Etrusque

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Étrusques

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne le peuple étrusque. Pour la langue étrusque, voir Étrusque.
Les peuples dans la péninsule italienne au début de l'âge du fer :
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Les Étrusques (du latin « Etrusci ») sont un peuple qui vivait depuis la préhistoire en Étrurie, territoire correspondant à peu près à l'actuelle Toscane et au nord du Latium, soit le centre de la péninsule italienne, jusqu'à leur assimilation définitive comme citoyens de la République romaine, au Ier siècle av. J.-C., après le vote de la Lex Iulia (-90) pendant la guerre sociale.

Les Romains les appelaient « Etrusci » ou « Tusci » et les Grecs les nommaient « Τυρρήνιοι » (Tyrrhēnioi, c’est-à-dire Tyrrhéniens, nom qui a été donné à la mer des côtes occidentales de l'Italie), mais ils s'appelaient eux-mêmes « Rasna » (forme syncopée de « Rasenna »).

Leur système d'écriture, l'alphabet étrusque, dérivé du grec, a donné naissance à l'alphabet latin. Plus généralement, l'influence des Étrusques sur la civilisation latine a été considérable. Elle est pourtant peu connue, car constamment minimisée par les historiens et autres auteurs latins.

Sommaire

Origine

Article détaillé : Origine des Étrusques.
Femme étrusque, statue en terracotta peinte, IIe siècle av. J.-C., retrouvée à Chiusi, conservée à Karlsruhe

L'origine des Étrusques a été évoquée dès l'Antiquité selon différentes traditions se référant très majoritairement à une origine orientale anatolienne[1] mais évoquant également la possibilité d'une origine autochtone ou septentrionale.

Selon Jean-Paul Thuillier, « le caractère mythique, fantaisiste ou idéologique de ces théories antiques a conduit aujourd'hui les chercheurs à laisser quelque peu de côté la question des origines », le débat restant donc ouvert et « loin d'être clos »[2]. Massimo Pallottino, fondateur de l'étruscologie moderne et reconnu comme l'un des plus grands étruscologues, considérait que l'émergence de la civilisation étrusque ne pouvait pas résulter d'une seule migration, mais était le fruit d'un long processus de formation à partir d'apports multiples (à la fois autochtones villanoviens et exogènes, orientaux ou autres)[3].

Des recherches basées sur l'analyse de l'ADN de 80 individus dont les restes ont été prélevés dans des tombes étrusques ont conclu que cet échantillonnage présente des similitudes avec les populations anatoliennes, mais qu'il diffère de manière surprenante de l'ADN des actuels Toscans. Les éléments analysés provenant de tombes riches, appartenant à l’aristocratie, l'hypothèse retenue serait qu’il s'agit d’une élite dominante et non assimilée avec le reste de la population d’alors, qui était probablement d'origine villanovienne et dont les Toscans actuels seraient les descendants.

Langue

Articles détaillés : langue étrusque et alphabet étrusque.

La langue étrusque n'a jusqu'à présent pas pu être rattachée de façon satisfaisante à un groupe identifié, et a pu ainsi être classée comme appartenant à un groupe pré-indo-européen ou proto-indo-européen ou encore péri-indo-européen : on aurait plutôt tendance à dire aujourd'hui que l'étrusque n'appartient pas au groupe des langues indo-européennes[4].

L'alphabet étrusque est dérivé d'un alphabet grec et a inspiré l'alphabet latin.

Religion

Tombes étrusques à Populonia
Article détaillé : mythologie étrusque.

La vie quotidienne des Étrusques était empreinte de religiosité, au point que Tite-Live a écrit qu'ils tenaient « plus que toute autre nation à l'observation des rites religieux[5] ». Ils suivaient des rites bien précis, consignés dans les différents traités de la Disciplina etrusca consacrés à la divination, aux cultes de fondation des cités et de consécration des sanctuaires, au monde d'outre-tombe, aux limites de la vie et au destin.

Rites funéraires

Têtes de canope de Chiusi

De l'urne-cabane de l'Âge de Fer, à l'urne biconique villanovienne contemporaine, à la tombe à ziro intégrant le canope de Chiusi avec son couvercle anthropomorphe, puis aux sarcophages architectoniques à bas-reliefs mythologiques, qui ensuite deviennent figurés avec leur couvercles sculptés exposant le mort voire le couple en banqueteurs, tous ces rites montrent la durée de la civilisation étrusque depuis la fin des temps préhistoriques jusqu'à la période romaine, avec l'évolution des rites passant de la crémation à l'inhumation, puis retournant à l'incinération. (voir également les tombes à pozzetto, les tombes à volta et à camera (en forme de maison) et les tombes à tramezzo (à cloison)).

Article détaillé : Rite funéraire étrusque.

Art

Vase plastique, groupe de Chiusi
Article détaillé : art étrusque.

L'art produit par cette civilisation est d'une grande richesse. Les Étrusques furent de très habiles artisans et eurent de grands artistes, peintres de fresques dans les tombes, comme celles de Tarquinia par exemple, sur vases, sculpteurs qui réalisèrent de véritables chefs-d'œuvre tant en bronze qu'en terre cuite. Ils furent également d'excellents joailliers, d'habiles métallurgistes. On peut voir leurs œuvres dans les grands musées italiens, comme par exemple ceux de Florence, du Vatican ou de Volterra. Mais ce qui gêne notre œil moderne, pétri d'esthétique gréco-romaine « classique », c'est la liberté de déformation des corps à des fins d'expressivité. L'art étrusque est un art de mouvement.

Société

Les usages dans les rapports avec le monde féminin étaient très différents de ceux du monde grec : on sait qu'effectivement les femmes assistaient aux banquets auprès des hommes chez les Étrusques, ce qui n'était pas le cas chez les Grecs, leurs contemporains.

Cette coutume étrusque était effectivement très mal vue par les Grecs, voisins directs des Étrusques dans l'Italie du sud qui appartenait alors à la Grande Grèce et était une des raisons de la rivalité des deux peuples, en plus de leur concurrence commerciale. Mais il est indéniable que la femme a été mieux considérée chez les Étrusques : elle pouvait ainsi posséder des biens en son nom propre.

Science

Les Étrusques pratiquaient la prothèse dentaire[6].

Expansion et déclin

Expansion étrusque de 750 à 500 av. J.-C.
Article détaillé : Étrurie.

Le maximum de la prospérité et de l'expansion de la civilisation étrusque fut atteint entre 600 et 350 av. J-C. En -535 en effet, les Étrusques, alliés aux Carthaginois (certains historiens emploient à ce propos l'expression de « Confédération étrusco-carthaginoise »), remportèrent la bataille navale d'Alalia (Aléria) au large de la Corse, contre les Phocéens de Massalia, soit la colonie grecque de l'antique Marseille, dans la lutte qui les opposait pour le contrôle de la Méditerranée occidentale. L'arrêt de l'expansion étrusque commence à la fin du même siècle, puis vient le déclin durant le Ve siècle av. J.-C.. Rome fut la première à se libérer de la domination étrusque en chassant les Tarquins vers -509 ; puis les Latins dans leur ensemble s'en libérèrent avec l'aide d'Aristodème de Cumes à la bataille d'Aricie en -506. Les têtes de pont étrusques restèrent ainsi isolées en Campanie, s'affaiblirent après la défaite navale de Cumes en -474, et furent définitivement perdues en -423 lors de la conquête de Capoue par les Samnites. Au nord, l'invasion gauloise détruisit les cités étrusques de la plaine du au début du Ve siècle av. J.-C.. En -396, Rome conquit Véies, étendant ainsi son influence sur toute l'Étrurie méridionale. Durant plus de deux siècles, à l'initiative tantôt de l'une tantôt de l'autre de leurs cités, les Étrusques luttèrent contre l'expansion romaine. Mais en -295, bien que coalisés avec la population d'Ombrie, les Gaulois cisalpins et les Samnites, ils furent vaincus à la bataille de Sentinum : en quelques décennies ils furent totalement assujettis à Rome et inclus, par des traités spécifiques, parmi les « alliés » de la péninsule italienne, jusqu'à ce que la citoyenneté romaine leur soit accordée lors de la guerre sociale de -90--88.

Héritage culturel

Cratère en calice étrusque

En dépit de la perte de leur autonomie politique, les Étrusques continuèrent à exercer par la suite une grande influence en Italie sur le plan culturel, religieux et artistique. Rome, qui sous Auguste avait fait de l'Étrurie la septième région d'Italie, subit fortement leur influence, qui persista dans les institutions, les modes de vie, la langue, les goûts, l'amour du luxe, du faste et des banquets, la danse et la musique. Goûts étrusques attestés par les peintures de leurs tombes, quoique ces dernières nous renseignent surtout sur les goûts des classes aisées, c'est-à-dire sur les goûts d'une minorité de la population. L'empereur Claude était lui-même un spécialiste de la culture étrusque. L'esprit créatif du peuple étrusque (un artisanat habile et ses techniques approfondies) émergea à nouveau bien des siècles plus tard en Toscane lors de la Renaissance.

Les dieux romains, que beaucoup pensent être empruntés aux Grecs, sont en réalité empruntés aux Étrusques. Ainsi, les Étrusques vénéraient-ils Menrva, déesse armée, Tinia, dieu puissant du ciel, Turan, déesse de la puissance féminine, le Tinias Clenar, jumeaux fils de Tinia, ou Hercle, fils de Tinia à qui furent imposés des travaux… Ces dieux n'étaient pas représentés avant que les Étrusques ne rencontrent les Grecs et leur Panthéon. Ils reprirent donc l'iconographie grecque pour représenter leurs dieux, qui gardaient leur originalité (ils n'ont ainsi pas les mêmes histoires). Les Étrusques ont ensuite transmis leur Panthéon (noms et iconographies) aux Latins (qui ont surimposé ce Panthéon à leurs propres divinités antérieures). C'est pour cela que les dieux romains sont Minerve, Jupiter, Hercule… et non Athéna, Zeus, Héraclès… Seuls Bacchus et Apollon sont des emprunts directs au Panthéon grec car il n'y avait pas de divinité préexistante équivalente dans la tradition étrusque.

La Triade capitoline romaine (Jupiter/Junon/Minerve), marqueur culturel romain à qui de nombreuses villes romaines bâtissaient un temple à triple cella est aussi issue des Étrusques, chez qui ce type de temple est courant. Celui de Rome aurait été inauguré, selon la tradition, en -509, première année de la République après avoir chassé les rois étrusques. Ce qui permet de déduire qu'il fut commandé et construit sous la domination étrusque de la Ville.

D'autres symboles, très fortement romains, comme le siège curule des sénateurs romains, est directement empruntés aux objets de pouvoir étrusque. Il s'agissait d'un siège pliant pour char, privilège aristocratique.

Notes et références

Bibliographie

  • Jean-Noël Robert, Les Étrusques, Les Belles Lettres, 2004. (ISBN 2-251-41027-9)
  • Dominique Briquel, Les Étrusques, Paris, Presses Universitaires de France : Que Sais-Je ?, 2005 (ISBN 2-13-053314-0)
  • Jacques Heurgon, Vie quotidienne des Étrusques, Hachette, Paris, 1961.
  • Jean-René Jannot, À la Rencontre des Étrusques (en ligne)
  • Thuillier, Les Étrusques, Éditions du Chêne, coll. « Grandes civilisations », 2006, 240 p. (ISBN 2842776585) [présentation en ligne] 
  • (it) Pallottino, Etruscologia, Hoepli, 1984, 564 p. (ISBN 8820314282) 
  • (it) Giovannangelo Camporeale, Gli etruschi. Storia e civiltà, UTET Università, 2004 .

Dans les arts et la littérature

  • L'Étrusque, Mika Waltari, Olivier Orban 1980 /Éditions du Seuil, collection "Points", 1984
  • L'Etrusco Una Lingua Ritrovata, Piero Bernardini Marzolla, SAGGI, Arnoldo Montadori Editore (it)

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