Constantin von Tischendorff

Constantin von Tischendorff

Constantin Tischendorf

Tischendorf vers 1870

Lobegott Friedrich Constantin von Tischendorf, né à Leipzig le 18 janvier 1815 et décédé le 17 décembre 1874 dans cette même ville, est considéré - comme Lachmann, Wescott et Hort, Gregory, ou von Soden - comme l'un des plus grands chercheurs de l'histoire du texte du Nouveau Testament au XIXe siècle. [1]

Sommaire

Naissance d'une vocation

Après un doctorat en philosophie, en 1838, Tischendorf s'intéressa au texte grec du Nouveau Testament.

En 1839, ce jeune protestant, convaincu de l'insuffisance du "Textus receptus" du Nouveau Testament, hérité d'Erasme et des Elzevier, s'intéresse à la possibilité de "rétablir le texte grec tel qu'il est autrefois sorti des mains de ses auteurs sacrés" [2].

Dès 1840 il fait paraître une édition du Nouveau Testament grec. C'est la première d'une longue série qui évoluera profondément au fil de ses découvertes.

La collation des manuscrits

Pénétré de la nécessité de faire un relevé systématique des variantes dans les plus anciens manuscrits du Nouveau Testament, et de les mettre en relation avec les traduction latines, et les citations qu'en font les Pères de l'Eglise, il se décide à entreprendre un voyage d'étude qui le mènera de 1840 à 1844 dans les plus importantes bibliothèques de divers pays européens.

Par ailleurs, afin d'avoir une meilleure intelligence du contexte des débuts de l'Eglise, il considère nécessaire d'étudier les "apocryphes" du Nouveau Testament, les textes des "hérétiques. De même, il envisage de mettre au point une classification de tous les manuscrits grecs, bibliques ou non, des dix premiers siècles de notre ère

Le codex Ephraemi rescriptus

Durant son séjour à Paris, en 1841 – 1842, Tischendorf tenta la lecture du "codex Ephraemi", un palimpseste de la Bible grecque conservé à la Bibliothèque Nationale, sur lequel des œuvres de St Ephrem le syrien avait été copiées, réputé illisible.

Sa tentative, couronnée de succès, attira sur lui l'attention des milieux universitaires et ecclésiastiques (il fut même reçu en audience par le pape Grégoire XVI en 1843), ainsi que des soutiens financiers qui devaient lui permettre de mener à bien son projet.

La recherche des manuscrits

Après la France, il poursuivit par la Hollande, puis l'Angleterre, la Suisse et l'Italie pour visiter les plus grandes bibliothèques… et consulter les fonds manuscrits.

D'avril à décembre 1844, il quitte l'Europe pour poursuivre son voyage en Orient: Egypte, Sinaï, Jérusalem et environ, Smyrne, Beyrouth, Constantinople, Athènes.

Il revient de cette expédition avec une cinquantaine de manuscrits anciens, dont quelques feuillets d'un Ancien Testament grec sur parchemin datant du début du IVe siècle.

Le codex Sinaïticus

De tous ses découvertes, c'est en effet celle qu'il fit dans le monastère Ste Catherine, au pied du Mont Sinaï qui lui fut la plus précieuse, et qui orienta la suite de ses travaux.

Le jeune philologue protestant fut en effet bien reçu dans ce monastère orthodoxe et, accompagné du père bibliothécaire, découvrit, parmi des "vieilleries" une centaines de pages de parchemin provenant d'un exemplaire extrêmement ancien de la Septante. Tischendorf fut autorisé à prendre avec lui 42 de ces feuillets, dont il fit exécuter un fac-similé dès son retour en Europe, en taisant toutefois scrupuleusement le lieu de sa découverte.

Il retournera deux autres fois au Sinaï, en 1853 et 1859 dans l'espoir de trouver d'autres feuillets de ce même manuscrit.

Son voyage de 1853, lui permit de trouver quelques manuscrits de la Bible, mais les autres feuillets du manuscrit de 1844 semblaient avoir disparu. En 1858, il obtint le soutien du Tsar Alexandre II pour un troisième voyage scientifique au Sinaï. Ce soutien officiel d'un tsar orthodoxe au savant protestant lui valut d'être reçu avec une distinction toute particulière. Sur la fin de son séjour au monastère, le père économe lui montra une "septante" qui s'avéra être la quasi totalité du manuscrit qu'il cherchait.

Après des tractations assez complexes, il fut chargé par l'higoumène du Monastère d'offrir ce manuscrit au Tsar, qui en contrepartie prit en charge les frais engagés pour la réalisation d'un fac-similé (4 volumes in folio). C'était le célèbre "Codex Sinaiticus".

Les publications

Tischendorf ne se contentait pas d'écumer bibliothèques et monastères à la recherche de manuscrits : il prenait un soin particulier à la publication des résultats de ses recherches.

Son œuvre majeure est sans conteste la mise au point d'une "édition critique" du Nouveau Testament. On en dénombre 41 publications (en comptant les rééditions et éditions de poche), mais on peut ramener à 4 les grandes évolutions de son travail.

Après sa première édition (1841), il faut mentionner celle de 1849 (qui est remarquable par le nombre de variantes que Tischendorf a rassemblé dans l'apparat critique), celle de 1859 (qu'il appelait la VIIe édition, et dont le texte tend à se rapprocher, par le choix des variantes, du Textus Receptus) et enfin, celle de 1869, couronnement de son œuvre (novum testamentum graece, editio critica octava maior) en 3 volumes, dans laquelle il fit une très grande place (même "trop grande") aux variantes du Codex Sinaiticus.

A ces travaux critiques, il convient d'ajouter sa "synopse des Evangiles" (Synopsis evangelica (7e ed., 1898)

Mais, selon son projet initial, il ne se limita pas au texte du Nouveau Testament.

Ainsi faut-il mentionner ses travaux sur la Bible grecque des Septante (que ce soit son édition du Codex Ephraemi rescriptus, ou sa tentative d'édition critique du texte) travaux auxquels il ne se consacra pas autant que pour le Nouveau Testament.

Il publia aussi des collections d'apocryphes du Nouveau Testament : De Evangeliorum apocryphorum origine et usu (1851); Acta Apostolorum apocrypha (1851); Evangelia apocrypha (1853; 2nd ed., 1876); Apocalypses apocryphae (1866).

Enfin, à une époque où la critique rationaliste ( Renan, Strauss…) cherchait à déboulonner le christianisme, Tischendorf ne recula pas à s'adresser à un public plus "populaire" pour prendre la défense de la foi. Il s'en explique ainsi :

"Malgré mes nombreux travaux, je me rendis à ce vœux, et me mis sans retard à rédiger cette publication nouvelle, heureux de saisir l'occasion qui m'était offerte de m'adresser une fois au moins à ces lecteurs auxquels la plupart de mes écrits sont inaccessibles ; car en définitive, les meilleurs résultats de mes recherches sont destinés à l'Eglise chrétienne tout entière, et doivent lui appartenir" [3]


Textes de Tischendorf

  • "De la date de nos Evangiles" , par Constantin Tischendorf, précédé du récit de sa découverte du Codex Sinaiticus, traduction Sardinoux, 1866

Notes et références

  1. "Encyclopédie universalis, 1995
  2. "De la date de nos évangiles", par Tischendorf, 1866, introduction p. 8
  3. "De la date de nos évangiles", par Tischendorf, 1866, introduction p 6 - 7
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