Empire Abbasside

Empire Abbasside

Abbassides

Les Abbassides[1] sont une dynastie de califes sunnites arabes qui gouvernèrent le monde musulman de 750 à 1258. Cette dynastie arriva au pouvoir à l'issue d'une véritable révolution menée contre les Omeyyades et a été fondée par Abû al-`Abbâs As-Saffah. Quand les Abbassides triomphèrent des Omeyyades, ils déplacèrent le pouvoir de la Syrie vers l'Irak en fondant leur nouvelle capitale, Bagdad (762).

Les Abbassides tirent leur nom de Al-Abbâs, oncle de Mahomet, dont ils sont les descendants, alors que les Omeyyades avaient un lien familial plus lointain avec le prophète de l'islam. Ils veulent un État plus profondément musulman, où les Iraniens convertis à l'islam auront une part égale à celle des Arabes. Au cours de la révolution contre les Omeyyades, leur chef Abû Muslim réunit autour de lui, en plus des Arabes hostiles à la dynastie régnante, des indigènes iraniens, de petites gens, des esclaves enfuis. Il triompha en 750 à la bataille du Grand Zâb, après plus de trois ans de guerre.

Carte de l'empire abbasside vers l'an 820 de l'ère chrétienne.

Sommaire

Fondement

Les califes abbassides ont fondé leur revendication pour le califat en leur qualité de descendants d'Al-Abbas Ibn Abd al-Muttalib (566 - 662), l'un des oncles de Mahomet. C'est en vertu de cette descendance qu'ils se considèrent comme les héritiers légitimes de Mahomet, par opposition aux Omeyyades. Ceux-ci étaient les descendants d'Umayya, et étaient un clan distinct de Mahomet dans la tribu Quraychite.

Les Abbassides se distinguent aussi des Omeyyades en attaquant leur caractère moral et de l'administration en général. La révolte abbasside a été largement appuyée par les Arabes, en particulier les colons arabes de Merv maltraités par la politique des omeyyades, et le clan des yéménites avec leurs mawali[2] ". Les Abbassides ont également fait appel aux musulmans non-arabes, connus sous le nom de mawali, qui étaient restés à l'extérieur de la société fondée sur la parenté et la culture arabe. Ils ont été perçus comme une classe inférieure au sein de l'empire omeyyade. Le hachémite Muhammad ibn 'Ali, arrière-petit-fils d'Abbas, a commencé à faire campagne pour le retour du pouvoir de la famille de Mahomet. Pendant le règne du calife Umar II Muhammad ibn Ali mène le combat en Perse.

Pendant le règne de Marwan II, cette opposition a abouti à la rébellion de l'imam Ibrahim, la quatrième en descendant d'Al-Abbas. Soutenu par la province iranienne du Khorasan, il a remporté des succès considérables, mais a été capturé au cours de l'année 747. Il est mort en prison, peut-être a-t-il été assassiné. Le combat a été repris par son frère Abdallah, connu sous le nom de Abu al-'Abbas as-Saffah, qui, avec la victoire du Grand Zab (750), a battu les Omeyyades et a été proclamé calife.

Histoire

L'âge d'or du califat

Le premier calife abbasside fut Abû al-Abbâs, dit as-Saffah[3] (750-754). Il renverse le califat omeyyade de Damas et prend pour capitale Koufa en Irak.

Sous leur règne, on vit se développer les villes. On peut parler à leur propos d'un empire urbain, alors que, dans l'État omeyyade, dominaient la caste militaire arabe et la propriété rurale.

Ils eurent à lutter contre de nombreuses oppositions au sein du vaste empire qu'ils héritaient des Omeyyades. Ils perdirent très vite l'Occident : dès 756 l'Espagne se donna un prince omeyyade. Au Maghreb, des États kharidjites (et autres) se constituèrent. En 800, le califat dut passer un accord avec les Aghlabides, qui régnaient en Algérie, en Tunisie et à Tripoli : ces derniers reconnurent l'autorité de Bagdad en échange de leur autonomie.

Afin d'assurer les alliances qui leurs permirent de conquérir le pouvoir, ils voulurent imposer le retour à l'islam originel. Les Abbassides disaient vouloir appliquer l'islam idéal, préconisant une société sans classes, sous l'autorité d'un chef politico-religieux issu de la famille du Prophète. Les juges ou cadis nommés par le calife; ils devaient appliquer la charia, unique norme admise. Dans un cadre moins religieux, un vizir fut chargé de réorganiser l'administration. Il y avait en effet de nombreux fonctionnaires, divisés grosso modo en deux clans de secrétaires (kuttâb) :

  1. les chrétiens nestoriens, liés au sunnisme et défenseurs de l'autorité du calife ;
  2. les musulmans chiites, souhaitant au contraire affaiblir le souverain.

Sous cette dynastie, l'économie fut prospère ; les villes se développèrent; les arts et les lettres atteignirent leur apogée. Mais les révoltes et les troubles ne cessèrent pas pour autant.

Les premiers califes, Abû al-Abbâs (750-754), Abû Ja`far al-Mansûr (754-775), Al-Mahdî (775-785) et Harun ar-Rachid (786-809), durent lutter contre les soulèvements extrémistes. Ils ne purent empêcher le détachement de l'Espagne (756) ni la persistance des troubles en Iran. En 803, Harun ar-Rachid élimina les vizirs de la famille des Barmécides qui savaient résoudre habilement les problèmes soulevés par l'agitation chiite. Celle-ci s'accrut sous le règne d'Al-Mamun (814-833) qui, après avoir défait son frère Al-Amin (809-814), favorisa les influences iraniennes, adopta le motazilisme et choisit un Alide comme héritier afin de se rallier le chiisme modéré. Mais cette alliance n'empêcha pas la révolte des mercenaires turcs ni les effets d'une profonde crise financière, qui amenèrent les Abbassides à quitter Bagdad et à s'installer dans la ville nouvelle de Samarra (833-892).

Jafar al-Mutawakkil (847-861) renonça au motazilisme et réagit contre les chiites, les chrétiens et les juifs. L'unité de l'Empire ne fut pas préservée : les Tahirides (820-872), les Saffarides (867-903), puis les Samanides (874-999) en Iran; les Toulounides (879-905), puis les Ikhchidides (935-969) en Égypte et en Syrie, furent en fait indépendants.

Le déclin et la chute

En Irak même, la révolte des esclaves noirs des plantations fut réprimée par Al-Muwaffaq, frère du calife Al-Mutamid (870-892).

Les califes al-Mu'tadid (892-902) et Al-Muqtafi (902-908) s'imposèrent en Irak. Mais la révolte ismaélienne remit l'autorité des Abbassides en cause. En 909, le onzième imam ismaélien Ubayd Allah al-Mahdi fonda de la dynastie fatimide et prit le titre de calife en Ifriqiya.

Les Bouyides, chiites iraniens, fondèrent une dynastie en Iran (932-1055). Le prince bouyide Muizz ad-Dawla Ahmad prit Bagdad (945) et, sans destituer le calife, il en obtint les pleins pouvoirs avec le titre de « Prince des Princes » (Amir al-umara) en 936. Aussi, tout en conservant un pouvoir théorique sur l'Islam sunnite, les califes furent-ils démunis de tout pouvoir réel. Les Bouyides furent écartés par les Turcs seldjoukides (1055). Ces derniers combattirent vigoureusement en faveur du sunnisme. L'immigration turque vers le Proche-Orient s'accentua.

L'État pouvait aussi compter sur un autre pilier : l'armée, composée de Khorassaniens fidèles au souverain, mais aussi d'Arabes souvent moins fidèles, notamment ceux des régions proches des frontières.

Au fil des siècles, le pouvoir des califes s'affaiblit peu à peu, victime notamment des affrontements constants entre sunnites et chiites, mais aussi de nombreuses révoltes. Excepté Al-Mustazhir (1094-1118) et An-Nasir (1180-1225), les derniers califes abbassides furent faibles, plus des suzerains que des souverains. Cependant, l'investiture du calife de Bagdad reste une source de légitimité importante pour les dynasties sunnites : Seldjoukides, Almoravides et Ayyoubides. Son prestige se trouve même renforcé avec la disparition des califats rivaux, Omeyyades de Cordoue et Fatimides du Caire.

Le dernier calife, Al-Musta'sim, croit pouvoir intimider les conquérants mongols en se présentant comme le maître de « tout le peuple qui prie Allah ». Grave erreur d'estimation. En s'emparant de Bagdad le 10 février 1258, les Mongols commandés par Houlagou Khan mirent fin à son État et l'exécutèrent.

Les Abbassides en Egypte

Les survivants du massacre furent accueillis en Égypte par les sultans mamelouks, où ils perpétuèrent symboliquement la dynastie abbasside. Leur présence permettait aux sultans mamelouks, gardiens des lieux saints de l'islam, de revendiquer une primauté honorifique dans le monde musulman. En 1517, la conquête ottomane transfère la puissance califale à l'Empire ottoman. Le dernier Abbasside lègue ses pouvoirs au sultan Selim Ier.

Califes abbassides d'Irak

Califes abbassides du Caire

Notes

  1. arabe : ʿabbāsīyūn, العباسيون, ou
    arabe : banū ʿabbās, بنو العباس, Les descendants d'Abbâs
  2. Ira Lapidus, A History of Islamic Societies, Cambridge University Press, 2002 (ISBN 0-521-77056-4), p. 54 .
  3. arabe : saffā, سَفَّاح sanguinaire ou généreux
    Le mot vient de سفح (safa, faire couler le sang). William Muir, Abû al-Abbas as-Saffah note que « as-Saffah signifie “celui qui tue beaucoup de gibier pour ses hôtes” par conséquent “celui qui est hospitalier, généreux” le sens de “sanguinaire” ne semblerait pas voulu ». À l'inverse Tabari dans La Chronique (Volume II, L'âge d'or des Abbassides), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3318-3) n'emploie le terme as-Saffah qu'après le massacre des Omeyyades.

Sources

Articles connexes

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