Dolmen

Dolmen
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Dolmen de la Draille, Viols-le-Fort (Hérault).

Un dolmen est une chambre sépulcrale ouverte, généralement mégalithique, recouverte d'un tumulus et destinée à recevoir plusieurs inhumations (suivant la définition du petit lexique du mégalithisme de Jean Arnal[1]).

Un dolmen est une construction mégalithique préhistorique constituée d'une ou plusieurs grosses dalles de couverture (tables) posées sur des pierres verticales qui lui servent de pieds (les orthostates). Le tout était originellement recouvert, maintenu et protégé par un amas de pierres et de terre nommé tumulus. Les dolmens sont généralement interprétés comme des monuments funéraires ayant abrité des sépultures collectives[2],[3].

Les dolmens européens ont été construits entre la fin du Ve millénaire av. J.‑C. et la fin du IIIe millénaire av. J.‑C., ceux d'Extrême-Orient au Ier millénaire av. J.‑C..

Sommaire

Description

Éléments structuraux d'un dolmen

Dans leur état actuel de dégradation, les dolmens se présentent souvent sous l'apparence de simples tables. Ils ont longtemps pu faire penser à des autels païens, mais il s'agit bien de chambres sépulcrales et de galeries de tumulus (buttes artificielles), dont la partie meuble (remblai) a été érodée au cours des siècles. Leur architecture comporte parfois un couloir d'accès qui peut être construit en dalles ou en pierre sèche. La chambre sépulcrale, aux formes variables (rectangulaire, polygonale, ovale, circulaire…), peut aussi être précédée d'une antichambre. Dans certains dolmens, l'entrée présente une porte taillée dans une ou plusieurs dalles verticales.

La morphologie des dolmens peut varier en fonction des régions ; ainsi observe-t-on, par exemple en Loire-Atlantique, des dolmens dont le couloir central dessert plusieurs chambres de part et d'autre, formant ainsi un ou deux transepts et compliquant notablement le plan de la sépulture.

En Bretagne, en région parisienne et dans d'autres pays, dans certains dolmens démesurément longs, la chambre et le couloir ont la même largeur et se confondent. Ils sont recouverts de plusieurs tables sont appelés « allées couvertes ». La complexité et l'importance des monuments peuvent être telles que certains tumuli recouvrent plusieurs dolmens, comme le grand cairn de Barnenez (Finistère, France) qui couvre onze sépultures à couloir, les unes mégalithiques et d'autres avec voûtes de pierre sèche en encorbellement

À l'opposé, la région des Cévennes est riche en tombes du genre coffre, souvent en dalles de schiste et pierre sèche, sans couloir et sous un cairn assez bas, parfois réunis en nombre dans une nécropole de crête.

Les dolmens de plan simple (sans couloir) abondent dans tout le sud de la France avec plusieurs milliers d'unités.

Types de dolmens

Le dolmen angevin ou dolmen à portique orienté à l'Est[4]

Le dolmen angoumoisin à chambre carrée ou rectangulaire

Les dolmen languedocien orienté à l'ouest ou au sud-ouest

Le dolmen à coin (en)

Étymologie

« Dolmen », une étymologie sans doute bretonne. Ici, le dolmen de Crucuno, dans le Morbihan.

Il semble que Théophile Malo Corret de La Tour d'Auvergne soit le premier à avoir utilisé le terme « dolmen » dans son ouvrage Origines gauloises. Celles des plus anciens peuples de l’Europe puisées dans leur vraie source ou recherche sur la langue, l’origine et les antiquités des Celto-Bretons de l’Armorique, pour servir à l’histoire ancienne et moderne de ce peuple et à celle des Français, publié entre 1792 et 1796. Le terme « dolmen » est repris par Pierre Jean-Baptiste Legrand d’Aussy (1737-1800) qui propose une interprétation différente de la fonction du dolmen en y voyant, non plus une table de sacrifice ou un autel comme le pensait Malo Corret, mais bien une sépulture.

Le 7 ventôse de l’an VII (25 février 1799), Legrand d’Aussy fait, à l’Institut, une lecture de son ouvrage Des sépultures nationales, publié par la suite en 1824 :

« M. Coret, parlant d’une de ces tables que je ferai connaître bientôt, et qu’on voit à Locmariaker, dit qu’en bas-breton on l’appelle dolmin. Je saisis de nouveau cette expression, qui, comme les deux précédentes, m’est nécessaire. Dans un sujet totalement neuf, et dont par conséquent le vocabulaire n’existe pas, je suis forcé de m’en faire un ; et quoique, par mon droit, je fusse autorisé à créer des mots, je préfère néanmoins d’adopter ceux que je trouve existants, surtout quand ils me donnent, comme le bas-breton, l’espoir de représenter les anciennes dénominations gauloises. J’adopte donc le mot dolmine, et je vais l’employer pour désigner les tables dont je parle. »

Le terme semblerait forgé à partir des mots bretons : t(d)aol (apparenté au latin tabula), « table » et men, « pierre ». Cependant, on dit généralement « liac’h ven »[5], « liaven », « lieven » ou « leven » dans les composés.

Certains dictionnaires étymologiques avancent que ce terme aurait été forgé outre-manche, à partir du cornique tolmen, qui aurait désigné à l’origine un cercle de pierres ou une pierre trouée[6].

Selon une autre théorie, le terme « dolmen » dériverait de la langue celtique, de to dole, distribuer, et main, essentiel. Cette théorie est proposée par l'abbé Boudet, curé de Carcassonne, dans son ouvrage La vraie langue celtique et le cromlech de Rennes-les-bains paru aux éditions Pomiés en 1886.

Fonction

Éléments structuraux du dolmen du Lamalou, Hérault, France

Les dolmens étaient des sépultures collectives à caractère réutilisable. Cela explique que dans certains dolmens, on ait pu découvrir les restes humains de plusieurs centaines d'individus et du mobilier de périodes différentes (Néolithique, âge du cuivre, du bronze, du fer, ou même périodes plus tardives). Un peu à l'image de nos caveaux familiaux, les dolmens pouvaient servir bien plus longtemps qu'aujourd'hui et il est sûr que certaines tombes ont dû servir durant des siècles.

L'expression « sépulture collective » n'implique pas forcément qu'il s'agisse d'un tombeau pour tous : au vu de la quantité d'ossements parfois assez faible découverte dans des sépultures de grande taille — monuments prestigieux —, on se demande si certaines n'étaient pas réservées à un groupe de privilégiés de la communauté.

L'interprétation comme tombeau ne doit peut-être pas être généralisée. Certains dolmens n'ont pas livré de reste humain de type sépulcral mais cela peut être une conséquence de phénomènes taphonomiques, de l'érosion, de pillages, de fouilles anciennes peu méthodiques ou de fouilles clandestines. Lors de son ouverture, le dolmen sous tumulus de Mané-er-Hroeh, à Locmariaquer ne contenait pas de reste humain[7].

Quant au tumulus, il n'avait pas qu'une utilité protectrice de la chambre funéraire mais sans doute aussi une fonction de signalisation, voire d'ostentation : un grand tumulus, parementé, imposait sa masse au visiteur, devait inspirer le respect du lieu et conférer un prestige certain à la communauté qui l'avait érigé.

Par ailleurs, plusieurs trouvailles archéologiques (offrandes, autel, allées, etc.) font penser que ces monuments funéraires ont pu avoir une fonction religieuse. Même bien après la grande période d'érection des mégalithes en Europe, les peuples celtes les ont, semble-t-il, parfois utilisés à des fins religieuses, mais n'en sont pas pour autant les constructeurs comme l'affirmèrent les premiers chercheurs celtomanes des XVIIIe et XIXe siècles qui rattachaient systématiquement les mégalithes aux Gaulois et aux Bretons.

Localisation

Carte schématique de l'implantation des mégalithes en France.
Les zones de couleur verte (Bretagne, Vendée, Limousin, Quercy, Causses, Languedoc, Ardèche) et orange (Corse) marquent les régions de forte implantation de dolmens, menhirs et cromlechs. Les autres zones sont pourvues en monuments mégalithiques mais de façon nettement moins importante.

Cinquante mille dolmens auraient été recensés dans le monde dont vingt mille en Europe. Ils étaient très nombreux dans certaines régions de France et si certains ont disparu, il en reste plus de 4 000 disséminés dans une soixantaine de départements. Pour schématiser l'implantation des dolmens en France, on peut partir de l'ouest du pays avec la Bretagne puis en descendant par le Poitou pour ensuite rejoindre plus au sud les causses du Quercy et de l'Aveyron et enfin arriver en bord de mer Méditerranée au Languedoc (voir carte). Ils sont nombreux en Aveyron (1 000 dolmens), Bretagne, Quercy avec 800 dolmens, Ardèche avec 800 dolmens dans ce seul département, Poitou-Charentes et le Languedoc-Roussillon avec au moins 700 dolmens. La Provence en compte une centaine.

On en trouve aussi en Irlande, au Pays de Galles avec notamment les « portal dolmens », dans les comtés anglais du Devon et de Cornouailles, au Portugal avec les sites spectaculaires du Haut-Alentejo près de la ville d'Evora, dans le sud de l'Espagne avec les sites remarquables d'Antequera qui compte parmi les dolmens les plus imposants et les plus anciens au monde, en Belgique (les mégalithes du domaine de Wéris près de Durbuy), en Scandinavie, en Allemagne du Nord et aux Pays-Bas, où ils sont appelés hunebed ou hunegraf, aussi bien qu'en Afrique du Nord, en Inde et plus modestement en Syrie, en Éthiopie et en Crimée (Ukraine). En Tunisie, la nécropole à dolmens du Djebel Gorra située près de la petite ville de Thibar, sur la route qui mène à Téboursouk présente deux à trois cents sépultures mégalithiques bien reconnaissables.

La Corée recèle à elle seule 30 000 dolmens[réf. nécessaire], de différents types, élevés sur tout le Ier millénaire av. J.‑C., et selon des techniques évolutives. On en trouve également au Japon mais de période beaucoup plus récente. Les dolmens sont absents des continents américain[réf. nécessaire] et australien.

Bibliographie

  • Roger Joussaume, Des dolmens pour les morts, éditions Hachette, 1985.
  • Gwenc’hlan Le Scouëzec & Jean-Robert Masson, Bretagne mégalithique, éd. Seuil, 1987, (ISBN 978-2-02-009823-6).

Notes et références

  1. petit lexique du mégalithisme de Jean Arnal sur Persée
  2. Joussaume, R., Leclerc, J., et Tarrête, J. (1988) - « Dolmen », in : Dictionnaire de la Préhistoire, Leroi-Gourhan, A., (Éd.), PUF, pp. 325-326.
  3. Joussaume, R. (2004) - « Dolmen », in : La Préhistoire - Histoire et dictionnaire, Vialou, D., (Éd.), Robert Laffont, Bouquins, pp. 540.
  4. Mégalithes en Anjou
  5. Louis Le Pelletier, 1752, Dictionnaire de la langue bretonne, nouvelle édition en 1975, Rennes, Bibliothèque municipale.
  6. Définitions lexicographiques et étymologiques de « dolmen » du CNRTL.
  7. Bretagne mégalithique (ISBN 978-2-02-009823-6) de Gwenc’hlan Le Scouëzec & Jean-Robert Masson, page 207,

Annexes

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