Tim Krieder publiée dans Film Quarterly UC l'explique[11]. Ces masques ont été, et sont toujours, associés au Carnaval de Venise et à la Commedia dell'arte. D'ailleurs le roman de Schnitzler se déroule durant le carnaval (en effet la scène ouvrant le film montre les deux époux à un bal masqué). Les historiens, auteurs de guides de voyage, romanciers et autres marchands de masques vénitiens expliquent qu'il existe une forte corrélation entre le port de ces masques et des activités peu recommandables[12],[13],[14],[15]. Les auteurs Tim Kreider et Thomas Nelson ont associé l'usage dans le film de ces masques à la réputation de Venise comme centre d'érotisme et de mercantilisme. Nelson note que le rituel sexuel combine des éléments du Carnaval de Venise ainsi que des rites catholiques (en particulier, le personnage de « Cape Rouge » sert en même temps de Grand Inquisiteur et de prêtre). En tant que tel, Nelson explique que l'orgie est un miroir symbolique reflétant la sombre vérité se trouvant derrière les apparences de la fête de Noël organisée par Ziegler[9]. Carolin Ruwe écrit dans son livre, paru en 2007, Symbols in Stanley Kubrick's Movie 'Eyes Wide Shut' que le masque est le symbole majeur du film, les masques de la résidence Somerton rappelant les masques que chacun porte en société[16], point renforcé par Tim Krieder qui remarque les nombreux masques dans l'appartement de la prostituée ainsi que le fait qu'elle avait été renommé dans le film « Domino », type de masque vénitien.

Depuis la sortie du film, certains fournisseurs de masques vénitiens ont utilisé Eyes Wide Shut comme publicité pour leurs sites Web et des guides de voyage ont indiqué aux lecteurs les commerces à partir desquels Stanley Kubrick dit avoir acheté ses masques[17],[18]. Le site Web Conde Nast Traveller[19] mentionne le magasin de masque Mondo Novo, ainsi que Fodor's qui a fourni des masques aux films de Franco Zeffirelli et Kenneth Branagh[20].

Musique

  • La musique d'ouverture est la deuxième valse de la Suite pour orchestre de variété n° 1 de Dmitri Chostakovitch, qui ne fut pas reconnue pendant des années[21], confondue avec sa Suite pour orchestre de jazz nº 2 ;
  • lorsque Bill et Alice font l'amour, la musique est un extrait de Baby Did a Bad Bad Thing de Chris Isaak ;
  • durant le rituel, les incantations et chants en fond sonore sont extraites d'une liturgie roumaine orthodoxe enregistrée dans une église de Baia Mare, jouée en sens inverse. Le morceau, Masked Ball, est une adaptation par Jocelyn Pook de son morceau Backward Priests ; lorsque Kubrick la contacta afin de lui proposer d'écrire la musique pour le film, il lui demanda s'il avait quelque chose dans le style de Backward Priests : « You know, weird. »[22] ;
  • un des morceaux revenant souvent est le second mouvement de Musica ricercata de György Ligeti ;
  • dans la scène de la morgue, le morceau que l'on entend est le dernier morceau de piano, Nuages Gris[23] ;
  • dans la scène où Bill se cache dans un café, on entend Rex Tremendae, extrait du Requiem de Mozart[24].
  • la musique de fond pendant l'orgie, lorsque Bill passe de pièce en pièce est un chant tamoul chanté par Manickam Yogeswaran, chanteur carnatique[25].

Sortie et accueil

Controverses

L'opinion de Kubrick

Jan Harlan, beau-frère de Kubrick et producteur exécutif, rapporta que Kubrick était «  très content » du film et le considérait comme sa « plus grande contribution au cinéma »[26],[27]. R. Lee Ermey, acteur dans Full Metal Jacket, expliqua que Kubrick l'appela deux semaines avant sa mort pour lui avouer son découragement à propos de Eyes Wide Shut. « Il me dit que c'était de la merde » (« He told me it was a piece of shit »). Ermey ajouta dans le journal Radar : «  qu'il en était dégoûté et que les critiques allaient “le manger”. Il dit que Cruise et Kidman gâchèrent tout – tels furent les mots qu'il employa » («  and that he was disgusted with it and that the critics were going « to have him for lunch ». He said Cruise and Kidman had their way with him – exactly the words he used. »)[28]. Selon Todd Field, ami de Kubrick et acteur dans Eyes Wide Shut, les dires de Ermey sont diffamatoires, ainsi qu'il l'explique dans cette interview :

« La courtoisie voudrait que l'on s'abstienne de commentaire. Mais en vérité,… disons les choses telles qu'elles sont, on ne vit jamais deux acteurs plus serviles et dévoués au réalisateur. Stanley était investi à 100 % sur le film. Il travaillait toujours dessus avant de mourir. Et il mourut probablement parce qu'il finit par se relâcher. Ce fut l'un des week-ends les plus agréables de sa vie, juste avant sa mort, après qu'il a montré la première version à Terry, Tom et Nicole. Il aurait probablement continué à travailler dessus, ainsi qu'il le fit avec tous ses autres films. Mais je sais cela par des personnes de son cercle de proches, mon partenaire qui fut son assistant pendant trente ans. J'ai travaillé avec R. Lee Ermey pour In the bedroom. Je parlais beaucoup à Stanley de ce film, et tout ce que je peux en dire est que Stanley était persuadé que je n'aurais jamais dû travailler avec lui pour diverses raisons que je ne développerai pas car il n'y a pas de raison de faire ça à quelqu'un, même s'il dit des choses scandaleuses que je sais absolument fausses[29]. »

Censure et classification

La Warner Bros. modifia la scène de l'orgie afin d'échapper à la qualification X, censurant les images sexuelles en ajoutant des personnages afin de les cacher, évitant une interdiction pour les mineurs NC-17 qui aurait limité la distribution puisque qu'un grand nombre de cinémas et dvdthèques américaines rejettent les films classés ainsi. Ces problèmes contrarièrent les cinéphiles, qui arguèrent du fait que Kubrick n'avait jamais été craintif à l'égard de la censure (Orange Mécanique était classé X à sa sortie). La version non censurée de Eyes Wide Shut fut mise en vente aux Etats Unis le 23 octobre 2007 en format DVD et Blu-ray.

La version en Amérique du Sud, Europe et Australie comportait la scène de l'orgie telle qu'elle fut filmée (en dvd et au cinéma), avec une interdiction aux moins de 18 ans dans la plupart des cas. En Nouvelle-Zélande et Europe, la diffusion de la version non censurée à la télévision fut controversée. En Australie, elle fut diffusée sur Network Ten avec les altérations de la version américaine et une classification MA, estompant et coupant les scènes explicites. Roger Ebert critiqua la méthode qui consiste à utiliser des images numériques afin de masquer l'action. Il dit que «  cela n'aurait pas dû être fait du tout » (« should not have been done at all ») et que « cela montre bien l'hypocrisie morale de la censure, qui peut obliger un grand réalisateur à altérer son œuvre, tandis que par le même processus elle rend son film pour adultes plus accessible à un jeune public » (« symbolic of the moral hypocrisy of the rating system that it would force a great director to compromise his vision, while by the same process making his adult film more accessible to young viewers »[30]. Bien que Ebert soit souvent cité pour avoir appelé la version censurée américain la version «  Austin Powers » d'EWS[31],[32],[33], il se moque en fait d'une première grossière ébauche de la scène modifiée (jamais diffusée) du film, appelée « version Austin Powers »[30]. C'est une référence à deux scènes dans le film Austin Powers: International Man of Mystery, dans lequel, grâce à des angles de caméras et objets, les parties sexuelles du corps sont cachées de manière amusante.

Classification

Le film a été décrit par certains commentateurs et partiellement sur le marché comme un thriller érotique, catégorisation contestée par d'autres. Il est classé en tant que tel par Linda Ruth Williams[34], et a été décrit en tant que tel dans deux articles à propos du procès de Cruise et Kidman concernant le fait qu'ils auraient vu un thérapeute de sexe pendant le tournage[35],[36]. Le film est sur la liste Amazon des meilleurs thriller érotiques[37]. Un examen panoramique du film le dénigra comme un thriller érotique car le genre est intrinsèquement symbole de mauvaise réputation[38], bien que d'autres commentaires soient positifs, à l'instar de celui de Highdefdigest[39].

Toutefois, dans l'examen du film, Carlo Cavagna considère cela comme une classification trompeuse[40], tout comme Leo Goldsmith l'écrit[41], ainsi que les analyses sur Blu-Ray.com[42]. Écrivant dans TV Guide, Maitland McDonagh écrit : « Quelqu'un n'étant pas habitué avec la précision glacée du travail de Kubrick sera probablement surpris du fait que ce ne soit pas un thriller érotique bien que le synopsis le suggère »[43]. Écrivant en général sur le genre de « thriller érotique » pour CineAction en 2001, Douglas Etats Keesey note que le film « quel que soit son type réel… [était] tout du moins commercialisé comme un thriller érotique »[44]. Michael Koresky que « ce réalisateur défiant les attentes à chaque fois et mettant à ses pieds toute catégorisation, a fait ni le « thriller érotique » que la presse a vu, ni le facilement identifiable « film de Kubrick »… »[45]. DVD Talk dissocie également le film de ce genre[46].

Distinctions

Voir aussi

Bibliographie

  • Eyes Wide Shut ou l'étrange labyrinthe par Diane Morel aux Presses Universitaires de France, Une analyse du film.
  • Julie-Anne Ranger-Beauregard et Flavie Léger-Roy, UQAM, 2006

Liens externes

Notes et références

  1. (en) TIME Magazine Cover: Tom Cruise and Nicole Kidman sur Time.com, 5 juillet 1999
  2. a et b (en) Glenn Perusek, Depth of Field: Stanley Kubrick, Film, And the Uses of History, University of Wisconsin Press, 15 juillet 2006, 342 p. (ISBN 978-0299216146) [lire en ligne] 
  3. a et b (en) Geoffrey Cocks, The Wolf at the Door: Stanley Kubrick, History, and the Holocaust, Peter Lang, 28 septembre 2004, 342 p. (ISBN 978-0820471150) 
  4. a et b (en) Randy Rasmussen, Stanley Kubrick : Seven Films Analyzed, McFarland & Co Inc, 28 février 2005, 362 p. (ISBN 978-0786421527) [lire en ligne], p. 331-332 
  5. Voir l'article de Geoffrey Cocks, James Diedrick, et Glenn Wesley Perusek dans Depth of field: Stanley Kubrick, film, and the uses of history
  6. (en) Eyes Wide Shut original screenplay sur GodamongDirectors
  7. (en) Rainer J. Kaus, « Notes on Arthur Schnitzler's Dream Novella and Stanley Kubrick's film Eyes Wide Shut »
  8. (en) Geoffrey Cocks, The Wolf at the Door: Stanley Kubrick, History, and the Holocaust, Peter Lang, 28 septembre 2004, 342 p. (ISBN 978-0820471150), p. 146 
  9. a et b (en) Thomas Allen Nelson, Kubrick, inside a film artist's maze, Indiana University Press, 1er juin 2000, 352 p. (ISBN 978-0253213907) [lire en ligne] 
  10. (en) Michel Ciment, Gilbert Adair et Robert Bononno, Kubrick: The Definitive Edition, Faber & Fabe, septembre 2003, 352 p. (ISBN 978-0571211081) [lire en ligne] 
  11. (en) Tim Kreider, « Introducing Sociology, A Review of Eyes Wide Shut », Film Quarterly sur Visual Memory, University of California Press, 2000
  12. (en) Edward Smedley, Sketches from Venetian History, vol. 2, Nabu Press, 24 février 2010, 476 p. (ISBN 978-1145533882) [lire en ligne] 
  13. (en) Darwin Porter et Danforth Prince, Frommer's Portable Venice, Frommers, 16 mars 2009, 192 p. (ISBN 978-0470399040) [masks history&f=false lire en ligne] 
  14. (en) Rosalind Laker, The Venetian Mask: A Novel, Three Rivers Press, 25 masrs 2008, 464 p. (ISBN 978-0307352569) [lire en ligne] 
  15. (en) Explore The Origin of Venetian Mask sur Magic of Venezia
  16. (en) Carolin Ruwe, Symbols in Stanley Kubrick's movie 'Eyes Wide Shut', GRIN Verlag, 9 novembre 2007, 28 p. (ISBN 978-3638841764) [lire en ligne] 
  17. (en) Reid Bramblett, Frommer's Northern Italy: Including Venice, Milan & the Lakes, John Wiley and Sons, 19 mars 2004, 476 p. (ISBN 978-0764542930) [masks eyes wide shut&f=false lire en ligne] 
  18. (en) Damien Simonis, Lonely Planet Venice & The Veneto, Lonely Planet, 1er février 2008, 308 p. (ISBN 978-1741046571) [masks eyes wide shut&f=false lire en ligne] 
  19. (en) Guide to Venice sur CNN Traveller
  20. (en) Fodor's, Fodor's Venice & the Venetian Arc, 4 avril 2006, 368 p. (ISBN 978-1400015856) [masks history&f=false lire en ligne] 
  21. La musique du film sur [1]
  22. (en) Mike Zwerin, « Kubrick's Approval Sets Seal on Classical Crossover Success : Pook's Unique Musical Mix », dans The New York Times, 27 octobre 1999 [texte intégral] 
  23. (en) Ben Arnold, The Liszt companion, Greenwood, 30 avril 2002, 488 p. (ISBN 978-0313306891) [lire en ligne] 
  24. (en) Stanley Kubrick's swan song: Eyes wide shut sur Psychoanalytic Electronic Publications
  25. (en) A marriage of musical minds sur The Music Magazine
  26. (en) A Talk With Kubrick Documentarian Jan Harlan sur DvdTalk, 26 octobre 2006
  27. (en) Kevin Filipski, « [2] Jan Harlan Keeps His Eyes Wide Open On New Ideas] » sur Times Square, 7 novembre 2007
  28. (en) Kubrick says Cruise and Kidman ruined Eyes Wide Shut sur Film Drunk, 3 février 2010
  29. (en) Peter Sciretta, « Interview: Todd Field Part 2 » sur Slash Film, 24 octobre 2006
  30. a et b (en) Roger Ebert, « Eyes Wide Shut » sur Roger Ebert.com, 16 juillet 1999
  31. (en) James Berardinelli, « Eyes Wide Shut » sur Reelview, 1999
  32. (en) Richard von Busack, « Stanley Kubrick's Orgy of the Dead, or It's a Wonderful Sex Life » sur Metro Active, 15 juillet 1999
  33. (en) Eyes Wide Shut (1999) sur Film Blather
  34. (en) Linda Ruth Williams, The Erotic Thriller in Contemporary Cinema, Indiana University Press, 8 septembre 2005, 416 p. (ISBN 978-0253218360) [lire en ligne] 
  35. (en) Benedict Carver, « Kubrick's 'Eyes' to open wide rated R » sur Variety News, 2 mai 1999
  36. (en) Amelia Gentleman, « Erotic thriller Hollywood couple sue over sex claims » sur UK Guardian, 24 avril 1999
  37. La Liste
  38. (en) Jeffrey M. Anderson, « Dream Girls » sur Combustible Celluloid, juillet 1999
  39. (en) Peter M. Bracke, « Eyes Wide Shut » sur Blueray Highfdigest, 25 octobre 2007
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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Eyes Wide Shut de Wikipédia en français (auteurs)

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