Eve Curie

Eve Curie

Ève Curie

Ève Curie en 1921

Denise-Ève Curie, née le 6 décembre 1904 à Paris, décédée le 22 octobre 2007 (à 102 ans) à New York (États-Unis), est une pianiste, femme de lettres, journaliste, conférencière et diplomate française.

Sommaire

Biographie

Fille de Pierre et Marie Curie, née Skłodowska, sœur cadette de Irène Joliot-Curie, elle étudie au collège Sévigné, où elle obtient son baccalauréat en 1925.

Comme elle aime à le rappeler, elle est la seule de la famille à n'avoir pas choisi une carrière scientifique, comme l'ont fait ses parents, sa sœur, ses neveux, son oncle et cousins. Encouragée par sa mère, elle préfère les études littéraires et artistiques. Elle commence sa carrière en tant que pianiste et se produit pour la première fois à Paris en 1925.

Après le décès de sa mère en 1934, elle écrit la biographie de celle-ci, Madame Curie, qui devient un best-seller mondial (1938), adapté au cinéma, également sous le titre de Madame Curie, par la MGM en 1943, avec Greer Garson dans le rôle-titre et Walter Pidgeon dans celui de son époux.

En mars ou avril 1932, elle rencontre Henri Bernstein, directeur du théâtre du gymnase, pour lequel elle écrit 145, Wall Street, adaptation de Spread Eagle de George S. Brooks et Walter B. Lister, créée le 25 octobre suivant. De 1932 à 1940, elle entretient une liaison avec Henri Bernstein[1].

Elle devient chevalier de la Légion d'honneur et de l'Ordre Polonia Restituta en 1939[2].

En juin 1940, après la défaite française, elle embarque à Bordeaux à bord du cargo britannique Madura, qui la conduit, parmi 1 300 réfugiés où l'on retrouve Henri Bernstein, Pierre Cot, Štefan Osuský, membre du Comité national tchécoslovaque, le ministre belge Marcel-Henri Jaspar ou Hugh Carleton Greene, correspondant du Daily Telegraph et frère de Graham Greene, à Falmouth le 21[3],[4],[5]. En Angleterre, elle s'engage en faveur des Alliés et de la France libre jusqu'à la fin de la Guerre, intervenant à deux reprises à Radio Londres[6], publiant dans la presse et multipliant les conférences. Au début de mai 1941, elle est déchue de la nationalité française en même temps qu'Henri Bernstein, René Cassin et Georges Thierry d'Argenlieu[7]. Engagée en novembre 1941 comme correspondante de guerre par l’Herald Tribune Syndicate de New York, ainsi que dans l’Allied Newspaper de Londres, elle se rend sur les fronts de Libye, de Russie, de Birmanie et de Chine. Le 28 mars 1942, elle s'entretient avec Gandhi[8]. En 1943, elle publie Journey among warriors (Voyage parmi les guerriers, 1946), une chronique de ses voyages sur les fronts de la Seconde Guerre mondiale. En 1943, elle rejoint l'état major de la 1re DFL. Débarquée avec les troupes françaises en Provence en août 1944, elle participe à la jonction de cette unité avec la 2e DB le 12 septembre.

Le 13 novembre 1944, elle fonde avec Philippe Barrès le quotidien Paris-Presse, qu'elle co-dirige jusqu'en 1949[9].

Elle obtient la croix de guerre en 1944[2].

En 1952, elle devient conseillère spéciale du Secrétaire général de l'OTAN. Deux ans plus tard, en 1954, elle épouse Henry Labouisse, ambassadeur des États-Unis en Grèce qui fut pendant quinze ans directeur exécutif de l'Unicef. Dans le cadre de leurs fonctions, Ève et son époux voyageront dans plus d'une centaine de pays.

Ève Curie est administratrice de la Fondation Curie[10] de 1957 à 1967, au titre de représentant de Marie Curie, fondatrice de la fondation.

Devenue citoyenne américaine en 1958, elle est promue le 13 juillet 2005 au rang d'officier de la Légion d'honneur, au cours d'une cérémonie dans les locaux de l'Unicef, pour avoir énormément contribué à la cause humanitaire. Veuve depuis 1987, elle s'éteint le 22 octobre 2007, à l'âge de 102 ans.

Elle était docteur honoris causa du Mills College, du Russell Sage College et de l'Université de Rochester[11].

Œuvres

Essai

  • Madame Curie, Paris, Gallimard, 1938, 315 pages (nombreuses rééditions et traductions).
  • They speak for a nation, letters from France (édité avec une introduction d'Ève Curie, Philippe Barrès, Raoul de Roussy de Sales, traduit par Drake et Denise Dekay), New York, Doubleday, Doran, 1941, 238 pages.
  • Journey among warriors, Londres & Toronto, W. Heinemann, 1943, 522 pages.
  • Voyage parmi les guerriers (traduction de l'anglais revu par l'auteur), Paris, Flammarion, 1946, 504 pages.

Théâtre

  • 145, Wall Street, pièce en 3 actes et 5 tableaux, Spread Eagle de George S. Brooks et Walter B. Lister, Paris, l'Illustration, 1933, 40 pages.

Notes et références

  1. Georges Bernstein Gruber, Gilbert Maurin, Bernstein, le magnifique: cinquante ans de théâtre, de passions et de vie parisienne, J.-C. Lattès, 1988, 485 pages, p. 293.
  2. a  et b Thomson Gale, Anne Commire, Donna Olendorf, Something about the Author, Gale, 1986, vol. 1, 317 pages, p. 73 (ISBN 0810300508).
  3. Voir Georges Bernstein Gruber, Gilbert Maurin, Bernstein, le magnifique: cinquante ans de théâtre, de passions et de vie parisienne, Jean-Claude Lattès, 1988, p. 379; George de Lovinfosse, Au service de Leurs Majestés: histoire secrète des Belges à Londres, Byblos, 1974, 278 pages, p. 49; Geoffrey Cox, Countdown to war: a personal memoir of Europe, 1938-40, W. Kimber, 1988, 229 pages, p. 216 (ISBN 0718306740); Alexander Werth, The last days of Paris: a journalist's diary, H. Hamilton, 1940, 274 pages, p. 205.
  4. Ève Curie, Journey among Warriors, 1943, p. 40
  5. Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle, Fayard, 2006, indique à tort, p. 25-26, le 17 juin et la présence de Philippe Barrès, qui indique lui-même dans son Charles de Gaulle, paru en 1941, avoir quitté la France après la signature des armistices franco-allemand et franco-italien, p. 162.
  6. « Appel au bon sens » (6 août 1940) et « la deuxième réélection de Roosevelt » (6 novembre 1940), dans Jean-Louis Crémieux-Brilhac (dir.), Les Voix de la liberté: Ici Londres, 1940-1944, tome 1, La Documentation française, 1975, p. 40 et 138.
  7. Georges Bernstein Gruber, Gilbert Maurin, op. cit., p. 393.
  8. Ananda M. Pandiri, A Comprehensive, Annotated Bibliography on Mahatma Gandhi: Biographies, works by Gandhi, and bibliographical sources, Greenwood Publishing Group, 1995, 401 pages, p. 30 (ISBN 0313253374).
  9. Claude Bellanger, Histoire générale de la presse française, universitaires de France, 1969, t. IV, p. 286.
  10. Historique de la Fondation Curie
  11. Dictionnaire biographique franc̜ais contemporain, Pharos, 1950, vol. 2, p. 196.

Liens internes

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