Eugénie de Montijo

Eugénie de Montijo
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Eugénie de Montijo
Portrait de l'Impératrice Eugénie par Franz Xaver Winterhalter (1864)
Portrait de l'Impératrice Eugénie par Franz Xaver Winterhalter (1864)

Pays Drapeau français Empire français
Titre Impératrice des Français
(1853 - 1870)
Autre titre Marquise d'Ardales (es)
Marquise de Moya (es)
Marquise d'Osera (es)
Comtesse d'Ablitas
Comtesse de Teba (es)
Comtesse de Baños
Comtesse de Mora
Comtesse de Santa Cruz de la Sierra
Vicomtesse de la Calzada
Prédécesseur Marie-Amélie de Bourbon-Siciles
(Reine des Français)
Successeur Suppression de l'Empire,
IIIe République
Distinctions Dame de l'Ordre de la reine Marie-Louise (en)
Biographie
Dynastie Palafox Page d'aide sur l'homonymie
Maison Bonaparte
Nom de naissance María Eugenia Ignacia Augustina Palafox de Guzmán-Portocarrero y Kirkpatrick de Closbourn
Naissance 5 mai 1826
Grenade, Flag of Spain (1785-1873 and 1875-1931).svg Royaume d'Espagne
Décès 11 juillet 1920 (à 94 ans)
Madrid, Flag of Spain (1785-1873 and 1875-1931).svg Royaume d'Espagne
Père Cipriano Palafox y Portocarrero (es)
Mère María Manuela Kirkpatrick (es)
Conjoint Napoléon III (1808-1873)
Enfants Louis Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Blason de l'impératrice Eugénie.svg

María Eugenia Palafox de Guzmán-Portocarrero y Kirkpatrick de Closbourn, marquise d'Ardales, marquise de Moya, comtesse de Teba, comtesse de Montijo, dite Eugénie de Montijo, née le 5 mai 1826 à Grenade et morte le 11 juillet 1920 au palais Liria à Madrid, est une personnalité politique française d'origine espagnole.

Épouse de Napoléon III, empereur des Français, et donc impératrice du 30 janvier 1853 au 11 janvier 1871, elle était considérée comme une des plus belles femmes de son époque.

Sommaire

Biographie

Sa famille

La famille impériale en 1865

Eugénie est née à Grenade en Espagne le 5 mai 1826 au 12 de la calle de Gracia[1]. Elle est la fille cadette du comte et de la comtesse de Teba.

Son père, Don Cipriano Palafox de Guzmán y Portocarrero, comte de Teba, le frère cadet du comte de Montijo - dont il reprendra plus tard le titre - s'était rallié à la France sous le Premier Empire. Officier d'artillerie, à la tête des élèves de l'École polytechnique, il participa à la bataille de Paris en 1814. Au regard du peuple espagnol, il est un « afrancesado » (c'est-à-dire quelqu'un qui, pendant la Guerre d'Indépendance espagnole, a pris le parti de la France, par souci de modernité).

Sa mère, María Manuela Kirkpatrick de Closbourn y Grévigné, mi-écossaise mi-espagnole, est la fille de l'Écossais William Kirkpatrick (en), qui fut notamment consul des États-Unis d'Amérique à Malaga et la nièce de la comtesse Mathieu de Lesseps. La famille Kirkpatrick (en) fut admise dans l'aristocratie espagnole et était apparentée à la noblesse écossaise de Closeburn (en).

Elle fut une grande amie de Prosper Mérimée, qui resta toute sa vie proche de sa fille et ne survécut pas à la chute de l'Empire.

La sœur aînée de la future impératrice, María Francisca de Sales (1825-1860), connue sous le nom de Paca (diminutif de Françoise), hérita du titre Montijo et d'autres titres familiaux ; elle épousa le duc d'Albe, propriétaire entre autres immenses biens, du palais Liria à Madrid, où mourut l'ex-impératrice soixante ans après sa sœur.

Eugénie, comtesse de Teba, mondainement connue avant son mariage, est éduquée à Paris au couvent du Sacré-Cœur, où elle reçut la formation traditionnelle de l'aristocratie catholique de l'époque.

Le mariage

En 1849, lorsque Louis-Napoléon Bonaparte devient président de la République française, Eugénie de Montijo est âgée de 23 ans, mais est célibataire ; elle apparaît avec sa mère aux bals donnés par le Président au palais de l'Élysée, et c'est là qu'elle rencontre le futur empereur Napoléon III, avec qui elle se marie le 30 janvier 1853.

L'impératrice Eugénie

Aux Tuileries, dans sa communication[2] du 22 janvier 1853 devant le Sénat, le Corps législatif et le Conseil d'État, l'empereur déclare :

« Celle qui est devenue l'objet de ma préférence est d'une naissance élevée. Française par le cœur, par l'éducation, par le souvenir du sang que versa son père pour la cause de l'Empire, elle a, comme Espagnole, l'avantage de ne pas avoir en France de famille à laquelle il faille donner honneurs et dignités. Douée de toutes les qualités de l'âme, elle sera l'ornement du trône, comme, au jour du danger, elle deviendrait un de ses courageux appuis. Catholique et pieuse, elle adressera au ciel les mêmes prières que moi pour le bonheur de la France ; gracieuse et bonne, elle fera revivre dans la même position, j'en ai le ferme espoir, les vertus de l'Impératrice Joséphine. »

:

« Je viens donc, Messieurs, dire à la France : J'ai préféré une femme que j'aime et que je respecte, à une femme inconnue dont l'alliance eût eu des avantages mêlés de sacrifices. Sans témoigner de dédain pour personne, je cède à mon penchant, mais après avoir consulté ma raison et mes convictions. »

L'acte du mariage civil est enregistré au palais des Tuileries dans la salle des Maréchaux, le 23 janvier 1853 à 20 heures. Le mariage religieux suivra à Notre-Dame de Paris le 30 janvier 1853. La commission municipale de la ville de Paris, le 26 janvier 1853, voulut offrir à la nouvelle mariée une parure de diamants d'une valeur de 600 000 francs or. L’Impératrice remercie mais refuse le collier, préférant que soit créé avec cet argent un établissement d’éducation gratuite pour des jeunes filles orphelines pauvres. Le bâtiment sera édifié sur l'emplacement de l’ancien marché à fourrages du Faubourg Saint-Antoine, dans le 12e arrondissement de Paris. C'est l’architecte Jacques Hittorff qui sera chargé de sa conception, il donnera aux bâtiments la forme d’un collier. L'école inaugurée le 28 décembre 1856, prendra le nom de Maison Eugène-Napoléon en l’honneur du jeune prince impérial, né en 1856.

Louis-Napoléon, le prince impérial né le 16 mars[3] 1856, assure la succession de l'empire. Le 17 au matin, une salve de cent un coups de canon annonce ce grand événement au pays. L'empereur a décidé qu'il serait parrain et l'impératrice marraine de tous les enfants légitimes nés en France en cette journée du 16 mars.

« L'Impératrice venait de remplir sa principale mission. Elle avait donné à son époux un fils, et à l'Empire un héritier. L'enfant était né un jour de triomphe, le jour des Rameaux... Ce qui charmait surtout l'heureuse mère, c'est que cet enfant si désiré était non seulement un fils de France, mais un fils de l'église et que, filleul du Pape, la bénédiction du Saint-Père planait sur son berceau[4]. »

Le 17 juillet suivant, l'empereur rédige à Plombières-les-Bains les dispositions concernant la régence[5], qu'il confie à l'impératrice.

« (article 2)- Si l'Empereur mineur monte sur le Trône sans que l'Empereur son père ait disposé, par acte rendu public avant son décès, de la Régence de l'Empire, l'Impératrice Mère est Régente et a la garde de son fils mineur. »

L'opposition

L'impératrice Eugénie par Winterhalter (1854)

Surnommée Badinguette par les opposants à l'Empire (en référence au sobriquet donné au futur empereur suite à sa célèbre évasion du fort de Ham, avec le concours de Henri Conneau, déguisé avec la veste de travail d'un maçon de ce nom), ces derniers prétextent de son âge avancé de vingt-sept ans et de sa beauté qui a tourné bien des têtes pour lui faire une mauvaise réputation. Victor Hugo ose même écrire: « l'Aigle épouse une cocotte » et une épigramme malveillante et anonyme a couru dans Paris :

« Montijo, plus belle que sage,
De l'empereur comble les vœux :
Ce soir s'il trouve un pucelage,
C'est que la belle en avait deux[6]... »

D'une beauté éclatante selon les canons de l'époque, elle avait acquis une grande liberté d'allure, était passionnée et séductrice, voire provocante, avec retenue.

Son culte sentimental pour Marie-Antoinette est illustré par le portrait en robe « à paniers » par Franz Xaver Winterhalter (92,7 x 73,7 cm, Metropolitan Museum of Art, New York) reproduit ci-joint.

Maxime du Camp, dans ses souvenirs, écrivit d'elle : « :...Je dirais volontiers : « c'était une écuyère ». Il y avait autour d'elle comme un nuage de cold cream, de patchouli ; superstitieuse, superficielle, ne se déplaisant pas aux grivoiseries, toujours préoccupée de l'impression qu'elle produisait, essayant des effets d'épaules et de poitrine, les cheveux teints, le visage fardé, les yeux bordés de noir, les lèvres frottées de rouge, il lui manquait, pour être dans son vrai milieu, la musique du cirque olympique, le petit galop du cheval martingalé, le cerceau que l'on franchit d'un bond et le baiser envoyé aux spectateurs sur le pommeau de la cravache. »

Le jeune Julien Viaud (l'écrivain Pierre Loti) qui la vit passer un jour à Paris dans un landau, en garda un souvenir ébloui qu'il évoqua dans ses souvenirs.


La politique

Sur le plan politique, catholique ultramontaine, elle veut que la France soutienne le pape Pie IX par les armes (création du corps des zouaves pontificaux), alors que Napoléon III était favorable à la libéralisation des autres États italiens.

Elle soutient contre les Anglais le projet français d'ouverture du canal de Suez, et en 1869 après un passage à Istanbul, une visite officielle qui a marqué les relations franco-turques pendant de longues années, elle alla l'inaugurer en personne avec les principaux monarques européens dont l'empereur François-Joseph.

Le Palais de Beylerbeyi, au bord du Bosphore, est construit spécifiquement pour l'accueillir pendant le séjour durant lequel elle visite, parmi tant d'autres lieux, le patriarcat arménien catholique et le lycée Saint-Benoît.

Elle pousse à l'invasion du Mexique, qui se solde par un désastre ; elle prend parti pour l'Autriche, et contre la Prusse, ce qui fait le jeu du premier ministre prussien, le comte de Bismarck. Par ailleurs, elle est régente de l'Empire lors du voyage de l'empereur en Algérie 1865 et en juillet 1870 après la déclaration de guerre et la capture de son mari par les Prussiens; elle essaye de gérer de son mieux la débâcle.

Une lettre du roi de Prusse Guillaume Ier

Le 23 octobre 1870, l'impératrice Eugénie, réfugiée en Angleterre, écrit au roi de Prusse Guillaume Ier en tentant de l'amener à renoncer à l'Alsace ; dès le 26, le souverain allemand répond par un refus.

« Madame,

J'ai revu la lettre que Votre Majesté a bien voulu m'adresser et qui a évoqué des souvenirs du passé que je ne puis me rappeler sans regrets !
Personne plus que moi ne déplore le sang versé dans cette guerre qui, Votre Majesté le sait bien, n'a pas été provoquée par moi.
Depuis le commencement des hostilités ma préoccupation constante a été de ne rien négliger pour rendre à l'Europe les bienfaits de la paix, si les moyens m'en étaient offerts par la France. L'entente aurait été facile tant que l'Empereur Napoléon s'était cru autorisé à traiter et mon gouvernement n'a même pas refusé d'entendre les propositions de Jules Favre et de lui offrir les moyens de rendre la paix à la France. Lorsque à Ferrière des négociations parurent être entamées au nom de Votre Majesté, on leur a fait un accueil empressé et toutes les facilités furent accordées au Maréchal Bazaine pour se mettre en relation avec Votre Majesté, et quand le général Boyer vint ici il était possible encore d'arriver à un arrangement si les conditions préalables pouvaient être remplies sans délai. Mais le temps s'est écoulé sans que les garanties indispensables pour entrer en négociations eussent été données.
J'aime mon pays comme vous, Madame, vous aimez le vôtre, et par conséquent je comprends les amertumes qui remplissent le cœur de Votre Majesté et j'y compatis bien sincèrement. Mais, après avoir fait d'immenses sacrifices pour sa défense, l'Allemagne veut être assurée que la guerre prochaine la trouvera mieux préparée à repousser l'agression sur laquelle nous pouvons compter aussitôt que la France aura réparé ses forces et trouvé des alliés. C'est cette considération seule, et non le désir d'agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n'ont d'autre but que de reculer le point de départ des armées françaises qui, à l'avenir, viendront nous attaquer.
Je ne puis juger si Votre Majesté était autorisée à accepter au nom de la France les conditions que demande l'Allemagne, mais je crois qu'en le faisant Elle aurait épargné à sa patrie bien des maux et l'aurait préservée de l'anarchie qui aujourd'hui menace une nation dont l'Empereur pendant vingt ans avait réussi à développer la prospérité.
Veuillez croire, Madame, aux sentiments avec lesquels je suis de Votre Majesté le bon frère
Guillaume
Versailles, le 26 octobre 1870 »

En 1917, sous l'influence des États-Unis, les Alliés avaient fait savoir à la France qu'il n'était pas question de lui restituer de façon inconditionnelle l'Alsace-Lorraine qu'ils considéraient comme un territoire allemand. Même les socialistes français partageaient ce point de vue.

C'est alors que l'ex-impératrice écrivit[7] à Clemenceau pour lui apprendre l'existence de cette lettre. Elle la lui céda en 1918 par l'entremise d'Arthur Hugenschmidt[8]. Le président du conseil put ainsi la lire au cours d'une réunion interalliée. Les termes « C'est cette considération seule, et non le désir d'agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n'ont d'autre but que de reculer le point de départ des armées françaises qui, à l'avenir, viendront nous attaquer » prouvaient à l'évidence que le roi de Prusse ne réclamait pas l'Alsace en tant que territoire allemand, mais comme un glacis pour protéger l'Allemagne. Le retour de l'Alsace-Lorraine fut alors inscrit parmi les buts de guerre.

Eugénie et les arts

L'impératrice Eugénie par Jean-Auguste Barre

Dans la vie culturelle de la cour et de la France, elle participe à la création du style Napoléon III (poirier noirci torsadé et incrustations de nacre ...), basé essentiellement sur l'inspiration, voire la copie, des styles passés, soutient son vieil ami Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, fait en 1853 sénateur, puis commandeur et grand officier de la Légion d'honneur, Winterhalter, Waldteufel, Offenbach...

« Vers 1865, l'achèvement par Lefuel des salons de l'impératrice aux Tuileries, dans le goût Louis XVI, créé un courant marqué en faveur du style Trianon (...) Le Louis XVI-Impératrice pénètre dans tous les intérieurs élégants. Pour la première fois depuis la duchesse de Berry, une volonté féminine impose ses préférences mobilières (...) Eugénie a vraiment la passion de Marie-Antoinette. Non seulement elle dépouille à son usage personnel le Garde-Meuble et même le musée du Louvre de leurs plus beaux meubles Louis XVI, mais elle en fait acheter sur sa cassette. Elle en meuble ses appartements privés aux Tuileries, à Saint-Cloud, à Compiègne, où les chefs-d'œuvre d'Oeben, de Beneman, de Riesener, voisinent sans vergogne avec les confortables et les poufs capitonnés (..) elle commande à ses ébénistes des imitations qu'on pourrait qualifier d'admirables si des copies, mêmes parfaites, pouvaient avoir valeur d'originaux. Georges Grohé lui fournit les meilleures[9]. »


Quand Eugénie réclame à la République "ses" tapisseries...

(...) "A la création du second Empire, les collections du Mobilier furent rattachées à la Liste civile et de ce fait résulta la fiction qu'elle appartenaient à l'empereur (...). C'est ainsi que l'impératrice, lors de la liquidation de la Liste civile, put revendiquer sept tapisseries du Don Quichotte, à fond jaune, qui décoraient sa villa de Biarritz et qui lui furent abadonnées moyennant l'indemnité dérisoire de cent francs chacune : elles se vendraient aujourd'hui cent mille francs pièce".

Fernand Calmettes, "Les tapisseries du Mobilier National" (La Revue de l'art ancien et moderne, n°68, 10/11/1902 p.378 - archives personnelles); sait-on à qui l'ex-souveraine a ensuite donné ou légué ces œuvres d'art appartenant à la Couronne de France ?


Le "style Napoléon III".

On cite le célèbre mot que lui rétorqua en 1869 l'architecte Charles Garnier présentant au couple impérial la maquette du nouvel opéra parisien :

« Mais cela ne ressemble à rien, Monsieur Garnier, cela n'a pas de style !
C'est du... Napoléon III, Madame [10]! »

L'impératrice et la place des femmes

Ses amitiés dans la mouvance saint-simonienne lui donnent l'occasion de faire avancer la cause des femmes. Elle est personnellement intervenue en faveur de Julie-Victoire Daubié pour la signature de son diplôme du baccalauréat[11] ainsi que pour la remise de la Légion d'honneur au peintre Rosa Bonheur[12]. Elle obtient que Madeleine Brès puisse s'inscrire en faculté de médecine.

Bijoux

L'impératrice possédait une des plus importantes collections de bijoux de son temps; la plupart d'entre eux ont ensuite appartenu à Aimee de Heeren[13],[14], qui collectionnait des bijoux et s'intéressait en même temps à la vie de l´impératrice.

Les deux femmes furent considérées comme les "Reines de Biarritz" car elles passèrent l´été sur la côte Basque, l´impératrice dans la "Villa Eugénie", aujourd´hui Hôtel du Palais que lui fit construire Napoléon III en 1854 - édifice reconstruit et agrandi en 1903, dont le plan est en forme de "E" majuscule - Aimee de Heeren séjourna elle dans la villa "La Roseraie".

D´autres bijoux de l´impératrice se trouvent au Louvre, entre autres le diadème de perles qui appartenait auparavant à un ami d'Aimée de Heeren, le prince von Thurn und Taxis, possesseur par héritage d'un énorme patrimoine artitisque.


Dernières années

Tombe de l'impératrice, de son époux et de leur fils.

Après la chute de l'Empire et la mort trois ans après de Napoléon III en Angleterre, elle laisse la direction du parti bonapartiste à Rouher, et se consacre à l'éducation de son fils.

Le prince impérial,Louis Napoléon Bonaparte (Prince impérial) est cadet de l'école militaire de Woolwich, puis versé dans un corps de cavalerie à destination de l'Afrique du Sud. Il est tué par les Zoulous le 1er juin 1879 à Ulundi (Natal, actuelle Afrique du Sud) lors d'une patrouille dans le bush. Une stèle commémorative fut posée sur ordre de la reine Victoria.

Un an après, Eugénie fait un pèlerinage au Zoulouland; elle voyage sous son incognito habituel de "comtesse de Pierrefonds".

En 1906 elle fut la marraine de la princesse Victoria de Battenberg, petite-fille de la reine Victoria du Royaume-Uni, lorsqu'elle est baptisée dans la religion catholique romaine pour pouvoir épouser le roi Alphonse XIII d'Espagne.

En 1892, afin de disposer de sa propre résidence au Cap Martin et ne plus y être l'invitée de son amie Elisabeth d'Autriche,(Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach (24 décembre 1837 à Munich - 10 septembre 1898 à Genève),impératrice d’Autriche connue sous le surnom de Sissi)

Visitant vers 1910 son ancienne résidence du Château de Compiègne, devenu musée, elle s'arrête près d'une fenêtre, se met à pleurer et fait un malaise en se remémorant cette époque; le guide l'interpelle pour continuer la visite : personne ne remarque alors qu'il s'agit de l'ex-impératrice des Français et veuve de Napoléon III. Seul un homme la reconnaît et lui apporte un verre d'eau[15].

Un de ses biographes raconte aussi que voulant cueillir en souvenir une fleur d'un rosier qu'elle y avait fait planter comme souveraine, elle se fit sermonner par le gardien qui ne l'avait pas reconnue.

Il semble que l'Impératrice ait joué un rôle à la fin de la Première Guerre mondiale, et à la suite de la défaite allemande. En effet, celle-ci possédait une lettre du roi de Prusse, confirmant le caractère français de l'Alsace-Lorraine, lettre qu'elle avait précieusement conservée. En 1918, les alliés anglo-américains, notamment le président Wilson, font obstacle à la revendication française sur les provinces perdues, où ils ne voient que volonté annexionniste. Georges Clemenceau rencontre alors l'Impératrice Eugénie, qui lui transmit la fameuse lettre, lui permettant de convaincre les alliés du bien-fondé du rattachement de l'Alsace-Lorraine à la France.

Morte à 94 ans au palais de Liria de Madrid en 1920 qui, incendié lors de la guerre civile espagnole de 1936, fut reconstruit après 1955 par la fille unique et héritière du 17e duc d'Albe, elle fut inhumée dans la crypte de la chapelle néo-gothique de l'abbaye Saint-Michel de Farnborough, nécropole qu'elle avait fait édifier pour son époux et son fils - enseveli dans l'uniforme anglais.

Lors de son enterrement, aucun représentant officiel du gouvernement républicain français ne vint, le Second Empire étant encore banni des mémoires, mais un drapeau français avait été placé sur le cercueil; l 'abbé de Saint Michel l'enleva pour le remplacer par le drapeau anglais, et déclara : "Maintenant, reposez en paix, Votre Majesté" [16].

Christian Estrosi eut en 2007[17] l'idée de faire "rapatrier" en France ces trois dépouilles impériales, contre l'avis des religieux qui demeurent encore aujourd'hui responsables du site de l'abbaye Saint-Michel.

Postérité

L'impératrice fait de Biarritz sa villégiature. Napoléon III y fait construire en 1854 la villa Eugénie, l'actuel Hôtel du Palais; le bâtiment initial brûla le 1er février 1903, et fut reconstruit dans l'esprit d'antan mais en plus grand.

La station thermale d'Eugénie-les-Bains dans les Landes, créée en 1861, tient son nom de l'impératrice. Les eaux Saint-Loubouer, une des sources qui composera la nouvelle station sous le nom de Source Saint-Loubouer Impératrice, profitèrent ainsi de la notoriété qu'apportait l'impératrice aux stations thermales des Pyrénées voisines[18].

Elle a donné son nom au riz à l'Impératrice dessert fait de riz au lait et fruits au sirop.

mais aussi a une archipel L’Archipel de l'impératrice Eugénie dans le Golfe de Pierre-le-Grand au Nord-Ouest de la Mer du Japon. Ces îles relèvent de la ville de Vladivostok.

La fraise Empress Eugénia, obtenue par le docteur Knewett d'Isleworth (en)[19], porte son nom, ainsi que la cerise Impératrice Eugénie[20].

Lors d'une de ses expéditions au Gabon l'explorateur Paul Belloni du Chaillu découvre dans le sud du pays dans la localité de Fougamou des chutes qu'il nomme "Chutes de l'Impératrice Eugénie" en son honneur.

Galerie

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Références

  1. Geneviève Chauvel, Inoubliable Eugénie, ed. Pygmalion, 1998, p 17 et S.
  2. Lettres et mémoires du XIXe Communication relative au mariage de l'Empereur
  3. Son médecin accoucheur est le docteur Henri Conneau.
  4. La cour du Second Empire (1856-1858),Arthur Léon Imbert de Saint-Amand, ed. Dentu, 1898
  5. Moniteur universel, 20 juillet 1856
  6. Eugène de Mirecourt, Les femmes galantes des Napoléons Tome I, p. 215, Jules Abelsdorf, Berlin 1862. Publié aussi chez Amazon et disponible sur Kindle
  7. Cette lettre est conservée aux Archives nationales.
  8. G. Lacour-Gayet, L'Impératrice Eugénie, Morancé, Paris, 1925, p. 83.
  9. Henri Clouzot, Le style Louis-Philippe - Napoléon III, Larousse, 1939, pp.38 et 39 - archives personnelles
  10. L’Opéra de Charles Garnier sur le site du Musée d’Orsay.
  11. Julie-Victoire Daubié première bachelière en 1861
  12. Rosa Bonheur, première femme artiste à recevoir la Légion d'Honneur en 1865 de ses mains
  13. Les Marguerites de l´impératrice et Aimee de Heeren
  14. Aimee de Heeren portant les Marguerites
  15. Émission Secrets d'histoire, « Eugénie, la dernière impératrice », diffusée le 4 août 2010 sur France 2.
  16. Emission "Secrets d'Histoire, "Eugénie, la dernière impératrice", diffusée le 4 août 2010 sur France 2.
  17. dépêche A.F.P du 9/12/07 citée dans Cimetières de France et d'ailleurs
  18. Charles Corta: le Landais qui servit deux empereurs, Anne de Beaupuy, Claude Gay, ed. L'Harmattan, 2009
  19. Bulletin de la Société pomologique de Londres, juillet 1856
  20. Société nationale d'horticulture de France, 1854

Bibliographie

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Voir aussi

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Marie-Amélie de Bourbon-Siciles
(1830 - 1848)
(reine des Français)
Blason de l'impératrice Eugénie2.svg
Impératrice des Français
1853 - 1870
Élise Thiers
(1871 - 1873)
(épouse du Président de la République)

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