Esclavage En Nouvelle-France

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L'Esclavage en Nouvelle-France est une réalité de la société coloniale de même que de certaines sociétés autochtones.

Sommaire

Entre Amérindiens

Les Amérindiens étaient répartis en plusieurs nations que le colonisateur a qualifié de « nation » ou « tribus ». L'esclavage était pratiqué par certaines de ces nations avant l'arrivée des Européens[1].

L'esclavagisme chez les peuples amérindiens est analogue à celui décrit dans l'antiquité européenne. Une nation en attaquait une autre et les vaincus étaient capturés, finissant parfois par être « intégrés » socialement au sein de la nation.

En Acadie

Au Canada

Le chercheur Marcel Trudel, a recensé 4 185 esclaves au Québec entre la deuxième moitié du XVIIe siècle et 1834. <reference> De ces derniers, trois quarts étaient d'origine amérindienne (surtout panis), alors que le quart était d'origine africaine. Contrairement aux esclaves de la Nouvelle-Angleterre, qui étaient surtout exploités dans un contexte agricole, les esclaves de la Nouvelle-France étaient exploités en milieu urbain, notamment à Montréal, comme domestiques. Marcel Trudel a noté que plusieurs membres du clergé catholique, notamment la Mère d'Youville, ainsi que plusieurs communautés religieuses, y compris les Jésuites, les Ursulines, les Récollets, les Sulpiciens, et les Frères de la Charité, possédaient des esclaves.

Les esclaves d'origine africaine

Comme il a été mentionné, la majorité des esclaves du Canada était d'origine amérindienne. C'est donc dire que la traite des Noirs n'était pas aussi importante au Canada qu'elle l'était en Louisiane et dans les 13 colonies britanniques. En effet, la main-d'œuvre dont avaient besoin les principales entreprises de la Nouvelle-France n'était pas aussi importante que celle dont dépendait la Nouvelle-Angleterre. L'économie, axée sur l'agriculture (et non la plantation), la pêche, et sur le commerce des fourrures, n'était pas fondée sur l'esclavage comme dans des colonies américaines méridionales. De plus, le pouvoir royal décourageait la traite des Noirs, préférant garder les esclaves pour les Antilles où la production nécessitait une plus grande main-d'œuvre. La plupart des esclaves d'origine africaine appartenait à des particuliers.

323 esclaves noirs

À la page 86 du livre 200 ans d'esclavages au Québec de Marcel Trudel on peut voir un tableau donnant le nombre de nouveaux esclaves noirs arrivés au Canada. Pour la période allant de 1700 à 1730, on constate que seulement 44 noirs sont arrivés comme esclaves au Québec. Les trois autres décennies indiques les chiffres suivants : 43, 141, 95. En calculant toutes les arrivées pendant le régime français on arrive à un chiffre de 323 esclaves noirs arrivés au Québec entre 1700 et 1759.

La vaste majorité de ces Noirs en esclavage sera esclave sur une période de 30 ans ou moins. Sur 323 esclaves noirs, 280 le sont à la fin du régime français et étaient en réalité les esclaves des Anglais que les Français récupéraient.

Cette arrivée soudaine d'esclaves noirs entre 1730 et 1759 est due à des attaques contre les villages anglais d'où les français ramenaient les esclaves noirs. Par exemple, en 1745, une Noire enceinte est ramenée au Québec quand son mari est tué dans une attaque. Cette réfugiée est comptée pour 2 arrivées d'esclaves noirs au Québec (page 87 du livre de Marcel Trudel) [1].

Mais d'où provient le chiffre de 1400 esclaves noirs avancé par Marcel Trudel ?

Il provient en vaste majorité du régime anglais. Dans le tableau de la page 86 Marcel Trudel indique entre autres que dans une année du régime anglais ce sont 375 esclaves noirs qui sont arrivés au Québec. Il en arrivera 1200 sous le régime anglais, soit 4 fois plus que pendant les 30 ans d'esclavage des noirs du régime français en moins de 25 ans de régime anglais (1783-1800). La majorité des esclaves noirs du Québec seront détenus par des propriétaires britanniques. [1]

L'esclavage des Pawnees (panis)

Le Missouri d'où viennent les Pawnees (panis) n'a été découvert qu'en 1680. L'esclavage pawnee sous régime français dure quelque 80 ans. Marcel Trudel calcule les arrivées au lieu de calculer la présence réelle des esclaves pawnees sur le territoire. La vaste majorité des Pawnees surévalués à 2 800 vivaient en Nouvelle-France à Détroit, Michilimakinac et dans les villages de l'ouest américain. Souvent des prisonniers sauvés de leurs ennemis par des rançons payées par les Français.

En 1720 ces Pawnees étaient très fiers d'être les alliés des Français et ils l'ont démontré en battant militairement l'expédition Villasur des Espagnols. [3]

Une vision trop manichéenne des événements doit être évitée. Les Panwees avaient coutume de kidnapper des jeunes filles des autres tribus et de les exécuter à coup de flèches en sacrifice à leur dieu. [4]

Les Pawnees sont d'ailleurs les "méchants" indiens dans le film, Danse avec les loups avec Kevin Costner. [5]

Un très grand nombre de Pawnees (ou indiens d'autres tribus) furent en servitude au Québec. Mais les 2 800 mentionnés par Marcel Trudel sont des arrivées en Nouvelle-France (incluant l'ouest américain) et non pas leur présence continuelle. En réalité moins de 300 à 400 esclaves indiens existaient dans tout le territoire de la Nouvelle-France à un moment précis (incluant l'ouest américain).

À ce chiffre nettement exagéré il faut compter que beaucoup étaient des enfants, d'autre se sauvaient ou était libérés ou vendus ailleurs et d'autres mouraient en bas âge. La période de leur esclavages réelles n'a jamais dépassé 80 ans sous le régime français (1680-1759). Et même en incluant le régime anglais la période ne dépasse pas 120 ans. Ce qui est loin du 200 ans prétendu par Marcel Trudel.

Ces indiens servaient de soldats, de guides, de trappeurs, de diplomates et d'aides domestiques mais jamais sur des plantations. Et la durée de leur servitude variait beaucoup.

Beaucoup d'indiens se mariaient avec les francophones et devenaient des métis. Langlade qui possédait des esclaves selon Marcel Trudel était lui-même un indien Ottawa par sa mère.

L'esclavages des blancs par les amérindiens

Les amérindiens aussi pratiquaient l'esclavage des blancs. Louis-Joseph Gill, un anglais, sera capturé en 1704 pendant le raid de Deerfield au Massachuset. Il deviendra le chef des abénakis saint-François (à Odanak près de Sorel)... Les indiens prenaient régulièrement des prisonniers qu'ils intégraient à leur tribu.

L'esclavage en Nouvelle-France

En 1848, François-Xavier Garneau a écrit, parlant du Canada principalement que La Nouvelle France n'était pas basée sur l'esclavage. 44 noirs en esclavage sur une période de 225 ans c'est moins de 10 esclaves noirs dans les pires moments. C'était un phénomène très rare au Canada, contrairement à la Louisiane et la Nouvelle-Angleterre.

Pour les Pawnee (panis) le chiffre de 2 800 est trompeur et douteux. Certains propriétaires d'esclaves indiens étaient des indiens eux-mêmes comme Charles Langlade. Il n'y a jamais eu autant de panis en esclavage en un moment précis. Ces 2 800 pawnees furent en servitude pendant un certain temps sur une période de 120 ans. Et rien n'indique combien d'années ils restaient vraiment en servitude. Si 23 pawnees étaient en servitude pour 1 an chacun on arrive à ce chiffre de 2 800 pendant les 120 ans. 2 800 ont passé en servitude pendant un certain temps.

Ces esclaves étaient souvent des prisonniers de guerre qu'on empêchait de partir, et qui servaient dans toutes sortes de professions. Ce n'étaient pas des esclaves au sens ou on l'entend généralement. Ils n'étaient pas des maltraités sur des plantations de sucre comme aux États-Unis britanniques ou aux Antilles.

Louisiane

Un certain nombre d'Amérindiens sont employés comme esclaves[2] dès le début du XVIIIe siècle, malgré l'interdiction officielle. Ces esclaves sont capturés par les tribus au cours de raids et de batailles. Les Français les envoient ensuite à Saint-Domingue, dans les Antilles ou même au Canada. En Louisiane, les planteurs leur préfèrent les Africains, même si certains ont des domestiques amérindiennes.

Le Code noir est appliqué en Louisiane au XVIIIe siècle, avec quelques adaptations et de façon plus tardive qu'aux Antilles

C'est en 1717 que le ministre des finances John Law décide d'importer des esclaves noirs en Louisiane. Son objectif est alors de développer l'économie de plantation en Basse-Louisiane. Le compagnie des Indes détient le monopole de la traite dans la région. Elle fait venir environ 6 000 esclaves[3] d'Afrique entre 1719 et 1743. Une partie est envoyée dans le pays des Illinois pour cultiver les champs ou exploiter les mines. L'économie de la Basse-Louisiane devient par conséquent esclavagiste.

Comme dans le reste des colonies françaises, la condition des esclaves est réglée par le Code noir. En réalité, ce dernier est peu appliqué et les esclaves disposent d'une certaine autonomie de fait. En premier lieu, pendant les jours fériés, les esclaves cultivent un petit lopin qui leur permet de vendre ensuite leurs productions. Ensuite, certains chassent, coupent du bois ou gardent les troupeaux, loin de la plantation. Enfin, si les mariages interraciaux et les regroupements d'esclaves sont interdits, le concubinage et les réunions se pratiquent souvent.

La vie et le travail des esclaves sont difficiles : le moment des récoltes est sans doute le plus pénible. L'entretien des canaux relève de la corvée. Les logements sont modestes et les esclaves dorment sur de simples paillasses. Ils disposent de quelques coffres et ustensiles de cuisine. La condition des esclaves dépend de la cruauté de leur maître. Lorsqu'elle est insupportable, les esclaves s'enfuient et se cachent dans les marécages ou à la Nouvelle-Orléans. Mais ce marronnage n'est souvent que temporaire et la Louisiane ne connaît pas vraiment de villages marrons comme aux Antilles. De même, les révoltes sont peu fréquentes dans cette région. Les possibilités d'affranchissement sont somme toute assez réduites : les esclaves ne peuvent acheter eux-mêmes leur liberté. Les quelques affranchis (femmes, personnes ayant servi dans l'armée) forment une petite communauté qui souffre de la ségrégation : la justice est plus sévère à leur encontre et ils n'ont pas le droit de porter d'armes.

Les esclaves contribuent à la créolisation de la société louisianaise. Ils apportent d'Afrique le gumbo, une plante qui entre dans la préparation de ragoûts. Si le Code noir exige que les esclaves reçoivent une éducation chrétienne, beaucoup gardent des pratiques animistes africaines (amulettes, vaudou, etc.)

Abolition

L'importation d'esclaves a d'abord été interdite dans le Haut-Canada (Ontario), en 1793. Malgré les efforts des anti-esclavagistes de la région de Montréal, il faudra attendre jusqu'au 28 août 1833 pour que l'esclavage soit enfin aboli au Québec.

Esclaves célèbres

Olivier Le Jeune

Marie-Angélique

Voir aussi

Notes

  1. L'histoire de l'Amérique française, page 162.
  2. On les désigne sous le terme panis : Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! Histoire de l'Ouest américain d'hier à aujourd'hui, Paris, Flammarion, 2002, ISBN 2082118096, page 52
  3. Havard G., Vidal C., Histoire de l'Amérique française, p. 242.

Bibliographie

  • David Gilles, « La norme esclavagiste, entre pratique coutumière et norme étatique : les esclaves panis et leur condition juridique au Canada (XVIIe - XVIIIe s.) », Ottawa Law Review/Revue de droit d'Ottawa, Ottawa, 2008-2009, 40-1 : pp. 73-114
  • Gilles Havard et Cécile Vidal. L'histoire de l'Amérique française, Paris : Flammarion, 731 pages ISBN: (ISBN 2-08-210045-6)
  • Roland Viau. Ceux de Nigger Rock : enquête sur un cas d'esclavage des Noirs dans le Québec ancien, Outremont : Libre expression, 2003, 179 pages (ISBN 2-89111-999-1)
  • Philippe Jacquin, Daniel Royot. Go West ! Histoire de l'Ouest américain d'hier à aujourd'hui, Paris : Flammarion, 2002, ISBN 2082118096
  • Marcel Trudel. Deux siècles d'esclavage au Québec, Montréal : Hurtubise HMH, 2004, 405 pages
  • Marcel Trudel. Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires au Canada français, Montréal : Hurtubise HMH, 2004, 490 pages
  • Marcel Trudel. L'esclavage au Canada français ; histoire et conditions de l'esclavage, Québec : Presses universitaires Laval, 1960, 432 pages
  • Jacques Viger et Louis-Hippolyte Lafontaine. De l'esclavage en Canada, Montréal : imprimé par Duvernay, frères, 1859, 63 pages
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