Désir sexuel

Désir sexuel

Libido

La libido (« le désir » en latin) désigne le désir sexuel. Le mot peut cependant désigner un concept plus général d'énergie créatrice d'un individu, notamment pour le psychanalyste Carl Jung.

Sigmund Freud inventa le terme en précisant qu'il s'agissait d'une force ou énergie pulsionnelle entrant en conflit avec les conventions et le comportement civilisé. À vrai dire, et c'est peu connu, Freud n'a pas inventé le terme que l'on trouve employé par Spinoza déjà dans le sens d'appétit sensuel[1]. Freud, par contre, en rendant le mot indépendant de son origine latine, l'a utilisé largement dans le développement de la théorie psychanalytique.

Pour Freud, « Dieu ne fait rien pour rien ». S'agissant de la libido, procurer du plaisir n'est assurément pas le but mais le moyen. Le but est d'assurer à tout prix la reproduction de l'espèce (en fait, cette idée est déjà exposée dans l'ouvrage de Jean de Meung Le Roman de la rose). Pour ce faire, dans le contexte de l'évolution darwinienne, la nature a sélectionné au cours de quelques millions d'années d'évolution, les êtres les plus « libidineux » (au sens propre du terme). Ces êtres (hommes, primates, animaux...) devant introduire dans le cycle reproductif, la plus grande quantité possible de leurs gènes.

Sommaire

Validité du concept de libido

Sigmund Freud (1856-1939) a élaboré une théorie globale du psychisme humain, où la sexualité avait une place centrale. Sa théorie psycho-sexuelle supposait que la libido (l’énergie sexuelle) sous-tendait toute activité humaine. Son ouvrage Trois essais sur la théorie de la sexualité, publié en 1905, ainsi que le reste de son œuvre, furent accueillis avec indignation et dérision. Néanmoins, la psychanalyse devint finalement la théorie psychique la plus influente de l'époque, et aujourd’hui encore, elle influence un grand nombre des personnes qui s’intéressent à la sexualité.

Depuis la fin du XXe  siècle, la psychanalyse est critiquée à partir des connaissances des nouveaux domaines scientifiques (neurosciences, sciences cognitives, neuropsychologie, psychologie clinique …)[2]. Il apparaît que les fondements de la théorie psychanalytique relèvent du postulat : la libido correspond en effet d'après S. Freud à l'énergie « de ces pulsions qui ont à faire avec tout ce que l'on peut comprendre sous le nom d'amour », et la pulsion correspond à des « poussées » psychiques d'origine biologique. Ces explications approximatives ne sont pas validées par les connaissances actuelles : la motivation sexuelle est plutôt le résultat d'apprentissages[3],[4],[5] et les autres comportements humains (alimentation, parental, agression …) dépendent de facteurs distincts de la sexualité[6],[7]. L'intensité de la motivation sexuelle dépend principalement du vécu sexuel, de la quantité et de la qualité des conditionnements et des apprentissages érotiques[8].

Article principal : Comportement érotique.

Catégorisation

Saint Augustin fut le premier à distinguer trois types de désirs, la libido sciendi, désir de connaissances, la libido sentiendi, désir sensuel au sens large, et la libido dominandi, désir de dominer. (cf. Concupiscence). Cette catégorisation a connu une certaine prospérité et a été reprise par de nombreux auteurs, poètes, écrivains, penseurs occidentaux, notamment Jansénius et plus récemment par l'écrivain romantique allemand Goethe (voir le Faust de Goethe).

Dans les sociétés humaines

Depuis l'accès à des moyens de contraception efficaces, le sexe est devenu un jeu pour l'être humain avant sa première fonction de reproduction.

Chez la femme, la libido maximale est atteinte 14 jours après les règles (au milieu du cycle) : c'est l'œstrus, époque où un maximum d'hormones femelles est sécrété.

Chez l'homme, la libido, quasi permanente, est la résultante des stimuli intérieurs, les fantasmes, les pulsions (le ça selon Freud) mais aussi des stimuli extérieurs (vues, aperçus, phéromones…).

Là aussi le fonctionnement est cyclique mais le cycle est tout autre. En vue de produire l'érection, la libido déclenche la sécrétion - cérébralement par l'axe hypothalamo-hypophysaire- de la testostérone (l'hormone masculine) et la testostérone à son tour excite la libido (selon une boucle de feed-back ou rétrocontrole autorégulée). Physiologiquement, le but de l'érection est de produire une éjaculation fécondante; elle-même source d'introduction de gènes nécessaires au maintien et au développement du patrimoine génétique de l'espèce (humaine en l'occurrence).

Adjuvants et stimulants

En vue de parvenir ou d'augmenter l'état de plaisir maximal, les femmes et les hommes recourent à des adjuvants :

  • soit culturels (musique, danse, poésie, littérature, etc.) ;
  • soit chimiques ou végétaux, cependant à part quelques produits (piments de toutes sortes, substances hyperprotéinées...) la plupart de ces aphrodisiaques (cognac, gingembre, galanga, Bois-bandé...) n'agissent que par effet suggestif, en provoquant une stimulation (ou pour les plus inhibés en permettant une stimulation de l'axe hypothalamo-hypophysaire). Ainsi les peuples de culture sinisante apprécient les ailerons de requins mais aussi de pénis de tigre séché, de « cornes de rhinocéros » et autres « pierres d'ours », substituts phalliques censés les sortir d'un état d'impuissance temporaire ou même permanent. Leur commerce, d'après l'ONU, constitue le troisième budget mondial après le trafic de drogue et le trafic d'armes. Ces pratiques entraînent la disparition de plusieurs espèces animales remarquables (tigre blanc de Malaisie, rhinocéros de Sumatra...).

Dans les sociétés animales

Contrairement à l'espèce humaine, il existe des périodes de libido intense (au printemps, en automne, selon les lunaisons...) : les chaleurs chez les femelles et le rut chez les mâles.

Du mois de juillet au mois de novembre, la testostérone (hormone accroissant l’agressivité) dosée chez les cervidés adultes, l’est dans un rapport de 1 à 1000. Ainsi le chevreuil, très craintif habituellement, devient hyperagressif en période de rut et défend ce qu’il considère comme son territoire d’une manière effrénée (allant jusqu’à attaquer les voitures roulant sur des axes traversant des bois …). De ce simple fait, les chevreuils ne peuvent être élevés en captivité…

Mais l'exemple le mieux étudié, à ce point de vue, est celui des sociétés de lions. Devant introduire dans le cycle reproductif (et donc dans le stock génétique de l'espèce), une quantité maximum de leurs propres gènes, ceux-ci entrent très rapidement en compétition avec les autres représentants mâles de leur espèce. En général, au cours de combats sans merci, les plus jeunes des mâles attaquent régulièrement les plus vieux (qui sont à la tête d'un clan donc d'un harem respectable), jusqu'à ce qu'un jour, le grand âge de ces derniers les amène à se faire détrôner. Et ainsi de suite.

En cas d'échec, fréquent, ils se rabattent sur des femelles isolées. Mais celles-ci ont le plus souvent en charge un ou deux lionceaux qu'elles allaitent, donc, elles n'ont plus ni œstrus, ni libido. Alors pour relancer le cycle reproductif, les jeunes mâles n'hésitent pas à sacrifier les lionceaux.

Notes et références

  1. « libido est etiam cupiditas et amor in commiscendis corporibus. » (Eth. III, Déf. 48)
  2. GRÜNBAUM Adolf, Les fondements de la psychanalyse, PUF 1996
  3. Voir les explications détaillées et les références dans les articles Comportement érotique et Comportement de reproduction
  4. (en) AGMO Anders Functional and dysfunctional sexual behavior Elsevier 2007.
  5. (fr) WUNSCH Serge, Thèse de doctorat sur le comportement sexuel [pdf] EPHE-Sorbonne, Paris, 2007.
  6. BREEDLOVE S. M. , ROSENZWEIG Mark R , WATSON Neil V. Biological Psychology. An introduction to behavioral, cognitive, and clinical neuroscience, Sinauer Associates, Fifth edition, 2007
  7. Jaak Panksepp, Affective Neuroscience: The Foundations of Human and Animal Emotions. New York: Oxford University Press, 1998.
  8. YATES Alayne. Biologic perspective on early erotic development, Child and Adolescent Psychiatric Clinics of North America, 13(3):479-496, 2004

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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